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 The Blackest Day - [GREENI]

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MessageSujet: The Blackest Day - [GREENI]   The Blackest Day - [GREENI] EmptyMar 22 Déc 2015 - 16:05

26 février 1997 – fin de journée.

Tout avait été plus aisé qu’elle ne l’aurait cru.

Se vêtir de noir, précieux et élégant, des perles que sa mère lui avait offertes pour son seizième anniversaire ; s’habiller de tristesse empreinte de dignité ; assister aux obsèques, avec sur son visage l’expression froide et lisse de l’héritière qui enterrait sa mère avec la sobriété que tous attendaient d’elle ; avouer à son père qu’elle ne désirait pas épouser Rowan, et qu’elle ne le désirerait sans doute jamais.

Puis rentrer à Poudlard, la tête haute et le port aristocratique qu’on lui avait si sévèrement enseigné, pour se réfugier dans cette salle désaffectée du troisième étage – sans doute une ancienne salle de sortilèges ou de divination, à en juger par les entassements de coussins et de petits fauteuils – où elle savait que personne ne pouvait l’y trouver. Presque personne. Accoudée à la fenêtre, déliant son chignon d’une main nonchalante, elle laissa ses cheveux blonds tomber en une cascade emmêlée sur son épaule. Tout avait été aisé, et cela ne l’inquiétait même pas. Cela l’indifférait.

Le tome 3 de la Quête d’Aidan qu’elle avait abandonné ici la veille reposait toujours sur le rebord de la fenêtre, intouché. Ses yeux bruns s’arrêtèrent paresseusement sur lui, avant de se perdre dans le coin du Lac Noir qu’elle pouvait observer d’ici. Et voilà. C’était tout. Car Daphné était partie. Elle avait disparu, plutôt ; elle était toujours là, assistant à ses cours et souriant aux piques que se lançaient Drago et Blaise. Mais elle avait disparu. Dissimulée derrière le vide qu’elle ressentait, derrière le masque si lisse qu’elle arborait, soucieuse de montrer qu’en dépit du décès de Scarlett Greengrass, l’héritière était toujours aussi vaillante et présente. Refusant de vaciller.

Pourtant, chaque pensée à sa mère était atrocement douloureuse, pire que tout ce qu’elle avait pu ressentir jusque-là ; parfois, elle n’y pensait plus pendant quelques heures, et lorsqu’elle se souvenait enfin, c’était pire encore. Sa mère avait toujours été une ombre au-dessus d’elle, réclamant satisfaction et obéissante – et maintenant qu’elle n’était plus là, c'était comme si elle s’était greffée à ses os, s’infiltrant entre ses muscles ; lui niant le droit à l’oubli qu’elle aurait pu réclamer.

Qu’elle était en droit de réclamer.

Car elle avait tout fait pour éviter que sa sœur n’y soit mêlée ; mais elle ne le regrettait pas. Absolument pas. C’était ce qu’elle avait toujours fait et ce qu’elle ferait toujours, aussi certaine de ce fait que de la nécessité de respirer. Aussi douloureux que ce soit. Et que ses inspirations étaient douloureuses lorsqu’elle était seule ! Lancinantes, comme une brûlure qui refusait de guérir, s’entêtant à se consumer un peu plus à chaque fois. Elle avait toujours tout fait comme on lui avait demandé, s’était toujours conduite aussi parfaitement qu’on aurait pu l’espérer. Perdant son identité propre au passage pour épouser celle de Daphné Rosalind Greengrass, l’héritière présomptive.

Elle ne parvenait même pas à être en colère.

Sa baguette inutile était posée sur la couverture du livre comme s’il s’agissait d’une décoration de mauvais goût – le noyer noir présente une bizarrerie très prononcée qui se manifeste par une sensibilité anormale aux conflits internes et il perd sa puissance de manière spectaculaire lorsque son propriétaire fait preuve d’aveuglement, sous quelque forme que ce soit. Elle aurait pu en pleurer, mais il semblerait qu’elle ne soit même pas capable de le faire pour sa mère. Qu’est-ce que cela faisait d’elle ? Quelqu’un qui compartiment tant ses émotions que la seule solution, le jour où elle s’y retrouvait confrontée, était de les annihiler et de les faire disparaître ?

Le bruit de la porte qui s’ouvrit la fit se raidir ; détourner son regard vers elle. Elle eut à peine le temps d’étirer ses lèvres en un sourire léger, tentative de faire oublier les cernes violets qui creusaient son visage, pourtant habilement dissimulés par du fond de teint.

« Blaise. »
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MessageSujet: Re: The Blackest Day - [GREENI]   The Blackest Day - [GREENI] EmptyMer 23 Déc 2015 - 18:51

Où se trouvait Daphné Greengrass ? Blaise avait pénétré au sein de la salle commune avec impétuosité et s'était enquit auprès de Pansy Parkinson de sa présence ou non dans le dortoir des sixièmes années - il y avait de l'urgence dans sa voix, une tension dans sa mâchoire : l'inquiétude, lancinante comme une brûlure dans son esprit. Car le jour, il le savait, et chacun d'entre eux le savait au sein de la maison des Serpents était celui où serait enterrée Scarlett Greengrass - l'annonce n'avait-elle pas fait scandale ? La disparition violente d'une femme « exemplaire », dévouée à sa communauté, emprunte des valeurs traditionnelles, conservatrices et tellement rassurantes en ces temps troubles, « sombres » et nébuleux.

Désolée Blaise - elle n'est pas là non plus, avait dit Pansy. En revanche…

« Tu sais, quand j'ai dit à Pansy que je te cherchais, elle m'a suggéré d'essayer cet endroit mystérieux où vous semblez régulièrement disparaître, tous les deux - mais je lui ai dit que tu n'étais pas à la bibliothèque non plus. » offrit-il en guise de salut ; et il souriait avec insolence.

Ôtant machinalement sa lourde cape d'hiver, comme l'on ôte un épais pardessus en rentrant chez soi. L'endroit lui était familier - une alcôve ; un autre secret, mais un secret qui ne lui était pas désagréable. Un « secret » dont l'évocation le faisait sourire crânement - la façon dont, imperturbable, sans même ciller, Daphné Greengrass lui glissait le nombre d'une heure comme l'on offre avec détachement un conseil ; l'empreinte brûlante de sa bouche sur sa peau opalescente, similaire à un hématome violacé, minutieusement étouffé par les cols repassés de son uniforme austère, l'épaisse écharpe marquée du sceau SERPENTARD.

Si sa présence l'avait lénifié, l'espace d'un instant bref, alors qu'il craignait une chose indicible, indéfinie, la vision de Daphné, cernée, drapée de noir, était terrible ; plus encore, le sourire courtois qu'elle s'efforçait d'arborer ces dernières semaines l'écoeurait. Blaise s'y heurtait obstinément, à cette expression lisse et affable, similaire à la surface figée et implacable d'un lac glacé par dessous lequel, enclavés et furieux, s'ébrouaient des monstres.

Il aurait été cruel de moquer ces efforts, cependant ; s'il ne parvenait pas à emprunter l'ataraxie affectée de Daphné, et s'il ne pouvait se résoudre à répondre à son rictus pincé, il la rejoignait bientôt près de la fenêtre, d'où s'extirpait la lumière du crépuscule, marbré de rose. La neige en paralysait le paysage, compacte, implacable, à la manière des sommeils profonds dont on s'extirpe étourdi et confus.  

« Veux-tu en parler ? Parce que, définitivement, tu ressembles à quelqu'un qui a besoin d'en parler », suggéra-t-il distraitement, pas exactement amusé - il y avait enfouie dans sa voix une gravité un peu amère, acerbe - « Et de dormir, aussi. »
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MessageSujet: Re: The Blackest Day - [GREENI]   The Blackest Day - [GREENI] EmptyMer 23 Déc 2015 - 22:01

Car, bien sûr, il s’agissait de Blaise ; cela ne pouvait être personne d’autre. Cette salle était restée à l’abandon pendant des années avant qu’il ne l’y emmène pour la première fois – elle en était persuadée, même si elle avait plaisanté en lui demande s’il s’agissait de sa garçonnière. Sa remarque étira ses lèvres en un véritable sourire, cette fois-ci ; un regard à sa main gauche, tentant de se convaincre qu’elle ne devait plus craindre les ragots de Pansy, les allégations qu’elle auraient pu faire peser sur elle. Mais, contrairement au reste, ce n’était pas si aisé, Daphné n’ayant pas véritablement posé cette question pour le faire rire.

« Parce que tu sais où se trouve la bibliothèque ? » demanda-t-elle d’une voix absente, sans l’ironie qui acidifiait habituellement leurs joutes.

C’était ce qu’elle parvenait de mieux à lui offrir ; un sarcasme sans âme véritable. Tentant de se faufiler à nouveau dans une ancienne peau alors qu’elle avait mué depuis – ce n’était pas naturel, et elle n’y parvenait pas tout à fait. Oh, elle avait trompé la plupart de ses camarades, qui n’avaient vu en elle que la peine d’avoir perdu sa mère, sans comprendre tout ce qu’il y avait au-delà. Et il fallait qu’elle se prépare, car lorsque la nouvelle de la rupture de ses fiançailles tomberait officiellement – et elle ne doutait pas qu’elle le ferait rapidement – elle allait devoir affronter une nouvelle vague de questions, bien moins conciliantes et empreinte de délicatesse, cette fois-ci.

Elle ne réagit pas lorsque Blaise s’approcha d’elle, et ce même si elle aurait voulu trouver la force de pouvoir se blottir contre lui et pleurer tout ce qu’elle ne parvenait pas à pleurer, comme elle s’était réfugiée dans ses bras lorsque – mais ce n’était pas le moment de penser à ça.

« Il n’y a pas grand-chose à dire, tu sais. Je n’ai juste pas eu beaucoup de temps pour dormir, avec les nouvelles tâches qui m’incombent. »

C’était faux, bien sûr. C’était le discours, devenu presque naturel, qu’elle avait répété tant de fois aux membres de sa famille, à l’aristocratie endeuillée qui venait lui présenter ses hommages alors qu’elle se tenait aux côtés de son père, prenant la place qui lui était désormais dévolue ; celle de maîtresse de maison, en attendant qu'il ne se remarie. S’il le faisait un jour.

Ce n’était pas la vérité, car il y avait beaucoup de choses à dire, elle le sentait confusément, quelque part – elle ne savait juste pas de quelle façon l’exprimer. Elle ne souhaitait pas parler de l’alliance de sa mère, qui brillait à sa main droite, ou des cauchemars qui l’empêchaient de dormir convenablement. Elle rêvait beaucoup – de Pré-au-Lard, de sa sœur, de tout ce qui s’était produit ce soir-là. Et lorsqu’elle ne rêvait pas, elle se retournait dans ses draps, se demandant encore et encore ce qu’il s’était véritablement passé. Comment elle allait parvenir à garder le contrôle sur sa vie, comment elle allait la mener maintenant que son principal modèle n'était plus là.

« Et toi, comment vas-tu ? »

Elle savait qu’il s’agissait du véritable sens de sa question ; mais elle n’avait pas envie d’y répondre. Car elle ne savait pas comment elle allait. Tout était trop confus et douloureux pour qu’elle s’y penche véritablement, ou pour qu’elle désire s’y pencher.
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MessageSujet: Re: The Blackest Day - [GREENI]   The Blackest Day - [GREENI] EmptyJeu 24 Déc 2015 - 2:16

« Oui, elle n'a pas eu l'air de me croire non plus », lui concéda-t-il distraitement. Comme cela semblait vain, soudain !...
Comme à son habitude, Daphné était parfaite : souriante ( « souriante » !), vêtue avec un soin méticuleux, de façon élégante ; le port de son corps même, alors qu'elle se trouvait accoudé contre la fenêtre à travers de laquelle se découpait le ciel crépusculaire, similaire à la chair d'un pitaya trop mur, boursouflé de sucre, demeurait consciencieux. Un travail consciencieux, vraiment, que cette attitude lisse et précieuse.

Un tableau de vaillance qu'il ne parvenait pas tout-à-fait à se résoudre à heurter….A la façon dont il est dangereux de brusquement extirper un somnambule de son sommeil.

(Car Daphné n'était-elle pas comparable à l'un de ces malades qui, abasourdis par le sommeil, ne cessent pourtant pas exactement de vivre - de reproduire consciencieusement ce qu'ils ont toujours réalisés de pleine conscience - se déplacer, ranger des objets…& puis sourire, docilement hanter les salles de classe pour assister, inconscient et hébétée, à des cours que Blaise ne parvenait pas davantage à assimiler.)  

Patiemment, il salua ses explications d'un hochement de tête sans pouvoir se résoudre à articuler les lignes qu'il se devait d'articuler.
(oui, j'imagine/je suppose/c'est normal, je comprends.)
Sa question, pourtant, lui arracha un haussement de sourcil dubitatif, un sourire bref et arrogant.

« Je t'en prie -  ce n'est vraiment pas le problème, Daphné », rétorqua-t-il, et il était calme, malgré la frustration, similaire à une brûlure --- car c'était une chose frustrante que de se heurter à cette expression, lisse et atone comme l'aurait été celle d'un masque de cire posé sur son visage !
Car n'y avait-il pas quelque chose de frustrant dans l'intransigeance de la tenue de Daphné, figée, pétrifiée ?
...ou peut-être n'avait-il pas été calme en réalité; peut-être avait-ce été de l'insolence dans sa voix ; de l'impatience, une fièvre sourde et impétueuse qui mâtinait son obligeance,  la bienveillance avec laquelle il ne cessait jamais réellement de s'adresser à Daphné, comme par l'effet d'un mors dans sa bouche, sans que cela ne soit volontaire, sans qu'il n'en prenne l'exacte conscience -- lui.

(parce que c'était le cas des autres, parce qu'il manquait de subtilité, vraiment, & il se souvenait parfois, froissé & impénitent, des mots que lui avait glissé Skyler lors du bal, l'air  curieusement solennel par le dessous de son rire, comme un avertissement.)

« Je veux dire, il n'y a personne, exact ? Personne ne te regarde. Tu n'es pas obligé de..faire tout ça. »

Il aurait été insultant après ce qui était arrivé - après des confessions arrachées fébrilement dans le chaos d'une soirée brûlante, suintantes de whisky et après des échanges rauques au travers des ramures alambiquées d'arbres noirs et après autant de murmures articulés hâtivement entre deux heures de cours dans le labyrinthe de leur emploi du temps - du rythme minutieux des journées de cours, sous les regards du monde & de celui qui n'avait pas été Malcolm -  et après le corps désarticulé de Scarlett Greengrass sur le pavement et la robe éclaboussée de bile - après ce qui était arrivé, donc, il aurait été insulant de supposer que Daphné voulait lui infliger l'imposture qu'elle offrait au monde.
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MessageSujet: Re: The Blackest Day - [GREENI]   The Blackest Day - [GREENI] EmptyJeu 24 Déc 2015 - 12:54

Sa colère et sa frustration lui brûlèrent la peau, tuant son sourire et affaissant ses traits – car Blaise était inquiet, et c’était quelque chose qu’elle trouvait difficile à appréhender. Elle ne comprenait pas toujours d’où venait cette inquiétude continuelle à son propos, puisqu’elle s’était toujours efforcée de paraître impossible à abattre ; et que, jusqu’à très récemment, jusqu’à décembre sans doute, elle n’avait eu aucune raison de véritablement prendre peur pour son avenir. Peut-être que tout cela avait commencé avec le retour de Potter et du cadavre de Diggory, à la réflexion – quand, en croisant le regard résigné de Drago, elle avait compris que ce que répétait Potter était vrai ; le Seigneur des Ténèbres était revenu.

Mais tout paraissait lointain et, en quelque sorte, décoloré et insipide ; il n’y avait que Blaise dans la pièce, et Blaise lui assénait des questions avec l’expression qu’il arborait lorsqu’il était blessé, la mettant mal à l’aise. Car il était rare de blesser Blaise Zabini, et savoir qu’elle en était la cause était plus incommodant encore – inconfortable comme une vérité dérangeante. La vérité était qu’elle était obligée d’agir ainsi, incapable de trouver une autre solution, un juste milieu entre couper désespérément tous les liens qui l’attachaient à ses émotions et se laisser submerger par elles. Pire encore : elle comprenait tout à fait pourquoi il se sentait heurté par son silence.

« Je n’ai pas envie d’en parler, s’il te plaît. »


Daphné ne suppliait jamais – Daphné conseillait avec l’intransigeance d’un ordre. Mais aujourd’hui, ses mains tremblaient de trop contenir alors qu’elle les portait à son visage baissé pour remettre en place les boucles blondes qui reposaient sur ses joues, la bouche pincée et les yeux embrasés par les larmes qu’elle sentait y naître. Blaise avait cette capacité incompréhensible à enfoncer ses protections, les rendant faibles par sa simple présence ; à la faire prendre des décisions irrationnelles sans les regretter ensuite, même lorsqu’elle s’efforçait de dissimuler les marques sa bouche avaient laissées, comme une plaisanterie, sur sa gorge.

Mais, plus important encore, il était le seul qui pouvait comprendre – le seul qui avait été présent à ce moment-là. Celui qui aurait pu appréhender qu’elle ne parvenait plus à dormir, que l’alliance n’était qu’une tentative de remplacer les dernières images laissées par sa mère par d’autres, moins obscènes. Elle ne désirait pas qu’il parte et la laisse seule ; elle s’était déjà entourée de solitude pendant les dix jours précédents, tentant de profiter du calme et du silence pour discipliner et assimiler toutes ces émotions, les scellant dans son coffre pour qu’elles ne ressortent jamais. Elle n’y était pas parvenue, bien sûr.

« Tu veux bien rester un peu tout de même ? » murmura-t-elle finalement.

Attrapant sa main dans la sienne, liant ses doigts aux siens et prenant enfin conscience qu’elle lui en demandait toujours trop sans jamais véritablement rien lui offrir en retour – et, envisageant, pour la première fois sans doute, à quel point elle n’avait pas envie qu’il la laisse tomber, excédé par son incapacité à s’ouvrir. Même si elle savait depuis décembre que sa déclaration n’était due qu’au whisky et qu’il allait un jour se lasser, cette idée n’avait jamais été aussi douloureuse.

Gardant ses yeux rougis par les larmes qui commençaient à glisser le long de ses joues diaphanes soigneusement baissés.
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MessageSujet: Re: The Blackest Day - [GREENI]   The Blackest Day - [GREENI] EmptyJeu 24 Déc 2015 - 16:17


Les mains de Daphné, frappées des stigmates du banquet, un réseau tentaculaires de cicatrices fines & arachnéennes, similaire à une toile de soie opalescente, frémissaient malgré son sourire, et ne cessèrent de frémir lorsqu'elle l'eut perdu au profit d'une expression chancelante, éprouvée.  
« Très bien », concéda-t-il avec obligeance, emprunt de mauvaise volonté pourtant, « Nous n'en parlerons pas  »

Car il était dangereux de réveiller un somnambule.
Une imprudence susceptible de provoquer la panique - « de blesser » !

Car Astoria, qui avait disparue du château de Poudlard de manière énigmatique, inquiétante - suscitant des murmures fébriles, le tissage de rumeurs sibyllines et scandaleuses - « se portait bien » - avait « besoin de repos », simplement ; et Daphné, meurtrie, marquée de cernes noires, pareilles aux boursouflures brunes d'un fruit trop mur, était « occupée », n'avait pas vraiment le temps de « dormir » - & que, vraiment, pourquoi auraient-ils du en  parler …!

« Je - évidemment, Daphné, putain, je ne vais nulle part », s'offusqua-t-il, stupéfait, un peu heurté, car c'était toujours une surprise, cette défiance de Daphné envers lui - cette prudence, la façon dont elle se détournait parfois, embarrassée, ombrageuse,  comme si elle eut craint une raillerie cruelle, un sarcasme violent ; ce doute épais, nébuleux, qu'il ne parvenait pas à éclaircir correctement, gêné par son arrogance fiévreuse. « Qu'est-ce que tu crois, sérieux ? »

Ses doigts crispés dans les siens, Blaise assimilait le sceau glacée d'une bague nouvelle sur sa peau, similaire à la morsure d'une vipère minuscule. Car ce n'était pas une bague qu'il connaissait (si ?) et il ne savait pas interpréter sa présence : ce mariage, une espèce d'épée de Damoclès, lourde et brutale, implacable, il l'oubliait pourtant avec aisance - s'étonnant parfois d'apercevoir Daphné exhiber la bague des Westminbrook, qu'elle quittait avec obligeance pour pénétrer au sein de cette alcôve confidentielle du troisième étage; et s'amusant parfois de cette situation qui n'était pas amusante, la contrainte d'un secret -- tu sais, j'ai au moins deux devoirs de métamorphose en retard, alors je compte sur toi pour trouver une excuse, distraitement marmonné à son oreille, insolent, je t'ai toujours trouvé très convaincante. )

Il s'attendait à ses pleurs, et ne cilla pas, comme si le maquillage qu'elle eut porté était trop outrancier pour qu'il puisse s'étonner de voir se révéler soudain son visage défardé ; « OK - viens là » , offrit-il alors qu'il l'observait se défaire, se penchant vers elle pour l'extirper de sa rigoureuse claustration - la guider vers lui avec l'obligeance que l'on accorde aux malades.

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MessageSujet: Re: The Blackest Day - [GREENI]   The Blackest Day - [GREENI] EmptyJeu 24 Déc 2015 - 18:27

Les paroles stupéfaites de Blaise, presque violentes dans leur surprise, la firent frémir sans le vouloir. Il s’agissait d’un sujet complexe, qu’elle ne parvenait pas à aborder avec lui autrement qu’à demi-mots, sans même évoquer le cœur du problème ; elle ne parvenait pas à avoir confiance en lui, s’attendant à chaque instant à ce qu’il l’abandonne au profit d’une autre – car Blaise n’avait-il pas une liste longue comme son bras de conquêtes diverses et variées ? – incapable d’envisager une seconde qu’elle pouvait être autre chose qu’un nom de plus, éphémère et vite remplacé. Pourtant, c’était quelque chose que Daphné Greengrass n’accepterait habituellement pas, trop fière pour n’être qu’une parmi d’autres.

Et pourtant, les joues mouillées de larmes, elle se laissa entraîner dans ses bras sans y réfléchir à deux fois, pressant son mouchoir contre son visage pour éviter de détremper ses vêtements, s’accrochant à lui de sa main libre, la tête apposée contre son torse. Tremblante comme si elle était fiévreuse, attendant avec patience que ses yeux cessent enfin de pleurer, lorsqu’enfin elle serait si engourdie que ses larmes ne seraient plus d’aucune utilité. Car pleurer n’était pas aussi apaisant qu’elle l’aurait cru ; cela ne faisait pas s’évaporer ce poids qu’elle ressentait à chaque fois qu’elle voyait Blaise parler avec Alycia, lorsqu’elle pensait à Astoria, incertaine de son état, et lorsqu’elle répondait avec application aux demandes de mécénat qu’on lui adressait à présent, les renvoyant vers son père – s’excusant de ne pas encore être majeure. Car le monde entier semblait avoir oublié ce détail.

Lorsqu’enfin, au bout d’un long moment, les pleurs semblèrent se tarir, elle se redressa pour coiffer machinalement ses cheveux collés contre sa tempe, les accrochant en un chignon maladroit – car Blaise avait raison ; personne, dans cette pièce, ne se souciait des mèches qui ne s’enroulaient pas correctement dans sa coiffure. Le cœur battant pourtant, car le fait de pleurer semblait avoir détruit les derrières barrières qui empêchaient ce flot d’émotions de pénétrer ses veines, se répandant dans en suivant les arborescences violacées qu’elles dessinaient dans son corps. Sentant qu’elle ne pouvait plus éviter le sujet, qui l’empoisonnait depuis longtemps ; sans qu’elle parvienne à trouver le courage de l’évoquer.

« C’est juste que je ne suis jamais certaine… D’être la seule pour toi » finit-elle par lâcher, amère, croisant les bras contre sa poitrine comme pour se protéger d’un courant d’air imaginaire.

Se détournant, mettant de la distance entre eux pour parvenir à rassembler ses idées – car maintenant qu’elle avait commencé, il serait absurde de s’arrêter comme elle avait l’habitude de le faire, distillant des informations sans jamais révéler ce qu’elle pensait vraiment. Elle avait besoin de ressentir quelque chose d’autre que cet engourdissement, que cette apathie qui prenait toute la place depuis des jours, et même une colère acide qui palpitait contre ses tempes, empourprant ses joues, était préférable au vide qui l'habitait.

« Je n’arrive pas à te faire confiance, étant donné que tu as embrassé la moitié de Poudlard » continua-t-elle, s’agitant, faisant s’entrechoquer les perles de son collier sous ses mouvements brutaux pour se recoiffer.

Et ils savaient tous deux qu’il s’agissait d’un euphémisme – cette pensée était la raison de sa soudaine amertume, alors qu’elle tripotait frénétiquement une mèche de cheveux entre ses doigts désormais délestés du poids de la bague des Westminbrook.

« Je ne veux pas n'être qu'un nom de plus. »

Plus apaisée qu’elle ne l’avait été après ses larmes, Daphné cessa enfin de toucher fébrilement ses boucles blondes, se rendant enfin compte que déverser toute la colère qui l’habitait depuis des semaines avait discipliné les tumultes de son esprit, le chaos qu’elle avait ressenti jusque dans ses os.
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MessageSujet: Re: The Blackest Day - [GREENI]   The Blackest Day - [GREENI] EmptyVen 25 Déc 2015 - 18:17

Le corps frissonnant de Daphné pressé contre lui, il glissait distraitement ses doigts ornés de bagues lourdes dans les mèches emmêlées de sa chevelure ambrée - apposant ses mains à l'arrière de son crâne et sur l'endroit de ses omoplates, là où les os forent la peau, pour raffermir leur étreinte, cette proximité qui lui semblait évidente. Il se penchait sur elle distraitement pour baiser son front et, bientôt, elle déliait finalement sa prise abrupte de son pull de cachemire ;  il s'étonnait, alors, de l'expression froissée sur son visage.

« Je t'en prie, c'est vraiment ce dont tu veux parler maintenant ? »

Un rire incrédule dans sa voix : pourtant, Daphné était sérieuse, empourprée & fébrile & s'il l'avait observé avec amusement, il réalisait avec confusion qu'elle ne plaisantait pas ; rapidement, aussi, son sourire amusé s'altérait au profit d'un rictus stupéfait, insolent, alors qu'il secouait la tête ;

« Qu'est-ce que tu crois que je fais ici, au juste ? »  la défia-t-il, heurté, acculé comme un animal confus, violent comme un animal confus, secouant la tête, moqueur pour railler l'absurdité de l'offense, devant laquelle il se trouvait embarrassé, un peu démuni ; pas entièrement surpris, parce que le reproche, toujours, s'était dessiné en filigrane, tissé en remarques sibyllines auxquelles il répondait en un éclat de rire rauque, en plaisanteries désinvoltes - regarde-toi -  l'héritière Greengrass, jalouse d'Alycia McWood - persuadé de pouvoir noyer ses doutes en les tournant en dérision, sans réellement savoir comment s'y prendre autrement ; amèrement conscient que cette résistance défiante s'imposait à lui comme elle ne s'imposait pas à tous, comme elle ne s'imposait pas à Rowan.

«  Tu es fiancée à l'héritier Westminbrook, ton beau-père est un putain de mangemort, tu te fais empoisonner par des types qui sortent de nulle part et nous nous faisons espionner par des gamines maniaques -- » Il désigna d'un geste vague de sa main l'alcôve figée, encombrée de lourds grimoires qui s'étaient progressivement empilés au fur et à mesure qu'il les oubliait, distrait ; des journaux, plutôt récents quoiqu'aucun d'entre eux ne fut ultérieure à la lugubre estampille du 14 février 1997 -- le belliqueux Sorcier en Guerre près d'un gant de quidditch découpé dans du cuir épais & brun comme l'aurait pu être l'écorce d'un arbre ; l'exemplaire du tome 3 de la Quête d'Aidan par le dessous de la baguette de Daphné, qui gisait comme une relique.  «  Je  trouve que c'est prendre beaucoup de risques pour, simplement, tu sais, la possibilité de t'embrasser la joue et de te tenir la main lorsque personne ne regarde.  » cracha-t-il, railleur, frustré, avec l'arrogance acerbe qui, toujours, avait été la sienne - une insolence qui était aussi un outil, implacable & brutal, perfide, à la manière d'un surin. Dont l'effet avait été terrible sur Yvain Gallant ; sur Skyler et sur Isolde Meyer qui lors du bal avait posé sur lui un regard ombrageux & farouche, similaire à celui d'un chat blessé, brûlant de rancoeur.

« Parce que si ça ne tenait qu'à ça, ajouter un nom sur une liste, il y aurait eu des alternatives moins pénibles. »

Embarrassé comme après un mouvement trop brusque, à la manière d'un homme qui ne maîtrise pas la force de son corps et qui eut craint d'avoir brisé quelque chose par inadvertance, Blaise prit mesure, soudain, de ses mots lapidaires, brûlants ; et, sans décolérer, vraiment, sans s'excuser, car il y avait dans la confession du regret une humilité indicible, il détourna le regard, courroucé, fiévreux.
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MessageSujet: Re: The Blackest Day - [GREENI]   The Blackest Day - [GREENI] EmptyVen 25 Déc 2015 - 20:16

Les réponses de Blaise, à la fois défensives et agressives, ravivèrent le chaos qu’elle croyait avoir apaisé, embrasant ses veines – faisait apparaître des plaques rouges de fureur sur son cou et son visage, alors qu’il s’attaquait, comme d’habitude, à Rowan. Elle le laissa pourtant déverser son fiel, alors que la réponse, rageuse, n’attendait qu’un moment d’hésitation de sa part pour franchir ses lèvres.

« Rowan et moi avons rompu les fiançailles » jeta-t-elle, agitant avec colère sa main gauche, délestée de tout anneau, sous ses yeux. « Nous sommes allés voir mon père tout à l’heure, et il a accepté. Je comptais attendre que mon Mangemort de beau-père, comme tu le dis si bien, donne son accord lui aussi pour t’éviter de fausses joies ou je ne sais quoi encore, mais puisque tu sembles si intéressé par Rowan… »

Sa voix s’était agitée en évoquant Ranulf Westminbrook, mais pas autant que lorsqu’elle prononçait le prénom de son fiancé – de Rowan. Son frère sous tous rapports, sauf peut-être par leur sang. Et elle avait pourtant hésité à rompre les fiançailles, de façon fugace, avant de se rendre à l’évidence ; rien de bon ne pouvait naître de leur union, et ce n'était qu'une excuse de plus pour éviter Blaise. Il lui faisait ressentir les choses de façon si différente – souvent, c’était trop intense pour qu’elle parvienne à correctement à l’appréhender, et tout l’affectait bien plus lorsque cela venait de lui.

C’était sans doute pour cela que ses paroles l’écorchèrent, la blessant comme personne ne l’avait encore fait ; que ses reproches, qu’elle avait toujours craints, étaient comme du sel sur ses blessures. Daphné avait toujours su qu’elle n’était pas le genre habituel de Blaise – trop guindée et renfermée sur elle-même, et elle n’avait jamais vraiment compris pourquoi il avait bien pu s’intéresser à elle. Non pas qu’elle ne possède pas de qualités ; Daphné était consciente de sa valeur et de ce qu’elle pouvait offrir, mais elle ne voyait pas vraiment de lien entre elle et… Les autres. Celles qui l’avaient intéressé le temps d’une soirée, un peu plus parfois – jamais très longtemps.

« Tu n’as qu’à aller les voir, tes alternatives, puisque tu y tiens tant » feula-t-elle immédiatement, le sang pulsant douloureusement au niveau de ses tempes. « Ce n’est pas comme si cela m’importait. »

S’arrêtant, pourtant, prenant conscience de ce qu’elle disait – que ses mains tremblaient de colère, que ce n’était pas du tout ce dont elle avait envie. Passant ses mains glacées sur ses yeux encore bouffis de son chagrin à peine tari, prenant une inspiration douloureuse mais nécessaire pour enfin briser ce réflexe de lui faire plus mal encore lorsqu’il la blessait. Car la volonté de rattraper son erreur lui paraissait être plus importante que quoi ce soit d’autre, à ce moment précis ; pressentant que si elle ne le faisait pas, il allait véritablement lui filer entre les doigts. Et l'idée de sortir Blaise de sa vie sans le vouloir était si terrifiante que sa colère s'était presque aussitôt tue.

Un peu de courage pour faire quelque chose. Sa baguette était morte de son inaction et de sa lâcheté - et c'était déjà un prix bien trop lourd à payer.

« Je veux dire » reprit-elle, tentant de discipliner sa voix, « comprends que cela puisse m’inquiéter, étant donné que je – »

Se coupant une deuxième fois, incertaine de ce qu’elle allait dire. Sentant une résistance, quelque part, elle préféra ne pas la franchir, comme lorsque l’instinct de survie empêchait de manger une baie empoisonnée, faisait pressentir le danger.

« … que je t’apprécie beaucoup » acheva-t-elle piteusement, si consciente que cette phrase était ridicule qu’elle n’osa même pas relever les yeux vers lui.
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MessageSujet: Re: The Blackest Day - [GREENI]   The Blackest Day - [GREENI] EmptySam 26 Déc 2015 - 0:29

Il apprenait confusément la rupture de leurs fiançailles sans exactement réaliser ce qu'elle signifiait, si ce n'est qu'il ne serait plus question de l'ombre de Rowan Westminbrook sur eux, qu'il oubliait, vraiment, jusqu'à ce qu'elle ne lui soit rappelé avec désinvolture, dans une apostrophe amicale, hey, et ce mariage, c'est pour quand, exactement? tu le sais, toi, ou pas ? parce qu'il me faut une robe (Pansy, songeuse) / Daphné sera une épouse parfaite (Flora Carrow, assurée) ; dans un titre scandaleux de la presse tabloid - l'héritier Westminbrook n'est plus un coeur à prendre…. & des détails sur l'élue de son coeur p.12 ; dans les lettres de sa mère, même, car le mariage, et j'en parlais avec Scarlett dimanche, est une si jolie chose (Diane Zabini & le récit de son brunch dominical en compagnie de Madame Greengrass).

« Attends, quoi ? » Articula-t-il, l'air confus.

...Sans cependant s'en réjouir, car Daphné martelait ses phrases avec la violence de coups, furieux et méthodiques, et s'il s'attendait à sa sentence féroce, semblable à un flash aveuglant dans ses yeux,  il cilla pourtant ; et il savait que ce n'était pas la vérité, pas exactement, parce qu'elle le lui avait fait comprendre -

semblait-il. Un froncement de sourcil indécis froissait le masque d'arrogance de  son visage.

Lorsqu'il comprit que Daphné désirait le blesser, que c'était une sanction que sa réplique féroce, il se détourna d'elle avec impatience sans pouvoir se résigner à partir : quand elle reprit la parole avec hésitation, il s'était paresseusement laissé choir sur l'un des fauteuils et portait sur elle un regard dubitatif, dont la défiance s'estompait progressivement alors qu'elle s'exprimait ;  

« Je sais », répondit-il, incertain, désireux de l'absoudre de son embarras avant d'user précautionneusement de la formule qu'elle lui avait offerte avec embarras pour articuler, ironique ; « je - "t'apprécie beaucoup" aussi »

Un sourire amer écorchait sa bouche pourtant, parce que c'était un putain d'euphémisme, vraiment, et qu'il n'était pas exactement, pas totalement question d'appréciation, mais d'une chose plus douloureuse, brûlante, qui parfois heurtait son souffle dans son corps, brutale & crue comme de la soie que l'on déchire ; et qu'il n'était pas certain que c'était cette chose qui était maladroitement enfouie dans la pudique expression de Daphné ; ou bien qu'il aurait été approprié de cracher la vérité comme l'on cracherait du sang - de cette façon viscérale et obscène, pareille à l'aveu d'une vulnérabilité organique, indicible, indécente.  

« Et tu le sais - putain, même cet idiot de Skyler le sait - je n'ai jamais été exactement subtil à ce sujet », reprit-il, insolent, cependant qu'il l'invitait d'un geste paresseux à le rejoindre parmi le canevas désordonné de cousins épars, de fauteuils défoncés. « Alors je ne sais pas exactement ce que je dois faire pour te rassurer, Daphné - je veux dire, tu n'étais pas sérieuse au sujet de ce poème, exact ? » s'assura-t-il, vaguement railleur -- quoiqu'il fut saisi d'un doute.
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MessageSujet: Re: The Blackest Day - [GREENI]   The Blackest Day - [GREENI] EmptySam 26 Déc 2015 - 1:19

La vision de Blaise, assis sur ce fauteuil, dans cette pièce, était étrange ; lui rappelant qu’habituellement, elle se serait approchée de lui, s’asseyant sur l’accoudoir avec une expression pincée, incertaine, jusqu’à ce qu’il la déride et l’attire à lui. L’atmosphère de la pièce n’aurait pas pu être plus différente que lors de ces jours-là, saturée d’électricité et des pleurs qu’elle avait finalement arrêté de retenir. Elle enroulait nerveusement des mèches de cheveux autour de son doigt alors qu’il lui répondait, ironique, se moquant de la formulation qu’elle avait employée, et elle ne pouvait pas véritablement lui en tenir rigueur. Reconnaissant elle-même à quel point elle était enfantine.

« Ce n’est pas drôle » protesta-t-elle, faiblement.

Ecoutant en silence son discours, se demandant pourquoi elle ne parvenait pas à déceler comme les autres ce qui était apparemment si évident. Si même Thanatos le savait – et elle ne le tenait pas en très haute estime – comment pouvait-elle passer à côté de quelque chose d’aussi aveuglant ? Les promesses et les paroles n’avaient pourtant que peu de valeur pour elle, et elle était redevenue assez calme pour admettre que les actions de Blaise, depuis des semaines, auraient dû la satisfaire, être suffisants pour la convaincre qu’il tenait à elle.

« Non, bien sûr que non » répondit-elle, balayant l’hypothèse d’un geste. « Je ne sais pas non plus. »

Sans doute parce qu’elle ne comprenait pas ce qu’il se passait ; que Daphné était pétrifiée par les choses qu’elle ne parvenait pas à appréhender. Elle avait appris à réagir en toutes circonstances, de la meilleure façon qui soit, mais elle ne savait pas quoi faire ni quoi penser dans cette situation, se laissant habituellement guider par l’assurance rassurante de Blaise jusqu’à ce qu’elle se retrouve seule sans réponses et sans certitudes. Fragilisée, craquelée et prête à se briser au moindre souffle.

Elle accepta néanmoins son invitation, précautionneuse, consciente que les circonstances étaient particulières, hésitant brièvement avant s’asseoir sur l’accoudoir, encombrée par cette robe et les perles qu’elle retira pour les déposer sur la table à côté, profitant de ce geste pour tenter d’ordonner ses pensées.

« Je veux dire » reprit-elle finalement, les yeux rivés sur ses mains jointes, « je ne comprends pas ce que tu attends de moi. »

Car il était plus simple de lui dire cela plutôt que d’avouer qu’elle n’était pas certaine de ce qu’elle attendait de lui. S’arrêtant à nouveau, pourtant, prise d’un doute, alors qu’elle faisait tourner la bague de sa – la bague des Greengrass autour de son doigt.

« Ce n’est pas exactement ça »
se corrigea-t-elle presque aussitôt, et discipliner son esprit brûlant, engourdi, était fastidieux, presque douloureux.

Incertaine de pouvoir lui offrir ce qu’il attendait sans doute d’elle ; ne serait-ce que s’ouvrir, tenter de lui transmettre ce qu’elle pensait était incroyablement difficile, comme s’il fallait s’extirper d’enchevêtrements de protections et de méfiance avant d’y parvenir. Daphné pinça les lèvres, agacée de ne pas parvenir à lui dire, car ce n’était pas le genre de choses qu’elle était habituée à exprimer – ni même à ressentir, en réalité.

Elle ouvrit la bouche pour tenter d'expliquer ce qu'elle ne comprenait pas - son intérêt pour elle, ou même leur relation en elle même - mais les mots ne venaient pas, et ce silence forcé la frustrait. Abandonnant finalement, relevant enfin le regard vers lui, une expression d’excuse prenant le pas sur visage – désolée. J’aurais essayé. Si Daphné Greengrass avait horreur de l’échec, celui-ci était plus amer encore que tous les autres.
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MessageSujet: Re: The Blackest Day - [GREENI]   The Blackest Day - [GREENI] EmptySam 26 Déc 2015 - 22:44

« C'est un peu drôle » rétorqua-t-il dans un sourire railleur.  

Parce que les hésitations de Daphné, la façon dont elle corrigeait avec frustration ses phrases équivoques, son air embarrassé, après qu'il les eut considéré d'un air irrésolu l'espace d'un instant bref, peu habitué à observer dans le comportement altier de l'héritière Greengrass une fébrilité aussi prononcée, éveillèrent son rire ; un crépitement rauque & irrépressible qui, bientôt, secouait ses épaules, et, car il gagnait en mesure, qu'il étouffa contre l'épaule de Daphné.
L'exorcisme d'une tension noueuse, raide comme un noeud compliqué.

Pressant machinalement les paumes de ses mains contre ses paupières, comme pour tout-à-fait s'éveiller - se recomposer.
Offrant un rictus effronté à Daphné avant de machinalement défaire son assise précautionneuse sur l'accoudoir, l'attirant à lui en guise de paresseux repentir.

« Daphné, je suis amoureux de toi depuis la quatrième année, sérieux », cracha-t-il finalement, résigné, parce que, vraiment, il fallait bien que quelqu'un le dise ; assuré, quoique sa désinvolture demeurait matinée de défi, à l'instar d'une raillerie insolente ;  « alors rien, je n'attends rien - et si ton truc c'est de se donner rendez-vous dans une salle de classe vide en espérant que Rusard ne passe pas au troisième étage entre 17h et 19h, c'est OK pour moi - »

(Parce que de telles choses arrivaient ; évidemment - il suffisait d'avoir manqué de prudence et de ne pas avoir aperçu, lovée dans l'ombre des pierres suintantes d'humidité, les yeux fendus & brillants de Miss Teigne -- et il aurait dû avoir l'habitude, vraiment, mais ce chat était maniaque, au moins autant que son maître haletant & enragé auquel Blaise s'efforçait alors de se soustraire - fiévreux & échevelé, reboutonnant confusément la chemise froissée de son uniforme depuis le pupitre derrière lequel il s'était laissé repoussé de manière précipitée par Daphné, qui assurait calmement que l'accès à la salle lui avait été autorisé par le stagiaire de McGonagall pour s'entraîner en métamorphoses.)

« Je veux dire, pour l'instant, ça a toujours - fonctionné, non ?  » Et si sa question était rhétorique - il n'en avait jamais douté, malgré les suggestions dubitatives de camarades clairvoyants (je ne m'intéresse pas aux filles fiancées & tu devrais peut être en faire de même), les éclaboussures de bile sur sa robe de bal & la jalousie (brûlante) & l'inquiétude (acide), les visions d'un corps de femme brutalisé sur le pavement & la conviction d'assister un jour (désoeuvré & frustré) au mariage de Daphné Greengrass & de Rowan Westminbrook - il existait de l'incertitude dans sa voix, enfouie par le dessous de sa désinvolture, de son arrogance crâne, pareille à un serpent sournois & (secrètement) sifflant. Le prétexte d'une tension brûlante dans la tenue indolente de son corps, lénifié par le poids de Daphné contre lui, les exhalaisons de son parfum poudreux, et finalement l'obscurité : à 17h30, la toile rose & lisse de la fin d'après midi avait bleui, d'une façon similaire au roidissement de la chair dans la froideur du mois de février - interminable & éreintant.
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MessageSujet: Re: The Blackest Day - [GREENI]   The Blackest Day - [GREENI] EmptyDim 27 Déc 2015 - 0:05

Le rire qui secouait Blaise était particulièrement vexant – mais le pire fut lorsqu’il s’écroula sur son épaule, la secouant au même rythme que lui, alors qu’elle n’avait vraiment pas envie d’être agitée dans tous les sens par quelqu’un qui se moquait aussi ouvertement d’elle. Et s’il blessait son orgueil, il était rassurant d’un autre côté, lui assurant que la tension s’était apaisée, que la colère avait disparu. Elle l’observa se recomposer avec un air pincé, des reproches filant son regard lourd et brun posé sur lui ; il lui répondit par un sourire arrogant avant de l’attirer contre lui, ignorant totalement le fait qu’elle avait tenté de ne pas froisser sa robe en s’asseyant sur l’accoudoir.

« Blaise – » commença-t-elle, encore froissée par son rire, mais il l’empêcha de terminer sa phrase.

Son expression agacée s’effaça rapidement en entendant ses mots, laissant place à une incompréhension sincère ; car Daphné ne s’était pas attendue à ce qu’il lui avoue cela, trop persuadée que ses précédents aveux n’avaient été provoqués que par le whisky et oubliés depuis dans la moiteur alcoolisée du Nouvel An. Lorsqu’enfin, elle parvint à appréhender ce qu’il lui disait, à en comprendre l’ampleur, elle se sentit obligée de détourner le regard de cette confession, ignorant consciencieusement que les battements de son cœur ne s’apaisaient pas alors que toute colère l’avait quittée, tout comme elle ne prêtait plus attention aux intonations railleuses de Blaise comme l’on ne percevait plus les détails présents depuis toujours dans la maison de ses parents.

Comprenant brusquement beaucoup de choses qui ne l’avaient jusque-là pas interpellée, et qui s’accordaient les unes aux autres sans qu’elle n’y ait aucun contrôle ; que ces phases récurrentes, durant lesquelles Blaise semblait attendre quelque chose de sa part, avant de se lasser et de recommencer quelques semaines plus tard, n’étaient peut-être pas si innocentes que cela – qu’il n’attendait pas seulement une aide pour ses devoirs en retard qui s’accumulaient, qu’elle lui tresse les cheveux, ou un livre qu’elle était en train de lire.

Et sa question, dont elle discernait l’incertitude, l’interpella suffisamment pour qu’elle s’arrache à sa contemplation du vide. Car n’était-ce pas ce qu’elle ressentait toujours lorsqu’elle était avec lui ? Ou plutôt avait ressenti jusqu’à cet instant précis, qui semblait être un de ces moments qui faisaient tout basculer dans un sens ou dans l’autre ; il y avait un avant, et un après. Rapportant son attention sur lui, elle mit quelques secondes à lui répondre, encore embrumée par le chaos dans son esprit – mais c’était un chaos bien plus apaisant qu’auparavant.

« Si. »


Passant son bras à l’arrière de la nuque de Blaise, apposant sa main sur son crâne, elle l’attira pour l’enserrer contre elle, suivant docilement ce besoin de répondre à ce qu’il venait de lui avouer ; car Daphné ne savait pas quoi dire, mais se doutait qu’il ressentait les battements bien trop désordonnés de son cœur et espérait qu’ils lui suffiraient pour le moment. Appuyant sa tête contre la sienne, sentant son souffle sur sa clavicule, elle ferma les yeux un instant, laissant l’odeur de karité lui remémorer qu’elle l’avait sentie dans son Amortentia en septembre. Elle raffermit sa prise sur lui à cette pensée, car les conclusions qu’elle devrait en tirer étaient bien trop limpides à présent pour qu’elle puisse les ignorer comme elle l’avait fait lors du Nouvel An.

Ce n’était plus qu’une questions d’heures avant que les fiançailles ne soient dissoutes, et elle était certaine que tout deviendrait bien plus facile lorsqu’elle n’aurait plus à prétendre quoi que ce soit. Convaincre son père de rompre cette alliance laissait Daphné espérer, quelque part, qu’elle parviendrait à éviter une troisième alliance qu’elle ne désirerait pas ; gardant à l'esprit cet espoir ténu, presque déraisonnable, alors qu’elle se laissait bercer par le silence et par ce qu'il venait de lui offrir : des certitudes.
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