Après-midi aux écuries - Feat Isia

22/11/2015

23 février 1997

Azphel avait choisi pour job étudiant de s'occuper des écuries d'Haveirson. Sa motivation première avait été de se trouver au contact d'animaux et d'utiliser son temps libre pour quelque chose d'utile, mais elle trouvait désormais une résonnance dans un quotidien devenu difficile à porter. Entre l'actualité du monde magique qui allait en se dégradant et tous les problèmes auxquels il était confronté, s'occuper des chevaux devenait une véritable échappatoire autant qu'une bouffée d'air bienvenue.

Tous ceux qui le connaissait l'auraient vu se ruer sur un job de journaliste ou un stage d'écrivain ; tous les gens normaux étudiants en métiers de la plume auraient sans doute fait ça, mais Azphel ne regrettait pas son choix, bien qu'il n'excluait pas la possibilité de faire la demande d'un second stage pour se consacrer à sa passion première. Quand il arrivait à l'écurie tôt le matin ou l'après-midi, cela dépendant des jours, et qu'il voyait les chevaux, là à le reconnaître un peu plus au fil du temps, il en éprouvait un bonheur certain, et surtout un décalage complet avec sa vie de tous les jours.

Quand il se trouvait aux écuries, la réalité s'enfuyait, il n'y avait plus que les chevaux, et lui au milieu. Haveirson n'était plus qu'un décor, le double jeu du Comte un détail, les soucis avec ses amis autant d'histoires mises en pause. La seule qui demeurait présente dans ses pensées était Isia. Il n'avait pas essayé de l'exclure, il savait la tentative vaine. Dès lors qu'il n'avait rien à faire, la belle entrait en scène sans prévenir et paradait librement dans ses pensées.

Àl'écurie, les chevaux étaient au nombre de neuf et l'Abraxan apprenait déjà à tous les connaître. Une jument noire de deux ans, prénommé Pénombre, était la chouchoute d'Azphel et celle avec qui il passait le plus de temps. L'essentiel de ses activités aux écuries était l'entretien basique des boxes, veiller à leur propreté, alimenter les pensionnaires à quatre pattes en foin et en eau et à signaler dès qu'un problème grave survenait, ce qui n'arrivait quasiment jamais de ce qu'on lui avait dit. La grosse majorité des actions étaient simplifiées par l'usage de la baguette et le reste du travail consistait à manifester de l'attention et de l'affection aux bêtes, ce qu'Azphel ne manquait pas de fournir en abondance.

La ménagerie de l'académie se situait en prolongement de l'écurie ce qui donnait au sorcier l'occasion de voir défiler pas mal de monde et d'animaux. Il n'y était pas établi depuis longtemps, mais il n'aurait échangé son poste contre aucun autre et il bénissait les heures de la journée où il pouvait venir s'y ressourcer.

17/11/2015

Les heures s’étaient écoulées, se transformant en jours, depuis la dernière fois qu’elle avait vu Azphel. Ce n’était pas voulu, sauf peut-être à la fin de la journée d’hier, étant donné les actions d’Anton. Il était son meilleur ami, probablement son confident, et elle ne pouvait se mettre entre les deux hommes. Alors, plutôt que d’afficher clairement sa froide colère envers ce sorcier, elle avait préféré éviter son colocataire et ne pas avoir à réagir à chaud. D’autant plus que ce tout nouveau Sang-mêlé lui avait envoyé un hibou pour une rencontre ce matin même. Celle-ci effectuée, Isia pouvait retrouver son délicieux écuyer avec le calme nécessaire. Elle ne savait pas encore si elle devait lui parler de leur altercation.. Peut-être qu'elle glisserait quelques mots s'il la questionnait sur son rendez-vous avec l'héritier des Adelmar.

Elle traversa donc l’Académie, ses livres contre elle, pour rejoindre les écuries dans l’espoir de l’y trouver. Il y avait peu, en effet, l’Écossaise avait appris que l’ancien Serpentard avait choisi d’y travailler. Elle en avait été touchée. Ce contact avec la nature, les gestes affectueux envers les animaux, le fait de prendre soin d’eux, tout cela révélait un bout de sa personnalité plus qu’agréable à côtoyer. Elle l’imaginait parfaitement à l’aise, à l’écoute des bêtes, arrivant à capter et maintenir leur confiance. Elle se représenta Azphel cajolant un des chevaux tandis qu’une de ses mèches vagabondes venait à voiler son regard émeraude. La vision lui fit accélérer le pas.

Elle avait envie de le rejoindre, terriblement, mais quand elle le vit dans son élément, elle s’arrêta. Devait-elle réellement le déranger ? Le doute lui fit serrer ses manuels contre sa poitrine. Et si elle n’était pas la bienvenue.. et si elle l’empêchait de bien faire son travail.. Inconsciemment, elle s’était reculée, les yeux toujours rivés sur lui. De sa position, elle pouvait l’observer, se délecter de son corps leste, de ses gestes effectués avec aisance. Elle l’examina se mouvoir, effectuer les tâches qui réclamaient son attention et elle ne put empêcher un sourire de se développer sur ses lèvres. Il était beau. Beau à couper le souffle, beau à se damner.. Et c’était précisément ce qu’il lui avait fait. Il tourmentait son âme de sa présence, qu’il soit loin ou proche d’elle. Son avenir, millimétré, n’était plus que chaos. Pour lui, elle.. D’un geste de négation, elle chassa ses pensées et reprit sa marche pour arriver derrière lui.

Il avait sans doute entendu son arrivée, tout comme les chevaux qui devaient avoir un comportement autre que celui qu’ils avaient quand seul Azphel était avec eux. D’un coup d’oeil précis, elle s’était assurée que sa présence ne pouvait pas être perçue de l’extérieur avant de frôler la nuque du sorcier de sa main pour qu’elle se fige finalement en face de lui. « Bonjour, Azphel. » Ils semblaient être seuls, du moins, elle n’entendait que les souffles ou bruits des bêtes. Mais avant d’en être sûre, elle ne pouvait pas s’emparer de ses lèvres. La course de sa main s’arrêta ainsi en saisissant l’avant de sa chemise, celle-ci étant négligemment ouverte. « J’espère que.. je ne trouble pas ta sérénité. Si tel est le cas, je ne fais que passer. » Ses yeux brillaient d’une promesse : ils trouveraient un autre moment pour se voir, seuls. Contre toute bienséance en de tels lieux publics, elle était dangereusement proche de lui. Si près qu'elle se pencha à son oreille pour quelques murmures. « Tu m’as manqué.. »

22/11/2015

Azphel se déplaçait dans l'allée principale avec un seau à la main, alternant sans sens précis entre les boxes pour apporter un peu d'eau aux chevaux. Il ne faisait pas tout avec l'aide de sa baguette, pour éviter le trop plein d'ennui et préférait faire les choses de façon "moldu" pour apprendre un peu le métier, la passion, tels qu'ils existent réellement. Dans son dos, des bruits de pas aériens s'intensifièrent, mais il n'y prêta pas attention. Avec la ménagerie juste à côté, les passages étaient fréquents et seuls quelques élèves venaient occasionnellement gratifier les chevaux de caresses attentionnées.

Mais les pensionnaires dont il se chargeait s'agitèrent un peu dans leur boxe, certains d'entre eux soufflèrent fortement, lui signalant l'entrée d'une personne inhabituelle en ces lieux. Il reposa machinalement son seau alors que l'effleurement délicat de doigts sur sa nuque lui procurait un frisson. La main à laquelle ils appartenaient s'arrêta devant lui et sa propriétaire s'offrit à son regard, faisant naître un sourire large sur ses lèvres. Isia. Les mots envie et plaisir s'y associaient immédiatement. Il eut soudainement le sentiment de ne pas être ce qu'elle cherchait ici, légèrement débraillé, plus affairé à s'occuper des chevaux qu'à recevoir une si charmante demoiselle, mais le pétillement dans les yeux bleus de la rousse trahissaient son bon plaisir de le retrouver aussi.

« J’espère que.. je ne trouble pas ta sérénité. Si tel est le cas, je ne fais que passer. »
Il rigola, leur visage à quelques centimètres l'un de l'autre. Bien sûr que tu me troubles, toujours! Comment aurait-il pu en être autrement alors qu'elle faisait naître dans sa poitrine un martèlement incessant dès qu'elle apparaissait, alors qu'il rêvait ses charmes toutes les nuits.
- Non, tu me déranges pas, dit-il d'un ton où perçait volontairement le manque de sincérité.

Les doigts fins de la sorcière avaient trouvé sa chemise, ses yeux d'azur s'étaient logés dans les siens et manifestaient l'envie de sa présence, maintenant, plus tard, tout le temps. Les envies qu'il avait lui, si proche d'elle, son parfum emplissant l'air, sa peau pâle s'offrant à lui, les souvenirs de son corps...
Il avait envie de la plaquer contre un mur, d'oublier les chevaux, les pas des autres et l'écurie. Juste elle à laisser fondre. Elle serrait des livres contre elle et il jeta un regard en arrière avant de lui prendre la main pour l'entrainer avec lui à l'écart de l'entrée, derrière les boxes. C'était un endroit où était grossièrement entassé le foin mais qui était relativement propre, compte tenu de la magie dont on se servait ici.

Il lui prit ses livres de la main et les posa sur un rebord en pierre, et se colla à elle pour la faire reculer contre le boxe, jouant de la proximité de leur regard, de leurs lèvres. Quand le dos de la belle heurta la structure il noua les doigts de leur main pour les plaquer à hauteur d'épaule, avant de jouer avec ses lèvres, déposant des baisers fugitifs sur les siennes. Elles avaient toujours le même goût. Sucrées et parfumées, fermes. Encore. Les cheveux de l'Abraxan balayait son visage et il voyait au travers apparaître sur le visage de Celle, l'envie qu'il aille plus loin, qu'il cesse ce jeu et s'y abandonne complètement. Lui-même jouait avec son désir de la belle, l'envie irrépressible de ses lèvres, de ses doigts et... de tout son corps.

Après de multiples baisers parsemés sur ses lèvres et scrupuleusement déposés dans son cou, il abandonna la raison au profit de l'envie pour l'embrasser fougueusement, laissant son manque d'elle gagner la bataille qu'il avait su d'avance perdue. Il n'avait plus envie de la lâcher, comme à chaque instant où ils se trouvaient ensemble, et profiter d'elle comme si de rien n'était. Bien que la réalité était autre et qu'il savait avoir quelques sujets à discuter avec Isia.
Il se détacha de la sorcière, lentement, laissant leur regard en contact.

- Toi aussi tu m'as manqué mon coeur... chuchota-t-il.
À regrets, il se recula et l'attira vers lui.
- Viens, je vais te présenter à mes amis !

Il entraina Isia entre les boxes, leur main se touchait mais il ne la serrait pas, au cas où..
- Les amis, dit-il assez fortement pour que les chevaux les plus curieux passent la tête dans la travée, je vous présente Isia. Isia, voici mes nouveaux amis, s'exclama-t-il en écartant les bras dans un geste théâtral amusé.

Finalement, il reprit la main d'Isia, mettant son corps en opposition face à l'entrée, pour qu'il ait le temps de les délier si jamais quelqu'un d'autre arrivait. Un à un, il présenta les neuf chevaux dont il s'occupait sur son temps libre, s'attardant un moment sur Pénombre, sa chouchoute, une jument noire fine et gracieuse au pelage soyeux.

17/11/2015

L’intensité du regard de son amant caché la fit frissonner tout en créant une nouvelle envie, plus primitive, qui s’ancrait peu à peu, de plus en plus profondément. Ce lien visuel qu’il avait créé prit subitement fin quand il regarda en arrière, ce qui laissa le temps pour Isia de reprendre ses esprits. Juste une seconde puisqu’il l’entrainait déjà ailleurs, lui prenait ses livres et.. fit en sorte qu’ils se retrouvent trop près, bien trop près. Avec son dos contre la structure et lui contre elle, l’Écossaise se trouvait emprisonnée. Une prison délicieuse puisqu’elle retrouvait ses lèvres et le plaisir associé. L’envie revint, plus puissante, mais néanmoins muselée par l’endroit où ils se trouvaient. Allait-elle jouer à la fille de ferme et laisser libre cours à ses désirs là, dans le foin ? Peut-être.. Sûrement.. s’il continuait à l’embraser ainsi. Elle frémissait et soupirait sous ses baisers mais l’apothéose vint avec sa fougue et Isia ouvrit un peu plus sa chemise afin de faire glisser ses mains contre sa peau. Les boutons de celles-ci sautèrent, mais c’était toujours mieux qu’une déchirure du tissu. Ah.. De toute façon, elle ne s’en rendait pas compte.

« Je.. vois cela. » murmura-t-elle après un énième frisson. Grisée, elle avait un certain mal à reprendre pied dans la réalité et à peine l’eut-elle fait qu’il passa à autre chose. Ses amis ? Les sourcils froncés, elle suivait l’Abraxan tout en essayant de ralentir sa cadence. « Attends.. Je croyais que l’on avait dit que.. » Sa voix s’éteignit lorsqu’il s’arrêta devant les boxes. Soulagée, elle esquissa un timide sourire et écouta les présentations, en regardant plus l’homme que les chevaux. Non pas que ces bêtes ne l’intéressaient pas, ce n’était pas cela, mais bien quelque chose d’autre, de plus sinueux.

Cette peur, suivie d’un soulagement et du fait qu’il ne s’agisse finalement que de chevaux.. tout ceci propageait en elle un sentiment de déplaisir, une impression que quelque chose n’allait pas. En le regardant de biais, elle se rendit compte qu’elle était triste. Pas pour elle, pas pour sa propre situation, mais pour celle qu’elle lui infligeait. De quel droit lui faisait-elle subir cela ? Il méritait autre chose, une partenaire qu’il pouvait présenter à des êtres humains, plus qu’à des animaux. Le coeur serré, elle hocha la tête, comme ça, dans le vide, sans doute pour marquer une décision déjà prise qui s'établirait petit à petit.

Ses présentations, son corps qui les cachait, tous ces petits détails l’agressaient par leur netteté. Qui était-elle pour oser imposer cette situation ? Une femme, liée par les engagements d’une autre personne. Une femme qui avait le droit de respirer par une toute petite ouverture dans un océan furieux, déchainé. Et lui ? Après réflexion, elle l’avait averti, ne lui avait rien caché.. il avait accepté. Mais pour combien de temps encore ? « Je suis désolée, Azphel. » Malgré ses efforts, ses yeux brillaient des larmes qu’elle garderait à l’intérieur. « Vraiment. » Même si elle s’efforçait de penser positivement, elle avait toujours cette boule de regrets qui lui plombait le ventre. « Tu ne devrais pas être obligé de ne me présenter qu’à.. » Elle se surprit alors elle-même en entendant sa voix trembler, comme rarement auparavant. Elle prit une inspiration, sa main libre sur ses lèvres, les doigts tremblant.

« Raconte-moi ta journée s’il-te-plaît ou ce qui te plaira. Fais-moi oublier.. cette.. réalité. » Un timide sourire se logea sur ses lèvres alors qu’elle l’intimait, du regard, à poursuivre dans la voie qu’elle avait initié.

22/11/2015

Retrouver Isia comme cela, en fraudant quelque peu, bravant leur interdit amoureux, avait quelque chose d'extrêmement jouissif. C'était goûter au fruit défendu, consommer leur passion dans un silence amoureux et épris. Retrouver ses lèvres et sa fougue faisait ressortir tout ce qu'il ressentait pour elle, le cadre de l'écurie n'était qu'une façade, encore qu'ils auraient pu trouver pire pour quelques embrassades. Plus le temps passait et moins il envisageait de s'éloigner de la sorcière, même temporairement, l'idée lui était bien trop douloureuse et amère. Ce ne serait pas simple, il le savait, le plus difficile était surement à venir, mais il était prêt à braver les tempêtes et les difficultés pour Isia O'Hara.

Contre la palissade, la demoiselle prise entre ses bras, ses lèvres cédant à la tentation, il avait envie de plus, de prolonger l'étreinte, l'envie d'aller ailleurs, de l'emmener ailleurs, un peu plus loin vers le plaisir... La belle perdait au fil de leurs rencontres de sa raison et s'abandonnait toujours plus promptement à leurs échanges brûlants. Ses mains s'étaient acharnées à entrouvrir sa chemise et il en avait eu envie... d'aller beaucoup plus loin. Le regard azur de la sorcière l'intimait, son coeur à lui le criait. Mais, il y a souvent un mais.

Le plaisir attendrait, quoique, dès lors qu'Isia était proche se manifestait une certaine forme de plaisir chez Azphel. Un plaisir muet et patient, désireux des instants, de savourer même les plus courts moments. Il s'était fait un petit plaisir, avait préparé dans sa tête sa mise en scène, avec l'éventualité qu'Isia viendrait peut-être le voir. Lui présenter les chevaux était censé la détendre et la faire rire, voir l'amusement courber ses lèvres et écrire des sourires sur son visage.
Mais lorsqu'il se retourna, le visage de la rousse s'était drapé de peine, d'une tristesse muette mais visible. Il resserra la prise de sa main dans la sienne et fronça les sourcils pour entendre ses réponses ou ses questions.

Le sorcier eut une moue réprobatrice quand elle parla, évoqua leur distance et qu'elle se sentait responsable de la lui infliger. Il entrouvrit les lèvres pour l'interrompre, mais la laissa parler, manifester ses émotions qu'il n'avait pas souhaité créer. Il caressa son visage du revers de la main quand elle lui demanda de parler d'autre chose. Elle n'était pas responsable de son choix, il ne comprenait pas qu'elle s'en veuille. Les sentiments ne se choisissent pas, ils apparaissent un beau jour et on ne peut rien faire contre ça, les refouler est impossible, les ignorer n'engendre que des souffrances plus grandes encore...

- C'est un choix que j'ai fait.. Je t'ai dit que si ça devenait trop difficile à porter, je te le dirais. Alors ne t'en veux pas, tu ne m'infliges rien du tout, juste... du plaisir... et du désir. Il se mordit la lèvre et regarda les siennes, repensant au moment où elle avait tirer sur sa chemise. Y a pas de souffrances dans mes pensées.

Il lui vola un baiser goûteux, avant de se détacher d'elle. En plein milieu de l'allée centrale, il se devait de respecter le code de distance qui muselait ses petits plaisirs. Il avait gardé un sourire accroché sur ses lèvres, avec lequel il dévorait Isia et essayait de calmer son regard de glace.

- Je passe le plus clair de mon temps à veiller à ce que mes compagnons soient heureux, dit-il d'une voix claironnante. On s'aide beaucoup de la baguette, ce qui fait gagner un temps précieux, même si justement j'aime apporter le foin à la main, parfois, pour ne pas oublier ce qu'est à l'origine le métier. Je les ravitaille en eau, en nourriture, je les brosse et je fais attention à ce qu'il n'y en ait pas un qui se sente mal. Et je les caresse beaucoup. Il baissa la voix pour chuchoter : Je préférerais cent fois mettre mes mains sur toi mais... ils sont comblés par mes doigts la majeure partie du temps où je suis avec eux !

Il regardait Isia avec des yeux d'enfant. Des yeux d'enfant amoureux. Il appréciait les petits moments éphémères, dès lors que leur visage se frôlait, leurs mains se touchaient. Cela faisait longtemps qu'il n'avait pas ressenti ça, cet effet attendri et amusé de tous les instants en compagnie d'une femme. Peu avaient eu cette importance, et elles étaient désormais toutes oubliées. Toute au profit de ces lèvres charnues, cette longue chevelure incandescente, ce regard de glace à se damner, ces longs doigts fins... La souffrance de leur distance n'était qu'un bien doux mal en comparaison du bonheur qu'elle lui procurait.

- Et toi, qu'as tu-fait ces derniers jours ? Tout va bien ?

Il savait qu'elle avait vu son promis, sans connaître la teneur du rendez-vous, et sa question n'allait pas vers lui, même si elle pouvait le laisser penser. Le bonheur d'Isia en général lui importait plus que de remuer des choses auxquelles il ne pouvait rien changer.

17/11/2015

Elle acquiesça sans réellement y croire, même si elle se força à sourire. « Jure-moi, Azphel, que tu le feras. Que tu m’en parleras au lieu de tout garder pour toi. » Son regard était acéré, la moindre hésitation ou trace de mensonge serait immédiatement détecté. A moins que l’ancien Serpentard ne soit un comédien hors pair, tellement doué qu’il pourrait échapper aux sens aiguisés de l’apprentie Auror.. ce qui serait étonnant.

« A l’origine ? Tu parles du monde moldu ? Tu aimes cela, faire les choses comme les sans-pouvoirs ? Je ne connais que très peu leurs us et coutumes et encore moins l’histoire de leurs métiers. J’en suis curieuse, néanmoins. » Isia ne put retenir quelques rougeurs quand il parla de ses mains sur.. Elle déglutit et tressailli, troublée par son regard, comme souvent. « S’il te plait.. cesse ces mots et ces regards en public, tu me fais perdre tous mes moyens. » murmura-t-elle avant de lancer un regard à droite, puis à gauche. L’absence de toute présence confirmée, elle s’avança vers lui et plaça sa main de telle sorte qu’elle frôlera sans cesse celle de l’Abraxan à chacun de ses mouvements.

Quant aux derniers jours, il n'y avait rien de notable. Quoique.. « J’ai eu la surprise de découvrir que mes livres avaient choisi pour langue le russe. Je connais l’alphabet cyrillique mais ce fut pourtant étrange de me replonger dans l’étude de cette langue, surtout pour apprendre les secrets de la botanique. » Un rire, léger, fusa dans la direction du sorcier. Son corps suivit ce son et elle glissa ses mains autour de son torse pour se coller contre lui. « A part cela, j’ai eu une entrevue avec ton ami, Anton Costello. » Sa prise s’affirma dans un mélange de force et de légèreté. « Il.. a été quelque peu cavalier et arrogant, m’assimilant à mon père et ses.. penchants, sans autre forme de procès. Juste à cause de mon nom. Enfin, nous nous sommes expliqués et il n’est malheureusement pas le seul à le faire ou l’avoir fait. Quoi d’autre ? » questionna-t-elle le vent. Il y avait bien entendu la rencontre avec Chauncey mais elle ne savait pas réellement si le sujet devait être abordé ici.. alors qu’elle ne pouvait pas le rassurer pleinement.

Après un instant d’hésitation, elle soupira. « J’ai rencontré mon promis, un homme d’une politesse sans borne, qui semble tout à fait au courant de notre situation et de l’origine de ce mariage arrangé. Il veut faire entendre raison à ses parents, à leur démontrer que le côté sombre de la magie est synonyme d’obscurantisme. Il souhaite sans doute être la lumière. Il est ainsi tout disposé à poursuivre dans ce mariage, ce qui est une bonne chose étant donné que ma vie en dépend. Je ne sais pas si je t’ai donné son nom, Chauncey Adelmar. » Cette fois, elle ne surveilla pas ses arrières et lui vola un baiser. Ses lèvres, les premières qu'elle avait eu le plaisir de gouter, étaient toujours aussi délicieuses. Elles avaient un gout d'interdit, de liberté.. de feu.

« Voilà, je crois n’avoir rien oublié. » Lentement, elle s’écarta de lui pour retrouver une distance honorable, sa main de nouveau près de la sienne. « Et toi, Azphel, mis à part les chevaux, quelques belles tourneraient-elles autour de toi ? Comme les abeilles perdues à la recherche d’une ruche.. » Un Don Juan, seul, magnifique, devait attirer toutes sortes de nuisances. Nuisances pour elle, agréables entrevues pour lui. Elle avait cru entendre, au gré de la rumeur, que le nom d'Azphel était associé à quelques demoiselles et voulait en avoir le coeur net. Par contre, de là à savoir comment elle réagirait, il s'agissait d'une toute autre histoire. Sans doute la glace et le feu s'associeraient-ils de nouveau pour montrer de l'impassibilité là où régnait l'effervescence.