Après tout ce temps, voudrais-tu me revoir? [PV Ama]

Mars 1997. Qui aurait cru que le Flutis Jones serait aujourd'hui dans un établissement académique? Certainement pas le principal intéressé. Depuis la dernière réelle fois que nous l'avons aperçu, plusieurs événements se sont déroulés dans l'univers magique. Cependant, comme vous les connaissez, on ne se les rappellera pas. Concentrons-nous sur lui, notre "héros". Oui, entre guillemets, car il n'est clairement pas un héros. Même si c'étaient ses aspirations, il y a environ six mois, aujourd'hui, on peut concevoir que Flutis est très loin de l'homme qu'il souhaitait devenir en mettant les pieds à l'Académie Haveirson. En réalité, malgré son âge adulte, le plus jeune des Jones se cherche encore. Il cherche son identité. Probablement perdue dans le néant comme les partisans de Dai Llewellyn dit le Dangereux, ce joueur de Quidditch, tragiquement décédé. Mais encore une fois, on s'égare.

Que fait Flutis Jones dans la salle des bulles et pourquoi? Surtout pourquoi. C'est bien ce que les gens, à vrai dire, les étudiants, se demandaient après l'avoir vu entrer dans cette pièce. Peu de personnes avaient eu le privilège de le côtoyer ses dernières semaines. Lors de son premier passage à Haveirson, il avait réussi à semer la pagaille, à s'en prendre à ses professeurs et à se distancer de tous ceux qui avaient essayé de percer sa bulle. (Excusez-moi pour l'ironie du jeu de mots, changeons pour sa carapace.)

Et c'est entre autre pourquoi Flutis est présent à Haveirson aujourd'hui. Il revient aux études. Il avait terminé ses cours de première session en passant grâce à la bonne volonté de ses professeurs. Après ce fiasco académique, les souvenirs de sa soeur, mais surtout la pagaille causée lors du premier événement conjoint entre Sorciers et Moldus du mois de Novembre.

Cet événement était l'une des raisons pour lesquelles, il avait pris ses distances. Peu de gens le savaient, mais si les Moldus détestaient les Sorciers, c'était en grande partie à cause de notre Portugais national. Et qu'avait-il fait? Si vous avez répondu: "Pris la fuite", on vous donne 100 gallions! C'était typique du Flutis que l'on connait. Quand la chaleur monte, il préfère changer de pièces que d'utiliser un sortilège de refroidissement.

Après tout, lors du dernier automne que nous avons connu, Flutis s'était rapproché d'une certaine Amaranthe et pour des raisons qu'elle ignore, ils avaient arrêté de se voir.

-C'est d'ailleurs pour ça que je suis ici aujourd'hui, se dit-il pour lui-même.

L'étudiant Vert pomme lui avait envoyé une missive et il espérait qu'elle l'avait lue. Il lui avait donné rendez-vous en début d'après-midi dans cette pièce. Il avait ignoré toutes ses lettres, l'avait fui comme la peste. Il était donc légitime qu'elle fasse pareil, mais quelque chose disait à Flutis qu'elle allait lui donner une énième chance. Elle était ainsi. Sa naïveté l'emmenait à croire que tout le monde était gentil et bon.

Cela n'avait jamais été la vision de l'ancien Gryffondor. Il était un peu cynique. Mais cette Aislinn lui donnait envie de croire que tout pouvait bien aller. Il voulait lui faire confiance et pour ce faire, il se devait d'être honnête envers elle. C'était la première étape pour remettre son plan en marche.

Bien quoi? On vous l'avait dit qu'il n'avait pas changé. Faut quand même pas croire que du jour au lendemain, notre Jones chéri est devenu un ange. C'est encore un enfoiré!

Et cet enfoiré s'était assis à une table, à l'intérieur d'une bulle, dos à l'entrée pour ne pas voir son amie se pointer. Cela lui éviterait une déception si elle ne venait pas. Dos à la porte, Flutis s'était habillé de façon classique pour lui. Un pantalon propre, gris foncé et ajusté. Le style, ça le connait bien. Une chemise blanche, boutonnée jusqu'au cou et un cardigan rouge Gryffondor complétait son habit. Pour l'occasion, Flutis s'était laissé pousser la barbe, vieille de trois jours, ce qui est l'équivalent d'un record pour lui, et s'était rasé les cheveux sur les côtés, ne laissant que le haut du crâne garni. Il voulait paraître sérieux et bien devant Amaranthe. Il avait beaucoup à se faire pardonner et le fait qu'il ait pris son temps pour s'arranger envoyait un message comme quoi il n'était pas ici pour plaisanter.

Impatient, il se joua dans les cheveux. L'attente n'était pas son fort...

17/03/2015

J'avais reçu sa missive, sa demande que je lui accordais sans réfléchir, évitant de penser à son absence qui m'avait fait souffrir. Il m'avait manqué ce gryffondor plus que je ne saurais le dire ou que je ne saurais me l'avouer.

Nos aventures avaient fait que nous étions deux intrépides qui ne résistaient jamais à une quête. Il m'avait fait prendre conscience que je n'étais plus cette serdaigle plongée dans des grimoires poussiéreux, j'étais celle qui s'était dévoilée en Amérique Latine. Je voulais plus tellement plus.

Mais ce qui nous concernait nous deux, je ne savais plus. Je lui avais donné une chance et il m'avait envoyé me faire voir. Il m'avait ignoré, snobé comme si nous n'avions jamais vécu cette aventure dans les murs de l'Académie et j'avais aimé partagé ce baiser même si il avait été l'oeuvre d'un enchantement. Cette odeur qui nous avait enivré et nous avait fait sombrer pour nous faire nous rejoindre et ne plus faire qu'un, n'était plus qu'un souvenir lointain. Il s'était montré audacieux pour ne pas dire cruel après, il m'avait ignoré.

J'avais retrouvé Bentley et je l'avais perdu mais je ne pouvais faire abstraction du passé, de mon passé, Flutis avait compté et je ne pouvais pas le balayer comme si il n'avait jamais existé.

Je choisis une tenue qui ne pourrait pas lui donner envie de me trouver séduisante. Mon pull ignorait mes formes et mon pantalon ne soulignait pas mes jambes fuselées, j'étais prête à le rencontrer pour qu'il me connaisse pour ce que j'étais.

Je voulais retrouver cette complicité que j'avais peut-être imaginée et j'espérais que non. Il avait été le premier avec qui j'avais eu envie de dominer cette école. Une envie de me battre pour découvrir les secrets qui l'habitaient m'avait envahi. Nous nous sommes alliés et nous avons survécu à toutes les épreuves que nous avons rencontrées.

Je me rendis à ce rendez-vous et j'appréhendais qu'il me reconnaisse pas avec ma coupe à la garçonne. J'entrais dans cette salle intimiste. Il était dans une bulle et j'essayais de lui offrir un sourire. Il était petit mais pas inexistant avant de m'asseoir face à lui. Je finis par briser ce silence oppressant:

- Bonsoir Flutis, comment vas-tu ? Ta missive m'a intrigué, je suis curieuse d'entendre tes explications face à ton silence depuis le mois de novembre ?

Même si Flutis était assis et perdu dans ses pensées, il entendit les pas feutrés, une fois arrivés dans la bulle. Il n'avait pas eu besoin de se retourner. L'Abraxan s'était placée en face de lui, avait pris une chaise et lui avait timidement souri, comme à son habitude. Le Sinistros ne réagissait pas comme à l'habitude qu'on lui connait. Il restait de marbre. En théorie, il aurait dû exprimer un commentaire, faire un compliment, sourire, mais il n'en n'était pas capable. C'était vraiment elle. Il se rappela de l'avoir aperçue au Dark Knight, il y a quelques semaines (ou jours). Le temps d'un bref instant. Il l'avait surtout entendue. À ce moment, elle ne ressemblait pas à celle qu'il avait connue. Aujourd'hui encore, elle n'y ressemblait pas. Elle avait changé. Pas seulement ses cheveux, maintenant coupés court. Son attitude. Elle semblait brisée. Évidemment, quand on reçoit des nouvelles d'un demeuré qui vous ignore, on ne peut pas s'attendre à une autre réaction de la part de celle qui faisait des pieds et des mains pour que vous lui parliez.

Mais tu t'attendais à quoi, bon sang, Flutis? Un câlin? Une femme en pâmoison? Un lancer de petites culottes? Finis le temps où tu étais une vedette et que tout le monde t'adorait. Tu es maintenant avec des intellectuels qui ne se font pas impressionner par des tours de balais ou tes muscles saillants. Encore moins quand tu ne daignes pas leur répondre. Et pendant ce temps, tu observes une de tes anciennes amies sans rien dire. Bel abruti, que son coeur lui balancerait, si son organe savait parler. Mais que pouvait-il dire? Bonjour? Faire comme si de rien n'était? Lui demander les notes pour le dernier cours de politique? Voyons. C'est difficile de s'adresser à quelqu'un, non? Surtout après ce qu'ils ont vécu tous les deux.

Malgré l'allure "je-ne-veux-pas-que-tu-me-charmes-je-préférerais-te-baffer-sale-idiot", Flutis ne pouvait s'empêcher de repenser au baiser qu'ils avaient échangé. Il fut couper court dans ses pensées. Amaranthe venait de briser ce silence malaisant qui s'était installé entre les deux sorciers. Tout de suite, elle ne lui laissa pas le temps de respirer. Il devait s'expliquer sur son inactivité des derniers mois.

Et c'était ce qu'il allait faire. Mais comment? Il baissa la tête, les épaules par en avant, les mains jointes devant lui, nerveuses. Il lui dit que tout allait bien de son côté. Il releva la tête, la regarda un moment. Il voulait lui demander comment ça se passait chez elle, mais il préféra éviter la question. Son regard en disait long. Elle ne semblait pas vouloir s'éterniser. C'était compréhensible. Il prit le risque de lui prendre les mains et de la regarder dans les yeux.

-Écoute, je...

Mais évidemment, il s'arrêta net comme un jeune sorcier voyant la professeure McGonagall le prendre en flagrant délit pour une bétise qu'il avait commise. Il lâcha les mains d'Amaranthe et chercha au sol un objet quelconque. Pour se donner une raison. Il n'en avait pas. Il le savait, elle le savait, tout le monde le savait.

-Je m'excuse, finit-il par bredouiller, honteux. L'anxiété s'amenait. La sueur ferait son apparition dans quelques minutes. Il devait se ressaisir, mais Flutis savait aussi que c'était l'étape la plus difficile. Demander pardon. Il ne pouvait attendre que sa rouquine préférée s'exprime. Il décida de continuer.

-Il s'est passé tant de choses que je ne sais plus par où commencer ou tout simplement quoi te dire pour que tu puisses tout comprendre. Mais sache que s'il y a bien une personne avec laquelle je voulais m'entretenir avant de remettre les pieds ici à 100%, c'est toi.

Bon, la première vérité venait de sortir du sac. Restait maintenant à savoir si les autres vérités allaient faire le même chemin. Amaranthe devait probablement les attendre comme un gamin moldu attendait les cadeaux du Père Noël.

17/03/2015

Je l'observais et je ne reconnaissais plus celui avec qui j'avais vécu une aventure. Il semblait mal à l'aise ou peut-être se sentait-il coupable d'avoir coupé les ponts ? Il s'était comporté comme un enfant gâté qui n'avait pas supporté mon franc parlé lors de cette soirée près de la rivière. Tous ses gestes trahissaient sa nervosité et mon regard inquisiteur ne quittait pas ses yeux sombres.

Il m'avait blessé comme peu avait réussi à le faire. Il avait ignoré mes missives et il devait s'en expliquer. Une partie de moi voulait connaître ses raisons et l'autre s'en fichait. Beaucoup d’événements douloureux avaient bouleversé ma vie. La mort de Ben était celle qui m'avait brisé, nous avions à peine eu le temps de nous retrouver que les moldus me l'avaient pris.

Le voir ainsi aurait du me réjouir mais je ne réussissais pas à le détester. Il était lunatique mais peut-être essayait-il simplement de se protéger ? La mort de sa sœur l'avait rendu méfiant et il avait certainement peur de s'ouvrir aux autres. Il faut dire que nous avions vécu un moment très intime même si ma raison y avait mis un terme rapidement.

Après mes paroles, il se comporta comme un gamin pris en faute. Ne pouvait-il pas assumer ses choix égoïstes ? Quel message essayait-il de me faire passer ? Je n'allais pas lui faciliter les choses. Déjà que ma venue me rendait faible mais j'avais frôlé la mort de peu alors peut-être que le destin nous mettait en présence pour que je lui laisse une dernière chance, non ?

Et quand il me prit les mains, je me reculais contre le dossier de la chaise et heureusement, pour lui, il les lâcha presque aussitôt sinon je pense que je l'aurais insulté de se montrer si familier.

Et il finit par bredouiller des excuses et je ne pouvais douter de sa sincérité. L’orgueil était son péché principal alors je devinais à quel point cette aveu lui pesait. Je ne prononçais pas un mot, j'attendais qu'il continue. A la fin de sa tirade, je fronçais les sourcils et je ne prononçais qu'un seul mot d'une voix neutre :

- Pourquoi ?

Pourquoi moi ? Nous nous connaissions peu même si j'avais cru entrevoir un allié pendant quelques temps. J'avais même cru qu'une amitié était envisageable entre nous. Qu'attendait-il de moi ? Est-ce qu'il était vexé que j'ai mis un terme à une étreinte due à la magie ? S'attendait-il à ce que je m'offre à lui dans le salon de thé ? N'avait-il pas compris que je n'étais pas une jeune femme à me comporter ainsi ?