Au coin du feu

Jeremiah revenait du Lac Noire. Seul. En même temps, aucun de ses amis ne comprenaient sa passion pour la course, une passion qui le poussait à aller courir peu importe le temps.*Si seulement ils prenaient le temps, ne serait-ce qu’une fois, de venir avec moi, de sentir l’air frais frappant délicatement le visage et le vent se frayant un chemin dans les cheveux, pensa-t-il*.

Il avait déjà tenté de les convaincre, mais en vain. Du coup, alors qu’ils étaient partis jouer dans la neige, le Gryffondor revenait dans sa salle commune. Et cela tombait bien, car il ne voulait pas que ses amis le voient dans cet état. Il était glacé, les joues rouges, les oreilles sifflantes du changement de température, les orteils meurtris par le froid. Un étrange mélange entre le plaisir de la course et la douleur du froid.

Il traversa la salle commune sans prendre le temps de regarder quels étaient les personnes présentes pour aller directement au dortoir des sixièmes années. Après une douche chaude, longue et agréable, il enfila des vêtements propres. Un jean droit, des bottines brunes et un t-shirt noir. Des vêtements classiques, en quelque sorte. Il s’allongea sur son lit, quelques secondes, puis le silence du dortoir devint gênant. Il prit son plaid blanc, acheté quelques jours auparavant à Pré-au-Lard, et descendit dans la salle commune avec ce dernier sur les épaules et un livre traitant des potions. Un peu usé, on pouvait lire sur la couverture « Antivenins asiatiques ».

Une fois dans la salle commune, il vit un fauteuil vide à proximité d’un canapé occupé par une jeune élève que Jeremiah n’avait jamais vu, une première ou une deuxième année sûrement. Sans lui prêter plus d’attention, il garda son plaid sur ses épaules et commença à feuilleter le livre. Un ouvrage barbant, mais apparemment le professeur Slughorn organisait de temps à autre des soirées privées qui n’étaient réservées que pour les très bons élèves, ou alors ceux portant un nom avantageux. Son nom ne représentant rien dans le monde des sorciers, Jeremiah se devait de faire partie des meilleures de sa classe pour pouvoir profiter des soirées du maître des potions, car même si on ne l’aime pas, il faut admettre que ce curieux personnage avait un don pour repérer les perles rares.

Mais revenons à la salle commune des Gryffondors. Le jeune homme fut interrompu dans sa lecture par un magnifique et bruyant éternuement provenant de la jeune Gryffondor. Son côté protecteur fit lever Jeremiah qui posa son plaid sur les épaules de sa cadette.

- Est-ce que ça va ?

Son livre sous son bras, ses épaules débarrassées de son plaid, Jeremiah se tenait debout face à sa cadette. Il en profita pour l’observer. Ce qui était tout de suite visible, c’est qu’elle était jeune. Son visage ainsi que son petit corps fin rappelèrent au rouge et or ses deux premières années, où il passait clairement son temps à draguer des filles comme elle. Elle était en première année, Jeremiah en était presque sûre. Mais un doute persista dans son esprit. Il fallait qu’il lui demande. Après tout, elle était aussi une Gryffondor et était donc en quelque sorte une petite sœur. Cette dernière pensée était celle la même qui avait fait sortir le côté protecteur de Jeremiah.

Ses habits, quoique flashy, ne choquèrent pas Jeremiah. En revanche, il s’attarda nettement plus sur le visage. Il était, comme le reste de la jeune fille, fin. La coupe au carré accentué cette finesse, mais la non-coiffure donnait un aspect malade. Puis vint le moment où les yeux de la jeune fille croisèrent ceux de Jeremiah. Ils étaient vitreux, aspect apparent de fièvre. Et puis il fallait avouer aussi que l’éternuement qui suivit cette observation la confirmait...

- À tes souhaits

Bien que généralement peu recommandé de faire ce genre de remarque envers une fille, Jeremiah s’en moquait dans le cas présent. En effet, il n’avait aucun réel objectif si ce n’est prendre soin de quelqu’un. Et puis, son livre était tellement passionnant aussi… Il tendit donc un mouchoir à la jeune fille en continuant.

- Moi aussi je reviens de dehors, mais apparemment tu n’étais pas habillé assez chaudement. J’espère au moins que tu t’es bien amusé et que ça valait le coup de tomber malade.

Le ton de se voit n’était absolument pas moralisateur, tout au contraire. Jeremiah partait du principe qu’il ne fallait se priver de rien, et s’il y a des conséquences après, autant ne pas regretter l’action faite. Son ton était donc amusé.

- Je m’appelle Jeremiah O'connell et je suis en sixième année. Et toi ?

Sans demander la permission, il se mit assis à coté de sa cadette et croisa ses pieds sur la table basse. Il jeta son livre au sol afin de montrer que si elle était d’accord, il était prêt à parler malgré la différence d'âge qui gêne souvent…

Jeremiah était détendu. En même temps, comment ne pas l’être ? Petit à petit, la salle commune s’était vidé de l’agitation ambiante. Si bien que maintenant, seule la conversation entre les deux Gryffondors avait l’audace de briser le crépitement des braises chaudes. Enfin, leur conversation et les éternuements de la cadette. Jeremiah esquissa un petit sourire à cette pensée. En effet, s’il devait qualifier les éternuements de son interlocutrice, il les aurait décrits comme bruyants, pas classe du tout, mais mignon.
Affalé dans son canapé, Jeremiah écouta. Jouer dehors, plus que les autres. Froid, mais sympa.

- Ahah et bah c’est le principal. Autant ne pas avoir de regret. Maintenant, tu n’as plus qu’à te couvrir et à prendre soin de toi pour soigner ce vilain rhume qui arrive… Si tu as besoin de quelque chose, hésite pas. On est dans la même maison, autant qu’on se sert les coudes… Je suis un peu comme un grand frère si on y réfléchit bien…

Il laisse sa phrase en suspens. Jeremiah le pensait vraiment, bien que d’habitude il ne parlait pas vraiment aux plus jeunes. Mais bon, *Elle est plutôt cool cette petite, pensa-t-il*. En effet, elle dégageait une douceur. Pas quelque chose de mauvais, pas comme cette chose Harmony Sharen pouvait dégager. L’aura de Gwen, puisque tel était son prénom, donnait une envie de la protéger, de la prendre dans ses bras. Comme Jeremiah aurait eu envie de le faire envers sa petite sœur, s’il en avait une.
Après la brève présentation de la jeune fille, Jeremiah se sentit honteux. Le visage ne lui disait rien, mais il espérait que le prénom le mette sur une voie. Il prit la parole, la main à l’arrière de sa tête et un sourire aux lèvres. La combinaison des deux gestes offrait un subtil mélange d’amusement, de honte et d’excuse non verbale.

- Enchanté Gwen. Je dois avouer que je ne me rappelle plus… Tu es en quelle année ?

Il était à présent tourné vers la jeune fille, la regardant dans les yeux. Il avait vraiment envie de lui parler, normalement, sans calcul, sans arrière-pensée.

Après s’être mouchée (fichus microbes), Gwen demanda à Jeremiah si c’était bien d’avoir un grand frère. C’est vrai qu’il avait évoqué le sujet, mais il pensait au sens psychologique, et pas au sens de la fratrie par le sang. Il ne savait pas quoi répondre, un peu désarçonné par la question. Mais le regard, à la limite de l’admiration, et la question suivante firent réagir le rouge et or.

Sa cadette de première année n’avait apparemment pas de frère et sœur. Ils avaient donc un point commun par un manque. Pourquoi ne pas le combler après la discussion ? Après tout, le côté protecteur de Jeremiah pouvait bien servir de temps en temps.

- Pour être honnête, je ne sais pas si c’est bien. Je suis fils unique, et j’ai grandi un peu à l’écart de tout quand on a découvert que j’étais… magique.

Le Gryffondor sourit à sa propre blague. Il n’avait pas vraiment réfléchi à ce qu’il disait sur le moment, mais en le prononçant il se rendit compte que c’était un peu vantard, mais en même temps amusant. Il ne se reprit donc pas, espérant que Gwen trouve le jeu de mots à son gout. Un peu d’humour en ces temps de trouble ne pouvait pas faire de mal après tout.

- En tout cas, sache que si tu as le moindre souci, ou que tu veux juste parler, tu peux à présent trouver une oreille attentive chez les sixièmes années.

Son ton était chaleureux, protecteur. Son regard également. Il l’aimait bien, cette petite.

La question de Gwen perturba Jeremiah. En effet, il ne connaissait pas son père, et sa mère n’avait pas jamais manifesté l’envie de se remettre avec quelqu’un. Et puis de toute façon, et c’était très égoïste, mais Jeremiah ne voulait pas partager sa maman avec un autre homme. Après tout, c’était à lui de la protéger, et pas un autre.

Cependant, Jeremiah ne se bloqua pas. C’était beau la jeunesse, et il s’amusait à penser que lui aussi aurait pu avoir ce genre de réflexion en première année.

- Mon papa a abandonné ma maman avant que je naisse. Je ne l’ai jamais connu. Mais il l’aimait pas s’il est parti, alors c’est mieux comme ça. Et toi ? Tu as encore tes deux parents ?

L’explication était assez simplette, et le ton de Jeremiah était doux et patient. Après tout, Gwen avait l’air heureuse de parler avec Jeremiah, et ce sentiment mit au rouge et or du baume au cœur. Tout comme la proposition de Gwen.

- Oui, c’est sûre qu’avec les microbes que tu as attrapés… Évitons un concert d’éternuement chez les Gryffondors, même si je suis certains qu’on pourrait avoir du succès. Il rit à cette pensée. Il s’imagina alors avec tout ses camarades, au London Astoria, devant un public en délire. Si tu vas dehors demain, je jouerais avec toi avec grand plaisir. Mais avant, il faudrait peut-être aller voir madame Pomfresh, au cas-où. Tu sais, ça m’attristerai que ça devienne pire et que tu sois obligé de rester clouée au lit.

Il souriait tout ce qu’il savait, et il avait vraiment envie de jouer dehors. La présence de sa cadette l’apaisa, il en oublia même ses « problèmes ».

L'histoire de Jeremiah était bien triste, mais dans un sens, elle ressemblait beaucoup à celle de Gwen. La jeune fille n'était pas vraiment affecté par le fait de ne pas avoir connu son père. Elle n'avait jamais manqué de rien et son beau-père avait fini par prendre cette place de modèle paternel.

- c'est triste. Et ta maman n'a jamais refait sa vie ? S'enquit-elle, curieuse.

La jeune fille lui sourit avant de parler à son tour de sa famille.

-Moi non plus j'ai pas connu mon père biologique. Il est parti bien avant que je naisse. Maman a rencontrer quelqu'un quand j'avais... 4 ou 5 ans... Et maintenant j'ai une petite soeur ! Elle est née l'année dernière. Et finalement j'ai un papa génial ! Dit-elle de bonne humeur.

Gwen c'était tout de suite adapté à cet homme et grâce a l'union de sa mère avec lui Gwen avait eu l'occasion de vivre une enfance extraordinaire à travers le monde. Du confin de la Russie au Pérou en passant par la chine et la Suède... Elle n'avait pas à se plaindre.

-oh je vais pas allé embêter l'infirmière pour un rhube... Je vois pas ce qu'elle pourrait y faire de toute façon.

La naïveté de Gwen était sidérante. Elle ne connaissait rien aux remèdes sorciers qui pourtant pouvait la guérir quasi-instantanément, elle ignorait même que cela pouvait exister.

-chouette ! On fera un Igloo ! Et des bonhommes de neiges et on pourra même aller dans la forêt ! Dit-elle soudain surexcitée