Lutte intérieure (ouvert à tous et à toutes)

Personne! Du moins il n'y avait pas une personne qu'il connaissait. Tout au plus quelques étudiants avec qui il partageait les cours mais à qui il n'avait jamais adressé la parole.
C'était un peu ça l'université.
Chacun vaquait à ses occupations. C'était bien différent du premier cycle de magie à Beauxbâtons, où tout le monde avait envie de parler et d'échanger. Gabriel sentait le poids de la solitude revenir le hanter.
Il devait faire un choix. Aller vers les autres ou se concentrer sur son nouvel objectif.
Un objectif bien dangereux: la chasse aux mangemorts et en particulier celui qui avait privé sa tante d'un de ses membres. Apparemment le ministère allait peut-être pouvoir faire quelque-chose. Peut-être... Mouai en attendant l'intention de nuire était bien là.
Et il y avait bien une chose que Gabriel ne pardonnait jamais: qu'on s'en prenne à sa famille et à ses amis les plus proches. Il s'agissait presque d'une tentative de meurtre. Que serait-il arrivé si le mangemort l'avait atteinte en pleine poitrine, au niveau du coeur? Quel pouvait être la portée de cet effet de nécrose? Vraisemblablement cela agissait en profondeur.

Gabriel devait penser à autre chose, trouver un divertissement, vite très vite. Il se sentait assailli par la colère, mêlée à la rancune et au chagrin. Il n'avait pas vu sa tante depuis presque trois ans. Et si la nécrose s'étendait? Et si elle devait en mourir. Le ministère n'avait jamais vu ça. Son père allait se rendre à l'hôpital magique du Sud-Ouest. Il aurait des nouvelles bientôt de ce dernier.
Il décida d'aller directement à la salle commune des Abraxans. Il allait croiser ses pairs, pouvoir leur faire découvrir des spécialités françaises. Il avait une bonne bouteille qu'il allait pouvoir partager avec eux. Ne pas boire seul surtout. Il se l'était toujours interdit. D'ailleurs il buvait si rarement de l'alcool.

Allez les choses allait rentrer dans l'ordre. L'hôpital trouverait une solution. Il allait se mettre en quête d'un remède lui-même pour sa tante. Il était très fort en potions. Et puis il avait entendu dire que d'autres élèves excellaient en la matière ici. Et il y avait le professeur Fitzsimmons qui était d'après les dires de certains élèves, un médicomage très doué. Il lui demanderait conseil plus tard. En dernier recours. Gabriel était fier et ne voulait pas trop s'en remettre aux autres. Il s'en était toujours sorti seul, ou presque.
Il se souvenait de son amie Salomé qui l'avait souvent conseillé en magie des enchantements à Beauxbâtons. Elle lui manquait. Gabriel commença à sentir les larmes lui monter aux yeux. Il n'allait pas tarder à craquer à ce rythme là. Il était fatigué, terriblement inquiet et souffrait. Il enverrait une lettre à Salomé demain. Elle le guiderait, elle lui dirait quoi faire. Elle était tellement sage pour son âge. Une jeune femme d'une grande intelligence. Elle réussissait tout. Un calme olympien, une douceur mêlée d' une force tranquille. Il était le feu et la terre, elle était l'eau et le métal.
Gabriel commença à accélérer se rendre vers l'Aile Est. Il commença à gravir les marches, de plus en plus vite. Il ne voulait plus parler maintenant. Il ne voulait surtout plus voir des gens qu'ils ne connaissait pas. Il courait presque.

Mais que faisait-il? Il était à Haveirson pas au palais de Beauxbâtons! Peut-être était-il possible d'atteindre le deuxième étage de l'aile Est à partir de la partie centrale du château mais il n'avait pas envie de se promener pour le moment. Il redescendit les marches quatre quatre en baissant la tête et arrivé au rez de chaussée il commença à courir vers l'aile Est.

Du luxe, du luxe everywhere, ou en tout cas dans l'ensemble de cette pièce. La salle commune de sa confrérie d'appartenance pouvait à la fois émerveillé ou piquer les yeux. Un nouveau regard sur le vieux tableau accroché au mur et il prit peur... surtout lorsqu'il réalisa que ce bonhomme face à lui, ben c'était lui-même. Une salle tête en cette journée. Il avait eu quelques difficultés à dormir la nuit dernière. La raison ? le travail acharné qu'il avait fourni toute la nuit pour se préparer en terme d'ouverture d'esprit et de remise en question des fondements même de sa pensée sur les sortilèges. Les cours dont il était la victime parfois, lui prenait un temps considérable.

Mais pas assez pour éviter de sortir de la salle commune en dehors des cours. Landon se retrouvait comme asphyxié par sa propre soif de connaissance. Aussi, son corps lui signala du moment de rupture proche par une légère compression sur la boîte crânienne. Un peu comme lorsqu'on se lève trop vite: la tête qui tourne pendant quelques secondes.

"argg il me faut du social"

Ces quelques mots murmurés s'étendirent à toute la salle où personne, personne ne se tenait. Attrapant l'élément sac et en le combinant à l'élément baguette in your pocket, il mit au point son armure de vagabondage dans les couloirs avec +7 en social, et -18 en intelligence. Les cheveux bien fixés sur sa tête, on aurait pu y déposer une couronne en or qu'ils n'auraient pas bougé. Un pas en avant.

Un pas en avant détermine tout de la démarche: titubante, princière, aventurière voir like a hobo. Il employa l'aventurière. Celle qui le mena le long des couloirs direction le hall d'entrée. Il y croisa contre toute attente, son premier compatriote de la journée.

Il avait l'air autant perdu que sauvage. Landon avait presque peur de lui adresser la parole, son sentiment premier l'empêcha un instant d'émettre tout bruit, du moins compréhensible par un homologue anglican. Il détourna aussitôt le regard. Il fit mine de regarder sa main qui lui sembla fort intéressante: ou l'art du je n'ai rien fait, rien vu, rien dit ! Il constata de part cette stratégie les vieilles d'encre des heures précédentes qui recouvraient ses doigts. Ce petit élément le décida.

Il s'approcha de l'inconnu Abraxan et lui adressa d'un sourire courtois mais le plus chalereux possible:

"Bonjour collègue, besoin d'aide ?"

" Allo le minstère ici moldu, allo allo !!"

Se mit-il à penser. Le regard amusé par l'attitude de son camarade et sa propre blague intérieure, Landon le scruta un instant.

"Gabriel hin! Ouais c'est ça enchanté, Landon"

Des activations motrices se faisaient partout dans son corps qu'il inhibait, qu'il réprimait la seconde d'après. Si on pouvait réaliser un schéma de ces activations, on aurait pu voir qu'elles correspondaient à un mouvement saccadé très particulier. Et on rapproche les bras du corps, on se tient droit, jambe un peu fléchi, coudes repliés, poings fermés, ET on secoue les bras en mode: "yaahhooo". On aurait dit un déficient mental quand il est content. La socialisation consistait finalement pour lui à ne pas passer pour un tel déficient.

"Sur une échelle de 1 à 10 de perdition, je dirais force 7: totally lost in a new world"

Landon émit un petit rire de contentement, passa ses bras derrière son propre dos, et commença à gigoter en se balançant d'avant en arrière très légèrement.

"So so, tu es dans quelle filière lost boy ?"

Un autre sourire traversa son visage tandis que l'environnement dans lequel ils évoluaient, ne bougeaient pas tant que ça. A se demander si  la vie existait toujours entre les murs de ce château. La grande porte s'ouvrait de temps à autre mais n'attirait pas son regard. Peut-être aurait-il du l'être ?