You must find something to live for ; when the darkness comes you'll go back to where you were before [Mysie, Hope, Rowan et Novenka]

30/03/2015

HRP:

Le midi du 26 juin, dans le parc de Sainte-Mangouste

Isolde était assise sur un banc, dans le parc ensoleillé de l’hôpital Sainte-Mangouste. Les yeux dans le vague, elle triturait machinalement une marguerite cueillie sur le chemin depuis sa chambre. La paix artificielle du parc où se retrouvaient les convalescents faisait écho à celle, intérieure de la jeune femme ; celle qu’elle tentait de maintenir, alors qu’elle avait déjà explosé en éclats dans la forêt interdite. Son visage était calme, presque éteint, alors que son esprit luttait furieusement pour réussir à rassembler ses pensées, à comprendre, essayer de comprendre la tragédie, à chasser les images de cadavres tapies sous ses paupières qui l’assaillaient dès qu’elle fermait les yeux. Yeux qu’elle n’avait pas clos de toute la nuit, en témoignaient ses larges cernes et sa peau trop pâle pour une jeune femme habituée à courir en plein soleil. Ses bras nus et son visage étaient encore piquetés de rouge, tâches ingrates dues aux nombreuses explosions lors de la bataille ; un large bandage couvrait son épaule et la naissance de son cou. Elle avait décidé de quitter un peu sa chambre, laissant Clemens à l’intérieur, pensant que la chaleur du soleil de juin lui ferait du bien. Mais, enfoncée dans un large banc en bois, elle semblait sur le point de pleurer.

Elle avait été emmenée à Sainte-Mangouste la veille, juste après l’attaque. Son épaule meurtrie par un éclat de bois lui avait valu plusieurs heures d’attentes aux urgences, au milieu d’élèves cruellement blessés dont les cris et les pleurs lui tournaient encore douloureusement en tête. Elle était chanceuse, et elle le savait, de n’avoir qu’une épaule ensanglantée à déplorer, alors que d’autres avaient tant perdu. Elle se sentait presque ingrate de se trouver là, de se sentir aussi mal alors que d’autres souffraient beaucoup plus. La détresse des autres autour d’elle l’envahissait, la submergeait. Elle n’arrivait plus à penser clairement ; et de nouveau, une seule pensée obsédait son esprit : qu’était-il arrivé à Mysie, Hope, Persephone, et tous les autres élèves et professeurs dont elle ne savait toujours pas s’ils étaient en vie ou non ?

Un peu absente, la Phénix nota du coin de l’œil les infirmier-e-s qui distribuaient les repas de midi, et se recroquevilla un peu plus sur son banc. Nombre de patients recevaient leur famille, petites touches colorées parmi les blouses claires qui parsemaient le jardin. Elle n’avait même pas pu prévenir ses parents encore… Est-ce que l’hôpital s’en était chargé ? Ah oui, on le lui avait demandé la veille au soir. Elle leur écrirait, plus tard, un peu plus tard… Elle enfonça sa tête dans ses mains pour se frotter les yeux.

Quand elle releva la tête, une des petites touches colorées attira son regard. Une fillette qui fouillait de ses grands yeux la masse des malades… Une fillette qui disait son nom…

- Mysie ?

Sa voix ne fut guère plus qu’un murmure, mais la tête d’Isolde s’était redressée. Elle était là, elle était en vie !

- MYSIE !

Elle cria cette fois. Avant de sauter du banc et de se ruer sur la petite Poufsouffle pour la prendre dans ses bras, alors qu’elle tombait à genoux sur l’herbe douce. Elle enlaça Mysie, et finalement, les larmes qui perlaient sur ses joues annoncèrent l’abandon de ses dernières résistances. Elle se mit à pleurer, sans se soucier des gens autour d’elle, pour qui la scène était sûrement déjà devenue banale. Comme à chaque fois, à chaque évènement de ce genre, il lui suffisait d’un détail pour qu’elle lâche les vannes, que sa volonté tentait fermement, vainement, de tenir bien fermées. L’angoisse de voir un nom aimé dans la liste des disparus était si forte que la vue de Mysie fit craquer la jeune femme qui tentait de rester debout depuis la veille. Une partie de l’angoisse de la Phénix la quitta en même temps que ses larmes, et la laissa assez légère pour se remettre à nouveau sur ses pieds. Elle s'écarta un peu, étreignant toujours les épaules de la petite brunette.

- Tu vas bien ? T’es pas blessée ? demanda-t-elle d’une voix douce, encore tremblante.

14/02/2016

L'esprit de Mysie était encore embrumé. Elle avait encore du mal à se dire que Poudlard avait été détruit, et qu'ils avaient perdus des amis dans la bataille. Tout avait encore du mal à se faire un chemin dans sa tête. Elle avait été évacuée avec son chat dans les bras et avait terminé à Pré-au-lard, planqué dans les maisons du petit village sorcier. Elle avait eut tellement peur : peur que les forces obscure emportent le combat et qu'ils s'en prennent ensuite à eux. Peur qu'ils tuent tous ses amis.

Elle avait rejoins Pré-au-lard avec l'espoir d'y trouver ses amis, chose qui n'était pas. Tous n'était pas là, et cela la fit plus que tout paniquer. Certains de ses amis étaient encore là bas, et se battait. Elle entendait les explosions au loin, des faisceaux de lumières apparaissait dans le ciel à certains moment : des sorts déviés, des morts évitées.

Elle fut soulagée de savoir qu'ils avaient remporté la bataille, même si les pertes avaient été lourdes dans leur camps. Elle avait entendu la liste des personnes décédés mais beaucoup été blessé et envoyé à sainte mangouste : la liste des victimes allait probablement se rallonger dans les jours à venir. Mais suite à ce soulagement, elle se retrouvât prise dans un étau de tristesse qui l'enserra au niveau des côtes et de l'estomac. Comme la majorité des élèves, elle fut embarqué à Sainte Mangouste, ou ils allaient probablement subir un retour psychologique. Si tenté qu'ils allaient devoir d'abord s'occuper des cas les plus graves, Mysie se foutait bien du soutient psychologique.

Elle avait juste besoin de ses amis, de savoir que tous allait bien. Beaucoup de personnes créchaient à l'hopital. Beaucoup de blessés. Beaucoup de traumatisme. Certains ne s'en remettrait probablement jamais, les voir tous là lui fendit le cœur. Elle voulait apporter une parole réconfortante à tous ses gens, leur dire que tout allait bien, qu'ils s'en étaient sorti. Mais elle n'avait pas la tête à ça, seul l'idée de trouver ses amis comptait à l'instant même.

Des groupes de paroles avaient été organisés, mais Mysie n'avait pas la tête non plus à y participer. Elle avait essayé de s'évader de ce groupe, mais ils avaient continuer de les retenir. De grandes pièces avaient été organisé avec plusieurs lits de campement pour faire crécher les élèves, le temps que les parents et les familles soient toutes prévenues et viennent les chercher. Elle avait envoyé un rapide hibou à ses parents, mais elle leur avait dit qu'elle voulait s'assurer que ses amis allait bien. Elle se foutait bien qu'ils arrivent. Elle allait bien, elle devait juste savoir tout ce qui s'était passé. Malheureusement, beaucoup de hiboux avait été mobilisé, et elle dut attendre tard dans la nuit pour envoyer le sien. De toute façon elle n'avait pas trouvé le sommeil cette nuit là, elle était juste rester amorfe dans son coin. Ses parents étaient arrivé très tôt le matin même, ayant finalement recu le hibou. Ils étaient là enserrant leur fille, sentant qu'elle était bien vivante, en parfaite santé. Ils avaient bien tenté de l'emmener de force, mais elle leur avait dis non. Elle s'était entêté. Elle devait retrouver ses amis. Alors elle était partie de son côté. Sans qu'ils ne puissent rien y faire.

Elle passa au travers des couloirs. Chaque pas lui montait les larmes aux yeux. Elle commençait cruellement à croire que certains de ses amis étaient définitivement parti. Chaque pas la ramenait à cette triste réalité. Ces pleurs, ces cris, ce sang, tout lui donnait la nausée et la terrible envie de courir hors de tout cela. Elle tenait toujours Igor dans ses bras. Son chat avait comprit depuis la veille que l'instant était grave. Elle lui avait donné un peu de nourriture, mais elle le tenait serré contre elle à chaque instant. Son étau se resserra contre son chat qui logeait sa tête dans son cou. Elle passait au travers des couloirs, murmurant le nom de ses amis.

Son cœur se brisait un peu plus lorsqu'elle pensait avoir trouvé quelqu'un mais que ce n'était qu'une personne lui ressemblant. Elle perdait espoir un peu plus à chaque pas. Elle fut bientôt contrainte de continuer sa route dans le parc, cherchant toujours une âme qu'elle connaissait.

Pourtant elle entendit bientôt son nom. Elle releva ses yeux embués pour voir Isolde plus loin, elle semblait en piteux état. Mais Mysie ne s'était jamais sentie autant soulagée qu'en la voyant. Elle couru vers la jeune fille, lâchant son chat qui parti se planquer sous l'un des lits. Elel se sentit presque détendu en sentant Isolde dans ses bras, son amie comptait énormément pour elle et elle l'enserra probablement un peu fort contre elle. Mais sentir qu'elle était là, vivante, ça se passait de mot. Elle entendit les sanglots de la jeune femme, qui déclenchèrent les siens et elles tombèrent toutes les deux au sol, pleurant dans les bras l'une de l'autre. Mysie caressait les cheveux bouclé de Isolde en la tenant contre elle, lui murmurant, les yeux plein de larmes. « C'est fini. » Elles prirent quelques minutes à tout laisser couler. Les émotions étaient trop fortes pour être ignorée. Elle se relevèrent pourtant bientôt et Mysie fut à nouveau plus petite que son amie.

« Non, ça va, je n'ai rien, j'ai été évacuée. » Elle regarda la jeune fille les larmes aux yeux. Elle semblait blessée de partout, tout un bandage partait de son cou et allait jusqu'à son épaule. « Mais toi ! Qu'est ce qui s'est passé ? » Elle était inquiète de savoir la suite de l'histoire, mais soulagé de voir qu'elle était là, entière, en vie. Sûrement choquée, comme toutes les personnes présentes, mais en vie.

Le 26 juin 1997, dans le parc de Sainte Mangouste

La nuit qui venait de se terminer avait été éprouvante pour tout le monde et les atrocités qui venaient de se produire ne pourraient jamais être oubliées. Evidemment, depuis Pré-au-Lard, les élèves évacués n'avaient absolument rien vu du champ de bataille ni de l'horreur de la guerre. Cependant, lorsque le combat avait pris fin et que les survivants aidaient à évacuer les blessés pour ensuite les conduire jusqu'à Sainte Mangouste, les plus jeunes élèves de Poudlard avaient pu constater avec effroi les horreurs que cette bataille avait engendré. Hope était restée un moment avec Jasper puis elle rejoignit Astoria, et le père de cette dernière vint les chercher toutes les deux, pour les ramener à la demeure Greengrass. Et, tandis qu'ils quittaient tous les trois les lieux, il lui sembla brièvement voir Rowan, de loin, mais dans la panique, elle n'aurait pas pu en jurer.

En vérité, Hope n'avait pratiquement pas dormi de la nuit. La peur et l'inquiétude l'en empêchaient et, à chaque fois qu'elle tentait de fermer ses paupières, elle revoyait les blessés évacués depuis Poudlard, ce qui la forçait alors à rouvrir les yeux, tandis que les battements de son coeur s'accéléraient. Elle avait alors abandonné l'idée de s'endormir, et elle était restée avec Astoria toute la nuit durant. La présence de sa chère soeur était un réconfort inimaginable, comme quelque chose à quoi elle pouvait se raccrocher. Et, comme ce triste banquet de Noël 1996, elles s'étaient une nouvelle fois mutuellement réconfortées, étant pour l'une et l'autre un soutient inestimable. Par moment elles avaient échangé quelques mots, et puis, le plus souvent, elles s'étaient seulement contentées de rester là, côte à côte dans l'obscurité, sans dire un mot. La simple présence d'Astoria avait été pour Hope un véritable réconfort.

Les minutes et les heures s'étaient écoulées, alors que dans la pénombre elles attendaient. Toute la nuit elles avaient espéré avoir des nouvelles, naïvement peut-être, mais personne ne leur avait apporté plus de précisions. Ni sur Daphné, ni sur Rowan... encore moins sur les élèves qui avaient décidé de combattre. Et, toutes deux installées dans l'un des confortables fauteuils de la chambre d'Astoria Greengrass, qu'elles avaient collé l'un à l'autre, elles ne s'étaient pas lâché la main. Leurs doigts étaient fermement restés entrelacés les uns aux autres, tandis que la fatigue et l'émotion avaient finalement eu raison d'elles. Petit à petit elles avaient progressivement fermé les yeux et elles finirent par s'endormir d'épuisement, alors que les pâles rayons de la lune, cachée par quelques nuages par moment, éclairaient faiblement la pièce.

Et puis, au petit matin, elles s'étaient réveillées, presque au même moment, toutes engourdies de la nuit qu'elles avaient passée, avachies sur ces fauteuils. L'inquiétude marquait les traits de Hope, si bien qu'elle n'était pas plus reposée que si elle avait passé la nuit debout. Dès leur réveil elles ne pensèrent évidemment qu'à obtenir des nouvelles et, plus encore, à se rendre jusqu'à l'hôpital de Sainte Mangouste. Il fallait qu'elles sachent si leur frère et leur soeur allaient bien et, à dire vrai, Hope n'en pouvait plus d'attendre. Qu'était-il arrivé à Daphné ? Et Rowan... pourquoi se trouvait-il à Poudlard et que lui était-il arrivé ? Bientôt, elle aurait des réponses.

Hope arriva à Sainte Mangouste aux alentours de midi. Il faisait étrangement beau, ce jour-là, manifeste ironie aux vues de la tragédie qui s'était déroulée voilà de cela tout juste quelques heures. Tout de même impressionnée de se retrouver là, alors qu'elle touchait du doigt toute l'horreur de cette bataille, en apercevant les blessés aux corps mutilés et aux mines défaites, elle se dirigea vers l'accueil où une sorcière aux cheveux blonds ramenés en un chignon sévère attendait, las et irritée, à cran, même. Hope demanda alors à voir son frère et la jeune femme lui indiqua vaguement un couloir, après avoir vérifié dans son registre ; en vérité, elle semblait plutôt vouloir se débarrasser de Hope pour poursuivre la lecture du Sorcière Hebdo déposé sur son bureau, bien loin d'être perturbée par ce qui s'était produit la veille. Peu convaincue, Hope suivit tout de même ses indications, assez mal à l'aise de se trouver dans un tel endroit, à déambuler entre les blessés.

Evidemment, les couloirs de l'hôpital étaient tous pleins à craquer, de personnes éplorées et de familles en deuil. La jeune fille avança presque à tâtons, laissant tour à tour passer les brancards vides et les infirmières ; et, dans le fond, elle n'osait même pas imaginer comment les choses avaient pu se passer la veille. Il devait y avoir une panique monstrueuse et, quand bien même voulait-elle plus que tout revoir Rowan, elle savait pertinemment qu'elle aurait certainement pu embêter les médecins de l'hôpital et les infirmiers chargés de pratiquer les soins nécessaires pour guérir les plaies des blessés. Alors, peu importe à quel point elle avait voulu s'enquérir de la santé de son grand frère, elle savait qu'il valait mieux qu'elle se soit trouvée au manoir Greengrass plutôt qu'au milieu de tout ceci.

Elle poursuivit alors son chemin et, tout juste quelques minutes plus tard, elle passa devant les grandes baies vitrées qui donnaient sur le parc de l'hôpital. Là, les patients convalescents effectuaient leur promenade du jour et se dégourdissaient un peu, à l'ombre des arbres. Il y avait également des bancs, des chaises et des tables çà et là ; le tout, donnait un ensemble agréable. Et puis, une silhouette étrangement familière. Fronçant les sourcils, intriguée, elle s'arrêta immédiatement et plissa les paupières, comme pour être certaines de ne pas rêver. Etait-ce lui ? Sans plus attendre, Hope poussa l'une des grandes baies vitrées qui donnaient sur l'extérieur et, d'un pas rapide, elle avança dans le parc, pour être sûre. Et, tandis qu'elle se trouvait là, à l'entrée du parc de Sainte Mangouste, elle n'eut plus aucun doute ; c'était bien Rowan.

Pourtant elle s'approchait avec précaution, un peu comme si elle craignait vraiment de voir ce qu'il était advenu de lui. En le voyant enfin, là, debout à seulement quelques mètres d'elle, Hope n'eut qu'une envie tout d'abord, se jeter dans ses bras. Toutefois, la fatigue qui étirait ses traits et les bandages qui masquaient ses plaies l'arrêtèrent. « Oh, Rowan... », murmura-t-elle, si bas qu'il semblait presque impossible de l'entendre. Jamais elle ne l'avait vu ainsi. Sans même s'en rendre compte, Hope marqua un temps d'arrêt, quelques secondes seulement pendant lesquelles elle jaugea toutefois la situation, tentant alors de conserver un raisonnement rationnel ; il était en vie, après tout, et c'était encore le plus important. Toutefois, elle ne pouvait s'empêcher d'avoir cette boule d'appréhension au fond de la gorge. Peut-être était-il vivant mais comment allait-il vraiment ? Et surtout, qu'avait-il vécu, là-bas, à Poudlard ?

Qu'importe ! Elle ne pouvait pas rester là indéfiniment. Mais, à mesure qu'elle s'approchait de lui, elle pouvait voir à quel point la bataille de la veille l'avait marqué. Hope commençait alors à sentir ses yeux la picoter une nouvelle fois, ce qu'elle ignora du mieux qu'elle le pouvait - pas pour très longtemps, ce pendant, car elle eut à peine le temps de le rejoindre que ses larmes se mettaient à couler. Et alors elle oublia totalement ce qu'elle avait vu, qu'il était blessé ou fatigué, et elle se jeta contre lui, sans toutefois appuyer sur ses plaies. « Pardonne-moi... je suis désolée... je... pardon... », bafouillait-elle tout en se décollant de lui précipitamment, de peur de lui avoir fait mal. Elle scruta alors son visage, chacun de ses traits, ainsi que les bandages qu'on lui avait appliqués. Ce qu'il avait dû vivre, la veille au soir, et les marques qu'il en avait gardé, la laissaient sans voix.

Mais il était vivant.

Non loin d'eux, d'ailleurs, se trouvaient Mysie et Isolde, mais Hope n'avait pas encore remarqué leur présence, trop concernée par son frère. Elle avait bien du mal, cette fois, à conserver le calme naturel qu'elle avait toujours. Parfois elle murmurait alors qu'elle pouvait sentir sa gorge se serrer, et puis elle parlait vite, aussi, trop empressée peut-être. Mais elle avait tant de choses à lui demander. « Rowan... que t'est-il arrivé ? », murmura-t-elle, alors qu'elle passait une main sur l'une de ses joues pour effacer cette nouvelle larme qui s'était échappée de ses yeux. « Personne ne nous a rien dit, ni à Astoria ni à moi... On est restées éveillées le plus possible, cette nuit, on espérait avoir plus de précisions, mais rien... on nous a vaguement indiqué que Daphné et toi aviez été conduits à Sainte Mangouste mais rien d'autre. On n'avait aucune explication, aucune indication sur votre état... ». Mais, alors qu'elle poursuivait, elle s'arrêta, d'un seul coup, et elle releva la tête vers lui, dans un geste vif. « Daphné, comment va-t-elle ? Où est-elle ? ».

Hope parlait peut-être trop et surtout trop vite, elle en avait conscience, mais elle avait pourtant encore tant de choses à lui demander et tant de questions à lui poser. « J'ai eu tellement peur... Pourquoi étais-tu à Poudlard ? Comment as-tu su qu'il se passait quelque chose... Eleonora a prévenu une amie à elle, je crois qu'elle est à Haveirson... C'est comme cela que tu as été mis au courant de la bataille ? Je ne savais pas que tu te battais là-bas... ». Et, bien qu'elle était persuadée qu'il s'était battu avec ferveur et courage, elle aurait de tout coeur préféré qu'il n'ait pas eu à risquer sa vie.

Il allait avoir besoin de repos. De prise de distance. De soins, aussi, surtout. Le Flagellum rudement lancé contre sa peau, serait éternel. Au moins, ce n’était pas le cas des bleus et des coupures sur ses épaules – l’œuvre brutale de quelques pierres effondrées de la Grande Salle. Cela dit, en comparaison d’autres survivants, il se sentait singulièrement chanceux.

Certes, il souffrait ; ses bras ne parvenaient plus à se dresser correctement ; son souffle devenait aisément erratique ; mais il parvenait à se tenir droit. À sortir. À exister au-delà de la douleur par la présence de Novenka. Une sorte de baume supplémentaire pour essayer de cicatriser. Progressivement.

Quoi qu’il douta de réussir la chose, tant les horreurs de la bataille flamboyaient d’ombres nauséeuses au creux de sa mémoire. La nuit passée avait été tout simplement épouvantable. Bercée de ses hurlements – les siens, et ceux des autres chambrées, car il n’était pas le seul à en souffrir – et de ses tremblements.

À en croire les soignants, les blessures étaient très loin d’être seulement physiques. Assurément. Comment pouvait-il en être autrement ?

De plus en plus éprouvé par la blancheur immaculée de son lieu de repos, l’ancien Serpentard avait sollicité une sortie auprès de ses aînés et de sa compagne. Et, le soulagement au coin des lèvres, ils avaient été autorisés à rejoindre le parc. Se promener en silence sous un soleil réconfortant ; somme toute utile à son âme chancelante.

Leurs doigts liés, ils évoluaient avec lenteur. Rowan ne prêtait plus vraiment attention à son environnement, se contentant de marcher, de respirer et de garder la slave auprès de lui. Jusqu’à entrevoir une voix familière aux accents germaniques, au loin ; détourné, néanmoins, de cet éclat, par sa sœur. « Hope ! » Enserrée contre lui en un mouvement impossible à contenir.

Il grimaça mais s’efforça de tenir bon quelques redoutables secondes. Peu importe les bandages et les élancements détestables. « Non, Hope, ce n’est pas... » Elle s’était déjà écartée de lui, bouleversée telle qu’il ne la voyait jamais. Il voulut la rassurer, lui asséner que tout allait bien – toutefois, ce n’était pas vrai.

« J’ai défendu Poudlard. » Il estima, brièvement, que c’était un bon début. « Quant à Daphné... » Il hésita. Réellement. « Elle a été blessée, Hope. Et à l’heure qu’il est, elle doit se reposer dans sa chambre... Elle doit récupérer de ses plaies. » Défigurée. Pour toujours. « Je te mènerai à elle, plus tard. D’accord ? » Dire qu’il ne pouvait même pas se pencher vers sa cadette.

Les interrogations véhémentes s’intensifièrent. Il n’allait pas avoir le choix. « Hope, écoute-moi. » Il ne l’avait jamais eu, en vérité. Pas totalement. « La vérité est malheureusement bien plus sombre qu’elle n’y paraît. Je me suis seulement... Dérobé à ce que l’on attendait de moi. » Son regard se dirigea vers Novenka. S’il te plaît, aide-moi. « Ce qui compte, plus que toutes mes errances, c’est ma décision finale. Celle de me battre pour Poudlard. »

19/12/2015

Les cernes sous ses yeux prouvaient, sans difficulté, la nuit étranges et non reposante qu'elle avait passé. Fatiguée mais bizarrement en forme, le besoin de s'occuper de lui la rendait plus forte encore. Plus maternelle.
Elle s'occupait la matinée à lire, à chanter, parler, discuter, rigoler... S'efforçant de ne pas évoquer la triste réalité de la veille. On ne pouvait, néanmoins, éternellement s'en échapper. On ne pouvait éternellement s'en décharger... Novenka savait que tôt ou tard, Rowan serait confronté à cette dure réalité. Chaque fois qu'un médicomage passait la porte, il n'était pas difficile de constater les griffures de la guerre, le regard reflet de l'âme meurtrie aujourd'hui.

A écouter les pronostics, la vie n'était pas en jeu malgré les cicatrices à vie. Psychologiquement, c'était assurément autre chose. Des cellules psychologiques allaient-elles être mises en route pour aider les moins aguerris à s'en sortir ? A recevoir la vie comme un don et non comme une épreuve ?
L'air inquiet, Novenka referma doucement son livre. Mais avant de pouvoir dire quoi que ce soit : un souhait. Sortir. Un soulagement pour la yougoslave qui n'en demandait pas plus.
Après les nombreuses demandes et autorisations qui se succédaient, ils se retrouvèrent rapidement dans le parc, Novenka inspira profondément avant de soupirer son contentement.
Il n'était pas difficilement de la combler.

Silencieuse, la jeune femme profitait des brises et de la douceur des doigts de son amant entrelacés aux siens. Puis des paroles, des jeunes gens. Et Rowan à son tour se mit à parler si fort que Novenka cherchait à reconstruire le puzzle qui se façonnait avec grande vitesse devant elle, alors que son cerveau peinait à remettre en place toutes les informations. La fatigue l'acculait et elle resta un moment bouche-bée.

La jeune demoiselle, Hope Westminbrook, petite sœur et être si cher au cœur de celui qu'elle aimait, parlait bien trop vite avec un flot de questions. Rowan peinait à trouver réponse convenable pour apaiser les cœurs et se repentir en même temps.
L'instinct de lionne revenant rapidement au galop quand le regard de Rowan se posait sur elle. Les vérités étaient effroyables, personne n'en sortirait indemne. Personne.
Elle s'avança d'un pas, souriante, chaleureuse, bienveillante. Posant ses mains sur les épaules de Hope, elle la tourna doucement vers elle et avec une patience incroyable, de ces mots roulés et pleins de bonté, elle confronta soulagement et vérité. « Il faut simplement que tu saches que ton frère va bien, Daphné Greengrass se repose mais son pronostic vital n'est pas en jeu. L'école est maintenant débarrassé de tout le mal. » Elle posa sa main gauche sur la joue de la douce Westminbrook. « Vous aurez beaucoup à vous dire avec Rowan, mais ce n'est pas l'heure ni l'endroit. Il y a beaucoup de monde et je ne pense pas qu'ils soient tous concernés par cela. » Elle prit la petite dans ses bras et chuchota : « Mais ton frère a su faire preuve de clairvoyance et de bonté. Ne doute jamais de lui, quoi qu'il puisse se produire, aujourd'hui ou demain. » On ne pouvait parler de ces maux en dehors d'un cadre sûr. Hope était toute tendue, nerveuse... Pas prête à l'écoute. Patience, petit papillon. Doucement.
Elle la relâcha doucement, posant ses lèvres sur les joues claires de Hope. L'accent roulé de la slave donnait une connotation plus que naïve à ses déclarations, mais la détermination dans le regard annihilait les doutes.

Elle balaya le regard sur le parc et non loin. Que dis-je. Juste à quelques pas, Isolde et une jeune demoiselle. Par Merlin, elle aussi ? « Isolde ! » Novenka s'arracha à ses Westminbrook pour parcourir d'un pas bien trop rapide les mètres qui la séparaient d'elle. « Par Merlin ! Tu n'as rien ? » Elle serra sa compatriote, son amie, sa présidente, sa phénix contre son cœur.
Mais pourquoi n'était-elle pas là pour protéger ceux qu'elle aimait ? Bon sang.
Avec difficulté, elle s'arracha à elle pour la regarder. Le visage creusé et fatigué. Combien d'horreur ont-ils eu à vivre ?

30/03/2015

L’émotion de Mysie était simplement bouleversante. Sa voix brisée et les larmes qui ravageaient ses joues firent s’écrouler les derniers barrages d’Isolde, qui s’effondra dans ses bras. La petite fille si douce qu’elle avait pris sous son aile comme une grande soeur… Mais ici, l’âge ne comptait plus. Les deux femmes étaient égales dans leur douleur et leur peine. Et Isolde n’avait aucune gêne, aucune retenue à se laisser aller ainsi, tout comme elle laissa Mysie pleurer sans chercher à l’interrompre, passant seulement des bras réconfortants dans son dos. Son épaule se rappela douloureusement à elle, mais elle serra autant qu’elle le put. La Phénix n’était pas toujours très douée pour trouver les mots - et elle l’était encore moins aujourd’hui, car aucun mot ne saurait panser les blessures à vif de la bataille - mais elle était plutôt douée pour les bons gros câlins des familles qui font chaud au coeur.

La petite main de Mysie fouraillant dans ses boucles la calma petit à petit ; le geste presque maternel avait toujours un effet apaisant sur elle. Elle défit doucement son étreinte et recula d’un pas avant de se relever. Les yeux baignés de larmes de sa petite protégée étaient le parfait miroir des siens, dont les chauds reflets noisette étaient maintenant presque voilés.

Mysie avait été évacuée à temps… Le poids de l’inquiétude qui oppressait la poitrine de la Phénix diminua un peu, et elle poussa un profond soupir de soulagement. Elle se passa une main sur le visage, chassant quelques larmes et éclairsissant sa vue brouillée. Mais son esprit était trop confus encore. Raconter la bataille ? Par où commencer ? L’effort lui semblait encore trop grand. Elle avait déjà raconté des bribes aux médicomages, au psychomage qui était passé en coup de vent dans sa chambre, et à une personne qu’elle avait cru parent d’un disparu avant de repérer sa plume à papote et de le chasser sans précaution. Des bribes : c’était encore tout ce qu’elle était capable de fournir.

- J’étais dans la forêt avec Clemens et… enfin à l’orée de la forêt, on marchait tranquillement. Il y a eu du bruit, et un géant qui cassait tout. Il avait une massue, une énorme massue… Et les Mangemorts aussi…

Ses mains toujours posées sur les épaules de Mysie tremblaient.

- Ils arrêtaient pas de tout faire exploser… Je me suis pris des bouts de bois dans le bras. Mais ça va, ça ira, j’ai eu de la chance…

Sa voix s’étiola, et ses yeux quittèrent le visage de Mysie pour se perdre au loin, à nouveau dans la forêt, devant Bellatrix Lestrange, le serpent, et Volde… Un long et violent frisson la secoua.

- Plus tard Mysie, s’il te plaît.

Elle enserra de nouveau l’adolescente, plus doucement cette fois. Elle ferma les yeux un instant, pour revenir dans le parc, avec Mysie, loin des Mangemorts et des cadavres de Poudlard ; inspira profondément pour chasser les odeurs de sang et de poussière qui refusaient de quitter ses narines ; se concentra sur les oiseaux et les bruissement des feuilles pour oublier les craquements sauvages du bois et les hurlements de Luna et Freya…

L’appel de Novenka la fit sursauter, tant elle était concentrée sur sa tâche. Elle ouvrit de grands yeux, paniquée à l’idée de la savoir ici, parmi les blessés. Mais elle n’eut pas le temps de constater d’éventuelles blessures ; déjà l’Abraxan se ruait dans ses bras, lui arrachant une grimace de douleur. Isolde accueillit son amie avec la même ferveur et, retenant de nouvelles larmes, la serra contre son coeur de toutes ses forces, s’accrochant presque à elle pour ne pas tomber.

- Novenka, dit-elle d’une voix éteinte. Mon épaule, c’est tout…

Physiquement en tout cas. Levant le regard au-dessus de l’épaule de sa camarade, elle aperçut enfin Rowan et Hope, et son coeur fit un nouveau bond en voyant l’état du Sinistros. Elle se dégagea doucement de la chaleur de Novenka pour s’avancer vers eux, tout aussi doucement, les yeux rivés sur eux comme un funambule fixant l’horizon pour ne pas tomber.

Ses yeux brillèrent d’émotion en arrivant à leur hauteur. Pourquoi Rowan était-il à Poudlard hier ? Il n’était pas stagiaire, il aurait dû avoir la chance d’échapper à tout ça… Elle voulait les prendre dans ses bras aussi, mais hésitait, par crainte de brusquer Rowan qu’elle savait peu enclin à ce genre d’effusions. Il semblait avoir beaucoup plus souffert qu'elle... S'était-il retrouvé en plein milieu des combats et de ses anciens camarades tombant dans le château ? Avait-il combattu l'une des horribles araignées géantes dont d'autres blessés avaient crié leur peur dans leur sommeil toute la nuit ?

Au diable la retenue. La Phénix étira un bras de chaque côté et étreignit d’un seul geste les deux Westminbrook, enfouissant sa tête entre les leurs, sans rien dire.

14/02/2016

Mysie était toujours un peu inquiète de ne pas retrouver certains amis, mais ne serais ce que voir Isolde être en vie l'avait en quelque sorte rassurée. Et l'enserrer contre elle lui procurait le plus grand des biens. Cela lui prouvait qu'elle était là, avec elle, vivante. Elle voyait Isolde perdue dans ses pensées, lui racontant de rapide morceau de ce qui s'était passé,Mysie ne voulu pas aller plus loin, elle en avait sûrement assez vécu, ce n'était pas la peine de tout ressasser. Il fallait aller de l'avant à présent, même si cela semblait impossible sur le moment. Enfin, dans un futur proche en tout cas. Elle acquiesça avec un sourire et enlaça sa grande sœur. Elles avaient toutes les deux eut beaucoup de chances, d'un côté Mymy avait été très rapidement évacuée, de l'autre, Isolde était saine -peut être pas vraiment, c'était vrai – et sauve -peut être pas non plus.

Puis ce fut l'heure des câlins, peut être parce que tout le monde en avait clairement besoin à cet instant précis. Peut être parce qu'il fallait maintenant se rassurer d'être tous là. Une jeune femme avait sauté dans les bras d'Isolde et Mysie l'avait regardé attentivement. Elle ne la connaissait pas, enfin son visage ne lui disait rien et elle devina que c'était une camarade de son amie. Elle vit bientôt Isolde se séparait de la jeune femme et elle suivit son regard des yeux, reconnaissant Hope au loin.

Elle se souvenait du stress de Hope la veille, comme tout le monde. Elle fut donc heureuse de la voir un peu plus soulagé. Et elle s'approcha de la jeune fille avec un petit sourire, mordant sa joue intérieurement en ouvrant ses bras. « Hope ? » Si tout le monde avait besoin d'un calin, Mysie en était une véritable usine.

[HRP : court, désolé D: ]

Le 26 juin 1997, dans le parc de Sainte Mangouste

Hope ne pouvait s'empêcher de porter un regard inquiet vers son frère, timide aussi, mais surtout terriblement triste. A cause de la quarantaine, cela faisait des mois qu'elle ne l'avait plus vu et jamais elle n'aurait pensé revoir son frère dans un tel état. En vérité elle n'osait imaginer les horreurs qu'il avait dû voir la nuit précédente, et encore moins les blessures qu'il avait endurées. Pourtant, elle n'avait pu s'empêcher de lui poser des questions, très vite - trop vite - concernant sa présence à Poudlard. Toutefois, il lui fallait être patiente et moins empressée. « Oh, je vois... », répondit-elle à l'évocation de Daphné. Elle ne le demanda pas, évidemment, mais, au son de la voix de Rowan, elle comprenait que les blessures de leur soeur devaient être graves. Hope hocha doucement la tête ; elle se montrerait alors patiente pour voir Daphné.

Tandis qu'elle avait toujours plus d'interrogations à lui poser, il sollicita alors son attention, mais des explications qu'il lui donnait, un unique mot la frappa plus que les autres. « Sombre ? », releva-t-elle seulement, en haussant les sourcils, et les fronçant légèrement sous l'incompréhension. Le ton de sa voix se faisait intrigué, perplexe. Mais c'est à ce moment là que Hope s'aperçut de la présence d'une jeune femme tout près de son frère. En vérité, elle s'était jetée dans ses bras sans même faire attention à qui se trouvait près de lui, et tandis qu'elle avait toujours plus de questions - et d'incompréhensions -, c'est alors que Novenka s'approcha d'elle, douce et rassurante. Dans ses paroles transparaissaient son accent slave. Et, tandis qu'elle écoutait les paroles apaisantes de la jeune femme, elle regardait toujours son frère par moments, du coin de l'oeil. « Jamais je ne pourrais douter de Rowan », affirma-t-elle avec ferveur.

En vérité, en apercevant ainsi Rowan dans le parc, elle n'avait même pas réalisé qu'il était accompagné. Tout ce à quoi elle avait pensé, c'était aller le voir, lui demander s'il allait bien... Alors, en reconnaissant Novenka, Hope se trouva affreusement gênée et confuse, de l'avoir ainsi ignorée. Elle lui fit un sourire timide, gêné même, et hésita quelques instants. A peine avait-elle posé son regard clair sur elle qu'elle l'avait reconnue. Cela pouvait paraître étrange, cependant, car elle ne l'avait pourtant jamais rencontrée. « Novenka, pardonnez-moi d'avoir été aussi impolie, je vous en prie ». Elle continua de lui sourire. « Je suis ravie de pouvoir enfin vous rencontrer même si... j'aurais toutefois préféré que ce soit dans d'autres circonstances », termina-t-elle en murmurant presque. De toute évidence, Sainte Mangouste n'était pas l'endroit le plus approprié pour faire de nouvelles rencontres. « Vous n'étiez pas là-bas, n'est-ce pas ? J'en suis très heureuse, au moins vous n'avez rien ». Fort heureusement, elle, au moins, elle n'avait pas été blessée.

Et, un instant, elle commença à supposer qu'il s'agissait de quelque chose de vraiment grave, sans toutefois oser se demander de quoi il était réellement question. Ainsi, il y avait bien des interrogations qui restaient sans réponses, des choses qu'elle ne savait pas, des choses assez sérieuses et importantes pour la laisser dans l'ignorance. Mais, tandis que Novenka s'était aperçue de la présence d'Isolde Mayer et de Mysie Breckinridge, et partait les retrouver, Hope resta encore quelques instants à côté de Rowan. Elle se tourna alors une nouvelle fois vers son frère et attrapa l'une de ses mains, la serrant doucement du bout de ses doigts. « Je n'ai pas tout à fait compris où tu voulais venir, mais en vérité cela m'importe peu. Alors, qu'importe ce que tu me diras, je te croirai et je te soutiendrai toujours ». Comme elle l'avait toujours fait. Evidemment, jamais elle n'aurait pu imaginer de quoi il était réellement question, mais dans le fond, quelle importance ? Cela ne changerait en rien ce qu'elle pensait de lui ; elle l'admirerait toujours, malgré que la vérité serait certainement dure à admettre.

Novenka avait rejoint Isolde et cette dernière avançait ensuite dans vers Rowan et Hope. Elle sembla hésité quelques instants, sans trop savoir quoi faire, réfléchissant peut-être à l'attitude à adopter dans de telles circonstances, et finalement, elle s'approcha d'eux et les prit dans ses bras du mieux qu'elle le pouvait. Surprise, Hope la serra contre elle après tout juste quelques secondes, tout en prenant soin de ne pas trop appuyer contre son épaule blessée. Mysie s'approcha ensuite d'eux et en entendant son prénom, Hope releva la tête. Elle lui fit alors un sourire, et se réfugia dans les bras de son amie. « Mysie, je suis heureuse de te revoir ! ». Et soulagée, surtout. Elles s'étaient vues la veille au soir, mais tandis que tous les élèves étaient progressivement évacués vers Pré-au-Lard, les deux jeunes filles s'étaient perdues de vue.

Aux écueils qu’il rencontrait soudainement – comment pouvait-il espérer s’expliquer ainsi, face à sa cadette ? – le secours de la slave se révéla providentiel. L’ancien Serpentard s’y accrocha en silence, la laissant gérer l’impétuosité légitime de leur jeune pair. Avec douceur et fermeté ; empreinte de cette raison que les blessures et la fatigue lui empêchaient d’employer.

Ne doute jamais de lui. Quelque part, il s’en voulut. Il aurait été préférable, selon lui, de rester indéfiniment un modèle vierge et intouchable ; ne serait-ce que pour marquer la différence avec son géniteur. Hélas, les idoles avaient été jetées à bas bien trop de fois. Secoué par la culpabilité, il ne parvint même pas à sourire.

Les explications à venir seraient assurément laborieuses.

D’un geste vif, Novenka se détacha brutalement d’eux en un éclat aiguë. Isolde. Les iris céruléennes se détachèrent de l’appréhension pour chercher la silhouette familière de l’Allemande. Elle aussi, semblait avoir enduré les affres de la bataille. Bon sang. Il pinça les lèvres avec anxiété. Toute cette folie pour des idéaux sordides...

Il détesta sincèrement l’utopie malavisée – et ô combien écrasante – de l’aristocratie sorcière. À force de prêcher la haine sous couvert de la pureté, ils étaient tous à l’origine d’une décadence grandiloquente. D’un massacre à la démence avérée. Dès que Daphné serait en état, ils allaient devoir s’atteler à leurs plans.

De telles inepties ravageuses ne pouvaient plus durer. Ils ne le toléreraient pas.

La voix de Hope le tira de ses réflexions éthérées. « Nous y reviendrons, tu peux en être assurée. » Il ne pouvait que promettre, une nouvelle fois. Et s’y tenir avec toute la force qu’il déployait ordinairement pour ce genre de serments. « Et... Je t’en remercie. » Compter sur les siens ; à peine plus que les doigts d’une main. Et encore. Brièvement, Rowan songea à la souffrance de Lucy et aux inquiétudes de cet oncle rejeté autrefois par ses aînés.

Oui, il était temps que cela cesse.

Un mouvement attira son regard exténué ; la présidente de Phénix venait d’intégrer sa proximité. Hésitante. Puis, sans s’encombrer de détails, elle leur accorda une étreinte bienvenue. Il aurait aimé la lui rendre, mais ses bras étaient toujours soumis aux douleurs du Flagellum. Autant que son torse. Et, si la souffrance et la faiblesse se trouvaient le plus souvent supportable grâce aux bons soins des médicomages... Elles n’en restaient pas moins gravées dans sa chair. Éternellement.

« Isolde. » Il murmura, tout en se reculant prudemment pour ne pas la brusquer. Ni déranger la frêle adolescente à ses côtés. « Il est bon de te voir ici. » Les interrogations commencèrent à s’immiscer dans sa gorge. Brûlantes. Éprouvantes. « Comment... Est-ce que tu vas ? As-tu... Des nouvelles des autres ? »

19/12/2015

Novenka sourit avec bienveillance. Etait-ce possible qu'une si jeune femme puisse parler mieux encore que les adultes ? C'est excès de politesse était incroyablement flatteur pour la douce yougoslave qui n'avait pas pour habitude, hormis Rowan, d'être ainsi traitée. Elle rougit alors légèrement et se pinçant les lèvres pour ne pas sourire plus que cela fusse respectable dans ces retrouvailles douloureuses.

Alors que les retrouvailles se faisaient, ignorant d'ailleurs que Rowan et Isolde étaient si proches. Novenka resta sur le côté, toujours bienveillante gardant un œil sur chacun. Comme une sentinelle, elle vérifiait les parages, les regards, les curieux... Puis elle prenait la mesure des douleurs et des séquelles de chacun pour agir en conséquence.
L'effervescence laissa vite place à l'inquiétude. Son amant se lançait dans les interrogations, on aurait dit sa sœur un peu plus tôt.
Bien que cela était une image plaisante de comparer le frère et la soeur, elle restait néanmoins lucide.

Elle s'approcha dans son ombre, attrapa délicatement les doigts de Rowan, elle posa la paume de sa main sur son épaule et l'invita à respirer en pressant sur un rythme calme. « Doucement, laisse lui le temps de répondre. »
Comment en vouloir à ces personnes ayant vécu l'horreur ? Comment leur en vouloir de chercher à comprendre, de chercher leur proche, de les savoir en sécurité, en bonne santé ? Qui avait perdu la vie, qui était gravement blessé ?
Qui ?

Novenka s'effaça doucement, retournant dans l'ombre de Rowan. Elle se tut, continuant néanmoins de tenir fermement les doigts de son amant alors que les deux jeunes filles fêtaient également leur retrouvaille. Un regard rempli d'amour et de compassion les caressait, Novenka souriait.
Elle avait tout de la mère bienveillante, mais elle n'était pas tranquille. A nouveau, elle balaya le parc de St Mangouste du regard. Même si on ne parlait pas ici d'allégeance et d'attaque, les oreilles indiscrètes étaient là.
Laissant Rowan et Isolde discuter entre eux. Elle se tourna de trois quart vers les filles, elle délia finalement ses doigts à grand regret de ceux de son amour. « Dites moi, ça vous dit qu'on se promène toutes les trois et qu'on cherche un distributeur de glace ? J'ai une grande envie de glace. Vous me parlez de ce que vous voulez, même... d'hier. Ça vous va ? »
Elle posa ses mains sur chaque épaule et les emmena un peu plus loin. Donnant le temps à Isolde et Rowan de parler entre eux, discrètement.

Elles reviendraient vite de leur périple, ça donnait l'occasion à la yougoslave d'en apprendre plus sur Hope et d'apprendre à connaître une de ces amis. « Si nous trouvons des glaces, que prendriez-vous comme parfum ? J'aimerais bien trouvé citron ou melon, pour ma part. »
Piètre façon de remonter le moral, mais Novenka cherchait surtout à démontrer que la vie continuait, que l'espoir et l'avenir étaient toujours présents.