Une Rencontre Fortuite [PV Anton Costello]

La première chose qu'il lui vint à l'esprit fut : ce n'est pas une bonne idée. Mais alors, pas du tout.

Cliodna s'était levée de bonne humeur, c'était indéniable. Les jours passaient à Haveirson lui paraissaient moins nuageux que ce qu'elle aurait pu penser. Évidemment, elle adorait ce qu'elle faisait. Son rêve n'avait jamais changé d'un poil, mais elle devait admettre qu'elle s'habituait tranquillement à la personne qu'elle voulait redevenir. Enfin presque. Si sa désintox s'était extrêmement bien passée au vu des quantités hallucinantes de drogues et la régularité avec laquelle elle en prenait, quelques mauvaises habitudes avaient la fâcheuse tendance de ne pas la quitter. Parmi elles, deux très récurrentes : la cigarette et le sexe. C'était indéniable, elle ne pouvait se passer de nicotine et résister très mal à la tentation masculine. Fort heureusement, dans une si grande école, elle ne manquait pas de ressources. Cela n'en restait pas moins un problème. D'une part, parce que cela lui valait déjà une réputation du tonnerre. Non pas comme une fille facile, mais au contraire comme une fille peut-être trop entreprenante. Et ensuite, parce que cela l'empêchait de vraiment avancer. C'était une part de ses anciens démons. Et en parlant d'anciens démons...

Bon certes, la probabilité de rencontrer d'anciens collègue de Poudlard était vachement importante et Merlin sait qu'elle se serait passée de certaines retrouvailles... Mais retrouver Anton Costello, dans la même confrérie qu'elle, ça c'était tout de même violemment fortuit. Le jeune homme n'avait pas changé pour lui déplaire, mais de toute évidence, elle devait se rappeler qu'ils avaient tous les deux évolués. En fait non. Elle n'avait aucune idée de ce qu'avait pu devenir le jeune homme. Ils avaient échangé quelques politesses depuis la rentrée, mais de toute évidence le garçon semblait l'éviter. Et s'il y a bien une chose à ne pas faire pour que Clio vous laisse tranquille, c'est précisément de la fuir. Mais pourquoi tant se préoccuper d'Anton ? Pour la simple et bonne raison qu'elle venait de pénétrer dans la volière et ô comble de la fortune, la pièce n'était occupée que par une personne. Enfin, techniquement ils étaient trois en tout, mais la jeune fille qui occupait la troisième place quitta l'habitacle au moment même où la blonde y était entrée. Si la jeune fille était venue pour faire envoyer une lettre à un ancien ami de New York, son attention fut tout de suite détournée. Car si elle avait bien gardé un vice et ce durant toute son existence, c'était bien la curiosité. Et Anton était devenu une grande curiosité pour elle. Elle avait bien saisi qu'il n'était plus question de coucherie occasionnelle pour le jeune homme (avec elle en tout cas). Cela pourrait expliquer la tactique d'évitement du jeune homme, mais cela impliquerait qu'il pense qu'elle veuille toujours (ce qui était à moitié vrai) ou alors qu'il le veuille mais... Un sourire diabolique se dessina sur son visage. C'était trop tentant.

Le jeune homme semblant préoccupé par sa tâche ne semblait pas l'avoir remarqué. Nonchalamment, elle s'installa assez proche de lui, faisant mine de faire ce qu'elle était réellement venue faire en réalité. Attendant le moment propice pour surprendre le jeune homme, elle se tourna légèrement vers lui, un sourire éclatant éclairant son beau visage. « Excuse-moi, tu pourrais m'aider avec cette chouette ? »

Le vent de mars soufflait en rafale lorsque plusieurs élèvent grimpèrent jusqu'à la tour céleste pour venir poster leur courrier urgent. Anton était là depuis ce qui lui paraissait être des heures à présent, attendant que son hibou ne revienne vers lui. Assis sur le rebord d'une fenêtre, le grand brun observait la danse incessante des allers et venus d'élèves pressés ou cherchant à passer le temps, se rappelant qu'ils avaient depuis trop longtemps, oublié d'écrire à leur famille. le sentiment qui lui tiraillait les entrailles n'était autre que l'envie. lui aussi souhaitait pouvoir écrire de nouveau à sa famille. Mais surtout, obtenir une lettre de leur part.

Après quelques minutes d'un brouhaha assourdissant qui avait faillit lui faire quitter la pièce, l'Abraxan retrouva enfin la sérénité lorsque toute l monde fut parti. Enfin presque, puisqu'il lui sembla impossible d'être seul un instant dans ce qu'il souhaitait être un lieu d'isolement. A croire que tout le monde s'était passé le mot. Il poussa un léger soupire en entendant une autre personne entrer dans la volière. Ce devait être une fille au bruit de claquement des talons sur les pavés usés. Cette pensée fut vite confirmée lorsqu'elle s'adressa à lui.

Il ne sourit pas, moqueur comme il l'aurait fait d'habitude. Il garda son regard fixe sur la cour, sept étages en dessous, et sur ce qui s'y passait.

- Je pense que tu peux te débrouill...

Il décida finalement de lever les yeux sur celle qui était trop bête pour utiliser un hibou seule et faillit tomber de son perchoir. Cliodna se trouvait devant lui, un sourire perturbant aux lèvres. Il ne l'avait pas vu depuis près de quoi... deux années. Certes il l'avait croisé dans les couloirs de l'Académie et avait su qu'elle avait rejoint sa confrérie. Depuis lors, il avait mis un point d'honneur à l'éviter, bonnement et simplement, pour s'éviter d'autres ennuis. Cependant, il sembla qu'ils ne se connaissaient depuis bien trop longtemps pour la jeune femme pour arborer la même ignorance. Elle se tenait proche de lui, l'oeil pétillant scrutant la réaction du grand brun qui se levait à présent.

- Ça fait un bail...

Il s'arrêta a quelques centimètres d'elle et fronça brièvement les sourcils, avant de lui sourire légèrement. Il n'était pas sur que d'être ici avec elle ne soit une bonne idée mais la laisser ainsi sans explication n'était pas envisageable non plus. Elle ne devait pas connaître beaucoup de personnes ici. Anton pris sur lui pour ne pas quitter la pièce aussi vite qu'elle y était entrée. Après tout, cette rencontre allait peut-être pouvoir le sortir de sa morosité pour un temps.  

C'était très étrange... Cette situation était déjà très étrange pour la blonde. Elle connaissait Anton depuis assez longtemps pour constater que leur relation n'avait jamais été compliquée. Alors pourquoi le faire maintenant ? Bien entendu, elle n'avait absolument aucune idée de ce qu'avait pu vivre le jeune homme dans le passé. Et elle était très mal placée pour dire que cela n'influençait pas l'avenir. Mais elle trouvait quand même ça suspect cette... Gêne entre eux. Car si quelque chose n'avait jamais existé entre eux deux, c'était bien la gêne. « Je pense que tu peux te débrouill... » Heureusement qu'elle connaissait assez le garçon pour savoir qu'il ne lui aurait pas parlé comme cela en la reconnaissant. S'il y a bien quelque chose que Clio n'admettait pas venant de quiconque, c'était le manque de respect. Mais vu que sa question avait pertinemment été choisie pour être ridicule, elle ne pouvait pas blâmer le jeune homme. Un sourire amusé se dessina sur son visage au vue de la réaction d'Anton. Au moins, son effet de surprise avait marché. « Ça fait un bail... » Un bail, oui. Plus de deux ans, si ses souvenirs étaient bons et de son point de vue, ils l'étaient. Le jeune avait changé, comme tout être humain normalement constitué en deux ans d'existence. Mais c'est ce que dégageait Anton qui surprenait le plus la jeune fille. Autrefois, le garçon avait clairement la réputation d'un tombeur et il faisait davantage honneur à cette réputation. Mais pourtant... Lorsque la blonde l'observait maintenant, elle n'avait pas l'impression de détecter la moindre lueur prédatrice dans son regard. Contre toutes attentes, il ne prit pas la direction de la sortie immédiatement, ce qui laissait l'occasion à Clio de pouvoir enfin éclaircir cette situation. « Ça aurait fait moins longtemps s'il ne fallait pas te coincer dans une pièce pour discuter. » Le ton était ironique, mais le reproche véritable. Elle n'attendait rien de particulier de leur relation, tout avait été très superficiel et surtout charnel entre eux. Mais pourtant, elle avait une certaine affection (tout à fait amicale s'entend bien) pour le jeune homme. Et même si l'idée ne lui aurait pas déplu, au-delà du sexe, elle était un peu déçue que leur relation ne vaille même pas un échange. « Mais tu as certainement une excellente raison pour m'éviter comme ça ? À moins que je ne sois devenue effrayante ? » Le ton faussement innocent était clairement provocateur et le maigre espace entre eux permis à la jeune de glisser peut être bien trop près de son interlocuteur.

Finalement, ni l'un ni l'autre n'avait aucune idée de ce qu'avait pu vivre l'autre. Du côté de la jeune fille, heureusement que son ex-amant n'avait aucunes infos, car elle voyait de loin son avenir à l'école se profiler. Une ex-droguée rôde dans vos couloir ! Non, trop peu pour elle. Il était hors de question que qui que soit puisse être au courant. Mais, si elle soupçonnait le passé du garçon moins sombre que le sien (ou du moins elle l'espérait sincèrement), elle ne pouvait pas vraiment penser quoi que ce soit. Parce qu'ils ne se connaissaient pas tant que cela au final. Pourtant, quelque chose la chiffonnait. Quelque chose dans son attitude. Elle avait bien noté qu'il n'était plus ce jeune garçon à la découverte de nouvelle sensation, mais elle sentait que malgré sa prise de confiance et son allure d'homme, quelque chose n'allait pas. Elle n'avait pas de sixième sens particulier, cependant, elle était tout de même assez perspicace chez les gens. Et il était clairement visible que quelque chose trottait dans la tête du garçon et que cette chose ne semblait pas du tout être une bonne idée.

Quand elle l'avait connu et les quelques fois où elle l'avait recroisé, elle n'avait aperçu que plaisir de vivre et assurance pour ses plus récentes rencontres. Mais la lueur espiègle qu'elle aimait voir chez le jeune homme avait disparu et la réponse à ses propres provocations ne semblaient plus la même. Elle pensa tout d'abord qu'elle ne plaisait peut-être plus au garçon et quelque part, quel que soit la raison, elle était sûrement dans le vrai. Mais de là à l'éviter, il y avait un fossé.

Elle n'était pas vraiment au courant des rumeurs et ragots dans l'université. Premièrement, car elle ne fréquentait que très peu de personnes pour l'instant et ensuite parce qu'elle n'y prêtait pas vraiment attention. Une perte de temps considérable... Pourtant, elle aurait certainement mieux compris les choses si elle avait suivi l'esclandre avec le filtre d'amour. Elle ne doutait pas que le garçon devait faire tourner les têtes de plusieurs filles, mais il n'était pas question de ça entre eux. « Mieux comme ça ? » Elle leva un sourcil inquisiteur vers lui. Toute lueur de provocation n'avait pas disparue, mais la jeune fille commençait à être très intriguée par l'attitude d'Anton. Elle avait au moins réussi à le dérider quelques peu avec ses blagues vaseuses. Pour quelques secondes, mais cela lui avait suffi. Quelque part.

Des problèmes ? La jeune fille fronça les sourcils telle une enfant (une mauvaise habitude qu'elle avait gardé) et se garda de poser des questions trop directes. De toute évidence, elle n'était pas la personne vers qui il allait se confier et c'était tout à fait normal. Pourtant, c'était fâcheux pour elle. Elle n'aimait pas trop être ignorée. Pas qu'elle était capricieuse, ou quoi que ce soit, mais elle ne voyait pas trop le mal à entretenir des relations plus ou moins amicales, même si cela signifiait ne plus pouvoir profiter du corps du jeune homme.

Elle se retint presque de pousser un soupire de dépit. Quel dommage.

« Tu sais qu'à force de te morfondre dans ta pseudo dépression, tu vas finir tout seul. Et ça, ce serait le comble pour toi Anton Costello. » Vieux garçon. Manquerait plus que ça... « Écoute, je ne sais pas trop dans quoi tu t'es fourré encore (et non, ce n'est pas un mauvais jeu de mot), cependant je ne vois pas trop en quoi me parler devient un problème. Bien sûr je suis déçue, tu peux comprendre, j'ai été habitué à des rencontres mouvementés avec toi... » Elle afficha une pseudo expression dramatique, puis esquissa un petit sourire moqueur. « Blague à part, tu ne peux pas t'isoler du monde. Crois-moi, j'ai essayé, ça ne marche pas beaucoup. »

Anton eu a peine le temps de réagir à l'entrée d'une tierce personne dans la pièce que celui-ci les saluait déjà, un sourire moqueur accroché sur le visage. Sans trop savoir pourquoi, le grand brun sentit que cette altercation risquait de mal tourner. Etait-ce ce regard vert si intense, presque perçant ou bien cet air malicieux ? Il ne savait pas quel attribut du jeune homme le dérangeait le plus. Son attitude tout entière était tellement déplaisante qu'il ne put choisir.

Il jeta un coup d'oeil à Cliodna, qui se tenait à ses côtés, lorsque le jeune inconnu leur tourna le dos pour porter son parchemin. Le regard sombre d'Anton sonda celui de Clio pour percevoir si elle le connaissait ou non. Car clairement lui-même n'avait jamais croisé l'étudiant au sein de l'Académie. Jusqu'ici, il n'avait rien fait pour attiser son impatience ou sa colère, si ce n'était d'être, en général, déplaisant.

L'inconnu se retourna de son hibou et s'approcha du duo d'Abraxan, ce même sourire narquois fixé aux lèvres. Et Anton ne pouvait s'empêcher de mépriser quiconque lui donnait ce regard qui lui-même avait lancé tant de fois par le passé. Cependant, dans sa situation, l'attitude provocatrice du jeune homme faisait augmenter son degré de méfiance à son égard. Les mains fermées en poings pour évacuer sa crispation, il arriverait bientôt au sang tellement il se retenait de ne pas coller un crocher du droit dans la mâchoire de celui qui était venu les interrompre.

— Sale situation pour toi, Anton. J’espère que ton père va bien.


La mâchoire serrée, l'Abraxan lui offrit un regard noir et menaçant comme réponse. Il savait qu'il ne devait pas céder à la provocation sous peine de s'enfoncer encore un peu plus dans ses problèmes. Il se détourna de la conversation vers la belle blonde en voyant que le jeune homme au regard vert quittait la pièce. Mais ce qu'il entendit par la suite lui fit perdre tout contrôle. Dans son dos, il l'entendit sourire alors qu'il articulait la phrase. L'étudiant se retourna, presque choqué, les yeux luisant d'une rage qu'il n'avait jamais ressentit auparavant. Ce crétin en avait trop dit. Ou pas assez. Mais il ne s'en tirerait pas comme ça.

- Hey ! Hurla Anton a plein poumon alors qu'il commençait sa course folle pour rattraper le jeune homme dans l'escalier. Il pouvait le voir. Il l'imaginais sourire. Heureux de son méfait. Ce qui mit l'étudiant en Médicomagie d'autant plus hors de lui. Ses pas étaient rapide et l'adrénaline l'envahissait rapidement, rendant ses gestes plus précis et plus coordonnés que jamais. Il n'entendait plus que son coeur battre à tout rompre dans sa poitrine. Peut-être qu'il savait où se trouvait son père. Peut-être que c'était une provocation stérile. Mais il devait avoir la réponse. Plus que quelques mètres. Il était juste en dessous de lui.

Il glissa au-dessus de la rambarde, dans l'espoir d'avoir assez bien calculé son coup pour ne pas perdre de temps. Il retomba alors sur le palier, juste devant le coupable. Il eut le temps de l'attraper par son manteau et de le coller contre le mur. Ce geste devenait presque une de ses spécialités à présent. Ses yeux sombres, haineux, fixèrent ses yeux verts, malicieux. Il cala son avant-bras sur le buste de sa proie et repris quelque peu sa respiration. Il articula alors lentement les questions qu'il lui posait.

- Tu es qui ? Où est mon père ?

Sa voix était devenu une résonance grave sur le palier désert. Il n'aurait pas beaucoup de patience. Son poing le démangeait déjà. Réclamant un contact rapproché avec la mâchoire appartenant à ces yeux émeraudes.
 

« Les Mangemorts veulent ma tête...ok ? »

Ok. Elle ne s'attendait vraisemblablement pas à cela. Et la suite des événements lui échappa tout autant. Anton était quoi ? Certes, la jeune fille avait raté beaucoup d'épisodes de la vie de son... Collègue ? Mais de là à être poursuivi par des Mangemorts, il y avait un monde. Une petite voix lui indiquant que dans le même laps de temps elle avait atterri quatre fois à l’hôpital et subie deux overdose ne lui effleura pas l'esprit... C'était fou. Et l'expression sur le visage de la blonde dû faire comprendre à son interlocuteur que, pour une fois, il lui avait fermé son clapet. Depuis combien de temps cela durait ? Avait-il prit des mesures de sécurité suffisante ? Ils n'avaient jamais parlé politique entre eux, et cela ne l'avait pas foncièrement gênée jusque là, mais quoi que puisse penser le jeune homme, sa vie était en jeu et c'était impensable. Cette dangerosité, elle la fuyait comme la peste. La tentative d'humour du garçon réussi tout de même à la faire sourire, mais pendant quelques secondes, elle ne sut vraiment pas quoi lui répondre.

Quelques secondes de trop, il semblerait.

Elle n'entendit pas vraiment les bruits de pas qui montait les escaliers, mais la porte s'ouvrir, oui. Seulement, bien concentrée à savoir quoi répondre après une telle déclaration, elle n'eut pas le temps de dire un mot que leurs pensées à tout les deux avaient changé. Qui était cet élève ? Cliodna ne pouvait pas se venter de connaître tout le monde à Haveirson. Cependant, elle savait reconnaître un visage familier quand elle en voyait un. Or ce garçon, qui ne lui inspirait pas confiance du tout, ne lui disait rien. Le regard interrogateur d'Anton lui arracha cette réponse d'une expression incrédule. Et non mon grand, je sais pas qui c'est non plus... Et jusqu'à ce que cet inconnu parler, elle était prête à lui faire savoir qu'elle en avait rien à faire de ce type. « Miss Peasegood, monsieur… Costello » De toute évidence, cette individu en savait beaucoup sur eux, par rapport au néant que pouvait représenter sa personne dans l'esprit de Clio. Et la petite pause dans sa phrase avait sa signification. « Sale situation pour toi, Anton. J’espère que ton père va bien. » La jeune ne se rendit même pas compte qu'elle croisait les bras. C'était un des signes avant coureur qui signalait qu'elle allait bientôt passer en mode attaque. Mais c'était qui ce blaireau qui se croyait tout permis ? Son sourire suffisant en face d'elle ne lui valu pas d'attendrissement de la jeune fille mais plus un haussement de sourcil ahuri. Non mais c'était qui ça sérieusement ? Avant même d'avoir pu ouvrir la bouche, il était revenu en haut des escaliers, n'oubliant pas de finir son intervention d'une réplique cinglante. « Parce que la dernière fois que je l’ai vu, il n’était pas vraiment au mieux… »

« Non mais pour qui se prend ce... Hey, Anton attends-moi ! » Encore une fois, elle ne fut pas assez rapide et dû s'élancer à la suite du jeune homme. Elle savait que si cet étudiant mystère en savait autant, c'est qu'il était de mèche avec les gens qui étaient précisément à la recherche de son ami... Donc le laisser face à la colère et un potentiel ennemi n'était certainement pas une bonne idée. Elle mit bien évidemment plus de temps à arriver à leur point de rendez-vous. Cependant, elle ne manqua pas l'expression de haine d'Anton et cet air toujours aussi suffisant chez l'autre idiot. « Anton, calmes-toi, il n'en vaut certainement pas la peine. » Elle n'avait tout de même pas l'attention du garçon. « Quoi qu'il sache. » Elle était un peu hypocrite de maintenir ce discours, elle qui frappait avant de parler, mais elle devait montrer l'exemple plutôt que de lui proposer son poing en temps que collaborateurs. « Je ne sais pas qui tu es, et tu es clairement quelqu'un qui semble croire qu'il a beaucoup d'importance. Mais saches que les dernières personnes à m'avoir pris de haut moi ou mes amis, et notes que j'ai utilisé le pluriel, ont échappé à la paralysie totale de peu. » Contrairement à ce que l'on aurait pu croire, il n'y avait aucune ironie ou sourire moqueur sur le visage de Cliodna. Oh non.

Elle ne disait que la vérité après tout.

Qui était ce jeune homme ? Ce crétin à l'incomparable malice dans ses rétines pas plus apeurées que cela ? L'avait-il déjà croisé dans les couloirs de l'Académie ? Etait-il dans sa maison ? Il ne lui disait rien. En même temps, Anton n'avait pas pour habitude de dévisager les élèves qu'il croisait dans les couloirs, il se contentait de se rendre d'un point A à un point B sans se soucier de ce qui se passait autour de lui. Il faudrait qu'il porte plus d'attention aux autres à l'avenir.
Il avait eu dans l'idée que c'aurait put être lui qui avait eut l'envie irrépressible de redémarrer la porte de sa chambre mais les informations qu'il venait de lui donner allaient à l'inverse de cette théorie. Un coup de couteau dans l'eau.

Anton écouta attentivement les renseignement qu'il venait de lui donner. Alan Rose. Phénix. Etudiant dans le même cursus que Nova. Il faudrait qu'il lui en touche deux mots... Son étreinte se dressera autour du cou de l'étudiant avant de finalement se relâcher complètement, laissant sa victime libre de ses mouvements. L'Abraxan était loin d'être satisfait de la situation. Il avait eu le dessus sur lui. Pourquoi ne pas avoir sévi plus que cela ? Il poussa un léger soupir que seulement lui pu percevoir. Toute cette histoire l'avait rendu las. Et la lassitude l'empêchait d'agir comme il l'aurait fait habituellement. Car un jour comme un autre, donnée la même situation, il aurait probablement fracassé la mâchoire de ce Alan pour obtenir les informations qu'il devait détenir. Or, à présent, le grand brun ne le saurait jamais. Ce petit crétin s'était éclipsé en niant toute allégation en bloc. Il n'en tirerait rien. Il n'avait peur de personne et était trop sur de lui.

Anton frappa le mur où s'était trouvé le visage aux yeux émeraudes quelques instants auparavant. Toute sa colère fut canalisée dans ce geste de violence inutile. Biensur il venait de se broyer une phalange. Biensur il avait la main en écorchée. Mais au moins il ressentait quelque chose. La léthargie dans laquelle il était entrée le dévorait lentement, s'infiltrant en lui comme une mauvais herbe qui ne cessait de pousser. Tout était plus facile ainsi. On ne ressentait plus rien. Ni la peur, ni l'angoisse ou la colère. Plus rien. Il ne grogna pas. Se contenta de froncer les sourcils et regardant sa main abimée.

Il jeta un coup d'oeil à Clio, essoufflée de la cavalcade qui venait d'avoir lieu. Il savait que, comme lui, elle devait être frustrée qu'il s'en soit sorti aussi facilement. Les paroles résonnaient toujours dans son esprit comme dans une cathédrale. Mais il n'aurait pas de réponse de son père. Il n'en avait pas eu jusqu'ici alors, tous les doutes et les angoisses étaient permises.

- Merde... J'aurais du lui casser la gueule à ce crétin... grommela t-il entre ses dents, cédant enfin à la colère qu'il avait retenu depuis ces derniers jours. Il voulait casser quelque chose. Quelqu'un. Tuer quelqu'un. Ce Alan Rose. Un Mangemort. Celui qui détenait son père. Son rythme cardiaque s'était accéléré et il avait commencé à faire les cent pas sur le palier où ils se trouvaient toujours, fulminant à présent. Pour l'heure il aurait été bien incapable de se calmer. Il n'essaya donc même pas. Tout dans sa vie partait en vrille. A quoi bon tenter de redresser la barre si c'était pour faire chavirer le navire sur l'autre rive... ?
 

C'était une situation relativement sur-réaliste. Après tout, la jeune fille était d'abord venue poster une lettre. Chose qu'elle ne fait relativement jamais d'ailleurs... Pour tomber sur Anton, surprise plutôt agréable, jusqu'à ce qu'elle apprenne qu'il se trouve rechercher par les Mangemorts et pour finir face à un imbécile arrogant parfaitement insupportable. Non, Cliodna ne s'était pas tout à fait attendu à cela en ce levant ce matin. Et encore moins à ce sentiment d'impuissance face à quelqu'un qui n'a définitivement pas peur.

Il devrait pourtant.

Cela faisait un moment qu'elle n'avait pas connu de colère assez violente pour lui donner envie de laisser sortir ses vieux démons, et de coller une raclée à quelqu'un. Depuis sa « remise en forme », c'est une partie de sa personnalité qu'elle avait mis en suspend. Premièrement, parce que cogner avant de frapper ne marchait pas dans toutes les situations, et parce que cela ne faisait définitivement pas parti des principes d'éducations que ses parents lui avaient enseignés. On en était même très très loin.

Sa réflexion, légèrement autocentrée, fut interrompue par le coup de poing peut-être inutile mais de toute évidence exutoire d'Anton. Il avait sérieusement dû se péter la main, mais au vu de la rage qui l'animer, c'était le cadet de ses soucis. En effet, le jeune homme avait beaucoup plus à perdre dans cet échange. L'élève faisait parti de ceux qui le voulait mort. Et quant à son père, apparemment disparu... Cela faisait beaucoup. Beaucoup à supporter, et elle soupçonnait le garçon d'être au bord de l'explosion. En repensant à cet étudiant mystère, elle songea qu'elle avait vraiment perdu beaucoup de ses réflexes d'observations. Durant sa période... Creuse, dirons-nous, nombreuses de ses facultés premières furent brimées. Et il allait clairement falloir qu'elle se bouge le cul pour revenir dans la course.

Regarder Anton pour lui lancer une phrase toute faite du genre « Calmes-toi, ça va s'arranger » n'était clairement pas dans le caractère de Clio. Elle aurait détesté qu'on lui dise ce genre de sauce toute prête. Pourtant, elle ne pouvait pas laisser le jeune homme fulminait tout seul, délaissant royalement sa main blessée et se prenant la tête pour quelque chose qui de toute façon, échappait à son contrôle. « Arrêtes de tourner en rond, t'aurais rien pu faire de plus, tu le sais très bien. » Sans vraiment lui demander son accord, elle attrapa sa main pour examiner les dégâts, serrant un peu le poignet du jeune homme pour dissuader toutes tentatives départs de sa part. « Même si c'était pas l'envie qui manquait de lui éclater les dents une à une. » C'était dit avec concentration sur la blessure du garçon, mais non sans profonde conviction. Il y avait quelques contusions évidement, mais c'était surtout le renflement sur l'articulation que la jeune fille jugea primordial. « Je pense que tu devrais tout de même t'occuper de cela avant que ça devienne vraiment handicapant. » Elle pouvait facilement lui procurer un remède au dortoir mais cela sous-entendait retourner là-bas dans leur état fébrile respectif. Moyennement conseillé. « Je persiste à croire qu'il ne savait rien de très compromettant. Même si je n'ai pas tout compris sur la partie concernant ton père... » Interceptant un regard peu amène du garçon elle se reprit très vite. « Et je ne te demande rien dessus, je suis pense que c'était plus de la provocation qu'autre chose. »

Anton était à présent hors de lui. Il se sentait à la fois bouillir de rage et emprunt d'une incapacité à agir. Entre deux feux, il choisit de tenter de se calmer, ce qui était toujours une épreuve douloureuse connaissant le caractère houleux et imprévisible du jeune homme. Il croisa le regard de Clio qui se tenait toujours à ses côtés, sans pour autant lui intimer de se calmer. Elle le connaissait assez bien pour savoir que cette manoeuvre était inutile et ne ferait qu'aggraver l'était de nerfs dans lequel il avait plongé tête la première.

Sa gorge le brulait d'une envie irresistible de hurler sa haine et sa colère contre ce monde qui semblait s'acharner sur lui. Le néant et la noirceur emprisonnait ses pensées. Il ne pouvait penser qu'à l'étudiant qui venait de s'éclipser sans encombres de son emprise. Ses mots. Son sourire. Son regard. Il repensa alors à ses frères qui avaient si souvent arboré ce regard menaçant et satisfait à la fois. Lorsque qu'ils lui avaient si souvent lavé le cerveau sur leur dévouement sans pareille aux Seigneur des Ténèbres.

L'Abraxan fut tiré de ses pensées par les mots lointains de Clio mais surtout de sa main froide sur la sienne, brisée. Il lui fit lâcher prise en éloignant relativement vite sa main de la jolie blonde. Il ne voulait pas que l'on s'arrête sur de tels détails, il lui fallait comprendre ce qui venait de se passer. Sa main ne devait comporter qu'une légère fracture du quatrième métacarpe, à en voir l'hématome grandissant. Un détail. Il releva le nez vers sa comparse, le regard plus sombre que jamais.

- De la provocation efficace...

Il passa sa main valide sur sa joue, frottant sa barbe. C'était une habitude qu'il avait prise dès lors qu'il réfléchissait, comme si le geste aurait aider le processus de réflexion. Son regard parcouru les escaliers qu'il venait de dévaler comme pour y trouver une réponse enfoui dans la pierre de l'Académie. En vain.

- Je crois que je vais aller marcher un peu...

Par là, et il savait que Cliodna avait lu entre les lignes, il entendait seul. Après tout, le Comte leur avait garanti la sécurité au sein de sa demeure. En cela, Anton acceptait de placer son sort entre les mains d'un homme si mystérieux et tellement redouté. Il espérait avoir raison d'agir ainsi, même s'il le savait, ses jours étaient probablement compté dans l'enceinte d'Haveirson. Il descendit quelques marches, plaquant sa main blessée contre son abdomen, en réflexe de protection. Avant de sortir du champs de vison de Cliodna, il se retourna une dernière fois vers cette dernière, un sourire triste aux lèvres.

- Désolé pour le manque d'action, promis je me rattraperai la prochaine fois...

Et avec un léger signe de la main, il disparu dans les escaliers foires et glacials du château.

Cliodna se félicita intérieurement d'avoir fait profil bas face au garçon, quand elle le vit lentement tenter de se calmer. Elle connaissait ce genre de tempérament. Si elle avait été à sa place, elle aurait détesté qu'on tente de la calmer de force. Il fallait que cela vienne de lui-même, et aucunes paroles réconfortantes ne l'auraient aidé à y parvenir. De toute façon, elle était incapable de vraiment consoler quelqu'un, elle n'avait pas le mode d'emploi. Cela lui avait d'ailleurs souvent valu quelques remarques ou reproches de ses « amis » lorsqu'elle était plus jeune, mais c'était comme ça. Elle était comme ça : empathique mais pas condescendante.

Ce qui venait de se passer la laisser tout de même songeuse. Déjà, la déclaration de son collègue avait été surprenante. Qu'est-ce que les Mangemorts pouvaient bien vouloir à un étudiant comme Anton ? Bien sûr, son ascendance lui valait un certain intérêt mais de là à mettre sa tête en jeu... Elle n'avait pas toutes les pièces du puzzle et sa curiosité maladive prenait un peu le pas sur sa raison. Elle ne poserait pas la question aujourd'hui, ni demain... Mais cela restait un mystère à suivre. Elle avait un mauvais pressentiment à ce sujet. On était pas recherché par les Mangemorts sans conséquences. Même quand on avait toute la chance du monde de son côté.

Priorité une, remettre Anton dans le monde réel. Cela sembla marcher sans que Clio le désire vraiment mais apparemment sa blessure physique se ramena à lui quand elle tenta d'en évaluer les dégâts. C'était certainement une fracture, mais c'était aussi le dernier des soucis du jeune homme. Et au vu de la rapidité avec laquelle il retira sa main, elle en conclut que, comme elle, le contact physique n'était pas le bienvenu.

Bien sûr qu'il ne s'agissait que de provocation. Cet élève n'était peut-être même pas au courant du quart de ce qui pouvait bien se dire dans le cercle ennemi mais c'était suffisant pour faire douter l'esprit, et c'était tout ce qui suffisait. Parce que la déstabilisation mentale, c'était la première voie vers la destruction physique. « Certes, mais que cela ne t'affaiblisse pas... On parle de Mangemort Anton. Ils s'en prendront à sa moindre faiblesse, ne les laisse pas t'atteindre. » Facile à dire pour une orpheline. Mais cela restait tout de même vrai. Ce moyen de pression était efficace, pourtant, il fallait que le garçon garde la tête froide. « Juste... Fais attention à toi. »

Cela sembla marquer la fin de leur entrevue car elle perçu très bien le moment où le besoin de solitude se fit sentir chez lui. Elle n'allait pas l'en blâmer, c'était tout à fait normal. Elle aurait juste aimer pouvoir faire plus, bien qu'elle en soit incapable. Peut-être qu'il avait besoin de ce temps d'introspection après de tels événements. Elle ne fit que hocher la tête positivement, retenant un sourire encourageant. Ce n'était pas un enfant qui allait réfléchir à une bêtise. C'était un adulte en grand danger.

La blonde le regarda alors s'éloigner, se demandant comment il allait s'en sortir avec tout ça, quand ce dernier se retourna une dernière fois vers elle. De l'action ? Elle eut envie de légèrement ricaner, ils en avaient eu de l'action... Pas celle qu'elle aurait préféré mais bon... « T'as intérêt Costello, j'y compte bien. »