“Le destin mêle les cartes et nous jouons.”

17/11/2015

HRP:

Le 21 février, vers 19h50.

Bien avant la guerre, bien avant même sa naissance, c’était inscrit. Les désirs d’alliance ne pouvaient attendre et devaient être scellés le plus tôt possible quand la pureté du lignage était en jeu. Ce fut ce pourquoi les deux familles de Sang Pur, Adelmar et Neige O’Hara, décidèrent que leurs héritiers respectifs devaient s’unir quand naquirent les deux petits sorciers de sexe opposé. Le contrat fut discuté, puis signé. Afin de le rendre inaltérable, des Serments inviolables furent exécutés. L’union des deux familles était entérinée, seule la mort des promettants pouvait libérer leur descendance. Enfin, quand ils l’avaient fait, ils pensaient sûrement que leurs enfants se soucieraient assez d’eux pour respecter leur engagement. Qu’en était-il à présent ? Une quinzaine d’années après ? Pour Isia, sa mère avait disparu et son père pouvait bien servir de composte pour les mandragores, elle n’avait plus que mépris pour cet homme.

Cependant.. Raphaël Neige avait anticipé ce changement dans ses plans et ne pouvait se résoudre à perdre la vie si sa fille ne respectait pas son propre engagement. Alors, dans la soirée qui déchaîna sa folie, lorsqu’il renia son propre sang, il passa un marché avec sa fille. Son frère, ce cracmol qu’il ne saurait voir, aurait la vie sauve à une condition : qu’elle accepte le mariage avec le prétendant qu’il lui proposerait. La mise en balance de la vie de son frère et le poids d'un mariage arrangé fut rapidement faite et elle accepta. Un Enchaîneur s'était présenté sous des traits dont elle n'avait plus le souvenir, le sourire en coin, pour être le témoin de l'acte. Il avait fait jaillir de sa baguette une chaîne de feu rougeâtre qui s’était enroulée, un peu plus à chacun de ses acquiescements, autour de sa main et de celle de son père. Le sort en était jeté, elle était prisonnière. Néanmoins, les années passant, elle avait oublié ce Serment, jusqu’à cette lettre.. reçue ce matin. Dans celle-ci, son père l’avertissait qu’une rencontre allait avoir lieu, le 21 février à 20h, au Moonlight Hôtel à Avalon. Elle y rencontrerait un jeune homme de Sang Pur, la caractéristique était soulignée, et que celui-ci serait le prétendant qu’elle avait jadis promis d’épouser.

Le souvenir de cette nuit la heurta avec une telle force que ses jambes cédèrent. Son corps glissa lentement contre le mur de la Tour Céleste alors que tout tournait autour d’elle. La rencontre avec le sol fut relativement douce puisqu’elle ne ressentait plus rien. Isia ferma les yeux. Son frère était en vie. Sa mère aussi, elle le savait au fond d’elle. Ce n’était pas si grave, un mariage arrangé. Elle ne serait pas la première ni la dernière à vivre cela. Même sans Serment inviolable, les autres ne pouvaient aller contre les obligations familiales. Non, décidément, sa situation n’était pas si extrême. Elle inspira, expira et jeta un coup d’oeil aux alentours. Personne n’avait été témoin de son malaise. Elle froissa alors la lettre paternelle et se releva.

❅ ❅ ❅

Le 21 février, quelques minutes avant l'heure de la rencontre, l’Écossaise pénétra dans sa chambre et choisit une tenue au hasard. Pour toute préparation, elle enfila sa robe, accentua le carmin de ses lèvres et souligna son regard d’un khôl noir. Avant de transplaner à Avalon, elle attrapa sa cape ainsi qu’une pochette contenant sa baguette et quelques gallions.

Tenue:

Avalon. Moonlight Hôtel. Que c’était saugrenu de forcer une rencontre de deux Sang Pur dans ce lieux, alors que les gazettes étaient claires sur le risque encouru. Son père n’était peut-être pas au courant, ce dont elle doutait fortement, ou était-ce encore une de ses manoeuvres. Mais, alors, dans quel but ? Si sa fille était blessée serait-il aux yeux de tous légitime à attaquer les moldus ? Isia resserra contre elle le tissu de son manteau, comme s’il pouvait être une protection. Sa baguette serait une bien meilleure alliée et, dans un geste de réflexe, elle caressa l’Aubépine. En pénétrant dans le lieux du rendez-vous, elle ne fit pas attention au décors de l’Hôtel et s’avança vers la réception en s’annonçant. On la conduisit alors à une table joliment décorée d’or et d’argent. Ce lieux respirait l’élégance et le raffinement tout autant que la richesse si bien qu’elle se fit la réflexion qu’un dragon y ferait sûrement son nid. Chauncey Edgar Adelmar, tu as mon destin entre tes mains.

Coup de poker. Après quelques mois sans la moindre nouvelle, Chauncey reçoit enfin une lettre de sa famille qui lui avait tourné le dos. Ils expliquent qu'avant même sa naissance, un accord avait été fait entre leur famille et celle des Neige O'Hara, afin qu'ils unissent leur sang par l'union du mariage. Chauncey refuse, il ne voyait aucune raison d'accepter ce que ses ainés lui imposent s'ils voulaient rompre tout lien avec lui. Cependant, ils maintenaient que s'il avait le moindre respect pour eux et s'il espérait faire honneur à son nom, il n'avait pas d'autre choix. L'espoir de convaincre sa famille est la dernière chose qui lui reste à miser, alors il accepte.

Les cartes avaient été mêlées par le destin et distribuées par leurs familles respectives. Chauncey se devait d'impressionner celle qu'il allait rencontrer. Il restait là, assis sur un des fauteuils du salon de thé d'Haveirson, parcourant du regard la lettre qu'il tenait entre ses doigts, sans réellement la relire. Il avait vérifié de nombreuses fois. Mais il n'y avait rien de plus. Il n'y avait pas un seul motif capable d'apporter une raison plus profonde que cette « union du sang » à cette décision. Les Adelmar étaient et restaient – même s'ils étaient perdus – des gens bien qui, de manière réfléchie, ne décidaient de rien avant de voir où leurs possibles entreprises pouvaient mener. Chawn supposait que c'était probablement pour donner davantage de renommées à leur nom, il se demandait si c'était pour la préservation de la nature de leur sang, apportant par le même moment une triste raison à leur ralliement aux mages noirs, ou peut être était-ce simplement pour leur fortune... Des milliers de possibilités étaient à envisager, mais elles ternissaient toutes l'image parfaite que Chauncey s'était fait de sa famille. Mais il comptait placer les bonnes mises pour découvrir la main qu'ils avaient.

21 février 1997

Son jeu s'organise peu à peu. Sa première carte lui est donnée. Le lieu de rencontre est déjà décidé à l'avance. Il ne peut rien y faire : il parle. Mais la seconde était celle qui lui permettait d'utiliser ses atouts moraux et vestimentaires. Les avantages qui s'offraient à lui pour la préparation de l'entrevue. Après une longue toilette, Chauncey enfila en tout d'abord la première pièce du costume de son choix : un pantalon uni de couleur noire, assorti à la veste qu'il allait porter un peu plus tard. Par dessus le débardeur qu'il avait déjà enfilé, le gentil homme enfila une chemise d'un blanc immaculé qui avait été parfaitement repassée quelques moments plus tôt. Devant son miroir, il peigna ses cheveux afin de les ramener vers l'arrière. Le choix de sa cravate fut moins évidente que celui de son costume. Mais comme l'exigeait le rendez-vous, il opta pour un nœud papillon noir et des chaussures vernies de même couleur. Chawn se parfuma avec un peu d'eau de cologne, replia les manches de sa chemise de sorte à ce qu'elle dépasse de quelques centimètres celles de son costume et s'observa dans le miroir. Avec un sourire satisfait, il ne put que relancer la mise de 50.

Tenue:

L'héritier des Adelmar prit son manteau et l'enfila avant de sortir. Il ferma les yeux, le monde tourna autour de lui, ses pensées se dirigèrent vers Avalon, vers le Moonlight Hotel, il y eut un craquement qui retentit autour de lui comme à chaque fois qu'il transplanait et lorsqu'il les rouvrit, il se retrouvait face au dit établissement. Bien sûr, les rues d'Avalon n'étaient plus aussi animées qu'auparavant, cela était dû aux tensions qui pesaient sur la zone. Mais le brun n'y pensait pas, il n'avait que le rendez-vous en tête et ne pouvait se permettre d'être distrait par les troubles politiques actuels. Le sorcier entra dans l'hôtel, enleva son manteau avant de le replier. Il se dirigea en direction de la réception et signala son nom pour la réservation qui fut faite. L'employé proposa de prendre son manteau et mena le jeune homme à sa table. Il lui proposa de commander, mais jugeant que c'était impoli de le faire avant l'arrivée de la jeune femme, il déclina la proposition poliment. Silencieux, il jouait nerveusement avec sa chevalière, tentant tant bien que mal de respecter la règle n°38 que son grand père lui avait enseigné : garder confiance en soi.

Lorsqu'il leva les yeux vers l'entrée pour guetter si son rendez-vous arrivait, il la vit : Isia Neige-O'Hara. C'est en la voyant qu'il comprit que, obnibulé par la volonté de reconquérir sa famille et de faire les choses bien, il n'avait jamais réellement essayé d'imaginer à quoi la demoiselle pouvait bien ressembler. Mais lorsqu'un employé la guida vers la table, lorsque Chauncey se leva pour l'accueillir, il se rendit compte que tout cela n'était peut être plus qu'une simple contrainte, et qu'il n'était pas forcément à plaindre dans cette histoire. Il s'agissait d'une jeune femme à la beauté peu commune. Des cheveux aux couleurs des flammes lui tombaient sur ses épaules, sa peau pale était couverte par une longue robe blanche fendue sur les côtés et elle avait des yeux bleus capables de transcender quiconque osait s'y perdre. Chawn lui offrit un sourire en la saluant :

« Bonsoir mademoiselle. » Il se présenta avant de s'incliner pour baiser sa main. « Chauncey Adelmar, pour vous servir. Si je puis me le permettre, vous êtes ravissante.» Il contourna la table afin de l'aider à s'installer, retirant sa chaise pour la rapprocher à nouveau de la table quelques secondes après. Avant de se rasseoir, il fit signe au serveur que maintenant, ils étaient prêts à passer leur première commande. Conscient que les premières minutes d'une rencontre pouvaient être les plus étranges, et sachant pertinamment que le meilleur moyen de commencer une discussion était d'aborder un sujet vague qui ne mettrait personne mal à l'aise, le gentleman dit en gardant son regard dans celui de la demoiselle assise face à lui : « J'espère que vous n'avez pas eu trop de mal pour trouver l'hôtel ? » Le sorcier relança cette fois sa mise de 100, mais était-elle prête à suivre son jeu ?

17/11/2015

Isia ne put retenir un sourire en voyant son partenaire de malchance. Il avait eu la bonne idée d’être en avance ce qui témoignait d’une parfaite éducation et d’un respect qui apaisa son coeur agité. Il ne souffrait également d’aucune disgrâce ou malformation, elle qui l’imaginait borgne ou bossu. Son visage ne lui était pas inconnu alors que sa voix l’était. Il dégageait un certain charme, peut-être même de la douceur et ne semblait pas irrité par leur situation. La chose était assez étrange pour être notée quelque part tant, de son côté, elle n’était venue que contrainte et forcée. Cependant, sur son visage, nulle trace de cet emprisonnement moral et magique, juste un masque de sérénité animé par un sourire léger.

« Bonsoir à vous mon très cher serviteur » dit-elle en lui tendant sa main, les yeux pétillant de malice. « Je note dès à présent que vous êtes sensible aux teintes opposées. » Ses manières étaient agréables ce qui lui rappela son monde avec une certaine nostalgie. Cela faisait bien longtemps qu’elle n’avait plus partagé la soirée d’un gentilhomme. « Je gage que mon identité ne vous est pas secrète. Afin d’apaiser des doutes qui pourraient être persistants, je suis bien évidemment votre partenaire de soirée, Mademoiselle Isia Neige O’Hara. » Elle hésita sur l’un de ses noms, celui de Neige, qu’elle finissait de haïr profondément.

Ses mains, jointes, se posèrent sur le rebord de la table. Ni cachées, ni posées négligemment sur la nappe, elles étaient parfaitement à la place qui leur été désignée. Comme elle. Comme cet autre Sang Pur. Par conformisme ou envie de paraitre plaisant, il lança la conversation sur le lieu. Elle en fut déçue. « Non, aucun. J’ai néanmoins du mal à comprendre ce pourquoi nous sommes ici. » Elle laissa s’installer un silence dans lequel se multipliaient les questions. « Avec le climat actuel. N’avez-vous pas lu les gazettes ? Il semblerait que nous soyons obligés de nous terrer dans nos demeures respectives. Or, nous, nous sommes convoqués ici, au sein même d’un Village ayant subi une attaque il y a peu. Je vous l’avoue, Chauncey, que cette rencontre me trouble et me fait me questionner. » Elle allait paraitre volubile, écervelée peut-être, au-dela de toute décence mais elle n'en avait cure, elle préférait se doter des habits de provocatrice que de suivre mollement le cours des convenances.

Fallait-il jouer cartes sur table ou plutôt poser des questions sibyllines et attendre les réponses par énigme ? De la réponse de son vis-à-vis dépendra le reste de la soirée. Quoi qu’elle fasse, Isia était liée à cet homme, sauf si elle trouvait le moyen de passer outre le Serment. Pour le moment, elle n’avait d’autres solutions que de laisser les choses en l’état.

Suite au signe, un serveur s’avança et tendit les menus à la couverture de cuir aux deux clients en commençant par l'Écossaise. Inutile de tergiverser, tout ce qui était servi ici était excellent. Le diable se prélassait néanmoins dans les détails.. plus particulièrement dans le menu de Chauncey, qui, lui seul, avait les prix des différents plats. Selon toute probabilité, pour les employés de l’hôtel, il serait celui qui allait régaler. « Souhaiteriez-vous divertir vos papilles avant de les ravir de nos différents mets ? La maison dispose d’un délicieux vin blanc pétillant. A chacune de ses bulles, vous découvrirez une nouvelle saveur. » les interrogea le serveur. Isia accepta bien volontiers la proposition tant par son sourire renouvelé que par une politesse à l’attention du serveur. « Monsieur, vous trouverez la carte de nos cocktails et vins plus traditionnels à l’intérieur de notre carte. »

« Bonsoir à vous mon très cher serviteur. Je note dès à présent que vous êtes sensible aux teintes opposées. Je gage que mon identité ne vous est pas secrète. Afin d’apaiser des doutes qui pourraient être persistants, je suis bien évidemment votre partenaire de soirée, Mademoiselle Isia Neige O’Hara. »

Par la main qu'elle avait tendue, l'aisance avec laquelle la demoiselle s'était exprimé, miss Neige O'Hara prouva qu'elle était indéniablement issue du milieu dans lequel le jeune Adelmar avait été élevé. Cependant, dans la présentation qu'elle eut faite, le moment où elle prononça la première partie de son nom de famille éveilla la curiosité du gentleman. Il s'agissait d'un simple détail dans la voix de la demoiselle, un détail qui aurait pu passer inaperçu aux oreilles de tout le monde, mais Chauncey avait depuis la plus tendre enfance accordé une importance plutôt étrange à la manière dont les personnes s'exprimaient oralement. Pensant que tout comme la baguette, la voix était un outil remarquable. Bien qu'intrigué, il garda le même sourire charmeur et impassible qu'il avait jusqu'à présent.

« J’ai néanmoins du mal à comprendre ce pourquoi nous sommes ici. »

Contrairement à lui, les personnes qui avaient précipité leur rencontre, leurs propres parents, ne semblaient pas avoir pris la peine d'expliquer à la lady les enjeux de cette soirée. Ce qui décontenança un court moment l'Adelmar. Cette soirée pour lui n'était qu'un simple pas vers l'acceptation de sa famille et leur possible retour à la raison, c'est pour cela qu'il s'y donnait à fond... Peut être avait-il tord de continuer à être comme un petit chien à leur volonté, mais il n'avait pas réellement d'autres choix. De toute manière, ça n'était pas comme si la compagnie qui lui fut imposée lui était désagréable... mais justement, elle alors ? Que savait-elle exactement ?

« Avec le climat actuel. N’avez-vous pas lu les gazettes ? Il semblerait que nous soyons obligés de nous terrer dans nos demeures respectives. Or, nous, nous sommes convoqués ici, au sein même d’un Village ayant subi une attaque il y a peu. Je vous l’avoue, Chauncey, que cette rencontre me trouble et me fait me questionner. »

En effet, il s'agissait là d'un tout autre problème. Un problème qu'il avait essayé d'ignorer jusqu'à présent. Mais étant donné qu'elle avait décidé d'aborder ce sujet, le jeune homme n'avait d'autres solutions que de l'accepter et de la suivre sur celui-ci.

« Hélas, je suis malheureusement bien au courant des différentes tensions qui régissent dans ces quartiers. J'ai entendu dire que cela avait été abominable. » Deux secondes, Chawn baisse le regard vers son assiette, les relève et continue. « Tout comme vous, je ne parviens pas à comprendre les motivations de nos géniteurs pour nous réunir en ce territoire si dangereux. C'était comme s'ils cherchaient à faire passer un message...»

Il y eut un blanc où Chawn se mit à comprendre. En effet, les Adelmar avaient décidé de lui faire passer subtilement un message. Pour le saisir, il fallait être au courant des différents événements qui eurent lieux quelques jours plutôt sur l'île d'Avalon : un groupe de moldus masqués ont décidé d'ouvrir le feu sur les sorciers des environ. Ils voulaient montrer à leur fils l'horreur dont les moldus étaient capables. Ils voulaient le ramener à leur cause, celle des Mages Noirs. Il eut un petit rire. C'était intelligent de leur part. Sans même hésiter, il décida d'en parler avec la demoiselle dont le visage semblait de plus en plus familier. Pourquoi donc ? Il s'agissait de quelque chose de personnel non ? Pas pour Chauncey. Ils avaient choisi leur camp, il avait choisi le sien, et il l'assumait pleinement.

« Je crois qu'ils se jouent tout simplement de nous. Je viens de comprendre le message que l'on a voulu me passer. » Le brun eut une petite grimace qui témoignait de son soudain manque d'aisance. Il regarda Isia directement dans les yeux d'un air sérieux, tout en gardant cependant un petit sourire en coin. D'une voix calme il dit : « Je sais qu'il ne s'agit pas du meilleur sujet de conversation pour un premier rendez-vous, mais il se trouve que mes parents ont des opinions plus que douteuses en matière de politique ces derniers-temps, si vous voyez ce que je veux dire, des opinions que je ne partage pas et je juge nécessaire d'être franc avec vous. Je suppose qu'en convenant d'un rendez-vous ayant lieu ici-même, peut-être y voyait-il un moyen de faire d'une pierre, deux coups : avoir la possibilité de nous engager et de me ramener à leur cause. Mais une chose est sûre : ils avaient tord... du moins, pour la deuxième partie en tout cas. »

La demoiselle n'avait pas encore réagit à ses mots lorsque le serveur appelé par le gentleman arriva auprès d'eux. Il s'avança avec un sourire poli sur le visage et passa aux deux clients les menus où étaient répertoriés les différentes boissons du restaurant, pensant bien évidemment à confier le menu où figuraient les prix à Chauncey, comme le veut la politique des restaurants de leur renommée. « Souhaiteriez-vous divertir vos papilles avant de les ravir de nos différents mets ? La maison dispose d’un délicieux vin blanc pétillant. A chacune de ses bulles, vous découvrirez une nouvelle saveur. » avait-il dit. Victime de cette description des plus tentantes, elle accepta sa proposition d'un magnifique sourire. Le serveur s'adressa alors à l'Adelmar en lui disant : « Monsieur, vous trouverez la carte de nos cocktails et vins plus traditionnels à l’intérieur de notre carte. » Il n'avait nul besoin d'ouvrir la carte. Tout comme Isia, le vin blanc dont l'homme avait fait l'éloge le tentait grandement, bien que généralement il préférait de loin les vins rouges. Mais, qu'avait-il de mal dans le changement? Il remercia puis congédia le serveur. Leur discussion pouvait reprendre.

Résolution 2016, ne plus prendre une semaine pour répondre à tes RPs. Je te souhaite un bon réveillon et le meilleur pour cette nouvelle année ma belle.

17/11/2015

Le serveur acquiesça et s’éclipsa avec les premières commandes, non sans égrener différents sourires a la clientèle. Il laissa la carte des vins à l’homme, s’il souhaitait choisir les boissons qui accompagneraient les différents plats. Vins rouges ? Vins blancs ? Certains étaient magiques, d’autres de provenance bien moldue, Française de surcroit. Quant aux entrées, plats et desserts, eux aussi disposaient de cette double identité. Se mêlaient ainsi poissons, volailles et viandes des deux mondes pour plaire au plus grand nombre. Certaines recettes, purement moldues, étaient très appréciées par les sorciers, comme s’il s’agissait de quelques plats exotiques. Isia lisait les différentes possibilités distraitement en se demandant comment elle devait réagir aux derniers propos de son vis-à-vis.

« Plus que douteuses, dites-vous ? » Les sourcils froncés, elle lui lançait un regard de biais, interrogateur. « Leur cause ? Quelle est-elle ? » le questionna-t-elle, en faisant exprès de laisser le doute planer durant de longues minutes. Elle voulait voir ses réactions pour découvrir la vérité. « Ainsi donc, vous n’êtes pas partisan de la protection du monde sorcier contre les attaques moldues ? » L’Écossaise délaissa totalement la carte pour planter ses iris d’acier sur Chauncey et écouter sa réponse.

Une fugitive seconde, elle parut surprise, avant de froncer les sourcils. « Ne pensez-vous pas que notre engagement soit également lié à leur cause ? Êtes-vous heureux de vous unir avec la fille d’un mangemort ? » Elle l’avait dit tout haut mais son ton de voix était assez modulé pour n’atteindre qu’une seule cible, celle de son choix, qui se trouvait être l’héritier des Adelmar et lui seulement. Par un tel mariage, il s’obligeait à embrasser une certaine cause, forcément. Evidemment, épouser la fille ne signifiait pas toujours être complice de la philosophie du père, mais il y avait des risques, surtout dans l’aristocratie, les héritiers ne s'opposant que rarement aux souhaites des ancêtres.

Sur cette question subversive, le serveur déposa en face deux leur commande et les questionna sur la suite. Il porta à leur attention la qualité du plat servi pour ce jour, un poisson d’origine magique servi avec ses petits légumes croquants. Il se trouvait que c’était la spécialité du chef et que c’était particulièrement succulent, aux dires de l’employé. Isia se fia à sa connaissance et commanda ce plat avec un sourire de circonstance. Il restait à Chauncey d’annoncer son choix.

Quand ce sera fait et qu’ils redeviendront seuls, il sera le destinataire d’une dernière question et de ses conséquences. « Qu’attendez-vous de tout cela ? De cette union, de moi ? » Le dernier mot fut ajouté avec quelques secondes de décalage.

HRP:

Les sourcils froncés, le regard sérieux, Isia observait attentivement celui qui l'accompagnait en ce rendez-vous tandis qu'elle lui posait toutes les questions qui lui venait en tête. Lorsqu'elle lui demanda qu'étaient les motivations que l'Adelmar avait qualifié de « douteuses », Chauncey dut lui répondre que depuis la montée en puissance du mouvement des Sangs-Purs, sa famille s'était mise à croire en la suprématie de leur sang, ce qu'il ne cautionnait pas. Il pensait que c'était largement suffisant, il n'avait pas envie de d'en dire plus. Il ne voulait pas dire que c'était aussi un choix stratégique afin de se réfugier avec les « plus forts ». Non, celle-ci souillait assez bien leur image sans lui pour qu'il en rajoute une couche en les faisant paraître pour ses faibles. Elle lui posa une autre question quant à ce qu'il pensait des différents événements qui se produisaient. Le phénix expliqua, ses yeux figés dans ceux de la demoiselle :

« Ce n'est pas que je suis contre la protection du monde magique, je suis parfaitement conscient des différentes atrocités dont a été affligé notre peuple par le passé... Je veux simplement que nos deux peuples retrouvent la paix, peut être par un second traité.» Il eut un rire nerveux. « Oui je sais c'est naïf, et surtout insensé vu comment les moldus ont agis récemment mais... Ils ne sont pas si différents que nous : seuls les radicaux représentent une réelle menace. »

Chauncey lut de l'étonnement sur le visage d'Isia avant que celle-ci ne lui réponde. Elle lui demanda son opinion quant aux possibles motivations politiques qui se cachaient derrière leur engagement. Et, le plus naturellement du monde, elle révéla à l'ancien Serdaigle que son potentiel beau-père était un Mangemort. L'Adelmar n'a su dissimuler la surprise de son visage. Il n'avait pas vu le coup venir et si ses parents étaient au courant de cela, ça ne pouvait confirmer les soupçons qu'il avait jusqu'à présent. La seconde question résonnait dans sa tête tandis que le garçon apportait à leur table ce qu'ils avaient commandé précédemment. C'était juste assez de temps pour qu'il puisse se ressaisir. Le serveur incita les deux clients à choisir le menu du jour, mais Chauncey n'était pas friand de poisson. C'est pourquoi il opta pour le filet mignon de dirico à la moutarde. Il remercia le serveur avant qu'il s'en aille. Le galant homme lança un petit compliment afin de rebondir sur la discussion que lui et miss Neige-O'Hara.

« Je suis heureux de voir que votre beauté n'est pas la seule chose à vous rendre dangereuse. » Il lui offrit un sourire franc. « Plus sérieusement, ça ne me rendrait pas spécialement heureux mais, quand bien même j'aurais à m'unir à la fille d'un Mangemort , je me marierais avec elle, et non son père. Vous m'avez l'air intelligente, je suis persuadé que vous n'avez besoin de personne pour vous dire comment penser. »

Tout en prononçant ces mots, il prenait un ton qui impliquait que tous deux savaient de quoi il parlait. Il avait l'impression de commencer à comprendre la personne qui était en face de lui. Bien sûr, il n'était pas assez stupide pour croire qu'elle n'avait plus aucun secret pour lui, mais il pensait qu'il était sur la bonne voie pour découvrir qui elle était. C'est pourquoi après avoir terminé sa phrase, il eut un sourire séducteur. Le phénix était cependant loin d'imaginer qu'elle lui demanderait ce que lui attendait de cet engagement et d'elle. Son sourire s'effaça, il prit à nouveau un air plus sérieux.

« Je ne sais pas à quoi m'attendre. Je sais simplement que je suis prêt à tout pour que ma famille – ou plus précisément mon père, retrouve la raison. Je sais qu'ils n'étaient pas comme ça avant. Et si cette union peut contribuer à cela... je suis prêt à vous épouser s'il le faut... » Il continua un peu après : « Et vous ? Qu'attendez-vous de cette union ? »