Poussière, baguettes & Rhum-Coca

Jeudi 27 février 1997, début de soirée

Le mois se terminait sur une note douce amère pour Quinlan. Peut-être que la guerre qu’il avait tant redouté n’éclaterait jamais, mais les mots qu’il avait lu dans la Gazette du Sorcier, ces mots cinglants ne le quittaient pas. “Tant nous, humains, que nos partenaires sorciers…” Quinlan n’avait presque retenu que cela de l’intervention de la journaliste moldue. L’ignorance, sûrement, mais était-ce vraiment une excuse ? Ou juste le cache-misère de celui qui ne veut pas apprendre ? Le guérisseur avait été révolté de voir mis en opposition l’humanité et la sorcellerie, et la conclusion de cette intervention, rappelant aux moldus que les sorciers étaient bien humains, n’avait pas arrangé les choses. Dans le fond, ce que racontait cette Amy était louable, et même plein d’espoir, mais la forme suintait encore de ces préjugés médiévaux qui placent la magie comme œuvre du Diable.

Que les choses se soient plutôt bien passées pour une allocution d’un politique moldu dont le lapsus aurait pu provoquer une guerre civile, une allocution où avait été vue la Marque des Ténèbres, tout cela était plutôt exceptionnel. Il n’y avait même pas eu de morts et un Mangemort avait été arrêté. Pas assez malin, sûrement. Quant aux exactions de ces derniers — eux aussi tuaient des enfants, il ne fallait pas l’oublier — elles étaient bien sûr fermement condamnées par le Ministère de la Magie. Des paroles, mais Quinn espérait que cela contribue à un retour au calme. Il faudrait encore du temps pour ça, et le guérisseur était trop pessimiste pour penser que chaque camp allait en rester là, mais il se considérait encore comme modéré, quasi-neutre, d’où son sentiment vaguement soulagé.

Les choses avaient de toute façon repris à Haveirson. Il se remettait doucement de l’attaque d’Avalon dont il avait été la victime et l’un des héros. La vie continuait. Pourtant Quinlan continuait de s’entraîner à la magie noire. Sans Megan. Après ce qu’il s’était passé la semaine passée, il préférait ne pas l’impliquer davantage. Et lui préférait inventer des sorts qui pourraient s’avérer létaux sans pour autant que ce soit leur premier objectif. Juste… quelque chose de plus inventif, définitif et propre qu’un Diffindo… Dans cette optique, il s’était organisé une séance d’entraînement et de pratique avec Beryl, un étudiant qu’il connaissait plutôt bien.

À la fin de leur session, ils s’étaient décidés à jouer les explorateurs du dimanche — du jeudi plutôt — et avaient pris la direction de… Nulle part. Le but était justement de se perdre dans le château, en espérant à moitié y faire des découvertes intéressantes. Quinlan se méfiait toujours du Comte, mais il n’y avait pas de mal à essayer de mieux connaître son château, non ? Non !?

Bref, les deux hommes, à force de tourner obstinément vers l’inconnu, s’étaient retrouvés face à un étroit escalier. Il y avait donc un grenier à Haveirson ?

— On monte ? Vas-y, toi premier !

Quinlan lança un grand sourire à Beryl, tout en retirant sa lourde cape de sorcier sur laquelle il risquait de trébucher. Il remisa donc la laine doublée d’un taffetas vert aux reflets roses, exposant totalement son veston émeraude qui s’avérait être corseté. Depuis le bal de la Saint-Valentin, il s’était trouvé un nouveau délire vestimentaire. Peut-être qu’un jour il se pointerait en cours en jupe ? Qui sait…?