Turn-Arounds (PV Alycia)

Évidemment, j'étais assise sur les tribunes pour encourager l'équipe de Drago. Bien que je relevais énormément d'erreurs stratégiques, Drago semblait lui très concentré. Et un attrapeur concentré est l'égal d'un match remporté. Normalement. Les autres participants, je leur trouvais toujours quelque chose à redire, leur position, leur coup, leur passe, leur vitesse... Rien n'allait. Même les batteurs faisaient n'importe quoi, on ne lance pas un cognard avec une déviance de 90°, c'est n'importe quoi et très dangereux pour le public – bien que le boulet ait été envoyé de l'autre côté des tribunes -. J'ai tout noté dans mon bouquin, j'en parlerai avec Drago et même s'il m'envoyait bouler, je pourrai quand même lui dire que c'était le seul à qui j'ai rien eu à dire.

C'est toute guillerette que je descends des tribunes sans attendre personne pour retrouver Drago. Je crois me souvenir qu'il faut aller dans ce sens pour aller dans leur vestiaires. C'est parfait, ça suit parfaitement le flux des élèves. Je m'emmitoufle dans mon écharpe quand la brise se lève et je presse le pas pour retrouver les équipes, surtout pour me moquer de Blaise. Même si je ne le voyais pas maintenant, je me promis de me moquer de lui dans la salle commune pendant que tous les autres féliciteraient Drago. Rien de plus jouissif que cette soirée en perspective. N'est-ce pas ?

Je presse mon cahier contre moi, et je bouscule plusieurs groupes de personnes qui n'avancent pas alors que je suis plus ou moins pressée. Ils m'empêchent de passer et je redoute de louper Drago à cause de leur léthargie. Décidément, je n'aime vraiment personne dans cet école où la décadence est le maître mot de la majorité des élèves. Bientôt ce seront tous des hippies et je pourrais pleurer pour leurs âmes... ou pas. Je continuerais à me battre pour me cultiver, et ça c'est le prix à payer pour leur flemmingite aiguë que leurs cerveaux ont développés. Pauvres marionnettes de la société, bande de baltringues écervelées... Vous n'êtes... Que.
Je me cogne contre quelque chose de dur, je perds l'équilibre mais des doigts durs et rugueux s'enroulent autour de mon poignet et je reste en équilibre. Je secoue brièvement la tête pour remettre mes idées bien au clair. C'est quoi cette montagne ? Je lève les yeux vers le visage fermé d'un homme absolument magnifique. Je reste un moment muette, les yeux ronds, la bouche entrouverte. Mais la réflexion de l'étudiant me fait sortir de ma transe et je fronce les sourcils, recouvrant mon visage strict et fermé.

« Je te demande pardon ? C'est moi qui marche dans le sens inverse de la foule peut-être ? »

Que... Je viens de me rendre compte que je venais de dépasser les vestiaires et que je m'étais trop avancée. Je devais donc faire demi-tour et ça donnerait un sens comique à ma réplique cinglante. Je ne peux néanmoins pas faire la fine maligne sachant que je devais voir Drago pour le féliciter. Puis une illumination.

« T'es le batteur de l'équipe de Drago ! Tu retournes aux vestiaires donc si tu marches à l'envers, je t'accompagnes. »

Oui, je ne posais pas de question, c'était d'une évidence, on marche pas à l'encontre du foule sauf si on a quelque chose à faire. Puis il me servirait de garde du corps pour faire plié la foule monstre des élèves des deux écoles. Je lui prends le bras pour ne pas le perdre même si sa taille était reconnaissable dans une foule mais tout de même, il est costaud, je ne risque pas de me faire écrabouiller par des idiots en proie à leurs bas instincts.

« Allons-y ! »

Un petit sourire en coin et je suis prête à braver la mer noire. Enfin s'il accepte de bouger !

J'étais toute contente d'avoir cette armoire à glace comme garde-du-corps, qu'il soit ou non d'accord avec cette appellation, ça m'était bien égal. Je regarde les élèves qui me regardent étonnés, et bizarrement j'en suis contente. Faut dire que je suis accrochée à un homme qui n'a d'égal beauté. Les filles devaient être jalouses alors que les mecs le jalousaient lui... Enfin c'est ce que je croyais, il n'y a que deux ou trois personnes qui nous regardent mais surtout parce qu'on va à l'inverse de la mer noire. Puis bientôt plus d'élèves, ou quasiment plus. Je reste néanmoins accrochée à mon accompagnateur et j'ose relever les yeux vers son visage qui est bizarrement très expressif. Il doit vouloir que je le lâche, mais je n'en ferais rien. J'ai beau être intelligente, je suis encore une enfant... déjà juste parce que c'est drôle, j'ai encore envie de l'ennuyer et aussi parce que j'ai besoin d'un garde-du-corps, bon sang. Je suis chétive et fragile, moi. Pouah, je me ferai bien rire toute seule.

« Alycia. Je m'appelle Alycia, et je ne te lâcherai pas tant que nous ne serons pas arriver aux ves... Nan ! J'ai oublié mon cahier... Je l'ai fait tomber quand tu m'es rentré dedans. Faut faire demi-tour... c'est quoi ton nom d'abord ? Qu'importe, dis le moi en marchant. »

Je sens la résistance et je dois forcer pour le faire bouger un peu. Je me retourne pour le regarder, décidément, il est beau, je l'ai déjà dit mais casse-pied. Peut-être que quelqu'un de bien avisé retrouvera mon cahier et l'aura ramasser pour le ramener dans la salle commune ou le donner à un professeur... Il y avait toutes ses notes sur le quidditch de la saison. Ce serait dommage de perdre de telles données. Elle soupira et leva les bras en l'air, relâchant enfin le joueur de quidditch. Je ne le laisse même pas en placer une, j'ai l'impression d'être redevenue cette sale petite qui pompe l'air à tout le monde... Mais j'y tenais à ce cahier, moi. Tant pis, je ne veux pas le perdre de vue, il attise ma curiosité et puis j'ai envie d'être vue auprès d'un joli garçon. Attendez, j'ai beau vivre dans les livres, moi aussi les garçons m'intéressent. Puis je suis bête hein, si ça se trouve il aurait bien voulu qu'on aille le récupérer mais vu son attitude, j'en doute alors je préfère prévenir que guérir, je vais dans son sens.

« Ça va, peut-être qu'on l'a ramassé ou qu'il est écrabouillé... Allons-y. Attends, pars pas sans moi ! »

Il ne m'aura pas une fois, je glisse mon bras sous le sien et je le tiens fermement avant de continuer à marcher vers le vestiaire en boudant à moitié. Oubliant que le but de ma visite aux vestiaires était de voir Drago mais sans cahier comme appui, il va me trouver extrêmement pénible avec mes suppositions, non. Bizarrement, l'image de Drago se floute dans mon esprit et le contact chaud du bras de mon accompagnateur est réconfortant, au point que je me laisse aller contre pour marcher plus proche encore de la montage. Je n'ai pas l'habitude d'être avec des personnes avec un tel charisme ni même une telle assurance. Il a ce côté espiègle et sournois d'un Serpentard, serait-il un ancien de ma maison ? Ça explique notre altercation. C'est cocasse, vraiment. Ce genre de rencontre est tout à fait impromptu et je trouve ça fascinant. J'ai beau être intelligente et une fille de science, je crois au destin, sinon je ne suivrais pas les cours de Divination. Mais pour l'heure il fallait savoir qui il était.

« Du coup, ton nom ? »

Je pose ma tête sur son bras en regardant les vestiaires au loin se dessiner, et je fais silence, enfin. Dommage qu'on arrive déjà.

La pâleur habituel de mon visage fait place à l'instar du rose de mes joues tantôt apprécié. Je le regarde faire, je l'écoute même. Mon cœur loupe un battement et je me rends compte à quel point je suis chiante et que je fais très enfant. Je plisse le nez en regardant devant moi, je dois l'accepter, en soi, je suis une gamine à son côté, sûrement. Je me mords la lèvre quand il se dégage et je manque de trébucher sur une caillasse derrière moi. Je me ressaisis et des larmes perlent doucement au coin de mes yeux qui tranchent avec la tristesse du geste.
Allons, c'est un sombre connard. Je peux lui rabattre le caquet en très peu de temps, il suffit de... mais qu'est-ce qu'il a à la fin ? « Je ne sais pas qui tu es. » C'est pas dur, je viens de me présenter et y a partout sur moi l'insigne de la maison de Serpentard. J'ai prévenu subtilement que je cherchais Drago, alors à moins d'être con comme une pièce de Gallion, il pouvait parfaitement avoir une idée de qui j'étais.

Soit, tu veux jouer Mr je-me-prends pour le roi du monde. Soit. Je le regarde en coin avant de le devancer en marchant bien plus vite qu'il ne peut le faire, t'as beau avoir de grandes jambes, moi je sais marcher vite. Je pousse mes cheveux du revers de la main derrière mon épaule en faisant un petit bruit hautain.

« Quand on agit ainsi, c'est que le cerveau ne sait pas marcher correctement... Pas étonnant que tu ne sois qu'un batteur dans ton équipe médiocre de quidditch, Monsieur. De toute évidence, ce n'est pas le bon sens qui t'apprend à parler au sexe féminin.»

Je marche à reculons en prenant une moue comique et fais semblant d'être désolée. En serrant mes mains sur le cœur. Je ne me laisserai pas faire parce que ce type est beau comme un Dieu. Il reste un être odieux. Et je suis outrée. Je me retourne à nouveau pour lui faire dos et je rejette à nouveau mes cheveux par dessus mon épaule avec un mouvement de tête. Et j'accélère, j'arriverai peut-être à attraper Drago. Peut-être.
J'arrive enfin aux vestiaires et il n'y a personne. Ils sont tous partis. Zut. J'ai perdu tout mon temps et c'était la faute de cette grosse armoire. J'aurais bien envie de lui lancer un sort mais je n'ai pas le droit et ce n'est pas étique. Pourtant ça me démange.
Je remarque une mallette toute seule et j'essaie de réfléchir rapidement, ce devait être la sienne. Je ne vois pas d'autres raisons, pour un joueur, de revenir dans le vestiaire si ce n'est pour récupérer un bien. Le sourire en coin, je porte la mallette dans mon dos cachée par ma cape et j'attends gentiment qu'il revienne dessous. Il va beaucoup moins rigoler si effectivement c'est ce qu'il cherche.

Je suis une enfant, j'ai des réactions d'enfants. Mais on ne m'insulte pas. Je suis Alycia McWood, pas une moldue de bas étage. A méditer.
Malgré ma répulsion, je reste tout de même hypnotisée par ce regard ténébreux et ça me dégoûte presque d'être aussi faible face à ce genre de futilité.
J'arque un sourcil quand la bâche du vestiaire s'ouvre sur le jeune étudiant.

Je suis si satisfaite. Il entre et il la cherche, je suis bizarrement si fière. Je le regarde avec un air suffisant, ce n'était pas difficile de comprendre qu'elle l'avait cachée derrière elle mais c'était tout de même très amusant de le voir chercher et de voir la concentration sur son visage avant de tomber sur moi qui souriais sans montrer les dents, les yeux plissés narquois. Il avait voulu battre mon côté narcissique alors qu'il était fort impossible de me faire plier. J'avais beau être immature, j'étais plus intelligente que la majorité de mes camarades, non pas la majorité, j'étais la plus intelligente. Et je suis une irrassasiable, je déteste qu'on me provoque ou que l'on tente de me rendre stupide alors que je n'en suis rien. Il peut penser ce qu'il veut, mais ça me fait bizarrement mal au cœur qu'il me considère comme une gamine... J'ai tout le comportement, certes.

En fait, ce n'est pas du tout mon attitude habituel. Je ne suis pas si stupide, ni si candide... Non. C'est parce qu'il me plaît que j'agis bêtement et sans réfléchir, si je fais tout ça c'est parce que je veux qu'il me remarque. Mon Dieu, mais c'est honteusement flagrant. Je suis vraiment bête et cet âge est absolument horrible pour toutes ces nouveautés sur « l'amour » et les « hormones ». Je suis outrée envers moi-même. Jamais je n'aurais pris un homme par le bras, même pas Drago, ni même Cyril... Peut-être Jeremiah mais parce qu'il était très expansif, pas parce que je le souhaitais.

La voix du jeune homme retentit dans le vestiaire, et je perds peu à peu contenance devant l'acceptation de ce que je crois être une « foutue amourette ». Je le maudis lui et ses beaux cheveux qui lui tombe si bien sur le visage, cette barbe de plusieurs jours entretenue... Ce corps qui m'appelle. Non, je ne me ferai pas ensorcelé, il suffit ! J'ai la mallette en otage et c'est ça qui est important, enfin je crois. Pourquoi l'ai-je prise en otage déjà ? Ah, oui. Je la sors de derrière mon dos avant de la tendre devant moi sans un sourire.

« Aurais-tu au moins l'amabilité de me dire ton nom ? »

Voilà, ça c'est moi. Froide, dure et qui tient aux conventions et politesses sociales. Je suis fière de moi d'avoir réussi à reprendre le dessus. J'avance pour qu'il puisse la prendre mais je trébuche et je tombe sur les genoux avant de lâcher la mallette. Je grimace car la douleur du frottement était un peu rude. Mais une Serpentard ne pleure pas, alors pourquoi j'ai l'impression qu'il pleut et que ça pique les yeux... Des larmes coulent doucement sur mes joues et je les essuie avec rage. Cette fin de journée est absolument catastrophique ! C'était sûrement ma faute, mais je ne l'admettrai pas, c'était la faute à ce gars. Je m'assis sur les fesses pour voir mes genoux, le collant était déchiré et ma peau saignait doucement...

« Je n'ai pas mal, je suis juste énervée. »

Histoire de bien faire comprendre que je me suis pas une lâche. Je mérite mon titre et ma maison. Je le regarde de tout en bas et, je me serais bien frappée, je penche la tête sur le côté comme j'ai l'habitude de faire quand je réfléchis. Il est encore plus sexy quand il semble exaspéré. Vraiment. C'est indécent de le penser. Mais il fallait aussi l'admettre et l'accepter. Il m'attire et il me fait perdre les moyens, me rendant aussi bêtes que mes camarades.

« Prends ta mallette et va-t-en. Je me suis assez montrée en spectacle pour ce soir. »

Je hausse un sourcil quand il sourit, qu'est-ce que je venais de voir ? Des lèvres se retrousser doucement pour m'offrir de la sympathie, où était-ce de la pitié ? Si c'était le cas, j'étais tombée encore bien bas mais il est plus proche de moi qu'il ne l'était avant... C'est bizarrement beaucoup plus attractif quand il en est ainsi. Mon regard s'adoucit à la mention de son nom et je me le répète une bonne dizaine de fois, comme je le fais quand je retiens une information capitale. Mais il sort sa baguette et j'ai un mouvement de recul... Tout léger, mais je me calme assez rapidement quand je me rend compte qu'il agite celle-ci juste au dessus de mes genoux saignant.
Qu'il est beau dans l'effort. Il suffit, bon sang, Alycia, reprends-toi !

« C'est un joli prénom. »

Je ne souriais pas et regardais sur le côté, m’évertuant à ne pas rougir. Mon amabilité était censé ressemblé à ceux des livres dans lesquels je me plongeais pendant des heures. Et j'avoue que j'aurais beaucoup donné pour me retrouver sur les canapés en cuir vert foncé de la salle commune pour lire et m'évader... Oublier cette machinerie. Mais il est là, et je n'arrive pas à lui dire  « Au revoir » ou « Merci de m'avoir accompagnée. », j'ai envie qu'il reste avec moi encore. Comme si sa présence était une sorte de drogue alors que je ne le connais pas. Il fait battre mon cœur, et je loupe un battement quand il m'aide à me relever. Ses paumes chaudes s'emparent de mes mains qui tremblent légèrement sous la pression et, même si je le savais, mes genoux ne me font pas mal du tout. J'effectue même un petit saut pour vérifier, parfait. Il n'y avait que les trous dans le collant mais ça ce n'était pas grave, ça donnerait à Blaise une excuse pour m'envoyer une pique.
J'essuie à nouveau les dernières larmes qui coulent avant de me retourner vivement vers Anton, les yeux écarquillés. C'est quoi ce soupir ? J'ai rien fait, là.

Je crois mal entendre, ou alors je suis avec quelqu'un d'autre sous la bâche des vestiaires. Je le regarde en penchant la tête sur le côté pour réfléchir. Malgré moi, un sourire en coin se dessine sur mon visage fermé, le rendant un peu plus lumineux que je ne l'aurais souhaité. C'était presque un exploit, je n'irai pas jusqu'à dire que j'ai dompté la bête, car on ne dompte pas un serpent sans se faire mordre, mais c'était déjà un pas vers la gentillesse. Trait de caractère de cette fichue maison rouge et or, mais s'il s'excusait c'est qu'au fond, je le touche un tant soit peu.
Je m'avance doucement en lui attrapant la manche pour qu'il me regarde dans les yeux, j'essaie de ne pas sourire et de paraître dure et stricte comme j'ai l'habitude d'être avec les autres.

« Tu n'as pas à t'excuser. C'est à moi de présenter mes excuses pour t'avoir importuner. Alors je te présente mes plus plates excuses, en espérant que tu ne m'en tiendras pas rigueur. »

Je prends une grande inspiration et je relâche doucement sa manche.

« Tu n'es pas stupide, tu n'es pas un mauvais joueur... On va dire que je n'ai pas l'habitude d'être... moi-même avec un … Si bel homme. »

Je tente malgré moi de ne pas sourire, de ne pas rougir. Cet exercice est très dur, je rosis malgré tout, les yeux emprunts de peur et tentant de respirer l'intelligence. Je ne dois pas fléchir, je dois avancer.

« Cela te dérangerait-il de rester avec moi encore un instant, ou es-tu pressé ? »

Je glisse mon regard vert glacé dans son regard sombre et ténébreux. La sincérité, le calme... Je suis contente d'être redevenue qui j'étais et de ne pas m'être transformée en pimbêche écervelée, groupie... Je frissonne rien qu'en y pensant.

Je suis un peu perdue, mais je suis contente de voir qu'il ne s'en va pas. Il reste près de moi et d'un côté, ça me ravit le cœur. J'ai la chance d'être toute seule dans un lieu isolé avec un homme de plusieurs années mon aîné et qui est, sans doute, le mec le plus canon que j'ai jamais eu l'occasion de voir. Sa voix est si calme, c'en est presque effrayant mais je m'avance doucement pour m'asseoir à côté de lui en soufflant doucement pour m'aider à respirer.
Je lui demande de rester mais au final, je ne sais pas vraiment pourquoi. Je pourrais lui poser des questions bêtes mais ce n'est pas vraiment moi. Je ne suis pas curieuse quant aux vies des gens que je croise. Enfin si mais j'ai peur de l'ennuyer avec mes questions d'enfants. Je ne veux pas paraître élève auprès d'un professeur. Il faut que j'oublie qu'il est plus vieux que moi,

Je regarde devant moi, la tête penchée sur le côté en réfléchissant. Je me dis que ce tic est sans doute perçu comme étrange, mais depuis des années que je l'ai, personne ne l'a jamais remarqué. Mais je me rends compte que j'ai souvent mal au cou en le faisant. Mais ça me permet de voir le monde sous un autre angle, c'est bête.
Bon, le silence s'éternise, il va se demander pourquoi il est encore là.

« Euh, amorça-t-elle en haussant nonchalamment les épaules, tu es étudiant à Haveirson, exact ? Qu'étudies-tu ? De ce que j'ai pu constater, tu as l'air de t'orienter vers les soins mais vu que c'est un sort facile, je me fourvoie peut-être. »

Puis c'est même sûr, j'ai beau être très douée pour analyser les choses, je me dis que j'ai du m'avancer dans celle-ci. Il est un peu abrupte, rude et ne sourit jamais... Oui un peu comme Madame Pomfresh, elle est abrupte, rude et elle ne sourit jamais. Je souris en coin en repensant à cette vieille chouette, mais elle était très humaine, très réactive. Et vu comme il avait réagi quand je suis tombée, je pense qu'il a à peu près la même approche qu'elle. Bien qu'il ait dans ce regard le mystère d'un homme de pouvoir, sombre. Tout ce qui peut attirer une jeune fille de quinze ans.

Je croise mes jambes et je remonte le menton comme j'ai appris à le faire depuis que je suis à Poudlard, surtout depuis que je suis à Serpentard. Le regard sévère et le dos droit, strict. Je ne suis pas faible. Alycia McWood ne l'est pas.

Alors je glisse discrètement sur le banc pour presque le toucher mais je garde une certaine distance. J'apprends vite de mes erreurs. Et je souris, je l'espère, de façon amicale pour l'inciter à m'en dire plus sur qui il était, d'où il venait. Et s'il était vraiment d'Haveirson, je pourrai envoyer des hiboux. Même s'il ne le voulait pas. J'ai beau le regarder, je me perds toujours dans ce dédale de sentiments mielleux et enfantins, serait-il prématuré de dire que j'ai un coup de foudre ?

Je ris à sa réponse, c'est tellement plus sympathique quand l'atmosphère est détendue et plus joviale. J'ai vraiment fait n'importe quoi, je suis contente de m'être ressaisie. Même si Anton semble plus mal à l'aise que moi, je suis très contente de la tournure des choses. Ce cauchemar finit enfin par devenir un petit nuage de rêve. Je sympathise avec un adulte, ce n'est pas rien.
Mon égo reprend des couleurs et ma fierté gonfle à nouveau ma poitrine, je me sens moins bête tout à coup, c'est appréciable. Je ne suis plus la nunuche qui a perdu son cahier... A moins que ce soit un Serpentard qui le trouve, je me jure de ne pas dire que je l'ai perdu en rentrant accidentellement dans un joueur de l'équipe A et que j'ai passé du temps en sa compagnie. Déjà parce que l'on ne me croirait pas, et parce que certaines personnes verraient d'un mauvais œil un rapprochement avec un autre garçon.
Quand j'y pense, j'ai déjà un relation d'amitié dite secrète déjà, avec Cyril. C'est tellement puéril que c'en est excitant. Quoi qu'il en soit, il est sûr que je ne parlerai à personne de cet homme, grand et fort... Beau comme un Dieu, à damner.

Je le regarde en essayant de percer son malaise, il ne faut pas être né de la dernière pluie pour comprendre qu'il y a un soucis quelque part. Il m'empêche de réfléchir en posant sa question et c'est tout naturellement que je lui réponds :

« En cinquième année. »

Et oui, je suis jeune, très jeune. Mais je n'allais pas lui mentir juste pour avoir ses faveurs, ce serait déloyal et ce n'est toujours pas moi.
Je tente un léger rapprochement, tout léger, je me laisse basculer contre lui, mon épaule contre son bras. Je n'ose pas relever la tête mais je sais que ça doit l'agacer. Je dois vite réfléchir pour dire quelque chose qui le concentre sur autre chose que mon contact.
Il faut y aller progressivement même si je sens qu'il va retirer son bras et que je vais me cogner la tête contre le banc en bois. Faites que non, s'il-vous-plaît.

« Pourquoi la médicomagie ? »

Hop là, enroulé c'est pesé. On ne bouge pas, on patiente, tout va bien. Même moi j'ai du mal à respirer tant j'ai peur de sa réaction. S'il bouge ce sera fichu pour moi... Mais cela tournerait à l'obsession, je le traquerai s'il le fallait. Vous voilà prévenu! Je ne m'avouais jamais vaincue, parce que je suis capricieuse, vicieuse, tordue... et fanatiquement trop fière de moi.