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 Homo homini lupus.

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MessageSujet: Re: Homo homini lupus.   Homo homini lupus. - Page 2 EmptyVen 13 Nov 2015 - 17:04

En voyant Rowan commencer à délirer, Quinlan inspira un grand coup. C’était parti. C’était parti pour plusieurs jours et nuits de hurlements et de douleur, des jours dont son patient n’aurait, il l’espérait, aucun souvenir. Quinlan allait en avoir par contre, et pas forcément des très plaisants. Il s’échina à le refroidir comme il le pouvait, abandonnant au moins pour le début l’idée de le nourrir. Il se viderait tôt ou tard de toute façon.

Dans ses délires se mêlaient la haine de soi, la haine de cette Marque qui lui tachait le bras et qu’il essaya même à un moment de retirer à la seule force de ses ongles. Quinlan fit tout ce qu’il put pour l’en empêcher, soudain pris d’une compassion infinie pour celui qui regrettait d’avoir déjà choisi son camp. Au passage, le guérisseur n’eut d’autre choix que de la voir de très près, détaillant ce serpent qu’il détestait, tout comme il détestait ce qu’il représentait. Aurait-il été à la place de Rowan qu’il se le serait arraché, ce bras.

Les heures passèrent, apportant leur cycle de hurlements et d’accalmies. Pendant l’une d’elles, Quinn rafraîchit Rowan comme il le put, changeant dans le même temps ses draps. La nuit allait être longue, très longue, mais il savait aussi dans quoi il avait mis les pieds. Ou les mains, tout dépendait du point de vue.

Entendre Rowan gémir toute la nuit de l’achever n’avait pas été facile, mais Quinlan avait enclenché ce mécanisme qui faisait que son empathie n’avait tout simplement plus cours. Il s’occupait de Rowan comme d’un patient qu’il ne connaissait pas, assez détaché pour se protéger lui-même de sentiments douloureux, mais pas trop non plus. Rowan avait simplement fait une erreur, dont il payait le prix maintenant, c’est tout. Quinn l’accompagnait, prenait soin de lui autant qu’il le pouvait, ayant à cœur de préserver le peu de dignité qu’il lui restait.

Il se concentrait sur son livre pour en oublier la litanie incessante de Rowan, en vain. Sans qu’il ne s’en rende vraiment compte, Quinlan tomba dans un sommeil sans rêves quand ce dernier se calma. Assis sur une chaise, tout près du lit, il semblait prêt à se lever pour venir en aide à son patient s’il en avait besoin.
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Clemens Neubach
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MessageSujet: Re: Homo homini lupus.   Homo homini lupus. - Page 2 EmptyVen 13 Nov 2015 - 18:12

Depuis que Quinlan lui avait révélé les effets du terrible Baiser de Saint-Jean, Clemens avait redoublé d’attention pour son meilleur ami. D’abord pour trouver le meilleur moment pour le confronter, ensuite, une fois la promesse de sevrage arrachée, pour lui apporter son aide dès qu’il en aurait besoin. Les cauchemars et la fatigue ne lui passaient plus inaperçus depuis longtemps, mais que pouvait-il faire pour ces maux-là ? Une majorité des étudiants de Haveirson se levait le matin avec les traits tirés et l’humeur maussade. Les plus chanceux d’entre eux ne rêvaient que des examens à venir et des travaux à rendre. Pour la première fois de sa vie, l’Allemand les enviaient avec toute la détermination qui lui restait.

Néanmoins, Rowan était probablement celui qui souffrait le plus. Les attaques discrètes et sournoises du Comte, le besoin de jouer le beau rôle devant l’aristocratie, de protéger ses proches de toutes les exigences et les pressions, jongler entre les apparences avec Daphné, et l’amour avec Anna. Discrètement, Clemens suivait son meilleur ami du regard, jour après jour depuis la rentrée, avec le vain espoir de découvrir rien qu’une fois l’ombre d’un sourire sur son visage. Mais jour après jour, il le voyait s’enfoncer. Les cernes sous ses yeux grandissaient, son teint se faisait cireux, sa façade si droite et froide s’affaissait pour se craqueler en la face d’un homme malade. Impuissant, il attendait le jour où Rowan tiendrait sa promesse.

Le courrier de Quinlan la veille lui avait mis la puce à l’oreille, bien que d’autres révélations récentes l’avaient convaincu d’attendre d’autres indices. Il ne voulait pas débarquer comme une furie chez son amant et à l’infirmerie pour découvrir les deux pièces entièrement vides. Il lui pesait bien assez de savoir que son partenaire faisait partie d’un ordre secret voué à détruire les mangemorts pour ne pas se donner plus de raisons de croire qu’il était probablement en danger. Surtout pas quand d’autres avaient besoin de lui à Haveirson. En revanche, lorsqu’il s’était réveillé seul dans la pénombre précédant le lever du soleil, Clemens avait chassé ce qui lui restait de doute. Son colocataire n’avait certes pas pour habitude de se lever tard, mais là il n’était simplement pas rentré. Or Rowan ne découchait pas.

Le Sinistros sauta sur ses pieds malgré l’heure extrêmement matinale et enfila les premiers vêtements qui tombèrent entre ses mains. Le regard plein d’inquiétude, les muscles crispés, il déboula hors de sa confrérie quelques minutes après six heures. Telle une tornade, il dévala les escaliers du donjon, manquant de chuter par deux fois, pour atteindre le rez-de-chaussée le plus vite possible. Arrivé devant la porte de l’infirmerie, Clemens ne remarqua même pas la note soulignant l’absence du Professeur Fitzsimmons et ouvrit à la volée.

— Quinlan ?

Sa voix était pressante et marquée par l’inquiétude. Il aurait hurlé après le guérisseur si il n’avait pas craint de réveiller Rowan, dont l’atmosphère cotonneuse de la salle gratifiait peut-être de quelques instants d’un sommeil sans rêves. Le vide et le silence qui l’accueillirent dans l’infirmerie firent monter en lui un désespoir mêlé de fureur. Il savait que Rowan était là. Il devait y être. C’était la seule solution suffisamment rationnelle pour que les raisons de son absence ne le fassent pas exploser d’inquiétude.

— ROWAN !

Planté devant le bureau du guérisseur, le regard parcourant avec frustration les lits vides autour de lui, Clemens ferma les yeux pour tenter de se calmer. Il devait réfléchir, comprendre, trouver une explication. Où. Etait. Rowan.
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MessageSujet: Re: Homo homini lupus.   Homo homini lupus. - Page 2 EmptySam 14 Nov 2015 - 21:40

Les particules de la réalité, déstructurées, volatiles et faiblement lumineuses, flottaient dans un air noir et étouffant. Elles n’étaient plus que des reflets ternes et distendus d’un monde qui le rejetait. D’un monde dont les principaux acteurs, quelle que soit leur fallacieuse affiliation, escomptaient profiter de la situation pour rompre la moindre pousse audacieuse. Broyer la moindre once de liberté et d’indépendance chez des générations qui ne demandaient pourtant que de vivre. Que d’espérer.

Que des lendemains meilleurs qui ne viendraient jamais par la faute de leurs aînés et de folies aujourd’hui inconsidérées. Celles se parant de noms forts et pimpants. Celles enrubannées d’existences si impérieuses et affamées de pouvoir qu’elles ne laissaient aucune place aux autres.

Comme si l’univers ne pouvait être que bichrome.

Cela dit, aujourd’hui plus que jamais, il était définitivement noir.

L’obscure clarté du jour ne se différenciait guère des brillants ténèbres de la nuit. Abandonné de tout sens. De toute logique. Le temps lui-même en venant à perdre sa raison dans un labyrinthe de mirages. Et les chimères, la gueule pleine de sueurs et de soupirs, mordaient alors la peau de l’ancien Serpentard en une multitude de frémissements. Ces dernières, après un labeur difficile et effréné au cours des premières heures de l’aube, commencèrent à se désintéresser de la chair au profit du repos.

Elles pourraient toujours reprendre leur sanglante mission plus tard.

La respiration sifflante, bercée de quelques gémissements faibles et inopportuns, Rowan semblait désespérément coincé dans une léthargie temporaire. Semblable à quelques somnolences quiètes et presque rassurantes, alors qu’elles présageaient – en une cruelle vérité – du pire. Tant le cycle pernicieux dans lequel sa conscience et son corps évoluaient, ne tolérait aucun espoir. Aucune accalmie.

Soit il triomphait du mal. Soit il s’y aliénait. Jusqu’au sang.

Noyé dans une épaisse nappe d’obscurité, n’autorisant ni couleur ni son, le jeune homme dérivait vers des territoires inconnus. Singulièrement silencieux. Étrangement inconsistants. Vides. Il n’était rien d’autre que le néant. L’abîme la plus absolue. Il avait tout simplement cessé d’exister dans la dimension de ses pairs.

Il voguait davantage avec la mort que les vivants. Telle une ombre narquoise et éthérée, détachée de toute matérialité.

Pourtant, une infime sensation le rappela à sa nature d’homme. Une sorte d’émoi troublé et agité. Puisant dans des racines si profondes et vigoureuses, qu’elles appartenaient plus à la magie qu’autre chose. Un instinct issu d’une dimension qui transcendait toutes celles existantes. Et qui le firent à la fois sursauter et hoqueter de surprise.

Avant de s’abandonner de nouveau à une inertie empoisonnée.
Bordée de noir.
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MessageSujet: Re: Homo homini lupus.   Homo homini lupus. - Page 2 EmptyDim 15 Nov 2015 - 6:55

Le petit matin annonçait une légère accalmie dans le calvaire que vivait Rowan. Épuisé, Quinlan se laissa aller à un peu de repos, somnolant légèrement sur la chaise qu’il occupait, tout près du lit de son patient. Ce n’était que le début et il aurait pu tenir encore quelques heures sans dormir, mais il ignorait combien de temps le sevrage allait durer, et dans le doute, il lui faudrait tenir la distance et être toujours capable de faire son boulot correctement.

Seulement, ce moment de calme et de relatif silence fut brisé par une voix paniquée qui appelait à l’aide. Sortant instantanément de son sommeil léger, Quinn étouffa un juron dans sa barbe et se releva pour sortir de la chambre, la fermant derrière lui. Personne ne saurait, avait-il promis. Il avait cependant reconnu Clemens à sa voix, et redoutait une confrontation… Mais en même temps, il ne pouvait pas le laisser ainsi.

Débarquant d’un couloir dérobé, Quinlan s’approcha doucement de Clemens. Les traits du guérisseur étaient tirés, impossible d’ignorer le fait qu’il avait veillé une grande partie de la nuit. Enfin ça, c’était si le Sinistros rouvrait les yeux.

— Clemens…?

Et merde, par où allait-il commencer ? C’était bien la première fois qu’il n’avait pas un bobard tout chaud à servir. Lui, l’habitué du prêt-à-mentir, craignait de se retrouver sans voix. L’inquiétude de son amant était réelle, et compte tenu de l’état dans lequel se trouvait Rowan, fondée. Mais comment le rassurer tout en préservant l’intimité et la dignité de son patient ?

Quinlan n’ignorait pas que Clemens s’était déjà mêlé des affaires de Rowan. C’était lui qui lui avait mis cette fiole de Baiser entre les mains en lui demandant de quoi il s’agissait. C’était lui qui avait voulu venir en aide à son meilleur ami, sans savoir que ce dernier choisirait la méthode la plus violente et la plus choquante pour se sortir du piège de la drogue facile. Lui faire porter la responsabilité de l’état de Rowan aurait été fort de café, mais Clemens restait une pièce incontournable de l’échiquier, avec une influence sur son entourage qui le dépassait complètement. Quinlan n’en était pas sûr, il n’avait aucune preuve et dans ses délires Rowan semblait plutôt focalisé sur Anna — ce qui était on ne peut plus logique — mais il était certain que Clemens n’avait pas pu rester de marbre quand Quinn lui avait décrit les effets du Baiser de St-Jean. Et Quinn était la preuve vivante que Clemens exerçait une étrange magie sur son entourage.

Le guérisseur resta planté là, à quelques mètres de Clemens, n’osant pas approcher davantage son amant. Il se para de son bouclier de vibranium métaphorique, attendant de se prendre un raz-de-marée de questions et de reproches auxquelles il lui serait bien mal-aisé de répondre dans le respect de chacun.
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Clemens Neubach
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MessageSujet: Re: Homo homini lupus.   Homo homini lupus. - Page 2 EmptyDim 15 Nov 2015 - 15:55

La voix de Quinlan lui fit rouvrir les yeux avec un soupir de soulagement. Néanmoins, il n’osa pas bouger d’où il se trouvait, se maudissant de ne pas avoir surveillé l’infirmerie pour comprendre d’où était venu le guérisseur. Ses yeux trahissaient à nouveau de brillantes lueurs d’inquiétude, mais il s’efforçait de les garder fixés sur son amant. Il devait y avoir une explication et il ne doutait pas qu’il allait l’entendre bientôt. En attendant, tout ce dont il avait besoin était de connaître l’état de Rowan, de savoir où il se trouvait, et qu’on lui dise ce qu’il pouvait faire pour venir en aide à son meilleur ami.

— Quinlan. Rowan est ici, n’est-ce pas ? Dis moi où il est, je veux le voir.

Sa voix était aussi implorante qu’insistante, soulignant son accent allemand qu’il contrôlait d’autant plus mal avec la panique naissante. Les raisons lui importaient peu dans un premier temps. Plus tard, il savait au fond de lui que le silence du guérisseur lui claquerait au visage comme une explosion. Il l’avait prévenu d’une urgence qui le tiendrait à l’écart pendant plusieurs jours, sans pour autant lui avouer que cette affaire concernait directement Rowan. Le lien n’avait pas été très difficile à établir, les deux hommes avaient discutés suffisament et Clemens savait quel danger représentait le Baiser de St-Jean. Néanmoins, il aurait souhaité être tenu au courant  immédiatement et ne pas se réveiller avec un sursaut de panique en découvrant le lit vide.

— N’essaie pas de m’entuber, tu sais très bien que je ne partirai pas sans avoir la vérité. Je sais ce qu’il prend, vous m’avez tous les deux parlé des effets, il m’avait promis d’arrêter dès que ce serait possible.

Une expression de stupeur passa sur son visage. Clemens fit un pas en avant, posant la main sur le bras de Quinlan, soudainement plus inquiet encore.

— A moins qu’il ne soit pas venu ici ? Bordel, dis moi qu’il est ici et que tu t’occupes de lui.

Il savait à quel point Rowan pouvait être indépendant, mais il ne le croyait pas assez fou pour essayer de se sevrer tout seul d’une drogue. Il se trouvait déjà au bord de la panique, terrifié par sa propre impuissance. Il n’avait pas oublié sa promesse d’être à ses côtés et de le soutenir peu importe quelles difficultés il traversait, et jamais encore il n’avait trahit un ami. Plus capable de dire un mot, Clemens plongea simplement son regard dans les yeux noisettes de Quinlan, y cherchant une quelconque information et surtout, la confirmation que Rowan se trouvait entre de bonnes mains.

L’absence de son colocataire n’aurait pu signifier qu’une seule chose, au vu de son état de détresse et le poids trop lourd qu’il avait à porter. Or, il refusait d’envisager cette hypothèse là, d’accepter qu’il avait si violemment échoué à protéger son meilleur ami de ses démons, qu’il l’avait perdu à tout jamais. La main posée sur le bras du guérisseur se crispa en un violent spasme.
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MessageSujet: Re: Homo homini lupus.   Homo homini lupus. - Page 2 EmptyDim 15 Nov 2015 - 18:08

Clemens était paniqué, et il y avait bien de quoi. Son meilleur ami était absent, et tenu par la promesse qu’il lui avait faite, Quinlan ne lui avait rien dit. Le guérisseur comprenait aussi bien l’homme qu’il avait devant lui que celui qui souffrait dans son lit, mais peinait à trouver un compromis. Resté sans voix par la fatigue, il attendit que Clemens ait fini de parler pour en placer une, ne s’attendant pas vraiment à ce qu’il vienne poser une main sur son bras. Il y avait des choses évidentes auxquelles il avait toujours du mal à s’habituer.

— Il… Rowan est ici. Et il a arrêté… De la manière forte.

Quinlan l’avait murmuré, comme si le dire moins fort changeait quoi que ce soit. Il avait promis que personne ne saurait, mais d’un autre côté il ne pouvait pas laisser Clemens dans un tel état de panique.

— Je m’en occupe. Je sais que tu t’inquiètes mais…

Le guérisseur était visiblement épuisé, et de voir son amant dans un tel état de panique ne lui faisait pas plus de bien. Cela dit, il n’y avait rien à faire d’autre qu’attendre, pour Clemens. Quinn était mieux placé que quiconque pour savoir à quel point il était désagréable de devoir patienter, impuissant et inutile. D’autant plus que Clemens n’allait pas pouvoir voir son meilleur ami avant un long moment.

— Je suis désolé, mais tu ne peux pas le voir. Pas maintenant. Reste ici, si tu le souhaites, ou dans mon bureau, et je te tiendrais au courant.

Si Clemens pouvait aussi en profiter pour faire des raids à la cafétéria histoire que Quinlan ne meurt pas de faim et de soif dans sa veillée, ce serait aussi chic de sa part. En attendant, Quinn devait y retourner. Il prit alors la main de Clemens dans la sienne et la porta à ses lèvres.

— Je te promets que tout ira bien pour lui.

Merde, qu’est-ce qu’il allait penser quand il se rendrait compte que son meilleur ami portait la Marque des Ténèbres ? Alors que son amant lui avait avoué faire partie de l’Ordre du Phénix…? Quinlan eut un pincement au cœur par empathie pour lui, avant de retourner dans la chambre où se reposait Rowan.

Trois jours plus tard, en fin d’après-midi.

La veillée avait été affreusement longue, mais cela faisait plusieurs heures que Rowan n’avait pas hurlé, et il avait même réussi à boire un peu de cette potion ultra-nutrimentée que Quinlan lui avait apporté. Le pire était désormais derrière eux. Après avoir nettoyé Rowan comme il le pouvait et avoir pris soin de lui remettre les bras sous les couvertures, Quinlan se décida à sortir.

— Clemens…? Tu peux venir si tu veux.

Rowan dormait encore, mais au moins Clemens serait rassuré quant à son état. Il était vivant, et il allait s’en sortir. Dans le fond, c’était tout ce qui comptait.
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MessageSujet: Re: Homo homini lupus.   Homo homini lupus. - Page 2 EmptyLun 16 Nov 2015 - 19:32

Au bout de trois jours longs et détestables, le mal charognard, railleur et famélique quitta la proximité de son épiderme. Petit à petit, sous la dévotion pleine de sollicitude de son aîné, les membres de Rowan cessèrent de se crisper en un réflexe instinctif. Défensif. Ils s’abandonnèrent à la quiétude languissante et silencieuse des lieux, jusqu’à ne plus ni trembler de douleur ni frémir d’anxiété face aux chimères aliénées de la fièvre.

Les épisodes d’accalmie se multiplièrent progressivement, jusqu’à complètement terrasser les gémissements plaintifs et les murmures psalmodiés d’une voix brisée. D’une voix qui témoignait sans fioritures des douleurs éprouvées pendant des dizaines d’heures. Alignées. Diablement vécues. Harassantes.

Les horreurs s’estompèrent des pans lacérés de son esprit, pour n’y laisser plus qu’un vide serein. Un néant à la dérive hors de l’espace et du temps. De bon augure, compte tenu de tout ce qu’il avait dû endurer depuis samedi.

Et, enfin, le sommeil vint le cueillir et l’envelopper de son étoffe chaleureuse.

En fin d’après-midi, les ténèbres commencèrent aussi à se déchirer. Les voilages obscures qui retenaient sa conscience en une prison singulière, se décrochèrent de leurs étau et libérèrent l’étincelle de lumière qui l’avait accompagné dans cette épreuve. Un éclat de vie, lointain et presque inaccessible, tout en restant omniprésent dans sa chair et ses songes.

Lorsque ses paupières frémirent, lui permettant de distinguer une lueur vive et blanche, le jeune homme fronça les sourcils. La tranquillité évidente de la pièce l’incita à ouvrir prudemment un œil puis un deuxième. La première chose qu’il nota, en dehors des détails insignifiants aux alentours, ce fut la profonde sensation d’épuisement qui habitait son enveloppe charnelle. Comme s’il avait lutté contre un ennemi invisible et innommable pendant une durée trop longue et éreintante pour s’en souvenir aujourd’hui.

Au bout de quelques instants solitaires, l’ancien Serpentard lâcha un profond soupir. Un certain nombre de choses lui apparaissaient complexes et peu limpides. Sa mémoire lui faisait inévitablement défaut, de la même manière que les rouages acérés de ses pensées... Qui lui semblaient fragiles.

Bon sang.
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MessageSujet: Re: Homo homini lupus.   Homo homini lupus. - Page 2 EmptyDim 22 Nov 2015 - 18:54

Pendant trois jours, il avait souffert de ne pas connaître l’étendue de la souffrance. Laissant cours et obligations de côté, Clemens avait erré entre l’infirmerie et la cafétéria, repassant parfois par Sinistros, dans l’attente d’un signe. Il était tel un animal enragé à faire les cent pas en silence dans une salle froide, rongé par son incapacité à aider son meilleur ami. Les cris et les gémissements de Rowan lui parvenait à travers les murs comme autant de coups de poignards qu’il aurait tant voulu prendre à sa place. Néanmoins, l’Allemand ne s’était pas élevé contre la sentence de Quinlan. Jamais il n’avait essayé de pénétrer dans la chambre interdite, attendant impatiemment de pouvoir simplement prouver son soutien à son ami.

Quand, enfin, l’autorisation était tombée, il avait filé comme une bourrasque jusqu’à la chambre, sans un mot ni un regard pour le guérisseur. Les sentiments pourtant fort qu’il ressentait pour son aîné s’étaient presque complètement éclipsés sous la vague d’inquiétude. Pendant trois jours, Clemens avait été terrassé par l’état de Rowan, toute cette pression sur ses frêles épaules qui l’avaient poussés dans des retranchements obscurs et dramatiques. Sans vraiment oser se l’avouer, il craignait même toutes ces autres décisions que son meilleur ami aurait pu prendre pour faire face à ses défis. Toutes celles autour desquelles il aurait gardé le secret, s’enfonçant sans s’autoriser à quémander de l’aide.

La chambre empestait encore la mort et la douleur, même si sa propreté ne laissait plus aucun doute. Les rares rayons de lumière qui perçait à travers la fenêtre donnait à Rowan un teint horriblement blafard. Dans son élan, Clemens connut un instant de doute, interrompant son mouvement, ses yeux s’agrandissant un peu de voir son ami dans un tel état. Il ne put s’empêcher d’émettre un grondement de fureur contre cette société pernicieuse qui avait poussé un homme si fondamentalement bon à se traîner jusqu’à de tels écueils. Il prit le temps d’une grande inspiration pour revenir à un calme relatif, puis s’installa avec prudence sur le rebord du lit.

— Rowan…

Que dire ? Les yeux vaguement ouvert, son colocataire semblait réveillé, même si Clemens doutait qu’il soit véritablement conscient. Posant une main tendre sur son bras, glacé malgré l’enfouissement sous les couvertures, il ne savait absolument pas comment réagir. Ses yeux bleus brillants d’inquiétude, il se rappela enfin l’existence de son amant, dont la seule présence avait pu être salutaire à Rowan. Il leva vers lui un regard où dansait enfin une lueur de reconnaissance.

— Merci pour ce que tu as fait pour lui. Je sais que c’est ton boulot, mais quand même.

Il se détourna pour reporter son attention sur son ami, serrant doucement son bras dans l’espoir de lui insuffler un peu de courage et de chaleur. Les mots restaient bloqués au fond de sa gorge. Tout ce qu’il aurait voulu faire était de le tirer de ces couvertures pour le prendre dans ses bras, comme lors de ce moment d’abandon à Sinistros où il n’avait plus eu que cette seule solution pour empêcher Rowan de partir à la dérive. Mais cette fois, plus que de le laisser partir, il craignait encore plus que ce geste d’amour fraternel ne brise son ami si cher.
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MessageSujet: Re: Homo homini lupus.   Homo homini lupus. - Page 2 EmptyJeu 26 Nov 2015 - 19:51

Sur la toile de fond de son environnement, l’éclairage semblait onduler avec lenteur, déformant la couleur des murs d’un blanc éclatant. Conférant une étrange texture à l’ensemble. Une esquisse assurément irréelle. Rowan plissa les yeux un court instant, essayant de distinguer ce qui avait l’air d’être une commode. Une étagère ? Ses iris pâles et distantes s’échinaient à cerner les contours de l’objet sans qu’il puisse véritablement en certifier la nature.

Il lâcha un nouveau soupir, s’offrant quelques infimes secondes de répit derrière la sombre protection de ses paupières closes.

Il avait beau se sentir allongé – et se savoir l’être – sur un lit, un élément stable du décor, il avait la singulière impression que le monde... Tanguait légèrement. Vacillait ? Difficile à dire en l’état, tant il lui apparaissait délicat de discerner les choses les unes des autres. Comme si ses yeux ne parvenaient guère à dépasser la peinture superficielle qui se présentait à eux en guise de réalité.

Le noir, territoire chaleureux de l’inconscient, lui semblait un bon refuge. Faute de mieux. Pourtant, au bout d’un long moment à se préserver dans les ténèbres, il eut l’envie irrépressible d’affronter de nouveau les alentours.

Lorsqu’il quitta pour la deuxième fois les ombres au profit de la lumière, le jeune aristocrate nota un changement qui l’émerveilla. Les formes se découpaient davantage cette fois-ci, et il parvenait sans mal à ne pas confondre l’étagère avec une armoire. Ses lèvres tressautèrent d’un enthousiasme non feint.

Il s’écoula ainsi plusieurs minutes – certainement une dizaine, quoi qu’il se trouvait bien incapable de les compter – jusqu’à ce qu’un écho lointain perturbe la quiétude latente des lieux. Un bruit impossible à identifier à ses oreilles encore bourdonnantes des hurlements passés. À ce soubresaut incertain, un mouvement et une ombre gagnèrent la périphérie de son champ de vision.

Une silhouette dont il ne parvenait qu’à identifier les contours. Encore. S’agissait-il de Quinlan ? Une sensation de chaleur s’anima sur l’un de ses bras. Un contact qu’il ne ressentait aucunement comme une menace. Au contraire. Cela lui semblait fort et bienvenu, son corps ayant vraisemblablement davantage de bon sens que sa conscience là-dessus.

Rowan. Ce mot prononcé si facilement, ne parvenait qu’avec beaucoup de concentration à son esprit. Un brin déformé. Un brin incompréhensible. Bien qu’il n’avait aucun doute qu’on s’adressait à lui, à moins qu’une autre personne soit dans la pièce ?

En un mouvement fragile de sa main libre, vacillante et clairement peu assurée, il chercha à tâtons la pression affirmée et aimante qui réchauffait son épiderme.
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MessageSujet: Re: Homo homini lupus.   Homo homini lupus. - Page 2 EmptyDim 13 Déc 2015 - 20:41

Un tendre sourire vint éclairer son visage, relevé d’une lueur de soulagement lorsque Rowan, lentement, posa une main sur la sienne. Clemens ne put résister à la recouvrir de sa dextre, trop content de voir son ami assez vaillant pour poser un geste conscient et chargé de signification. Ou du moins, l’espérait-il. Pendant quelques secondes, son imagination s’anima des gestes réflexes d’un Rowan tourmenté par un délire fiévreux, faisant écho aux grognements qu’il avait perçu du bout du couloir. Silencieusement, l’Allemand remerciera une nouvelle fois Quinlan de l’avoir tenu à l’écart de cette vision, trop honteuse pour son meilleur ami, probablement trop destructrice pour lui.

Son regard semblait ne pas pouvoir se détacher de la mine grisâtre de l’ancien Serpentard. Le voir malade équivalait presque à un cauchemar, tant le jeune aristocrate lui avait toujours paru être un roc que rien n’était capable d’ébranler. Durant des semaines, il avait été témoin de sa fatigue, réclamant un impôt toujours plus important sur son hôte, jusqu’à le pousser dans ces retranchements drogués de mensonge. Clemens se sentait coupable de n’avoir pas été une aide suffisante pour détourner son meilleur ami d’un chemin si périlleux. Pourtant, il ne parvenait pas non plus à faire taire une certaine méfiance au fond de son âme, convaincu qu’il ne savait toujours pas tout. Ni les cours, ni l’amour pour Anna ne pouvait affecter un homme à ce point. La romance n’avait pas décemment pour vocation d’être destructrice.

À moins que ça ne soit précisément cela que Rowan avait voulu lui faire comprendre, durant leurs longues conversations nocturnes ? Ces nuances si particulières à son ami, ces sentiments qui tranchaient si fort avec sa façade d’une perfection glacée, que le brasier de la passion pouvait seulement détruire ? Clemens fut parcourut d’un frisson et manqua de retirer ses mains de l’écrin de chaleur offert au patient. Ces réflexions ne parvenaient qu’à lui faire réaliser à quel point il était délicat de cerner l’homme caché derrière le nom de Rowan Philipp Westminbrook.

— Comment tu te sens, Rowan ? N’essaie pas de répondre si tu ne t’en sens pas la force, ne t’inquiète pas. Je suis simplement heureux de te savoir revenu parmi nous. Si tu préfères, je peux rester ici un moment à faire la conversation, ça te fournira peut-être un peu de distraction, ces murs blancs ne sont pas très réconfortants. Tu veux un peu de couleur ? Je te proposerai bien d’animer le lit pour aller faire un tour dans le parc, mais ce n’est probablement pas une bonne idée, non. En revanche, il doit bien y avoir un machin dans cette pièce qui gagnerait à danser un peu…

L’Allemand tira sa baguette de sa manche, le regard soudainement brillant, mais ses épaules s’affaissèrent quand ses yeux se posèrent une nouvelle fois sur le visage cireux de son ami. L’excitation et la distraction n’était pas ce dont avait besoin un convalescent en quête d’un repos réparateur. L’apothéose de son calvaire avait laissé de profondes marques sur son corps amaigri. Clemens sourit doucement.

— Pardon, vieux frère. Tu m’as vraiment foutu la trouille, et je ne sais pas si c’est l’inquiétude ou le soulagement que j’ai besoin d’évacuer.


Il se mura ensuite dans le silence, décidé à attendre le retour de Quinlan. Rowan pourrait toujours prendre l’initiative de la conversation si il s’en sentait la force et le désir. Peu importe ce qu’il choisirait, Clemens resterait là, car au fond, la présence comptait bien plus que les mots.
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