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 Canevas - Cafetière. Tentatives d'écriture. Expériences

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MessageSujet: Canevas - Cafetière. Tentatives d'écriture. Expériences   Canevas - Cafetière. Tentatives d'écriture. Expériences EmptyVen 20 Nov 2015 - 9:21

Bonjour à vous,

J'ouvre ici ma petite galerie d'écrits. Car j'écris beaucoup, j'essaie pas mal de trucs. Et vous montrer mes expérimentations a le potentiel de m'aider à devenir meilleur. Pour l'instant, je n'ai pas grand chose à dire. Je vais vous laisser avec un texte que j'ai écris à la méthode Kérouac, c'est à dire que je l'ai écris d'une traite sans revenir sur mes phrases. Ainsi, je me suis concentré sur mes émotions et le refus de l'auto-censure qui m'habite. C'est ce qui est sorti de cette expérience. Forcément, le texte n'est pas retravaillé encore. Je n'en ai pas eu le courage encore ! Bonne lecture !

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Texte #1 - KREUTZER

« Appelle-moi quand tu arrives à la maison. Fais attention sur la route. Je t’aime ! »

Mais oui, bien sûr que je ferais attention. Puis moi aussi je t’aimais, sans mais ni pourquoi. Je souriais bêtement, raccrochais. Étendu sur le dos dans notre lit, je déposais le téléphone sur ton oreiller. J’étais déjà à la maison. Mais toi, tu n’y étais pas. Si j’en avais eu la force, je serais sorti et je t’aurais cherchée dans la brume. Mais j’étais bien trop fatigué. J’étais là, échoué sur le matelas, je regardais le plafond puis non, je fermais les yeux, appréciais la présence de la Sonate à Kreutzer qui envahissait l’espace. Soupir. Je te l’avais déjà dit mais, pour moi, cette pièce de Beethoven c’était la Sonate pour nous. Ou c’était toi qui l’avait dit, je ne sais plus. Tu sais comment c’est ; côtoyer quelqu’un peut nous mener à s’attribuer ses dires ou ses souvenirs, bizarrement.

Devais-je t’appeler ? Tu m’avais demandé de le faire quand je serais arrivé. Bah, j’y suis maintenant. Ce message, je l’avais réceptionné à 22h14, samedi. Je m’en rappelais bien. Il neigeait, il faisait froid, tout ça. J’avais mon grand manteau gris, une imitation d’une marque qui vaut chère qui partageait à peu près toutes ses caractéristiques avec l’original – en dehors de son prix. Puis j’avais mon foulard, celui que ta mère m’avait tricoté. Le rouge et noir, rayé. Ça faisait gamin un peu, mais il était bien, je trouve. Je me rappelais encore comment elle me l’avait donné.

C’était quand toi et moi, ça faisait un an. Tes parents avaient lancé l’idée d’une réunion de famille et, apparemment, j’étais du lot. Donc, j’y étais allé, plutôt timide à l’idée de rencontrer quelqu’un d’autre que Beau-Père et Belle-Maman. Bien sûr, tu t’étais un peu foutue de ma gueule quand je t’avais fait part de mes soucis : « Mais non Oscar, personne va t’manger là-bas, ils sont tous super gentils ! » Mais oui. Je n’en avais pas le moindre doute qu’ils soient sympathiques. Cependant, tu me connaissais. Les autres et moi, c’était toujours difficile. Ils me demandaient ce que je faisais de ma vie, je répondais bêtement que je peignais des tableaux, ils me demandaient comment je faisais pour manger. Et bien alors je leur répondais que je faisais comme tout le monde, que je cuisinais, que ma copine le faisait sinon puis qu’on allait au resto ensembles quand on n’avait pas envie de se casser la tête. Souvent, je paraissais agressif et ça les énervais. Ils me laissaient seul dans le groupe, j’étais tranquille avec ma coupe de vin. Puis, entre deux conversations, tu venais me voir, me demandais si ça allait, je répondais oui, tu t’en allais, je jouais au taciturne, je parlais sport avec ton père, ta mère disait son pronostic (il était souvent mauvais mais elle essayait alors…) puis je me retrouvais à passer une agréable soirée malgré tout. Beau-Père et Belle-Maman, c’était l’essentiel pour moi, je n’avais pas besoin des autres. Je te demande pardon, je sais que ça ne t’enchantais pas du tout, que je reste si éloigné des autres.

Alors ; nous, ça faisait un an et j’étais invité à une soirée en famille organisée par tes parents. Nous voilà donc qui passèrent la porte, moi un peu confus, toi enjouée, accueillis par des bonsoirs, des ça vas, des poignées de mains et des bises. Sérieusement ? Les gens chez toi étaient si heureux de se voir qu’ils s’attendaient à la porte ? Ça m’avait marqué, vraiment. J’étais sans doute le problème ici car, en dehors de ma mère, je n’ai jamais vraiment eu de famille. Ils n’étaient pas là. Alors, ta famille, ta relation avec eux, je n’ai pas pu la comprendre, je n’ai pas pu l’apprécier car je ne connaissais pas ça, je n’avais jamais ressenti ça. ¨Ça¨, c’était le seul mot qui me venait à l’esprit en entrant chez tes parents cette soirée-là. Mais je dois t’avouer que, lorsque Belle-Maman m’a montré cette écharpe rouge et noire, qu’elle l’a sortie d’un petit sac de plastique venu du supermarché du coin, ¨ça¨ paraissait  plus simple à expliquer. C’était l’accueil sans équivoque, l’amour parce que c’était naturel. Quand je l’avais prise entre mes mains, je ne savais pas quoi faire avec, je ne savais pas quoi en dire. Donc, j’ai souri puis je sentais le fond de mes entrailles se mouiller ; mon iceberg de cœur fondait. D’un ton aussi innocent que celui d’un enfant, tu m’avais alors dis que le bout de tissus allait bien avec mon regard, feignant d’être sérieuse alors que le poids de l’ironie me faisait rouler les yeux. Très drôle. Bien sûr, j’avais voulu pleurer, bien sûr, mes yeux seraient devenus rouges. Mais, là maintenant, ils ne l’étaient pas. Ils n’étaient pas noirs, aussi. Au final, tu avais dit ça pour rien si ce n’est que pour m’embêter ou me forcer à t’accorder de l’attention malgré l’insignifiance de tes propos. Or, cette soirée-là, je suis partie de la maison de tes parents avec le sourire et l’amour grandit, ayant quelque peu compris le ¨ça¨ qui hantait traditionnellement les réunions de familles. La première chose que j’avais compris, c’était qu’on ne comprenait pas ¨ça¨ ; on le ressentait.

Et donc, à 22h14 le samedi, je portais cette pièce de vêtement chargée d’histoire autour du cou, en plus de mon manteau pas cher et d’un bonnet pour cacher mes oreilles du froid (lui, c’était toi qui l’avait fabriqué, je n’avais pas le choix de le porter). Il faisait tempête. Rarement n’avais-je vu les arbres danser ainsi, comme si ils s’étaient déchaînés sous Kreutzer. Bien sûr, si à ce moment j’avais réalisé ce qu’il allait t’arriver, j’aurais compris qu’ils valsaient bien à l’air de notre Sonate, accompagnés de vents qui sifflaient la mélancolie. Mais, à ce moment, je ne savais pas, je ne savais que maudire l’hiver. À l’abri à un arrêt de bus, j’avais sorti mon téléphone. Un appel manqué, de toi, et tu m’avais laissé un message. Alors, je l’avais ouvert, simplement. C’était bien la seule chose que je pouvais faire avec tes mots, non ? Les écouter. Les attendre patiemment. Le contenu était prévisible.

« Appelle-moi quand tu arrives à la maison. Fais attention sur la route. Je t’aime ! »

Mais oui, bien sûr que j’allais faire attention. Puis moi aussi je t’aimais, sans mais ni pourquoi. Je souriais bêtement puis je continuais ma route. Ce n’était pas forcément à moi de faire gaffe, mais plutôt aux automobilistes. Le bitume était couvert de poudreuse et de glace noire et, pour moi et mes petites jambes, c’était relativement simple d’y survivre. C’était toi qui avais la voiture. C’était toi qui revenais en voiture. Six mois après, c’était toujours l’hiver, pour moi. Et six mois après, je me rappelais encore avoir entendu ton message vocal à 22h14, le samedi. Six mois après, je n’avais pas oublié ce qu’il contenait. Car à tous les jours, sans pauvres exceptions, je me rafraichissais la mémoire. Je voulais entendre ta voix, entendre tes inquiétudes véritables sur mon arrivée à la maison. Moi, j’y suis revenu, à la maison. Pas toi. À tous les jours, j’écoutais tes quelques mots, tes intonations propres à toi, qui m’aimais. Je ne t’ai pas appelée pour te dire de faire attention. Peut-être bien que c’était de ma faute, mais la police m’avait bel et bien affirmé que c’était la glace qui t’avais tuée. Bien sûr. Ça ne pouvait pas être ta conduite, tu étais toujours si prudente. Non, c’était l’hiver, le froid, les arbres qui dansaient sur Kreutzer qui t’avais fait ça, qui t’avais enlevée du monde, à Beau-Père, Belle-Maman et moi. Et moi, quand j’ai réalisé que plus jamais je ne pourrais entendre ta voix, je me suis rabattu sur mon téléphone.

« Appelle-moi quand tu arrives à la maison. Fais attention sur la route. Je t’aime ! »

Moi-même, je ne parlais plus, je n’y arrivais plus. Je t’aimais moi aussi, mais je n’arrivais plus à le dire depuis que tu n’étais plus là. Tes parents, je ne les voyais plus, non pas parce que je ne voulais pas compatir avec eux mais plutôt car leur souffrance en aurait été trop pour moi. Tes mots. ¨Fais attention¨. L’esprit protecteur, l’envie très profonde que rien de mal ne m’arrive. On le sentait, ça. C’était sincère, comme toi tu l’avais été au cours de ta vie et, grâce au téléphone, ta non-vie. Sincère, pas comme moi, qui ne parvenait plus à autre chose que de penser à moi-même, qui ne savait plus promettre, qui ne disait plus que ¨moi¨. Devais-je te remercier pour ça ? Devais-je te remercier de m’avoir accordé la chance de me considérer en tant que personne, de me conférer une valeur qui prédomine sur celle des autres ? Malheureusement, ce fardeau ne m’intéressait pas. Je ne voulais pas vivre pour moi, ou du moins pas sans certaines données, dont tu étais commune à plusieurs. La majorité.

J’ouvrais les yeux. Le plafond était toujours là. Fatigué, à bout de force, je tentais de m’asseoir. Je n’y arrivais plus. Engourdi de partout, je tentais désespérément de jeter un regard vers ma droite, vers ma… notre table de chevet. La main sur le téléphone, je rejouais le message vocal à répétition.

« Appelle-moi quand tu arrives à la maison. Fais attention sur la route. Je t’aime ! »

Il y a des pilules par terre. Deux. Trois. Tel un fil d’Ariane, elles mènent au lit. À la table de chevet, aussi. Sur celle-ci, il y a le pot, qui est vide maintenant. Vidé dans mon estomac ou sur le sol. J’entends la Sonate pour Kreutzer qui joue toujours. Tu aimais tant cette musique. Je l’aime, moi aussi. Si on avait eu le temps et la chance de se marier, on l’aurait entendue à ce moment-là, j’imagine. J’ai pensé à te demander, j’aurais dû le faire, surtout au bout de presque sept ans ensembles.  Là, je me rattrapais. La première chose que je faisais en venant te voir, c’était te demander ta main.

« Appelle-moi quand tu arrives à la maison. Fais attention sur la route. Je t’aime ! »

Encore ta voix. Toujours les mêmes mots. Toujours le même frisson. Le même sourire. Tu m’avais bien trop manqué. Tu m’avais demandé de t’appeler lorsque j’arrivais à la maison. Tu m’avais dit de faire attention sur la route. Tu m’avais dit que tu m’aimais. Je t’appelle. Sonate pour nous joue toujours lorsque je m’assoupis, l’écharpe rouge sur ton côté du lit. In memoriam de mon bonheur, de notre bonheur. Après tout ce temps, j’arrive enfin à la maison.
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MessageSujet: Re: Canevas - Cafetière. Tentatives d'écriture. Expériences   Canevas - Cafetière. Tentatives d'écriture. Expériences EmptyVen 20 Nov 2015 - 12:09

Juste pour dire, j'ai tout lu d'une traite. J'ai pleuré, aussi, parce que c'est bien écrit autant que ça touche juste. Enfin, voilà. C'est beau, c'est tordant, ça t'abime un peu dedans de quelques larmes. Merci pour ta jolie plume. Canevas - Cafetière. Tentatives d'écriture. Expériences 874914407
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MessageSujet: Re: Canevas - Cafetière. Tentatives d'écriture. Expériences   Canevas - Cafetière. Tentatives d'écriture. Expériences EmptyVen 20 Nov 2015 - 15:24

Tes mots tranchent avec la douceur d'une caresse... Tu as fait fondre mon coeur de glace, je ne pleure jamais, mais là... J'en avais les larmes aux yeux et des frissons le long de l'échine... C'est magnifique.
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MessageSujet: Re: Canevas - Cafetière. Tentatives d'écriture. Expériences   Canevas - Cafetière. Tentatives d'écriture. Expériences EmptyVen 20 Nov 2015 - 15:45

Ton texte est touchant. Tout en douceur. Je me suis surpris à sentir remonter quelques vieilles émotions, et à vivre une sorte de douce tristesse.

Il y a des maladresses, forcément, tu n'as pas retravaillé le texte. Mais dans sa forme actuelle, il a quelque chose d'authentique que j'affectionne particulièrement.

Merci de l'avoir partagé avec nous.
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MessageSujet: Re: Canevas - Cafetière. Tentatives d'écriture. Expériences   Canevas - Cafetière. Tentatives d'écriture. Expériences EmptyVen 20 Nov 2015 - 22:22

Is' a écrit:
il a quelque chose d'authentique

C'est ce que je cherchais, en effet. Je ne voulais pas trop extrapoler, trop magnifier les choses. À la base, c'est juste le désespoir d'un homme qui a perdu la femme de sa vie. C'est simple, à la base. Je voulais que ce soit "vrai".

Merci à vous pour vos commentaires, je posterai d'autres textes plus tard.
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MessageSujet: Re: Canevas - Cafetière. Tentatives d'écriture. Expériences   Canevas - Cafetière. Tentatives d'écriture. Expériences EmptySam 21 Nov 2015 - 7:35

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MessageSujet: Re: Canevas - Cafetière. Tentatives d'écriture. Expériences   Canevas - Cafetière. Tentatives d'écriture. Expériences EmptyDim 22 Nov 2015 - 5:26

Je l'ai enfin lu Ghrys, j'espère que t'es content.
Mon coeur est détruit Ghrys, j'espère que t'es content.
JE PLEURE GHRYS. J'ESPÈRE QUE T'ES CONTENT PTN.

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MessageSujet: Re: Canevas - Cafetière. Tentatives d'écriture. Expériences   Canevas - Cafetière. Tentatives d'écriture. Expériences EmptyVen 18 Déc 2015 - 5:34

Bonjour à vous,

Ce second texte est également expérimental; il s'agit d'un texte dit "de flânerie". Je suis allé dans la rue, j'ai pris des notes et j'ai fais un texte à partir de ces notes là. Le but étant de retranscrire l'ambiance d'un lieu et de partager nos expériences personnelles. C'est quelque chose que l'on peut faire partout dans le monde et je vous conseille vivement de tenter au moins une fois une flânerie !

Celui-ci a été écrit à partir d'une ballade sur la rue Queen Mary, à Montréal. Peu d'entre vous aurons les outils nécessaires pour apprécier ce texte à moins d'utiliser Google; c'est écrit en seuil québécois par un québécois.


Et voici la réécriture de mon premier texte, Kreutzer

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MessageSujet: Re: Canevas - Cafetière. Tentatives d'écriture. Expériences   Canevas - Cafetière. Tentatives d'écriture. Expériences Empty

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