Sa curiosité voulait des réponses [Flash-Back]

- Vous ne croyez pas que lui faire un gâteau c’est légèrement exagéré ?

C’était ce jour-là, le 04 janvier 1997 où j’avais un genre d’entretien individuel avec Mademoiselle Aislinn. Ce n’était pas une convocation scolaire ou un quelconque cours privé, mais une discussion sur les derniers évènements qui ont eu lieux depuis mon arrivée à l’école. Entre une agression magique, un passage dans un trou dimensionnel et d’autres anecdotes tout aussi relou les uns que les autres, j’avoue ne plus savoir où mettre ma tête, et ce qui m’énervait pas dessus tout, c’est que mes travaux n’avançaient pas DU TOUT.

J’étais frustré et franchement énervé , mais je me devais de rester calme, être professionnel et ravaler ma salive quand ça tournait mal mais … Je commençais à sentir que même mes invocations commençaient à perdre patience ces derniers temps, entre la révélation des nouveaux pouvoirs d’Alraune, Arthur qui n’a plus sorti un seul mot depuis l’accident dans la cuisine (déjà qu’il ne parlait pas déjà des masses de base …), Silène qui s’est faite rappelée pendant quelques jours par le seigneur des abysses, et Gnome qui m’avait englouti la paquet de chocolat que je m’étais réservé pour le nouvel an …

J’avais franchement besoin d’un assistant ces derniers temps, ou une encyclopédie vivante, voire les deux en même temps. Mais l’ennui, c’était que … heu … J’avais perdu une partie de mes pouvoirs depuis que j’eus tenté d’invoquer le Gardien des Portes et depuis, j’arrivais tout juste à appeler Silène ou Dolphin pour quelques tâches insignifiantes ...

- Bon j’ai préparé un tiramisu vanille sans café et un thé vert Sencha au Fruit de la Passion. J’espère que ça suffira.

C’était toute une cérémonie de préparer le thé. C’était peut-être la seule chose qui pouvait me détendre ces temps-ci. Ouvrir le bocal qui contenait les feuilles, sentir un bon coup pour décider de la saveur du jour, nettoyer les feuilles en l’infusant une première fois quelques secondes, verser le tout dans une théière en fonte et attendre que la magie du thé s’opère dans la splendeur et la simplicité. Il ne fallait pas forcément utiliser des techniques magiques pour faire un bon thé, seulement de la patience et de la concentration.

Pendant la préparation, j’entendis la porte frapper. Les autres invocations retrouvèrent leurs états éthérés pour se cacher des yeux de la sorcière, tout en restant présent dans la pièce. Je posais délicatement deux tasses sur mon bureau, en les remplissant de mon breuvage couleur vert pomme, ne laissant entrevoir que la beauté de cette couleur sans qu’un débris ne vienne perturber le regard, et un ramequin avec la pâtisserie que j’avais préparé la veille, pour la demoiselle que j’accueillais dans mon antre.

Je m'étais assis sur mon fauteuil avec mon paquet de cartes des pactes et les présents d'invocations, contenues dans des fioles en verre.
Tout était rangé, tout était blanc comme une perle échouée sur le rivage, attendant que quelqu’un découvre une merveille parmi l’océan de sable, les armoires avec leurs vitres en verres qui laissaient entrevoir mes ingrédients, mes cristaux et mes outils de travail, le jardin zen qui laissait le bruit de l’eau apaiser ceux qui l’écoutaient, il était maintenant temps de d’amener la jeune étudiante à mon bureau.

- Vous pouvez lui ouvrir la porte.

- Je vois, il y a mon deuxième nom d’inscrit quelque part dans l’université, répondis-je à la provocation fondée de l’étudiante qui se trouvait devant moi. Mais je vous en prie, asseyez-vous donc.

Elle avait l’air impressionnée par mon grand bureau, posant le regard sur tous les détails qu’il y avait, comme le petit chaperon rouge perdue dans la forêt, curieuse et pleine d’espoir de pouvoir avancer sur son chemin sinueux.

Je laissais passer un léger silence lorsqu’elle me posa la question concernant les fêtes de noël. Je n’avais pas pu retenir un petit rictus d’énervement, n’ayant pas gardé un très bon souvenir de … comment on appelle ça … Du combat de coq de mes frères et sœurs ? Et aussi accessoirement les mioches qui n’arrêtaient pas de bouger dans tous les sens, armés de leurs baguettes… Sales gosses de riches !
Bon, restons humble et essayons de répondre de manière douce et calme. C’est en soupirant un bon coup que je lui répondis que tout s’était bien passé et que je la remerciais pour les présents qu’elle m’avait offerts. Délicieux et raffinés ! J’avais même gardé la boite pour me souvenir d’aller acheter ces gâteries prochainement. Mais après les mots doux, il était temps de passer à la confrontation.

- J’imagine bien que vous n’êtes pas ici pour discuter de cours de magie ou quoique ce soit, suggérai-je en prenant ma tasse avec mes deux mains.

Je pris une gorgée avant de commencer notre discussion. J’étais bien obligé de répondre à toutes ses questions, en sachant que je l’avais impliquée involontairement à mes histoires d’invocateurs. J’aurais bien voulu lui répondre de manière franche et précise mais … Même moi, j’avais du mal à comprendre ce qu’il s’était passé, ne connaissant pas du tout le passé d’Arthur, encore traumatisé par les derniers évènements. Et puis lui parler des confréries secrètes rendraient sa vie follement dangereuse, encore plus que notre mésaventure à la cuisine.

Je n’avais pas envie de répondre à ses questions, mais pourtant je ne pouvais laisser sa curiosité tourner encore plus dans son esprit qui avait l’air si frêle. Elle qui s’était assise devant moi, elle n’avait pas l’air agressive envers moi-même.

- La magie des invocations est souvent considéré comme étant ancienne et dépassée, puisqu’aujourd’hui on essaye d’être un minimum indépendant vis-à-vis d’autrui, expliquai-je à l’étudiante, parce exemple, on peut faire léviter des objets avec le sort Wingardium Leviosa alors que pour certaines pratiques, il fallait faire appel à des forces extérieurs adéquat comme un esprit de l'air. Je suis en quelque sorte l’un des derniers sorcier à connaître ces pratiques-là.

J'avais l'impression de donner un cours d'histoire de la magie. Cela faisait d'ailleurs partie du cours que j'allais donner.

- Il existe des partisans qui sont toujours adepte de ce genre de magie, et j’imagine que l’un d’entre eux veut absolument récupérer Arthur, l’une de mes invocations d’élément lumière, mais … Un pacte est absolu et sacré, et tenter d’un briser un signifie sacrifice et dangers.

A la fin de mon explication, j’ouvris un autre tiroir et sortis un parchemin avec un cercle de magie. Je déroulai le fruit de mes recherches : le cercle de magie de l’invocateur. Il était rempli de runes et de symboles magiques anglais. Mais ne connaissant pas les cercles de tous les magiciens, c’était plutôt difficile de trouver le sorcier qui avait la bonne idée de forcer l'annulation d'un pacte.

- C’est hélas le seul indice que je possède. Vous connaitriez pas quelqu'un qui utiliserait ce genre de cercle ?

Des questions, encore des questions. Je me demandais toujours pourquoi elle tenait à savoir tout ça ? M’enfin, je vais me contenter de donner de rapides cours d’invocation avec quelques détails à droite à gauche et une courte démonstration de mes pouvoirs.

- Beauxbâtons … Hah oui, l’institut de magie en France ? Je ne pouvais pas y entrer, n’ayant pas de pouvoirs et de magie commune, les dirigeants m’auraient refusés d’office.

J’avais acheté une baguette chez Olivander lorsque j’avais quatorze ans, jalousement gardé dans mon bureau, en souvenir de mon incompétence et de mon interdiction d’utiliser la magie comme les autres. J’ouvris l’un des tiroirs de mon bureau et pris une boite rectangulaire où se trouvait une baguette de vingt-cinq centimètres en bois de cerisier avec un cœur en tige de dictame.

- Windgarium Leviosa !

… Et rien, même pas un millimètre. Déçu de ma prestation, je rangeai la baguette dans sa boîte pour la refourguer dans les méandres de mon tiroir. J’eus expliqué à Amaranthe que cette baguette était la seule que chez Olivander à ne pas avoir voulu m’électrocuter lorsque je m’en approchais. Je n’avais jamais vraiment compris cette histoire de bâton de tout manière…

Par contre, j’étais doué dans un tout autre type de magie : la calligraphie rituelle. Je sortis mon kit set de calligraphie chinoise : un encrier chinois où l’on doit gratter un stick d’encre solidifié avec un peu d’eau, un pinceau et du papier rectangulaire orné d’or et d’argent.
Mon encre était un sacré mélange d’encre de seiche avec un peu de sang de dragon et un t’as d’autres herbes magiques. Il me permettait d’écrire et de créer des ofudas, des talismans en papier d’origine asiatique. Je commençais mon rituel en inscrivant les runes chinoises de base pour un sort de premier niveau.
Une fois mon papelard terminé, je m’étais levé de mon bureau en prenant une bête fiole que j’avais posé par terre, en prenant soin de poser l’ofuda juste devant. Je pris ensuite un marteau à manche long pour ensuite frapper le plus fort possible la fiole en verre, qui était intact, protégé par l’ofuda.

- C’est à peu-prêt le seul sort que je peux lancer, mais il me faut le préparer à l’avance.

Je retirai le talisman et repris la fiole pour le reposer sur mon bureau. J’étais encore debout et je marchais en direction de mon jardin zen avec ma tassé de thé et la coupelle. Je pris une gorgée de mon thé devenu tiède.

- Le pauvre Arthur, ça doit bien faire plus d’une dizaine d’années que je le connais, mais les seuls talents que je lui connais sont l’escrime, les illusions et les boucliers magiques. Je ne voyais pas spécialement pourquoi lui plus qu’un autre et en plus ... il n'a jamais voulu me parler des raisons pour laquelle il a voulu réaliser à tout prix un pacte avec le premier invocateur venu.

Je regardais le fond de mon jardin zen, plus précisément dans l’un des bassins d’eau où se trouvait la carte du pacte de mon pauvre Arthur, ne voulant plus sortir de sa chambre magique. Je n’avais malheureusement pas réussi à l’invoquer depuis, et je n’avais pas envie de le forcer non plus.

- … Nous avons réussi à capturer les intrus qui avaient posé des pièges un peu partout dans l’académie mais … Lorsque nous avions voulu les interroger, ils se sont transformés en poussière en un instant. J’ai gardé les restes dans un pot scellé mais ce sont les seuls indices que je possède actuellement.

Je n’avais jamais songé à savoir pourquoi je ne pouvais pas utiliser la magie européenne, bien que j’eus été élevé dans une famille de riches français. J’imaginais que c’était inné chez moi, ce que j’essayais d’expliquer à l’étudiante, en lui cachant le nom de l’un de mes nombreux précepteurs, en me disant que ce n’était pas un détail particulièrement important.

Alors par contre, ses questions étaient similaires à une mitraillette : plein de petits coups, dont on est certain de toucher quelque chose. J’avais limite l’impression qu’elle ne respirait pas pendant qu’elle posait ses innombrables questions.

- Je pense que c’est certainement la même chose que lorsqu’on tente d’apprendre une langue étrangère, ça devient vite difficile à partir d’un certain niveau. J’imagine que j’ai été trop attaché à cette magie-là en permanence, répondis-je à la question posée par la demoiselle. Je connaissais un druide utilisant une ancienne magie du bois qui avait du mal avec les sorts de quatrième année à Pouddlard, mais elle avait quand même pu obtenir son diplôme avec succès. Je dirais que je n’ai pas eu cette chance-là malheureusement.

Je pris un le dernier gorgé de mon thé avant de me resservir, avec toute la délicatesse que ça impliquait. La rousse avait raison sur un point : on pouvait faire n’importe quoi avec de l’encre magique, surtout s’il est utilisé avec habileté et discrétion. J’avais pourtant nettoyé le bureau de toute trace avant de m’installer définitivement, mais même ça, ce n’était guère efficace contre les confréries inconnues.
Je pris une boite en verre avec sur l’étiquette marqué « Encre noir de sang de dragon » en français, en lui traduisant ensuite les termes techniques. C’était de l’encre solidifié à diluer dans de l’eau. Je lui avais expliqué qu’en Asie, on utilisait ce genre d’instrument pour protéger les maisons ou créer des bombes magiques à un niveau d’utilisation élevé. Il était par contre facile à repérer avec l’aide d’une vision magique ou d’une invocation spécialisée en fluctuation magiques.

- J’imagine que les sorciers qu’Alraune avait capturés avaient dû subir un sort pour éviter de parler sous peine de mourir. J’ai pu récupérer un énorme pot de poussière mais sans succès. Aussi, j’aimerai éviter d’impliquer le ministère de la magie, déjà que je suis moi-même une irrégularité dans les paperasses, il ne faudrait pas qu’ils découvrent que la magie ancienne pourrait refaire surface, surtout en ce moment… Mais par contre, j’ai plusieurs hypothèses sur le passé d’Arthur mais je pense que Silène doit connaître son lieu d’origine.

Je sentis le regard des autres invocations se tourner vers moi. Silène inquiète et curieuse de savoir ce que j’avais pu découvrir, Shade Dolphin qui devait certainement souhaiter que je puisse encore faire un pacte avec un autre démon, Alraune qui observait pour une fois calmement la discussion …

- Au vu des caractéristiques physiques, de l’armure, des symboles qu’il porte, de ses pouvoirs et de son comportement, il y a une grande probabilité pour qu’il soit un pion d’une confrérie secrète ou quelque chose dans ce goût.

Silène fit finalement son apparition et avait dévoilé sa forme physique en utilisant l’eau du jardin. On avait l’impression qu’il s’agissait d’un tourbillon d’eau qui laissait dévoiler petit à petit les courbes fines et légère de l’élémentaire d’eau.

- Bonjour mademoiselle, disait-elle en souriant et en regardant chaleureusement la jeune fille. Célestin, c’était aussi mon hypothèse mais le problème est de savoir dans quel tournoi il a été enrolé. Il est même probable qu’il ait été humain, au vu de comment il a réagi pendant notre mésaventure dans les cuisines d’Haveirson.

Donc, Arthur devait être une âme humaine piégée pour devenir une invocation pour un tournoi … Rien de bien réjouissant.

Résumé de notre conversation :
Nous manquions cruellement de données et Arthur qui refuse de nous en parler, ça n’aidait pas à résoudre notre problème ! Et pour couronner le tout, j’avais perdu une partie de mes pouvoirs et je ne pouvais plus réaliser de magie pendant un petit moment.

Les seules supposions que nous pouvions faire c’était qu’un invocateur voulait forcer un pacte avec Arthur pour participer à un genre de guerre entre mages. Un cercle très secret qui promettait prospérité et gloire à celui qui pouvait l’emporter mais … Pourquoi Arthur en particulier ? Je ne lui connaissais pas de pouvoir divin ou ultra puissant pourtant.

J’avais renforcé la sécurité de mon bureau mais j’étais persuadé que ça n’allait pas retenir notre ennemi d’attaquer par surprise, surtout qu’il avait pu invoquer une dizaine de squelettes en même temps, dans un endroit supposé être protégé par la magie.
Le seul plan d’action était de le retrouver et de l’empêcher de faire des pactes forcés avec des esprits. J’étais de toute manière contre cette pratique de mettre en esclavage des esprits pour la guerre et Amaranthe devait certainement partager cet état d’esprit.

Nous avions peu d’informations mais nous étions tous sur d’une chose : Arthur devait être humain avant de devenir le pion d’invocateurs au vu des différentes réactions qu’il avait lors de l’attaque. Malheureusement pour moi, je ne connaissais pas de sorts de shamanisme assez puissant pour pouvoir le renvoyer dans l’au-delà… à moins que dans le grimoire de ma mère … ?

Avec cette courte réunion, je laissais Amaranthe finir son thé et son dessert et la quittai, je devais passer à la bibliothèque pour essayer d’en savoir plus sur de potentiels confréries secrètes ou des trucs dans le même style.

Mes recherches n’avançaient pas du tout avec toutes ces conneries mais je devais quand même continuer mon enquête, pour le salut d’Arthur.

Dit Amaranthe, crois-tu que je devrais essayer de renvoyer mon pauvre chevalier au paradis ?