Suis-moi, je te fuis. | Jeremiah

Je suis fatiguée. Je ne sais pas si c'est d'avoir trop réfléchi ou trop vécu de choses en si peu de temps, mais mon être tout entier n'en peut plus. Il réclame repos et tranquillité. J'avais perdu deux kilos en deux semaines, c'était beaucoup trop. Il fallait que je m'éloigne un minimum de mes magouilles, de mon semblant d'être. Redevenir la folle que j'étais, laisser échapper quelques rires mal placés, mal intentionnés. Je tremble de la tête au pied, tout ce que je veux c'est me retrouver seule pendant une bonne dizaine de minutes, je ne demande rien de plus.
Le diner était terminé et je ne voulais pas aller directement dans ma salle commune, y entendre le brouhaha des élèves et peut-être croiser des gens dont la présence ne me plaisait pas particulièrement. J'ai beau adoré ma maison, j'avais du mal avec le comportement de certains, se sentant tous plus hauts, plus forts que tout le monde. Alors que non, personne ne me surpasse.

Je prends les escaliers qui mène au troisième étage suivie par les serdaigles et gryffondors qui me regardent, comme si je sortais d'un asile. J'ai entendu chuchoter. « Oh t'as maison c'est pas par là, le serpent. » mais pour une fois, je n'ai pas réagi. Arrivée au troisième étage, je bifurque et le couloir devient tout à coup très silencieux.
Ça me rappelle le couloir qui mène aux toilettes de Mimi. Si je n'avais pas, un jour, surpris deux gryffondors, je m'y réfugierai encore. Mais depuis que Saint Potter et sa fine équipe avait dévoilé le caractère espiègle de la jeune fantôme, j'étais dérangée dans mes méditations.

Alors mon nouveau lieu de prédilection, la galerie des armures. Oh, je sais à quel point cette pièce est redoutée et combien les élèves la fuit. Ça m'arrange, j'ai justement besoin de solitude. Pourtant j'entends ses pas derrière moi, pas véritablement discret. Je lisse ma jupe d'uniforme avant de tourner à gauche et de pousser les portes de la grande salle. Les armures sont implacables, elles bougent... Ce n'est absolument pas rassurant. Mais qu'est-ce qui peut m'effrayer, moi, la fille qui veut tuer tout le monde? Je ris en arrivant devant la salle et je ferme qu'à moitié la porte, car il est là. Je le sens, je pense même savoir qui m'a suivie. Je suis à la fois ravie et assez angoissée à l'idée de me retrouver nez-à-nez avec lui, alors j'espère seulement que je me trompe. Mais, encore une fois, moi, me tromper ? C'est encore une blague, et de mauvais goût.

« C'est magnifique, comme c'était écrit dans les livres. Tu seras mon lieu de méditation et de libération. »

J'avance d'un pas, je sais qu'elle s'anime seulement si tu passes devant elle. Alors j'attends un moment avant de me décider, je m'assoie en tailleurs juste avant les deux premières armures qui se regardent dans le trou noir de leurs armures. Elles sont imposantes, impressionnantes, reposantes... La porte grince doucement dans mon dos et mon sourire s'étire alors. Je ne me retourne pas mais je parle fort.

« On m'espionne ? »