Ingérence nocturne | Libre.

Il était tard, encore une fois. La salle de la bibliothèque se vidait bien plus vite qu'elle ne l'eut cru, ne remarquant pas le silence surnaturel qui régnait désormais. Elle griffonnait encore les quelques lignes qui lui étaient importantes avant d'aller se coucher. Elle appréciait écrire et étudier dans le silence malgré les brouhahas de ses camarades qui lui servait de musique de fond. Mais voilà encore le problème, il était tard et Novenka avait à nouveau enfreint le règlement intérieur. Le couvre-feu allait passer dans la minute.
Novenka s'en rendit compte sûrement à temps, mais elle n'avait pas assez de temps pour rejoindre sa chambre. Elle se pinça doucement les lèvres et prit une décision. Elle avait dans sa poche, sa baguette. Elle n'était pas partie faire d'excursion nocturne depuis très longtemps, fière de respecter le règlement. Aussi, et elle le savait, elle ne pourrait pas à nouveau défié les limites du Comte alors ce serait un retour au petit matin...

Elle sortit doucement de la bibliothèque abandonnant son cahier et sa plume qu'elle cacha derrière une grosse pile de livres. Elle ferma doucement les grands battants des portes et sur la pointe des pieds, elle s'enfuit jusqu'à la grand porte. Le gong sonna l'heure du couvre feu et Novenka se précipita hors du château. Emprunte à un stress indescriptible, une adrénaline incroyable et le sourire niais des gens biens heureux.
Ce n'est pourtant pas faute d'avoir été, la veille, réprimandée gentiment par le préfet des Sinistros. Rowan Westminbrook. En courant hors de l'enceinte, les souvenirs de la nuit dernière la fit sourire et elle disparut dans la pénombre en même temps que ce sourire innocent.


Novenka arriva à Avalon, enfin. Dans le centre ville, la population était bien différente de sa fréquentation du jour. Le nombre de poivrots était incroyables, et le dégout se peint sur le visage de la jeune Yougoslave. Etait-il possible d'être aussi désespérés au point de ressembler à une loque humaine ? Novenka marcha prudemment et en silence, prenant soin de longer les murs et de se tapir dans l'ombre. Une jeune femme au milieu de la rue allait surement faire scandale... Surtout que Novenka était pacifique, et refusait de faire le moindre mal à quiconque sauf en cas de réelles nécessités. Mais ce n'était clairement pas son objectif ce soir. Mais les tensions étaient encore fortes et absolument pas apaisés. Rufus Scrimgeour avait presque fait un appel à la guerre civile, et Novenka avait pris ce petit bonhomme en horreur. Comment pouvait-on agir sur la violence en étant violent... La logique ne collait pas. On annihile pas un problème en se montrant plus féroce encore, la peur et la détresse sont bien plus meurtrières.

Elle avança jusqu'à un jeune homme qu'elle se jura avoir déjà vu. Il discutait avec un ivrogne, et la discussion ne semblait pas être bien partie. Sauf quand un paquet mystérieux atterrit sur le torse du moldu. Ghrystal. Elle le remettait, elle l'avait déjà croisé dans les couloirs et dans la salle commune d'Abraxan. Une fois, cependant. Ils n'étaient pas amis, ne se connaissaient que de rencontres éclaires et d'un salut express.
Novenka sortit de l'ombre et avança jusqu'à lui quand ses mouvements se trouvèrent être entravés par quelque chose. Elle se retourna et vit un homme, le sourire sale et puant l'alcool lui retenir le bras avec une force herculéenne. Elle se débattit en lui sommant de la lâcher. Mais il ne fit rien et tenta même de la tirer dans l'ombre chuchotant qu'une si jolie jeune fille n'avait rien à faire dehors.
Il avait raison mais elle n'était pas n'importe quelle jolie jeune fille.

« Ne m'obligez pas à vous faire du mal... »

Elle glissa son autre main dans sa poche pour y attraper sa baguette, mais l'homme saoul lui attrapa la main baladeuse, et la pauvre baguette roula sur le sol. Elle n'avait plus le choix... Attirer l'attention sur elle. Alors que l'homme regardait penaud la baguette sur le sol avant de la regarder effrayé : Sorcière, avait-il articulé en silence.

« Ghrystal ! A l'aide ! »

A bout de souffle, Novenka tenait bon et la surprise de l'homme lui permit de reculer légèrement malgré l'emprise sur ses bras qui se faisait ferme et méchante.

Elle tournait, elle virait, sa bouche engourdie par le même breuvage ambré qui reposait dans son verre, sur son bureau. Elle le fixa un instant, au creux de sa main. Ses doigts se resserrèrent sur la silice habilement métamorphosée, et l'espace d'un instant, elle sortit de ses pensées. C'était magnifique tout de même, comment des hommes sans magie pouvaient-t-ils faire pareille merveille ? Ce n'était qu'un verre, un récipient, mais le savoir faire était là. Elle les admirait, elle aurait voulu avoir être aussi habile sans magie. Un sourire fendit son visage marqué par l'absence de toute émotion. Même maintenant elle arrivait à rêvasser. Quelle idiote. Gonflant sa poitrine d'air frais, maintenant accoudée à la fenêtre, elle ferma les yeux et porta le verre à ses lèvres, noyant son sourire avec une gorgée de whisky. Le couvre-feu n'allait pas tarder à sonner. Non pas qu'elle en avait quelque chose à carrer, mais elle ne voulait pas rester ici. Pas ce soir. Elle avait besoin d'air, de... liberté ? Elle ne le savait pas. Mais c'était là.

Schéma habituel, gestes répétés, un leitmotiv bien morne lorsque on y pense. Mais qui pense, honnêtement, qui se soucie de ces chose, se questionne sur la vie. Qui a vu la mort en face, assisté à des choses horribles ? Quel rapport ? Les sots, les insouciants ne savourent pas la vie, ils se complaisent dans leur routine. La blonde, après s'être emparée de sa veste, ouvrit la porte et se dirigea hors du château. De là, elle transplana jusqu'à une rue d'Avalon qu'elle savait vide à cette heure là. Elle se souvint alors avoir laissé son Jack sur son bureau. Feisigh. Peu importe. Il y aurait bien un bar ouvert à cette heure là, quelque chose de pas trop craignos où elle pourrait refaire le monde avec deux ou trois types eux non plus pas trop craignos autours d'une bonne bière. Tout ce qu'elle voulait c'était ne plus penser aux événements récentes pour le moment, pour quelques heures, juste quelque heures...

Alors qu'elle s'engagea sur le chemin de la plus proche taverne un cri retentit. Non loin. Le cri d'une femme à qui on souhaitait montrer autre chose que sa charité. Sans attendre, et encore vive, l'apprentie Auror accourut aussi vite que possible vers le lieu de l'agression - légitimement supposée. A peine avait-t-elle fait dix mètres que la jeune femme hurla de nouveau. Elle hurla quelque chose qui troubla profondément la blonde. Ghrystal. Son sang ne fit qu'un tour, s'il était là c'est que les ennuis n'étaient pas loin. A cet instant elle arriva à l'endroit où la jeune femme et son assaillant se trouvaient, et sans réfléchir d'avantage, elle combla la distance entre elle et lui et d'un main vint saisir sa trachée, tout juste assez fort pour que ce soit clairement inconfortable... Son pied vint alors se poser dans le creux derrière le genou de l'inconnu et elle appuya pour faire plier avant de le faire se coucher au sol, à plat ventre.

Immédiatement elle vient lui faire une clé de bras et appuya son genou en pleins sur ses reins. Aucune animosité ne l'animait, elle faisait preuve d'une froideur contrôlée, ne cherchant pas à lui faire mal outre mesure. Siobhan se contentait de le maintenir sagement. Tout en levant les yeux elle interrogea la jeune femme d'une voix se voulant rassurante. La pauvre venait de subir une agression, l'effrayer d'avantage n'aurait servit à rien. « Est-ce que tout va bien Mademoiselle ? Il ne vous a pas blessé ? » Peu de chance qu'elle ai été blessée. L'Irlandaise était intervenue plus vite que l'éclair et avec une efficacité remarquable. « Que faites-vous ici à cette heure là ? » tout en attendant la réponse, elle chercha Ghrystal du regard...

Entravée et l'impossibilité de s'en dépêtrer, comme si le monde était contre elle. Comme si le monde entier voulait la voir plier genou, et ... souillée si jeune, par cette créature. Malgré la surprise de l'homme vorace, le fait d'être sorcière ne semblait pas lui poser un problème. Si seulement elle pouvait être une sorcière aux grands pouvoirs, elle pourrait, sans baguette, effectuer des sortilèges informulés, mais là est tout le problème, elle ne gère pas ce genre de magie. Pas du tout. Elle continuait néanmoins de se débattre, malgré les larmes qui roulaient sur son visage devenu pâle. Le sourire de l'homme s'élargit à mesure que les larmes tombaient en gouttes d'eau lentes sur le sol.
En levant les yeux dans la pénombre, une silhouette se détacha de l'ombre. Une magnifique femme blonde, de grand yeux, un visage harmonieux... Mais la colère peinte sur ce visage si parfait lui donnait des airs de guerrière, elle était impressionnante.
Cette guerrière la libéra de cette emprise qui lui fit des rougeurs absolument horribles sur les poignets, dignes des plus grandes brûlures indiennes. Novenka se les frotta avec douceur et finit par regarder la scène, cette guerrière blonde était magnifique quand elle faisait justice. Enclaver, l'homme grommela mais ne résista pas, la force de la guerrière devant être incroyable. Puis Ghrystal passa près d'elle remuant l'air à sa droite, son parfum d'homme rassura immédiatement la jeune yougoslave.
Quel tableau incroyable. Une femme digne de Xena la guerrière et un homme de loi ensemble face à l'injustice. Ils étaient si bien accordés malgré les paroles peu assurées de Ghrystal qui se reprit aussitôt, virant de l'incertitude à la menace.
Novenka écarquilla doucement les yeux, la baguette tendue vers l'homme, Ghrystal n'hésita pas un seul instant. Fier et hautain, un mélange de virilité et de mesquinerie. On aurait pu croire qu'il prenait plaisir à défigurer le bougre qui puait l'alcool. Était-ce faire justice ? Mais elle n'allait pas s'en plaindre, malgré la pointe de culpabilité.

Le vieux clochard s'échappa, hurla dans des ruelles silencieuses. Novenka le suivit du regard jusqu'à ne plus rien en voir avant de tourner son doux visages sur ceux plus fermés de Siobhan et Ghrystal.
Elle fronça doucement des sourcils, voulant répliquer qu'elle était grande et qu'elle faisait ce qu'elle voulait. Non mais dis donc. Mais elle se ravisa aussitôt, elle récupéra sa baguette qu'elle serra fort contre son cœur. Cette baguette, seule héritage d'un grand homme. Elle la garda en main et elle s'approcha de Ghrystal. Plissant les yeux, elle approcha ses doigts froids du visage dur de son compagnon Abraxan. Elle retira un morceau de plastique qui brillait à la lumière et le jeta sur le sol.

« Tu... Tu avais ça sur le visage. » Elle se tourna vers Siobhan, elle écarquilla les yeux et la reconnut enfin sous les lumières des lampadaires. «Siobhan, évidemment, il ne pouvait y en avoir qu'une. Merci beaucoup, et pour te répondre... » Elle toisa Ghrystal. « Je vais bien, et sans ton intervention, je ne m'en serais pas sortie sans encombre. Je suis contente de te voir, tu es toujours aussi sublime quand tu te bats ? » Puis elle se retourna vivement vers Ghrystal. « Et si je suis là ce soir c'est parce que j'ai manqué le couvre-feu et que je ne veux pas subir, une nouvelle fois, le courroux de l'Académie. » Elle finit par regarder Siobhan dans les yeux, comme pour y trouver du réconfort ; et la prit dans ses bras frêles et encore tremblants. « Bien que je fusse bien accompagnée, cette soirée fut véritablement horrible, je ne veux pas revivre pareil châtiment. Permettez-moi de rester près de vous cette nuit. »

La blonde se fendit d'un sourire lorsque quelque son vinrent sonner à ses oreilles, relevant la tête pour aviser l'individu dont le ton et le timbre étaient plus calme et plus "chaleureux", plus "humains" qu'à l'accoutumée; Ghrystal avançait dans sa thérapie, visiblement. Son petit commentaire lui tira un léger rire cristallin et élargit quelque peu son sourire, le mouvement était mince mais il était bien là, et avait échappé à la volonté -et surtout à l'attention de la blonde. Elle ne répondit pas, le jeune homme reprenant la parole quasi immédiatement après tandis qu'il pointait le bout de sa baguette vengeresse sur le nez de l'homme à terre. En premier lieu, elle inspire et gonfle sa poitrine d'une fierté bien dissimulée, elle n'avait fait que son devoir de citoyenne et rien de plus, mais ça la mettait en joie; puis s'ajoutèrent à cela les mots qu'avait employés son collègue, l'Irlandaise était partagée entre des émotions contraire, mais ce fut une sorte d'indignation qui prit le dessus lorsque il lui lança un sortilège. Le petit rire n'arrangea rien, et Siobhan fronça quelque peu les sourcils, ce geste allait à l'encontre de la morale. Sa morale; de sa fierté.

Elle lâcha finalement le pauvre homme et se redressa avant qu'il ne détale comme un lapin. L'apprentie Auror se mit alors à songer aux intentions de l'individu, elle n'y avait pas vraiment pensé lors du "sauvetage", ce n'était pas la priorité. Mais à présent, de sombre pensées envahirent son esprit, si bien que son visage se ferma totalement, hermétique, glacé, l'on aurait presque pu apercevoir la condensation sur sa peau d'albâtre. Elle brûlait intérieurement mais s'efforçait de contenir ce brasier qui promettait d'entièrement la consumer si elle le laisser prendre de l'ampleur. Jamais. Tournant alors les yeux vers Ghrystal elle se radoucit un brin. « Visiblement. » fut sa seule réponse, aucune émotion dans la voix, simplement plate, humaine mais dépourvue de sentiments. Novenka enchaîna alors en alternant entre les deux futurs Aurors, et la blonde lutta de nouveau pour recouvrer une attitude plus humaine.

Un sourire déchira ses joues crispées par la haine; il était de ceux que l'on arbore habituellement pour duper, et cela marchait. La Kvelgen était passée maître dans l'art du factice. Néanmoins, le regard et l'étreinte de Novenka firent retomber la colère, elle se retrouva désarmée face à la douceur qui caractérisait la yougoslave, et n'eu d'autre choix que de refouler la haine qu'elle portait envers le clochard. « C'est normal... fit-t-elle en étreignant à son tour l'Abraxan, ça ne me pose aucun de problème, bien au contraire, je préfère te savoir en sécurité que déambulant dans les rues ou pire, que tu rentres à l'académie et que tu endure les sévices du fou furieux. » elle se détacha de sa camarade après une poignée de seconde et, dans un geste naturel et emplis de la même innocence dont avait fait preuve Novenka à la cafétéria, posa doucement une main sur sa joue pour brièvement la caresser du pouce. Le geste en était presque maternel.

« J'imagine que ça ne te pose pas de problèmes Ghrystal ? » fit la valkyrie en se tournant vers lui tandis qu'elle venait avec douceur saisir l'avant-bras de la jeune femme comme pour, au final, ne pas vraiment laisser de choix de réponse au jeune homme; quelque chose lui disait qu'il comptait poursuivre quelque chose... un but... une mission. Elle le sentait au fond d'elle, c'était clair. La blonde laissa l'apprenti Auror répondre, et elle lui offrir un doux sourire avant de tourner son visage vers celui de Novenka pour lui en offrir un similaire. En l'espace de cinq minutes, ses plans pour la soirées avaient radicalement changés, et ce n'était pas pour lui déplaire, elle ne songeait plus à tout ce qu'il s'était passé, elle se sentait bien, appréciée, et étrangement en sécurité... L'ambiance que la nuit donnait aux ruelles lui réchauffait le coeur et parvint même à lui tirer un petit frisson; elle rêvassait à sa manière, laissant son esprit créer de douces illusions quant à la suite de la soirée et quant à la relation du trio.