MYSTÈRE ET MALADRESSE [Drago malefoy]

Mise en contexte : Depuis son arrivée au château, Grace n'avait cessé de faire des recherches pour retrouver son père, elle s'était retrouvé dans un nombre incroyable de situation dangereuse juste parce que attirer le danger allait peut-être le ramener. Elle rêvait du jour où elle le confronterait enfin, lui demandant pourquoi était-il soudainement passer du côté obscur pour rejoindre les fidèles de Voldemort.)

Ce soir, c'était une des fréquentes nuits où elle n'arrivait pas à dormir, mais bon... les grands penseurs sont toujours de mauvais dormeurs n'est ce pas ? Il était tard, très tard, peut-être un peu trop pour s'aventurer à l'extérieur du château, mais elle avait besoin de cette aire frais pour faire le vide. Trop préoccupée, elle en oublia sa baguette à l'intérieur du dortoir et ce n'est qu'à l'extérieur qu'elle y repensa. Les choses étaient tranquilles ces temps-ci au château, tout le monde était dans un état paisible, cela faisait longtemps (dans notre monde) qu'un peu d'action avait bousculé la routine des élèves. L'oubli de sa baguette ne la dérangeait pas vraiment et de toute manière, elle avait les mains pleines de bouquins. Grace avait loué un tas de livres hier à la bibliothèque, tous de vieux livres de l'époque de Tom Jedusor. Elle espérait y trouver des pistes.

Elle s'installa donc confortablement, perché au pied d'un arbre avec une vue sur le lac, ou du moins, ce qu'elle réussissait à voir vue la noirceur. Parfois, elle y apercevait quelques lueurs... des reflets de la lune, probablement. Le temps était doux à l'extérieur, il y avait ce petit vent frais, mais pas assez pour faire tourner les pages volantes de son bouquin. Elle n'avait jamais compris l'intérêt de lire jusqu'à aujourd'hui, n'étant pas très intellectuelle. Grace préférait la pratique, elle ne comprenait pas les gens qui passaient leur temps dans des livres à lire des procédures sans jamais ne les appliquer.

"Je perds mon temps..." se mit-elle à penser à voix haute.

C'est alors qu'elle entendue un bruit de pas, provenant de quelques mètres plus loin. Mais qui donc pouvait être à l'extérieur à cette heure-ci? normalement elle était seule...et les préfets ne faisaient pas de ronde dans ce coin spécifique. Grace se releva, en prenant soin de secouer sa tenue de nuit qui était toute poussiéreuse par faute du sol. Elle laissa ses bouquins ennuyeux par terre et se mit corps contre l'arbre afin d'être caché complètement. Elle tentait quelquefois d'apercevoir quelque chose... sans résultat. Sa subtilité fut gâchée lorsqu'elle déposa son pied au mauvais endroit, la terre s'effondra sous ses pieds et ce n'est qu'une minuscule branche de l'arbre qui la retenait de ne pas tomber dans le précipice. On entendit quelques pierres tombées dans l'eau tout en bas. La jeune fille était accrocher à cette branche les pieds dans le vide en se disant qu'elle aurait dû choisir sa baguette plutôt que ces stupides livres, du moins, c'est ce qui l'aurait sauvé de ce pétrin.

Elle ne voulait pas crier à l'aide, d'un coup que les pas qu'elle avait entendus étaient ceux d'une personne... mieux valait rester silencieuse, attendre que ces pas s'éloignent et tenter ensuite de retrouver la terre ferme. Pourvu que cette satanée branche tienne le coup, elle ne savait pas nager pour pimenter le tout.

Spoiler:

Drago avait passé une sale journée. Entre les cours, et son envie de juste voler qui avait été compromise par l’apparition inopinée de la stagiaire infirmière… Il voulait juste être tranquille. Il avait mangé et passé la soirée avec ses amis, comme d’habitude, mais comme d’hab aussi, le sommeil ne l’avait pas trouvé. Las de se tourner sans cesse dans son lit, il se releva et décida de faire un tour dans le château.

Où exactement ? Il n’en avait pas la moindre idée. Il laissa ses pas l’égarer dans Poudlard, marchant silencieusement mais sans but, tournant au hasard des couloirs. Dans ces heures désertes, il avait l’impression que le château lui appartenait et cette sensation était grisante. Soudain, il respirait plus librement, plus profondément, et il se surpris même à sourire. Il alla jusque dans les extérieurs du château, évitant les abords de la Forêt Interdite pour aller plutôt du côté du lac. Des mélodies fredonnées par Yvain lui revenaient en tête. Des mélodies moldues, mais franchement, qu’est-ce qu’on s’en foutait ! Il n’y avait personne pour être témoin de cet air niais qui prenait possession de Drago. Personne pour venir lui chercher des crasses. Tout n’allait pas bien dans sa vie — rien n’allait même — mais à cet instant précis, il refusait d’y penser. Il avait juste envie de se vide l’esprit, ce qu’il estimait avoir réussi à faire…

Jusqu’à ce qu’il n’aperçoive une silhouette près du lac. Elle se cacha derrière un arbre, mais il l’avait bien vue et se dirigeait déjà vers elle. Il la vit alors trébucher et se raccrocher à une branche, suspendue au-dessus de l’eau noire dans laquelle il ne valait mieux pas tomber, qu’on sache nager ou pas. Se précipitant vers la silhouette, Drago sortit sa baguette et lança un Wingardium Leviosa pour la ramener sur la terre ferme.

Il ne se rendit compte que lorsqu’elle était tout près qu’il s’agissait de Grace Avery. Il ne la connaissait que de vue, à cause des cours. Tous les deux étaient en sixième année, mais à part ça… Il ne lui avait jamais vraiment parlé. Pas que Drago soit complètement nul avec les filles, mais il n’avait pas trop l’habitude de draguer chez les Poufsouffle.

— Ça va ? Qu’est-ce que tu fais là ? À cette heure-ci ?

Oh, elle pourrait lui renvoyer la question, il pourrait toujours répondre qu’il était préfet et qu’il faisait ce qu’il voulait. Mais de toute façon, Drago avait la sensation qu’elle ne le ferait pas. Pas maintenant qu’il lui avait sauvé les miches, non ? Pour la peine, il lui lança un petit sourire.

Malgré ses efforts interminables de rester immobile, la silhouette se dirigeait vers elle et Grace ne put s'empêcher d'imaginer le pire. Il faisait noir, et dans la pénombre de la nuit, elle aperçut un semblant de visage ainsi qu'un mouvement de baguette magique. Elle flottait littéralement dans les airs avant de sentir ses pieds contre le sol, bon sang qu'il lui avait manqué ce sol. C'est à ce moment qu'elle put apercevoir le visage du garçon qui se trouvait face à elle, c'était Drago. Elle l'avait vue de même dans ses cours, mais jamais elle n'avait osé lui adresser la parole, non pas à cause de sa réputation, non pas à cause qu'il l'effrayait, en fait, il lui semblait familier et elle ne comprenait pourquoi. Depuis qu'elle avait entendu les rumeurs à son sujet, comme quoi il était supposément Mangemort, fils de Lucius, elle se dit depuis ce jour qu'il connaissait surement une panoplie de réponses à ses questions. Des questions qu'elle n'osait pas elle-même poser de peur d'en apprendre la dure vérité.

Il lui demanda alors ce qu'elle faisait debout à cette heure. Et après un moment à le regarder sans répondre, elle se dit qu'il était surement temps de répondre quelque chose avant de passer pour une folle à lier.

"Je...Merci...de m'avoir sauvé"

Grace détestait ce mot, "sauvé" lui avait toujours semblé si vulnérable, elle ne put s'empêcher de répondre à son sourire, enfin quoi, pour détendre l'atmosphère de stresse qui s'était glissé. Elle remarqua ensuite les livres, qu'elle avait laissés trainer depuis sa petite chute et se dépêcha de les ramasser et les remettre dans son sac avant qu'il ne puisse en distinguer les couvertures. De toute façon, si déjà il les avais remarquées, elle s'était préparé mentalement à lui inventer des bêtises. Le jeune homme avait l'aire également épuisé, les cernes sous ces yeux montraient qu'il n'avait pas eu de bonnes nuits de sommeil depuis un moment, peut-être étaient-ils dans le même bateau?

"Hm...J'avais simplement besoin d'air!"

Pourquoi passer par mille chemins, c'était la vérité et en étant honnête, il n'allait surement pas argumenter ce fait. Grace passa sa main dans ses cheveux longs ondulés, signe qu'elle était mal à l'aise. Il y avait une petite tention dans l'aire et elle en oublia ses manières. Elle tendu donc la main pour se rattraper afin de faire les présentations officielles.

"Je suis Grace Avery, enchanté."

C'était la première fois depuis des années qu'elle se présentait à lui et franchement, elle l'avait peut-être jugé trop vite. Il n'était pas du tout comme elle se souvenait. Ses amies ne cessaient de lui dire qu'il était mal de fréquenter des Serpentards dans cette école donc Grace tachait de ne pas en croiser sur son chemin sans pour autant ne savoir pourquoi. Elles lui répétait sans cesse qu'ils n'étaient pas dignes de confiance et qu'ils manipulaient les gens pour en venir à leurs fins. Grace s'en contrefichait, malgré elle, elle avait toujours réussi à voir le bon côté des gens plutôt que leurs mauvais côtés, c'est ce que sa mère lui avait apprise et qu'elle s'était juré de s'efforcer de faire.

De l’avoir sauvée ? Rien que ça ? Drago n’était pas habitué aux remerciements, encore moins de ce genre là. Il bugua un moment, regardant Grace sans vraiment saisir l’ampleur de ses mots. Puis, son sourire s’élargit. Peut-être qu’elle ne viendrait pas l’emmerder elle, pas maintenant qu’il l’avait descendue de sa branche.

— C’est rien.

Il ne savait pas quoi répondre d’autre, même s’il était persuadé que si les places avaient été échangées, personne n’aurait levé le pouce pour le sortir de là. Sauf peut-être Yvain. Ou Harmony, mais ça n’aurait pas été par bonté d’âme. Même Blaise, il n’en était pas sûr. Alycia, peut-être. Mais là aussi, Drago n’aurait pas pu s’empêcher de se demander si elle n’avait pas d’arrière-pensées. C’était si facile de devenir parano quand tous ses amis étaient du genre calculateur…

Mais il ne s’agissait pas de lui. Posant ses yeux sur sa camarade de classe — bien que venant d’une autre maison — il s’écarta du bord de la falaise, comme pour l’inciter à le rejoindre. Plus elle serait loin du lac, mieux ce serait, non ? Ce serait sacrément con qu’elle retombe.

À la question très attendue du ‘qu’est-ce que tu fous là ?’, Grace répondit si franchement et si vaguement que Drago ne pouvait pas lui en vouloir. Besoin d’air, hein ? Il pouvait comprendre. En fait, il était peut-être celui qui comprenait le mieux ce besoin. Il hocha la tête en gardant son petit sourire en coin, tout sauf joyeux.

Et enfin, elle se présenta. C’était un peu inutile, vu qu’ils se côtoyaient de loin depuis six ans, mais ce simple réflexe de politesse rassura aussi Drago. Même si ce nom de famille ne lui plaisait pas vraiment, il lui serra la main. Elle avait eu au moins le mérite de ne pas lui sauter à la gorge.

— Drago Malefoy, mais tu dois déjà le savoir…

C’était étrange. Faire connaissance avec quelqu’un qu’on voyait de loin depuis des années, avec un nom de famille honorable mais déshonoré — comme le sien, soit dit en passant — mais qu’on avait soigneusement évité juste parce que ce n’était pas la ‘bonne’ maison… Les événements récents avaient bousculé pas mal de choses dans la tête de Drago, et il considérait presque l’écusson sur leur uniforme comme quelque chose de désespérément trivial. Inutile.

— Tu sais que t’as pas le droit de te balader comme ça en pleine nuit…?

Bien évidemment qu’elle le savait. Elle n’était sûrement pas idiote à ce point-là ! Mais la fatigue de Drago gagnait tout, envahissait ses sens et le rendait plus… souple.

— Je suis préfet mais je vais fermer les yeux pour cette fois.

Si seulement il pouvait aussi les fermer pour dormir…!

Les minutes avançaient, Grace en oubliait peu à peu la raison de sa venue ici, cela ne lui faisait pas de mal de discuter. Bon bien sur, discuté était un grand mot car elle n'allait certainement pas commencer à se confier comme un livre ouvert, elle ne voulait pas non plus l'effrayer! Drago recula et un instant elle crut qu'il partait mais en fait, il ne faisait que s'éloigner du précipice dans lequel elle ne voulait pas retomber, donc elle le suivit.

Le jeune garçon avait l'air surpris des remerciements, peut-être n'en avait-il pas eu souvent dans sa vie? Si c'était le cas, c'était surement une autre des choses qu'elle ne comprenait pas de la maison de Serpentard : La reconnaissance. Il compléta ce silence d'étonnement en lui disant qu'elle n'avait pas le droit de se balader ainsi, Grace détourna le regard, elle ne voulait pas en rajouter et se mettre davantage dans le pétrin. Elle lui avait dit la vérité et elle était prête à en assumer les conséquences, mais Drago lui dit alors qu'il allait fermer les yeux pour - cette fois. Il ne devait pas y en avoir souvent, de telles exceptions. Elle hésita à le remercier une fois de plus, mais elle ne voulait pas étirer ce malaise vu la façon dont il avait réagi la première fois.

- Je tacherai de ne plus recommencer, c'est promis.

C'est promis ? Promis comme dans une promesse qu'elle venait de lui faire ? elle se sentait comme une enfant, qui venait de faire une bêtise et dont le père qu'elle n'a jamais eu lui faisait un serment. Bref, cela n'avait pas d'importance. Elle avait soudainement envie d'en apprendre davantage sur lui, il était définitivement une boîte à surprise ce Drago, rempli de mystère.

Cette nuit-là, le ciel était magnifique, impossible de compter les étoiles, il y en avait beaucoup trop. Elle aperçut un siège non loin d'où les jeunes étaient placés et l'invita d'un hochement de tête.

- Si ce n'est pas trop demandé, pourquoi es-tu là toi aussi?

Elle avait mesuré les conséquences de sa question avant de la poser, soit il allait lui dire se mêler de ses affaires ou soit, il ferait comme la jeune fille et lui dirait la vérité. Dans l'un ou l'autre cas, elle ne le jugerait pas. Elle n'avait tout simplement pas envie de rentrer immédiatement, donc pourquoi ne pas profiter un peu, de l'extérieur et des étoiles. Il faisait un peu frisquet et si Grace aurait prévu la suite de son escapade, elle aurait certainement emporté une veste ou quelque chose. Elle se dit qu'elle n'allait pas se plaindre à ce sujet, il y avait des choses bien pire dans la vie, comme tomber dans un lac en pleine nuit...!

Enfin, pour revenir à nos moutons, elle tenta de l'observer du coin de l'oeil, lui et son combat sans fin de rester éveiller. Il n'avait pas l'air d'aller du tout en fait et bien que Grace aurait mis sa main au feu pour savoir pourquoi, elle n'était pas assez près de ces sentiments pour l'écouter se confier. Elle si dit que, peut-être qu'en lui parlant, elle apprendrait quelque chose sur son père. Et puis, elle commençait à apprécier le jeune Serpentard malgré les préjugés.

Spoiler:

HRP:
C’était rare qu’on ne lui hurle pas à la tronche parce qu’il était Drago Malefoy, mais alors c’était encore plus rare qu’on dise amen à ce qu’il disait. Surtout quand il s’agissait de rappeler à une fille d’une autre maison qu’elle n’avait enfreint le règlement. Qu’elle accepte si facilement la remarque de Drago le surprit, et il haussa même un sourcil. Il resta sans voix, incapable de répondre quoi que ce soit. Ce n’était pas tous les jours qu’on réussissait à clouer le bec de Drago, mais là… Peut-être que la fatigue et la lassitude jouaient aussi.

Sans protester ni hésiter, Drago suivit Grace jusqu’au banc, où ils posèrent tous les deux leur séant. La nuit était belle et calme, bien qu’un peu froide. Tous deux devraient être en train de dormir, et pourtant… Grace ne manqua pas de lui demander pourquoi il était debout. Même les préfets devaient se reposer, et quand bien même, ils se baladaient rarement du côté du lac. Drago s’était fait griller, même si ça avait évité à Grace un fâcheux accident.

— Je n’arrive pas à dormir.

Une explication simple, mais très lacunaire. Drago baissa les yeux, appuyant ses coudes contre ses cuisses, et ajouta quelques secondes plus tard.

— Les choses sont… de plus en plus compliquées. Je ne sais même pas comment font les autres pour un sommeil normal. On devrait tous mal dormir.

Il songeait aux événements qui secouaient l’Angleterre et l’Irlande, les émeutes, les enfants tués… Les moldus étaient sans pitié, et ils accusaient les sorciers d’être des monstres !? Drago n’arrivait pas à le croire. Lui qui avait commencé à douter de son allégeance la voyait désormais renforcée. Peut-être que finalement, il serait capable d’accomplir quelque chose qui sortirait son père d’Azkaban.

En temps normal, Drago ne perdait jamais le nord, mais cette nuit, il s’accordait des vacances. Il pouvait bien imaginer que Grace puisse rejoindre son camp, mais pas maintenant. Il n’avait pas envie de passer en mode recrutement. Pas maintenant.

Fatigué, il n’avait même pas remarqué que Grace n’était pas correctement habillée pour le climat nocturne écossais. Immédiatement, sans réfléchir, il dénoua son écharpe vert et argent et l’enroula autour du coup et des épaules de sa camarade de sixième année.

— Tu dois avoir froid, non ?

Grace était amusé de voir l'état de Drago, il semblait de plus en plus surpris, elle ne put résister à sourire en coin. C'est alors qu'il répondit à sa question, Grace reprit aussitôt un air plus sérieux. Il est vrai que les choses étaient de plus en plus compliquées, nous étions en guerre et il était du devoir de tout élève de choisir un camp. Grace avait toujours été du camp des gentils, mais savoir que son père était Mangemort la faisait peser dans la balance du bien et du mal. Elle n'avait jamais voulu devenir un monstre comme lui, son but était plutôt de le ramener parmi sa famille, où sa place l'attendait et si pour cela voulait dire s'affilier avec - des Mangemorts - et bien elle le ferait. Grace était bien déterminé à tout pour en venir à ses fins.

Autant de colère et de peine mélangée, il fallait bien l'avouer, Drago avait raison, personne ne devait bien dormir présentement. Cette peur était cachée au fond de chacun de nous, impossible de s'en défaire. Elle posa le regard sur lui, et elle ne put s'empêcher de répondre à ces yeux apeurés.

- Tu sais... moi aussi j'ai peur! ne t'en fais pas, nous trouverons bien une solution, c'est ce que nous avons toujours fait depuis le début.

Par "nous", elle voulait bien dire les élèves. Les moldus étaient peut-être sans pitié, mais la violence peut parfois aveugler le jugement d'une personne et lui faire faire des choses inimaginables : comme tuer. Personne n'était parfait et ceux qui s'efforcent de penser cela vivent dans le mensonge. Elle était au courant pour le père de Drago, tout le château en parlait, et malgré l'affreuse personne que Lucius puisse être, elle comprenait un peu comment le garçon se sentait présentement, et encore plus dans des moments comme celui-ci étant donné que c'est la famille et l'amour qui nous rendent forts.

Elle avait envie de l'aider, c'est ce qu'elle faisait, lorsque quelqu'un était en détresse, mais une partie d'elle se méfiait tout de même du jeune Malefoy, la peur de l'attachement peut-être et la peur d'être déçu. Ce n'est que depuis ce soir seulement qu'elle le connaissait et bien que ses pensées ne soient que positives envers lui présentement, peut-être y avait-il un côté qu'elle ne connaissait pas encore... Peu importe, elle devait en savoir plus, c'était peut-être sa seule porte d'entrer pour son père.

- Et puis je pourrai toujours t'aider! Je t'en dois une après ce soir.

Bon sang, mais qu'est-ce qu'elle venait de dire ? C'était une invitation complètement stupide à rejoindre le rang des Mangemorts, mais à quel prix ? Grace se répéta au moins 10 fois dans sa tête que c'était des mots spontanés et irréfléchis. Elle était entrain de se mettre dans un grand pétrin. La jeune fille n'avait pas du tout ce profil, mais cette fois, elle était désespérée et cela paraissait dans les traits battus de son visage.

Elle frissonna un instant à penser à ce qu'elle venait de dire, quand elle sentit une écharpe se déposa sur ses épaules. La jeune fille la serra fermement, bien que son orgueil ne voulait pas se l'admettre, il commençait à faire sacrément froid et elle ne pouvait différencier si cela était du de par la température ou par les mots glaciales qu'elle venait de prononcer. Peut-être allait-il ignorer sa remarque... peut-être n'avait-il pas besoin d'aide... bref. Elle fut tout de même surprise de sa gentillesse à ce moment, il y avait une grande part de bonté qu'elle décernait en lui qui la rassurait, peu importe la décision qu'elle prendrait à partir de ce moment.

- Tu n'est pas comme je t'imaginais être.

C'étais plutôt franc comme réponse, malgré les arrières pensés de profiter de la situation pour se faufiler dans les troupes et retrouver son père, Grace pensa ses derniers mots.

Nous ? Qui était ce nous ? Drago tiqua un peu à la formulation étrange de cette phrase, se demandant ce que Grace sous-entendait par là. Ils n’avaient rien en commun, elle et lui, alors, à moins qu’elle parle de la communauté sorcière dans son ensemble… Oui, c’était sûrement cela. Drago ne releva pas non plus le fait que Grace admette qu’il ait peur. Il n’avait jamais dit ça. Drago Malefoy n’avait pas peur. Enfin, il aimerait bien. Il valait mieux pour eux deux qu’il n’ait pas entendu ces quelques mots. Le déni était parfois tellement plus confortable.

Pourtant, la suite de ce que disait Grace continua de le plonger dans la perplexité. Ils avaient dû mal se comprendre à un moment : en quoi pourrait-elle l’aider, exactement ? Drago haussa un sourcil, encore une fois sincèrement surpris.

— Toi ? M’aider ? Je ne vois vraiment pas en quoi…

En réalité si, elle pouvait l’aider, mais il ne la connaissait pas assez pour lui proposer de rejoindre ses rangs. Les Partisans avaient bien besoin d’une entrée chez les Poufsouffle, mais ils avaient déjà des pistes, avant même cette nuit un peu étrange où Drago se retrouvait à discuter tranquillement avec Grace.

Mais à part ça, c’était assez drôle de se retrouver avec une fille qu’on connaissait à peine, d’une autre maison, qui se disait avoir une dette. C’était bien le genre de choses que Drago appréciait à sa juste valeur, au grand damn de l’autre personne, généralement. Il était un peu trop fatigué pour déployer tous ses talents de manipulateurs cela dit, et si pour une fois, il pouvait juste être sympa sans être moqué, alors il en profiterait. Grace frissonnait à cause du froid ? Lui n’avait pas spécialement besoin de son écharpe. Il la noua autour de son cou, arrachant à la jeune fille une autre réflexion. Cette fois, elle fit rire Drago un peu amèrement.

— Et tu m’imaginais comment ?

Comme un monstre, sûrement. Il n’avait pas la réputation d’être un mec gentil ni même correct. Dès qu’il pouvait faire chier quelqu’un, il ne se gênait pas. Vexé dès son premier jour à Poudlard par un Harry Potter qui l’avait snobbé, il s’était employé à tout faire pour se venger. Ou passer ses nerfs sur les autres élèves.

Cela dit, cette année était bien différente. Drago avait été forcé de grandir d’un coup, trop vite, se rendant compte d’à quel point il était insignifiant et jeune. Son attitude avait bien changée alors qu’il avait violemment chuté en même temps que son père. Un ego brisé, un orgueuil à l’agonie, c’est tout ce qu’il restait de Drago. Il n’en avait pas encore conscience, mais il lui faudrait sûrement plusieurs années pour s’en remettre.

Grace fût soulagée un instant, si elle ne pouvait pas l'aider, c'était peut-être mieux ainsi. Les nuits où la fatigue emporte sur le jugement ne font pas partie des moments qui "comptent" vraiment, et ce n'est définitivement pas de cette façon qu'elle apprendrait à le connaître lui et ses intentions (bonnes ou mauvaises). Peut-être qu'un jour il lui demanderait son aide, que ce soit pour aider son père ou pour un simple détail, on oublie jamais vraiment ce genre de proposition malgré nous. Et si ce jour viendrait, Grace en profiterait pour récolter les indices et les pièces manquantes de son casse-tête pour enfin retrouver son père adoré.

Elle haussa légèrement les épaules et oublia sa remarque, c'est alors qu'elle entendit un rire, était-ce sincère ou bien ce rire confirmerait qu'elle s'était trompé sur le garçon ? Une chose était certaine, il n'était pas habitué à recevoir des compliments, il était imprévisible dans ses réactions. Grace conserva son air sérieux, elle ne voyait pas l'intérêt de rire en fait, ce qu'elle disait était tout-à-fait sincère et sans sarcasme. Comment elle l'imaginait auparavant ? elle n'utiliserait surement pas le terme de monstre, elle ne voulait surtout pas le vexer.

Et puis lui ? qu'allait-il penser de la jeune fille après ce soir ? Est-ce que s'ils se croiseraient demain en cours, il changerait complètement sa façon avec elle, ou bien resterait-il comme elle l'avait connu ce soir : un garçon gentil et attentionné (Le mot frappe lorsqu'il s'agit de Malefoy xD). Il avait peut-être évolué, lorsqu'on est jeune parfois on n'a pas vraiment idée de la personne que l'on veut devenir, en vieillissant, on acquiert cette maturité qui nous fait voir les choses différemment.

Elle prit un moment avant de répondre,

- Je t'imaginais...

Grace était noyée dans ses pensées, elle ne savait plus trop où elle en était, la fatigue l'emportait. Elle lutait se demandant si le garçon se sentait pareil en ce moment. Il devait être quoi, 1h00 du matin ? Elle n'eut jamais le temps de terminer sa phrase, elle entendit un bruit provenant près du lac et détourna son regard aussitôt dans cette direction. Mais qu'est-ce que c'était ? Elle aurait pu jurer que les 2 élèves étaient seuls à cet instant. Le stresse commençait à l'envahir, la jeune fille n'avait même pas sa baguette pour lancer un "lumos" et décerner s'il s'agissait de quelqu'un...ou quelque chose. Elle déposa tranquillement une main sur l'épaule du jeune Malefoy comme pour le ressaisir de la situation.

- Tu as entendu ? dit-elle en marmonnant.

Il ne restait qu'à aller voir par elle-même, elle se leva très tranquillement, comme pour aller en direction du bruit sans porter attention au Serpentard qu'elle laissait derrière elle. Le bruit provenait de l'arbre où elle était installer pour lire, ce qui était plutôt étrange étant donné qu'il n'y avait rien à signaler plus tôt durant la soirée.

Spoiler:

Drago avait conscience d’avoir posé une question piège. Il aurait été de très mauvaise foi — un peu comme son patronyme — s’il avait soutenu qu’il ne l’avait pas fait exprès. Cela dit, la question n’était pas seulement là pour faire chier Grace. Il était vraiment curieux de savoir ce qu’on pouvait imaginer sur lui, même les pires choses. Parfois, c’était le fait de rester dans l’ignorance qui était le plus difficile. Qu’on lui dise les choses directement et clairement, peut-être que ça lui ferait du bien. Sous l’éclairage blafard de la lune, les mots auraient certainement un écho différent.

Grace commença à répondre, mais s’arrêta en plein milieu de sa phrase. Contrarié, Drago allait lui demander de continuer, de ne surtout pas avoir peur de ce qu’elle pourrait dire, mais elle parla d’un bruit. Ah bon ? Il n’avait rien entendu lui… Il fronça les sourcils, se demandant si Grace n’était pas une Luna en second, avant de se rappeler qu’il était très probable qu’ils ne fussent pas seuls dehors, même à cette heure-ci. Il y avait beaucoup de créatures à Poudlard, et avec les attentats dans le monde magique, la sécurité avait peut-être été renforcée.

Drago n’avait pas l’habitude de se laisser toucher sans rien dire, mais il ne réagit pas avant que Grace soit debout, se dirigeant vers l’arbre derrière lequel elle s’était planquée. La voyant partir, Drago se mit debout, et lui attrapa le bras.

— Non, on ne sait pas ce que c’est. T’approche pas.

Tournant les talons, il entraîna Grace vers le château, se disant qu’il serait peut-être temps de rentrer. Ils pourraient toujours discuter plus tard, ou alors à l’intérieur, bien au chaud, non ? Elle se les gelait, de toute façon.

— On pourrait parler à l’intérieur, non ? De toute façon, il ne vaut mieux pas rester trop longtemps au même endroit si on veut pas se faire chopper. Je suis préfet mais si on se fait griller par un prof…

Là, il ne pourrait pas trouver d’excuses assez bonnes pour sa présence en dehors de son lit à une heure aussi tardive. Lâchant le bras de Grace, il commença à se diriger vers les serres, un endroit parfait pour se cacher en même temps que regagner les murs de Poudlard.

Arrêté par le bras du garçon, elle se retourna vers lui, peut-être avait-il une idée plus brillante et plus sage que de s'attirer des ennuis. Elle hocha la tête pour approuver, les serres n'étaient pas bien loin et serviraient de parfait refuge pour les élèves. Elle le suivit sans argumenter, d'abord depuis le début de la soirée il avait été plutôt efficace lorsqu'il s'agissait de sauver la situation. Les deux jeunes entrèrent dans les serres où il faisait plutôt noir, la jeune fille se dirigea vers les chandelles poussiéreuses les plus près afin de les allumer (à l'ancienne puisqu'elle n'avait pas de baguette).

Grace avait toujours adoré cet endroit, cela lui rappelait ses cours de botanique dans lesquels elle excellait. Mais ce n'était pas seulement pour cette raison qu'elle aimait cet endroit, celle-ci était d'une beauté frappante, il n'y avait au moins une centaine de sortes de plantes différentes, unique les unes que les autres. Coupée des vents dans cet abri, elle se dit qu'il était peut-être temps de remettre l'écharpe verte au garçon. Elle lui tendit donc délicatement afin qu'il puisse la reprendre.

- Égoïste, c'est comme cela que je t'imaginais. Ou plutôt que les autres t'imaginent.

Elle ne se gêna pas à lui dire cette fois, il voulait savoir et bien au moins, maintenant il saurait la vérité. Même si ce qu'elle venait de dire ne décrivait certainement pas le fond de la penser de la jeune fille. Elle n'était pas influençable aussi facilement. Il fallait en prendre et en laisser lorsqu'il s'agissait de rumeurs d'école. Elle l'avait tout de même vue à l'oeuvre, elle avait pris part aux nombreuses querelles avec Potter et au commentaire dans les cours les années précédentes.

- Mais cela n'a pas d'importance... Je suis assez grande pour faire ma propre opinion sur les gens.

Suite à cette remarque, elle se promena un peu dans les serres, comme pour redécouvrir ces lieux remplit de nostalgie. Parfois elle regardait à l'extérieur pour s'assurer que personne ne les est suivi jusqu'ici. La voie était libre, elle retourna donc près de Drago, en espérant que ses derniers mots l'avaient soulagés. Le pauvre, il n'avait surement pas beaucoup reçu de compliment depuis son entré à Poudlard. Grace ne put se retenir de sourire, elle retenait ce sourire en coin depuis un petit moment déjà. Elle était vraiment entrain de complimenter un Serpentard? C'était tout de même ironique un peu. Autant pour lui que pour elle.

- Alors? Tu me fais confiance pour retourner à ma salle commune ou tu veux me raccompagner?

Elle lui lança l'invitation car il se faisait tard, les deux étaient fatigués et les petites péripéties de ce soir avaient épuisé la jeune fille davantage.

Drago avait pensé à prendre sa baguette lui : il aida Grace à allumer les chandelles, tout en vérifiant qu’ils ne risquaient pas de se faire surprendre par un éventuel prof qui passerait par là. Le Serpentard avait vraiment cru que le bruit — réel ou inventé — n’avait été qu’une excuse de Grace pour ne pas répondre à sa question gênante. Pourtant, une fois à l’abri dans les serres, elle reprit sa phrase, qu’elle termina cette fois. Serrant étrangement son écharpe dans sa main, Drago eut du mal à cacher un amusement teinté de déception.

Il était égoïste. Il ne faisait presque jamais pour les autres, du moins ça n’était pas dans ses habitudes avant cette fatidique sixième année. Il avait grandi bien malgré lui, et il était forcé de penser à un peu plus qu’à sa petite personne. Il y avait sa mère qui avait besoin de lui et bien sûr, son père, qui croupissait à Azkaban. Des gens comptaient sur lui, aussi incongru cela puisse être. Drago avait été forcé de changer.

Il allait répondre quelque chose, quand Grace le coupa et ajouta qu’elle était quand même assez grande et intelligente pour penser par elle-même. Ok, soit. Drago n’allait pas lui donner tort là-dessus. Qu’elle pense ce qu’elle veut. Et d’ailleurs, maintenant qu’on y était… La curiosité de Drago fut la plus forte.

— Et tu penses quoi, alors ?

Cela pouvait passer pour du narcissisme, de l’orgueil mal placé, mais Drago avait besoin de l’entendre. Des mots vrais, honnêtes, prononcés par quelqu’un qui n’avait rien à gagner à le flatter. Enfin ça, c’est ce qu’il pensait. Il ne connaissait pas l’histoire de Grace et de son père. Tout ce qu’il savait d’elle, c’est qu’elle était une Poufsouffle avec qui il lui était arrivé de travailler en cours, plus par obligation qu’autre chose.

Enfin, elle devait sûrement commencer à fatiguer. Cette escapade nocturne ne devait pas être une habitude pour elle, ou alors n’était-elle pas vraiment insomniaque comme lui. En tout cas, sa question le fit sourire.

— Je peux te faire confiance et te raccompagner quand même. La galanterie n’est pas morte.

Après tout, n’avait-il pas été élevé dans un milieu aristocratique très attaché aux bonnes manières ? Non qu’il les respectât en toutes circonstances, mais là, il n’avait pas grand-chose à perdre. Il était peu probable qu’on le surprenne en compagnie de Grace, à cette heure avancée de la nuit… Et quand bien même, il pouvait toujours prétexter qu’il la ramenait jusqu’à sa salle commune après l’avoir surprise dans un couloir pendant le couvre-feu. Ce ne serait même pas un mensonge…

Grace n'aimait pas être forcé de dire du mal des gens, bien que Drago semblait habitué à la critique, elle remarqua ce soupçon de déception dans son visage qui lui fit un léger pincement au cœur. Impatient, comme un enfant qui voulait découvrir ses cadeaux de Noël (je suis thématique n'est-ce pas XD), il lui demanda franchement ce qu'elle pensait de lui. Bon sang qu'elle détestait répondre à ce genre de question. Un vrai couteau à double tranchant. Elle se retrouvait au pied du mur avec peu de courage pour ce genre de révélation.

- Je pense que tu es quelqu'un d’attentionné...qui n'a peut-être pas fréquenté les bonnes personnes dans sa vie. Dit-elle la gorge nouée.

Au moins, elle avait eu le cran de le dire. Ce qu'il allait penser par la suite ne l'importait peu, lui importait effacerait pas cette première impression. Elle commença à marcher tranquillement avec lui afin de regagner la salle commune, la jeune fille prit soin d'emporter une chandelle avec elle, qui sait, peut-être qu'elle serait utile dans les corridors sombres du château. Quelques fantômes se plaignaient de la lumière passante et cela faisait drôlement rire la jeune fille.

La dernière phrase qu'avait prononcé le garçon était resté encré dans sa tête, la laissant penseuse : La galanterie n’est pas morte. Elle était en réflexion, la plupart des filles de sa maison le trouvait repoussant, pourtant, il n'avait rien d'un monstre, en tout cas pas de l'extérieur. Elle ne put s'empêcher de poser un dernier regard sur lui, pourquoi l'avait-il raccompagné? peut-être appréciait-il sa compagnie également? une chose était certaine, il était plus que bien éduqué, chose rare de nos jours. Si elle avait gagné au minimum son respect ce soir, ce serait déjà un bon début. Il ne fallait pas dérailler de son objectif principal : retrouver son père, surtout pas pour un garçon.

Une fois devant la salle commune des Poufsouffles, elle s'arrêta un instant se retrouvant face à lui et dos à la porte de la salle. Elle tâcha de murmurer sa prochaine phrase histoire de ne pas réveiller les élèves qui dormaient déjà profondément... ou qui ne dormaient pas! Imaginez la scène et les rumeurs si l'un d'eux la trouvait à cette heure avec Malefoy entrain de se balader.

- Je tien a te remercier une dernière fois pour ce soir...

Maintenant qu'ils avaient officialisé les présentations, peut-être que les choses seraient différentes à l'avenir, et Grace n'allait pas certainement pas oublier cette "dette" car elle se sentait redevable. Elle attendit encore un instant avant de lui tourner le dos pour aller rejoindre son lit qui l'appelait au désespoir. Elle ne voulait pas brusquer les choses et couper la conversation trop tôt par politesse.

Il avait insisté là où il n’aurait peut-être pas dû. Savoir ce que les gens pensaient de vous avait quelque chose d’attirant autant que de repoussant. Il n’y a que la vérité qui blesse, dit-on, mais parfois les mensonges aussi pouvaient être dévastateurs. Drago attendit la réponse de Grace : que pensait-elle de lui, alors ? Qu’est-ce qui avait changé ? Les mots de la jeune fille le firent sourire, mais pas forcément de contentement. Comme c’était ironique de passer d’égoïste à attentionné juste à cause d’une écharpe. Était-ce si simple de se faire apprécier ? Drago en doutait. Il était tenté de voir jusqu’où cela pouvait aller mais il y avait fort à parier que la mascarade atteindrat bien vite ses limites. Un autre proverbe résonna dans son esprit : on ne peut pas plaire à tout le monde.

La nuit le poussait à des digressions peu pertinentes. Il chassa l’idée de feindre l’attention pour se faire aimer loin de son esprit. Il savait qu’il n’avait pas les nerfs pour maintenir une comédie aussi compliquée sur le long terme. Ce qu’il avait fait avec Grace, cette nuit, avait été sincère. C’est aussi pour ça que ça avait été facile. Finalement, il n’avait pas envie de la voir rester sur l’idée qu’il était un gentil ayant rencontré de mauvaises personnes. La réalité était bien plus complexe que ça.

— Je doute que mes fréquentations soient les seules à blâmer.

Il ne fallait pas se mentir, il avait une large part de responsabilité dans sa propre réputation de connard. Autant l’assumer, n’est-ce pas ? Mais il était tout de même reconnaissant à Grace de ne pas l’avoir saoulé à ce propos pendant les quelques minutes qu’ils avaient passées ensemble. Il se proposa de la reconduire jusqu’à sa salle commune, chose qu’elle accepta même s’ils n’avaient plus grand-chose à se dire. Arrivée devant la porte, elle le remercia une nouvelle fois.

— Ce n’est pas grave. Je suis sûr que tu me revaudras ça un autre jour !

Drago sourit et la laissa partir. Bien sûr, elle avait désormais une dette envers lui, quelque chose dont il pourrait peut-être tirer profit, qui sait ? C’était une Poufsouffle après tout, et elle n’avait pas l’air de le haïr. C’était assez rare pour être précieux, sans compter ce que Drago avait en tête en ce moment. Intéressant, très intéressant même.