Quand Jiminy le criquet retrouve son rouge et or [1er post à Jeremiah]

17/03/2015

Le 20 février 1997,

Ma douleur et ma rage étaient toujours présentes mais à l'idée de retrouver Jeremiah, mon cœur se réchauffait doucement. Nous n'avions pu que correspondre par missives depuis mon départ de Pourdlard.

J'étais impatiente qu'il me raconte ses avancées avec la mystérieuse serpentarde. Même si connaissant le Rouge et Or, il pouvait avoir changé d'avis et avoir jeté son dévolu sur une autre.

Je le laisserais parler de l'atelier de Quinlan et de la soirée de la Saint Valentin et j'espérais que ses confidences me fassent oublier ma vendetta pour un moment. J'avais infiltré un groupe d'étudiants anti-sorciers depuis quelques jours et je voulais découvrir qui était celui qui finançait leur groupuscule.

Je devais me montrer prudente surtout avec Alexander leur chef. Il n'avait aucune confiance en moi et il me testait à la moindre occasion. Je savais qu'au moindre doute, il m'éliminerait sans aucun scrupule.

Je ne devais pas y penser. Je me battais pour Ben même si je savais que ce n'était pas eux qui avaient commis l'attentat de Sainte-Mangouste. Ils tramaient quelque chose et je souhaitais les empêcher de commettre le pire.

Mes cheveux courts et mon minois fatigué allaient inquiéter Jeremiah. Je ne voulais pas qu'il ressente mes émotions alors je cachais ma tristesse le mieux que je pus derrière un petit sourire quand je le vis arriver.

Je le saluais en lui faisant la bise avant de lui demander d'une voix douce :

- Bonjour Jeremiah, comment vas-tu ? Où veux-tu aller ?

J'avais un paquet dans ma besace que je comptais lui offrir quand nous serions tranquillement posés au café des Trois Balais.

Malgré la semaine qu'il venait de passer après la Saint-Valentin, après l'état de tristesse dans lequel il s'était couché la veille, Jeremiah était joie ce jour-là. Il allait enfin revoir Amaranthe, sa grande sœur, sa bonne conscience. Il avait dû attendre de long mois afin de la revoir. Depuis son départ de Poudlard en réalité. Mais malgré cela, elle avait toujours été là par lettre, que ce soit dans les bons comme dans les mauvais moments.

Mais par lettre, l’émotion est cachée. On a le temps de réfléchir, d’effacer et de recommencer. C’était pour cela que Jeremiah tenait tellement à ce rendez-vous. C’est pour cela que Jeremiah avait été excité comme une puce toute la journée. D’ailleurs, le professeur MacGonagall l’avait bien remarqué, si bien que dans la file des élèves allant à Près-au-Lard, elle avait été obligé de le rappeler à l’ordre.

- O’Connell, si vous ne vous calmez pas, je pense vous changer en puce. Ainsi, trouverez-vous peut-être votre place auprès d’un hibou.

Rire général pour la foule et joue rouge pour Jeremiah. Il avait été ridiculiser en public par sa directrice de maison. Il s’était donc calmé… environ une minute. Puis, il avait de nouveau agi comme un gosse à qui on avait promis de l’emmener voir des singes.

Une fois à Près-au-Lard, ça avait été pire. Sautant partout, il était retombé en enfance, vraiment. Il avait couru partout avant de se rendre compte qu’il était en retard pour son rendez-vous. Il se mit alors en route vers le lieu de rendez-vous.

Et Amaranthe était là, debout, à l’attendre. Sucette en bouche, il courut vers la jeune femme et lui fit la bise. Il parla vite, articula peu. Un vrai gosse je vous dis.

- Ama’, je suis contente de te revoir enfin. Je vais bien, mais j’ai plein de trucs à te raconter. Si tu es encore capable de me supporter. Et toi alors ? On marche ?

Jeremiah lui fit un clin d’œil, et recula afin de prendre le temps de l’observa. Il en avala sa sucrerie ronde tout rond. Manquant de s’étouffer, il toussa. Puis il recracha alors l’objet coincé dans sa gorge avant de relever les yeux vers Amaranthe, plus grave. Cheveux courts, une impression d’un grand manque de sommeil. Jeremiah s’inquiéta alors.

Même si elle n’aimait pas parler d’elle, cette fois-ci, Jeremiah ne comptait pas lui laisser le choix.

17/03/2015

J'observais la spontanéité de mon petit frère. Sa joie faisait plaisir à voir et elle mettait du baume à mon cœur meurtri. J'étais sincèrement heureuse de le revoir depuis tout ce temps. Il n'était plus le petit garçon que j'avais connu. Celui qui était devant moi avait bien grandi et était devenu un vrai jeune homme. Une partie de moi s'en voulait de ressentir cette gaieté fugace. Comme si il mettait à présent interdit de ressentir autre chose que de la rage et du désespoir.

Je lui répondis d'une voix douce :

- Nous avons tout le temps pour que tu me parles de cette mystérieuse jeune fille. Tu m'as manqué même si j'appréhende certaines de tes histoires surtout celles avec Blaise.

Leur rivalité datait de plusieurs années et leurs ressemblances la faisaient grandir jour après jour. Tandis qu'il me dévisageait avec beaucoup trop de perspicacité à mon goût, la neige se mit à tomber en petits flocons. Je sortis mon bonnet vert émeraude de la poche de ma cape pour le mettre et ainsi protéger mes oreilles de ce froid hivernal.

Je frémis malgré moi, je n'avais plus que la peau sur les os. Je portais des vêtements moldus qui n'avaient pas été ensorcelés pour s'adapter à la température et me permettre de ne pas souffrir de ce temps de croup.

- Marchons mais si je glisse, tu as intérêt à me rattraper...

Répondis-je d'une voix légèrement amusée. Mon regard ne pétillait pas et restait sombre. Nous croisions des promeneurs chargés de nombreux sacs. Et cette euphorie ambiante me paraissait déplacée vu les tragiques événement qui avaient endeuillé le Royaume-Uni à plusieurs reprises. Je n'osais pas lui demander si il était proche de Lee Jordan. Ceux qui l'avaient côtoyé ne pourrait jamais oublier sa joie de vivre et ses commentaires fougueux pendant les matchs de Quidditch.

Je pris son bras et nous marchâmes tranquillement. Je lui demandais un brin impatiente qu'il me conta ses exploits. Je savais que ses récits me sortiraient de mes idées noires :

- Dis-moi tout. Qu'as-tu pensé de l'atelier sur l'Amour ? Qui était ta cavalière au bal de la Saint-Valentin ? As-tu reçu de nombreuses missives enflammées d'admiratrices esseulées ? Comment se porte ta meilleure amie ?

Parler d'amour n'était pas une bonne idée mais je savais à quel point, les adolescents étaient friands de rencontres et de flirts. A leur âge, leurs hormones leurs jouaient des tours pendables quelques fois. Je sentais la bague de mon aimé contre ma peau protégée des regards indiscrets. Je sentais sa présence. Ben ne me quittait jamais. Son amour était et resterait ma force et l'une de mes seules faiblesses.

C’était la première fois que Jeremiah voyait Amaranthe dans cet état. Elle était plus proche d’un mort-vivant que son amie. Mais Jeremiah ne fit aucune remarque. Pas pour le moment. Il verrait plus tard, mais pour l’instant il voulait la faire rire. Il allait être le phare qui guide ses pas, et apparemment la canne sur laquelle elle allait s’appuyer. Et ce n’était pas une image.

Doucement, sans se presser, les deux amis avancèrent dans les rues de Prés-au-Lard. Et Jeremiah était fier de croiser les passants, et certains de ses camarades, au bras d’Amaranthe. Elle avait, par la passée, réussi à contenir le jeune homme. Et il lui en serait à jamais reconnaissant.

Après un bref silence, que le rouge et or ne voulait pas percer, sa compagne de marche venait de lui demander de raconter en détail ce dont il avait parlé dans sa lettre. Il sourit, car depuis la dernière, pas mal de chose avait changé.

- Je crois bien que le lion a un faible pour les serpents. Tu te souviens de la Serpentarde de ma lettre . Elle s’est multiplié. Maintenant, elles sont trois… Je suis un peu perdu, mais je n’arrive pas à mettre de l’ordre dans mes idées… Je crois que tout est trop récent pour moi… Je regrette que l’Atelier sur l’amour ne soit pas arrivé un peu plus tard, j’aurais alors eu beaucoup de questions à poser… Mais en même temps, vu comment ça s’est passé… Je ne suis pas sûre que j’en aurais vraiment parlé…

Il se coupa, son sourire s’effaça doucement à l’évocation de l’Atelier. Il se souvint du professer Fitzsimmons, de la réaction de ses camarades sur l’homosexualité. Qu’elle était l’avis d’Amaranthe.

- Dis, est-ce que l’homosexualité est « normale » pour toi ?

Il ne voulait pas trop se mouiller. Sa question, d’apparence innocente, conditionnerait s’ils en parleraient ou non. Il ne devait pas gâcher le plaisir de cette rencontre. Sans réellement attendre la réponse, Jeremiah continua de marcher, bras dessus bras dessous avec sa bonne conscience. Son sourire réapparut à l’évocation de la soirée hommage au 14 février.

- Le bal de la Saint-Valentin, on en reparlera quand on sera assis. Je pense que tu vas apprécier ce récit, et autant te le raconter au chaud, autour d’une bonne boisson. Tout comme le match inter-école. Toi qui es à Harveirson, je pense que certains des noms te parleront. Mais sinon, Rachel va très bien. On a même eu un rendez-vous romantique il Il n’y a pas longtemps, la faute à un hibou qui s’est trompé de destinataires.

Il souriait, il avait tellement de choses à lui raconter, et tellement à lui demander également. Il était avec Amaranthe et, par sa présence, tous ses problèmes semblaient être moindres.

Il se tourna vers elle, s’arrêtant de marcher. Il souriait tout ce qu’il savait. Il était heureux.

- D’ailleurs, tu as de la chance de me voir aujourd’hui. Apparemment, MacGonagall commence à me penser plus intéressant en puce. Ravissant non ? Tu veux continuer de marcher, ou alors tu souhaites t’asseoir ? Dis-moi, et je m’assurerais que l’on arrive tous les deux avec les fesses sèches à l’endroit de ton désir.

17/03/2015

Mon protégé était attiré par les vertes et argents. Je ne pourrais lui jeter la pierre après tout l'un d'entre eux avait volé mon cœur, il y avait de nombreuses années. Je me refusais à penser à lui pas quand j'étais en compagnie de Jeremiah. Notre affection fraternelle risquait de me faire craquer. Je ne voulais pas me confier à lui. J'avais confiance pourtant mais je ne voulais pas qu'il porte le poids de mes tristes confidences. Il découvrait ses premiers émois amoureux et il n'avait pas à être coupé dans son élan par ma douleur.

Je répondis d'une voix faussement choquée :

- Trois ! Aucune d'entre elles ne sort du lot ?

Je me demandais si il ne confondait pas l'attirance physique à l'amour. Rien de plus normal à son âge, il se devait de papillonner et de vivre des expériences pour savoir ce qu'il voulait réellement.

J'étais surprise par son avis négatif sur l'atelier de Quinlan. Mon professeur de médicomagie était un bon orateur et était ouvert aux idées et aux opinions de ses étudiants dans ses cours normalement.

Sa question me déstabilisa pendant quelques instants. Je n'ignorais pas qu'il avait reçu une éducation traditionaliste. Je répondis à sa demande avec franchise:

- Qu'est-ce que la "Normalité", Jeremiah ? Tu dois te rappeler que la devise de ma famille est "vois avec ton cœur". Le Grand Amour se moque du sexe, de l'âge, de la nationalité, de l'ethnie...

J’espérais que mon honnêteté ne l'empêcherait pas d'exprimer son point de vu sans faux-semblants. Je comprenais que l'idée d'être attiré par un membre du même sexe pouvait être effrayant pour un adolescent surtout que l'homosexualité était mal acceptée dans la société sorcière conservatrice. J'ajoutais d'un convaincu :

- Le plus important est de trouver l'être avec qui tu auras envie de danser toute la vie.

Je venais de perdre mon âme sœur et il me serait difficile de tourner la page et de refaire ma vie. Je ne pourrais que fantasmer sur celle que nous aurions pu avoir. Nous aurions parcouru le monde pour que je puisse écrire mes articles et Ben en aurait profité pour découvrir de nouvelles potions et des ingrédients originaux pour créer les siennes. Je savais que je me consacrerais d'abord à ma vengeance et quand je me sentirais prête, je me plongerais dans le travail pour avoir une belle carrière professionnelle qui me prendrait tout mon temps et me préserverait de tout attachement.

Il avait raison nous serions mieux pour discourir sur la soirée et le match passés confortablement installés dans un café. Je lui demandais intriguée :

- Et cette missive était destinée ? Vous avez du bien rire avec Rachel de ce malentendu, non ?

Je me souvenais de sa directrice de maison. Elle était sévère mais juste à la différence du Professeur Rogue qui prenait un plaisir sadique à punir les gryffondors. Je lui demandais un brin soupçonneuse :

- Qu'as-tu fait pour que MacGonagall te menace de te métamorphoser en cet insecte répugnant ? J'ai froid alors nous pourrions aller boire une boisson chaude aux Trois Balais si ça te tente ? A moins que tu ais peur que nous croisions l'une de tes coups de cœurs.

Je ne voulais surtout pas aller au salon de thé de Madame Pieddodu. J'étais persuadée qu'elle n'avait pas encore retiré les décorations de la Saint Valentin. Je ne pourrais pas supporter ces mièvreries qui me rappelleraient l'absence douloureuse de mon aimé à jamais perdu.

La voix et l’air choqués d’Amaranthe au sujet de ses relations ne le surpris pas réellement. En effet, ils n’avaient vraiment abordé ce sujet ensemble, et il se doutait bien que sa grande-sœur de cœur n’était pas volage et qu’elle n’avait pas du connaître plusieurs relations.

Tout comme sa réplique sur les personnes homosexuelles. Elle était très ouverte d’esprit, et le rouge et or le savait. Il était donc inévitable qu’elle n’ait pas le même avis que lui. Mais cependant, entre le savoir et l’entendre, il y a une grande différence. Et Jeremiah, sans vouloir rentrer plus dans le sujet, devint alors songeur. Peut-être devait-il donner une chance à ce genre de personne ? Après tout, s’il y avait tellement de monde pour, il devait bien y avoir une raison.

- Hmmmmm, peut-être que je devrais m’y intéresser…

Ce n’était pas vraiment des paroles pour Amaranthe, mais plus un murmure pour lui même, une pensée qui venait de s’extérioriser. S’en rendant compte, il se tourna alors pour regarder la jeune femme. Il ne laissa pas le temps à cette dernière de répondre à sa réflexion.

- Il y a en une qui était le choix du cœur, une autre qui est le choix de la raison et la dernière c’est presque que physique…

Il sourit à la pensée de cette dernière, Angel. Des trois relations, c’était celle qui était le plus simple. Les deux avaient joué à un jeu dangereux, ils étaient tombés dans le piège. Il repensa alors aux lèvres d’Angel, puis à celles d’Alycia. Le visage de Jeremiah s’assombrit un peu à la pensée du rendez-vous deux jours auparavant. Car, contrairement à Amaranthe, il ne pouvait dissocier réellement ses pensées et son apparence. Surtout pas en présence de cette dernière, envers qui il avait toute confiance. Il répondit d’un air distrait à la question suivante.

- Oui oui, elle était destinée. En effet, c’était très drôle, mais ça nous a permis de nous retrouver.

Puis, il lâcha la main de la rousse pour la dépasser un peu. Il sautillait, comme il l’avait fait avant de venir à Prés-au-Lard. Mais ce coup-ci, il le faisait tout en reculant. Il tenta quand même de parler, la voix essoufflée.

- Apparemment je suis trop excité quand à l’idée de te revoir, je ne comprends pas. Tu trouves ? Les Trois-Balais ? C’est parf….

Jeremiah finit sa phrase avec des onomatopées. « OOOOOH », « AAAAAH ». Il se retrouva assis sur ses deux fesses, une expression d’incompréhension sur le visage. Il venait de glisser.

17/03/2015

Je ne voulais pas que Jeremiah pense que je réprouvais ses coups de cœur. Il était normal qu'il se montre hésitant et qu'il ait envie de rencontrer la jeune femme qui lui conviendrait le mieux. J'avais été victime d'un coup de foudre alors je n'avais pas eu besoin de me poser des questions.

J'entendais son murmure et j'espérait qu'il comprenne que chacun était libre d'aimer qui il voulait. La vie était assez difficile alors si un être pouvait l’illuminer et la rendre plus douce, peu importait qu'il ne corresponde pas aux critères des "bien-pensants" de la société . Il ne fallait pas écouter les idées conservatrices de certains et se faire sa propre opinion. Le plus important pour moi était la franchise et la sincérité dans mes rapports avec autrui.

La suite de ses paroles m'intrigua et je lui demandais curieuse :

- Une de raison ? Je ne comprends pas.

Souhaitait-il une relation dictée par les autres ? Un mariage arrangé ? Je ne pouvais y croire. Il était bien trop spontané et impulsif pour se fier à sa raison dans ses histoires d'amour.

L'attirance physique, je pouvais le concevoir. J'avais été attirée par Neal lors de notre mission au Pérou mais je ne lui avais jamais montré. Il était mon professeur après tout et je ne me serais jamais permise de céder à cette pulsion fugace et inappropriée.
Il avait éludé sa question, il ne voulait peut-être pas lui dévoiler le nom de celle qui lui plaisait réellement. Elle lui proposa d'une voix douce:

- J'aimerais rencontrer ta meilleure amie si tu le souhaites bien entendu.

Et il me lâcha la main pour faire des petits sauts dans la neige. Et je compris pourquoi sa directrice de maison avait été tentée de le transformer. Sa joie de vivre faisait plaisir à voir.

Je n'eus pas le temps répondre à sa question car il glissa et tomba lourdement sur son postérieur. Je m'approchais de lui avec prudence et je lui tendis ma main pour l'aider à se relever. J'espérais simplement que nous ne finirions pas tous les deux dans la poudreuse.