Action ou vérité

30/09/2015

Ses prunelles scrutaient celles de Lana sans mal, vu le peu de distance qui les séparait toujours. Il pouvait voir sa réflexion passer par plusieurs chemins, revenir pour enfin s'arrêter sur une décision de réponse. L'Abraxan dessina un petit sourire sur son visage en voyant la belle jeune femme lui répondre sur un ton aussi énigmatique. Il ne doutait pas qu'elle était satisfaite d'elle-même et dil qu'elle donnait à retordre à Anton. Il restait sur sa faim avec cette réponse. La prochaine fois, il se méfierait des termes employés.

A chaque qu'il pensait prendre l'avantage avec elle, il était toujours étonné de se retrouver challenger. Nul ne pouvait ignorer son talent inné pour manipuler la gente masculine. A croire que le grand brun était tout aussi faible que ses comparses. Cette pensée lui déplut grandement. L'idée qu'il avait une certaine concurrence, pour les yeux de la belle blonde, face à lui représentait un challenge, tout comme une menace. Et il ne voulait imagine Lan qu'en sa seule compagnie.

Il fut alors surpris de voir le ton, précédemment confident de la jeune femme changer et redevenir taquin, voir provocateur. Anton ignorait ce qui avait mis la Sinistros dans cet état, mais il ne doutait pas qu'elle avait été piquée par quelque chose, ou quelqu'un. Il la fit alors tournoyer sur elle-même avant de l'attirer, presque brusquement contre lui, continuant leur danse lascive, collés l'un à l'autre. Mais avant que les choses ne deviennent trop tentantes, l'Abraxan la fit danser à nouveau, tournant et retournant. Ils occupaient une bonne partie de la piste et il pouvait sentir les regards sur eux. Il ne doutait pas que les gens soient envieux de leurs joie d'être là, l'un avec l'autre.

Puis, lorsque la chanson entraînante fut terminée, l'étudiant s'approcha à nouveau de la jeune femme et vint lui déposer un délicat baiser sa la joue, avant de se diriger vers son oreille.

- Alors ? Quel sera mon prochain défi ?

Cette soirée valait définitivement la peine, rien que de voir les regards médusés de jeunes femmes curieuses à son égards et les hommes, envieux de sa situation, si proche d'une jeune femme si parfaite, l'emplissait de joie. Passer du temps avec Lanalia le comblait.

HRJ:

Sans attendre, il a répondu à ma requête avec autant de zèle que je l'espérais. J'ai suivi sa conduite (il était vraiment très bon danseur) et j'ai tournoyé sur la piste en me laissant gagner par la joie que me procurait la danse en général, et sa compagnie en particulier. J'ai un instant oublié les regards envieux qui se posaient sur nous et je me suis faite insouciante. Je profitais du moment présent. La musique était bonne et l'ambiance aussi.

La musique a changé et il s'est rapproché pour me donner un baiser sur la joue. Ma joue qui devait être rougie par la danse et les mouvements qui me donnaient chaud. Heureusement pour moi, car sinon il aurait pu voir encore davantage l'effet que sa bise m'a fait. J'avais envie de le détourner de sa course et de lui embrasser les lèvres, de me laisser emporter, de vivre encore une fois l'instant présent avec lui. Mais je n'en ai rien fait. Je pense qu'il l'aurait mal pris. Je me trompe peut-être.

Quoi qu'il en soit, il a choisi de recevoir un défi pour la suite de la soirée. Mon sourire s'est fait espiègle alors que je retournais vers notre banquette pour boire quelque rafraîchissement. Je m'y suis assise et je l'ai regardé, pensive.

- Qu'est-ce que je vais bien pouvoir te défier de faire...

J'ai bien plusieurs idées, mais elles sont toutes très mauvaises. Dans le sens où... Si je le mets au défi de faire ça, la soirée risque de mal se terminer pour lui. Embrasser cette jolie brune, par exemple, pendant que son copain est parti aux toilettes. Il le ferait j'en suis sûre, mais ce serait pas cool pour le couple, ni pour Anton, qui risquerait de se faire casser la gueule après. Voyons Lana, où est passée ta douceur ?

Aaaah je sais. Voilà qui est parfait. Les chats. Les chats sont doux. Anton, soit un chat.

- Alors, mon cher, si tu l'oses... tu retourneras au micro et tu choisiras une demoiselle dans la salle à qui te feras une longue et sublime déclaration d'amour... en miaulant. Des comportements de chaton en plus te donneront des points bonis.

Fière de mon idée, j'espère qu'il ne me décevra pas... même si j'ai un peu de mal à l'imaginer se tourner en ridicule comme ça, lui qui est si fier et si digne d'ordinaire. Voyons voir jusqu'où l'abus d'alcool et mes beaux yeux pourront le mener.

Choix de Lana:

30/09/2015

A présent, Lana se dirigeait vers leur banquette. Il la suivit, plutôt curieux de savoir ce qu'elle avait en réserve dans son cerveau parfois diabolique. Et à l'instant même où elle ouvrit la bouche, il su qu'il était en mauvais posture. L'Abraxan avait effectivement repéré ce rictus sur les lèvres de la belle blonde. Et ce regard... Il en disait long sur le défi qu'il allait devoir réaliser. Il écouta alors ce dernier et les détails qui l'accompagnaient.

Anton se recula deux secondes contre le dossier de banquette et analysa la salle d'un coup d'oeil circulaire. Certes, la majorité commençait à ressentir les effets de l'alcool, visible par leur démarche chaloupée et des discussions de plus en plus alambiquées, le grand brun aurait bien pu s'enfiler trois ou quatre whisky pur feu qu'il n'aurait pas encore atteint un niveau assez haut pour effectuer le gage. Il croise les doigts derrière son verre et sourit subtilement à sa comparse.

- Je pense que tu gagnes pour ce coup-ci..

Il avait un égo. Et celui-ci avait ses limites. Lanalia avait été assez maligne pour trouver son point faible, le ridicule. Car même si auparavant avait oser prendre le micro et chanter en se trémoussant, il avait été relativement sur de l'effet provoqué sur la foule. Dans ce cas, elle lui en demandait beaucoup.

Il s'attendait à voir son visage s'illuminer, savoir qu'elle avait gagner le droit de lui poser un gage, exécutable maintenant ou au choix de la personne le donnant, ne pouvait que lui faire cet effet là. Il leva son verre à ses lèvres et le bu cul sec, histoire de dissiper comme il le pouvait le sentiment brûlant de sa défaite. Il posa son verre sur la table et fit signe à la serveuse qui ne le lâchait plus des yeux de revenir leur servir la même chose.

A nouveau il se pencha sur la table en entendant le choix que Lana faisait pour leur prochain tour. Il fut d'abord surpris de constater qu'elle choisissait à nouveau vérité, mais vu la manière dont il s'était avoué vaincu sur l'Action précédente, elle ne faisait que choisir la bonne solution. car leurs jeux ne feraient qu'aller en s'intensifiant.

- Que penserais-tu, et en détails, si je choisissais d'embrasser cette jolie serveuse ce soir ?

Il ne se ferait pas avoir deux fois sur la manière dont il posait la question à la belle jeune femme qui se tenait devant lui ce soir, toujours aussi belle.

La déception que j'ai ressentie face au fait que je ne pourrais pas avoir la joie et le plaisir de le voir se changer en chat pour les 5 prochaines minutes et se tourner en ridicule devant tout le monde n'a eu d'égal que le sentiment d'accomplissement et de victoire découlant du fait qu'il s'avouait enfin vaincu. J'ai levé mon verre à sa défaite et j'ai moi aussi vidé le contenu de mon verre, cul sec. Je commençais moi-même à être plutôt sèche, l'alcool diluant de plus en plus mon jugement et mon inhibition.

J'ai vu Anton faire un geste à la serveuse pour recommander la même chose et je l'ai trouvé très au-devant de mes besoins, ce que j'ai apprécié. C'était maintenant mon tour de faire le choix entre Action ou vérité.... Et comme je venais de l'emporter sur le jeune Abraxan, je me suis dit qu'il y avait deux options possibles pour la suite. Soit son défi serait vraiment intense de par son désir de se venger et de me pousser à mon tour au renoncement et à la défaite, soit il me proposerait un défi qu'il saurait que j'accepterais, mais qui impliquerait une action de ma part qui serait destinée à le satisfaire lui... Histoire de reprendre le dessus sur moi d'une quelconque façon. Genre lui masser les pieds ou me comporter en étant aux petits soins avec lui... je sais pas, un truc comme ça, qui le placerait en position d'autorité sur moi.

Ça aurait peut-être été complètement autre chose, mais j'ai quand même préféré me retirer au sommet de ma victoire et j'ai opté pour la question. Le jeu du défi était allé suffisamment loin pour le moment et peut-être même pour toute la soirée, et j'avais envie de discuter un peu.

Sa question m'a fait sourire et j'ai glissé une oeillade vers la fameuse serveuse, qui était somme toute très jolie. Que voulait-il savoir vraiment ? Si j'étais du genre jalouse ou si je lui donnais ma permission? Il voulait savoir en détails ce que je penserais... Sa question m'embêtait un peu, mais pas assez pour que je ne veuille pas répondre, et j'avais assez bu de toute façon pour que ma langue soit bien déliée.

- Hmm... eh bien je penserais que tu chercherais à me rendre jalouse. À me prouver que tu peux avoir qui tu veux dans ce bar, pour que je me sente menacée peut-être? Et que j'aie encore davantage envie de montrer à tout le monde que tu m'appartiens pour la soirée.

Oh damn, avais-je vraiment dit ça? Que tu m'appartiens pour la soirée? Décidément. J'ai continué à parler en baissant le regard sur la table, soudainement un peu plus sincère et moins arrogante, un peu plus douce, un peu plus moi-même.

-...Y a aussi de très bonne chances pour que je me dise que je ne t'attire pas tant que ça et que t'as choisi de m'accompagner ici ce soir simplement parce que t'avais envie de trouver une fille avec qui conclure la soirée, sans avoir l'intention que ça soit moi.

J'ai relevé les yeux vers lui, me forçant à sourire à nouveau.

- Et pis t'aurais le droit après tout!

La serveuse est arrivée sur l'entre-fait et je l'ai à peine remerciée du bout des lèvres avant de boire à la paille de mon verre.

30/09/2015

- Hmm... eh bien je penserais que tu chercherais à me rendre jalouse. À me prouver que tu peux avoir qui tu veux dans ce bar, pour que je me sente menacée peut-être? Et que j'aie encore davantage envie de montrer à tout le monde que tu m'appartiens pour la soirée.

Je l'ai vu froncer les sourcils et j'ai un instant pensé qu'elle n'allait pas répondre. Ou esquiver ma question, comme elle l'avait si habillement fait. Mais c'aurait été mal connaitre Lanalia, puisqu'elle n'aurait pas renoncer à moins de ne pouvoir vraiment dire ce qu'elle pensait. Anton fut un instant muet, réfléchissant à ce qu'il aurait pu répondre à cela. Peut-être n'avait-elle pas totalement tort. Peut-être était-elle à côté de la plaque. Lui-même n'était pas sur de pouvoir y répondre présentement.

Il allait entamer sa réponse lorsqu'à nouveau, la voix de la jolie blonde résonna à ses oreilles. Il croisa son regard, plus surpris qu'il ne l'aurait souhaité par cette nouvelle réponse. Il posa un index sur ses lèvres, un des tic qu'il avait lorsqu'il réfléchissait alors qu'elle, baissait les yeux.

-...Y a aussi de très bonne chances pour que je me dise que je ne t'attire pas tant que ça et que t'as choisi de m'accompagner ici ce soir simplement parce que t'avais envie de trouver une fille avec qui conclure la soirée, sans avoir l'intention que ça soit moi.

Lorsqu'elle releva les yeux vers lui, il soutint ce regard clair et qui semblait avoir perdu un semblant de sa superbe. Il posa sur la table le tas de gallions qu'il avait amassé durant la soirée et se leva, son rythme cardiaque augmentant à chaque inspiration. Il se referma. Son visage redevint plus froid et son attitude plus distante. Ils avaient beau avoir passé une bonne soirée, il était probablement temps de rentrer à l'Académie à présent.

- Je pense qu'il est temps qu'on rentre...

Il posa un regard noir sur Lanalia. Pourquoi fallait-il que les femmes dramatisent et compliquent toujours la situation. Cependant, il n'était plus sur que ce soit cela qu'il l'exaspérait le plus en cet instant. Il se retourna et commença à se diriger vers la sortie.

Son attitude m'a pour le moins déstabilisée. Pauvre Lana. Quand apprendras-tu. Il suffisait que j'ouvre ne serait-ce qu'une meurtrière sur ce qui habitait mon coeur et mon âme pour que les hommes s'enfuient en courant. Cesse de vouloir être toi-même et ne soit qu'une poupée sans cervelle, c'est la seule et la meilleure manière de les emmener dans ton lit.

Il a soutenu mon regard et j'ai fait de même, me demandant ce qui allait suivre. Et plus les secondes s'égrainaient, plus j'avais l'impression qu'il s'éloignait de moi, qu'il s'éloignait tout court, qu'il disparaissait dans les méandres de son propre malêtre. Je le sentais m'échapper et je ne comprenais pas ce que j'avais fait pour que ça arrive. Une seconde plus tôt tout allait bien et voilà maintenant qu'il déposait une poignée de pièces sur la table et affirmait de but en blanc qu'il était temps qu'on rentre.

J'ai haussé les sourcils, d'abord blessée par son comportement, puis courroucée par son air dominant et son ton paternant. Dude, t'es pas mon père. Bon, j'ai pas 15 ans alors j'ai gardé cette réplique pour moi-même, mais n'empêche. Il n'était pas en droit de décider ce que j'allais faire ou ne pas faire de ma soirée et son changement de cap était tellement soudain que ça me donnait juste envie de m'opposer. J'allais le faire, mais son regard, noir et froid, m'a percé le coeur. Qu'est-ce que j'avais bien fait pour mériter ça ? Si j'avais besoin d'une confirmation, la voila bien, celle qui me prouvait qu'il n'avait aucune envie que les choses aillent plus loin entre nous. J'aurais dû laisser notre relation là où elle était et ne pas le laisser savoir qu'il me plaisait.

Mais merde à la fin ! Qu'est-ce que c'était que ce numéro dramatique qu'il me faisait? Pourquoi terminait-il la soirée sur une note aussi fâcheuse? C'était pourtant lui qui m'avait posé la question et j'avais fait ce qu'il voulait, j'y avais répondu avec toute ma sincérité, lui faisant même part de mes insécurités, et il me servait une réaction aussi merdique? C'est pas très gentil, Anton. Est-ce qu'il m'en voulait de lui avoir laissé savoir qu'il m'attirait? De lui avoir laissé savoir qu'une partie de moi aimerait qu'il me choisisse ? Ou bien m'en voulait-il d'avoir laissé entendre qu'il était ici uniquement pour conclure avec n'importe qui? Mais merde après tout, je le connaissais bien, je l'avais vu maintes fois repartir avec des filles en fin de soirée... Raaah tout cela me mettait hors de moi.

- Ne pose plus les questions dont tu ne peux tolérer les réponses, Anton !ai-je crié pendant qu'il s'éloignait vers la sortie.

Puis, j'ai grogné de rage et je me suis levée à mon tour. Pas pour le suivre, cependant. J'avais clairement pas besoin qu'on me dise quoi faire. Ma soirée à moi n'était pas finie et si c'était pas dans son lit que j'atterrissais, qu'à cela ne tienne, ce serait celui d'un autre. Et puis mon verre était encore plein et j'aimais pas la gaspille.

30/09/2015

L'Abraxan s'arrêta lentement en entendant la réponse de Lanalia. Il l'avait assez côtoyé pour savoir que le simple fait qu'elle place son prénom à la fin de la phrase signifiait qu'elle était en colère, et qu'elle voulait en découdre verbalement. Il comprenait que sa réaction avait pu la surprendre, tant leurs petits jeux s'étaient déroulés à la perfection toute la soirée. Mais c'était bien là le problème...

Il se retourna et capta à nouveau son regard, qui s'était fait lui aussi plus sévère, presque triste également. Il l'avait blessé. Probablement. Mais lui aussi, à de nombreuses reprises avait vu ses espoirs s'évanouir lorsqu'elle était rentrée avec d'autres hommes que lui, lors de soirées mondaines. Alors que c'était avec lui qu'elle avait passé la soirée. Avec lui qu'elle avait rigolé. Et voir ainsi les rôles inversés lui rappelait la colère qu'il avait pu ressentir à l'époque.

Il le savait, cette relation était compliquée. Elle l'avait toujours été. Mais Anton se rendait peu à peu compte qu'après tout ce temps, leurs petits jeux ne menaient à rien. Si ce n'était de créer de faux espoirs à l'autre, qui ne serait que déçu par la suite. Hier Anton, aujourd'hui Lana.

Il baissa les yeux, réfléchissant aux mots qu'il allait employer. Ses paroles n'allaient peut-être pas plaire à la belle blonde. Mais il ne voulait, cependant, pas que son ton soit dur. Il ne voulait pas la blesser plus qu'elle ne paraissait déjà l'être.

- Tous nos petits jeux, nos stratagèmes l'un par rapport à l'autre... Je pense qu'il faut que ça cesse.

Il fit une courte pause. Son ton était doux mais net. Comme pour demander à Lana de faire le point sur la situation et de voir où tout cela les avait mené. Deux êtres éprouvant de l'attirance l'un pour l'autre, sans pour autant être capable de sauter le pas et de vivre quoi que ce soit qui ne soit pas auparavant réfléchit. Depuis le soir sous la tente, les choses avaient changées. Chacun avait pu se rendre compte de l'attraction de l'autre, posant les règles du jeu dans une atmosphère toute nouvelle. Car à présent, il y avait un enjeux. Une finalité possible. Chose qu'aucun d'eux n'avait, précédemment, envisagé.

- Tout ça... J'en ai assez. Mais je te connais suffisamment pour savoir que tu te lasseras sans ça. Comme avec Alrich, John, Damon...

Il baissa les yeux. En énonçant le nom d'hommes avec qui elle avait pu sortir par le passé, il se rappela de sa réaction presque systématique : l'ennui. Lanalia Winslow avait besoin d'action constante, de charmer, de séduire et de défis. Obtenir quelque chose qui ne nous appartient pas est toujours tentant. Car c'est la quête même qui rend l'histoire intéressante. Le fait de posséder cette chose inateignable, démystifie souvent la chose elle-même.

- Je te laisse y réfléchir, mais si tu veux quelque chose de moi, ce sera sans les jeux. Juste nous deux.

Il croisa une dernière fois son regard et fit à nouveau demi-tour, fendant la foule agglutinée dans le couloir menant à la sortie. Ce n'était pas un ultimatum,loin de là. Mais il ne voulait pas s'engager dans une histoire faite de malices et de stratégies pour obtenir quelque chose de l'autre. Il avait suffisamment vu cela chez lui, en grandissant. Il ne voulait pas revivre cela dans ses propres histoires affectives.

Je ne m'attendais vraiment pas à ce qu'il revienne vers moi, je le pensais définitivement parti. C'est pourquoi quand il s'est posté devant moi, je m'étais un peu radoucie. Son ton lui aussi était plus doux, mais sa phrase compensait en dureté. Il fallait que ça cesse. Mais c'était ça, nous deux, les jeux, les défis, le flirt... si ça cessait, c'était notre relation qui cessait, non? Était-il en train de me dire qu'il préférait mettre fin à ce qu'il y avait entre nous?

J'y survivrais, bien entendu. J'avais passé plusieurs mois sans avoir de ses nouvelles quand j'étais venue à Haveirson et je ne m'en étais pas plus mal portée. C'était juste... le rejet que ça représentait. Ça j'avais du mal à l'avaler. Mais était-ce bien ça ? Car il a continué de parler. Sa pensée s'est frayée un chemin vers la mienne et j'ai commencé à comprendre ce qu'il voulait dire. Il en avait marre des jeux, pas marre de moi. Cependant, il craignait que je me lasse de lui sans les jeux. J'ai froncé les sourcils. Avait-il raison ? Il était vrai que je m'étais vite lassée de mes autres fréquentations. Mais cela ne voulait pas dire que j'étais incapable d'être en relation sans être divertie... n'est-ce pas ? Mon esprit s'embrouillait.

Et surtout, je comprenais pas pourquoi maintenant. Était-ce à cause de ce que j'avais dit ? La soirée avait-elle vraiment été différente de toutes les autres? ...Bien sûr que oui. Depuis ce baiser que nous avions échangé dans sa tente, tout était différent. Avant, aucun contact charnel n'était venu semer la pagaille entre nous. Depuis, les frontières s'étaient désagrégées et l'ambiguïté étendait son venin sur nos volontés respectives. Les jeux qui auparavant étaient destinés à nous amuser étaient désormais tournés vers un but : le contact charnel suprême. Et quand ce but serait atteint, qu'adviendrait-il? Me lasserais-je vraiment ? Et lui, se lasserait-il ?

Pour le moment, impossible de le savoir. Et tant mieux, car Anton semblait vouloir me laisser le temps d'y réfléchir. J'ai levé les sourcils quand il a fait demi tour pour s'en aller et je l'ai regardé quitter l'endroit, sans rien dire. J'ai poussé un profond soupir, soudainement moins dans l'ambiance de fête qui m'habitait quelques instants auparavant. Ma colère était toujours présente ; je lui en voulais de ce changement de cap instantané, je lui en voulais de quitter la conversation sans qu'on puisse vraiment discuter, je ne comprenais pas pourquoi il me laissait en plant comme ça et je ne pensais pas le mériter. Lui qui quittait en me laissant l'entièreté de notre relation sur les épaules, comme si sa position à lui était claire et que le reste dépendait de moi... Qu'est-ce que ça voulait dire, sans les jeux ? Juste nous deux? Non, c'était pas du tout clair.

J'ai encore grogné de rage, fâchée de ne pas arriver à savoir ce qu'il avait en tête et frustrée d'avoir autant de mal à réfléchir (l'alcool nuisant définitivement à ma capacité à me concentrer et à faire preuve de jugement). J'ai regardé autour de moi et contrairement à quelques minutes plus tôt, j'avais plus aucune envie de rentrer avec quiconque ici. Tout le monde me dégoûtait.

Alors j'ai pris mon sac, mon manteau, et j'ai marché derrière Anton d'un pas rapide pour le rattraper. Je me suis rangée à ses côtés en enfilant mon manteau et j'ai gardé le silence, sans le regarder, jusqu'à ce qu'on transplane vers Haveirson.