Suite de "De Glace et de Feu" - Après leur virée à Avalon, Neal décide d'emmener Lana dans un lieu cher à son coeur, le Cavern, dans le village moldu d'Exeter.
And...
Le vendredi 21 février 1997 - Soir.
Les tacles de Lana m'amusent, et je ris franchement sur le chemin de la zone de transplanage. Sa question me prend un peu au dépourvu, et j'observe attentivement sa tenue avant de lui fournir une réponse.
Je ne dirais pas que tu fais "trop sorcière", non, mais ce n'est effectivement pas une tenue... tout à fait appropriée à l'endroit où nous allons. Mais ne t'en fais pas pour ça, les gens chez qui nous allons auront sûrement de quoi te dépanner. Et pour ce qui est de la musique... J'avoue, j'ai fait un peu de guitare, mais pas plus que pour le fun. Je n'ai jamais vraiment quitté mon premier amour, le violoncelle.
A dire vrai, je suis excité comme une puce à l'idée de retrouver Logan. A Poudlard, c'était un peu mon frère de coeur, celui que j'entraînais dans tous mes coups foireux pour peu que Quinlan soit occupé ailleurs. Alors je retarde encore un peu notre départ, pour préciser :
Je connais les Lancaster depuis ma première année, et ils habitent Exeter depuis la fin des études de Cheyenne. C'est un peu mon pied-à-terre là-bas.
Puis je tends la main à la jeune femme, et transplane dès qu'elle la prend. Nous arrivons dans le sous-sol de la maison, qui n'a pas vraiment changé depuis ma dernière visite. La collection de balais de course de Cheyenne est toujours aussi bien entretenue, et l'armada d'accessoires de Quidditch dispute la place aux armées de manuels d'histoire de son fiancé. Sans m'attarder, je me dirige vers les escaliers, et m'empare du bout "écouteur" qui pend près de la rambarde. Je guette le moindre bruit trahissant la présence d'un éventuel invité, mais rien d'autre ne me parvient que des bribes de conversation entre mes deux amis.
Parfait, la voie est libre. Viens !
Avec l'air du parfait petit conspirateur, je grimpe les marches de pierre, soulevant la trappe pour sortir de la cave et permettre à Lana de passer à son tour. Je la referme le plus silencieusement possible avant de prendre une profonde inspiration, pour m’époumoner :
Devinez qui est là !!
Sans surprise, la première personne à jaillir de la cuisine est Cheyenne. Bien qu'elle fasse une tête de moins que moi, j'ai le sentiment qu'elle cherche à me broyer les côtes dans une étreinte d'ours.
Neal ! Vieille branche ! De tous les soirs de l'année, il fallait que tu te pointes pour celui-là bien sûr !
Pendant que je m'interroge sur ce qui peut rendre ce soir si particulier, elle se précipite sur Lana et l'étreint à son tour -j'espère juste qu'il y va... moins fort.
Cheyenne, ravie de faire ta connaissance. Surtout, fais comme chez toi !
Puis, se retournant vers moi, elle m'adresse un regard pétillant.
La vache, Fitzsimmons, tu te mouches pas du coude ! Alors, combien de temps ça fait, vous deux ?
Chey, je ne-
Oh, Neal, s'il te plaît. On me la fait pas à moi, et puis, ça crève les yeux. Même si de nous deux, c'est toi l'entremetteuse !
Je remets enfin la main sur le souvenir qu'il me manquait, comme si ces mots étaient l'inspiration divine qu'il me manquait -et pour être honnête, c'est un peu le cas. Mais avant que je ne puisse réagir, nous sommes interrompus.
Mon amour, laisse un peu nos invités respirer.
Bien sûr, cette voix calme et posée, plus professorale que je ne le serai jamais, appartient à Logan. Stature moyenne, carrure moyenne, voire un peu d'embonpoint -rien d'étonnant connaissant la cuisine de Cheyenne-, et les cheveux noirs soigneusement peignés, surmontant ses yeux couleur ciel d'été : il faut reconnaître qu'il a un certain charisme. A la main, il tient la pipe que je lui ai offerte pour fêter son premier poste, et assortie à sa barbe finement taillée, il serait impossible de le prendre pour autre chose qu'un universitaire. Tout comme la carrure musclée et les cheveux soigneusement nattés de Cheyenne ne laissent aucun doute sur sa carrière sportive,d'ailleurs.
Merci, 'Gan. Je vous présente Lana. Lana, Cheyenne et Logan Lancaster, de vieux amis.
Logan s'avance pour serrer la main de la jeune femme, lui offrant quelques salutations polies. Cheyenne semble s'être calmée, mais son regard volette encore de Lana à moi, comme si elle réfléchissait à une façon de me faire cracher le morceau sans que son cher et tendre ne le remarque.
Alors, qu'est ce qui vous amène par chez nous ?
Je voulais emmener Lana faire un tour au Cavern, et comme on partait pas dans l'optique d'une soirée rock...
Compris, on va vous relooker mes chéris. Toi, tu viens avec moi !
Sans vraiment attendre son assentiment, elle prend Lana par le bras et l'entraîne à l'étage. A côté de moi, Logan laisse échapper un long soupir, dans lequel je devine avant tout de l'amusement.
Alors comme ça, j'ai cru comprendre que tu étais prof aussi maintenant ?
Yep, Haveirson. La botanique.
Evidemment.
Et toi, toujours prof d'histoire ?
Yep. D'ailleurs, j'ai une de mes élèves qui va enfin réussir à publier son roman. Elle a été contactée par Bloomsburry, tu sais. Une histoire de sorciers, probablement un ramassis d'âneries... mais au moins, la Levée du Secret n'a pas eu que des retombées négatives.
J'esquisse un sourire amusé. Jo... il m'avait parlé d'elle, une des premières étudiantes qu'il a eu à l'Université d'Exeter.
Je suppose que comme toujours, tu as une véritable garde-robe dans ton sac ?
Papa oblige, oui.
Avec un sourire, il s'efface pour me permettre d'accéder à la chambre d'amis, où je me change rapidement. Je sais exactement quoi mettre : un T-shirt blanc, un veston noir, et un bracelet de cuir, plus un jean. En revanche, mes chaussures devraient parfaitement convenir. Avant de ranger le reste de mes affaires, j'extirpe une veste de cuir noir de mon sac, que je passe à mon bras.
J'arrive au bon moment pour voir Cheyenne faire redescendre Lana, à grands renforts de "Mais si, je t'assure que ça te va à ravir" et autres "Promis, tu n'auras pas froid au Cavern !". Et pour cause, elle lui a fait passer une blouse blanche plus légère que son pull, et une jupe rose pâle, imprimée de motifs floraux et de simili-dentelle.
Elle lui a également prêté un long collier qui brise l'aspect sérieux de la tenue, et je dois reconnaître que l'ensemble lui va particulièrement bien. Cette vision m'arrache un sourire amusé, et je me demande si Cheyenne n'a pas choisi la jupe fleurie à dessein. Je lui adresse un regard méfiant, auquel elle me répond par un de ses sourires les plus suaves. Elle s'est changée aussi, optant pour une veste en jean, un top et un short qu'une morphologie plus... loganienne ne lui aurait certainement pas permis.
D'ailleurs, Logan s'est changé aussi, au profit d'un simple jean-T-shirt. Mais il reste impossible à identifier comme autre chose qu'un prof.
On va vous accompagner, d'accord ?
Je-
Super ! En route !!
Avant d'avoir eu le temps de protester, elle nous pousse dehors, lançant juste un long manteau à Lana pour la route. J'enfile ma veste, riant au regard d'excuse que Logan nous adresse.
J'espère que tu me pardonneras, Lana. Une fois qu'on lui a donné ses calmants, Chey est a-do-rable.
Et sur ces bonnes paroles, nous nous mettons en route pour Queen's Street, et le Cavern.
Mes craintes se confirment quand Neal affirme que je ne suis pas habillée pour les circonstances. Je n'en fais pas trop de cas parce que bon, je ne pouvais pas savoir comment la soirée se déroulerait, mais je me sens néanmoins un peu... moche. T'as raté l'occasion de me complimenter, Monsieur Coeur-en-fleurs. Mais s'il ne l'a pas fait, c'est peut-être juste parce qu'il ne me trouve pas jolie. Me voilà à présent à douter (à nouveau) de la façon dont il me perçoit. Petit soupir. Je me lasse moi-même.
Mes pensées sont néanmoins distraites quand il parle des Lancaster, que je devine être les "quelques amis qui se sont installés là-bas après leurs études". Merde, ça semblait plutôt casual tout à l'heure, mais je commence maintenant à stresser. Il ne va pas juste saluer deux trois potes, il va me présenter à ses amis. Mon sourire est figé mais je pense qu'il est trop content pour s'en apercevoir. J'essaie de prendre sur moi, je ne veux pas gâcher son humeur, mais avoir su que je devrais faire la connaissance d'autres personnes ce soir, de ses amis même, je pense que j'aurais choisi l'Avalona. Allons Lana... Tu as choisi Exeter parce que tu voulais apprendre à le connaître. C'est exactement ce qu'il te propose. Je sais, je sais... C'est l'angoisse qui parle.
Faisant contre mauvaise fortune bon coeur, je prends la main qu'il me tend et je le laisse nous transplaner dans ce qui ressemble à un débarras ou une pièce de rangement, remplie d'objets hétéroclites, avec une forte dominance pour le Quidditch et les livres. Des liens se font tout de suite dans ma tête et si Neal ne m'entraînait pas déjà vers les escaliers, j'aurais été du genre à observer tous les objets sur place pour apprendre à connaître mes futurs interlocuteurs avant de les rencontrer, histoire d'éviter d'être surprise. Il affirme que la voie est libre et je lui fais un petit sourire gêné. Je me sens comme une voleuse, comme si on était entrés par effraction. Je ne m'attendais pas à arriver directement dans une maison, à vrai dire. En fait, je ne sais pas à quoi je m'attendais. Mais certainement pas à cet ouragan qui envahit la cuisine dès que Neal annonce sa présence. Un petit bout de femme aux cheveux bruns et au visage jovial vient broyer les côtes de Neal dans un câlin qui m'attendrit un peu. Je fais de mon mieux pour avoir l'air naturelle, mais la voir s'agiter comme une puce ne peut que me faire sincèrement sourire. J'ai tout de suite une bonne impression d'elle, même si j'ai le sentiment qu'elle prend beaucoup (trop) de place. Je m'élance pour lui faire la bise quand elle s'écarte de Neal, mais elle m'offre une accolade à mon tour. Surprise, j'en perds presque le souffle. Je me laisse faire et je l'enserre à mon tour timidement.
- Euh, bonjour... Merci, c'est gentil...
Je parle tout bas et je pense que personne n'écoute ce que je dis, mais je le dis quand même, par politesse. Quand elle demande à Neal depuis combien de temps on est ensemble, je sens mon visage se colorer d'une persistante teinte rosée et je me tourne vers lui, ne sachant pas quoi répondre. Cheyenne ne lui laisse de toute façon pas le temps de préciser que nous ne sommes pas un couple. Son idée semble faite. Je suis incroyablement mal à l'aise et je garde le silence.
Un homme entre alors dans la pièce et l'énergie change immédiatement. Son attitude est calme mais avenante et Cheyenne s'apaise légèrement à son injonction. Je ne peux pas m'empêcher de les trouver bien assortis, mais je pense tout de suite que j'aurai davantage d'affinités avec Logan. Cheyenne me semble très attachante et elle a l'air de vite savoir comment mettre les gens à l'aise, mais sa forte personnalité tend à m'intimider légèrement. J'imagine que je vais finir par me détendre, mais ça prendra quand même un peu de temps. Au moins, Neal parvient maintenant à faire les présentations. Je rougis encore en les saluant de la main.
- Bonjour, je suis ravie...
Je serre la main de Logan et lui offre un sourire sincère. Neal précise le motif de notre venue et je me tourne vers lui, cherchant à me raccrocher à quelque chose de rassurant, de connu. Malheureusement pour moi, Cheyenne m'emmène déjà à l'étage pour me relooker. Je lance un petit regard non rassuré à Neal, mais je sens qu'il fait entièrement confiance à ses amis, alors j'essaie de leur faire confiance à mon tour.
Alors qu'on se dirige vers la penderie dans la chambre du couple, là où sont sans doute les vêtements de Cheyenne, celle-ci n'arrête pas de parler. Même si je ne suis pas rassurée, j'avoue qu'elle m'amuse et qu'elle sait bien s'y prendre pour que je me détende un peu. Dans ses mots, des bribes comme "ne soit pas timide, voyons" ou "Neal est un gars vraiment adorable" surgissent à travers le flot de paroles, suivies du traditionnel "vous vous êtes rencontrés comment?". Je réponds brièvement à chacune de ses questions, ne voulant pas être impolie. "T'inquiètes, ma timidité est temporaire..." "Oui, il est vraiment incroyable..." "Nous avons joué au Quidditch ensemble..."
Dieu merci, le mot Quidditch nous éloigne de ma relation avec Neal. Elle me pose des questions sur mon poste de joueuse, sur mes antécédents, sur ce que j'aime de ce sport... Elle me parle de ses propres intérêts, de son poste de capitaine dans l'équipe de sa ville, et cette discussion un peu plus neutre nous permet de papoter et me rend à l'aise alors qu'elle me sort des bouts de vêtements qu'elle me fait essayer derrière un paravent. Je suis définitivement plus détendue et je plaisante même un peu avec elle.
Au final, quand je reviens vers elle en portant une blouse blanche et une jupe rose pâle à motifs floraux, elle applaudit et affirme que c'est parfait.
- Et la touche finale... dit-elle avant de venir m'enfiler un long collier qui complète la tenue à merveille. Je me regarde dans le miroir et je me trouve très jolie. Elle a du goût. Je rapetisse mes vêtements et je les range dans un sac pendant qu'elle va se changer elle aussi. Je me demande si je garde ma baguette avec moi, mais je finis par la ranger dans le sac aussi. Je serai moldue, ce soir. Ça risque d'être amusant... Cheyenne revient et je la regarde, un peu anxieuse.
- T'es sûre que ça te dérange pas de me prêter des vêtements? Et tu crois pas que je vais avoir froid?
Elle me fait taire d'un sourire et d'un geste de la main. Je lui souris, reconnaissante, et je la suis vers les escaliers pour retourner au rez-de-chaussée et retrouver les hommes. Ils se sont changés aussi et je peux pas m'empêcher de trouver que le style adopté par Neal est absolument sexy. Il est plus séduisant que jamais. J'aimerais bien savoir ce qu'il pense de ma tenue, mais il ne dit rien. Neal, t'as encore raté l'occasion de me complimenter. Je commence vraiment à me demander s'il me trouve jolie.
C'est con, mais c'est juste au moment ou Cheyenne nous dit qu'elle va nous accompagner que je réalise que nous ne serons pas seuls pour le reste de la soirée. Je l'ai pourtant vue se changer, mais j'avais pas fait le lien. Je suis contente, parce que je pourrai apprendre à les connaître, mais je suis aussi un peu déçue, parce que j'aurais aimé passer la soirée seule avec Neal... J'espère vraiment qu'il n'a pas voulu emmener ses amis parce qu'il n'avait pas envie de rester tout seul avec moi. J'essaie de faire taire mes insécurités et de me composer un air ravi. J'enfile le manteau que Cheyenne me lance et nous nous dirigeons vers la sortie. Je me rapproche de Neal, contente de retrouver sa présence, et je rigole à ses mots. Puis, je baisse un peu le ton pour n'être entendue que par lui.
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And...
Le vendredi 21 février 1997 - Soir.
Lana s'approche de moi, et je passe un bras autour de sa taille, grisé par la perspective d'une bonne soirée au Cavern et ce, en galante compagnie. Je ne m'attendais pas vraiment à ce que les Lancaster nous accompagnent, mais je n'ai pas le coeur à leur refuser cela. Je trouverai bien une façon de passer un peu de temps seul avec Lana, de toute façon. Je sais que Logan m'y aidera.
En parlant de Lana, elle n'a peut-être pas beaucoup eu le temps de s'exprimer, mais même ; je la trouve étrangement silencieuse. Et pour cette raison, je suis d'autant plus pris de court lorsqu'elle me fait part de sa pensée sur ma nouvelle tenue.
Je me sens rougir de la base du coup jusqu'à la pointe des oreilles, et je lui adresse un regard troublé seulement nuancé par mon sourire incrédule. Logan a eu la bonté de s'éloigner avec sa douce. Si quelqu'un ici connaît dans les moindres détails le tempérament impétueux de Cheyenne, après tout, c'est bien lui. Alors, j'ai toute latitude pour calmer un peu l'affolement de mon coeur, me penchant vers Lana pour répondre sur le même ton :
Et tu es resplendissante. Je dirais même, belle à croquer, ma petite pomme !
Joignant le geste à la parole, je l'embrasse vivement sous la mâchoire, particulièrement fier de moi. Mais ma fierté se teinte bien vite de perplexité. Lorsqu'elle me demandait de jauger sa tenue, tout à l'heure, était-ce réellement par souci de se fondre dans le décor ? Par les couilles de Merlin, Neal, ça fait combien de TEMPS que tu n'as pas adressé la parole à une femme ?
Je ne crois pas que Lana soit particulièrement vaniteuse, mais elle me confiait ses insécurités un peu plus tôt dans la soirée... Bordel. Je me blase tellement que je pourrais me mettre des gifles. C'est pas possible d'être passé à côté de ça. Combien d'occasions ai-je ratées encore depuis le début de la soirée ?
Enfin, c'est ça... ou alors je me fais des films. Je ne me vois pas vraiment lui demander ce qu'il en est réellement ; même si je ne suis pas particulièrement à cheval sur les convenances, j'ai conscience que ça ne se fait pas trop. Le regard que je pose sur la jeune femme ensuite est un peu plus inquiet, plus vigilant, comme si concentrer mon attention allait me permettre de déceler la moindre faille, la moindre incertitude qui lui reste. Mais que lui dire ? Hey, Lana, si je fous la soirée en l'air hésite pas à me tirer les oreilles ? Bah voyons.
La voix énergique de Cheyenne me tire de me pensées, en annonçant que nous sommes presque arrivés, et effectivement, je reconnais Queen Street. Nous nous engageons dans le Queen's Walk, et rapidement, la façade en pierre du hall m'arrache un sourire nostalgique, et j'annonce à mes amis, qui nous attendaient devant la porte :
Lana et moi n'avons pas encore mangé. Vu l'heure ça doit encore être le premier groupe, on vous retrouvera pour le suivant.
Mon ton péremptoire et mon regard dur dissuadent Cheyenne de protester ou d'essayer de nous suivre, et Logan me coule un sourire entendu avant d'entraîner sa chère et tendre à l'intérieur.
Comme toujours, le rez-de-chaussée est bruyant -normal, c'est le groupe principal qui passe le premier. Cela me laisse une petite heure de calme. J'ai confiance en Logan pour nous laisser tranquille, et je pense que Cheyenne sera trop occupée à dépenser son intarissable énergie pour s'occuper de nous. A l'étage, le café est ouvert, et le serveur nous attribue une table en fond de salle, dans l'une des zones les plus calmes de la pièce.
Je tire une chaise pour Lana, attendant qu'elle s'installe pour m'asseoir à son tour, posant ma veste à côté de moi. Même si la foule est massée à l'étage inférieur, le café est loin d'être froid.
J'espère que tu n'as rien contre les menus végétariens ! Prend ce qu'il te plaît, c'est moi qui invite.Oh, et pour les boissons, je te recommande leur chocolat chaud, c'est un miracle pour les papilles.
Le fait de me retrouver dans un environnement familier me met plus en confiance, et je lui adresse un sourire assuré, avant de sortir un briquet de mon sac pour allumer les deux bougies entre nous. Le serveur nous amène les menus, et je fixe rapidement mon choix sur une baguette flambée assortie de frites -et bien sûr, ce fameux chocolat chaud.
Je suis désolé, ce n'est peut être pas le lieu le plus romantique ou le repas le plus glamour que tu aurais pu vouloir pour poursuivre cette soirée.
Mon sourire est sincère, et sincèrement navré. Mais j'adore réellement cet endroit, et d'ailleurs, ma posture -que je m'applique à garder irréprochable la plupart du temps- s'en ressent. Je me force à me redresser, pour ne pas avoir l'air d'un gros beauf, et plie un peu plus soigneusement ma veste sur la banquette.
Je ne sais pas comment vous vous êtes mises d'accord sur ta tenue, avec Chey, mais elle te va merveilleusement bien. D'ailleurs, j'espère qu'elle ne t'a pas rebuté. Énergique comme elle est...
Je sais que c'est toujours tout ou rien, avec Cheyenne. Et même si elle aura probablement tenté de mettre Lana à l'aise, rien ne prouve que cela ait marché comme elle l'entendait.
Je le regarde du coin de l'oeil et je vois que mon compliment le fait rougir. Ça me fait sourire et ça m'attendrit ; il est vraiment adorable. Et peut-être qu'il captera aussi le message subtil sous mes mots, la question qui plane en arrière-plan : "Est-ce que tu me trouves jolie, Neal?" Il lui arrive peut-être d'être maladroit, mais il n'est certes pas stupide et le message se rend. Le compliment qu'il m'adresse me fait du bien et me rassure, en plus de me faire sourire. L'hommage à mon hommage est mignon et démontre qu'il ne l'a pas oublié. Le baiser qu'il me donne ensuite déclenche un orage de frissons en moi et finit de me réconforter. Je me sens un peu plus en confiance.
Neal ne ressemble pas aux autres hommes que j'ai fréquentés auparavant. Il est moins... moins agressif, si je puis dire, dans ses techniques de séduction. Plus mignon que séducteur, plus romantique que chasseur, il ne déborde pas d'une arrogante confiance en lui et ne me laisse pas l'impression qu'il n'a qu'une idée en tête, si vous voyez ce que je veux dire. Ça a l'avantage de me faire sentir plus spéciale, parce que je crois savoir qu'il n'est pas du genre à se jeter sur toutes les femmes autour... Son intérêt envers moi ne peut donc qu'être sincère. D'un autre côté, c'est plus difficile de savoir ce qu'il a en tête ou ce qu'il ressent envers moi, ce qui n'est pas pour aider mes insécurités. Ce n'est pas pour rien que j'ai fréquenté des hommes débordants de séduction ; avec eux, je sais à quoi m'en tenir. Pas d'ambiguïté possible.
Sauf que je commence à réaliser, au contact de Neal, qu'aucun des compliments que ces hommes me faisaient ne résonnait en moi comme le font les siens... Comme si le fait qu'il ne soit pas du genre à me bombarder de beaux mots et de phrases toutes faites prouvait que lorsqu'il dit qu'il me trouve resplendissante, c'est qu'il me trouve effectivement resplendissante.
Et par Merlin... je veux qu'il me trouve resplendissante. Je veux tellement lui plaire. Parce que lui me plaît vraiment.
Nous nous arrêtons devant la porte du Cavern et Neal annonce que nous allons nous séparer temporairement afin d'aller manger. Je suis soulagée, non pas parce que je ne veux pas partager la compagnie de ses amis, mais parce que mon ventre commence effectivement à crier famine. Le regard qu'échangent Neal et Cheyenne me fait sourire ; la curiosité de cette dernière semble presque intenable. Je prends ça pour un bon signe... si elle trouvait que je n'étais pas le genre de Neal ou si elle désapprouvait pour quelque raison que ce soit, elle ne serait pas si enthousiaste, n'est-ce pas? À moins qu'elle ait voulu nous accompagner pour justement évaluer cela.
Je suis donc Neal à l'étage. Galant, il tire ma chaise, affirme que c'est lui qui invite et allume les bougies. C'est donc définitivement un rendez-vous, après tout. Cette idée provoque en moi joie et même... fierté. Ouais, tant pis pour vous toutes les autres créatures terrestres, c'est moi qui partage sa table ce soir. Par ailleurs, je trouve l'endroit très charmant et l'ambiance semble détendue et agréable. Je suis contente d'avoir accepté de l'accompagner. Je regarde le menu et j'arrête mon choix sur un sandwich aux oeufs frits et bacon accompagné de salade, en plus du fameux chocolat chaud conseillé par Neal.
- Au contraire, c'est parfait! Je préfère nettement ce genre d'ambiance détendue... et j'avoue que j'aime bien te voir joyeux comme un gamin, aussi. C'est mignon. T'es mignon.
Ses paroles me font baisser les yeux sur la table et me flattent.
- Oh, merci... En fait, je pense qu'elle s'est mise d'accord avec elle-même ! dis-je avec un regard penaud. De toute façon, j'ai décidé de lui faire confiance, puisque je ne sais pas trop comment les...
J'allais dire moldu.
-... gens ont l'habitude de s'habiller par-ici. Mais je suis ravie que ça te plaise. Ça m'aurait déçue que tu ne me trouve pas jolie.
Regard embarrassé, sourire timide.
- Je les trouve bien assortis. Cheyenne est... elle déplace de l'air ! Et Logan a l'air beaucoup plus posé. Je trouve qu'ils ont l'air de bien se compléter, elle pour l'animer et lui pour l'apaiser. Mais spontanément, j'ai l'impression que je m'entendrais mieux avec Logan. Les fortes personnalités comme celle de Cheyenne m'amusent et me plaisent beaucoup, mais elles ont tendance à m'amener à m'effacer. Tu les connais depuis longtemps ?
Le serveur vient poser des verres d'eau devant nous et prendre notre commande, avant de repartir vers les cuisines. Je bois une gorgée.
Suite de "De Glace et de Feu" - Après leur virée à Avalon, Neal décide d'emmener Lana dans un lieu cher à son coeur, le Cavern, dans le village moldu d'Exeter.
And...
Le vendredi 21 février 1997 - Soir.
Je garde mon regard posé sur Lana, souriant toujours. Même si j'adore les Lancaster, je suis heureux que le tête-à-tête se poursuive. Sa remarque sur l'importance de mon avis quant à sa tenue me conforte dans l'idée qu'elle s'attendait à ce que je démontre plus d'attention, et je prends encore quelques secondes pour me fustiger mentalement. Je me penche un peu sur la table pour prendre sa main dans la mienne.
J'espère que tu me pardonneras, Lana. Je n'ai pas l'habitude d'agonir les gens de compliments. Mais en ce qui te concerne, je n'en pense pas moins.
Je sens que je me radoucis, et j'espère que le doux sourire que fait naître sa proximité la convaincra de la sincérité de mes mots. Du pouce, je caresse distraitement le dos de sa main, reprenant à voix basse :
Tu es jolie, Lana -et même plus que ça. Si je devais te le répéter chaque fois que mon regard se pose sur toi, je crois que tu t'en lasserais avant la fin de l'année !
Mon grand sourire se mue en un bref rire franc. Bon, ça mon Neal, c'est tout à fait maladroit de ta part, mais avec un peu de chance, ça passe. Après une dernière pression sur sa main, je la lâche et me recule un peu, amusé par sa façon de résumer les Lancaster.
Oui, Chey est indubitablement une boule d'énergie. Mais comme tu dis, c'est un couple très complémentaire. Je connais Logan depuis ma première année d'études, nous étions dans la même... classe. Nous nous sommes très vite bien entendus ; même si j'étais calme, à côté de lui, j'étais un vrai brise-cou. Nous avons passé pas mal de temps ensemble, et nous sommes restés proches après l'obtention de notre diplôme. C'est un peu grâce à lui que je suis proche. C'est probablement la seule personne à ma connaissance à avoir suivi deux cursus en parallèle pour avoir le travail qu'il voulait.
Et de fait, Logan avait pris des cours d'histoire moldue à partir de sa cinquième année, car c'était un véritable passionné d'histoire de la Magie, et il était curieux de trouver les répercussions et les impacts de chacune de ces histoires sur l'autre. Il a très vite décidé qu'il souhaitait enseigner l'histoire moldue, et dans les circonstances actuelles, je crois qu'il a un rôle essentiel à jouer dans l'acceptation des sorciers par les moldus. D'ailleurs, je me demande si certains de ses élèves sont au courant de sa véritable nature.
Quant à Cheyenne... je suis tombé sur elle lors d'une de mes escapades en solitaire sur le terrain de sport, en quatrième année. C'était avant les sélections, et si ma place était à peu près garantie dans l'équipe, elle voulait absolument y entrer. Elle vient d'une famille... qui ne pratique pas, alors elle a été vraiment émerveillée de découvrir ce sport, et voulait à tout prix le pratiquer. Nous nous sommes entraînés ensemble pendant un mois et demi, et au final chacun a pu rentrer dans l'équipe de sa promotion.
Finalement, c'est plus délicat que je ne l'aurais cru de parler de Poudlard et du Quidditch sans me faire repérer directement comme un sorcier. Nos boissons arrivent les premières, et je prends le temps de me délecter d'une longue gorgée de chocolat chaud avant de croquer gaiement dans l'un des cookies qui l'accompagnent. Je ferme les yeux pour profiter de cet en-cas, réflechissant un peu plus longuement à la question de Lana.
Au-delà de l'attrait musical du rez-de-chaussée, je crois que je viens ici pour me rappeler un peu... peut-être pas "ma jeunesse", mais quand j'étais plus jeune, en tous cas.
Quand j'avais l'âge de Lana, me dis-je avec une pointe de gêne.
Dès qu'on a eu notre autonomie de mouvement, avec Logan, on venait ici à chaque sortie scolaire. A l'époque, l'un de ses oncles tenait le bar, alors on était tranquille. J'ai continué à passer par ici chaque fois que j'en avais l'occasion, pendant mes études. Vu que Logan est prof à l'université d'Exeter, c'était une très bonne excuse ! Alors, c'est un lieu nostalgique pour moi. J'ai énormément de bons souvenirs ici.
Avant de me perdre dans les méandres de mes souvenirs, je me reconcentre sur le présent, et sur Lana.
Il y a des lieux comme celui-ci auxquels tu es particulièrement attachée ?
Neal confirme mes réflexions en se décrivant comme n'ayant pas l'habitude de complimenter outre mesure les autres. Ce n'est certes pas habituel pour moi, mais ça ne me dérange pas, surtout maintenant qu'il précise que ce n'est pas parce qu'il ne le dit pas qu'il ne le pense pas. Il l'affirme ensuite, sans détours. Qu'il me trouve jolie. Mon coeur bat à toute vitesse. Je souris et je baisse les yeux, rassurée. Ce qu'il ajoute ensuite me renfrogne légèrement, cependant. J'en demande peut-être trop ? Je sais pas, j'interprète sûrement mal ses paroles mais j'ai l'impression d'entendre "s'il faut que je te répète tout le temps que tu es belle je vais finir par me lasser, alors contente-toi de savoir que je le pense". C'est sans doute extrême et complètement faux, je le sais. Pourquoi ne puis-je pas simplement prendre ses paroles pour ce qu'elles sont, sans essayer de trouver un sens caché qui serait en fin de compte une manière de me dire que je ne suis pas correcte, pas assez bien ou pas à la hauteur?
Mon discours interne me lasse et je décide de le mettre de côté du mieux que je le peux. Non, Neal ne me dit pas qu'il en a marre de me complimenter. Neal me dit qu'il me trouve jolie et ce à tel point qu'il me le répéterait tout le temps s'il ne s'en empêchait pas. C'est bien ça, non? De toute façon je préfère m'en tenir à cette interprétation. Il faut vraiment que j'arrête de tout tourner en négatif.
Il lâche ma main et je laisse la sienne s'éloigner à regret. Je me laisse emporter par son récit, qui me distrait de mes questionnements incessants et insupportables et qui me donne davantage d'informations sur sa relation avec Cheyenne et Logan. Je me rends compte qu'ils sont effectivement très proches et je suis d'autant plus touchée qu'il ait voulu me présenter à eux. Je me demande ce que cela signifie pour lui... et s'il présente souvent des filles à son couple d'amis ou non. J'espère que non. J'espère que je suis spéciale à ses yeux.
Nos chocolats arrivent et je goûte à la fameuse boisson, pas du tout déçue de ce que mes papilles découvrent. Neal fait de même et semble réfléchir à la question que je lui ai posée concernant le Cavern. Je le regarde et j'attends, patiente. Il reprend la parole et je tique légèrement quand il me parle de sa jeunesse. Ça me rappelle notre écart en âge et même s'il m'a dit qu'il ne me trouvait pas trop jeune, je ne peux pas m'empêcher de craindre de l'être néanmoins. Je décide toutefois que ce n'est pas le moment de ramener ça sur le tapis et la question qu'il me renvoie me lance de toute manière vers un sujet plus léger.
- En tout cas si leur chocolat chaud a toujours été aussi bon, je comprends que vous ayez eu envie d'y venir souvent !
Je reprends une gorgée en réfléchissant aux lieux que j'affectionne particulièrement.
- Ça va peut-être te sembler... Enfin. J'essaie de ne pas trop l'étaler parce que je veux pas avoir l'air snob ou... Bref, tu as peut-être compris que mes parents avaient beaucoup d'argent. Chez moi, donc, mon père a une très grande bibliothèque. Il y a des livres du plancher jusqu'au plafond, de tous genres et pour tous âges. J'y ai passé un nombre d'heures incalculables quand j'étais pas à... Enfin à l'école. C'est pas vraiment un lieu comme le Cavern parce que c'est chez moi et que j'y suis seule la plupart du temps... mais c'est fidèle à ce que je suis, en fin de compte ; une fille passionnée de lecture et indubitablement solitaire. C'est un de mes endroits préférés au monde.
Je lui souris avant de boire à nouveau une gorgée de chocolat. C'est là que le serveur arrive avec nos assiettes. Je le remercie et je prends mon sandwich en main pour y goûter. C'est un délice. Simple, bon, efficace. Ma faim s'apaise enfin. Je prends le temps de manger un peu et de goûter la salade (qui est tout aussi bonne) avant de m'arrêter pour lui poser une question.
- Neal, est-ce que je peux te poser une question plus... personnelle?
Sans vraiment attendre son approbation, je me lance.
- Qu'est-ce que... Qu'est-ce qu'un homme comme toi fait encore célibataire ? J'ai beau tourner et retourner la question dans ma tête, j'arrive pas à comprendre comment c'est possible.
Je lui dis ça sans vraiment réaliser le compliment que ça constitue, tout à fait sincère. Je ne comprends vraiment pas qu'un homme aussi charmant, brillant, drôle, doux, compréhensif, séduisant, qui a un bon emploi et qui joue du violoncelle puisse être célibataire à 31 ans, à moins que ce soit par choix, parce qu'il vient de rompre ou parce qu'un truc moche l'a découragé des relations amoureuses.
- Je veux dire... si t'as un truc qui tourne pas rond j'aimerais bien être au courant avant de m'engager davantage... !
Oh, god. J'espère qu'il captera la blague, sinon c'est fichu. Un sourire amusé et une mine rieuse sur le visage, me croque à nouveau dans mon sandwich.
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Sujet: Re: [Exeter] Vieilles Branches & Rock'n'Roll Jeu 7 Jan 2016 - 9:53
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Le vendredi 21 février 1997 - Soir.
Je l'écoute toujours aussi attentivement, sirotant mon chocolat -toujours meilleur lorsqu'il est bien chaud. Son commentaire sur le sujet me fait sourire. Je hoche la tête quand elle m'informe que ses parents ont pas mal d'argent : je l'avais bien compris, cela dit je ne suis pas vraiment du style à en faire un drame. D'autant que ça ne me regarde pas franchement. Néanmoins, la ressemblance avec Belle me force à étouffer un rire... d'autant qu'un prof fada de dessins animés moldus, ça perd pas mal en crédibilité. Enfin, si elle a un peu fait attention aux noms de tes tasses, c'est mort, mon petit Neal.
Néanmoins, sa formulation me pousse à m'interroger. Non pas que je puisse lui reprocher d'être de nature solitaire -ce serait terriblement hypocrite de ma part-, mais je reconnais que ce n'est pas l'impression qu'elle m'a donnée jusque là. Oh, je ne la juge pas pour autant, mais cela aiguise encore ma curiosité. Et puis, quelque part, cette forme de confidence me touche. Après tout, il y a un aspect très privé au fait de parler de son côté plus introverti. D'ailleurs, me croit-elle extraverti simplement parce que j'aime le Cavern ? J'en doute, mais cette idée me fait sourire -contrairement à son changement de ton qui lui m'inquiète légèrement.
Et à raison. Sa question me prend de court, et alors que je m'apprêtais à me sustenter, je suspends mon geste, reposant mollement ma main sur la table. Les éléments de réponse fourmillent dans mon crâne, accompagnés de multiples questions. Déjà, qu'entend-elle par "un homme comme toi" ? Dans le contexte, ça ressemble fort à un compliment. Mais –par vanité peut-être- je ne peux pas m’empêcher de m’interroger sur ce qu’elle met exactement derrière ces mots.
Mais l’heure n’est pas à me lancer des fleurs ou à me chercher une quelconque liste de qualités. Je prends une profonde inspiration, tentant de remettre de l’ordre dans mes pensées. Tout d’abord, le cœur de ma réponse : Elise. Lana mérite de le savoir, mais je ne suis pas sûr d’avoir envie de lui en parler –un peu par peur de l’effrayer, certes, mais surtout parce que c’est un épisode de ma vie qui, bien que teinté de nostalgie, ne me plaît pas particulièrement. Merde, Neal, elle a eu le cran de te dire qu'elle a couché avec ton frère en te regardant dans les yeux, tu peux bien lui parler de ton ex.
Sa tentative d'humour me fait esquisser un sourire hésitant, et me donne un petit sursis avant de lui fournir une "vraie" réponse. Déjà, comment formuler ça exactement ? Merde, autant simplement relater les faits... et advienne que pourra.
Déjà, je pense qu'il faut te resituer un peu le contexte. Après la fin de mes études, j'ai choisi de partir en apprentissage à l'étranger. J'ai beaucoup voyagé, et notre tante Frances nous avait prêté une paire de miroirs à double face -tu vois ce que c'est ? Comme ça, Quin et moi n'étions jamais vraiment séparés.
C'est vrai qu'à y repenser, c'était une situation plus que confortable.
Assez rapidement, mon apprentissage s'est transformé en une suite de... petits boulots liés à ma spécialité. C'était passionnant, vraiment, et je restais toujours en contact avec Quin. C'était une situation idéale, j'avais tout ce dont je pouvais rêver. Une situation stable sans être ennuyeuse, une famille proche, la compagnie du Maître -et une présence humaine quand je le souhaitais, vu que personne ne pouvait me forcer à revenir à la civilisation.
Pour couper un peu ma tirade, et lui laisser le temps d'assimiler la situation "de l'époque", je m'offre une grande gorgée de chocolat chaud. Je me fais violence pour arrêter le tic nerveux qui agite mon genou, et m'efforce de réorganiser mes pensées pour rester cohérent.
A peu près trois ans après la fin de mes études, Quin a trouvé quelqu'un. Quelqu'un qui l'a... beaucoup changé.
Pour le coup, c'est un accès de colère plus que de nervosité que je réprime. Reviens à ton histoire, Neal. A l'époque, tu étais confiant. Un long soupir plus tard, je reprends plus lentement.
Peut-être était-ce l'influence de sa propre relation qui m'a fait réaliser que... c'était une chose à laquelle j'aspirais également. Toujours est-il que l'année suivante, j'ai... j'ai rencontré quelqu'un.
Je préfère ne pas m'étaler sur la question ; si elle veut plus de détails, je lui fais entièrement confiance pour me les réclamer.
Elle voyageait beaucoup elle aussi, et nous avons fini par atterrir aux Etats-Unis. Près de Yellowstone, pour être exact. Un endroit idéal pour moi, comme tu t'en doutes. Enfin. Ce qui est important, c'est qu'en été 89, alors que nous étions en vacances en Suède, Quin a... vécu une rupture difficile. Et il fallait que je sois à ses côtés, tu comprends ?
En fait, je me demande ce qu'elle peut penser de la relation qui existe entre Quin et moi. Et ce qui me trouble, c'est que c'est la première fois que la réponse importe autant.
J'ai transplané en catastrophe, et résultat, je me suis désartibulé -finalement, c'est Quin qui a du ramasser les morceaux alors que je venais pour ça. Sacré sauveteur, pas vrai ?
Cette pointe de sarcasme me pousse à fermer les yeux quelques secondes, le temps de faire refluer mes émotions. Allez, finis ton histoire ou tu vas démoraliser tout le bâtiment.
Enfin, toujours est-il que je suis resté quelques semaines avec Quin, le temps qu'il se remette. J'envoyais chaque jour une lettre à mon amie, afin qu'elle ne s'inquiète pas. Et quand les choses ont repris leur cours normal... Je peux pas te dire que quelque chose avait changé, parce que je ne l'avais pas vu. Pour moi la situation était toujours la même qu'avant, toujours aussi paradisiaque, et je m'étais excusé plus que de raison pour mon départ précipité et mon absence. Et à peine un an plus tard elle m'a posé un ultimatum : soit j'arrêtais de parler aussi régulièrement à Quin, soit elle partait.
L'injustice que j'avais ressentie ce jour là remonte soudainement. Déjà à l'époque, je n'avais pas compris que l'on veuille contraindre quelqu'un à choisir entre l'amour pour sa famille et l'amour pour sa moitié, et je ne le comprends toujours pas. Certes, je peux concevoir qu'il n'est pas courant qu'une relation aussi fusionnelle existe dans une fratrie, mais ça fait trente ans que nous couvrons les arrières de l'autre -ce n'est pas négligeable !
Je prends une nouvelle inspiration, gardant le silence quelques secondes. Mon chocolat commence à refroidir, alors je le vide d'une traite. Une bouchée de baguette flambée pour me redonner un peu de force, et je conclus mon histoire, avec une tristesse teintée d'amertume.
Du coup, je n'ai pas vraiment cherché à reproduire ce genre de situations. Je me suis plongé dans mon travail, j'ai appris beaucoup de choses dans beaucoup de pays, j'ai appris à enseigner... et j'ai fini par me dire que j'étais peut-être pas assez bien pour ce genre de vie.
Merde. J'ai vraiment dit ça ? Bien joué, Neal. Tu viens de plomber la soirée, et peut-être de la pire façon possible. Je caresse l'éventualité de rattraper la situation, mais je préfère laisser couler. De toute façon, même si j'essaie de noyer le poisson, je pense qu'elle trouvera une façon de revenir sur ce point. Je ne suis plus vraiment d'humeur à manger, alors je me force à grignoter quelques frites. Embarrassé par le sentiment d'avoir jeté un froid, je me frotte la joue.
Je suis désolé, tu aurais certainement souhaité une meilleure ambiance. Mais j'espère en tous cas que cela répond à ta question.
...parce que franchement, je pouvais pas faire plus honnête.
Sujet: Re: [Exeter] Vieilles Branches & Rock'n'Roll Ven 8 Jan 2016 - 16:34
Ma question bloque son geste en plein vol et je regrette déjà de l'avoir posée. J'espère que je ne réveillerai pas de vieilles blessures, ou qu'il ne me parlera pas outre mesure de ses ex... J'avoue que ça me mettrait assez mal à l'aise. On peut difficilement faire pire comme sujet de conversation lors d'un premier rendez-vous... Bravo Lana. Mais c'est ma curiosité qui l'a emportée et après tout, ses expériences passées ont fait de lui ce qu'il est aujourd'hui, alors ça reste une bonne façon d'apprendre à le connaître et de savoir à quoi m'en tenir.
J'écoute alors son récit, tentant de ne pas communiquer trop d'émotions par mon visage trop expressif alors que je mange mon sandwich. Assez rapidement, je réalise l'importance de Quinlan dans son récit. Je comprends à quel point leurs vies sont liées, à quel point elles sont intriquées l'une dans l'autre... Ça me donne l'impression qu'il ne peut me raconter sa vie sans me raconter celle de son frère tellement l'une a affectée l'autre et l'autre a influencé l'une. Quoique pour ce récit particulier, j'ai plus l'impression que c'est Neal qui subit tout le temps les contrecoups de la vie mouvementée de Quinlan. Ça me fait froncer les sourcils.
Oui, froncer les sourcils, mais certainement pas autant que la suite du récit. Il en arrive à me raconter l'ultimatum que son ancienne flamme lui a posé. Le choix qu'il a fait est une évidence, si bien qu'il ne prend même pas la peine de le préciser. Tout cela me laisse pensive. Dans quoi suis-je en train de vouloir mettre les pieds? J'aime beaucoup Quinlan, malgré le malaise qui subsiste entre nous et notre tumultueuse relation, mais c'est avec Neal que je veux être. Enfin... je ne sais pas non plus ce que je veux de ma relation avec Neal précisément, mais je sais très bien que je n'ai pas envie de m'immiscer dans une relation fusionnelle au point de devenir la troisième roue du carrosse.
Par contre, de là à lui demander de cesser ses contacts avec Quin, ça me paraît très excessif. Je sais combien la famille est importante pour moi et combien je tiens à mon indépendance d'esprit, de mouvements et de choix... alors jamais je ne demanderais à qui que ce soit de faire un truc qui va à l'encontre de ses valeurs ou de son gré. Ce n'est pas ma définition de l'amour.
À la toute fin de son récit, deux conclusions s'imposent à moi : 1) il ne m'aimera jamais autant qu'il aime son frère et je ne serai jamais la personne la plus importante à ses yeux, 2) je meurs d'envie de lui faire changer d'avis concernant son impression qu'il n'est pas fait pour ce genre de vie.
Il me semble un peu déprimé et moi je reste pensive alors que j'avale la dernière gorgée - froide - de mon chocolat. J'ai fini mon sandwich, mais lui grignote à peine et je m'en veux de lui avoir coupé l'appétit avec ma curiosité mal placée. Spontanément, je prends la parole sur un ton léger et joyeux, dans l'espoir de changer l'ambiance.
- Pas assez bien pour ce genre de vie ? Neal ! La nature aurait eu un drôle de sens de l'humour si elle avait placé cette quantité incroyable de mignonitude et de romantisme dans un homme qu'elle n'aurait pas destiné à ce genre de vie. C'est insensé, tu dis n'importe quoi, et finis ton sandwich avant que je le mange à ta place.
Un sourire rassurant, réconfortant. Je ne veux pas m'éterniser sur le sujet, nous en reparlerons dans un moment plus opportun, sans doute. Je veux qu'il retrouve le plaisir d'être là, qu'il mange à sa faim et que nous allions nous amuser en bas avec Cheyenne et Logan qui doivent déjà danser sur la musique de ce groupe que je ne connais absolument pas.
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Sujet: Re: [Exeter] Vieilles Branches & Rock'n'Roll Sam 9 Jan 2016 - 23:21
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Elle semble réfléchir assez longuement à mon histoire, et rétrospectivement... Je ne peux pas vraiment lui reprocher. Quelque part, c'est comme si je venais de lui annoncer que je préfère vivre avec mon frère qu'en couple, et même si la situation entre nous est floue... Je doute que c'est ce qu'elle voulait entendre. Enfin, je doute que c'est ce que quiconque voudrait entendre. Dans une tentative de la rassurer, je reprends sa main dans la mienne.
Je n'ai jamais vraiment expérimenté ce que cela peut faire, de se dire que l'on n'occupe pas la place que l'on voudrait dans l'esprit d'un autre... dans le coeur d'un autre. J'attire sa main vers moi pour l'inciter à se pencher, sans forcer néanmoins, m'avançant également vers elle. Elle suit le mouvement, et sa proximité m'apaise et me fait sourire. Et après l'étalage de vie que je viens de faire, ça me fait le plus grand bien.
Nous isoler ainsi dans une bulle, hors du reste de ma salle, me pousse à me demander une nouvelle fois ce que j'attends de cette relation naissante. J'évite de trop y penser, craignant toujours d'aller trop vite... Alors que vouloir aller trop vite était bien la seule chose que j'avais pu reprocher à Élise. Un autre avantage à cette proximité est que je peux m'adresser à elle en murmurant -et ne nous mentons pas, j'adore ça.
Que je sois clair, Lana. Ce n'est pas une compétition entre Quin et toi. C'est mon frère, et toi, je... tu as une place spéciale. Déjà. Je... je ne veux pas t'effrayer, cela dit.
Comme pour me donner du courage, je prends son autre main dans la mienne. Franchissant les quelques centimètres qui nous séparent, je l'embrasse tendrement.
J'ai toujours peur quand les choses vont trop vite, tu sais. Mais je ne suis pas non plus du genre à me voiler la face, alors une fois de plus, je vais être clair. Oui, j'adore Quin, mais s'il a un problème avec notre relation, ce n'est pas de son côté que je me rangerai.
Je lui offre mon sourire le plus rassurant, avant de me reculer, libérant ma main directrice afin de finir mon repas sans totalement me séparer de Lana. Quelque part, je suis ravi qu'elle me fasse suffisamment confiance pour ne pas avoir résisté quand je l'ai attiré vers moi. Mais rapidement, mon bonheur se teinte de perplexité.
Nous tournons autour de la nature de cette relation, sans vraiment mettre de mots dessus. Et puis, tous ces compliments qu'elle m'a faits... Je ne doute pas de leur sincérité, et ils me font chaud au coeur, rien qu'à y repenser. Bon, manger ma baguette flambée et mes frites manque particulièrement de classe et ne colle pas vraiment à l'ambiance plus romantique qui commençait à s'instaurer... mais je ne tiens pas à retrouver mes amis le ventre vide.
Mon repas se finit bien trop tôt à mon goût, et un regard rapide à l'horloge accrochée au mur derrière le bar m'informe que le second concert n'a pas encore commencé. Avec une légère hésitation, je propose :
J'aimerais bien qu'on reste un peu plus longtemps ici, avant que le deuxième groupe monte sur scène. Si ça ne te dérange pas... Je t'offre le dessert ?
Sans vraiment attendre de réponse -parce que moi, je tiens à mon dessert-, j'interpelle le serveur pour me commander un donut, laissant également à la jeune femme le temps de faire un choix également.
En tous cas, maintenant que tu sais tout ce qu'il y a à savoir sur ma vie sentimentale... tu acceptes quand même de me fréquenter ?
Je hausse un sourcil, ne retenant pas un sourire en coin. Malgré sa couverture humoristique, la question est sincère, et sa réponse m'importe sincèrement. En vrai, je me sens même un peu nerveux, mais ça, j'espère qu'elle ne s'en apercevra pas.
Sujet: Re: [Exeter] Vieilles Branches & Rock'n'Roll Mar 12 Jan 2016 - 6:10
Je le laisse prendre ma main en essayant de ne pas rougir à ce contact. S'il y a une chose que seul un couple peut faire, c'est bien se tenir la main sur la table au restaurant. Les amis font pas ça. Les amants non plus. On fait pas ça avec quelqu'un qui fait partie de notre famille. Non, si deux personnes se tiennent la main sur la table, c'est qu'elles forment un couple. Le contact me plaît beaucoup, de même que le désir que je sens chez lui de se rapprocher de moi. Ce qu'il signifie m'angoisse un peu plus mais j'essaie de mettre de côté mes inquiétudes. Il m'attire davantage vers lui et je me laisse aller, me concentrant sur son visage, sur ses yeux, sur son regard pour oublier mes craintes. Il m'apaise. Depuis le tout début, et encore maintenant.
Je l'écoute tranquillement, captivée par ses murmures, mes yeux plongés dans les siens. Comme s'il avait lu mes inquiétudes, il affirme que j'ai une place particulière à ses yeux et que je n'ai pas à me placer en compétition avec Quinlan pour obtenir son attention. Je souris et je baisse les yeux, flattée par sa façon de me faire sentir spéciale. La suite de son discours finit de me rassurer, lui qui me confie à la fois son intention de protéger notre relation naissante que ses propres craintes d'aller trop vite. Nous avons bien plus en commun que je n'aurais pu l'imaginer au départ.
Il s'écarte alors et recommence à manger. Je suis ravie de constater qu'il a retrouvé l'appétit et je le regarde, laissant ma main dans la sienne, d'un oeil attendri. Un sourire dont j'ai à peine conscience ne quitte pas mes lèvres. Afin d'éviter de l'intimider en le regardant comme ça pendant qu'il mange, je fais la conversation. Je parle de la chanson qui passe en ce moment à la radio, une chanson dont la courte mélodie en boucle est franchement accrocheuse. Bittersweet Symphony de The Verve.
-...La première fois que je l'ai entendue, d'ailleurs, j'étais avec mon frère. Tiens, je sais même pas si je t'ai déjà parlé de lui, j'ai moi aussi un frère. Il s'appelle Jude, il a deux ans de moins que moi. On s'entend très bien, on a toujours été très proches. Je l'aime.
Je souris en disant ça, repensant à mon cadet et aux derniers bons moments qu'on a passés ensemble pendant les vacances de Noël. Je me rends compte qu'il me manque et que j'aimerais bien passer un moment avec lui bientôt.
Je reporte mon regard sur Neal et je vais lui voler une frite avant de continuer à faire la conversation pendant qu'il mange. Je lui raconte la fois où Jude et moi avons failli mettre le feu à la cuisine en essayant de préparer le petit déjeuner pour notre mère quand j'avais environ 10 ans. Je mets beaucoup de détails dans mon histoire, éprouvant un plaisir certain à la raconter.
- ...t'aurais dû voir la tête de ma mère quand on lui a montré les gaufres. Mais surtout, t'aurais dû voir la tête des gaufres ! Pauvres bestioles. Elles suppliaient qu'on mette fin à leurs douloureux jours. Euh, pas littéralement hein.
Je rougis soudainement, espérant que personne autour ne me soupçonnera d'utiliser la magie pour donner vie à de pauvres gaufres. Neal a fini de manger. Il propose de m'offrir le dessert, il a pas envie de retourner en bas tout de suite. Je lui souris.
- Volontiers, dis-je, mais il a déjà interpellé le serveur.
Si les desserts sont aussi simples et bons que le repas que j'ai mangé, ça ne peut qu'en valoir la peine. Je regarde rapidement la carte et j'opte pour un brownie, que je commande à notre serveur. Il repart avec les commandes et je me retourne vers Neal.
- C'est ce que nous sommes alors ? En fréquentation?
Un sourire espiègle, un plaisir certain.
- L'idée me plait.
Non sans un regard mutin, je vais boire une gorgée de mon verre d'eau. Mon coeur bat la chamade à l'idée de ce que je m'apprête à rajouter et pendant un moment, je considère l'idée de simplement la fermer, mais je décide de me jeter à l'eau.
- Et toi tu me plais vraiment, Neal Fitzsimmons. Je ne suis pas prête à... je ne suis pas prête à être en couple. Je ne suis pas prête à prendre d'engagement sur le long terme. Je ne peux pas t'offrir de certitudes, je ne... Tout ça me fait très peur, mais en même temps, c'est aussi parce que je veux pas précipiter ce que je sens qu'on a, toi et moi. C'est... Je sais pas, c'est précieux, et je veux en savourer toutes les étapes.
Je baisse les yeux, embarrassée par mes propres propos.
- Si tu veux des certitudes, si tu... Après tout... Em....
Voilà que je patine encore, bien que mes patins miniaturisés soient rangés dans ma poche. Allez, Lana, il faut le dire.
- On a un grand écart en âge, il faut pas se le cacher... Alors si tu recherches quelque chose de très sérieux, si tu recherches une femme ou la mère de tes enfants, mieux vaut qu'on ne prenne pas le risque de s'attacher davantage parce que je ne peux pas t'offrir ça. Mais si, comme moi, tout ce que tu sais, c'est que tu te sens bien quand t'es avec moi, ce que j'espère... du plus profond de mon coeur...
Je rougis encore, c'est débile!
-... eh bien on devrait prendre le temps de se fréquenter pour voir où ça nous mènera.
Je joue nerveusement avec ses doigts, ma main toujours dans la sienne sur la table. Je daigne finalement lever les yeux vers lui, troublée par mon émotion.
- T'en dis quoi ?
C'est pile à ce moment que le serveur dépose nos desserts devant nous.
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Sujet: Re: [Exeter] Vieilles Branches & Rock'n'Roll Mer 20 Jan 2016 - 18:12
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Je l'écoute patiemment raconter quelques anecdotes, me parler de son frère, tout en savourant mon repas. Quelque part, je préfère pouvoir profiter de tels moments de simplicité. Après m'être mis ainsi à coeur ouvert, mieux vaut que je prenne un peu de temps pour reconstruire quelques... défenses avant que les choses plus sérieuses ne reviennent sur la table.
Il y a quelque chose d'attendrissant à l'écouter se remémorer de bons moments, et elle est définitivement à croquer quand elle rougit. Ma nervosité commence tout doucement à retomber, et je me dis que le moment le plus difficile de la soirée est peut-être passé.
Cette idée est d'ailleurs un peu confortée par son petit commentaire amusé, son sourire... je commence à me détendre -à tort. Ses remarques me font passer par toutes les teintes de blanc, mais je m'efforce de garder le silence, de la laisser terminer sa tirade. Après tout, j'ai été sincère avec elle et elle est à présent sincère avec moi. Il serait plus que grossier de trouver sa franchise mal placée. Alors je l'écoute avec une attention accrue, cherchant comment réagir convenablement.
Seulement, non contente de me faire part de ses incertitudes, elle revient ensuite sur notre écart d'âge. Dire que je n'y pense jamais serait mentir, mais j'ai fait de mon mieux pour ne pas m'y arrêter. Qu'en est-il pour elle alors ? Je me demande soudain si c'est quelque chose qui la travaille régulièrement. Si elle s'arrête sur ce point chaque fois qu'elle pense à moi, ou même seulement quand je suis avec elle. Quand je la prends dans mes bras, quand je l'embrasse...
J'essaie de ne pas m'attarder sur ces pensées, qui me donnent le vertige. Je m'efforce de réfléchir à une réponse mais j'ai le sentiment que mon cerveau tourne à vide. Je comprends ses inquiétudes -il serait une nouvelle fois hypocrite de dire que je ne les comprends pas. Cela dit, je ne peux pas non plus nier le fait que j'en suis à un stade où j'aurais besoin de ce genre de certitudes... Allons mon Neal. Qu'est-ce que tu préfères entre prendre le temps de voir où vous allez, et repartir de zéro et compter sur ton charme fou et ta vie sociale hallucinante en espéreant tomber sur quelqu'un d'autre ? Je prends une profonde inspiration, remerciant le serveur d'un simple signe de tête. J'ai beau tergiverser, je sais que la réponse est claire.
En toute franchise, oui, j'aimerais quelque chose qui dure. Mais je ne peux pas nier que je suis vraiment bien avec toi. Je... je peux comprendre que tu ne sois pas vraiment dans une optique de long terme alors, d'accord. Prenons le temps.
Je dois un peu me faire violence pour accepter ce vaste inconnu, mais je ne peux qu'essayer de me convaincre que c'est le bon choix. De toute façon, il est trop tard pour reculer. Mais il reste encore un point à aborder.
Cela dit, si... Si la différence d'âge de gêne, je préfère le savoir tout de suite, et que les choses soient claires.
Savoir si je peux espérer plus que le rôle d'un genre de "grand frère awkward" ou non. Savoir à quoi m'attendre de sa part, savoir si je vais devoir jouer la comédie et faire comme si de rien n'était. Je ravale ma frustration et mes inquiétudes, accrochant son regard en attendant sa réponse.
Sujet: Re: [Exeter] Vieilles Branches & Rock'n'Roll Jeu 28 Jan 2016 - 4:45
Je regrette mes paroles aussitôt qu'elles ont franchi mes lèvres. Le visage de Neal me confirme que j'aurais dû garder tout ça pour moi. Je réalise que j'ai dû le mettre mal à l'aise et que ce n'était peut-être pas le moment d'aborder tout ça, encore moins de tout aborder en bloc. Je me sens mal, coupable et j'ai l'impression d'avoir laissé s'échapper cette partie de moi qui se pose toujours mille et une questions, cette partie de moi que je déteste et qui me gâche parfois la vie. J'aurais préféré qu'il ne la voie pas maintenant, qu'il ne soit pas déjà au courant qu'il fréquente une fille qui passe son temps à douter, qui passe son temps à tout remettre en question et qui est criblée de craintes et d'angoisses en tout genre.
Mais je ne peux plus rien y faire maintenant. Je dois assumer les conséquences de mes dires et écouter ce qu'il en pense, que ça me plaise ou non.
Mon coeur se tord en entendant sa phrase. Je me déçois de ne pas pouvoir lui offrir ce qu'il attend et je ne peux m'empêcher de me répéter qu'il mérite mieux que moi. Mais la suite me rassure quelque peu. Il est d'accord pour attendre de voir où ça peut nous mener. Le noeud dans mes tripes se détend et je respire un peu mieux, réalisant seulement maintenant combien j'ai eu peur qu'il veuille tout de suite mettre fin à notre idylle. Mes lèvres s'agitent avant même que je puisse les retenir.
- Tu sais, moi aussi j'aimerais quelque chose qui dure... Je ne suis juste pas en mesure de l'envisager pour le moment... mais je ne suis pas fermée...
Je ne sais pas où me mettre. Il ajoute qu'il préférerait savoir maintenant si la différence d'âge me gêne. Je le regarde, un peu perplexe. C'est vrai que c'est moi qui ai amené le sujet. Est-ce que ça me gêne? God. Il est tellement beau. Son regard un peu inquiet, en attente. Ses lèvres rouges. Ses sourcils expressifs. La petite ride dans son front qui exprime la contrariété. Comment ça pourrait me gêner? Les hommes de mon âge ne sont pas des hommes. Ce sont des gamins. Et rarement je n'ai été aussi attirée que par l'homme qui se trouve devant moi en cet instant. Un homme qui a du vécu, de l'expérience, de la maturité, une confiance en soi que les garçons de mon âge n'ont pas. Une sorte de prestance. Et ça, c'est vachement sexy.
Il faut à tout prix que je le rassure parce que là, j'ai l'impression qu'il se braque un peu. Spontanément, je me penche pour attraper sa main et je le regarde avec intensité, cherchant à lui communiquer ma sincérité.
- Neal... La différence d'âge ne me dérange pas du tout... Au contraire, elle... te rend doublement séduisant à mes yeux. C'est l'un des facteurs qui font que tu m'attires autant...
Je ne peux m'empêcher de lui sourire en le lui affirmant. Un sourire espiègle, charmeur. Mais je reprends mon sérieux pour la suite.
- J'avais juste peur que toi ça t'ennuie, que tu me trouves trop jeune pour toi et trop loin de tes objectifs à toi... Bref, que tu aies l'impression qu'on n'était pas au même stade toi et moi.
Je laisse sa main pour m'emparer de ma fourchette et je la plante dans mon brownie pour en détacher une bouchée que je porte à mes lèvres et que je savoure avec délice, sans le quitter des yeux, un sourire accroché aux lèvres. Je suis heureuse que nous ayons pu tirer tout ça au clair et maintenant, je me sens plus légère, plus détendue, plus joueuse.
- Alors ce dessert, ça dit quoi ?
Invité
Tell me who you are...
Sujet: Re: [Exeter] Vieilles Branches & Rock'n'Roll Sam 12 Mar 2016 - 15:41
Vieilles branches
& Rock'n'Roll
Ft.
Lanalia Winslow
Our Story.
Suite de "De Glace et de Feu" - Après leur virée à Avalon, Neal décide d'emmener Lana dans un lieu cher à son coeur, le Cavern, dans le village moldu d'Exeter.
And...
Le vendredi 21 février 1997 - Soir.
Je suis particulièrement conscient du fait qu'elle tente de son mieux de me rassurer. Toute forme de tristesse et de déception semble refluer alors que je prends une profonde inspiration, caressant distraitement sa main, lovée dans la mienne. J'ai besoin de prendre encore un peu de recul, de me convaincre que j'ai probablement surréagi. Après tout, ce n'est pas une fin de non-recevoir qu'elle m'oppose, mais simplement ses propres doutes, ses faiblesses, qu'elle expose.
Je m'assène une gifle mentale. Elle s'ouvre à moi et je ne trouve rien de mieux que me braquer ? Je ne suis pas vraiment ce que l'on pourrait qualifier de petit idéal, dans ce cas. De plus, ses mots m'apaisent. Même si je ne peux pas nier qu'un léger doute subsiste, je ne peux que lui faire confiance. Je lui retourne son sourire, bien qu'un peu pâle peut-être, et me plonge dans mon dessert.
J'ai besoin de laisser un peu de temps passer, de laisser mon esprit digérer tout ce que j'ai pu entendre ce soir. Mes réflexions sont interrompues par une salve d'applaudissements à l'étage inférieur. Je me hâte de finir mon donut -au demeurant excellent.
Ca me dit que si on ne rejoint pas les Lancaster avant que le deuxième groupe ne monte sur scène, on va se faire tirer les oreilles tous les deux.
Je lui adresse un sourire complice, me sentant légèrement coupable à la pensée que le concert me serve d'échappatoire. Cela dit, je crois que je préfère prendre un peu de recul et me laisser le temps de bien intégrer tout ce que j'ai appris ce soir plutôt que de dire quelque chose que je pourrais regretter ensuite.
Je quitte ma place, récupérant mes affaires vivement, et lui laisse le temps de faire de même.
Je vais régler nos consommations, je reviens.
Il y a une part de galanterie dans mon geste, et une part de sens pratique : je crains que Lana ne s'embrouille avec l'argent moldu, faute d'expérience. Lorsque je reviens à sa hauteur, je lui offre mon bras pour l'accompagner jusqu'à la salle de concert.
Tu devrais prendre un peu confiance en toi, en tous cas. Je suis peut-être distrait, mais je ne fais rien par hasard, tu sais ?
Je lui adresse un sourire qui se veut rassurant. Nous arrivons dans la salle surchauffée par son public survolté en même temps que les musiciens. C'est un trio cette fois, qui commence à se faire un nom, dont la première démo est sortie il y a deux ans. J'apprécie suffisamment leur musique pour espérer la sortie prochaine d'un album. Pour ne pas la perdre, je passe un bras autour de la taille de Lana, me laissant déjà emporter par l'ambiance. Les Lancaster finissent par nous retrouver également ; la partie électrique de la soirée peut enfin commencer.
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