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 L'Intraduisibilité Adamantine des Sentiments

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MessageSujet: L'Intraduisibilité Adamantine des Sentiments   L'Intraduisibilité Adamantine des Sentiments EmptyMer 23 Déc 2015 - 17:29


Le rendez-vous avait été pris pour quatorze heures, mais Quinlan était là depuis déjà un petit moment. Il arpentait la bibliothèque d’Haveirson comme ça lui était si souvent arrivé, fouillant inlassablement du côté de la magie sud-américaine. Seulement, il se rendit rapidement à l’évidence : il avait déjà lu tout ce qu’il y avait à lire sur les miroirs d’obsidienne, et n’avait toujours pas de pistes concernant son étrange et inquiétante absence de douleur. La frustration était aussi étouffante que celle qui l’habitait maintenant que ses recherches étaient devenues futiles. Les moldus et les sorciers allaient s’en foutre sur la tronche, et il n’y avait plus rien pour arrêter ça désormais. Lutter pour que les loup-garous, entre autres, ne soient pas considérés comme des bêtes… Tout cela devenait soudainement futile. Que faire quand une partie de la population traitait l’autre de monstre ? Et que cette dernière lui répliquait ‘idiots’ ? Que faire ?

Après l’attaque d’Avalon, il y a tout juste une semaine — mais cette semaine avait duré une éternité pour Quinlan — il n’avait pas pu rouvrir un seul grimoire lié à ses recherches. Des émeutes avaient encore éclatées un peu partout en Angleterre la veille, contribuant au climat de plus en plus invivable depuis que le Secret avait été éventé. Quinn pensait avoir pris les choses en main, après quelques perditions peut-être nécessaires. Il avait vu Isolde pour l’entraîner à se protéger, et aurait fait de même avec Megan si elle n’avait pas insisté pour qu’il s’entraîne d’abord. Apparemment, Quinn avait un don naturel pour la magie noire. Parfait, il ne manquait plus que ça pour encore noircir le tableau.

Las, Quinlan s’était couché assez tôt la veille, se surprenant le lendemain à avoir fait une très bonne nuit, pour une fois. Troublé, il s’était aussi souvenu du rendez-vous avec l’aimable Rowan Westminbrook, un des meilleurs amis — si ce n’est LE meilleur ami — de Clemens, et un de ses étudiants non-spécialistes les plus assidus. Quinlan trouvait la présence de Rowan presque rassérénante. Avoir quelqu’un toujours aussi calme et en contrôle — du moins de l’extérieur — contribuait à le calmer lui aussi. Et ce qu’il s’était passé en janvier n’enlevait rien à cela.

Quinlan, en tant que guérisseur, partageait le secret de Rowan. Enfin, un des secrets. Il doutait fort que quelqu’un comme l’héritier Westminbrook n’en ait qu’un seul. Il aurait pu en faire profiter le reste de l’Ordre, mentionner à Dumby qu’il avait des infos en avant-première, mais ce serait trahir la confiance que Rowan avait placé en lui. Un homme qui était forcé de se marier pour son seul sang, un homme si désespéré qu’il en était venu à se bousiller la santé avec une potion médicinale qu’il avait transformé en drogue, un homme assez courageux pour affronter ses démons en face et en triompher. Même sans Clemens dans leur vie, Quinn avait trop de respect pour Rowan pour le jeter en pâture aussi simplement.

C’était facile de voir le monde en noir et blanc. Parfois, c’était la meilleure chose à faire, se réfugier derrière les bannières monochrome de camp aux valeurs simples et simplistes. Mais dans son cas, il s’y refusait. Tous ceux d’en face n’étaient pas de gros connards à exterminer. Tout comme ceux de son camp n’étaient pas des enfants de chœur. Il pouvait en témoigner. Être du côté des anges ne voulait pas dire qu’il en était un. La même réflexion, projetée à travers la symétrie parfaite d’un miroir, était valable pour Rowan.

En repensant à ce qu’il s’était passé la veille, Quinn esquissa un sourire sans joie. Peut-être qu’ils n’étaient pas si dissemblables finalement. Qui était-il pour le juger ? Reposant le livre qu’il avait pris simplement pour faire semblant de faire quelque chose, Quinlan alla regagner les tables.

Assis à l’une d’entre elles, il regardait le temps passer sur sa montre, triturant une lettre entre ses doigts. Il la regardait sans pouvoir en détourner les yeux, connaissant chaque mot sans en percer le sens. Il était face à une énigme qu’il était incapable de résoudre, peu importe à quel point il y mettait de la bonne volonté. Elle se refusait à lui. Il n’arrivait pas à y voir autre chose qu’un rejet. Que du foutage de gueule. De la moquerie. Un renvoi à sa propre impuissance, à sa propre ignorance.
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MessageSujet: Re: L'Intraduisibilité Adamantine des Sentiments   L'Intraduisibilité Adamantine des Sentiments EmptySam 26 Déc 2015 - 17:04

Pour changer un peu de l'atmosphère studieuse et éreintante des lieux habituels de sa méditation active, le jeune aristocrate s'était autorisé une sortie dans les bois aux alentours de l'académie. Les derniers événements – et ceux à venir d'ici peu – ne manquaient pas de tordre sa conscience d'anxiété et d'espérance. Les prochains jours risquaient d'être périlleux, tant à l'échelle de sa propre vie que celles des autres : aucun doute n'était autorisé. Ni aucune erreur.

L'air froid et silencieux de la forêt lui avait fait le plus grand bien. Son esprit s'était vidé des horreurs de la nuit à Pré-au-Lard, des grondements du labyrinthe et des larmes séchées d'Astoria. L'ancien Serpentard avait accueilli le vide à bras ouverts, non sans quelques plaintes brèves et négligeables, afin de s'offrir une ataraxie doucereuse. Le front appuyé contre le tronc ornementé d'un vieil arbre, son souffle s'était apaisé jusqu'à se confondre avec la quiétude environnante.

Quoi qu'il aurait à faire bientôt, il en serait capable. Trop de choses en dépendaient.

Ceci fait, Rowan avait cessé sa promenade régénérante – à tous les points de vue – pour se diriger vers la bibliothèque. Il y avait rendez-vous avec l'un de ses aînés pour un sujet qui lui échappait encore ; tout en piquant son esprit d'une curiosité grandissante. Nul doute que le thème risquait de le surprendre compte tenu de ce qu'il estimait potentiellement probable : Quinlan devait avoir un large panel de contacts, toutes branches confondues. En passer par un mangemort, anciennement drogué au baiser de Saint-Jean, impliquait forcément quelque chose de précis.

Restait à savoir quoi.

D'un pas lent et guindé, le jeune homme avait gagné les battants du havre livresque quelques minutes avant l'heure dite. Toujours prompte à se montrer ponctuel. Sans perdre une seule seconde, il était entré dans la salle principale, cherchant de son regard pâle et inquisiteur la silhouette du professeur de médicomagie : il la trouva auprès d'une table.

« Bonjour, messire Fitzsimmons. »
Il le rejoignit, non sans avoir incliné le visage avec une politesse toute maîtrisée. Aux relents évidents de sympathie. « Je suis votre obligé pour l'occasion. Ayez à cœur de me partager sans crainte vos ambitions. » Quelles qu'elles soient.
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MessageSujet: Re: L'Intraduisibilité Adamantine des Sentiments   L'Intraduisibilité Adamantine des Sentiments EmptyLun 28 Déc 2015 - 9:07

Triturant la lettre de Clemens, Quinlan scrutait la bibliothèque à la recherche de la silhouette familière de Rowan. Il se prit à espérer que le jeune homme ne serait pas au rendez-vous, qu’il pourrait ranger sa honte et sa frustration dans un tiroir et continuer comme si de rien n’était. Qu’il pourrait tout simplement oublier ces mots au sens inaccessible et vivre sa vie. Mais c’était un espoir trop fou, même pour lui. Sa mémoire à géométrie variable ne lui laisser jamais oublier ses échecs. Elle les lui renvoyait à la face, régulièrement, alors qu’il s’endormait, lové dans les bras de Clemens, alors qu’il se détendait dans un bain, alors qu’il regardait ses étudiants plancher sur un problème qu’il venait de leur donner. Cette lettre venait démanger un bout de son cerveau, attirant son attention comme un bouton qu’on voudrait simplement voir disparaître. Quinlan avait presque tout de suite su que le déni ne marcherait pas cette fois, et qu’il allait devoir faire face.

Il s’était tourné vers Rowan. Peut-être parce que ce dernier ne pourrait pas le lui refuser, peut-être parce qu’il était assez proche de Clemens pour comprendre ce qu’il avait voulu dire, au cas où la lettre serait en plus doublée d’un code rendu encore plus énigmatique par la langue de Goethe. Ou peut-être parce qu’il avait simplement peur d’affronter le regard de Clemens. Que pouvait-il lui dire ? “Merci mais j’ai rien compris alors tu peux me faire une traduction ?” Autant lui dire directement qu’il se foutait de sa lettre et qu’il n’avait fait aucun effort pour le comprendre. Quinn n’était pas doué pour les langues étrangères, et n’avait pas le temps de s’y consacrer. Il plaidait coupable pour ça : s’il aimait vraiment Clemens, il pouvait bien faire un pas vers lui et apprendre l’allemand, non ?

Quinlan avait caressé l’idée de relever le défi, dans les règles de l’art. Il n’avait rien dit à la Saint Valentin, et Clemens n’avait pas non plus évoqué la lettre. Et puis, Avalon avait été la cible d’attentats. On pouvait se demander pourquoi Quinn avait été si choqué alors qu’il avait plus ou moins l’habitude de se retrouver en première ligne avec l’Ordre mais… Ça n’avait rien à voir. Il risquait sa propre vie et il avait un plan d’action quand Dumby l’envoyait chercher quelque chose. Avalon l’avait choqué par la spontanéité du rassemblement et la gratuité des blessures. Par l’innocence des victimes, et l’aveuglement des agresseurs. Les événements avaient été trop fous pour ne pas forcer Quinlan à revoir ses priorités, à prendre un autre angle de vue. Il pouvait mourir demain. Clemens aussi. Cette lettre d’amour un peu désespéré qu’il lui avait envoyé quelques jours avant les attentats d’Avalon s’était révélée tristement prophétique. Quinn ne voulait pas mourir sans connaître le contenu de celle de Clemens, et il ne voulait pas non plus comprendre tout trop tard, une fois qu’il ne pourrait plus le tenir dans ses bras.

Ça, et le fait que cette lettre aurait pu être remplie de conneries, dissimulées derrière une langue dont Quinn ne pouvait franchir la barrière. Cela pouvait être une blague. Ou alors, une façon de le maintenir à distance, de l’empêcher d’accéder pleinement à ce qu’il voulait dire, tout en lui disant qu’il avait quelque chose à dire. Bonjour, je veux communiquer, mais je vais le faire de telle sorte que tu seras dans l’incapacité totale de me comprendre.

Quinn sursauta en entendant Rowan lui parler. La panique le submergea un court instant : maintenant qu’il était bien là, il ne pouvait plus reculer. Et la façon de parler de l’étudiant le mit encore plus mal à l’aise. Détournant le regard comme si chaque mot le piquait, le guérisseur murmura :

— Tu peux me tutoyer, Rowan.

Ses ambitions…? Il devait sûrement penser à quelque chose de terriblement important pour la scène politique, peut-être même de quelque chose pouvant retourner totalement la situation actuelle. Quelque chose dans le style des Pangolins, une idée un peu folle qu’il avait évoquée au début du mois avec son frère Neal. Quelle déception ce sera donc pour lui de savoir que Quinlan avait seulement besoin de ses talents linguistiques. Pour des affaires sentimentales. C’en était presque indigne pour un étudiant de sa trempe.

— Tu parles allemand, non ?

Le début d’un aveu d’impuissance perçait dans sa voix. Rowan ne serait pas dupe et ne manquerait pas de voir le fantôme de Clemens qui flottait entre eux, témoin passif de la seule solution que Quinlan avait trouvé pour le comprendre rapidement et efficacement. La seule, mais pas forcément la moins douloureuse.

D’un geste discret, presque comme si elle contenait le moyen de détruire le Seigneur des Ténèbres lui-même, Quinlan passa la lettre à Rowan. On pouvait bien croire que ça ne valait pas le secret que le guérisseur avait gardé pour lui, mais il avait vraiment l’impression de lui confier sa vie alors qu’il lui donnait le petit bout de papier à lire. Avait-il plongé si profondément dans les yeux de Clemens qu’il était déjà en train de s’y noyer ?

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MessageSujet: Re: L'Intraduisibilité Adamantine des Sentiments   L'Intraduisibilité Adamantine des Sentiments EmptyDim 3 Jan 2016 - 20:27

En s'aventurant auprès de l'enseignant de médicomagie, dans le but de satisfaire une demande dont il ne connaissait pas même les grandes lignes, Rowan savait pertinemment qu'il se risquait dans une voie complexe. La requête qui lui serait remise d'ici peu – au sein de la bibliothèque – impliquait vraisemblablement des enjeux supérieurs aux banalités de leur vie quotidienne. Pourquoi son aîné s'échinerait-il à employer son talent si ce n'est dans des affaires obscures ; difficilement assurées sans le biais d'un soutien indéfectible ?

De prime abord, le jeune homme avait considéré qu'il s'agissait d'une sollicitation avisant son affiliation aux ténèbres. Quinlan, de par ses bons soins, se trouvait au courant de la situation dans laquelle il évoluait avec grâce et détermination depuis deux mois. Un chemin périlleux, que beaucoup préféreraient sûrement esquiver en se donnant la mort plutôt que de s'en parer. Non pas avec honneur – l'Ordre des ténèbres n'était guère du genre à s'intéresser à de telles considérations – pas plus que par devoir ; mais par survie. Par amour.

S'en farder les joues d'une tension guerrière, jusqu'à crier la vérité : mieux valait rester en vie, coûte que coûte. Sinon, comment les siens pourraient-ils être en sécurité ? Trop d'âmes inquiètes et de cœurs aimants dépendaient de ce sacrifice dépassant la mort. Aux yeux des 'héros' de l'Histoire, il était si aisé de se détourner des nuances pour accuser de monstruosité ceux qui n'avaient guère d'autre choix que de s'y plier. Si risible de nier les tourments de l'humanité ; ses faiblesses et son incroyable volonté de vivre. Quel qu'en soit le prix.

Maintenant qu'il pouvait enfin observer son interlocuteur, l'ancien Serpentard corrigea délicatement sa première pensée. Aucune mission digne de ce nom, aux relents mortels et alambiqués, ne pourrait prendre racine dans un lieu aussi commun. En proie aux passages réguliers des étudiants et des professeurs ; ce serait risqué. Surtout pour quelques mots échangés au détour d'une table. Il s'était laissé emporter par ses propres écueils, craignant quelques pointilleuses exécutions.

Encore une fois, il s'était focalisé sur le problème plutôt que toutes les autres opportunités. Assurément qu'on viendrait plutôt quérir ses talents diplomatiques que sa piètre maîtrise de la magie noire. Quoi que les entraînements auprès de Rupert provoquaient en lui une sorte de ravissement teinté d'angoisse ; il apprenait avec aisance, tout en rencontrant de terribles difficultés à contrôler ses protections les plus primaires.

Quant à William, depuis une vive altercation avec des affiliés de Dumbledore, il espaçait considérablement les séances pour ne pas trop souffrir de ses déplacements. Donna avait estimé à plusieurs semaines la convalescence de son époux ; et Rowan ne pouvait que apporter un peu d'attention à son parrain. Il ne comptait pas partir dans une croisade vengeresse à l'encontre des assaillants – surtout que tous se refusaient à lui dire qui.

« En effet. » Il le pouvait. Tutoyer. Pour autant, cela l'indisposait légèrement en présence du soigneur. Plus pour des raisons de politesse que de mésentente.

L'allemand ? Le Sinistros haussa un sourcil, tout en conservant un visage neutre au possible. « Je confirme bel et bien cette information. » Restait à savoir ce qui l'attendait en lien avec cette donnée – la langue de Goethe – si peu prévue et envisagée. D'une main lente, indéniablement prévenante, il récupéra la missive.

Et ses iris se plongèrent instantanément dans le texte à l'écriture familière. Clemens. Au fil des secondes, le teint pâle de Rowan, ordinairement maîtrisé et peu amené à l'expression des émotions, sembla se tendre. S'embraser, presque imperceptiblement, au niveau de ses pommettes acérées. Bon sang. Il termina sa lecture avec la gorge sèche : horriblement indisposé. Le carmin trahissant avec pudeur son agitation, ici et là sur son épiderme.

Il eut du mal à lever ses iris vers leurs jumelles. S'appuyant sur toute la contenance dont il pouvait faire preuve pour ne pas paraître trop bousculé par la teneur des mots employés... Et des images licencieuses qui s'échinaient à traverser son esprit. « Et bien... » Sa voix, basse et lente, ne tremblait pas en dépit du manque d'air qui commençait à s'insinuer dans ses poumons. « … Je dois dire... » Par tous les dieux. Il allait vraiment devoir traduire tout ceci ? « … Je m'attendais à tout sauf à ça. »
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MessageSujet: Re: L'Intraduisibilité Adamantine des Sentiments   L'Intraduisibilité Adamantine des Sentiments EmptyLun 11 Jan 2016 - 15:48

L’attitude affectée et digne de Rowan contribuait à calmer Quinlan, même s’il se sentait toujours tremblant. Ce n’était pas digne de lui de faire appel à quelqu’un qui avait sûrement mieux à faire que de traduire son courrier, surtout en invoquant une faveur qui avait des conséquences autrement plus fâcheuses que l’avenir d’un couple. Quand le jeune homme confirma qu’il parlait bien allemand, Quinlan lui passa la lettre, comme s’il cherchait à s’en débarrasser. Il détourna aussitôt les yeux, ne voulant pas voir la réaction de Rowan face à ces mots qu’il ne comprenait pas. Il fallait qu’il pense à autre chose, au lieu de ressasser tous les scénarios possibles et imaginables. Il n’arrivait pas à s’ôter du crâne que peut-être, Clemens le repoussait inconsciemment. Qu’il avait été trop présent trop vite, trop sérieux, trop… Trop pour lui. Ce n’était pas la première qu’il pensait ainsi, parce qu’il n’arrivait pas à se convaincre du contraire. Il était désespéré à l’idée de le perdre, tant et si bien qu’il préférait anticiper et amener le sujet sur la table lui-même. La lettre qu’il lui avait envoyée à la Saint Valentin en était un exemple parfait. Sur le coup, ça lui avait paru être une bonne idée de montrer à Clemens qu’il n’était pas aussi attaché qu’il en avait l’air, mais maintenant il doutait.
Dire qu’il se présentait souvent comme un mec pas prise de tête. Tu parles.

La voix de Rowan le tira de ses divagations mentales. Tournant de nouveau son regard noisette vers le Sinistros, Quinlan fut surpris de la couleur de ses joues. Merde, pourquoi lui avait-il fait lire cette lettre…? Que disait-elle ? Le guérisseur fronça les sourcils et déglutit. Il redoutait la signification de ces mots aussi sûrement que s’ils avaient été le détonateur d’une bombe silencieuse, mais dévastatrice. Depuis quand est-ce que quelque chose d’aussi trivial qu’un bout de papier le mettait dans de tels états ?

— Est-ce que… Est-ce que c’est négatif ?

Oh et puis merde ! Quinlan se prit la tête dans les mains, avant de passer ces dernières dans ses cheveux, incapable de continuer à essayer de dissimuler sa nervosité. Au bout d’un moment, il fallait bien assumer qu’on n’était qu’une boule de nerfs entre de se bouffer les doigts jusqu’à en sucer l’os. Et il devait une petite explication à Rowan à propos de son comportement étrange.

— Je… Je ne sais pas ce qu’il m’a écrit.

Inutile de préciser qui était ‘il’. Rowan devait déjà l’avoir deviné.

— Je ne parle pas allemand, je ne sais pas… Ça pourrait être tout et n’importe quoi…

Et selon le cerveau tordu de Quinlan, c’était surtout n’importe quoi. Il pensait au pire par réflexe, comme si c’était plus simple de se focaliser sur le négatif, de peur d’être déçu ou blesser. Les faux-espoirs étaient la pire arme des gens cruels. Il le savait. Il l’avait utilisée de nombreuses fois. C’était presque ironique que ça lui retombe dans la face de cette manière, et aussi violemment.

Quinlan voulut rappeler à Rowan qu’il n’était pas obligé mais il n’y arriva pas. Il voulait le forcer à cracher le morceau, parce qu’il ne supporterait pas d’attendre davantage pour connaître le contenu de cette lettre. C’était égoïste et lâche, et il le savait mais… Rester dans le noir était une véritable torture pour lui. Il plongea de nouveau sa tête entre ses mains, cette fois pour l’y laisser.
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MessageSujet: Re: L'Intraduisibilité Adamantine des Sentiments   L'Intraduisibilité Adamantine des Sentiments EmptyMar 12 Jan 2016 - 17:52

En face de lui, l’agitation latente et piquante de Quinlan commençait à devenir diablement évidente. Trop pour qu’il se refusa encore à la considérer comme une preuve supplémentaire. Cette donnée incongrue, plus la teneur licencieuse de la missive toujours tenue entre ses doigts crispés, contribuaient à promouvoir au creux de son ventre... Une légère culpabilité. Le jeune aristocrate avait la douloureuse impression de s’insérer dans la vie privée – et, disons-le sans détour ; sexuelle – de son meilleur ami.

« Non. » Il avait murmuré ce terme du bout des lèvres, l’air incommodé. Embarrassé.

Au fur et à mesure des secondes – et de ces diaboliques images qui persistaient dans un coin de sa conscience malmenée – un carmin narquois succéda définitivement à la pâleur ordinairement présente sur le visage de Rowan. Et la chaleur, insidieuse, l’étreignait de la même manière. Cette réalité désobligeante avait un goût âcre et déstabilisant : déplacée compte tenu qu’il s’agissait ici non pas d’une fiction grivoise, mais de Clemens. De cet individu dont il partageait la chambre et l’amitié. La loyauté.

Et qu’il se retrouvait à visualiser dans une position indécente. Jusqu’à presque en sentir le souffle fébrile. Par tous les dieux. C’était incorrect. Lancinant.

En dépit de l’évident éclat rougeoyant de ses traits, l’ancien Serpentard s’échinait à rester neutre. Impassible. Une tomate nonchalante. « Et bien, Quinlan, je peux t’assurer... Que Clemens t’apprécie énormément. » Les propos étaient avancés avec une assurance avérée, quoi que déstabilisée par l’immensité de l’appréciation en question. Et du reste. « La lettre est, à mon sens, limpide à ce sujet. »

D’un geste lent, trahissant une raideur prude et scrupuleuse, Rowan se passa une main bienvenue sur le front. « Veux-tu... Que je te traduise l’intégralité ? » Intérieurement, il supplia son aîné du contraire. Évoquer de tels thèmes à l’oral transgressait beaucoup de ses limites... Lui qui n’avait jamais dépassé le stade d’une embrassade.
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MessageSujet: Re: L'Intraduisibilité Adamantine des Sentiments   L'Intraduisibilité Adamantine des Sentiments EmptyJeu 14 Jan 2016 - 12:03

Il n’avait aucune idée de la teneur des propos de Clemens, sinon il aurait peut-être réfléchi avant d’envoyer cette missive à Rowan. C’était le besoin égoïste d’être débarrassé de ses doutes en évitant toute confrontation désagréable qui avait poussé Quinlan à faire appel à l’héritier Westminbrook… Il aurait du mal à l’admettre, mais ça restait la réalité. Le visage de son vis-à-vis qui se teintait de rouge aurait pu lui mettre la puce à l’oreille, mais il était trop profondément enfoui dans son pessimisme pour y accorder de l’importance. Alors, quand il entendit la réponse de Rowan, très courte, Quinn eut l’impression de se prendre une tarte mentale.

Non, ce n’était pas négatif. Quinlan laissa échapper un long soupir de soulagement, profond et sincère. Sous ses airs confiants et assurés, le guérisseur était un être pétri de frayeurs plus ou moins raisonnables et compréhensibles, et le fait que sa folie amoureuse fut à sens unique était l’une d’entre elles. Il avait conscience d’avoir entraîné Clemens avec lui, dans une chute qui n’en finissait pas. Mais tout le monde le sait : ce qui tue, ce n’est pas la chute.

Cette frayeur d’avoir forcé Clemens sur un chemin qui n’était pas le sien, cette pensée obsessionnelle qu’un jour il regrette son choix n’était pas avérée. Pas encore. Toujours cette touche de pessimisme, parce que jusque là, la vie amoureuse de Quinlan ne lui avait pas fait de cadeaux. Elle avait été si chaotique même, si tordue et douloureuse qu’il n’imaginait même pas qu’elle puisse être normale, saine, et heureuse. Clemens t’apprécie énormément. Ces mots sonnaient presque étrangement dans ses oreilles, comme si c’était trop beau pour être vrai, comme si rampait tout en dessous une autre vérité, bien moins belle. Non, ça ne servait à rien de trop y penser, il avait eu ce qu’il voulait non ? Il était rassuré.

Mais voilà, Rowan lui demanda s’il souhaitait une traduction complète et détaillée. Tout en Quinlan hurlait oui, mais en voyant l’air visiblement gêné du Sinistros, le guérisseur retint sa langue. Non, il ne pouvait pas lui demander ça. La frustration de ne pas savoir ce que contenait cette lettre continuerait à le hanter, mais il préférait ça. Il avait impliqué Rowan avec l’excuse de n’y rien comprendre, mais maintenant qu’il entrevoyait ce que Clemens avait bien pu écrire, il n’arrivait pas à se résoudre à lui en demander davantage.

— Non. Non ça ira… J’ai déjà abusé de ta patience, Rowan.

Quinlan se massa les tempes, ne sachant que faire de cette nouvelle révélation. Il t’apprécie énormément. Alors pourquoi…?

— Juste… Pourquoi en allemand ? Il sait que je ne parle pas cette langue, pourquoi il m’aurait écrit en allemand ?

Quelque part, Quinn savait que Rowan n’avait pas la réponse, mais il ne pouvait s’empêcher de lui poser cette question. La souffrance de découvrir une lettre qu’il était incapable de déchiffrer continuait de lui brûler la poitrine, au point de faire perler aux coins de ses yeux rouges quelques larmes.

— Pourquoi…? Est-ce qu’il y a un message codé, quelque chose…?

Aurait-il poussé le vice jusque là ?
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MessageSujet: Re: L'Intraduisibilité Adamantine des Sentiments   L'Intraduisibilité Adamantine des Sentiments EmptySam 16 Jan 2016 - 18:27

À sa première réponse, consciencieusement abrégée et mesurée, la tension omniprésente chez son aîné sembla s’estomper. Perdre de sa dureté et de son orgueil disproportionné. Céder aux appels languissants d’un amour qui, aux yeux du jeune aristocrate, dépassait de très loin le seul cadre usuel des langues et des peuples. D’autant plus que le dialecte des héritiers de Goethe savait se parer d’une toute puissance linguistique sévère ; et transcendante ; accordant de bonne grâce des nuances aux mots et aux émotions que l’on ne trouvait guère dans la langue de Shakespeare. Pas plus dans celle de Molière, d’ailleurs.

Et, au creux de cette missive estampillée du nom de son meilleur ami, Rowan se montrait sensible à beaucoup de détails. Assurément trop – compte tenu des représentations libidineuses qui s’agitaient toujours dans un coin sombre de son esprit. Néanmoins nécessaires, d’une façon singulière, à comprendre les hommes qu’ils devenaient progressivement.

Marquant la distance entre ce qu’ils étaient hier, à la veille de leur vie d’adulte, et ce qu’ils étaient aujourd’hui, dans un monde qui n’accordait pas de place ni d’espérance à leur évolution. Pourtant, à l’encontre de ces forces hostiles, ils s’échinaient à quitter le stade précaire et tardif d’une adolescence indécise. Et, désormais, l’un comme l’autre, se retrouvaient face à des choix complexes et sibyllins.

En dépit de toute la contenance guindée qu’il s’efforçait de maintenir, la chair de l’ancien Serpentard se refusait à pâlir. À respecter les conventions. Elle lui échappait par son humanité flagrante et risible, prompte à s’enflammer des mots de son colocataire pour leur enseignant. « Je... Bien. » Quelque chose se détendit légèrement en lui, presque à lui voler un soupir de soulagement, tant il lui paraissait excessivement difficile de formuler à voix haute les attachements de Clemens. « Néanmoins, si je peux me permettre de certifier une chose, Quinlan... » Ses doigts vinrent apporter une caresse rassurante à sa propre gorge. « … Tu es loin d’exploiter abusivement ma prétendue patience. »

Les secondes qui s’effilochèrent, s’écorchèrent et se brisèrent dans le néant, lui glissèrent davantage d’assurance dans le cœur. Suffisante à encaisser l’interrogation intempestive. « Et bien... Il s’agit de sa langue maternelle. » D’un mouvement lent et prudent, empreint d’une délicatesse dédiée à la missive elle-même, il porta cette dernière au-devant de l’enseignant. « Il n’arrive pas à formuler tout ce qu’il ressent pour toi en anglais, les mots manquent de sens et de profondeur. Alors, il suit la voie tracée par d’illustres pairs en se référant à la seule linguistique capable de rendre un peu de son sentiment : l’Allemand. »

L’ancien Serpentard pencha le visage sur le côté, une esquisse de sourire gagnant ses lèvres. Oubliant le carmin, les images et l’indécence de ces suppositions. « En vérité, il n’a pas écrit cette missive contre toi. » Oubliant qu’il s’aventurait dans un domaine qu’il ne maîtrisait pas. « Il l’a rédigé pour toi. C’est, à mon sens, l’essence même de son choix. »

Soudainement, quelque chose de fragile se rompit en lui. Conduisant à une douleur aiguë et lancinante. « L’amour transcende les langues et les hommes, Quinlan. Autant que le temps et l’espace. » Ses iris se troublèrent de ce mal inattendu. Et cherchèrent à fuir le contact. « Et ce qu’il a écrit le prouve définitivement. »
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MessageSujet: Re: L'Intraduisibilité Adamantine des Sentiments   L'Intraduisibilité Adamantine des Sentiments EmptyLun 18 Jan 2016 - 15:17


La façon dont Rowan répondit à Quinlan ne laissait planer aucun doute sur ce qui se tramait dans sa tête. Il n’avait vraiment pas envie de traduire l’intégralité de cette missive, ce qui faisait encore plus travailler la cervelle anxieuse du guérisseur. Qu’avait bien pu écrire Clemens qui soit si gênant ? Est-ce que c’était… ? Non ! Si ? Quinn ne laissa rien paraître de cette perplexité là, se concentrant de toutes ses forces pour reprendre une contenance des plus neutres. La situation était déjà assez cocasse comme ça, même si Rowan avait la politesse de lui faire croire le contraire. Avec un sourire désabusé, Quinlan ne put s’empêcher de répliquer :

— Je t’ai fait déplacer pour si peu…

Bien sûr, pour lui c’était loin d’être peu, mais d’un point de vue extérieur, c’était quand même bien puéril. Quinlan avait quelques remords à avoir mis Rowan dans cette situation, même s’il n’était pas sûr qu’il aurait fait autrement, si remonter le temps eût été possible. Cette rencontre avait eu le mérite de l’apaiser sur les intentions de Clemens, à défaut de lui donner accès au message dans son entièreté. Une question demeurait cependant : pourquoi l’allemand ? Pourquoi écrire dans une langue que Quinlan serait incapable de lire ? Cette question revenait sans cesse hanter les pensées du guérisseur, le replongeant sans cesse dans un tourbillon de peurs infondées.

La réponse était si simple que l’espace d’un instant, Quinn faillit en rire. À la place, il esquissa un sourire : sa propre bêtise l’amusait autant qu’elle l’irritait. Il se comportait vraiment comme un ado subissant ses premiers émois, une chose indigne s’il en était pour lui. Pourtant, en fouillant son passé, Quinlan se rendait compte qu’émotionnellement, il n’avait pas vécu beaucoup plus qu’un ado. Il reprit d’un geste doux la lettre, ne sachant pas trop quoi répondre à Rowan.

— C’est vraiment con que je sois si nul pour les langues étrangères, soupira-t-il après quelques secondes de réflexion.

Il s’était déjà dit plusieurs fois qu’il apprendrait bien l’allemand; que la sonorité de cette langue, surtout quand elle était murmurée, lui plaisait énormément. Mais il n’avait pas encore franchi le pas. Il s’était dit qu’il aurait le temps, un temps qu’il n’avait pas eu. Il n’avait pas non plus le courage de demander à Clemens de la lui enseigner. C’était un étudiant, il avait sûrement mieux à faire que de faire du baby-sitting avec son amant… Enfin. Peut-être Quinlan reconsidérerait-il cette option désormais.

Les mots de Rowan résonnèrent encore dans sa tête. Pour toi. Après toutes les disputes qu’ils avaient eues à propos de la communication, de l’expression des sentiments, toutes les fois où Quinlan l’avait pressé comme un citron pour qu’il formule des choses qui n’étaient même pas claires dans sa tête… Oui, ça faisait sens. Il avait réussi, finalement. Pas en anglais, mais il avait réussi. Il l’avait fait. La forme que ça avait pris avait trop surpris Quinlan pour qu’il s’en rende compte de lui-même. Ne sachant comment prendre cette lettre inattendue, il avait tout de suite pensé au pire, sans une seule seconde envisager cette solution. Peut-être parce que s’il l’avait fait avant de se rendre compte qu’il s’était trompé, la douleur aurait été trop forte.

Et puis, il y eut ces quelques paroles réconfortantes de Rowan, tout enrobés d’une poésie touchante que Quinlan accueillit bien volontiers. Il se disait souvent du genre pas romantique du tout, mais il fallait bien se rendre à l’évidence : il était si fleur bleue qu’elle allait virer à un indigo particulièrement tenace. De quoi colorer ses sentiments assez durablement pour que jamais ils ne se délavent, et qu’il n’ait pas besoin de les passer à la machine en se demandant s’il pourrait les ravoir un jour.

— Rowan… Je ne sais pas comment je peux te remercier…

C’était vrai. Il n’avait aucune idée de comment repayer le temps qu’avait perdu Rowan à venir jusqu’ici pour, finalement, souligner ce qui était une évidence pour tout le monde, sauf pour Quinlan. Il était trop occupé à se regarder le nombril en jouant du violon sur ses veines pour se rendre compte de ce qu’il avait entre les mains. Pour juste prendre ce qu’on lui offrait sans y réfléchir à deux fois.

Le grand poids dans sa poitrine finissait de s’évanouir alors qu’il mesurait enfin l’ampleur et la nature de ce qu’il pouvait être pour Clemens. La légéreté de son cœur fit alors rapidement place à une détermination nouvelle. Il avait pris sa décision. Il allait apprendre l’allemand.
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MessageSujet: Re: L'Intraduisibilité Adamantine des Sentiments   L'Intraduisibilité Adamantine des Sentiments EmptyMer 20 Jan 2016 - 14:37

Tant bien même que son corps s’échinait à refuser toute coopération – les joues brûlantes d’un carmin notable et narquois – salutaire, Rowan s’efforçait de maintenir les apparences de sa contenance guindée. Certes, le vif soulagement – apporté par l’évidence toute agréable qu’il n’allait pas avoir besoin de transcrire la prose amoureuse de son meilleur ami – parvint à stabiliser la progression fulgurante de la gêne précédemment ressentie ; toutefois la singularité de la situation rendait leur entrevue pour le moins étrange.

À la limite de la décence que pourraient tolérer, d’ordinaire, un professeur vis-à-vis de son élève.

À la dernière remarque de son aîné, l’ancien Serpentard vint croiser les doigts au-devant de ses lèvres. En une sorte de prière silencieuse qui n’en était pas tant ; davantage l’empreinte avérée d’une introspection pondérée. Capable d’une tempérance certaine compte tenu de l’échange se déroulant entre eux. « Non, je ne pense pas que ce soit le cas. »

Capable d’une douceur obligée face aux relents délicats d’une relation qui dépassait de très loin ses propres considérations. « En dépit de ce que l’on pourrait croire, je ne me sens pas inutile à traiter des affaires de la sorte. » Bien qu’il soit encore et toujours perdu dans sa propre vie sentimentale, après la fuite cuisante d’une boite autrefois précieuse. « Même si l’on pourrait indubitablement me reprocher mon manque d’expérience en la matière. »

Lui, si prompte à maîtriser ses paroles, venait d’en perdre une au détour d’une pensée hasardeuse. Malencontreuse. Bien vite rattrapée par une nouvelle ondulation de rougeur et d’embarras mêlés. Une erreur grandiloquente. Qui lui coûtait ; lui brûlait le cœur. Comment pouvait-il se laisser ainsi piéger ?

En guise de distraction bienvenue, le jeune homme focalisa son attention sur les remarques piquées de regrets. « Et bien, si je peux me permettre, il n’est jamais trop tard pour s’y intéresser. » Ses mains se posèrent sur le bois de la table, avec une lenteur voulue. « Je peux t’apporter mon aide, si tu le souhaites. Même si je te l’accorde, ce ne sera pas aisé de s’en sortir immédiatement avec la langue de Goethe. »

Parallèlement à son offre, Rowan espérait oublier un peu de la souffrance qui courrait ardemment dans ses veines. Mordant ici et là sa chair ; tel que le ferait un serpent au venin édifiant. « Inutile de s’étaler en remerciements. Je considère que tu en fais beaucoup plus pour moi que l’inverse. » L’espace de quelques instants infimes, ses iris fuyantes s’autorisèrent un éclat imprégné de reconnaissance. « À dire vrai, la seule demande que je pourrais formuler auprès de ta personne, tient davantage à des intérêts étudiants que politiques. Cela peut attendre. » Noyer le visage de Pandore dans les tréfonds de sa conscience, et ce, même si sa voix laissa s’échapper quelques tremblements ; quelques indices du mal qui sévissait dans sa chair.
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MessageSujet: Re: L'Intraduisibilité Adamantine des Sentiments   L'Intraduisibilité Adamantine des Sentiments EmptyJeu 21 Jan 2016 - 6:02

Le manque d’expérience de Rowan dans le domaine qui les occupait aujourd’hui n’étonnait pas Quinlan. Ce dernier esquissa seulement un petit sourire désolé, détournant légèrement le regard. Le Sinistros avait beau mettre ses excuses de côté en prétextant qu’elles étaient inutiles, Quinn n’était toujours pas convaincu. Qu’y avait-il à répondre ? Le guérisseur aurait menti s’il avait affirmé que tout cela n’avait qu’une importance relative pour lui, et ça n’aurait pas été un mensonge très convaincant, compte tenu du cirque qu’il venait de faire. C’était au contraire extrêmement important pour lui de savoir ce qu’avait voulu lui dire Clemens. Seules les réactions de Rowan l’avaient convaincu qu’il pourrait encore attendre, et s’adresser au premier concerné la prochaine fois. Et apprendre l’allemand au passage.

Rowan tenta alors de le rassurer, lui offrant son aide tout en précisant que ça n’allait pas forcément être facile. Oui, d’autant plus qu’il n’était pas spécialement doué en langues étrangères… La constatation lui arracha un autre sourire désabusé.

— J’ai mis le temps avant d’apprendre le peu de suédois que je connais, et j’habitais Stockholm.

Pire même, il n’avait traîné qu’avec des Suédois et avait négocié pour qu’ils parlent le moins possible en anglais avec lui. Quelques années plus tard, il avait du mal à se souvenir de comment on disait certaines choses pourtant très utiles au quotidien. Comme si son cerveau avait refusé d’imprimer sur le long terme. Seuls quelques mots flottaient dans son esprit, indélébiles. Mais ça ne suffisait pas à rassurer Quinlan sur ses capacités à apprendre une nouvelle langue étrangère.

— Là, franchement, je ne sais pas si j’arriverais à quelque chose un jour… C’est vraiment pas fait pour moi ces trucs là. Enfin, j’apprécie ton aide.

Il la lui demanderait certainement un jour d’ailleurs, ça ne faisait pas vraiment de doute. En attendant, il ne pouvait s’empêcher de remercier encore une fois Rowan, qui commençait peut-être à en avoir assez. C’est vrai qu’il ne devait pas avoir l’habitude de voir Quinlan ainsi… Regardant de nouveau l’étudiant dans les yeux, le guérisseur y perçut quelque chose de plutôt… inhabituel. Ses paroles, serait-ce une demande cachée ? Si oui, Quinlan ne pouvait se résoudre à faire comme s’il n’avait rien remarqué.

— Si tu as besoin de mon aide, dis-le-moi. Qu’est-ce que je peux faire pour toi ?

Un air étonné mais bienveillant s’afficha sur ses traits, alors qu’il remisait doucement la lettre dans ses affaires. Ils s’étaient donné rendez-vous pour que Rowan aide Quinlan, mais si ça n’en serait que plus intéressant et juste si ça allait dans les deux sens, non ?
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MessageSujet: Re: L'Intraduisibilité Adamantine des Sentiments   L'Intraduisibilité Adamantine des Sentiments EmptySam 23 Jan 2016 - 11:24

À la mention de ses expérimentations inexistantes – un sujet délicat à aborder tant pour lui même que pour ses proches – l’ancien Serpentard avait été frôlé par une pudeur gauche et affectée. De celles difficiles à noyer au fond d’une contenance guindée, lorsqu’elles apparaissaient au coin du visage et du cœur. Tirant toujours des voiles mêlées de pourpre et de frayeur sur la pâleur ciselée de ses traits.

Néanmoins, par respect – tout du moins il l’interpréta de cette façon – son aîné détourna le regard au profit du néant. Rowan imita la chose avec langueur, puisant ses forces dans la stabilité de la quiétude studieuse aux alentours. À peine perturbée par le mouvement régulier des pages et des opuscules déplacés, au loin.

Peu à peu, l’esprit du jeune aristocrate s’était cristallisé autour de détails plus accessibles ; et dont la conversation pourrait tirer des intérêts certains. Notamment à l’égard de Quinlan, visiblement piqué au vif par la linguistique allemande. Rien de surprenant en soi ; cette langue avait de quoi alimenter bien des fantasmes de part ses origines multiples et la largesse de son vocabulaire.

« Et bien, ce sont des compétences qui se rectifient et s’approfondissent. » Il cerna ses pensées autour de leur échange, afin de ne plus se perdre en des méandres incertains. «  À mon sens, la pratique orale est évidemment le meilleur moyen de s’imprégner d’une langue. Toutefois, je pense être capable de te faire travailler la chose sous un angle plus théorique... Pour débuter. »

Ses iris céruléennes vinrent guetter la réaction de leurs jumelles. « Nous pouvons difficilement évaluer ce que tu es apte à faire au stade actuel, Quinlan. » Ses lèvres se pincèrent brièvement tandis qu’il réfléchissait. « Dans tous les cas, nous aviserons de cela en temps et en heure. » Assez étrangement, une esquisse de sourire vint caresser son visage. « … Après tout, tu as ma carte de visite, n’est-ce pas ? »

Une fois ces mots sibyllins lâchés, l’ancien Serpentard s’échina à conquérir de nouveau un sérieux indiscipliné par les sujets précédemment évoqués. « Si je peux me permettre... Il s’agit de la médicomagie. » L’éclat de malice s’était progressivement fané au fond de ses yeux. « Je sais que je ne suis pas un spécialiste, et que je ne peux pas réellement prétendre à ce cours compte tenu de mon cursus, seulement... Je considère que c’est une discipline somme toute indispensable pour notre avenir commun. » Et les dieux savaient à quel point ce fait était avéré. « Il est vrai que je pourrais m’en tenir aux enseignements généraux, toutefois... Je ne pense pas me fourvoyer en osant imaginer qu’il existe des sortilèges plus spécifiques pour sauver des vies ? » Minimiser les pertes. « De ce fait, si tu es disposé à me donner quelques conseils et cours particuliers à propos de telles thématiques... Je t’en serais sincèrement reconnaissant. »

Parce qu’il ne doutait pas, une seule seconde, qu’il pourrait en avoir besoin. Peu importe que ses études deviennent d’une lourdeur insupportable lors de la rentrée prochaine – n’escomptait-il pas, d’ailleurs, embrayer sur un cursus de politique en plus de celui de relations internationales ? – si cela lui offrait l’opportunité de préserver les siens.
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MessageSujet: Re: L'Intraduisibilité Adamantine des Sentiments   L'Intraduisibilité Adamantine des Sentiments EmptyMar 26 Jan 2016 - 9:58

Moui. Quinlan ne savait pas trop quoi dire à Rowan. Il savait qu’il n’était pas doué pour les langues étrangères, peu importe la manière dont on les lui avait enseignées. À l’école, il avait déjà eu pas mal de mal avec l’anglais déjà, le peu de gaélique irlandais qu’il connaissait était vacillant et il n’avait parlé suédois que grâce à la ténacité parfois un peu agaçante de Magnus. Pourtant, il avait toujours été motivé, et il l’était d’autant plus aujourd’hui alors qu’il prenait la décision d’apprendre l’allemand. Mais il savait aussi que ça n’allait pas être une partie de plaisir. C’est un peu comme s’il avait annoncé qu’il allait apprendre la métamorphose avancée ou à jouer au Quidditch. Cette pensée lui arracha un sourire : heureusement qu’ils avaient la danse quand même.

Et Rowan se proposait pour être son professeur, ce qui ne manquerait pas d’être intéressant, peu importait l’issue de l’apprentissage de Quinlan. Ce dernier n’avait aucun recul sur ce qui fonctionnait comme méthode : il ignorait s’il apprendrait mieux en se basant sur ses instincts ou en analysant la langue. Dans le doute, les deux étaient bons à prendre.

— Actuellement, je ne suis même pas sûr de comment dire ‘bonjour’… Enfin on verra. Mais ça me plaît bien comme programme : la théorie avec toi, et la pratique avec Clemens…?

Arf, ça sonnait mieux dans sa tête. Quinlan étouffa un rire, détournant le regard pour préserver son interlocuteur de son humour pourri et définitivement sous la ceinture. Pas que la tentative soit vouée au succès, cela dit. Enfin, Quinn appréciait trop Rowan pour continuer à ricaner stupidement à ses propres vannes : il se calma rapidement, reprenant un visage neutre.

D’autant plus que Rowan avait besoin de son aide. Oh, tant mieux ! Quelque part, ça empêcherait Quinlan d’avoir trop mauvaise conscience pour l’avoir fait venir pour une bête lettre d’amour qu’il était incapable de comprendre. Le jeune homme avait besoin d’aide pour de la médicomagie. Parfait ! C’était le domaine d’expertise de Quinlan. Merci, Captain Obvious. Soudainement encore plus attentif, le professeur Fitzsimmons l’Aîné écouta la suite de la demande de Rowan. Quel suspense ! Que voulait-il vraiment ? Oh. Oh !

— Tu me demandes des cours particuliers de médicomagie avancée ?

La demande était plutôt originale et c’était une bonne surprise pour Quinlan, mais il ne pouvait s’empêcher d’écarquiller les yeux. L’héritier Westminbrook était effectivement inscrit dans un tout autre cursus que la médicomagie, ce qui ne l’empêchait pas de faire preuve d’un certain talent dans ce domaine. Sauver des vies… Les engrenages venaient enfin de se mettre en marche dans le cerveau de Quinlan, qui devait encore se forcer à faire le lien entre des choses totalement évidentes pour certaines personnes. Il oubliait parfois. Il cloisonnait si bien les informations dans son esprit que Clemens et histoire de l’Allemagne n’avaient pas forcément de lien évident pour lui. C’était le même genre de cloisonnement qui était responsable de sa surprise, pourtant c’était logique. Très logique même. Rowan, la Marque, le danger, la mort. Il avait besoin de protection, pour lui et les siens.

Alors Quinlan ne suggéra même pas à Rowan de rejoindre les cours des spécialistes, parce que ça n’aurait pas répondu à ses attentes non plus. À la place, il prit une grande inspiration, et sourit.

— Je serais honoré d’être ton professeur particulier.

Il marqua une courte pause, avant de reprendre.

— Il existe effectivement des sorts et des techniques à connaître qui pourraient t’intéresser et que je ne compte pas spécialement aborder dans les cours libres. Il faudrait en discuter plus en détail pour élaborer un vrai programme, mais je suis partant.

Parce que bon, il lui devait bien ça quand même, malgré ce que les apparences pouvaient laisser penser. Sur le papier, ils n’avaient aucune raison d’être amis ou de s’entraider, mais leur réalité était bien plus complexe. Et compliquée aussi.
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MessageSujet: Re: L'Intraduisibilité Adamantine des Sentiments   L'Intraduisibilité Adamantine des Sentiments EmptyJeu 28 Jan 2016 - 22:35

Chaque nouvel échange entre eux induisait un court silence ; un fébrile et précieux instant de quiétude, au creux duquel ils s’offraient l’un et l’autre un peu de sollicitude. Une ondée délicate et apaisante, comparable à quelques baumes doucereux appliqués avec précaution sur une plaie commune. Tantôt imaginaire – un brin paranoïaque – tantôt bien trop réelle – et définitivement française.

Ce procédé translucide, à peine perçu comme tel par leurs propres consciences, parvenait à se glisser sous l’armature autrefois intransigeante du jeune aristocrate. D’une caresse prévenante et aérienne, elle stabilisait le mal ; l’étreignait de ses doigts éthérés sans se montrer capable de l’assassiner.

La souffrance, autant que la rancœur, s’étaient trop ancrées dans sa chair sous les effets pernicieux de la trahison. De l’abandon. Des réalités vaines à considérer. Mieux valait, pour l’heure, s’en arracher et se concentrer sur les allégations de son aîné. « Nous remédierons à ce léger détail avec une facilité déconcertante. J’en suis assuré. » En osant porter cette pensée à voix haute, il espérait convaincre leurs âmes de cette croyance.

Après tout, il ne s’agissait pas de promettre l’impossible. Seulement d’appuyer leurs compétences mutuelles ; et le fait qu’ils y parviendraient tôt ou tard. « À mon sens, c’est un programme qui se vaut amplement. » Le sérieux presque inébranlable de sa réplique, alors que le médicomage manquait de lui partager une hilarité graveleuse, fit littéralement chanceler l’ancien Serpentard.

L’espace de quelques risibles secondes, il eut l’impression que son esprit avisé... Rechignait à conserver le peu de contenance qui lui restait. À la fois brusqué et piqué d’intérêt par une dérision légère. Malicieuse. Pourtant issue d’une bassesse inhabituelle. Bon sang. Par chance, le trouble s’estompa dès qu’ils abordèrent un sujet davantage raisonné. « En effet. Il s’agit de ma demande. »

Face à l’expression brièvement stupéfaite de son enseignant, Rowan s’efforça de paraître nonchalant. Les joues toujours teintées d’un carmin hésitant ; le cœur anxieux ; le regard diablement attentif. Un objectif difficile à atteindre compte tenu des dernières minutes. Seule la réponse assurée de Quinlan parvint à faire taire les infimes dissensions de sa chair. Les iris brûlantes d’une reconnaissance exacerbée et la voix plus douce, il articula un unique mot. « Merci. »

Suffisant à donner corps aux félicités et aux tourments inhérents à son existence. Au choix qu’il avait pris et qu’il devait encore prendre. « Je m’astreindrai à ce que tu daigneras bien m’enseigner. » La proposition se révélait trop exceptionnelle pour escompter imposer ses conditions. « Et, de la même manière, je suivrai consciencieusement tes conseils et tes dispositions. » Nul doute là-dessus. « Il va sans dire que tu as ma confiance aveugle dans ce domaine. » Une sensation sibylline glissa le long de sa colonne ; empreinte tangible de cette vérité prononcée avec négligence. Cependant, ne renvoyait-elle pas à une considération somme toute sensée ? « D’une certaine façon, je suis entièrement soumis à tes bons enseignements. Guide-moi, et je serai un élève discipliné. » Cette fois-ci, l’ombre d’un sourire gagna ses lèvres.

Et il était le plus innocent du monde.
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MessageSujet: Re: L'Intraduisibilité Adamantine des Sentiments   L'Intraduisibilité Adamantine des Sentiments EmptyLun 15 Fév 2016 - 14:09

Si Quinlan était apparu avec une demande un peu étrange pour Rowan, il s’avéra finalement que l’inverse était également vrai. Étrange, mais dans les deux cas, parfaitement compréhensible. Le maître allait devenir l’élève de chaque autre, dans un échange presque symbotique de connaissances qui leur manquait cruellement. Bon après, au-delà de toute hyperbole, parler allemand n’allait pas sauver la vie de Quinlan — à moins qu’il ne se retrouve aux prises avec un Mangemort autrichien, et encore, tous les Mangemorts ne se valaient pas, n’est-ce pas ? — tandis que certains sorts pouvaient changer la donne pour Rowan.

L’espace d’un instant, Quinn se remémora la dernière mission qu’il avait effectuée avec l’Ordre et les gorges qu’il avait failli trancher. Il se souvenait aussi de l’entraînement récent avec Megan, où elle lui avait appris un sort redoutable… Est-ce que ce ne serait pas se tirer une balle dans le pied que d’apprendre à un Mangemort à se défendre et à sauver des vies que lui, Quinlan Connall Fitzsimmons, chercherait à prendre ? Aider le camp d’en face, et au passage se mettre certains alliés à dos si cela venait à se savoir ? Putain. C’était plus le serpent qui se mordait la queue là, mais bien l’Ouroboros qui s’était bouffé jusqu’au cou. Quinn aurait préféré ne pas y penser, mais c’était plus facile à dire qu’à faire. Finalement, il chassa ces pensées d’une simple phrase : qu’est-ce qu’une allégeance, sinon une limitation ?

— D’accord, on verra le détail plus tard alors.

Quinlan avait quand même entendu ce que lui avait dit Rowan, même si c’était à travers un filtre qui rendait ses mots distants. Il n’y avait plus grand-chose à dire pour aujourd’hui : ils se reverraient plus tard, mettraient au point un pseudo-programme d’allemand et de médicomagie et le guérisseur ne se demandera plus pourquoi il prend un tel risque. Il y avait trop de paramètres à prendre en compte, trop de choses qui se bousculaient. Dans la vraie vie, rien n’est tout noir ou tout blanc, malheureusement.

Mais ces considérations furent balayées par le phrasé typique de Rowan, qui résonnait étrangement dans l’esprit bien peu chaste de Quinlan. Ce dernier ricana sans pouvoir se retenir, et lança un regard légèrement brillant à Rowan.

— J’aime les élèves disciplinés mais la plupart du temps, aussi improbable que cela puisse paraître, je préfère être dans le rôle de l’étudiant. Je te préviens, je suis parfois un peu turbulent mais je suis sûr que tu as l’autorité nécessaire pour me mater.

Son sourire s’élargit, avant qu’il ne se mette à rire franchement, quoique silencieusement : ils étaient toujours dans une bibliothèque. Jetant un coup d’œil à l’horloge qui était dans un coin, tout près d’eux, Quinlan poussa un soupir.

— Je vais devoir te laisser, cela dit. J’ai des cours à préparer et je dois prendre ma permanence à l’infirmerie. En espérant ne pas t’y croiser…

Le guérisseur se leva, toujours souriant, et reprit la lettre de Clemens qu’il rangea dans sa robe de sorcier. Son sourire se fit moins amusé et plus sincère :

— Merci beaucoup.

Et il sortit de la bibliothèque en serpentant entre les rayons.
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