Quand le calme rencontre la tempête. | Chauncey

19/12/2015

01 Mars 1997

Cela semblait faire une éternité que Novenka n'a pas pris l'air frais. Les évènements récents l'ayant laissée perplexe et ayant créé une nouvelle vague de questions sur les véritables raisons de ces combats entre moldus et sorciers. Etait-ce véritable de la haine ou de la jalousie ? N'y avait-il pas un semblant de complot sous tout cela ? Comme le ferait des vieux marionnettistes, n'est-ce pas comme cela que tout commence ? Truc a dit que Machin a dit que Chose avait fait ça à Bidule. C'était ridicule et elle ne pouvait cautionner de tels comportement immoraux et hypocrites. Aussi était-il plus facile de s'en détacher et de ne pas s'en occuper... Était-ce lâche ? Surement mais c'était deux extrêmes qui se battait, et il n'était pas question de choisir un camp, l'un comme l'autre présentait des défauts. Elle n'était pas dupe.
Son voyage en Europe de l'Est lui manquait pour cela, l'éloignement, le détachement. Tant de morts pour quoi... Pour des causes qui n'en valent pas la peine. Régler cela de manière posée et politique, avec négociation et entente serait bien plus simple qu'une Guerre au nom de qui au final ?
Gregorovitch était tout aussi neutre et c'est ce qui manque à nos sorciers et à nos moldus anglais. Nous ne vivons pas cachés ou reculés... Mais dans des mondes diamétralement opposés. Nous possédons un pouvoir que les moldus n'auront jamais alors que les moldus gèrent une technologie qui nous est totalement inconnue. Nous sommes les uns comme les autres envieux, et nous nous croyons supérieurs à eux, dans un camp comme dans l'autre.
N'est-ce pas pitoyable ?

Elle se dirigea vers le village d'Avalon d'un pas assuré, défiant le froid et le vent glacé du crépuscule. Elle était emmitouflée dans un manteau rouge à carreaux, elle cracha la fumée chaude de son haleine pour la laisser s'évaporer dans le ciel infini qui se teintait de jolies couleurs rouges, orange et rose, se peignant bientôt de bleu.
Elle marcha doucement mais déterminée à trouver le lieu de son rendez-vous. La vieille, Chauncey et elle avaient convenus de se retrouver ici pour un peu de poésie. Loin d'elle l'idée de draguer son confrère d'Haveirson, mais il avait une certaine retenue sur les mots et une telle présence. Novenka appréciait son contact et elle a beaucoup à apprendre avec lui. Il était aussi amical que charmant. Ils leur arrivaient de discuter longuement de choses et d'autres. Ce soir, Novenka ne voulait pas se prendre la tête à parler politique. Il serait bon de profiter un peu des instants heureux et présents.
Chauncey apportait une chose remarquable à la vie de Novenka, le calme. Novenka était souvent surexcitée et très active. Chauncey arrivait à trouver le juste milieu pour stimuler l'attention de la jeune slave mais aussi pour calmer ses nerfs souvent à fleur de peau.

Elle atterrit rapidement dans le jardin public, habillée d'une jolie robe blanche. Elle regardait les fleurs de neige sortir leur petites têtes de la blanche mère qu'était l'eau cristallisée.
Elle s'installa sur un banc en pierre et frotta ses mains l'une contre l'autre, soufflant son haleine tiède dessus en attendant l'arrivée de son ami.
Réfléchir à autre chose que les massacres, les devoirs et l'avenir... Cela peut aider son esprit tourmenté à trouver un moment de repos.

C'était une matinée comme les autres qui débutait. Chauncey avait besoin d'air, afin de penser à tout et à rien. Mais peu importe les efforts pour se divertir, peu importe les flocons qui tombaient sur lui avant de se confondre avec le blanc immaculé de son t-shirt au col roulé et aux longues manches, peu importe le village presque désert d'Avalon, l'Adelmar ne pouvait détourner ses pensées de l'arrangement qui lui fut imposé par ses parents. « Imposé » ne serait pas le mot adéquat à la situation mais, de toute évidence, s'il voulait un jour les récupérer et leur faire comprendre qu'ils se trouvaient dans le mauvais camp, il manquait de choix. Et indirectement, ses pensées se retournaient aussi vers elle et ses cheveux roux, cette élégance naturelle dont elle disposait, ce mystère qui émanait de sa personne, elle, celle à qui il allait être marié. Bien sûr l'idée de s'engager si jeune le mettait un tant soit peu mal à l'aise, mais il devait l'avouer, la simple personne qu'elle était suffisait à rendre cette union, moins gênante qu'elle ne semblait l'être.

« I walked abroad in a snowy day;
I asked the soft snow with me to play ;
She played and she melted in all her prime,
And the winter called it a dreadful crime. »
- William Blake, Soft Snow

Bien sûr, il était préoccupé par cette histoire mais, en marchant dans les rues du légendaire Avalon, il n'oubliait pas les tristes événements qui s'y étaient produits. Il n'oubliait pas ces personnes qui avait perdu la vie, sans même qu'il puisse essayer de les aider. Pourquoi se sentirait-il coupable ? Pourrions-nous nous demander... La réponse réside dans les rumeurs qui continuaient de courir dans le château d'Haveirson. Selon les dires, plusieurs apprentis Aurors s'étaient précipité au cœur de la ville pour se battre et défendre les citoyens sorciers. Cette guerre était hors de contrôle, lui qui gardait foi en un possible rétablissement du traité magique, commençait à perdre espoir et pourtant, l'espoir était tout ce qu'il avait. Mais son visage ne trahissait rien de cela, il demeurait calme, il restait serein.

Le soleil se levait tandis que paradoxalement, la température semblait chuter. Chauncey referma son manteau blanc, en quête d'un peu de chaleur. Cependant le froid devait être une sensation familière à Novenka, sa meilleure amie qui avait vécu en Slovénie. Il semblait évident que les températures hivernales étaient plus conséquentes dans les pays du nord, et donc celui-ci. Lui et elle avaient décidé de se rencontrer dans un jardin de la ville afin de profiter de la tranquillité qui y régnait, tandis que la journée ne faisait que commencer.

Il finit par arriver au lieu désigné. Passant entre les deux colonnes de pierre de l'entrée, il la vit, assise sur le banc au milieu du dit-jardin. Innocence. C'était le premier mot qui lui vint en tête. Elle se retrouvait là, vêtue d'une robe blanche, assise sur un banc, entourée de fleurs qui étaient elles-même recouvertes de neige. C'était étrange, de la voir assise tranquillement ici. Elle qui pourtant était si naturellement agitée. Chauncey aimait vivre pour ses passions, les suivant aveuglément vers là où elles le mèneraient mais Novenka elle, était différente. Elle ne se laissait pas porter là où l'agitation l'emmènerait, non, elle était agitation. Tous deux étaient les oppositions qui complétaient une oxymore. Le phénix s'approcha doucement auprès d'elle et s'assit à son tour, avant d'observer droit devant eux. Ils restèrent assis et muet pendant un moment. Enfin, il eut l'impression de faire abstraction de tout. L'Adelmar écoutait le silence, regardait le vide. Il finit par citer :

« 'Lorsque l'Esprit connaît la tranquillité, il maîtrise l'Univers tout entier.' C'est de Zhuangzi, un penseur chinois. Je ne pourrais pas être plus d'accord avec cet homme. » Le Phénix observa l'Abraxan et lui offrit un sourire. « Comment va la rose enneigée ? » dit-il en faisant allusion à sa robe.

Traduction approximative:

19/12/2015

Un silence. Calme.
Une légère brise souffle, soulevant les doux cheveux bruns de la jeune yougoslave. Le calme s'introduisant en elle comme la chaleur d'un chocolat chaud qui s'infiltre dans la gorge. La patience, la vue splendide d'un parc enneigé. Cette saison était marquée par ses origines, la neige n'était pas rare, et le froid était même une douce alliée. Bien que le soleil était une chose agréable, il ne lui était pas autant appréciable que l'épaisse neige qui happait le bruit. Les couleurs pastelles qui composaient le ciel lui rappelait des tableaux de grand peintre dont tout l'amour et la sagesse se ressentait dans les coups de pinceaux.
Son manteau rouge détonnait complètement avec sa robe blanche tout comme avec le décor féérique et immaculé du jardin public. On ne voyait qu'elle, c'était une couleur dans un tableau vide. Ceux qui en ce moment trouvaient preneur, les abstraits.

Novenka ne tourna pas la tête vers Chauncey quand celui-ci s'installa à côté de lui. Le silence entre les deux jeunes gens étaient loin d'être désagréable ou de ceux que l'on qualifie de gênant. Il était rassurant, rempli de promesse et d'amour. Un amour indicible qui émanait toujours de la jeune yougoslave, celui qu'elle donnai à qui le voulait. Elle sourit quand son ami ouvrit la bouche pour enfin briser le jeu du silence. Novenka continua de regarder l'horizon qui doucement se teintait de bleu marine, laissant bientôt place à un ciel de nuit. Le rose se transforma en violet alors que l'orange se mélangeait au rouge. Le ciel était magnifique, loin de ses guerres inutiles, libre et innocent... ce n'était pas le cas des moldus et sorciers de ce monde.

Elle continua de sourire avec bienveillance, finissant par posé doucement ses iris bleus sur le visage rayonnant de son ami, Chauncey. Quelle chance avait-elle eu de croiser un jour son chemin. A ce jour, Novenka ne pouvait se passer de lui, aussi bien pour canaliser les fréquentes nervosités de la jeune femme mais aussi parce qu'il lui servait de pilier dans le château. Présent, attentionné, l'écoute... Poète et philosophe. C'était toujours un véritable moment que d'être à son côté pour partager bien plus que des banalités de jeunes gens bien élevés.

« Je dirai que cette rose ne maîtrise pas l'Univers à défaut d'avoir l'Esprit occupé à penser à de sombres nouvelles. As-tu lu la gazette récemment ? N'est-ce pas affreux toutes ces morts et ces idioties politiques ? J'en deviens folle. »

Elle posa ses lèvres sèches sur la joue froide de son ami, puis avec un sourire un peu plus optimiste.

« Le monde ira mieux quand il aura trouvé la paix, il faut simplement lui laisser le temps. » Elle lui tapota doucement la main. « Et toi comment vas-tu ? Ton cursus est toujours aussi prenant ? »

Elle se laissa tomber doucement, l'épaule en appuie sur le bras musculeux de son ami de Phénix. Elle n'avait pas choisi la meilleure tenue pour affronter le froid, mais être coquette était parfois gratifiant. Son fin collant couleur chair laissait la brise glacer sa peau, mais son manteau rouge et sa robe blanche qui descendait à la mi-cuisse stoppait un tant soit peu ce froid mordant. Ses chaussures à talons noires quant à elle, laissait filtrer l'air et ses doigts de pieds commençaient doucement à s'engourdir. Mais qu'importe. C'était toujours un véritable plaisir d'être près de lui, le monde semblait meilleur.

Novenka fit part à Chauncey de ses inquiétudes. Elle lui expliqua tout le trouble que les différents récents événements avaient semé dans son esprit. L'étudiant, tout en plongeant son regard d'argent dans les iris bleus de sa meilleure amie, lui prit la main en lui offrant un sourire réconfortant. Un simple sourire qui sous entendait que tout allait bien, que tout irait pour le mieux, qu'il le promettait. Une promesse réduite au silence. La brise du matin caressait le visage de l'Adelmar. Calme, assis sur le banc de ce parc, il se laissait porter par la tempête de douceur que lui prodiguait cet hiver, essayant de ne faire qu'un avec ce qui l'entourait. Il serrait la main de la jeune fille, comme un bon enfant tenant la main d'un camarade pour lui rappeler innocemment qu'il était là, et qu'il n'était pas prêt à le laisser seul.

Elle se pencha pour lui déposer un baiser froid sur la joue, avant de nuancer ses propos d'une touche d'espoir. Avec le regard bienveillant, elle prit des nouvelles de son confident. La douce brise sembla alors balayer la paix et la sérénité qui régnait en lui, ramenant soudainement à la surface les troubles de sa conscience. L'anglais se mordit la lèvre inférieure pour exprimer son embarras. Il y eut une pause. Il inspira une bouffée d'air avant de répondre aux questions

« Globalement, je vais bien. Les cours demandent beaucoup de mon temps, mais ça n'est pas si mal. Il m'est de plus en plus difficile de m'approcher de mes parents et de leur faire ouvrir les yeux... Mes travaux me permettent de garder l'esprit occupé provisoirement... de ne pas y penser. »

Son rictus se métamorphosa bien rapidement en ce même sourire qu'il arborait le plus souvent possible. Ce sourire qui indiquait à son interlocuteur que même si les choses ne se déroulaient pas aussi parfaitement qu'il aimerait, il allait bien et qu'il croyait qu'éventuellement, tout s'arrangerait à un moment ou un autre. Ses parents lui manquaient beaucoup... il lui arrivait de penser à ces moments où, petit garçon, il se regardait dans la miroir de la salle de bain tandis que son père lui ajustait le nœud papillon, avant de partir pour un de ces restaurants chics qu'ils fréquentaient tous les vendredi soirs.

« My childhood's home I see again,
And sadden with the view;
And still, as memory crowds my brain,
There's pleasure in it, too. »
–Abraham Lincoln, Memory

Cette image se contrastait avec celle un souvenir beaucoup plus récent. Celui où son père le reniait à cause de leur divergence d'opinions, parce qu'il ne voulait pas se contenter de l'option de facilité. Chauncey ne souhaitait pas partir du côté des forts . Il voyait encore l'Adelmar sénior, le visage rouge de colère, les yeux brillant de larmes sans pour autant qu'ils ne décident de s'y échapper. Il se souvenait de sa mère tournant de l'oeil et tombant dans les bras de son grand père. Le visage désolé de celui-ci, le seul membre de la famille qui ne le blâmait pas, car il comprenait sa position, il faisait l'effort même si lui aussi avait décidé de suivre son fils. Ils aimaient tous Chauncey, c'était indubitable. Mais ils ne pouvaient s'empêcher de croire que choisir le mauvais camp finirait par salir le nom de leur famille. Ce qu'ils n'avaient pas compris c'était que Chauncey n'avait choisi ni le rang des moldus, ni celui des sorciers. Il avait préféré apporter son soutient à la race humaine, au plus faible, car telles étaient ses valeurs. Alors, avant de franchir la porte du manoir où il avait vécu, le gentleman avait tenu à rappeler à son père ce qu'il avait appris l'intégrité c'était choisir ses actions en fonctions de ses valeurs et de ses pensées, et non en fonction des gains personnels . C'est pourquoi l'idée de ce mariage le mettait mal à l'aise.

« Ils veulent me marier. » avait-il dit avec sérieux, craignant que la yougoslave ne prenne cela pour une blague. « Est-ce que je veux le faire ? Je ne sais pas vraiment.. C'est probablement l'une des rares possibilités qui me restent pour essayer de les ramener à ma cause. » Pause.« T'en penses quoi ? »

19/12/2015

La jeune femme porta toute son attention sur son ami qui semblait en proie à des doutes plus mortuaires encore que ceux qui rongeaient la yougoslave. Que pouvait-il bien se passer dans sa petite tête pour que le temps tout autour d'eux s'arrête tout aussi violemment ? L'espace d'un instant, Novenka crut comprendre qu'un trouble familial l'assaillait. Les yeux peinés de son ami perdu dans des souvenirs qui lui bloquait sûrement la gorge. De ce qu'il venait de lui en dire, le jeune homme avait du mal à communiquer avec ses parents, chose que Novenka ne comprenait pas. Les parents ne devraient pas être capable de rompre le dialogue avec leur enfant, au contraire. Ils se doivent d'être ouverts d'esprit pour que leurs enfants soient épanouis. Elle lui redressa doucement le menton mais la nouvelle qui tomba lui donna un maux de ventre terrible. Non pas comme si l'espoir d'être à lui s'envolait mais comme si la liberté de son ami s'en voulait enchaînée.

La pire question à poser à une Novenka déjà bien tendue par des évènements trop sombres. Elle posa ses yeux bleus dans ceux gris de son ami. Elle fronça très légèrement les sourcils, tout en tenant fermement le menton de Chauncey, elle posa ses lèvres sur la commissure de ses lèvres, non pas un message mais un amour. Un véritable amour, Chauncey méritait mieux qu'un destin funeste où la liberté était une conception utopique.

« J'en pense que je ne suis pas d'accord avec ça, Chaun. » Elle lui lâcha le menton et elle regarda le jardin s'effacer sous les rayons du soleil s'endormant derrière les arbres. « Tu ne devrais pas être privé de ta liberté. Ce sont tes parents qui doivent faire l'effort de te comprendre et non le contraire. »

Elle serra le banc sous les mains, crissant les dents et retenant ses larmes de colère. Chauncey était un être adorable, qui prônait le besoin d'autrui et la gentillesse... Il avait sa justice à lui, sa façon d'aborder les femmes... mais il était un brave homme. Remarquable.

« Qui est cette femme à qui tu seras promis ? La connais-tu ? Partage-t-elle ton sens de la justice et ta vision de la vie ? »

Novenka se tourna de sorte à voir son ami, elle croisa les jambes et posa sa main sur le dossier du banc. Elle lui caressa gentiment la joue comme une mère à son enfant, aimante et chaleureuse.

« Ne fais rien d'inconsidéré, tu as le droit de penser et d'être heureux. Vraiment. Je ne supporterai pas de te voir malheureux, Chaun. Parle moi un peu plus de ta cause, bien que tu saches que je ne prendrai part pour aucune cause existante. Le monde est déjà bien triste comme ça... »

Le souvenir des douloureuses pertes moldues et sorcières, de ces mondes qui s'en veulent et se détestent pour des raisons inconnues ou de jalousie. Pour une question de pouvoir et de domination, quand le monde aura compris que là est tout le cœur du mal, peut-être avisera-t-il de reconsidérer sa place si petite dans un monde immense où seule Dame Nature peut y faire régner sa loi.
Un monde où paix et prospérité rimeront avec amour et harmonie. En attendant, le chaos était de mise et les ténèbres avalaient avec plaisir les déchets d'une guerre discutable entre deux peuples qui ont tout à s'apporter. Modestie et humilité... Ce ne sont pas des mots connus des plus grands de ce monde.
Chauncey mérite des parents qui défendent et comprennent sa cause, mais il doit aussi les comprendre eux. La communication et l'acceptation d'autrui pousseront les gens à se comprendre. Et seulement là, le monde aura un espoir. L'espoir de grandir et de devenir sage.

Silencieux, le phénix s'était aventuré dans des souvenirs enfouis au creux de son être, tandis que sa meilleure amie, silencieuse, l'observait attentivement. Trouvant une seconde de répits parmi les nombreuses pensées qui l'affligeaient, l'Adelmar sût trouver les mots pour lui annoncer la nouvelle qui marquerait une étape décisive dans sa vie, le tournant d'une route qui le menait vers une destination encore inconnue. Et quand bien même Isia Neige-O'Hara, sa promise, semblait être une fille magnifique qui ne manquait pas de qualités, il ne pouvait s'empêcher de penser à la liberté qui lui fut arrachée.

Une liberté de penser, d'agir, de s'exprimer. Malgré toutes les qualités de la famille Adelmar, malgré toute l'importance que son père, qui osait se diregentleman, attribuait aux valeurs fondamentales de la société, il n'avait eu aucun scrupule à confronter son fils à un dilemme dont l'issu semblait être évident. Perdu dans ce torrent d'agitation qui malheureusement lui était guère familier, il ne trouva d'autres solutions que demander l'avis de son amie Abraxan. Tous deux s'opposaient mais paradoxalement se complétaient, comme une symphonie qui se voulait à la fois douce et amer, comme un rayon de soleil qui parcourait la pluie. Elle était une bougie unique dans l'obscurité de la nuit.

Laissant les yeux indignés de la yougoslave franchir le miroir de son âme, il lui fit un sourire dépourvu de joie mais qui ne traduisait pourtant une tristesse quelconque. C'était plutôt un sourire que l'on interprète couramment par un « pas de bol ». La main douce et pale de sa meilleure amie lui tenant toujours le menton, elle s'approcha pour poser au coin de ses lèvres un baiser simple et pur. Un baiser qui était chargé d'attention sans pour autant relever une quelconque ambiguïté entre eux-deux. Sans grande surprise elle n'était pas d'accord avec la situation et le destin qui s'imposait à lui, elle qui cueillait chaque jour, ne pouvait probablement concevoir que son meilleur ami ne puisse se permettre un tel système de vie.

Le Soleil qui était à son tour consterné baissa le regard jusqu'à ce que le parc qui les entouraient ne soit plus éclairé de manière convenable. La Cieslak voulu davantage d'informations sur cette autre femme. A cette demande Chauncey s'empressa de répondre:

« Elle vient d'une famille aisée et n'apprécie pas plus que moi cette union. En fait si elle l'accepte c'est justement parce qu'il y a une raison particulière qui la pousse à accepter ce contrat. Pour ce qui est de sa personne, elle apprécie tout comme moi l'art des bonnes manières. » Il y eut une pause. « Et puis... Elle est aussi belle que dangereuse... » Il s'arrêta là pour le moment, jugeant que cela n'apporterait rien de révéler pourquoi elle l'était.

Sa confidente se tourna vers lui, portant une main à sa joue et la caressant innocemment, lui expliquant qu'il n'avait pas à se mettre en retrait. Ce qui l'espace d'un instant lui rappela un livre moldu qu'il avait lu mais dont il avait perdu le nom. L'un des personnages expliquait au garçon autour de qui l’œuvre tournait, que se mettre en retrait et donner toute son âme pour voir les autres s'épanouir n'était pas une manière correcte d'aimer, qu'il était nécessaire qu'il pense aussi à son propre bien. Mais Chawn était face à une impasse, il n'avait d’autre solutions pour le moment.

Lorsqu'elle lui expliqua qu'elle ne pouvait concevoir qu'il puisse être malheureux, Chauncey eut un petit sourire complice, il lui donna un coup d'épaule en lui rappelant qu'il n'était pas facile à abattre et qu'elle n'avait rien à craindre de cela. Cependant il continua plus sérieusement en lui disant qu'elle était probablement l'une des meilleures choses qui lui était arrivé et qu'il était particulièrement heureux que le ciel eut voulu que leur chemin se croise. Il jugea alors le moment opportun pour sortir de sa poche un petit présent qu'il avait emmené. Il tendit l'écrin à l'Abraxan, attendant qu'elle l'ouvre. Lorsque la petite boîte noire fut ouverte, on pouvait voir qu'elle contenait une chaîne en argent qui portait une petite plume en or.

« Je pourrais te jurer que j'ai arraché cette plume à un phénix... mais ça serait te mentir. » Il rigola. « On n'est à l'abri du danger nul... et j'ai besoin de te savoir en sécurité. C'est pour ça que j'ai cherché un moyen qui nous lierait plus qu'on ne l'est déjà. » Suite à cette phrase, il sortit de son t-shirt, un pendentif semblable, où la plume était faite d'argent, et la chaîne d'or. « Tu veux que je t'aide à la mettre ? » Tout en attachant le bijou au cou de la belle, il lui expliqua : « Si tu es en danger, si tu te sens seule, ou si tu penses simplement à moi, il te suffira de prendre ce pendentif entre tes doigts, et je le sentirai. » Il porta sa main à sa plume argentée et constata que la petite plume d'or émettait une lueur. Selon les dires du bijoutier, en plus de se mettre à luire, le pendentif émettait une douce chaleur au propriétaire du second pendentif. Il observa alors sa meilleure amie.

19/12/2015

Aussi belle que dangereuse. Comme si cet argument allait pouvoir calmer les assauts de son cœur et son inquiétude. Novenka ne put s'empêcher de soupirer. L'usage de forcer les enfants à se marier entre eux pour les besoins d'une famille ou d'une réputation était risible. Elle ne le supportait que trop mal même si elle ne pouvait, de sa place, rien y faire. Qui que soit cette charmante jeune femme au tempérament supposé de feu, elle tout comme Chauncey devraient avoir le droit de choisir leur destiné. Se marier aussi jeunes pour des raisons si grotesques que la complaisance d'un sang dit pur.
La politique actuelle ne plaisait à Novenka comme depuis si longtemps chez les sorciers, la politique au sein même des familles ne lui plaisait pas. Mais toujours et encore, elle se sentait démunie face à ces prises de décisions sur lesquels elle n'avait aucun pouvoir.

« Je ne suis pas sûre que le fait de venir d'une famille aisée, ni même qu'elle partage un semblant de ton opinion puisse me convaincre que c'est une bonne chose. On est censé se marier par amour et non par contrainte... » Elle soupira et posa sa main sur la cuisse de son ami. « Enfin je n'ai rien à dire ou à redire, cela ne dépend pas de moi ou des opinions. Prends juste soin de toi s'il-te-plaît... »

Elle observait finalement le lointain, se dorée d'une couleur rose et violette alors que le ciel s’obscurcissait pour laisser place à la nuit. C'était beau et romantique à la fois, et pourtant, elle n'y trouvait aucun réconfort. Cette histoire de mariage allait longtemps la hanter, Chauncey méritait d'être heureux avec une femme qu'il aimerait pour ce qu'elle est et non pour ce qu'elle représentait. Mais après tout, peut être que son ami avait cette idéologie là, et elle ne pouvait décemment pas le forcer à adopter son avis. Elle soupire une seconde fois, décidément, elle aurait mieux fait de simplement lui écrire, la nouvelle serait passé plus facilement. Il n'avait pas l'air malheureux pour un sou, ni même agacé. C'était quelque chose de normal pour lui, relativement sommaire comme une annonce d'un nouveau devoir pour le lendemain.

Elle plissa les yeux quand il lui présenta une plume, riant doucement à sa blague. Un peu amère le rire, mais le changement de sujet était tout un art chez Chauncey. Elle s'empara de l'objet, un collier. Quelque chose qui la liait à lui plus qu'à n'importe qui. Le besoin de la savoir en sécurité, c'était tellement adorable qu'elle en oubliait son amertume. « C'est magnifique, Chaun. Oui oui, je veux bien que tu m'aides. » Elle lui tourna doucement le dos et tira légèrement sur son manteau pour laisser découvrir sa nuque. « Tu en as un aussi, du coup ? »
Elle lui fit un baiser sur la joue et prit la plume entre ses doigts. « Tu ressens ma reconnaissance ? » Elle se mit à rire et se leva. « Nous devrions rentrée, le diner va pas tarder à être servi. »

Elle lui présenta sa main, le rouge au joue et le sourire bienveillant. D'une meilleure amie qui ne pouvait rêver mieux que d'avoir un ami comme Chauncey. Leur lien était indéfectible. immuable.
A jamais dans son cœur, toujours là pour lui.