I need someone to tell me Everything'll be alright - Jareth Eccles

L'anglais moyen par précellence ; les greluches en quête du Saint Graal peuvent d'ores et déjà rebrousser chemin, vous ne trouverez rien d'autre en moi qu'une denrée insipide. C'est simple, avec tout le gras mâtiné à ma chevelure mordorée je pourrais de ce pas ouvrir une friterie ou approvisionner l'ensemble des fast-food du coin. Et quels tifs ! Ne vous fiez en aucun cas aux livres d'Histoire Moldue – C'est du pipeau – La bataille de Verdun n'a jamais eu lieu en France mais bel et bien dans ce méli-mélo capillaire qui me fait office de « coupe » depuis près de onze ans. Mais s'il ne s'agissait que cela … Mère Nature a eu la main lourde quant à l'agencement de mes « sourcils », et c'est peu vous dire, si je ne les épilais pas quotidiennement l'on me confondrait aisément avec l'abominable homme des neiges. Comment ça je dramatise ? Bon, peut-être un chouïa … mais ne me dites-pas que les mono-sourcils sont en vogue car ce n'est pas le cas.

Bien sûr, je ne suis pas si hideux que je le laisse entendre. Au-delà de ces petits défauts mineurs, il y a bien une chose que je dois à mon géniteur : Mes mirettes d'un bleu céruléen ! Rien que d'en parler une myriade de frissons me parcourent l'échine … Par le caleçon de Merlin, quel faste ... […] Ah-ah. Quoi ? Je suis démasqué, la crédibilité ne fait pas non plus partie de mes points forts, j'aurais très bien pu naître avec les yeux d'un noir onyx que je m'en badigeonnerais allègrement les cacahuètes avec le pinceau de l'indifférence. Mais trêve de plaisanterie, s'il est bien une chose que j'apprécie dans mon faciès d'éphèbe mirifique, c'est mon nez – Ça aurait pu être pire, en tenant compte de la tronche difforme de mon paternel –  qui se trouve être celui de ma mère, il est vrai que l'on ne se ressemble pas des masses mais je peux vous assurer qu'on a le même pif ! Enfin, je bavasse, je bavas- … Ça ? Sur ma lèvre ? Une balafre quelconque. Puis de quoi je me mêle, pendant qu'on y est on peut tout aussi bien parler du fait que mes dents sont de traviole ? Eh oui, je vois bien que cette question vous brûle les lèvres depuis le départ mais je ne suis pas dupe. Tout le monde n'a pas la chance de porter un appareil ! Et quand bien même si j'en portais un à présent, je m'en contrefous éperdument de l'apparence mes chicots. À présent qu'on a crevé l'abcès, on peut passer à autre chose ?

Du plus loin que je me souvienne, j'ai toujours été quelque peu romanesque. Le genre de mioche à élucubrer sur tout et n'importe dans la cour de récré, vous voyez le topo ? J'y ai en laissé des plumes, et une batelée. Parce qu'un gamin ne fait jamais les choses à moitié, c'est bien connu. Il s'attirera toujours des bricoles quoi qu'on en dise. Eh bien je ne faisais pas exception à la règle. J'étais comme qui dirait l'affreux jojo des bacs à sable, le morveux que l'on détestait garder tant il était exécrable, le gamin facétieux qui semait ire et discorde sur son sillage, le fils de madame Eccles. Mais la bouille du chérubin que j'étais avait raison de ma pauvre mère qui ne pouvait se résoudre à me faire le moindre mal et il semblerait que les choses n'aient jamais vraiment changé depuis le temps. Cherche-moi des noises et je te le rendrais au centuple, caresse-moi dans le sens du poil et je te le revaudrais. Aime-moi, déteste-moi. Qu'est-ce que ça peut me foutre ? Je vis ma vie comme je l'entends et ce n'est pas le premier venu qui va changer la donne.

Minute papillon ! Au cas où cela vous aurait échappé je ne suis pas de ces sorciers au parcours semé d'embûches. Comme tout un chacun j'ai eu mes hauts et mes bas mais le récit que je m'apprête à vous conter est tout sauf exaltant. Ok ? On y va alors ! Mes géniteurs sont tous deux moldus et je ne  saurais comment l'expliquer … Mais mon père est parvenu – par je ne sais quelle sorcellerie – à atterrir entre les reins de ma mère. C'était une sorte d'amour mièvre comme l'on en voit souvent dans les séries à l'eau de rose. Au départ c'était bien, maman était toute enamourée mais il a fallu d'un soir pour que son fatum soit à tout jamais tourneboulé. Du haut de ses vingt-et-un piges elle n'avait personne sur qui compter hormis ses copines et mon daron pour qui elle portait une admiration sans borne mais qui au final s'en foutait royalement de ce qu'elle pouvait bien ressentir à son égard, du moment qu'il pouvait tremper son biscuit il allait pas se plaindre ! Puis de fil en aiguille les choses se mirent à s'envenimer. Mon père finit par apprendre que « son » Imogen était enceinte jusqu'aux dents et qu'il allait devoir l'épauler jusqu'à la fin de ses jours pour se donner bonne conscience. Chose qu'il fit, du moins jusqu'à ce que je sois extirpé des entrailles de maman, un matin d'Halloween. Il l'avait épaulé durant tout l'accouchement, entre ses hurlements déchirants et ses doléances interminables. Elle n'était plus du tout jolie l'Imogen avec son minois déformé par les affres de ce qui allait venir et la douleur d'une première naissance. Mais j'étais né et ma mère ne pouvait qu'être enchantée de m'accueillir dans ce monde de merde. Tout fripé que j'étais, l'infirmière me logea dans les bras fatigués de ma mère qui ne tarda pas à me prénommer « Jareth » - « Taegan » et enfin « Alfie ». Pourquoi Alfie ? Parce que mon père s'appelle ainsi. Pour le reste des prénoms je présume qu'ils lui plaisaient tous. De toute manière elle m'aurait appelé « Rupert » - « Damon » ou qu'en sais-je que mon père n'en aurait strictement rien eu à faire. Là, tout ce qu'il avait en tête c'était de déguerpir le plus loin possible. Je ne peux pas lui en vouloir après tout. Il  n'était pas amoureux et avait une sainte-horreur des marmots.

Ce n'est qu'après avoir soufflé ma première bougie que mon père fit ses bagages pour Londres, en nous laissant ma mère et moi, esseulés dans cette bicoque aux murs trop étroits. Il aura au moins eu le mérite de lui laissé son numéro de téléphone en cas de pépin mais je ne me souviens pas qu'elle en ait eu recours. À quatre ans j'ai commencé à manifester une certaine affinité avec la magie, ce qui horrifia ma mère. Elle pensa d'abord à une possession démoniaque et m'emmena illico-presto me faire baptiser dans l'église la plus proche mais c'était sans compter sur l'intervention du Ministère de la Magie qui finit par lui expliquer le pourquoi du comment. Merci à eux, j'étais à deux doigts de me faire baptiser. Toujours est-il que le temps passa et ma mère, tenue au secret, ne pouvait se confier à quiconque. Par moments et lorsque je ne faisais pas la forte tête, il m'arrivait de faire léviter des objets dans toute la baraque. Une chance que ces événements ne se produisaient que très rarement. Je ne sais pas ce que j'aurais fait à sa place à dire vrai.

Un jour je reçus la lettre tant escompté, vous savez celle qui vous dit que vous êtes fin prêt à étoffer les rangs de Poudlard. Je dois avouer que j'ai pas mal flippé à l'idée de me retrouver dans un château millénaire, en plus je ne connaissais rien de la magie moi ! J'ai dû quitter tous mes copains moldus pour une école « magique », imaginez le truc. Imaginez ma mère allait voir le proviseur de mon école pour lui dire que je me casse lancer des sortilèges au pays du Magicien d'Oz. Rocambolesque, n'est-il pas ? Bref. Très vite je me suis retrouvé avec un chapeau désuet sur le crâne qui décida que ma place serait à Poufsouffle. Je me suis fait des tonnes de copains à Poudlard mais j'ai commencé à les perdre de vue lorsque certains d'entre eux décidèrent de poursuivre leur apprentissage à Haveirson.

Aujourd'hui je suis un jeune homme de vingt-deux-ans qui galère à se trouver un boulot, j'aurais bien gardé le précédent mais il a fallu que Stanley Rocade pointe le bout de son nez.