La fin d'une gêne inutile [PV Novenka]

Encore une après-midi passée à travailler avec acharnement. Il faisait de sacré progrès en métamorphose. Il était éprouvé par l'énergie que ça lui prenait, mais il était content du résultat. Il avançait beaucoup dans les transformations humaines. Cela l'aidera sûrement sur ses recherches pour devenir Animagus. Il ne cessait jamais avec la théorie. Il la lisait, la relisait, prenant toujours plus de notes sur les points qu'il devait travailler pour réussir ce défi qu'il s'était fixé. Il y arriverait un jour, il en était sûr. Mais ça prenait du temps. C'était un sujet des plus compliqués. Et, lorsque l'on approchait de tels sujets en Métamorphose, les sources d'informations se faisaient rares. Dans le cas des Animagus, seule une poignée de livres en parlaient car peu de sorciers ont jamais eu l'occasion d'en croiser et de pouvoir écrire à leur sujet. En effet, très peu de sorciers prennent le temps d'un tel entraînement pour le résultat qu'il permet. Le français ne comprenait pas ce raisonnement. Pour lui, c'était une métamorphose très intéressante, autant d'un point de vue intellectuel que pratique. C'était pour lui fascinant de réussir une telle transformation. C'était de la magie à l'état pur, c'était magnifique.

Il rentra dans sa chambre pour y déposer ses manuels. Il en profita pour faire un peu de rangement avant d'aller dîner. Jusque là, rien d'anormal. C'était sa petite routine lorsqu'il était à Haveirson. C'en était même presque triste qu'il en soit amené à ça. Et pourtant, c'était le meilleur moyen pour lui de travailler avec autant d'ardeur et de passion cette discipline magique qu'il aimait tant : la Métamorphose.

Il rentra dans les quartiers des chevaux ailés. Il avait encore quelques recherches à faire. Il alla donc chercher un manuel qui, il en était sûr, s'avérerait être une source incroyable de connaissances, notamment pour aller toujours plus loin dans la pratique de sa discipline. Il s'agissait d'un exemplaire de "La botanique et les potions en métamorphose". Il était sûr que certaines plantes magiques pouvaient l'aider dans ses transformations. Il s'installa devant le feu de la salle commune. Il commença à rédiger les squelettes de deux lettres qu'il complèterait une fois sa lecture de la soirée avancée : une pour le professeur McGonagall et une pour le professeur Fitzsimmons.

Quand soudain, quelqu'un s'approcha du coin du feu à son tour ...

La journée était habituellement longue, comme toutes les fois où la jeune femme avait cours. Elle pensait même faire un détour par la bibliothèque pour y étudier plus assidument mais la volonté était feinte. Trop de boulot réduisait l'efficacité d'apprentissage, alors cette fin d'après-midi allait être le repos tant mérité. Elle n'aurait pas à se presser de peur de dépasser à nouveau le couvre-feu, c'était une bonne chose. Rowan ne serait pas toujours là pour la sortir d'un mauvais pas.
Les portes de sa confrérie était qu'à quelques pas quand elle se rendit compte qu'elle avait oublié une note dans la salle de classe. Elle s'arrêta un instant, prise d'un doute. Elle aurait tout le loisir de la récupérer demain, son nom était inscrit sur le dit parchemin, si on le trouvait on le mettrait de côté ou mieux on lui rapportait.

Elle poussa les portes de la confrérie et avec une chaleur familière, la jeune femme se laissa envouter par le désir de procrastination. Si bien, qu'elle s'affala sur le canapé près d'une fenêtre et elle somnola.
Le sourire en coin, elle observait la nuit naissante qui fendait le ciel en deux, prouvant sa suprématie à la journée. Le ciel devenant sombre, chassant la blancheur des nuages de mars pour laisser place au bleu marine. Le soleil caché par ses énormes nuages ne parvenait pas à transpercer ses couleurs du crépuscule. Alors nous passions rapidement du blanc au noir. La poésie en était tout aussi miraculeuse.

Elle leva les yeux quand Dean passa devant elle sans la remarquer. Il se dirigeait vers les chambres, elle baissa la tête un instant. Ils ne s'étaient pas parlé depuis si longtemps... Passant l'un à côté de l'autre dans un simple bonjour maladroit.
Leur histoire en France ayant laissé quelques séquelles en leurs cœurs, Novenka avait du mal à le voir autrement que celui qui avait fait briller quelques étoiles dans ses yeux bleus. Deux mois, c'était la durée de leur relation. Des années était le malaise entre eux.
Une si jolie histoire, pleine de promesses et de mots tendres. Dean était encore jeune, c'est vrai. Et maintenant, il était un homme, beau et de fière allure.

Il revint des chambres et se posa près du feu. Elle regarda autour de moi et se me rappela les yeux translucides de Rowan pour se donner le courage de rejoindre Dean pour enfin discuter, crever l’abcès. Elle laissa courir ses doigts sur le dossier du canapé avant de s'arrêter devant l'accoudoir, les joues rosies par une gène qui n'avait pourtant pas lieu d'être.

« Tu permets que je m'assoie près de toi ? Oh... Tu fais ta correspondance. Ce n'est peut-être pas le moment de t'ennuyer. »

Malgré son affirmation, elle préféra attendre d'être congédiée ou appelée à son côté.

Il venait de s'installer auprès du feu de leur salle commune. C'était vraiment un coin agréable pour travailler une fois le soir venu, tout en restant ouvert à la moindre discussion avec ses camarades de confrérie. Et c'était le cas ce soir. Il avait des recherches à faire, mais il ne serait pas mécontent d'être dérangé dans son travail. Il l'espérait même. Il voulait passer une bonne soirée, à discuter au coin du feu, en compagnie de ceux avec qui il partageait son quotidien. Il avait ainsi commencé à écrire les squelettes de lettres aux professeurs McGonagall et Fitzsimmons. Il attendait d'avoir fait ses recherches de la soirée avant de rédiger les véritables lettres, afin de savoir vraiment ce qu'il avait à leur demander, et surtout comment formuler sa demande.

Ce fut une silhouette bien connue qui vînt le sortir de sa correspondance. Il l'avait déjà aperçue depuis le début de l'année, mais un malaise persistait entre eux. Le français avait connu la yougoslave alors qu'elle visitait le pays natal du jeune homme. Ca avait tout de suite marché entre eux. Pas besoin de se poser de questions, ni même parfois de discuter, ils se comprenaient directement. Et ils étaient restés ensemble ainsi pendant deux mois. Leur amour ne dura qu'un été, mais quel été ! Néanmoins, cet été était maintenant loin d'eux, et pourtant une gêne existait toujours entre les deux jeunes gens.

Lorsqu'il leva le regard vers elle, il sentit les souvenirs de cet été remonter en lui. Et les sentiments qui allaient avec aussi. Il se souvient avoir été triste lorsqu'ils s'étaient quittés, mais il savait aussi pertinemment qu'ils n'avaient pas vraiment eu d'autres choix que de se quitter. Il la voyait rosir les joues alors qu'elle lui demandait si elle pouvait s'asseoir près de lui. Elle remarqua sa correspondance et proposa de le laisser. Il lui répondit directement :

- Au contraire. Je t'en pries, assieds-toi, dit-il en montrant la place à côté de lui sur le canapé.

Il rangea ses affaires et les posa sur la table à côté du canapé. Il se tourna alors vers elle. Il n'était pas à l'aise non plus. Mais il fallait qu'ils crèvent l'abcès, qu'ils arrivent à vaincre cette gêne, qui n'avait pas lieu d'être d'ailleurs, afin d'être amis. Ils avaient tout deux grandi, et si leur passé avait été merveilleux, ils avaient maintenant à faire avec le présent. Ils ne savaient pas ce qu'était devenu l'autre durant tout ce temps. Il reprit :

- Ça faisait longtemps. Tu .... Qu'est-ce qu'y t'es arrivé durant tout ce temps ? Tu faisais un tour d'Europe, c'est ça, non ? T'as réussi à le boucler ? T'as du voir tellement de belles choses !

Novenka posa ses doux yeux bleus azurs sur le visage jovial de son compagnon de maison, il ne semblait pas être pris pas sa correspondance et laissa même tout gésir sur la table. Elle lui sourit avec chaleur et se laissa tomber avec une certaine nonchalance sur la place indiquée. Elle fixa le feu alors que le mot français résonnaient encore dans son esprit. Cette langue était magnifique, bien que Molière et Novenka étaient légèrement fâchés. La difficulté de cette langue avait toujours fascinée la jeune yougoslave. Shakespeare restait son meilleur allier, néanmoins elle comprit. Et elle avait appris le français auprès de lui et de Benjamin, malgré la médiocrité de sa grammaire, elle avait au moins la capacité à les comprendre correctement.

Le feu crépitait à mesure que la pièce se réchauffait, elle tira sur les manches de son pull pour les ramener à son visage et se cacher un moment derrière cette barrière qu'elle se construit pour éviter que le froid n'assaille son cœur si fragile. Car malgré le français familier, c'était la voix de Dean qui résonnait oubliant les accents et les nuances de sa voix qui si joliment savait toucher son cœur. Elle finit par tourner doucement la tête vers lui et lui sourit. C'était légitime qu'il veuille savoir ce qu'elle avait bien pu faire après leur séparation. L'une des raisons pour lesquelles cela n'avait pas duré plus qu'un été, était que Novenka avait pour projet de voyager. Et il méritait les justifications, bien qu'il ne posa pas cela comme une obligation, c'est ce sentiment pourtant qui l'accabla.

« Oui, bien trop longtemps, Dean. Tu être toujours bien... Euh... Beau. Mignon. » Avec un accent déplorable, le français approximatif de Novenka la fit rougir et rire en même temps. « Je suis désolée, j'ai perdu un peu de pratique. Je suis contente d'avoir fait le premier pas... Tu m'as manqué. »

Elle lui sourit avec bienveillance et chaleur et elle lui attrapa la main qui, pendant un long moment, n'avait plus quitté la sienne. Cette sensation familière et pourtant étrangère, tant sa carrure avait évoluer. Les mains de Novenka étaient froides et la chaleur de celle de Dean rassurait la jeune yougoslave. Dans un sourire plutôt timide, elle finit par raconter.

« Je suis partie pour la Belgique, très charmant. Puis l'Allemagne, l'Autriche et enfin la République Tchèque où j'ai rencontré le célèbre Gregorovitch qui a été mon mentor pendant deux longues années. J'ai appris à fabriquer des baguettes magiques... et à nettoyer des latrines aussi. » Elle se mit à glousser et reprit. « J'ai vu des choses fabuleuses et rencontré des gens fascinants. C'était incroyable, malgré la pauvreté du pays et le communisme y régnant, la République Tchèque est un merveilleux pays. Je regrette parfois d'en être parti, mais j'ai décidé de prendre mes études en main et d'être à mon tour une grande fabricante ! J'ai l'étoffe, non ? » Avec un sourire malicieux et les sourcils haut, elle se redressa pour se présenter comme un produit de vitrine avant de retourner la question à son ex-amant. « Qu'en est-il de toi ? Que s'est-il passé dans ta vie de français romantique ? »

Sans y prêter attention, Novenka s'était approchée de sorte que leurs genoux se touchaient, elle avait lâché la main de Dean et elle posa sa tête sur le dossier du canapé en l'écoutant, comme une petite fille écoute une histoire narrer par un parent.

HRP:

Dean était installé au coin du feu. Il venait d'être rejoint par Novenka. Il ne s'attendait pas à la voir ce soir, mais c'était une agréable surprise que la première barrière entre eux ait été franchie. Il rangea rapidement ses affaires pour être disposé à discuter avec la yougoslave, alors que les souvenirs remontaient à la surface. Il l'observait. Leur relation commençait à dater, et pourtant il se souvenait de tous les moments passés avec elle. Leur amour fut bref, le temps d'un été, mais tellement intense. Cet été dans le sud de la France, avec elle, avait juste été magnifique. Et puis c'était un coin qui se prêtait à de nombreuses activités. Ils étaient allés à la plage, à la montagne, en ville. Que de beaux souvenirs !

Il la regardait se cacher dans son pull alors que le feu réchauffait la pièce. On sentait bien que l'hiver n'était pas encore terminé. Les nuits se montraient encore froides. Il fléchit une jambe pour pouvoir se tourner vers elle, s'adossant à l'accoudoir et au dossier du canapé. Il était serein. Il était content de voir son aînée, ou plutôt de la revoir. Cinq longues années s'étaient écoulées entre leur triste séparation et le moment où ils s'étaient revus, à la rentrée d'Haveirson. Et il s'en était passé des choses depuis cinq ans. Tellement de choses. Et il était curieux de connaître la vie de sa camarade au cours des cinq dernières années. C'était pour cela qu'il avait pris la parole, en disant que cela faisait longtemps qu'ils ne s'étaient pas vus et demandant ce qui lui était arrivé, si elle avait bien pu finir son tour d'Europe.

La jeune femme tourna la tête vers lui et lui sourit. Elle lui répondit que cela faisait trop longtemps qu'ils n'avaient pas de nouvelles l'un de l'autre. Le "trop" dans sa phrase en disait déjà long, et pourtant il ne signifiait que peu par rapport à ce qu'il ressentait. Il sourit à l'entendre parler dans la langue de Molière. Lorsqu'elle s'excusa pour son français et qu'elle expliqua qu'elle était contente d'avoir fait le premier pas, qu'il lui avait manqué, il répondit :

- Toi aussi, tu es toujours aussi belle. Merci de l'avoir fait ... Je ... Tu m'as beaucoup manqué aussi.

Et encore, c'était amenuiser la taille du trou qu'elle avait laissé dans sa vie lorsqu'ils s'étaient quittés. Elle prit sa main dans la sienne. Cette sensation, il ne l'avait pas ressentie depuis des années, et pourtant il se la remémorait comme si c'était hier que leurs routes s'étaient séparées. Comme avant, les mains de la brune étaient plus froides que celles du blond. Cinq ans et pourtant tout semblait si proche.

Il l'écouta parler de son voyage. Elle avait pas mal voyagé. La Belgique, l'Allemagne, l'Autriche et enfin la République Tchèque lui avaient donné un aperçu de leurs richesses. Elle raconta qu'elle avait eu la chance de rencontrer Gregorovitch. A cette annonce, les yeux du français s'écarquillèrent légèrement. Ce n'était pas tous les jours que l'on rencontrait des sorciers comme lui. Il était réputé à travers le monde entier pour ses baguettes, comme Ollivander. Il apprit de plus qu'elle avait été son élève pendant deux années, où elle apprit les rudiments pour faire les baguettes magiques et ... pour récupérer les chiottes. Il sourit à la petite blague de la brunette. Il était fasciné par son histoire. La manière dont elle décrivait la République Tchèque était vivante, il vivait à travers ses yeux la beauté du pays. Elle lui expliqua qu'elle était parfois triste d'être repartie mais qu'elle avait décidé de reprendre ses études en main et de devenir fabricante de baguettes magiques à son tour. Il lui répondit, affichant un grand sourire :

- Oui, et tu seras la meilleure !

Il la laissa terminer. Elle lâcha sa main et s'appuya sur le dossier du canapé tout en lui demandant ce qu'il s'était passé dans sa vie. Il sourit d'ailleurs à la manière dont elle le qualifia. Il y avait une certaine proximité entre eux, mais ça ne dérangeait pas du tout le jeune homme. Après ce qu'ils avaient vécu ensemble, ce n'était pas ce contact qui allait le gêner. Il commença alors son histoire :

- Oula, par où commencer ?, dit-il en rigolant. Après ton départ, j'ai passé encore deux ans à Beauxbâtons, où j'ai eu mes BUSES. Puis je suis allé à Poudlard, j'ai été réparti à Poufsouffle d'ailleurs, jusqu'à ce que j'ai mes ASPICS. A ce moment-là, tout comme toi, j'ai eu envie de voyager. Et quitte à voyager, je voulais aussi avoir d'autres enseignements, notamment en Métamorphose. C'est pour ça que je suis allé en Afrique, durant deux ou trois semaines, puis en Amérique du Nord, où j'ai passé un an dans un village de sorciers amérindiens. J'ai vécu de superbes aventures là-bas, ils m'ont appris énormément de choses. Mais finalement, je suis rentré pour faire des études de Métamorphose. C'est ainsi que je me suis retrouvé ici, à Haveirson.

C'était un récit plutôt condensé de sa vie, mais ça suffirait pour l'instant. Il avait pas mal éludé la partie sur son séjour aux Amériques car il y avait vraiment trop de choses à dire, et il était bien sûr hors de question de parler de ses activités secrètes au sein de l'Ordre. Il la regardait. Il était tellement content de la retrouver. Cela faisait tellement longtemps qu'ils ne s'étaient pas vus. Elle lui avait tellement manqué... Il lui demanda :

- Tu t'es bien intégré à Haveirson ?

Ce regard transperçant et ce sourire chaleureux rappelait à Novenka de superbes souvenirs. Se noyer dans ses pupilles qui vous regardait avec tellement d'amour, c'était comme une cure de rajeunissement. On oubliait le temps et l'espace, juste un instant. Ces doux souvenirs comme la caresse d'un rayon de soleil sur la peau étaient agréables et regrettables. Regrettables où la vie eut décidé de les séparer et non par forfait ou par faute d'amour. A cet instant, l'eau avait coulé sous les ponts et leurs vies étaient bien remplies. D'autres amours avaient marqués leurs cœurs et bien d'autres histoires les attendaient. Cette relation avait été belle le temps qu'elle a duré. Et Novenka se souviendrait sûrement toute sa vie, de la dernière fois où les lèvres du jeune homme avait touché les siennes pour ne plus jamais y retourner. L'on pourrait penser que cela fut triste, sur le moment où, Novenka avait pleuré, longtemps... Pendant des jours. Puis elle s'était servie de ce souvenir comme d'un booster, notamment dans les photographies qu'elle eut pris après cela, le côté mélancolique donnait une touche artistique à ses œuvres.

Dean était toujours aussi poli et avenant, la tendresse de son regard témoignait de son attachement envers la jeune yougoslave, ce qui ne lui échappait pas. Novenka était bienveillante et elle avait pris soin de lui, malgré le jeune âge lors de leur rencontre, Dean avait su se montrer mature et angélique. Il était toujours aussi appréciable de le regarder et de l'écouter. Ses encouragements étaient aussi magnifique que le sourire de charmeur qu'il arborait. Novenka l'avait observé durant les mois qui s'étaient écoulés, une jeune femme le cherchait partout un temps et il était réapparu. Et la jeune femme eut disparu du sillage. Novenka n'avait absolument pas suivi l'affaire, et elle n'avait pas non plus à en savoir davantage. Les affaires autres restaient aux autres.
Les rumeurs n'étaient pas entendues par la belle, elles étaient ignorées.

Elle écouta attentivement le récit d'aventure qu'avait pu connaître Dean en si peu de temps. C'est incroyable, elle le savait à la seconde où elle avait posé les yeux sur lui, il était appelé à faire de grandes choses. Ses capacités étaient sans limite, tout comme sa curiosité. Poufsouffe, il n'avait pas oublié qu'elle y avait été pour avoir accentué sur le "d'ailleurs". Elle lui sourit avec gratitude, comme si toutes les informations étaient toujours encrées en lui. C'était très touchant. Le fait d'être de la même maison révèle beaucoup de choses. Peut-être trop.
Il coupa son récit très rapidement, se lassant de détails qu'il ne donna pas alors que Novenka tapit près du feu, n'attendait que cela.
Alors qu'elle était sur le point de rétorquer, il demanda si l'intégration était bonne. Elle se permit de réfléchir un instant.

« Oui, malgré mon âge, j'ai beaucoup d'amis et je suis familiarisée à l'école. J'y suis bien. »

Elle se redressa et maladroitement, elle posa sa tête sur l'épaule de son ancien amoureux, regardant les flammes crépiter. La position qu'avait pris Dean la força à s'allonger un peu sur lui, il ne faut pas se leurrer, n'importe qui penserait à un rapprochement soudain. Si l'heure était à la procrastination, autant le faire en bonne et due forme. Elle se permit cette familiarité, légère et sans arrière pensée. C'était bon de sentir à nouveau son parfum un brin plus corsé que ce qu'elle avait connu. Ne voulant pas abusé des bonnes choses, elle croisa simplement ses mains sur son ventre et se laissa bercer par la respiration du jeune homme.

« Ça remonte à loin la dernière fois que... nous étions si proches. Ça n'a pas changé. » Elle sourit, pensant en effet que la sensation de sécurité était toujours présente. « Raconte-moi tes rencontres avec les amérindiens, que t'ont-ils appris ? Tu y as passé, finalement, peu de temps. Pourquoi être venu à Haveirson ? »

La sensation de bien être était incroyable, simple et facile. Elle se demanda si un jour, Rowan se permettrait ce genre de familiarité avec elle. Déjà fallait-il qu'il la remarque et l'apprécie assez pour se le permettre... Pourtant la nuit de leur rencontre, Rowan avait du la porter dans ses bras. Et malgré la terrible douleur du verre coincé dans sa chair, Novenka se souvenait avec précision de la chaleur qu'il avait fait naître dans son cœur.

La salle commune était bien silencieuse en ce soir de semaine, hormis leur discussion bien sûr. Ils étaient tous les deux assis sur le canapé, s'appuyant d'une manière ou d'une autre sur le dossier de celui-ci. Novenka appuyait sa tête sur le dossier, elle écoutait le récit de son ancien amant. Ce dernier lui expliquait en effet le voyage qu'il avait effectué entre le moment où il avait fini ses études à Poudlard et le moment où il les avait reprises à Haveirson. Il expliqua ainsi comment il s'était retrouvé dans l'université galloise à étudier la métamorphose. En même temps, n'importe lequel de ses amis des trois ou quatre dernières années pourraient le dire : c'est un passionné de Métamorphose. Il se montre toujours fasciné par la puissance de cette discipline, les apports qu'elle offre. Ce n'était donc pas si étonnant qu'il choisisse un tel cursus.

Il lui demanda ensuite si elle s'intégrait bien à Haveirson. Elle lui répondit que, malgré son âge, elle s'était bien familiarisée à l'école, qu'elle s'y était fait des amis, enfin bref qu'elle s'y trouvait bien. Ça n'étonnait pas du tout son ancien amant. A part la remarque sur l'âge. Il fallait avouer qu'elle était plus âgée que la plupart d'entre eux, mais il ne voyait pas en quoi cela pouvait poser le moindre problème. A leur niveau, que l'on ait 20 ans ou 24 ans, quelle différence cela faisait ? Il souriait. Il se retenait de faire une blague sur son âge avancé, mais finalement il la garda pour lui. Il aurait tout le temps de l'embêter avec ça.

Elle finit par briser la barrière qu'il y avait entre eux. Elle vint appuyer sa tête sur l'épaule du français, s'allongeant même sur lui. Elle était posée ainsi, contre lui, comme ils en avaient l'habitude lorsqu'ils se fréquentaient. Ils pouvaient rester des heures ainsi, l'un contre l'autre, à observer la beauté époustouflante des paysages pyrénéens, notamment lorsque le soleil se couchait. Elle fit d'ailleurs remarquer que cela faisait une éternité depuis la dernière fois qu'ils s'étaient retrouvés ainsi. Elle avait bien raison lorsqu'elle disait que ça n'avait pas changé. Enfin, seul un détail, et non pas des moindres, avait changé : ils n'étaient malheureusement plus ensemble. Ils avaient tous les deux fini par accepté ce revers que la vie leur avait joué. Mais Dean était avec Megan maintenant, et il était heureux comme ça. Il ne l'aurait pas cru si on le lui avait dit, mais c'était pourtant bien vrai.

Novenka lui demanda d'en dire plus sur son séjour en terres indiennes. Elle voulait savoir pourquoi il était finalement revenu en Angleterre pour poursuivre ses études. Il ne savait pas par où commencer. Ce n'était pas évident de pouvoir raconter tout ça, il y avait tellement de choses à dire. Il finit par prendre la parole :

- C'était vraiment super. Tu sais, ils vivent en tribu, dans le respect de leurs traditions ancestrales, et ils ne sont pas toujours ouverts aux étrangers. Mais, heureusement, j'étais dans un coin des Amériques où les tribus sont très ouvertes et vivent depuis très longtemps en harmonie avec le monde extérieur. Je me suis donc retrouvé en contact avec une tribu de Micmacs. Ils étaient vraiment super sympathiques, on a vite sympathisé. Je me montrais très ouvert à leur mode de vie et eux étaient vraiment contents de partager ça, d'échanger. On a beaucoup discuté de magie, notamment pour comparer la leur et la nôtre. C'était vraiment très enrichissant. Et ils m'ont permis de faire de grands progrès en Métamorphose.

Il fit une pause. Il regardait le feu crépiter. Il repensait à toutes les soirées qu'il avait pu passer assis autour du feu du village. C'était vraiment de très bons souvenirs, et il était content de rester en contact avec ses amis. Il avait moins de nouvelles de Tala qu'avant. Il espérait qu'elle allait bien. Il préféra ne pas évoquer ce souvenir à la yougoslave. Non pas qu'il avait honte ou quoi que ce soit du genre, mais il se voyait mal parler d'un tel sujet avec elle alors qu'il venait tout juste de se retrouver. Il reprit :

- Néanmoins, ce voyage me coûtait et je commençais à être nostalgique de la France et de l'Angleterre. Je leur ai donc dit au revoir et suis reparti pour l'Europe. Néanmoins, je me voyais mal étudier la Métamorphose à un tel niveau sans cours, sans conseil, ni même sans soutien. Du coup j'ai profité de l'ouverture d'Haveirson pour venir y étudier. Et je ne regrette absolument pas ce choix.

Il souriait. Il était vraiment content d'être venu ici. La vie y était vraiment cool, et cela lui rappelait ses années à Poudlard. Celles à Beauxbatons aussi dans une moindre mesure, mais ce n'était pas vraiment la même ambiance, ni les mêmes proportions. Il respirait tranquillement, apaisé, là, au coin du feu, près d'une amie. Il était content qu'ils se soient enfin retrouvés. Elle lui avait manqué.
Sa curiosité le titillait. Il s'était toujours montré très curieux par rapport au monde qui les entoure, et elle avait eu la chance d'aller dans tout plein de pays. Et ça l'intéressait énormément d'en apprendre plus. Il lui dit donc :

- Et toi ? Dis m'en plus sur ton voyage. Sur tous les pays que tu as traversé. T'as du découvrir plein de choses géniales, non ?

L'atmosphère appelait le bien-être, cette ambiance cocooning et cet instant incroyable de partager une proximité donnait un confort insoupçonnable. Comme le goût d'une friandise oubliée, dans un demi-sourire, Novenka se rendit compte que cette proximité-ci serait sans doute la dernière. Non pas qu'elle soit désagréable mais les retrouvailles s'y accommodaient, certes, mais pas une vie quotidienne où leur amour s'était transformé en un amitié nouvelle. Une amitié qui se solidifierait avec le temps tandis que leur réconciliation, si c'est ainsi qu'on l'appelle, se voulait plus fébrile, plus tendre... Comme une douce caresse d'une mère qui semble vous dire adieu. Ce n'était pas un sentiment très appréciable mais il était loin d'être désagréable. La chaleur du corps de Dean, son cœur qui bat, le parfum nouveau d'un homme grandi... La sensation était familière et pourtant si nouvelle. Il était devenu presque inaccessible, comme un homme aimant et aimé. Leurs cœurs battaient à l'unisson mais pas pour eux... Pour bien d'autre monde. Les années avaient balayés leur forts sentiments pour ne laisser qu'un doux souvenir et de belles promesses.

Novenka écoutait attentivement Dean qui ne pouvait s'empêcher d'ajouter à son récit, une pointe d'admiration à l'encontre des tributs visités, ce qui rendait son récit parfaitement incroyable. Elle l'enviait d'avoir pu découvrir des tributs aussi anciennes capable toute fois d'accepter les étrangers modernes. Ce n'était pas choses aisées, et l'on disait des tributs reculées qu'elles étaient sauvages. La magie ancienne est rare et intense. La métamorphose, cela semblait le passionné outre mesure. Une passion qu'il avait plus jeune qui devait s'être accrue avec le temps et les connaissances.
Elle profitait de la pause que fit Dean pour lui jeter un œil. Sa mâchoire carrée vu du dessous semblait plus béante et rassurante. Devenir un homme ça vous changeait cet homme. Il était beau et assuré, réfléchi et passionné. Le devenir était intéressant surtout que Dean a toujours été intelligent et passionné. Il vivait sa vie avec une certaine mélodie, d'une poésie en prose si magnifié par ses accents européens de romantique français du sud où l'accent se veut plus houleux et plus roulé.

Voilà un point sur lequel les deux protagonistes se comprenaient sans se comprendre. C'était par contrainte que Novenka était rentrée et non par nostalgie, bien que son retour lui fit plus de bien qu'elle ne l'eut pensé. Les explications de son ami étaient logiques et louables, il avait besoin d'aide et cette Académie était l'opportunité rêver pour chaque élève voulait devenir maître de sa vie. Mais elle était certaine qu'il aurait trouvé un mentor de taille pour lui venir en aide dans cette tâche lourde qu'est la métamorphose, car ce n'est pas d'une évidence et d'une facilité pour tous... Novenka n'était pas très douée en sortilège, bien que sa baguette appelait à la puissance, la sagesse de son cœur était plus tempéré. Le sourire se peint doucement sur son visage, comme celui d'une mère fière de son enfant. Elle avait fait preuve d'un silence respectueux pour laisser la passion de son ami investir les lieux. Mais plus vite qu'elle ne l'eut cru, il lui retourna la question. Cela lui pinçait le cœur de repenser à ses aventures passées.

Les images de forêts, de montagnes, de rivières, de plaines, et de petits villages lui revinrent immédiatement en tête. Les innombrables photos qui dormaient dans son album photos sous son lit témoignaient de grâce et avec humilité des voyages orchestrés.
Elle se redressa rapidement laissant à contre cœur le corps chaud de son ami. Elle s'assit et enleva rapidement ses chaussures avant de se mettre en tailleur sur le canapé. Une habitude que sa mère, Romana, lui avait donné. Une attitude d'artiste comme elle aimait dire.
Repenser à Gregorovitch lui arrachait le cœur, mais après tout, cela n'était pas un souvenir désagréable. Il avait apporté à sa vie bien plus que l'on ne peut l'imaginer.

« Oh, et bien, comme tu le sais je suis restée six mois en France. » Elle sourit en le montrant rapidement du doigt. « Si je suis restée un mois et demi de plus, c'était pour toi. » Elle se mit à regarder le feu crépiter et cracher sa chaleur avec une étouffante sûreté. « Je devais partir un peu plus tôt pour l'Allemagne pour y passer deux mois, mais je n'ai fait que traverser le pays. Ca n'en restait pas moins bucolique, c'était très joli. Malgré les restants d'une Guerre affreuse de moldus. » Elle secoua la tête. « Quand je pense que l'on vit la même chose entre nous... Quoi qu'il en soit, j'ai pris de magnifiques clichés. J'ai rencontré des gens sympathiques, très avenants et ouverts d'esprit. J'ai traversé l'Autriche en deux jours, plus rapidement encore que de la Belgique à l'Allemagne, je n'ai pas eu le temps d'y voir grand chose. Mais je n'y étais pas trop mal, j'ai tout de même pris quelques photos de villes colorées. Mon arrivée en République Tchèque était magique, il faisait froid, les toits étaient couverts d'une fine glace déjà, c'était magnifique. Tu aurais vu ses paysages, Dean, c'était à couper le souffle. » Elle fit de grands gestes comme pour magnifier ses paroles. « Et un soir de Décembre, j'ai rencontré un homme. Je prenais une photo magnifique d'un décor enneigé et ce même homme s'est retrouvé sur mon cliché, je l'ai dans ma chambre, la photo sonnait tout à coup moins féerique mais tellement mélancolique... Elle était superbe, ma fierté. Néanmoins, mon modèle improvisé ne l'a pas vu de cet œil et après une dispute nous nous sommes rendus compte que nous étions sorciers tous les deux. On a bu un verre au chaud, et en contre parti de cette photo, je suis devenue son apprentie laquet... » Elle se mit à rire avec quelques larmes aux yeux. « Il m'a gardé près de lui pendant deux ans où j'ai pu apprendre le secret de la fabrication des baguettes magiques, ce n'était pas facile. Ça ne l'est toujours pas. J'ai trouvé une petite chatte blanche dans une poubelle un jour, Gregorovitch m'a permise de la garder. » Elle sursauta en prononçant son nom. Combien de fois l'avait-elle dit depuis qu'elle était arrivé à Haveirson ? « Quoi qu'il advienne, pour une raison très étrange... il m'a renvoyée en Angleterre sans plus d'explications. J'ai tergiversé un moment quand ma grand-mère m'a appris qu'une école ouvrait, le cursus de la fabrication de baguette existait, et j'ai voulu m'y mettre pour prouver à Gregorovitch que je suis digne de son apprentissage. » Une larme roula sur sa joue à la fin de sa longue tirade.

Et pour une raison inconnue à nouveau, le visage de Rowan se matérialisa dans son esprit comme un fantôme hante un rêve. La chaleur de son étreinte improvisé tout comme le froid glacial de ses yeux céruléens damnaient la malheureuse à penser régulièrement à ce mystérieux personnage.
Elle s'essuya doucement le visage dans sa manche et elle finit par sourire avec une bienveillance non-feinte.

« J'ai bien vécu, et je compte vivre encore longtemps. »

Les deux jeunes se détendaient sur l'un des canapés de leur salle commune. Ils profitaient de l'instant qu'ils avaient, ensemble. C'était sûrement la dernière fois qu'il y aurait une telle proximité entre eux. Ils s'étaient quittés amoureux, ils se retrouvaient amis. Il ne pouvait en être autrement. Ils avaient tous les deux vécu pendant ces cinq années, et il s'en était passé des choses. Bien plus que l'on ne pourrait penser finalement. Après tout, c'était long cinq ans, il était donc normal qu'il se soit passé tant de choses.

Dean se plia à la demande de la jeune femme. Il entreprit de lui parler de son séjour dans le village Micmac. C'était vraiment un peuple intéressant et ce voyage lui avait laissé tellement de bons souvenirs. Ça lui faisait chaud au cœur de repenser à tout ça. Des fois il se demandait pourquoi il était parti. Il était tellement bien là-bas. Il avait réussi à se faire accepter au sein du village et il avait même commencé à se construire une vie en ce havre de paix qu'il avait connu. Et pourtant, jamais rien ne durait. Sa situation financière avait fait qu'il avait du rentré. Son portefeuille n'avait pas bien apprécié le voyage en Afrique, ni surtout en Amérique, mais il était ressorti grandi de cette aventure. Il avait appris énormément de choses dans cette tribu, et nombre d'entre elles étaient appliquées par le jeune encore aujourd'hui.

Il avait alors retourné la question à son ancienne amante, à celle qu'il avait tant aimé par le passé. Il voulait savoir ce qui était advenu de son voyage à travers l'Europe. Qu'avait-elle vécu après lui ? Il était certain qu'elle avait du voir de belles choses. Il lui tardait de découvrir ce qu'elle avait fait durant ces cinq longues années passées loin de lui, de découvrir à travers son discours les merveilles de l'Europe. Le Vieux Continent contenait tant de pays, tant de civilisations, et donc tant de peuples. Cette richesse culture était un cadeau pour eux tous, ils devaient profiter de ce trésor qu'ils avaient à portée de main.

La jeune femme se redressa. Elle se mit en tailleur sur le canapé. Elle regardait le feu crépiter. Elle commença son récit. Elle raconta son passage en France et ajouta avec humour qu'elle était restée un mois et demi de plus que prévu pour lui. Il sourit à cette évocation. C'était beau comme déclaration. Il ne savait aucunement qu'elle avait ajourné son voyage pour rester avec lui. Cela lui fit plaisir d'apprendre une telle nouvelle. Mais ce ne serait malheureusement qu'un souvenir de plus de leur passion d'antan. Il l'écouta continuer son récit. Assidu en cours d’Étude des Moldus, il avait saisi la référence à l'affreuse guerre qui avait fait rage en Europe et sur les tensions qui avaient suivies entre deux blocs. Néanmoins, il n'avait rien de plus en mémoire de l'histoire des moldus. Il était déjà compliqué de connaître leur histoire. Il avait toujours eu un intérêt pour l'autre monde, mais il fallait toute une vie pour comprendre cette société quand on venait de la leur. Enfin pas tout à fait, mais vous avez saisi l'idée, n'est-ce pas ?

Il prêtait une oreille attentive à son aventure. Elle avait effectivement vu de belles choses. Il découvrait la République Tchèque au travers des mots de la jeune femme. C'était impressionnant. Son pays natal semblait si joli. S'il faisait un voyage en Europe, c'était décidé, il passerait par là. Il continuait de l'écouter. Elle parlait de ses photographies, qu'il savait pour être belles. Il buvait ses paroles. Lorsqu'elle parlait de la beauté des paysages, il n'avait qu'à observer les étoiles dans ses yeux pour voir à quel point ça devait être joli. Il écouta, intrigué, l'histoire du mystérieux inconnu qui était apparu sur une de ses photos. C'était une histoire étrange mais belle finalement. Il sourit à l'évocation des corvées de chiottes qu'elle avait du subir pour avoir le droit à l'enseignement de l'homme. Drôle de façon de la faire travailler. Mais elle semblait en garder de bons souvenirs. Il vit même une larme couler le long de sa joue lorsqu'elle parla de son retour en Angleterre, après avoir été expulsée par Gregorovitch. C'était d'ailleurs étrange comme comportement mais soit. Il reconnaissait bien l'ancienne Poufsouffle qu'elle était lorsqu'elle évoquait vouloir se montrer digne de son mentor. Une telle loyauté ne pouvait provenir que de leur ancienne maison.

En soi, leur parcours n'étaient pas si différents l'un de l'autre. Ils avaient tous deux alliés voyage et connaissance, profitant du premier afin d'améliorer le second. C'était fou à quel point ils pouvaient se ressembler. Deux jeunes anciens Poufsouffle animés par une soif de connaissances. C'était vraiment beau. Deux âmes ainsi semblables et qui auraient pu ne jamais se rencontrer. Mais si le destin avait fait se croiser leurs chemins que brièvement, ce n'était pas vide de sens. Il était heureux d'avoir rencontré la jeune femme il y avait bientôt six ans maintenant.

Elle avait effectivement bien vécu. A sa dernière phrase, il répondit en rigolant :

- La vie est faite pour être vécue, n'est-ce pas ?

Il se posait des questions sur son cursus. Il s'agissait d'une voie particulière. Était-elle la seule à suivre de telles études à l'académie ? Cela devait être un domaine très intéressant en tout cas. Et le secret de la fabrication de baguette magique était pourtant bien gardé. Les sorciers avaient obtenu ça de leurs guerres face aux gobelins. Il lui demanda :

- Vous êtes nombreux à étudier la fabrication de baguettes ?

L'écoute attentive de son ami permit à Novenka se replonger dans des souvenirs nostalgiques et pourtant si confortables, d'une vie si parfaite malgré les accrocs et la précarités de la vie qu'elle menait aux côtés de Gregorovitch, cet homme qui pourtant excellait dans un domaine rudimentaire où peu savaient se démarquer, vivait dans une modeste demeure, dans une modeste ville avec des modestes moyens. Malgré son talent et sa notoriété, Gregorovitch a su toujours rester juste et droit dans ses souliers. Homme foncièrement humain et protecteur, au caractère de cochon et pourtant si aimant... Voilà bien une vie qu'elle regrettait profondément.

La respiration de Dean permettait à Novenka de se caler dessus, prenant un second souffle lors de sa narration. La chaleur de son nouvel ami et ancien amant étaient pour elle, le réconfort qu'il manquait depuis qu'elle était revenu de République Tchèque. La jeune yougoslave se permit alors à quelques larmes silencieuses tandis qu'il la rassurait d'une phrase bien trouvée, qui ravit le sourire de la jeune femme.
Évidemment que la vie était faite pour être vécue, sinon à quoi servirait-elle ? Il fallait se donner les moyens d'y parvenir, de réussir... Malgré les difficultés et le moral parfois bien bas. Lorsqu'elle avait quitté Dean pour la Belgique, Novenka avait passé plusieurs jours voire semaines, à se demander si elle ne ferait pas mieux de faire demi-tour... Bien que sa vie auprès de Dean aurait pu être magique, elle n'aurait connu pareil essor. Aurait-elle été la même ? Aurait-elle été heureuse ? Voilà bien des questions auxquelles elle ne pourrait jamais répondre, et donc les réponses ne sont pas nécessaire. Ils ont faire un choix, un choix qui a régi leur vie. Désormais séparés et retrouvés, leur amitié ne pourrait qu'en être plus forte.
Bien que toutes les qualités de Dean avait mûri avec l'âge, Novenka n'avait plus ce petit éclat d'amour passionnel pour lui. Le regard du jeune homme en disait de même, leur relation avait été courte, magique mais pas suffisamment intense pour leur permettre d'envisager un retour de sentiment. Leur complicité néanmoins retrouvait place.

Elle leva doucement les yeux légèrement gonflés et humide vers le visage de son ami. Elle lui sourit. Il est vrai que son cursus était loin d'être intéressant car les secrets étaient enfoui, et que dans son cursus, les secrets il fallait les trouver seuls, on ne vous donnait que des bases. Néanmoins, les cours de botanique, de soins aux animaux et d'histoire lui permettaient d'en apprendre davantage, et contrairement à beaucoup, elle avait eu la chance d'évoluer auprès d'un des maîtres de l'art de la fabrication de baguettes magique.

« Il ne me semble pas que nous soyons nombreux. » Elle fronça légèrement les sourcils, plongeant son regard dans le plafond scintillant. « Deux ou trois, tout au plus. » Elle se mit à rire. « Ce n'est pas un cursus très facile, il faut être passionné et patient. Quand je dis que ce cursus est pompeux, je ne dis pas de bêtise. » Elle s'assit en tailleur mais face à lui, elle dessina avec son doigt sur le canapé.  « Tu as deux catégories de personnes : les curieux qui ne viennent que pour connaître les secrets qu'ils n'auront pas, et nous, les passionnés qui devons user d'imagination et de réflexion pour trouver nos secrets. »

Avec tout le sérieux du monde, elle plongea son regard dans celui semblable de Dean. Oui, leur secret. C'était le secret de la fabrication, pour s'en sortir, il fallait se démarquer des autres, trouver ses astuces en plus des bases. Trouver les mélanges de bois et de force animal, ou végétal,  pour fabriquer la baguette unique, comme la légendaire baguette de sureau.

« Et toi, Dean, je sais que la métamorphose t'a toujours plu. Et je suppose qu'avec tes nombreux voyages, tu dois en être encore plus amoureux. Comment se passe les cours ? D'autres passionnés t'ont rejoins dans ce cursus là ? »

Elle posa sa main sur le genoux du jeune homme, toujours aussi bienveillante qu'une mère à son enfant. La délicatesse de ses gestes et de ses paroles, sincères et rassurantes. Et malgré toutes ces belles choses, celle qui caractérisait le mieux Novenka : la modestie.

La vie était faite pour être vécue. Voilà la morale de leurs histoires. Certes, elles avaient pris des tournants différents, certainement difficile au début, mais elles n'avaient en aucun cas été vides. C'était même plutôt le contraire. Ils avaient eu deux vies bien remplies depuis leur séparation d'un commun accord. Il n'y avait pas à redire là-dessus. Qu'aurait été leur vie ensemble s'ils n'avaient pas rompu ? Il ne préférait ne pas y penser. Si Novenka était son premier amour, il ne s'agissait pourtant que d'une amourette de vacances. Jamais il ne l'oubliera, mais les sentiments d'antan peinaient à refaire surface, et il y avait une raison évidente à cela : les sentiments qu'ils avaient éprouvés l'un pour l'autre n'étaient pas aussi puissants qu'ils l'auraient pensé à l'époque.

Il ne savait pas si les larmes de son amie étaient des larmes de joie ou de tristesse. Pour lui, il s'agissait de larmes de nostalgie, sentiment qu'elle ressentait en repensant à son voyage en Europe et notamment en République Tchèque. Dans le doute, il valait mieux changer de sujet. Enfin, c'était un bien grand mot. Il lui posait des questions sur son cursus à l'académie. Et pourtant, le cursus qu'elle avait choisi était directement lié à ses souvenirs de Gregorovitch. Bien joué Watkins !, pensa-t-il. Tu t'es bien foiré sur ce coup-là ! Pour autant, il restait à l'écoute de son amie. Il voulait en savoir plus sur ce cursus si mystérieux. Etaient-ils nombreux à étudier les secrets de la fabrication de baguettes magiques ? Ces secrets si bien gardés des gobelins et autres créatures magiques. Etait-ce difficile comme études ? Il n'avait absolument aucune idée de ce en quoi consistait le parcours choisi par la yougoslave. Il prêta donc une oreille attentive à ce qu'elle pouvait bien lui raconter sur le sujet.

Elle lui expliqua donc qu'ils n'étaient pas bien nombreux. Seulement deux ou trois élèves. Voilà un point commun avec son propre cursus. Ils n'étaient pas nombreux à le suivre. Il s'agissait en effet d'un cursus plutôt compliqué et pompeux dans le sens où seules les bases étaient dispensées en cours. Son amie fut très claire là-dessus. Elle dessina même du bout du doigt sur le bout de canapé entre eux afin d'appuyer son explication. Il y avait deux catégories de personnes qui pouvaient emprunter ce parcours de l'enseignement supérieur sorcier : ceux qui voulaient avoir les secrets de fabrication des baguettes, notamment des bonnes baguettes, ce à quoi ils n'auront pas accès bien sûr, et les passionnées, dont elle faisait partie, qui eux cherchaient leurs propres secrets pour faire la bonne baguette. Elle avait plongé son regard dans le sien lorsqu'elle avait dit ce dernier point. Oui, c'était bien à eux de se débrouiller pour apprendre l'essence même de la fabrication de baguettes. Voilà une bien drôle de pédagogie, mais pourtant si logique. Les secrets de conception étaient si bien gardés et il y avait de quoi. Il était donc normal qu'ils ne puissent être dispensés comme cela, en classe dans n'importe quelle université sorcière. Il était d'autant plus admiratif de la voir aussi passionnée alors que le chemin semblait bien accidenté.

Elle lui retourna alors ses questions. Elle avait retenu qu'il était passionné de métamorphose. Et cela n'avait pas changé en effet. Il était toujours aussi féru de ce domaine de la magie, pour lequel il montrait notamment d'excellentes capacités. Pour autant, il devait travailler d'arrache-pied afin d'obtenir le résultat qu'il souhaitait, ou la transformation souhaitée, aussi complexe était elle. Il prit la parole pour répondre aux interrogations de son amie :

- En effet, je suis toujours aussi fan de cette matière. J'ai fait mes voyages pour me perfectionner dedans et il était logique que j'oriente mes études dans ce sens également. Pour les cours hélas, ils n'existent pas. Nous n'avons pas l'honneur d'avoir de professeur de Métamorphose à l'académie, du moins pas en ce moment, et on doit donc se débrouiller par nous-mêmes. Heureusement, je m'entends bien avec les deux camarades du cursus, à savoir Juliet Ivy, de notre confrérie, et Clemens Neubach, de la confrérie Sinistros. Ils ont plutôt du mal l'un avec l'autre, mais j'ai la chance d'être en bons termes avec les deux.

Il repensa à l'entraînement qu'ils s'étaient improvisés avec Juliet dans le parc du château gallois. C'était un beau moment de partage. Cela dit, de tels moments étaient plutôt rares. Les interactions qu'il avait avec ses camarades se faisaient le plus souvent au détour d'un couloir, avec une question jetée au vent. Il reprit :

- J'assiste tout de même à d'autres cours, mais pour ce qui est de la Métamorphose, il faut se débrouiller seul. En parlant d'autres cours, tiens, tu as entendu parler des nouveaux enseignants de Potions et d'Histoire ? Tu comptes aller à leur cours ?

Avec raison, Novenka écouta attentivement les dires de son ami. Ce qu'il pouvait être quelqu'un de passionné tout de même, adorateur de sa matière à en croire ses dires. Peu nombreux dans cette discipline qui appelait à beaucoup de concentration et de patience. Tout ce que pouvait avoir en son ventre le jeune Abraxan, ancien poufsouffle.
Ce qui est admirable entre ces deux jeunes gens, c'est l'ambition et la persévérance. Ils ont tous les deux trouver une voix dans laquelle ils excellent et qu'ils veulent absolument développer. Leurs compétences sont tout à leur honneur, et Novenka ne perd pas une miette du discours de Dean.
Un sourire bienveillant se dessine sur son visage et elle tapota la jambe de Dean pour l'encourager à se dépasser encore.

Si de simple geste ou regard suffisaient à se comprendre, Novenka se demandait si ce lien fort et inhabituel, il fallait se l'avouer, résisterait à tout.
Rowan serait-il aussi protecteur que pouvait l'être Dean ?
Indéniablement, d'une manière plus discrète et guidée. D'un froid plus glacial et d'une chaleur contrôlée. Un sourire nouveau se dessine sur son visage à la pensée de Rowan, encore et toujours martèle en tête. Hantant la moindre de ses pensées même quand il n'avait rien à y faire.
Alors que ses pensées virèrent à la nostalgie de la République Tchèque, Dean commenta les futurs cours avec les prochains professeurs venus remplacés les anciens, partis.
Elle leva les yeux vers Dean, la mine sérieuse et réfléchie.

« Oui, je compte y aller. La potion est quelque chose qui m'intéresse aussi bien pour le contenu que les contenant, et pour l'Histoire, je rêve d'en apprendre davantage sur les maîtres de baguettes... Peut-être pourra-t-il m'aviser de quelques secrets des anciens ? Sait-on jamais ! Et toi ? Je suppose, non ? Au moins l'Histoire, je sais que ça te passionne. »

Elle se mit à rire en serrant le genoux de son ami. Et se rappela un instant de quelque chose. Elle leva le doigt en l'air, intimant Dean de ne pas bouger.
Elle se hâta dans le couloir des chambres, et trouva Elena allongée sur son lit en pleine lecture. Novenka sortit de sous son lit une boîte en métal et courut rejoindre Dean dans la salle commune.
Elle savait que Dean connaissait les gâteaux moldus, mais en avait-il seulement goûter des tchèques ?
Elle s'assit en tailleurs à côté de Dean et ouvrit la boîte en métal en prenant un gateau farineux et fourré à la confiture de fraise. Elle l'enfourna dans sa bouche et tendit la boîte à Dean.
Une fois la bouche finie, elle pointa chaque biscuit du doigt.

« Ce sont des gâteaux tchèques, la boulangère et voisine m'en envoie chaque mois. Tu en as plein de différent, à la différence des gâteaux français et anglais, ceux là ne comporte quasiment pas de sucre. Ils sont très farineux, et s'effritent vite. Mais goûte c'est délicieux, la cannelle est partout ! »

Tout en prenant un second, Novenka soupira de bonheur.

« Tu penses rester à l'Académie combien d'année ? En tout cas, je suis ravie de voir que tu es toujours aussi passionné, la métamorphose a l'air d'être une matière fascinante. Je n'ai jamais été très douée, tu pourrais peut être me donner quelques cours de rattrapage ? »

Elle lui sourit et lui tira la langue gentiment. Elle était nul en sortilège et métamorphose, avec des difficultés à contrôlé sa magie, malgré ses notes satisfaisantes, sa magie était légère et douce... loin d'être forte et robuste.

Les quartiers abraxans étaient bien calmes en cette soirée. Ils avaient beau être dans la confrérie comprenant le plus de monde, cette soirée était très calme. C'était la raison de la venue du français dans la salle commune pour y travailler. Il savait qu'il pourrait le faire tout en discutant avec certains camarades. Et quelle joie se fut de voir que c'était avec Novenka. Ils avaient tant de choses à rattraper. Les quartiers abraxans étaient donc bien calmes hormis cette discussion dans la salle commune. Cela faisait un certain temps qu'ils étaient assis sur le canapé l'un à côté de l'autre maintenant, ravivant une flamme lointaine pour la dompter différemment. Leur relation ne serait jamais à nouveau comme elle l'avait été. Mais leur amitié, il en était sûr, sera très bien, très complice. Leur passé le leur permettait d'ailleurs, ils savaient qu'ils s'entendaient facilement, qu'ils n'avaient pas toujours besoin de mots pour se comprendre, pour communiquer, ils avaient tout d'amis de longue date. Ils avaient cette connexion entre eux. Même si cette proximité physique ne durerait pas forcément, elle était un rappel de leur passé, un rappel de cet été passé ensemble, un rappel de ce qui servirait de base à leur amitié nouvelle.

Il venait d'aborder le sujet des cours. En effet, deux nouveaux professeurs venaient d'arriver à Haveirson. Ils venaient agrandir l'équipe enseignante qui oscillait beaucoup en terme d'effectif depuis le début de l'année scolaire. Certains n'étaient pas restées longtemps. Quelques jours, quelques semaines, cela variait. Heureusement, d'autres étaient là depuis aussi longtemps qu'eux et formaient une bonne base à cette équipe enseignante.

En ce qui concerne les deux arrivants, il s'agissait d'un professeur d'Histoire de la magie et d'une enseignante de Potions. A ce qu'on racontait, elle venait de loin et avait beaucoup voyagé. Cela pouvait être très intéressant pour ce qu'elle aurait alors à apporter dans sa matière. Dommage que les potions furent une matière si compliquée pour le jeune homme. Il avait du bataillé pour obtenir son A aux Aspics.

Dean demanda à Novenka si elle comptait aller aux cours de ces nouveaux enseignants. Celle-ci semblait effectivement très intéressée par les potions. En ce qui concerne l'Histoire, elle voulait en savoir plus sur les fabricants de baguettes à travers les âges. Effectivement, cela pouvait être intéressant de se renseigner sur eux dans son cas. Il espérait que l'enseignant puisse aider la tchèque. Elle lui retourna la question. Elle se souvenait qu'il aimait l'Histoire. Et il fallait qu'avouer que même le professeur Binns n'avait pu le dégoûter de cette matière. Il ne savait pas pourquoi, il adorait apprendre des faits historiques, découvrir leurs implications, leurs imbrications. Il était certain que l'on ne pouvait comprendre le présent si on ne comprenait pas et si on ne connaissait pas le passé. Il répondit donc :

- Oui, je me rendrai au cours d'Histoire. J'ai d'ailleurs un sujet en tête en ce moment et j'aimerais vraiment en savoir plus. Par contre, je ne pense pas me rendre en cours de Potions. C'est une matière qui m'a toujours demandé beaucoup d'investissement pour arriver à quelque chose, et je ne pense, hélas, plus avoir ce temps à y consacrer.

L'abraxane leva le doigt, ce qui signifiait pour lui de ne pas bouger, de l'attendre ici. Il la vit partir précipitamment en direction des chambres, pour en revenir très rapidement et se réinstaller en tailleur à ses côtés. Elle avait ramené une boîte qu'elle posa entre eux sur le canapé. Cette boîte métallique contenait en fait une spécialité du pays de sa camarade. Elle lui expliqua qu'il s'agissait de gâteaux farineux, très peu sucrés (cette donnée était assez étonnante pour le franco-britannique), contenant de la cannelle et pouvant être fourrés à tout un tas de choses. Il en prit un qu'il amena à sa bouche, le posant sur sa langue. L'aspect farineux le faisait limite fondre sur sa langue, c'était intéressant. Il sentait un goût de cannelle et de ... confiture d'abricot. C'était vraiment délicieux !

- Par Merlin Novenka, c'est délicieux ! Ces gâteaux sont une merveille gustative.

Elle en prit un second et lui demanda combien d'années il comptait rester à l'Académie. Il ne savait pas vraiment lui-même. Son cursus était censé durer trois années. Mais il n'avait pas d'expérience professionnelle dans le domaine de la Métamorphose et il pensait de plus en plus arrêter son travail de traducteur chez Obscurus Books pour trouver quelque chose dans son domaine d'études. Il avait beau aimé ce qu'il faisait, il ne pouvait continuer ainsi de se disperser. L'écriture était une passion, mais il avait choisi une autre direction de carrière. Il fallait qu'il se renseigne davantage sur les positions d'assistant en Métamorphose. Et cela pourrait combler en partie l'absence d'enseignant à l'académie. Il s'exprima l'air songeur :

- Mon cursus dure trois ans. Mais je ne sais pas combien de temps je vais rester en tout. Surtout que l'on n'a pas d'enseignant de Métamorphose, c'est donc compliqué de valoriser notre niveau. En tout cas, je m'y plais, j'y ai mes amis et les ressources à disposition sont de qualité, ce serait dommage de se passer de tout ça. Et toi ? C'est pas un peu plus long ?

Elle était contente de le voir aussi passionné par la matière enseignée par McGonagall, même après tout ce temps. Elle avoua ne pas y être très douée et elle lui demanda de lui donner des cours de rattrapage. Il prit un second gâteau de la boîte et s'exprima :

- A deux conditions. Que tu m'en apprennes plus sur l'essence des baguettes, notamment sur la manière de pousser leur performance. Il continua plutôt rieur sur ce coup-là. Et que tu m'apprennes à faire ces merveilles, dit-il en montrant le gâteau qu'il avait en main, avant de le prendre en bouche.

Novenka ne s'était pas trompée, Dean était un féru d'Histoire et cela n'avait pas changé. En même temps, cela aurait été bien triste que le jeune homme change du tout au tout. Elle avait l'impression d'être de nouveau dans ce bar peuplé de monde, et comme une magie incroyable, elle n'entendait que le son de la voix de Dean. Bien que la soirée fut calme quelques élèves passaient près d'eux, certains murmuraient déjà de douces rumeurs alors que la jeune femme n'y prêta aucune attention, elle laissait ses doigts tâter les biscuits dans le boîtes, choisissant un baigné à moitié dans un chocolat noir corsé. L'écoute était attentive, et elle plongea ses yeux dans ceux de son ami tout en enlevant délicatement une miette au coin des lèvres de Dean. Elle sourit en coin, chaleureusement. C'était tout autant adorable qu'inimitable.
Leur relation finirait un jour par devenir précieuse, importante. Elle ne pourrait se passer de lui, ils se comprennent en un regard, en un geste. Tout les lie et tout les amène à faire parti de la vie de l'un et de l'autre. Comme si le jour où l'un est en danger, l'autre est celui qui doit le sauver.
Triste et mélancolique quand l'espoir et l'amour s'y mêlent.

Le sourire s’élargit à mesure que la conversation tournait autour des gâteaux tchèque. Bien que la République Tchèque ne fut pas son pays natal, elle l'avait adopté comme telle. La jeune yougoslave continuait d'écouter avec attention les propos de Dean. Il avait toujours été très intéressant, prêt à rendre service mais également passionné et déterminé. Tout ce qu'il faisait la maison du cheval ailé. Elle pressa posa sa main à nouveau sur son genou et pressa celui-ci pour témoigner de son soutien.
Elle comprenait très bien ce qu'il ressentait, Novenka aussi avait trouvé en cette Académie une nouvelle famille, un nouvel avenir.
Quand elle a quitté la République Tchèque pour revenir vivre avec ses parents, Novenka se sentait démunie, seule et inutile. Elle avait besoin d'apprendre, elle avait besoin d'un avenir certain, un avenir à elle et qui lui plairait. Sa grand-mère qui s'appelait comme on la surnommait : Nova, lui avait alors expliqué qu'un école était ouverte tout récemment et qu'il serait alors intéressant d'y faire ses études et de continuer à comprendre l'arrogance des baguettes magiques. Montrer que la belle jeune femme pouvait s'en sortir sans un homme : Les femmes de cette famille sont indépendante, ma fille.
Elle se tourna doucement vers Dean et posa sa tête sur la cuisse du jeune homme, regardant les flammes durant sa réflexion.

« Mon cursus dure quatre ans. Mais ce n'est pas l'art de la fabrication que je vais apprendre mais tout ce qui entoure cela. Les composants, les animaux, les bois, la botanique... Toutes ces choses indispensables à la compréhension de l'art de la fabrication. Et je comprends parfaitement ton ressenti, j'y suis aussi très bien. Je n'ose imaginer le jour où j'aurais à quitter l'école ou de tous vous y voir partir... Ce manque sera cruel. »

La nostalgie était un rendez-vous particulier lors de cette retrouvaille. Comme si le monde ne tournait plus en rond mais autour d'une mélancolie lancinante. Amusante et pourtant si triste. Parler à cœur ouvert alors que la distance les avait tenus à l'écart l'un de l'autre. Ce magnétisme et ce besoin de se parler comme si le temps n'était pas venu interférer dans leur relation. Comme si rien n'avait changer si ce n'est leurs sentiments, sentiments évolués, toujours aussi fort mais moins passionnés. D'un indicible amour qui ne mourra jamais si ce n'est après la mort.
Elle sourit aux conditions proposés par Dean. Elle ignorait si elle serait capable de lui expliquer correctement les secrets de la fabrication qui voulaient se faire secrets ou si elle pouvait aisément lui transmettre ses notes. Néanmoins le second accord était plus amusant. Elle se dressa doucement, s'arrachant à la chaleur familière de son ami pour la seconde fois.

« Très bien, deal accepté. » Elle lui tendit la main. « Donnons nous un rendez-vous, dans quelques jours, je te retrouverai dans les cuisines de l'école, si tu sais y aller. Je t'apprendrai à cuisiner moldu, on n'utilisera pas les baguettes. Je suis de toute façon très nulle en sortilège. Tout en cuisinant, je te parlerai de ce que je sais. »

Elle se leva et tira sur son pull en regardant une dernière fois les flammes chaleureuses de la salle commune. « Tu m'as énormément manqué, Dean. »

Elle lui embrassa doucement la joue, comme un au revoir d'une ancienne amante et le bonjour d'une nouvelle amie. Elle laissa sa main caresser les épaules du jeune homme avant de poser sa main sur sa chevelure dompté pour ébouriffer ses cheveux avant de rire et de fuir dans le couloir. Elle passa la tête dans l'encadre de l'escalier qui menait à la salle commune. « Tu verrais ta tête ! »

Elle continua de rire dans le couloir et entra dans sa chambre, le cœur bien plus léger.
Dean était ce pilier dont elle avait tant besoin, cette vitalité et cette bonne humeur dont elle avait besoin. Ce personnage optimiste et attachant, protecteur et défendant.
Le monde allait devenir plus doux et léger maintenant qu'elle s'entourait des bonnes personnes.

Quelle belle soirée ! Il était tellement heureux d'avoir retrouvé Novenka. Merlin savait comment elle lui avait manqué. Et malgré les années et l'éloignement, rien n'avait changé. Ils étaient toujours aussi proches, ils se comprenaient toujours en un coup d'œil. C'était comme magique. La passion avait quitté leur relation, mais pas l'amour. Ils s'aimaient, ça c'était une certitude, mais il n'y avait rien de passionnel là-dedans. Leur idylle était et resterait ce qu'elle avait été : une parenthèse dans leur vie. Le temps d'un été, un amour de vacances, passionné, réel, joyeux, qui s'était terminé tristement, le destin les obligeant à reprendre le cours de leurs vies. Et ce même destin avait fait le choix de se faire recroiser leurs chemins, pour leur plus grand bonheur. Leur amitié promettait d'être forte, ils se comprenaient, ils se connaissaient, ils étaient fusionnels. Ils le savaient tous deux.

Il écouta Novenka parler de son domaine d'études. Il était effectivement plus long. Quatre années attendaient la yougoslave. Elle le rectifia quand à ses études. Elle n'étudiait pas la fabrication des baguettes magiques en tant que telle mais plutôt tout ce qui tournait autour. Elle étudiait l'essence des bois, de quoi ils retournaient, quels effets ils avaient. Et tout ce qui pouvait servir de cœur aux baguettes n'était pas en reste. Elle s'attardait également sur les plantes et les animaux. Son cursus était donc davantage basé sur l'étude de l'ensemble des composants possibles d'une baguette et non sur la manière de traiter ces composants pour créer la baguette. C'était tout aussi intéressant. Voire même plus. Etudier l'essence même de chaque chose, voilà une tâche bien compliquée qui importait à la jeune femme. Et elle avait bien raison. Les fameux fabricants ne devaient pas leur réputation juste au secret de la fabrication. Il reconnaissait bien la Novenka qu'il avait connu, intelligente et maline. Et son appartenance à la maison des jaunes et noirs montrait également sa capacité de travail, ce qui lui traçait un chemin brillant pour l'avenir aux yeux du français.

Il n'était en rien étonné par l'adaptation de son ancienne amante à l'académie. Il l'avait toujours connue souriante et emplie de gaieté. Alors son intégration au sein d'Haveirson n'avait rien de surprenant. Elle avait bien raison. Le jour où ils devraient se quitter les uns les autres sera vraiment une triste journée. Les amitiés qu'ils liaient en ce moment étaient fortes et significatives. Elles avaient plus de chance de tenir à travers le temps que celles liées à Poudlard. C'était son point de vue bien sûr. Certaines amitiés continuaient encore bien après Poudlard pour certains. Après tout, les années passées là-bas pouvaient s'avérer toutes aussi chargées d'émotions et de souvenirs que celles qu'ils pouvaient vivre après l'école écossaise, quelque soit l'université fréquentée.

L'abraxane semblait d'accord avec le deal proposé par son camarade. En fait, il s'agirait d'un échange de bons procédés. Il l'aiderait en Métamorphose, elle satisferait sa curiosité sur ce qu'elle étudiait. Lui apprendre la recette des merveilles qu'elle venait de lui faire goûter n'était finalement qu'un moyen de s'amuser ensemble en cuisinant. Il ne pensait pas qu'elle prendrait cette condition avec tant de sérieux. A dire vrai, son amie aurait pu lui dire non aux deux conditions qu'il l'aurait quand même aidée. Il acquiesça et serra sa main, attestant le deal qu'ils venaient de passer. Il ne savait pas comment se rendre dans les cuisines, surtout que l'accès à cette partie du château leur était interdit, mais il se débrouillerait pour trouver.

Lorsqu'elle déposa le baiser sur sa joue, il sentit les dernières flammes de leur passion passée ressurgir, embraser ses sens une dernière fois. Cette flamme passionnelle le quitterait, il le savait. Mais ça ne changerait rien entre la jeune femme et lui, ils seraient de très bons amis. Ils s'entendraient, se comprendraient sûrement comme personne mais la passion ne ferait plus partie de l'équation. Cette flamme donnait ses derniers souffles. Elle l'ébouriffa et s'en alla vers leurs quartiers. Elle riait et le taquinait. Il souriait. Il était content qu'elle l'ait abordé pour poser les choses à plat entre eux, il était content de l'avoir retrouvée. Il fit un geste de la main pour la saluer. Il la retrouverait plus tard, dans quelques jours, pour honorer le deal et passer du temps avec elle. Leur amitié ne faisait que commencer, mais elle s'annonçait bien belle.