BOBOs, bilan et piaf à la con

Rien à foutre des consignes de sécurité : ils avaient été attaqués par des Mangemorts ! Bon, dans les faits, ils avaient aussi été bien plus sanguinaires qu’eux, surtout Quinlan. Ce dernier n’avait pas hésité à casser les bras et à ouvrir la gorge de leur prisonnier : un mec aussi puissant, il valait mieux le voir mort qu’entre des mains ennemies, non ? Peut-être que Quinn était trop radical. Peut-être qu’Albus avait eu raison en voulant mettre Megan en binôme avec Neal… Quoique. D’après ce que Quinlan savait de son frère, ce n’était pas non plus le dernier quand il s’agissait de péter des genoux et de briser des nuques.

Ils rentrèrent à Haveirson indemnes, bien heureusement. Sans attendre, ils prirent le chemin de l’infirmerie, Megan ayant été blessée dans l’attaque. Pas par un Mangemort mais par un escalier, chacun son truc. Quinlan lui avait dit de s’installer sur un des lits en attendant de revenir. Effectivement, il avait de quoi soulager sa douleur et faire disparaître les hématomes.

— Ah ouais, c’est assez violent…

Il était revenu vers Megan, et l’avait surprise en train de se regarder dans le miroir. Il avait pris avec lui quelques onguents, mais il se demandait s’il ne devait pas plutôt vérifier que rien n’était cassé. Posant les pommades sur la table de chevet, il tira les rideaux autour du lit.

— Je vais avoir besoin de voir si tu n’as rien de cassé. D’accord ?

Le guérisseur avait levé les mains, paumes ouvertes, comme pour signifier à Megan que pour cela il allait devoir la toucher. Ils ne s’appréciaient pas, mais elle était apprentie médicomage, elle comprendrait forcément la nécessité pour lui de devoir être certain de ne pas laisser une côte cassée ou une vertèbre déplacée. Traiter la douleur et les ecchymoses, c’était une chose, mais ça ne servirait à rien si Megan s’était à moitié brisé le dos.

— Assis-toi sur le lit, s’il-te-plaît.

Pas que ce serait plus facile pour lui de savoir si elle avait quelque chose de cassé, mais au moins ne serait-elle plus debout. Il avait remarqué qu’elle avait eu du mal à marcher, et il redoutait que ses jambes la lâchent. Si c’était le cas, autant qu’elle soit assise : ce serait con de se prendre un trauma crânien en plus du dos en compote de myrtilles, non ?

Megan remit rapidement son pull en place quand elle se rendit compte qu’elle n’était plus seule. Oh. Il l’avait surprise. Quinlan prit une expression un peu gênée, et s’excusa de ne pas avoir annoncé son arrivée. Il n’avait pas oublié qu’elle ne l’aimait guère, et que ça devait être sûrement plus douloureux pour son égo que pour son dos d’être blessée et de le laisser la soigner.

Redoutant une petite pique, Quinlan la regarda s’asseoir sur le lit avec des yeux inquiets : rien ne vint. Elle releva simplement son pull, le laissant examiner ses blessures, et s’enquit de son propre état. On aurait presque pu croire à de la prévenance. Quinn haussa un sourcil alors qu’il passait ses doigts sur le dos de Megan, cherchant des os brisés.

— Tu peux me tutoyer. Et non. Enfin, je ne sais pas. Pas encore.

Apparemment, elle n’avait pas de côtes cassées, et son dos irait bien. Elle avait eu de la chance. Empoignant un des pots d’onguent qu’il avait ramené, Quinlan en étala sur sa peau teintée de vert, de bleu et de violet. C’était du Fouette-Sang, quelque chose d’un peu plus spécial qu’un simple anti-douleur : normalement, le produit devrait donner l’impression à la peau de chauffer. Le but était de faire disparaître tout ce sang qui s’était échappé jusque dans les tissus, et de faire circuler celui qui était sagement resté dans le système veineux. Dilué, il pouvait faire un excellent remède contre les jambes lourdes. C’était juste un peu dommage que l’ail fut un composant trop important pour se passer de son odeur.

Une fois l’onguent appliqué, il lança un sort pour recouvrir le baume d’une mince membrane qui protègera le pull de Megan et évitera à la pommade de se barrer avant d’avoir réellement fait effet.

— Tiens.

Il posa le reste du pot à ses côtés.

— Deux fois par jour jusqu’à ce que les hématomes aient disparus.

Empoignant une serviette, Quinlan s’essuya les mains en soupirant. Cette mission avait été presque un échec, et finalement, Krockwell aurait très bien pu s’en sortir. L’espace d’un instant, Quinn caressa l’idée de demander quelque chose à Megan, mais s’y refusa au dernier moment. Non, avec ce qu’il savait d’elle, en connaissant ses amis, il ne pouvait pas lui demander un truc pareil. S’il voulait prendre ce chemin-là, il devrait le faire seul.

À la place, il décida que parler de la mission en elle-même était peut-être plus avisé.

— Tu vas faire le rapport aux autres ?

Lui ne s’en sentait pas le courage ni la légitimité. Sa loyauté vacillait, d’autant plus qu’elle n’avait jamais été bien forte dès le départ. Il se demandait vraiment ce qu’il foutait là et surtout, s’il était bien du bon côté.

Continuer à se vouvoyer aurait été pour Quinlan comme une façon de prolonger l’hypocrisie. Ils se connaissaient en dehors des cours, via l’Ordre et via Clemens, ils pouvaient bien descendre de leurs grands chevaux et se dire ‘tu’, ça n’allait pas non plus leur arracher la gueule. Et en parlant de ça, celle de Quinlan avait l’air de l’être. Megan le lui fit remarquer, tout en notant l’étrangeté de ne pas l’avoir senti lui-même.

— Ah ça. Oui c’est rien. Je sens plus la douleur depuis quelques mois.

Il avait dit ça comme si ça ne l’inquiétait pas ou qu’il savait exactement pourquoi il était victime d’un tel phénomène, mais évidemment, c’était bien loin d’être la vérité. Quinlan n’avait toujours pas eu de réponses quant à cette analgésie généralisée qui, jusque là du moins, n’avait pas eu de conséquences fâcheuses sur son état de santé. Il en était cependant fatigué. Il se sentait de plus en plus mort à ne pas pouvoir ressentir la douleur : quelque chose lui manquait cruellement. Il soupira, empoigna sa baguette et se lança un Episkey rapide.

— Merci de l’avoir fait remarquer.

Megan lui répondit ensuite à propos du rapport de mission. Ok, il n’avait rien à faire et c’était tout ce qui l’intéressait. Ce qu’elle allait faire en détail lui importait peu, si ce n’est dans le fait qu’elle le lui dise clairement. Ça contribuait à rendre l’Ordre du Piaf Enflammé un peu moins nébuleux et vu dans l’état dans lequel était la confiance de Quinlan, ce n’était pas un mal. La petite réflexion quant à la survie de Krockwell le fit soupirer cependant.

— J’espère aussi…

La suite le gêna bien plus qu’il aurait bien voulu l’admettre. Pourquoi pas un Avada Kedavra, n’est-ce pas…? Quinlan fronça les sourcils, et se posa sur le lit aussi.

— Je sais pas le lancer. Enfin, j’ai jamais essayé et je ne sais pas si j’en suis capable. Dans le doute, j’ai préféré une valeur sûre.

C’est clair qu’un Diffindo c’était quand même bien moins propre qu’un Avada… Mais dans le cas de Quinlan, c’était tout ce qu’il savait faire. Il était guérisseur, et bien qu’il n’en soit pas à sa première victime, la magie ne faisait pas partie de son modus operandi. Et en cas de nécessité, il savait que ce sort pouvait être redoutable.

— Je crois que je devrais m’entraîner à les lancer…

Même s’il ne les nommait pas, c’était évident de deviner quels étaient les sorts dont il parlait. Il aurait voulu lui demander de l’aider dans cette tâche mais, sérieusement ? Quinn était déjà trop malsain pour faire un truc pareil, surtout à une femme qui voulait s’écarter du chemin de la magie noire.

Megan n’était pas assez stupide pour ne pas tiquer quand Quinlan parlait de son analgésie qui n’avait rien de naturel. Il pouvait le faire avec toute la nonchalance du monde, l’Abraxan qu’il avait en face de lui n’était pas née de la dernière pluie. Il hocha simplement la tête en affichant un sourire d’excuses quand elle lui demanda confirmation, les sourcils froncés. Il espérait que cela suffise à la calmer et à changer de sujet, mais il savait qu’il lui en demandait trop. Elle n’avait pas l’air d’être le genre de personne à lâcher l’affaire si facilement.

— Oui oui, il y a une explication, mais je n’ai pas encore trouvé de solution. J’y travaille, ne t’inquiète pas.

Ce n’était pas tout à fait vrai : il s’était passé tellement de choses ces dernières semaines que son état de santé était finalement la dernière de ses priorités. Il n’y avait pas de danger immédiat — en réalité, si, mais grand est le pouvoir du déni — donc Quinn s’en était détourné pour s’occuper d’autres choses.

— Et oui, ça ne concerne que le physique et que la douleur. Je peux ressentir tout le reste.

C’était une question plutôt intime, voire indiscrète, mais Megan avait ce statut un peu particulier de future médicomage et amie de Clemens. Même s’il n’approuvait pas toujours sa façon de faire ou sa logique de pensées, Quinlan s’était nettement adouci en ce qui la concernait. Il n’allait plus lui sauter à la gorge maintenant qu’il avait eu l’occasion de goûter à ses quelques bons côtés. Ses gaufres, principalement.

La conversation changea alors, s’orientant sur la décision qu’avait prise Quinlan de lancer un Diffindo sur Krockwell, plutôt qu’un simple Avada Kedavra. La vérité ne tarda pas à sortir de la bouche d’un Quinlan se sentant soudainement épuisé. Il avoua alors qu’il aimerait bien apprendre à les lancer, tout en sachant que Megan faisait le chemin inverse. La remarque sur les sorts qui parvenaient au même résultat arracha un sourire sans joie à Quinlan.

— Oui mais t’avoueras que c’est un peu plus sale.

Il comprenait tout à fait Megan quand elle disait qu’elle était fatiguée de s’appuyer sur des sorts aussi violents. Il hocha lentement la tête, et soupira.

— Je connais pas mal de sorts de protection, donc si tu veux…

Il savait bien qu’elle ne l’appréciait pas, et lui ne l’appréciait pas vraiment non plus, mais il ne la détestait pas au point de ne pas proposer son aide.

Elle se releva, et lui demanda combien de temps elle allait encore avoir mal. Difficile à dire… Quinlan fit une petite moue, avant de lui répondre :

— Quelques jours, peut-être moins. Et si ça peut te rassurer, ne pas ressentir la douleur n’a pas que des avantages.

Ne pas être prévenu de ses problèmes gastriques était un désavantage certain. Heureusement pour Quinlan, ça n’avait jamais eu de conséquences désastreuses.

— Repose-toi, et normalement, la douleur devrait rapidement passer.

Toujours assis sur le lit, Quinn repartit dans ses pensées, trop fatigué pour bouger avant quelques instants. Il avait hâte de retrouver son canapé — pas son lit, puisque ce dernier avait été taggué par le Comte lui-même. D’ailleurs, il faudrait qu’il prévienne Clemens ne pas venir chez lui avant un moment. L’appartement n’était plus ce havre de paix inviolable qu’il avait été jusque là.

Oh, elle pouvait toujours chercher l’origine de l’analgésie généralisée de Quinlan si elle le souhaitait ! Le guérisseur lui-même avait passé quelques après-midi dans la bibliothèque, en vain. Il avait fallu que le Labyrinthe et ses miroirs ne lui révèlent d’eux-mêmes leur étrange commandant, la divinité Tezcatlipoca, ou du moins la magie qui lui était liée quand la civilisation aztèque était encore vive. Maintenant, s’il voulait se documenter plus en détail là-dessus, ça allait être compliqué. Du moins, s’il restait au Pays de Galles. Or, Quinn n’avait pas spécialement envie de voyager. Pas après ce qu’il s’était passé.

Cependant, il ne put s’empêcher de relever le fait que Megan aurait bien voulu d’une telle magie, si seulement elle concernait la douleur mentale. Il haussa un sourcil, ayant la confirmation que la jeune femme avait vraiment besoin d’une aide psychologique professionnelle. Il ne fit pas de remarque pour autant, et la laissa clore ce chapitre de la conversation pour s’orienter sur un autre sujet, tout aussi peu drôle.

Oui, Quinlan avait égorgé un mec avec un Diffindo, mais c’était seulement parcequ’il n’était pas sûr de réussir un Avada Kedavra ! Un simple souci technique, rien de plus. Mais c’est vrai qu’en face, il n’y avait pas autant de répondant que ce qu’aurait pu imaginé Quinlan. Aux paroles de Megan, il hocha doucement la tête.

— Pas le niveau ou juste pas l’envie ? C’est peut-être con à dire, mais… Tous les Mangemorts ne sont pas le diable en personne, si ?

Il ne voulait pas en dire trop, mais il était déjà sûr et certain qu’au moins l’un d’entre eux n’était pas un connard fini. En y réfléchissant un peu plus, on pouvait facilement concevoir que d’autres étaient tombés du côté obscur de la magie contre leur gré, ou du moins pas avec la conviction la plus pure et absolue. L’avis de Quinlan était partagé, et il regretta l’espace d’un instant d’avoir eu comme seul réflexe de vouloir égorger tout le monde.

Finalement, Megan avait sûrement raison de ne pas vouloir utiliser de sorts impardonnables, ni de magie noire tout court. Quinn soupira et proposa son aide, à demi-mots. Il avait déjà parlé à son frère de voir avec les amis de Clemens — et Clem lui-même — pour les entraîner à se défendre efficacement tous seuls, et à attaquer s’il le fallait. Mais évidemment, la réaction de l’Abraxan ne fut pas celle qu’on aurait pu attendre de quelqu’un de ‘classique’. Elle était hyper méfiante, et les deux ne s’entendaient pas. Bien sûr, elle lui demanda ce qu’il attendait en retour. C’était tentant…

— Un sort de magie blanche pour un sort de la magie opposée. Je suis prêt à me dévouer pour que mon entourage n’ait pas à le faire.

Ils n’y étaient pas encore, de toute façon. Ils auraient tout le temps de convenir d’un rendez-vous par hibou pour s’entraîner réellement ensemble. L’idée était un peu alien pour Quinlan, surréaliste, mais pourquoi pas ? Il la regarda sa relever, la rassurant quant aux avantages très relatifs de l’analgésie magique dont il ‘souffrait’. Évidemment, elle voulait des détails. Un petit rire s’échappa de la gorge de Quinlan.

— Disons que quand tu as mal au ventre, ça te prévient un peu de ce qui va te tomber dessus la prochaine fois que tu devras aller aux chiottes.

Depuis quelques temps pour Quinlan c’était toujours la surprise et pas forcément la plus agréable. M’enfin, c’était du détail et ça ne l’avait pas empêché de passer les fêtes de fin d’année de façon très agréable.

Son sourire s’effaça rapidement quand il repensa au fait que son amant n’était pas plus en sécurité que n’importe où ailleurs dans le château désormais. Il ne s’attendait pas à ce que Megan, au lieu de simplement partir, se retourne pour lui demander si ça allait. Il haussa un sourcil sous la surprise, mais hocha lentement la tête.

— Ça va aller. Je n’ai pas le choix. Et moi, j’ai eu la chance de ne pas être blessé…

Ce n’était pas son cas, et elle ne devait surtout pas rester par politesse si elle sentait qu’elle avait besoin de dormir, ou ne serait-ce que de s’allonger. Son lit serait plus indiqué que les brancards de l’infirmerie pour cela, aucun doute là-dessus.

Face à la détermination et la fermeture d’esprit — du moins en apparence — de Megan, Quinlan ne répondit rien. Elle avait sûrement ses raisons de penser que tous les Mangemorts étaient des connards ou des lâches, mais Quinn se doutait que c’était bien plus compliqué que ça. Non, il le savait même. Il soupira, baissa la tête, et laissa passer l’orage comme il savait si bien le faire.

Les explications ne tardèrent pas à venir, bien qu’elles soient toujours aussi lacunaires. Megan avait connu des Mangemorts, de quoi leur faire une bien piètre publicité. Quinlan n’allait pas jouer l’avocat du diable bien longtemps. Il était toujours à l’Ordre du Phénix, et essayer de trouver des excuses au comportement de son ennemi était toujours mal vu. Cependant, ça ne l’empêcherait pas d’y songer. Quinn avait choisi son camp, mais ça ne voulait pas dire qu’il avait abandonné tout esprit critique. Il tenait encore à penser par lui-même, quitte à changer d’avis.

Enfin, il valait mieux orienter la discussion sur autre chose, un sujet plus léger, stupide même. Quinn ne manqua pas de voir l’amusement dans les yeux de Megan lorsqu’il évoqua les déboires de sa tuyauterie interne, bien qu’elle se refuse à rire franchement. Ce n’était pas grave, Quinlan ne lui en voulait pas. C’était déjà beaucoup de l’avoir un peu déridée. Mais là aussi, ils ne s’attardèrent pas. Megan n’avait sûrement pas envie d’avoir les détails, et son professeur la comprenait bien.

Et pour ce qui était du deal magie noire contre magie blanche, elle ne lui donna pas une réponse de suite. Soit. Elle avait bien le droit d’y réfléchir, surtout vu les relations houleuses qu’ils entretenaient. Finalement, Quinlan était étonné qu’ils aient pu parler aussi longtemps sans avoir envie de se jeter à la gorge de l’autre. Il était las aussi, et avait du mal à faire comprendre à Megan qu’il ne s’agissait que d’une simple fatigue mentale. Elle insistait. Et comment lui donner tort quand elle disait qu’il pouvait très bien être blessé…? Lentement, Quinlan hocha la tête.

— Examine-moi si ça peut te faire plaisir… Après tout, j’ai peut-être une blessure que je n’aurais pas remarqué.

Puisqu’il ne sentait plus la douleur, ça ne l’étonnerait pas. Docile, il écarta les bras et se leva, attendant que la jeune apprentie médicomage ne procède à son examen. Pas trop approfondi, on l’espère.

HRP:

Quinlan aurait pu comprendre si Megan le lui avait expliqué, mais il fallait regarder la vérité en face : ils se détestaient encore, et elle n’avait donc strictement aucune raison de lui parler de sa vie en détails. Ils en restèrent donc à ce statu quo, ce ‘tu as ton opinion et j’ai la mienne alors t’avise pas de venir me chier là-dessus’. Pour Quinn, il n’y avait pas de problème.

Enfin, à ce niveau-là. Comme le fit remarquer Megan, il pouvait tout à fait avoir été victime d’un sort ou d’une blessure qu’il l’ait remarqué. Lui accordant le bénéfice du doute, Quinn se leva et se laissa examiner par son étudiante. Elle était méthodique, bien moins emportée que lorsqu’il l’avait rencontrée pour la première fois. Les derniers événements avaient comme conséquence un peu étrange de faire grandir plus vite. Il soupira à la remarque de son apprentie, et hocha de nouveau la tête.

— Merci mais oui, je vais m’occuper du reste moi-même. Ce serait dommage qu’on nous surprenne alors que je suis à moitié à poil.

Il ricana mais il était bien d’accord : il avait besoin de repos. De son cher canapé et des ronronnements de son énorme chat. Il aurait bien voulu d’autres types de ronronnements mais… Il devait attendre d’avoir réglé ce problème de miroir maléfique aux messages subliminaux pour se risquer à inviter son amant chez lui.

— Bonne soirée…

Ce n’était pas plus qu’un souffle qu’il lança à Megan, la laissant partir en avant alors qu’il posait les yeux sur le lit. Remettant un peu d’ordre, il remit le rideau en place, et rangea les baumes et autres onguents. Il passa un moment dans son bureau, se rendant compte après une heure qu’il ne faisait que retarder l’inévitable. Il allait devoir remonter dans ses appartements. Songer que le Comte lui avait laissé une ‘petite lettre’ personnelle lui donnait froid dans le dos, sans parler de ce qu’il voyait dans les miroirs ces derniers temps.

Peut-être qu’il devenait fou ? Après tout, ce ne serait même pas étonnant.