Un rendez-vous attendu, un moral dans les chaussettes

Je me retourne lentement quand il me parle à nouveau, le regard noir et blessé à la fois. Que vient-il d'oser me dire ? Je suis tombée parce que j'étais morte de trouille, fatiguée et affaiblie... Je suis tombée parce que le rêve de la veille m'avait avalée, bouffée... assombrie. J'étais faible et désarmée. Las. Et il ose mettre ma condition physique et mental sur mon égoïsme... Je le trouve tout à coup présomptueux. Insensible. Je suis touchée.
Je ne crois pas avoir déjà eu aussi mal au cœur qu'à ce moment là. Jamais.
Jeremiah est tout aussi égoïste que moi, en réalité. Je ne pouvais lui en vouloir d'écouter les douleurs de mon cœur si moi-même je n'étais pas capable d'écouter les siennes.
J'avais au moins réussi ça. Il me déteste et je pourrai alors l'éloigner de mon auto-destruction... De ma méchanceté, de mes doutes. De ma soif de pouvoir et de Ténèbres. Je pourrai mourir sans qu'il ait besoin de sacrifier sa vie.

Alycia, la fille qui est vouée à vivre toute seule.
Ça faisait beaucoup en peu de temps, je l'avouerai. J'ai besoin de temps, pour me reprendre et avancer. Chercher des réponses concrètes, et être sûre d'avoir fait le bon choix. Mais si j'étais bien certaines d'une chose, c'était que j'avais bien fait de l'éloigner de moi. Vraiment, j'en étais convaincu. Même si je hais les Gryffondors, que je ne supporte mal les Poufsouffles. Ce Gryffondors là, mérite d'être heureux. Et ce ne sera pas avec moi.

J'attends qu'il descendent, qu'il s'en aille pour de bon et de ne plus l'entendre. Je vais même doucement vérifier qu'il n'est pas dans les escaliers en train d'attendre que je fulmine en lui sautant dessus, non, il n'y a personne. Alors je retourne dans le froid hivernal de la volière, je défroisse un papier de ma poche et avec un encrier et une plume près des hiboux, j'écris. Je date pour le lendemain, le jour où il recevra cette lettre. Il est tard maintenant, la nuit est tombée. Je suis fatiguée... J'écris les quelques lignes à Skyler. Mon meilleur ami, celui qui sait tout de moi sans que j'ai à me justifier. Je lui dis à quel point j'ai pu blesser un ami... je lui demande quel est le problème avec moi. Ma chouette s'envole me laissant à nouveau seule... Et je décide d'emprunter à mon tour les escaliers pour rentrer aux dortoirs.

Je suis convaincue d'avoir fait le bon choix, alors pourquoi me sentais-je aussi mal ? Je n'aime pas savoir que l'on ne m'aime pas... Ça passerait, comme tout le reste. A moi d'avancer encore et plus profondément dans la démence et la noirceur.