-17%
Le deal à ne pas rater :
SSD interne Crucial SSD P3 1To NVME à 49,99€
49.99 € 59.99 €
Voir le deal

 

 Et laisse-nous tomber

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
Invité
Tell me who you are...
Et laisse-nous tomber  Empty
MessageSujet: Et laisse-nous tomber    Et laisse-nous tomber  EmptyVen 6 Nov 2015 - 4:49


Lundi le 27 janvier 1997


J'avais eu beaucoup de mal à savoir quoi écrire au professeur Fitzsimmons après avoir reçu sa lettre. L'incident de l'infirmerie habitait encore mes pensées même si le temps m'avait apaisée. Je ne l'avais pas vraiment revu depuis et ces dernières semaines, je m'étais consacrée à mes cours, utilisant l'énergie et la concentration qui me restaient à m'assurer que je respectais l'ensemble des règlements de l'académie, de la politesse et de l'étiquette, terrorisée à l'idée de me réveiller à nouveau avec des blessures physiques. J'avais entendu dire que j'étais pas la seule à qui ce genre de chose était arrivé et depuis, j'en faisais une obsession, une phobie.

Dans tous les cas, j'avais néanmoins fini par prendre un peu de recul sur la situation et aucun autre incident ne m'était arrivé depuis. Je savais désormais que ma réaction de colère et de jalousie avait été amplifiée par mon état de choc sur le moment. Toutefois, la rancoeur persistait. Je détestais avoir l'impression de ne pas compter pour les gens. Sans doute étais-je une enfant un peu gâtée qui supportait pas de pas être la préférée. C'était donc la dernière phrase de Quinlan qui m'avait convaincue d'aller à sa rencontre. "Ne croyez pas que votre sort m'indiffère". Un petit baume. Ma lettre à moi avait été légèrement fielleuse... J'avais presque regretté de l'avoir envoyée, après. J'aurais dû peser davantage mes mots, faire en sorte d'être un peu plus mature. Mais il était trop tard.

Ce soir-là, donc, j'avais rendez-vous avec lui à son bureau. Vêtue d'un jean skinny et d'une chemise blanche fermée au cou par une boucle aux couleurs de Sinistros, j'ai parcouru tranquillement la distance qui me séparait du second étage de l'Académie et je me suis postée devant sa porte, immobile. Qu'allais-je lui dire ? Il devait tellement me considérer comme une gamine après la petite crise que j'avais faite. Erf. Là, derrière la porte, je commençais à douter de moi, incertaine que mes réactions avaient été appropriées, que ma colère était justifiée, que mon ressentiment était légitime. Comme d'habitude, je m'en faisais trop.

J'ai secoué la tête pour chasser ces ruminations et j'ai cogné trois coups avant de replacer mes cheveux derrière mes oreilles en attendant qu'il vienne ouvrir.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Tell me who you are...
Et laisse-nous tomber  Empty
MessageSujet: Re: Et laisse-nous tomber    Et laisse-nous tomber  EmptyLun 9 Nov 2015 - 7:23


Spoiler:

Ce n’était pas dans les habitudes de Quinlan de mettre ses patients aussi mal ou de les faire se sentir inexistants, et c’était bien pour ça qu’il s’en voulait autant pour son comportement vis-à-vis de Lanalia. Il avait pu parler à Clemens en face à face, et il avait échangé quelques lettres avec Isolde pour s’excuser et repartir sur de bonnes bases. Même si Quinn lui avait hurlé dessus, ce n’était pas parce qu’il la méprisait ou qu’il la détestait. Tout le contraire en fait. Quinlan considérait presque Isolde comme la sœur de Clemens et l’un dans l’autre… Bref, il en avait presque oublié Lanalia.

Pourtant, elle lui avait laissé un souvenir difficile à effacer. C’était une jeune femme qui méritait toute son admiration, même si elle n’avait pas su embraser cette étincelle comme l’avait fait Clemens. C’était bien simple, Quinlan ne pouvait pas se permettre de lui laisser croire qu’il n’en avait rien à faire d’elle, tout en ressentant le besoin de mettre deux ou trois choses au clair. C’était pour ça que ce jour-là, quelques semaines après l’incident de l’infirmerie, il l’invita à venir lui parler dans son bureau. Déjà installé à corriger des compte-rendus, Quinlan entendit trois coups secs à l’heure convenue, et rangea les parchemins qu’il lirait plus tard avant de se lever.

Il ouvrit la porte à la jeune femme, l’invitant dans le même geste à entrer.

— Bonsoir Lanalia.

Dans un coin du bureau se trouvait un fauteuil, un canapé et une table basse avec du thé et des petits gâteaux. C’était un peu sa marque de fabrique. Refermant la porte derrière elle, il lui désigna le coin détente d’un regard avant de la rejoindre. C’était bien moins formel que de rester campé avec un bureau les séparant, surtout au vu des sujets de conversation qui seront sûrement abordés. Il s’assit en face d’elle, l’air visiblement inquiet.

— Comment ça va ?

Quinlan espérait quand même qu’elle serait moins véhémente que dans ses lettres, même s’il pouvait la comprendre. C’était une femme avec un caractère bien trempé, et dans l’esprit de Quinn ce n’était pas un reproche. Du moins, pas en soi. Ça pouvait le devenir cela dit, si elle continuait à mépriser les excuses et le fait que le guérisseur se sente véritablement honteux de son comportement. Il n’était pas le dernier pour reconnaître ses torts, mais ce n’était pas pour ça qu’il appréciait qu’on en rajoute une couche…
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Tell me who you are...
Et laisse-nous tomber  Empty
MessageSujet: Re: Et laisse-nous tomber    Et laisse-nous tomber  EmptyJeu 12 Nov 2015 - 4:48

J'ai entendu des pas derrière la porte et il m'a ouvert avant de m'inviter à entrer. Oh god, il est plus beau que dans mes souvenirs. Sachant d'ores et déjà qu'il me serait difficile de ne laisser place qu'à ma rancoeur envers lui, qui m'apparaissait d'ailleurs de moins en moins justifiée depuis l'envoi de la lettre, je suis entrée dans la pièce chaleureuse et je me suis dirigée vers le coin causerie. Le fauteuil sur lequel j'ai pris place était moelleux et confortable. Je m'y suis calée et j'ai croisée les jambes. Il s'est assis en face de moi et m'a demandé comment j'allais. Sa mine était préoccupée et il semblait sincèrement intéressé. Ça m'a encore radoucie. J'ai baissé les yeux et j'ai commencé à jouer avec un bouton sur ma chemise, au niveau de mon nombril.

- Ça va mieux. J'ai vécu aucun autre incident depuis ce matin-là. Et mon ventre ne m'a plus fait mal, non plus. D'ailleurs je t'ai ramené ton baume...

J'ai plongé la main dans ma poche et j'en ai sorti un minuscule pot d'onguent, assez petit pour tenir sur le bout de mon doigt. Je l'ai déposé sur la table basse.

- Il faudra juste le... le... faire... redevenir gros.

Le faire redevenir gros? Wow. Sur la voie de la poésie. Des plus grands classiques littéraires. Étais-je vraiment déjà en train de perdre mes moyens ? Il était vrai que j'avais délibérément évité d'aborder l'aspect psychologique de mon état, bien que je savais que c'était sous-entendu dans sa question. Était-ce le fait de vouloir éviter de lui en parler qui me faisait patiner comme ça?

J'ai levé les yeux vers lui, un air sérieux sur le visage. Je crois même que mes sourcils étaient froncés, non dans un air contrarié mais plutôt réflexif. Depuis notre petite histoire à l'automne dernier, j'avais très bien vécu le fait de ne plus avoir de ses nouvelles. J'avais pas cherché à le contacter non plus, d'ailleurs. Alors pourquoi, depuis ce matin là à l'infirmerie, étais-je aussi dérangée par le fait de ne pas recevoir plus d'attention de sa part? Évidemment, son manque de professionnalisme et son évident désintérêt de mon état m'avaient rendue furieuse. Mais je savais qu'il y avait quelque chose derrière ma réaction. Le choc traumatique de mon réveil, certainement. La jalousie? Sans doute aussi. Et j'étais ici pour mettre tout ça au clair avec lui alors il valait mieux que je me lance. J'ai profondément soupiré avant de prendre la parole.

- Je suis désolée de m'être mise en colère et d'avoir dit ce que j'ai dit à l'infirmerie à propos du fait que tu me laisserais mourir pour sauver Clemens. Et je suis désolée aussi pour ma lettre amère. Je me suis sentie comme une moins que rien et j'ai pas l'habitude. Et j'aime... pas trop beaucoup ça quand ça arrive.

De nouveaux les yeux baissés. De nouveau une syntaxe impeccable digne des plus grandes tragédies Shakespeariennes. Je me sentais comme une enfant. Aussi vulnérable, confuse et fragile qu'une enfant.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Tell me who you are...
Et laisse-nous tomber  Empty
MessageSujet: Re: Et laisse-nous tomber    Et laisse-nous tomber  EmptyJeu 12 Nov 2015 - 8:29

Lanalia n’était pas au meilleur de sa forme et ça se voyait bien. Quinlan lui avait demandé comment elle allait et il ne parlait bien sûr pas de son physique. Si ses blessures n’avaient pas correctement guéri, il en aurait entendu parler bien avant aujourd’hui… Ou du moins, il l’espérait. Non, il voulait savoir ce qu’il se passait dans la tête de l’étudiante, et surtout discuter. Ils en avaient vraiment besoin.

Alors, que le pot de Baume des Songes soit ridiculement petit lui importait peu, ou moins que la formulation étrange de Lanalia quand elle s’excusa de l’état de l’onguent. L’important c’était qu’elle allait bien et que le Comte lui ait lâché les basques depuis cet affreux incident.

— Ne t’en fais pas pour ça, Lanalia.

Quinn dut faire tous les efforts du monde pour ne pas ajouter une blague vaseuse juste derrière, comme quoi il était particulièrement doué pour rendre certaines choses plus grosses. Non, pas avec Lana, et pas dans ce contexte si particulier. Un peu de tenue, tout de même ! Après il était vexé quand on lui disait que son professionnalisme était aussi solide qu’un château de cartes !

Silencieux, il attendit que la jeune femme trouve ses mots, et parle. D’elle, d’eux, de ce qu’il s’était passé à l’infirmerie… Quinlan ne s’attendait pas vraiment à des excuses mais plutôt à des explications. Il avait du mal à comprendre pourquoi la jeune femme était si véhémente… Elle ne lui avait pas donné l’impression de quelqu’un qui s’attache facilement ou avec une tendance à la jalousie. C’est aussi pour ça qu’il était curieux. Il y avait bien plus dans le comportement de Lanalia que de la rancune quant à son manque de considération pour ses patients.

— Tes excuses sont acceptées. Je me suis comporté comme un connard aussi, je le reconnais, et ça ne sert à rien de dire que c’était pas mon intention de te donner ce sentiment-là. Non seulement c’est évident, mais ça change pas le fait que ça soit arrivé quand même.

Il soupira lui aussi, détournant le regard quelques secondes avant de le plonger de nouveau dans celui de Lanalia.

— Cela dit, je ne vois pas ce que je peux faire de plus.

Le passé était passé, et il avait beau regretter de tout son cœur son comportement, il ne pouvait rien y changer maintenant. Si Lanalia décidait de ne pas le lui pardonner, alors soit. Mais ce serait quand même terriblement triste.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Tell me who you are...
Et laisse-nous tomber  Empty
MessageSujet: Re: Et laisse-nous tomber    Et laisse-nous tomber  EmptyVen 13 Nov 2015 - 2:09

J'ai soutenu son regard pendant plusieurs secondes en restant silencieuse, ne sachant pas trop si je devais me livrer davantage par rapport à ce que j'avais ressenti cette journée là ou s'il valait mieux ne pas tourner le fer dans la plaie pour rien. J'ai finalement opté pour l'option 2, parce qu'en en rajoutant une couche, je savais que non seulement ça ne me satisferait pas, mais que ça endommagerait aussi probablement notre relation au-delà du réparable. Et puis je voyais bien dans son visage qu'il était sincère.

- Je sais, Quinlan, ai-je murmuré en lui offrant pour la première fois depuis longtemps un petit sourire. Ça sert à rien de revenir sans cesse là-dessus, je suis d'accord avec toi... Et je voudrais pas qu'on entretiennent de mauvais sentiments l'un envers l'autre.

J'ai décroisé mes jambes pour pouvoir mieux me pencher vers la table basse et me servir du thé dans la magnifique tasse finement ornementée qui était de mon côté. En m'appuyant à nouveau sur le dossier du fauteuil, la tasse à la main, je suis encore restée silencieuse à le regarder. Je pouvais pas m'empêcher, à chaque fois que je le revoyais, de repenser à cette torride nuit qu'on avait passée ensemble. Ça me revenait sous forme de flashs, mais aussi beaucoup sous forme de sensations qui me faisaient frémir d'envie. Quinlan était mon meilleur coup en matière de sexe. Et de loin.

Je suis une fille intelligente. Je savais que la réaction qu'il avait eue à l'infirmerie cachait quelque chose et... un plus un, ça faisait deux. Il se passait quelque chose entre Clemens et lui. Et aussi surprenant que ça l'était pour moi, ce n'était pas la surprise qui dominait mon champ émotif, mais la frustration. Car je ne suis pas qu'une fille intelligente, je suis aussi une enfant gâtée. J'aime obtenir ce que je veux et je déteste quand on me le refuse. Encore une fois, un plus un faisait deux. Si Quinlan avait rencontré quelqu'un et s'y était attaché, je pouvais dire adieu au renouvellement de ces plaisirs de la chair qui habitaient depuis lors mon univers fantasmatique. J'avais jamais voulu quelque chose de sérieux avec Quinlan, mais ça voulait pas dire que j'étais prête à renoncer à ça. Et ça, cette frustration, c'était pas du tout étranger à l'intensité de la réaction que j'avais eue envers lui.

Comme j'étais là pour parler et mettre cartes sur table, j'ai plongé.

- C'est quoi, Clemens et toi?... Si je peux me permettre de demander? Ai-je fait, doucement, le regard rempli d'émotions contradictoires.

Il fallait commencer par le début.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Tell me who you are...
Et laisse-nous tomber  Empty
MessageSujet: Re: Et laisse-nous tomber    Et laisse-nous tomber  EmptySam 14 Nov 2015 - 17:55

Lanalia semblait lui pardonner, ou du moins ne pas vouloir revenir sur ce qui était déjà pour eux du passé. Tant mieux, car Quinlan ne voulait pas qu’ils restent sur quelque chose d’aussi négatif. Ils pouvaient très bien s’entendre, et ce serait dommage de tout jeter aux orties pour un malentendu aussi douloureux que bête.

Quinn esquissa un petit sourire sans joie, acceptant cet état de fait. Maintenant qu’ils avaient convenu que l’incident était clos, peut-être voudrait-elle parler de quelque chose en particulier ? Elle prenait son temps et il n’allait pas lui en vouloir. Discuter n’était pas toujours chose aisée, surtout dans un tel contexte. Pour Quinlan, Lanalia n’était qu’une conquête comme une autre, un excellent moment sans cette fibre si particulière qu’avait sa relation avec Clemens. Ce genre de choses ne se commandait malheureusement. Pas plus que des accès de panique lorqu’on apprend que ce dernier avait été en danger de façon particulièrement violente.

Et la question tomba enfin, comme un couperet. Quinlan regarda Lanalia dans les yeux, se demandant bien ce qu’il pouvait lui dire ou non, ce qu’il était en mesure d’affirmer, et comment il allait le dire. Les phrases se bousculaient dans son esprit sans qu’aucune ne réussisse à trouver grâce à ses yeux, et le guérisseur resta muet un long moment. Détournant finalement le regard, il se rendit compte que la formulation que son inconscient avait choisi était terriblement pudique.

— Je tiens énormément à lui.

Un frisson le parcourut alors qu’il prononçait ces mots. L’exprimer, ce n’était pas pareil. D’autant plus que ce n’était pas à son frère qu’il le disait : avec Neal, il savait qu’il pouvait tout dire ou presque sans crainte d’être jugé. Neal faisait partie de la famille, de la sphère privée. Même quand Quinlan lui disait quelque chose, il n’avait pas l’impression de l’afficher au monde entier. Ils étaient trop fusionnels pour ça.

Mais Lanalia était résolument quelqu’un de plus extérieur. Quelqu’un du public, pas une inconnue mais pas vraiment quelqu’un de son entourage proche non plus. Le lui dire résonnait étrangement dans ses oreilles, comme s’il s’affichait nu devant elle. Remarquez, il l’avait déjà fait, sans pour autant se sentir aussi vulnérable.

Il ne voyait même pas pourquoi il réagissait ainsi, après que Clemens ait déclaré vouloir en finir avec le secret. Il s’inquiétait peut-être de ce que penserait le Comte, ou juste les autres étudiants et professeurs. Le problème ne venait pas du fait qu’il s’agissait d’un homme mais qu’il ait 13 ans de moins et se situe de l’autre côté de l’amphi. Lui se savait assez grand pour faire la part des choses, mais ça ne voulait pas dire qu’on n’allait pas leur chercher des noises. Et puis… Clemens devenait aussi le point faible de Quinlan de façon officielle. Et ça c’était plus effrayant que tous les cauchemars du Comte.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Tell me who you are...
Et laisse-nous tomber  Empty
MessageSujet: Re: Et laisse-nous tomber    Et laisse-nous tomber  EmptyMar 24 Nov 2015 - 3:34

Mon regard émeraude était fixé sur lui alors que j'attendais sa réponse à ma question. Il semblait réfléchir, hésiter, ne pas trop savoir comment dire, vouloir peser ses mots. Ça me disait rien qui vaille. Et finalement, son regard m'a fui alors qu'une phrase aussi retenue que sentimentale s'est échappée de ses lèvres. Il tenait beaucoup à lui. Ouais, ok. J'avais compris. Son attitude, le temps qu'il avait mis à me répondre et son regard fuyant confirmaient davantage mon hypothèse que ses mots en tant que tel, mais le résultat était le même. J'ai baissé les yeux, ai fixé les petits dépôts de thé tourbillonnants dans ma tasse, ai soupiré.

- Je vois.

Je savais pas trop comment je me sentais par rapport à cette révélation. Une hypothèse a cela de beau qu'elle laisse place aux possibilités. Une fois vérifiée, nul doute possible, nul échappatoire, nul "et si j'avais tort". Un mélange d'émotions valsaient les unes avec les autres à la manière de ces petits résidus de thé dans ma tasse alors que j'essayais de me comprendre sans trop froncer les sourcils. J'étais frustrée, ça c'est sûr. C'était la première émotion. J'étais frustrée comme une gamine à qui on offre une sucette pour la lui reprendre après et la donner à quelqu'un d'autre. Et que ce quelqu'un d'autre est même pas quelqu'un qu'on puisse haïr, non, c'est un collègue, un lointain frère, une figure de confiance et de sentiments positifs. Quelqu'un que j'aurais jamais imaginé comme mon rival, surtout pas en matière de relations amoureuses. J'avais toujours considéré Clemens comme étant hétérosexuel et même si j'avais mes doutes concernant Quinlan, j'avais bêtement pensé qu'il préférait les filles aussi. Ça me surprenait, au final. Et maintenant que cette situation survenait, je ne pouvais qu'en vouloir un peu à Quin de faire de nous des "rivaux" (même si je me doutais bien que je n'étais pas dans la course) alors que Clemens avait toujours fait partie de mon équipe.

Frustrée, donc, surprise aussi, mais également contente. Parce que voilà, j'avais toujours apprécié Clemens et j'entretenais aussi de bons sentiments envers Quinlan et mon coeur de gamine, si gâté soit-il, était aussi profondément pétri de la croyance que l'amour véritable est possible et que chanceux sont ceux qui le trouvent. Je savais pas de quelle nature était leur relation dans les détails, mais j'étais contente s'ils s'étaient trouvés. Je leur voulais du bien à tous les deux, au fond.

Frustrée, surprise et contente donc, mais aussi déçue. J'avais jamais perçu Quinlan comme quelqu'un que j'aurais possiblement pu aimer d'Amour, mais j'aurais quand même aimé partager d'autres moments comme ceux qu'on avait vécus. J'appréciais sa présence et sa personnalité et... Bon. Nul besoin de m'attarder encore sur la manière dont ses attributs physiques et son savoir-faire en matière de sexe hantaient mes rêves de jeune vingtenaire. Tant pis pour moi.

Frustrée, surprise, contente et déçue, ainsi, mais également jalouse. Envieuse. Je ne profiterais plus de lui comme ça avait été le cas cette fameuse nuit, c'est vrai. Mais pour le coup, c'était surtout le fait de voir que d'autres pouvaient encore trouver l'amour qui me rendait un peu amère. Pourquoi pas moi ? Peut-être avais-je épuisé mes jetons d'amour dans ma jeune vie. J'avais trop aimé, j'avais été trop aimée, maintenant la réserve était épuisée. Je ne trouverais plus jamais cette sensation de plénitude et de terrible épouvante que provoquait le sentiment amoureux. Voilà. Tant pis pour moi.

Tant pis pour moi.

Nul besoin d'étendre mes tripes sur le sol. J'ai tenté de ramasser le tout dans une phrase ou deux à peu près cohérentes pour qu'au moins il sache ce qui occupait mon esprit et mon coeur depuis les dernières secondes et je me suis forcée à sourire.

- Je suis contente pour toi, Quinlan. Et pour Clemens aussi. Je suis déçue pour moi... un peu frustrée aussi, mais ça c'est mon problème, mes enjeux. J'ai toujours détestée qu'on me préfère quelqu'un d'autre, passer en deuxième, être mise de côté, tout ça. C'est pas pour rien que j'ai réagi aussi fortement l'autre jour. Enfin voilà, je suis contente. Tant mieux pour vous.

Tant mieux pour eux.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Tell me who you are...
Et laisse-nous tomber  Empty
MessageSujet: Re: Et laisse-nous tomber    Et laisse-nous tomber  EmptyMar 24 Nov 2015 - 17:13

Quinlan détourna le regard, étrangement gêné. Pourtant, il n’y avait rien de honteux dans ce qu’il venait de dire. C’était juste… Terriblement inhabituel. Il espérait que la jeune femme ne s’était pas mise en tête qu’il aurait pu être amoureux d’elle, ou qu’eux deux ça aurait pu fonctionner. Ç’aurait été bien trop cruel pour elle. Mais voilà, Quinn était le dernier à songer qu’il aurait pu retomber dans ce genre de choses. La normalité, la stabilité d’un couple presque classique… Il s’était persuadé tellement fort que ce n’était pas pour lui, que c’était quelque chose qu’il n’atteindrait jamais. Pourtant, cet abruti de Cupidon avait appris à viser. Enfoiré.

Et là il se retrouvait face à une jeune femme qui ne savait manifestement pas où se mettre. Déçue, comme elle l’avoua elle-même. Quinlan ne put s’empêcher d’esquisser un petit sourire à ces mots. Elle leur donnait sa bénédiction, et Quinn ne doutait pas qu’elle était sincère, mais cette frustration dont elle lui faisait part… Quinn pouvait comprendre.

— Je suis vraiment désolé que tu sois sentie à ce point mise de côté. Tu ne le mérites pas et c’était aussi indigne de moi. On aurait pu faire de bons sexfriends si Clemens n’avait pas débarqué dans ma vie. Je…Je ne m’y attendais pas… Et ne nous félicite pas trop vite, les choses ne sont pas si simples.

Il espérait seulement qu’ils parviendraient à gérer ou régler de façon définitive certains des problèmes qu’ils pouvaient avoir, notamment au niveau de la communication. Enfin, ce n’était pas les affaires de Lanalia, et elle n’était sûrement pas venue pour entendre ça.

— Tu es une jeune femme merveilleuse, Lana. Je suis persuadé qu’un jour tu trouveras quelqu’un d’aussi génial que toi. Tu le mérites vraiment.

Quinlan essaya de sourire mais il n’y arriva pas tout à fait. Ce n’était pas dans ses habitudes d’être du côté de celui qui doit mettre fin à une telle relation parce qu’il venait de s’engager avec quelqu’un qui n’était pas aussi moralement libre que lui. Il ne blâmait pas Clemens. Tout le monde n’était pas capable de séparer sexe et sentiments, ni de savoir son partenaire aller voir à droite à gauche. Même s’il avait dit que ça ne le gênait pas, Quinlan avait bien vu dans sa réaction qu’il prenait beaucoup trop sur lui. Il ne voulait pas le voir souffrir en silence pendant que lui s’envoyait en l’air avec d’autres. De toute façon, imaginer Clemens blessé lui passait toute envie de coucher avec qui que ce soit.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Tell me who you are...
Et laisse-nous tomber  Empty
MessageSujet: Re: Et laisse-nous tomber    Et laisse-nous tomber  EmptyMer 25 Nov 2015 - 5:28

Quinlan s'affirma encore une fois désolé et je me suis sentie un peu comme si je le forçais à s'excuser encore et encore pour quelque chose qu'il n'avait pas à se reprocher. Bon, son manque de professionnalisme avait été une bévue, certes, mais c'était bien la seule chose qu'il avait fait de mal. J'avais un don pour me positionner en victime, peut-être.

Le reste de ses paroles m'a fait serrer les dents. On aurait pu faire de bons sexfriends si Clemens n’avait pas débarqué dans ma vie. Ouais, vas-y tourne le fer dans la plaie, c'est pas grave, ça fait même pas mal. Et puis cette phrase comme quoi c'est pas le parfait amour entre eux deux, comme quoi aucun couple n'est parfait. Pourquoi me disait-il ça ? Pour me consoler, me faire savoir qu'il n'était pas trop heureux et que je n'avais pas à trop envier leur bonheur? J'ai froncé les sourcils et j'ai avalé une gorgée de thé pour éviter de me laisser emporter.

Et il a repris la parole, à mon grand dam, pour me complimenter, me réconforter, m'encourager ou je sais pas trop quoi. Venant de n'importe qui d'autre, ça aurait eu l'effet souhaité. Mais là, venant de Quinlan, ça a juste pas passé. J'ai déposé sèchement ma tasse sur la table et je me suis levée pour aller me poster devant la cheminée, en lui tournant le dos, en me rongeant l'ongle du pouce, en me maudissant d'être aussi réactive. Suck it up, girl.

J'ai fermé les yeux et j'ai soupiré longuement. Il n'était pas trop tard pour éviter de dire ou faire des choses que je regretterais. Je me suis tournée vers lui.

- Merci pour tes bons mots. (Ça m'a pris tout mon petit change pour sortir ça). Mais j'ai justement pas l'impression que ça va se passer comme ça. Tout ce que je fais depuis que j'ai quitté Poudlard c'est sauter de draps en draps en pensant que c'est comme ça que je vais finir par oublier que j'ai envie de davantage et que je me maudis chaque jour d'en avoir envie. Je passe d'aventure en aventure en espérant me sentir liée à quelqu'un le temps d'un baiser, d'une étreinte, mais pas trop longtemps, pas assez pour risquer d'avoir mal. J'avoue que j'ai cru que c'était un peu comme ça pour toi aussi. Et que je pourrais m'oublier un peu avec toi, sans craindre les attaches et les cassures, et que je pourrais pendant juste un moment, juste un tout petit moment, me faire croire que j'aime et que je suis aimée. Juste un infime... moment... illusoire...

Ma voix s'est brisée mais je me suis vite reprise.

- C'est pas grave hein, ce sera pas toi ce sera quelqu'un d'autre.

C'était la vérité, après tout. Lui ou un autre la recherche était la même. Me faire croire à l'amour le temps d'une étreinte mais m'empêcher d'y céder pour éviter la souffrance de le perdre.

- Je suis contente pour vous, c'est vrai, mais votre amour m'écoeure. Et va pas te faire d'illusions, il finira mal, comme tous les autres.

J'avais craché ça avec méchanceté, complètement dépassée par la véhémence de mes sentiments. Quinlan n'y était absolument pour rien dans l'intensité de ma réaction. C'était sur lui que j'avais décidé de déverser mon amertume, mais ça aurait pu être à n'importe quel autre mec avec qui j'avais couché. Je sentais juste que... qu'il était capable d'en prendre. Peut-être parce qu'il avait plus de vécu, peut-être parce que j'avais confiance en lui, peut-être parce qu'il était au mauvais endroit au mauvais moment.

Voilà qui était raté pour éviter de dire ou faire des choses que je regretterais.


HRP:
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Tell me who you are...
Et laisse-nous tomber  Empty
MessageSujet: Re: Et laisse-nous tomber    Et laisse-nous tomber  EmptyMer 25 Nov 2015 - 7:49

Oh, il n’avait jamais été très bon pour réconforter les gens, et a fortiori dans une telle situation. Quinlan n’estimait pas qu’il avait dit ou fait les bonnes choses, mais quand il vit Lanalia se lever, il en eut la confirmation. Elle était loin d’être une lavette sans personnalité ou une plante verte tout juste bonne à décorer : elle avait du caractère et c’est précisément cela que Quinlan appréciait chez elle. Après, selon ce qu’elle allait lui balancer, il allait peut-être aussi la détester pour ça.

Elle était amère et c’était bien normal. Cela dit, elle se trompait sur au moins un point. Même s’il avait été blessé par ses mots, il n’arrivait pas à lui en vouloir. Il était passé par là lui aussi, ou presque.

— C’était peut-être mon cas aussi, je n’en sais trop rien.

Quinlan ne s’était jamais vraiment forcé à ne pas avoir de sentiments. Ça ne lui venait juste pas. Il aurait bien essayé de le dire à Lanalia, mais maintenant qu’il était complètement bouffi de son amour quasi-obsessionnel pour Clemens, il savait qu’elle n’allait pas le croire.

— Honnêtement, je me fiche de comment ça va finir. Rien que le fait de partir du principe que ça va finir, c’est déjà négatif, non ? Bien, mal, c’est subjectif. Ça durera le temps que ça durera et je ne regrette pas le risque que j’ai pris en m’attachant à lui. C’est pas dans mes habitudes et j’étais mort de trouille…

Il s’en voulait presque de revenir à ce genre d’argumentation, mais ça avait marché pour lui, ça avait marché pour Clemens, alors pourquoi pas pour elle ?

— Lanalia, peut-être que si tu lâchais prise, si tu surmontais ta peur d’avoir mal, tu tomberais sur quelqu’un avec qui ça marcherait ? Tout ce que je faisais et tout ce que tu fais, c’est juste… refuser les risques. Mais sans risques, pas de récompense. Tout peut se résumer à ça…

Il soupira, se grattant nerveusement la nuque.

— La conversation qu’on a maintenant est la preuve que même en refusant les risques, tu finis blessée. T’as rien à perdre.

Quinlan se leva, et s’approcha doucement de Lanalia. Il avait envie de la prendre dans ses bras tout en sachant que ça ne règlerait absolument rien, voire que ça pourrait envenimer les choses. Il resta donc derrière elle, en retrait, sincèrement inquiet.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Tell me who you are...
Et laisse-nous tomber  Empty
MessageSujet: Re: Et laisse-nous tomber    Et laisse-nous tomber  EmptyJeu 26 Nov 2015 - 5:25

Je me détestais pour ce que je venais de dire, je me détestais de me rendre aussi vulnérable à ses yeux. J'avais l'habitude de contrôler mon image. Si j'étais vulnérable aux yeux de quelqu'un, c'était normalement non seulement parce que je l'avais voulu, mais aussi parce que ça pouvait me rapporter quelque chose. Là, je contrôlais plus rien, et je m'en voulais. Quand une larme s'est échappée de mes yeux couleur de mai, je l'ai tout de suite balayée, tentant de reprendre une attitude plus solide, tentant de faire taire cette tourmente en moi qui me poussait à dire des choses aussi dures.

Je sais pas si c'était parce que je l'avais pris en grippe ou parce qu'il avait le don de peser sur mes boutons pour me faire sauter, mais quand il a commencé à dire que c'était pas dans ses habitudes de tomber amoureux et qu'il avait été mort de trouille quand c'était arrivé, ça m'a tout pris pour pas lui balancer que j'en avais rien à foutre de comment il s'était senti. Ç'aurait été méchant, irrationnel et gratuit et je voulais pas me rendre jusque là. Je l'ai plutôt écouté jusqu'au bout et j'ai mis ce temps à profit pour bien contenir tout ce flot d'émotions qui voulait sortir.

- Tu te trompe sur un truc, Quinlan. J'ai peut-être peur d'avoir mal, je te le concède, mais c'est pas la peur qui m'empêche de chercher à m'attacher. C'est la colère. La putain de colère.

J'ai craché ça presque en chuchotant, les dents serrées, la rage au coeur. Je me suis mise à pleurer. Mes barrages n'étaient plus assez solides.

- Je suis tellement, tellement en colère! En colère contre moi, contre le monde, contre la vie, contre lui, contre tous ceux qui s'engluent dans cette mielleuse mièvrerie amoureuse et qui me rappellent combien j'ai MAL !

J'ai craqué. Et je me suis précipitée dans ses bras, du haut de mes 150 centimètres, comme une enfant fragile secouée de sanglots, enfouissant mon visage dans sa poitrine et le frappant légèrement de mon petit poing rageur, souffrant, défait. Et j'ai pleuré sans retenue. Il avait tort, je ne finissais pas blessée, je n'étais juste jamais guérie.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Tell me who you are...
Et laisse-nous tomber  Empty
MessageSujet: Re: Et laisse-nous tomber    Et laisse-nous tomber  EmptyJeu 26 Nov 2015 - 18:24

Le guérisseur ne savait pas vraiment comment réagir face à la détresse et à la colère, comme elle le disait, de Lanalia. Il l’appréciait beaucoup, peut-être pas assez à son goût cependant. Impuissant, il la laissa déverser sa bile, hurler si elle en avait envie. Valait mieux pour elle que ça sorte, une fois pour toutes. Il allait lui demander qui était ce ‘lui’, et ce qu’elle avait pu vivre pour en être arrivée là, mais il n’en eut pas le temps. Elle s’écroula dans ses bras aussitôt, pleurant à chaudes larmes.

Quinlan en était fort surpris, mais ne le manifesta pas. Il se contenta de la serrer contre lui, tout en prenant garde à ne pas lui faire croire qu’il y avait moyen de remettre cette fameuse soirée. Pourtant, il devait avouer que ce n’était pas l’envie qui manquait. Lui frottant doucement le dos, il recula et l’attira avec lui dans le canapé. Ils seraient mieux assis non ?

Visiblement gêné, Quinn n’arrivait pas à remettre son masque de guérisseur, ou du moins pas à 100%. Il soupira, et s’éloigna un peu de Lanalia.

— Pourquoi t’es si en colère…?

Peut-être que si elle mettait des mots sur ses sentiments, ça irait mieux ? Rha, Quinlan n’était définitivement pas psychologue et ça commençait à vraiment lui peser. Entre Clemens qui restait à bloquer sur une baignoire vide pendant toute une nuit et elle qui craquait totalement, il ne savait plus où donner de la tête. Son incapacité à les aider le rongeait bien plus qu’il ne voudrait l’admettre, alors même qu’il s’était promis de les protéger.

HRP:
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Tell me who you are...
Et laisse-nous tomber  Empty
MessageSujet: Re: Et laisse-nous tomber    Et laisse-nous tomber  EmptyMar 1 Déc 2015 - 1:39

Une fois dans ses bras, j'ai laissé quelques temps libre cours au torrent qui m'habitait, incapable de reprendre le dessus sur mes émotions. Néanmoins, le contact réconfortant de son corps contre le mien a fini par m'apaiser. Ça va avoir l'air bizarre, mais j'ai eu le même sentiment à ce moment-là que quand mon père me rassure et me console. Et ça m'a fait du bien. Le problème, c'est que c'était pas mon père, mais un ex-amant sur qui je fantasmais beaucoup trop ces derniers temps... alors il n'en a pas fallu davantage pour que mon esprit fertile s'enflamme.

L'odeur de ses vêtements. Ses mains dans mon dos, qui me caressaient doucement. Les larmes sur mon visage qui me faisaient sentir tellement vulnérable en cet instant. Non, serre-moi encore. Non, pas sur le canapé. Aide-moi à oublier. Laisse-moi m'oublier avec toi. Pendant un instant, quand mon regard brillant a croisé le sien et que j'ai perçu sa solicitude, je me suis imaginée m'approcher de lui pour l'embrasser. Mon regard est tombé sur ses lèvres et j'ai mordillé les miennes, de plus en plus troublée par l'intensité de la colère, de la souffrance, de la peine et du désir qui m'habitaient, toutes ces émotions se mélangeant les unes aux autres dans une valse de mal-être me poussant vers mes plus mauvaises stratégies défensives.

Quand il s'est adressé à moi, j'ai cligné des yeux, comme si je sortais de transe. Et je les ai baissés sur mes genoux, les larmes menaçant encore de couler.

- Pour rien, sans doute.

J'ai plongé mon visage dans mes mains, mes coudes posés sur mes genoux, et j'ai soupiré. Entre mes doigts, j'ai rajouté :

- J'en veux au monde entier de m'avoir fait croire que l'amour c'était tout le temps beau alors qu'en vrai, ça fait si mal. Et de m'avoir fait croire que c'était à ma portée pour me l'enlever si cruellement après. J'ai gardé le silence quelques secondes. Je blâme la culture pop.

J'ai relevé la tête pour lui sourire tristement. Quinlan, y a qu'une seule chose que tu peux m'offrir en ce moment, et c'est pas du réconfort, c'est ton corps. Ouais, je pouvais pas lui dire ça. Ç'aurait été non seulement injuste, parce que je voulais pas foutre la merde dans son couple tout nouveau tout beau tout kitsch. Tout mièvre. Tout ça. Mais surtout, je savais qu'il allait dire non. Je le sentais au fond de moi et si par la ruse et la manipulation je parvenais à le faire céder, je savais que je me détesterais pour ça.

Et j'étais certainement pas dans l'état de me faire refuser mes avances, je pense pas que mon amour-propre l'aurait toléré.

Blasée, lassée, fatiguée et triste, j'ai mis une main sur sa cuisse et j'ai pris sur moi.

- Désolée pour tout. Je regrette la nuit qu'on a passée ensemble parce qu'on aurait pu être de bons amis. Pour le moment j'ignore si ce sera possible, parce que même quand j'ai envie de foutre le monde en feu mon regard n'a qu'à se poser sur toi pour que ce soit moi qui s'enflamme.

Ma prise s'est resserrée sur sa cuisse, ma main n'étant pas trop, mais tout de même assez près de la zone critique. J'ai retenu mon souffle pendant quelques secondes avant de me lever, de marcher droit vers la sortie et de partir sans même prendre la peine de fermer la porte.

HRP:
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Tell me who you are...
Et laisse-nous tomber  Empty
MessageSujet: Re: Et laisse-nous tomber    Et laisse-nous tomber  EmptyMar 1 Déc 2015 - 8:12

Il s’en voulait de lui faire aussi mal. Peut-être qu’ils n’auraient jamais dû coucher ensemble — encore qu’ils n’avaient aucun moyen, à l’époque, de savoir quelles surprises le destin avait en stock pour eux — ou peut-être que Quinlan n’aurait jamais dû s’approcher trop près de Clemens. Ce n’était pas la première fois que ce refrain lui trottait dans la tête, à chaque fois plus assourdissant. Quinn n’était plus sûr que les risques en vaillent la peine, quand il voyait dans quel état il pouvait se mettre et mettre son entourage.

Il essaya de calmer Lanalia, la ramenant vers le canapé. Peut-être qu’assise, elle retrouverait la force de parler ? Il n’en savait rien. Il faisait tout au feeling, sans être jamais sûr de dire ou faire ce qu’il fallait. Les mots sortirent enfin, plein d’une rancœur que Quinlan pouvait aisément comprendre. L’amour ne l’avait jamais réellement intéressé, ou du moins pas en tant que fin. Il avait rêvé d’être un prince de conte de fées, mais pour terrasser des dragons et sauver des royaumes, pas pour finir à s’ennuyer avec une princesse pour le restant de ses jours. Quinlan était si imperméable à l’idée même qu’il puisse réellement tomber amoureux que les rares fois où ça lui était arrivé, c’était comme si le monde s’effondrait autour de lui. Quelque part, il avait été protégé de la désillusion puisque les sentiments l’avaient toujours blessé, plus ou moins. Pour Lanalia… La douleur avait dû être bien plus traître.

Il avait mal pour elle. Même s’il se répétait que son idylle improbable le rendrait heureux, peu importe le temps qu’elle durerait, Quinlan avait une trouille bleue de perdre Clemens. Il se disait que c’était déjà bien de l’avoir connu seulement pour se rassurer, pour se forcer à lâcher prise de peur de l’étouffer et de le briser définitivement. Ne pas penser au pire, ne pas faire de plans, ne pas penser à demain. Il ne savait pas combien de temps il pourrait tenir ainsi, mais il était bien décidé à essayer.

Il cherchait désespérément quelque chose d’intelligent à lui dire quand elle posa sa main sur sa cuisse. Il frissonna. Son corps avait envie qu’elle aille plus loin, lui envoyant des flash de ce qui avait été leur seule nuit, mais sa raison appelait au secours. Crispé, il entendit à peine ce qu’elle dit ensuite, paralysé par cette main dont il ne savait que penser. Tentatrice ? Menaçante ? La prise de Lanalia se fit plus forte, agissant comme un mécanisme bloquant tout mouvement et réflexion logique chez Quinlan. Ce dernier ne disait plus rien, ne bougeait plus, et avait le regard fixé sur le sol.

Ce qu’elle lui disait — une fois que son cerveau fut capable de traiter une partie de l’information — ne le rassura pas plus. Des milliers de scénarios défilèrent dans sa tête, certains bien moins fictifs que d’autres. Il devait réagir, faire quelque chose, n’importe quoi ! Il était encore en train de se fouetter mentalement quand il se rendit compte que Lanalia était déjà partie. Elle était partie. Tout allait bien.

Il inspira un grand coup, remarquant seulement qu’il avait retenu sa respiration depuis quelques secondes déjà. Un rire résonna dans le fond de sa mémoire, et des mots moqueurs lui transpercèrent le cœur. En rage contre sa propre impuissance, sa propre incapacité à faire face, Quinlan hurla et renversa la table basse. Le temps avait beau passer, rien ne changeait.

Il n’y avait pas que Lanalia qui n’avait jamais été guérie.
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé
Tell me who you are...
Et laisse-nous tomber  Empty
MessageSujet: Re: Et laisse-nous tomber    Et laisse-nous tomber  Empty

Revenir en haut Aller en bas
Page 1 sur 1

MMHP :: Boîte à Souvenirs-
Ne ratez plus aucun deal !
Abonnez-vous pour recevoir par notification une sélection des meilleurs deals chaque jour.
IgnorerAutoriser