[Médicomagie Spé] Prévenir avant de Guérir

Le cours avait encore filé comme une flèche. Le professeur Fitzsimmons était peut-être un bon urgentiste, mais il gérait bien mal son temps pour quelqu’un dont le métier était désormais l’enseignement. Il aurait voulu faire plus de choses, discuter davantage, mais force était de constater que la montre jouait toujours contre lui. Il annonça même avec un peu de retard sur son planning que le cours touchait à sa fin, ce qui eut l’air de perturber certains de ses spécialistes. Mia, notamment, qui lui donna l’air d’être un peu désarçonnée par le désintérêt apparent de son professeur pour la phase de soin à proprement parler.

— C’est une bonne question, mais en réalité, elle n’entre pas dans le cadre de ce cours. Vos idées étaient bonnes, c’est juste que vous aviez tendance à oublier qu’il faut d’abord calmer le pauvre avant d’essayer de le guérir. Mais…

Le guérisseur sourit doucement, n’aimant pas laisser une question sans réponse, surtout quand il l’avait.

— Il y a de fortes chances pour que sa blessure soit due à une potion. Après l’avoir anesthésié, il faut retirer le maximum de la substance corrosive avec un linge non-fibreux ou une peau, stabiliser la plaie avec un onguent comme l’Absorburn et utiliser ensuite des sorts et des potions de repousse-chair et prescrire de la rééducation. Et un suivi psychologique aussi. Cela dit, il y a des potions corrosives contre lesquelles on ne peut rien si ce n’est d’en retirer le maximum et attendre qu’elles cessent de faire effet. J’espère que ça répond à votre question.

Se tournant vers le reste de ses spécialistes, le professeur Fitzsimmons s’assura qu’il n’y avait pas d’autres questions avant de les saluer. Les regardant passer devant lui, il soupira longuement, jeta un œil au Docteur qui s’était levé et sorti à leur suite, fermant la porte derrière eux.

HRP:

Mia flanqua à léger coup dans les côtes de son colocataire qui semblait bien trop amusé par la situation et le sort de l’abraxane. Elle était victime d’un sortilège ou quelque chose et elle ne pouvait s’en dépêtrer. Voyant le sourire goguenard greffé sur le visage d’Anton l’étudiante se laissa penser durant quelques instants qu’il était peut-être l’initiateur de cette petite farce. Puis son attention se reporta sur le professeur… Non si l’abraxan l’avait soumise à un tel sort il n’aurait sûrement pas choisi un cours du Professeur Fitzsimmons étant donné qu’il ne le portait pas spécialement dans son cœur et cela ne devait d’ailleurs pas l’enchanter de la voir lui jeter des fleurs et des compliments.

L’étudiante écouta la réponse du professeur et prit des notes sur les suggestions de soins qu’il faisait. Sa plume glissait sur le parchemin au même rythme que les paroles du médicomage. Au fur et à mesure qu’elle écrivait elle tentait de s’imaginer face à ce patient en train de lui prodiguer les précautions nécessaires : elle espérait que dans une situation pareille elle n’aurait pas perdu connaissance et qu’elle n’aurait pas paniqué. Il faut dire qu’elle n’était pas du tout habituée à ce type de blessures encore et comptait bien remédier à cela rapidement. Mia ne demandait qu’à pratiquer ou du moins assister à ce genre d’opération durant ses stages.
L’étudiante hocha la tête à l’affirmative lorsque le médicomage lui demanda s’il avait bien répondu à sa question, elle se refusa à tout commentaire oral de peur de lâcher de nouveaux flots de louanges. Le cours touchait à sa fin. Les autres élèves ne posèrent aucune question leur professeur leur indiqua donc qu’ils pouvaient désormais partir : «  Allez Anton, tu as beau avoir un pull canon aujourd’hui, ce n’est plus l’heure d’user tes jolies fesses sur ce banc ! On s’en va ! » Et voilà encore des compliments à la pelle, décidément la journée allait être longue...

La jeune femme rassembla ses affaires dans son sac, noua son écharpe autour de son cou et après avoir enfilé son manteau elle se laissa glisser le long de la rangée de l’amphithéâtre où elle s’était assise. Elle salua le professeur lorsqu’elle arriva à la hauteur de son bureau puis quitta la salle.