Espérances [Rp - Drago]

Spoiler:

Drago avait été véritablement perplexe en lisant la lettre de Marie. Leur première rencontre ne s’était pas vraiment bien passée, et c’était l’euphémisme du siècle. Cependant, depuis quelques jours, les choses avaient changés, et force était de constater que Marie s’était fort bien poliment exprimée dans sa missive. Bien qu’un peu sec et amer, Drago lui avait répondu en acceptant son invitation, à moitié par curiosité, et à moitié par obligation. Et on ne parlait pas de politesse.

Il ne s’était pas habillé plus élégamment qu’à son habitude, mais il devait avouer qu’il maintenait un certain standing depuis qu’il était le seul Malefoy mâle à fouler librement cette terre. Quand il arriva au point de rendez-vous, à l’heure donnée, il ne s’attendait pas du tout à ce que Marie ait une robe aussi belle. N’y avait-il pas un malentendu là ? Était-ce un rencard, et on ne l’avait pas prévenu ? Perplexe, Drago fronça les sourcils avant de chasser cette idée de son esprit. Tant pis ! Advienne que pourra.

Il s’avança vers la jeune fille d’un pas qu’il voulait décidé, même s’il ne savait vraiment pas à quoi s’attendre. Elle le salua très poliment, encore une fois, ce qui eut pour effet de le rendre encore plus méfiant. Cependant, il lui répondit d’une voix la plus douce possible.

— Bonsoir Marie. Je vais bien et toi ?

Les banalités habituelles… ou pas. Marie avait sorti un cadeau. Une bague. Ouh là, c’était quoi ce plan là ? Elle voulait le marier ? Reprenant une contenance toute aristocratique, Drago cacha sa perplexité et accepta le présent.

— Merci mais… Ce n’était vraiment pas la peine de te donner autant de mal.

L’objet était beau et bien ouvragé, mais Drago avait déjà la chevalière de sa famille, qu’il avait récupéré quand son père avait été envoyé à Azkaban. Enfin, il pouvait bien faire un effort pour Marie, puisqu’elle en faisait pour lui. Même si… Non. Pas pour Marie. Pour Yvain. Il glissa la chevalière sur son auriculaire droit et s’inclina.

— Je n’ai malheureusement rien pour toi, du moins, pas ce soir.

Il pouvait bien lui demander de lui pardonner, mais ce serait un peu fort de café, compte tenu que c’était surtout à elle de s’excuser. Ce qu’elle avait fait, quoique pas assez au goût de Drago. Mais il n’avait pas le choix. Cela le dépassait. Alors il inspira un grand coup et tenta un sourire. Le résultat n’était pas trop mal.

— Je pense qu’on peut dire que tes excuses sont totalement acceptées désormais.

Ok, et maintenant, que feraient-ils ? Drago doutait d’avoir beaucoup de conversation avec une jeune élève de première année mais, il pouvait toujours tenter.

— Alors, comment vont les cours ?

Oh, sérieusement ? C’était pitoyable. Drago avait beau avoir grandi dans un milieu aristocratique et être censé avoir appris les rudiments de l’art de la conversation, il était toujours aussi peu subtil.

Drago était toujours perplexe face au cadeau de Marie. L’intention était louable, mais souhaitait-il toujours avoir une bague avec ses initiales dessus ? Un objet qui lui rappelât ses origines, le blason ophidien des Serpentards et le nom désormais souillé des Malefoy ? Il n’en était pas certain. Mais pour ne pas blesser Marie, pour ne pas la mécontenter peut-être aussi, il sourit et accepta le présent.

— C’est… très inattendu pour moi, Marie. Tout le monde fait des erreurs et je suis touché que tu cherches à réparer la tienne. C’est bien plus que ce que la plupart des gens font.

Il esquissa un petit sourire, qui s’élargit quand Marie évoqua son goût pour les cadeaux. En réalité, Drago ne pensait pas être si bon que ça. Il faisait rarement des cadeaux, et quand c’était le cas, il avait toujours l’impression qu’ils étaient mal compris ou pas appréciés à leur juste valeur. Alors non, il n’était pas très bon pour les cadeaux. Mais il n’allait pas le lui dire.

— Une autre fois peut-être, alors.

Bien, les choses étaient désormais réglées entre eux. La dispute serait bien vite oubliée à présent, juste un autre souvenir dont ils riraient peut-être. Cependant, la tournure de phrase de Marie ne plut pas réellement à Drago. Son sourire se figea un court instant, avant qu’il ne détourne le regard et n’aille s’asseoir sur une des tables de la salle. Son nom, et maintenant son influence. Oh, il ne s’était pas fait d’illusions. Il savait bien que Marie cherchait à profiter de lui, tout comme il était prêt à se servir d’elle, restait que ça n’était pas spécialement agréable de se le faire rappeler.

La suite ne l’enchanta pas spécialement non plus, mais après tout, Marie était jeune et encore aveugle à certaines nuances. Drago esquissa un nouveau sourire un peu amusé, avant de secouer doucement la tête.

— Non, les choses sont plutôt calmes. La plupart des élèves sont encore sous le choc de ce qu’il s’est passé à Noël et des événements qui secouent le pays… Les guéguerres de maisons paraissent soudainement vaines pour beaucoup.

Et il en faisait partie. Ce n’était même pas qu’une question de point de vue personnel, ça servait un but encore plus noble, qui dépassait de loin sa petite personne. Est-ce que Marie serait capable de le comprendre ? Drago en doutait, et il perdrait beaucoup si elle ne le suivait pas jusqu’au bout.

— À vrai dire, en tant que sorciers, ces querelles entre maisons nous font plus de mal que de bien. L’heure est au rassemblement, non ?

Face à une menace moldue toujours plus grande, ils n’auraient d’autres choix que de s’unir, ou périr.

Marie faisait preuve d’une véritable ouverture d’esprit, ce qui n’était pas peu dire quand on la connaissait un peu. Bien sûr, Drago n’était pas dupe : elle ne s’intéressait à lui que pour son patronyme et tout ce qu’il y avait derrière. Elle n’en voulait sûrement qu’à sa Marque, et serait incapable de voir au-delà, que ce soit par aveuglement personnel ou à cause de son âge. Elle était encore très jeune, pétrie de certitudes qui viendraient tôt ou tard se briser contre la réalité. Drago n’était pas sûr de vouloir jouer le rôle du rabat-joie, mais il doutait aussi d’en avoir le choix. Alors autant lui passer de la pommade tant que c’était possible. Et si ça devait passer par un cadeau en réponse au sien, alors pourquoi pas ?

— Je ne te dois rien, c’est vrai, mais ça me ferait quand même plaisir.

Il n’était peut-être pas aussi froid qu’il le laissait paraître, mais il était toujours aussi calculateur. La flatterie fonctionnerait sûrement avec Marie, ce qui était une bonne chose, car elle risquait d’être plutôt surprise par certaines tractations des Partisans, dût-elle en faire partie. Elle était sur la bonne voie pour, en tout cas.

Et justement, ils abordaient la partie la plus dangereuse, la pente glissante de leur discussion. Drago avait bien compris où voulait en venir la jeune Winnesser avec ses cadeaux et sa soudaine déférence. Pas que ça ne lui fasse pas réellement plaisir ou qu’il n’ait pas été touché, mais il fallait bien se rendre à l’évidence. Ni lui ni elle ne perdaient le nord.

Ses mots étaient plutôt durs, et pas franchement politiquement corrects. Mais après, le politiquement correct, l’enrobage et tout ça, c’était plutôt l’affaire d’Yvain. Drago lui-même avait parfois du mal à ne pas faire de dérapage verbal… Alors avec un petit soupir, il hocha lentement la tête.

— Je te comprends. Les moldus nous menacent, nous tous en tant que sorciers. Et je doute qu’ils fassent la différence entre un Gryffondor ou un Serpentard, ou entre un sang-pur ou un sang-de-bourbe.

Il avait choisi ses mots avec soin cette fois, espérant toucher là où ça faisait mal. Utiliser le vocabulaire et les intonations de Marie, tout en changeant le fond de son discours. Peut-être qu’un jour, Drago serait aussi bon qu’Yvain en manigances politiques et en manipulation, qui sait ? Ce serait impossible pour lui de l’admettre, mais il admirait son aîné Serpentard pour ce don qu’il avait de présenter les choses sous un angle si nouveau que tout paraissait différent.

— Et on ne peut pas rester inactifs.

Une évidence, dite sur un ton trop déterminé pour passer pour une simple remarque sans importance. Non, c’était une vraie perche tendue à Marie, qu’il renforça d’un regard fixé dans ses yeux, soudainement très sérieux et perçant. Voudrait-elle le suivre ? Faire tout ce qu’il lui demanderait ?