I would like to be a pure blood...~Feat Isaac Perks~

Une fois encore, Morange n'avait rien vu venir. Il était planqué dans l'ombre et la poussière de la cabane hurlante pour échapper aux bruits et à l'agitation du château quand ils avaient sauté sur le jeune serdaigle. Systématiquement, les élèves lui avaient pris baguette, livre, carnet. Il ne restait à Morange plus que ses poings pour se défendre et avec, il n'en ferait pas des miracles, c'était certain.
Avec le temps, il avait apprit à garder son calmer, à ignorer les perturbateurs et à continuer d'avancer malgré tout. Il s'était forgé en quelques sorte une identité différente de la véritable qu'il possédait.
Se faire passer pour un sang pur n'avait rien de très compliqué au final, il ne s'agissait que d'observeret de comprendre comment ils se tenaient et Morange se débrouillait très bien. Il lui arrivait même souvent de penser de la même manière qu'eux. Grace à ça, il avait réussi à se fondre parmi eux comme de la fumée.

Mais ces temps ci, ça devenait difficile d'assumer son rôle. Les élèves se doutaient de quelque chose, c'était certain. On le dévisageait dans les couloirs, le regardaient de hauts en bas mais ces regards et ces remarques glissaient sur le jeune élève sans l'atteindre. Il avait apprit à ignorer les gens, à ne vivre que pour lui et pour rien au monde il ne changerait ses habitudes quotidiennes. Il était sûr d'une chose néanmoins: Son frère avait tout cafté à ses potes sur le secret qu'il cachait. Celui ci avait sans doute demandé à ce que cette confidence reste cachée mais les rumeurs allaient vite à Poudlard. Et malgré son indifférence, Morange évitait soigneusement le regard des autres.

Et maintenant, la situation dans lequel se trouvait le jeune garçon semblait sans sortie. Il était étendu par terre, la lèvre tuméfiée. Deux élèves avaient leurs baguettes pointées droit sur lui. Il ne faisait pas un geste, ne doutant pas une seule seconde qu'ils pourraient se servir de la magie. Ils devaient être en sixième, voir septième année. Morange n'avait pas peur mais il devait tout de même se méfier. Les élèves le dégoutaient amèrement; ils étaient pitoyables. Il se redressa lentement sur ses coudes, la cheville en feu car l'uns d'entre eux avait trouvé ça hilarant de se défouler dessus.
" - Franchement vous faites pitiés. Je me demande si vous allez assumer si un professeur débarque. " Ricana t-il avant de cracher du sang sur le sol. " Ca faisait pas très serdaigle tout ça.
- Sincèrement que je sois sang pur ou pas, ca vous importe quoi ? "

Il ne put s'empêcher de lâcher un rire narquois. Pitoyable, vraiment. Les élèves étaient vraiment à bout de nerfs à cause du jeune serdaigle qui refusait de se soumettre à eux. A tout moment, ils pouvaient lui lancer un sort dont il se souviendrait toute sa vie mais malgré qu'il lui arrivait de frissonner de peur quand l'uns d'eux levait sa baguette, il ne montrait pas son anxiété. "- Franchement t'es une plaie Tiller. C'est bon, fini ton petit spectacle. " Répliqua le plus grand d'entre eux, sans doute le chef. Il leva la baguette et Morange savait qu'il avait son sortilège sur le bout de la langue.
Mais avant qu'il n'ait put prononcer le moindre mot, un grand fracas retentit à l'entrée de la cabane. Tous s'immobilisèrent, le souffle court. Ils n'étaient pas seuls.

12/01/2016

Samedi matin. Le printemps approchait mais le Royaume Uni ne semblait pas en être conscient, bien que seuls quelques jours ne le retiennent encore. Isaac souffla dans ses mains. Il n'avait pas daigné prendre ses gants en quittant Haveirson et il le regrettait maintenant. La météo Galloise était un soupçon plus clémente et il n'avait pas jugé utile de se protéger comme en plein hiver. C'était l'un des inconvénients de ces modes de transports sorciers, permettant de franchir de si grande distances en si peu de temps : on pouvait facilement grimper de quelques degrés ou au contraire en perdre en un craquement de transplanage, en un nuage de poudre de cheminette.

Mais peu importait. Isaac se tenait bien droit devant la vitrine de chez Honeydukes, patient. Charlie le rejoignait ici chaque fois qu'ils devaient se retrouver et même si elle n'avait pas pris la peine de lui renvoyer un hibou pour confirmer leurs retrouvailles cette fois-ci, il ne dérogerait pas à la règle et était prêt à faire le pied de grue toute la matinée. Toute cette histoire d'adolescence le dépassait un peu et il découvrait petit à petit qu'éduquer un enfant, seul qui plus est, n'était pas chose aisée. Il pouvait faire comme d'autres parents, lui dire de remballer son mauvais caractère et sa fichue mine de Mademoiselle-reine-du-monde, mais il peinait à remettre à sa place celle qu'il avait privée de mère. La culpabilité le rendait faible, et il laissa donc couler quand elle lui fit un signe de loin, un petit sourire enjôleur, un signe qu'il traduisit comme la promesse d'un courrier prochain et l'interdiction de venir lui faire honte devant les copines. Alors il haussa les épaules et profita de son excursion de toute façon. Il acheta un sachet de ses bonbons préférés qu'il lui enverrait avec son argent de poche hebdomadaire et se décida à faire un tour, en touriste. Nostalgique.

Quelques années plutôt, quelques nombreuses années plus tôt, il avait été eux. Il avait arboré le blason des Gryffondors avec une fierté qu'il jugeait maintenant un peu ridicule et avait savouré chacune de ces matinées de liberté comme une bouffée d'air après de longues journées à étouffer dans l'enceinte du collège. Perdu dans ses souvenirs, mâchouillant un bâton de réglisse, il mit un moment à réaliser que les bruits étouffés qu'il entendait provenait de la Cabane Hurlante. Il se souvenait des paris idiots, de celui qui oserait s'y aventurer malgré les rumeurs. Adolescent, il refusait d'y croire, mais il n'avait jamais vraiment écarté l'hypothèse de maléfices et dangers abrités par cette vieille cabane effrayante. Maintenant toutefois, la témérité crasse laissait place à l'intérêt professionnel. Attiré par ces mystères, il se rapprocha un peu et frotta du bout des doigts la saleté qui couvrait une fenêtre de la bâtisse proche de la porte pour voir ce qui se passait à l'intérieur. Nul fantôme, juste des sorciers.

Un jeune garçon se tenait au sol, dans un état peu enviable, provoquant ceux qui l'avait certainement blessé. Malgré la situation, il faisait preuve de courage, même si ce n'était pas la meilleure chose à faire à ce moment précis. Les deux autres semblaient s'impatienter et Isaac décida d'intervenir, certain que les choses ne s

Un spectacle assez désolant, où deux sorciers adolescents, probablement vers la fin de leur scolarité, s'en prenaient à un autre visiblement plus jeune qu'eux. Et malgré la colère qu'il ressentait envers ces idiots qui se croyaient forts en s'en prenant au Serdaigle, Isaac ne put s'empêcher de sourire en entendant le garçon provoquer ses adversaires. Peu malin, mais très... Rouge et Or, quelle que fut sa maison. Maintenant, il fallait qu'il intervienne avant que les choses n'empirent.

Isaac soupira. Bien sûr, il était adulte. Professeur qui plus était, même s'il était d'une autre école, d'une autre région. Il pouvait entrer, remonter la bretelle de ces deux petites brutes et le problème serait écarté. Écarté, mais non résolu. Le garçon était peut être courageux, mais c'était un phénomène qu'il avait souvent observé, même s'il ne relevait pas réellement de son domaine. C'était quelque chose que l'on n'observait pas seulement chez les humains. Chez les animaux aussi, intervenir pour prendre la défense du plus faible ne faisait qu'empirer les choses. Il prenait un peu en assurance, et les dominants ressentaient encore plus le besoin de montrer leur puissance et leur ascendance sur lui. Alors quoi ? Il repousserait l'inévitable ? Autant agir intelligemment. Selon la définition de l'intelligence qu'il avait bien sûr. Il ne pouvait pas intervenir directement sur les jeunes sorciers sous peine d'une sévère remontrance de la part de son ancienne directrice de maison et peut être même d'une plainte, alors il donnerait à cette maison une excellente raison de porter son nom si elle se sentait trop fatiguée pour le faire seule. Il vérifia que personne n'était dans les parages et sortit sa baguette.

Il donna un coup de pied dans la porte qui s'ouvrit dans un grand fracas et reprit sa place pour ne pas être vu.

« Ventus Anima »

Le vent souffla dans la maison, faisant grincer le bois et battre les rideaux usés. Tous s'étaient retournés vers la porte et d'un nouveau coup de baguette à travers la vitre encrassée, il fit apparaître un épouvantail derrière le garçon assailli. Du moins il tenta. Isaac n'avait jamais été un as de la métamorphose et de l'apparition et ses souvenirs flous mêlés avec son manque d'idées rendirent son apparition quelque peu difforme et floue. Surtout, il était trop petit pour impressionner quiconque. Grommelant, il lança un amplificatum sur son épouvantail raté, suivi d'un sortilège de parole. Il adorait celui-ci et l'utilisait souvent quand Charlie était petite, pour l'amuser. Cette fois, il n'avait pas un but comique et l'épouvantail, surplombant maintenant les adolescents et vacillant dangereusement se mit à gronder tandis que Isaac dictait :

« Comment osez-vous me réveiller !? Implorez mon pardon ou fuyez avortons, ce garçon est sous ma protection ! »

Bon ok, il aurait pu faire mieux. Mais il n'avait pas pour habitude d'effrayer les enfants, et ce n'était pas quelque chose de naturel chez eux. Alors pour tenter d'ajouter un peu de dramatique, il lança un chauve furie sur les deux petites brutes, fit claquer la porte et son manque d'attention envers l'épouvantail le fit s'écrouler sur les deux sorciers qui semblèrent ne pas vouloir s'éterniser dans le coin. Il lança un dernier sort, un « prolabor » qui rendit l'allée de la cabane des plus glissants et regarda les garçons s'éloigner sur leurs fesses avec un plaisir difficilement contenu. Il entra dans la cabane, mit fin aux enchantements et s'approcha du jeune blessé.

« Ils devraient te laisser tranquille un moment. »

Il s'accroupit et l'examina brièvement avant de lui bander la cheville qui semblait la plus enflée avec son écharpe.

« Malheureusement, je ne peux pas faire beaucoup plus pour toi, la médicomagie n'est clairement pas mon domaine. Je pense qu'il va falloir te ramener à Poudlard pour aller directement à l'infirmerie, ça va aller ? » Il lui tendit la main pour aider le garçon à se relever s'il en était capable et reprit « Ne t'en fais pas, on peut souffler un peu avant. Je suis professeur à l'Université d'Haveirson, tu en as entendu parler ? Tu peux m'appeler Isaac. Qu'est ce qu'ils ont contre toi ? »

La première chose que Morange entendit suite au fracas qui avait retentit, était une voix grave qui apparut derrière lui. Il sursauta et fronça les sourcils en tentant un regard par-dessus son épaule. Un énorme épouvantail se tenait dans son dos et surplombait les autres élèves. Le serdaigle ne savait pas vraiment comment réagir face à ce nouvel arrivant. C'était pas tous les jours qu'un éventail lui venait en aide, il était assez étonné. Ce dernier réussit finalement à faire partir les deux perturbateurs et Morange se demanda s'il allait revenir vers lui jusqu'au moment ou un homme d'âge mûr s'agenouilla près de lui. Le jeune serdaigle devina tout de suite qu'il était le responsable de toute cette mise en scène et ne put s'empêcher de rire intérieurement.

Il aurait voulu commencer par lui demander à quoi rimait tout 9a mais l'homme se mit à lui bander la cheville avec sa propre écharpe. Sur le moment, il lui fut reconnaissant et ne dis rien en l'observant faire. Pendant son travail délicat, Morange leva les yeux sur lui. Il n'était pas de Poudlard, c'est sûr, puisqu'il ne l'avait jamais vu. Puis il se présenta enfin et lui tendit une main. Morange l'attrapa avec hésitation et se releva difficilement en s'appuyant au mur.

"-Bien sûr que ca va aller. " Assura le serdaigle sans aucune hésitation. Il allait tout de même réussir à surmonter une vulgaire petite blessure. Il tenta quelques pas dans la pièce pour s'en assurer pleinement puis s'arrêta. Il haussa les épaules machinalement en perdant son regard dans le vide. " Oh..C'est un petit peu compliqué. Disons que je cache quelque chose que je ne devrais pas cacher et puis...oh c'est ridicule. Je ne sais pas pourquoi ils m'en veulent.

Il ne voulait surtout pas s'étaler sur le sujet même s'il savait parfaitement que le professeur n'allait pas forcément porter de quelconque jugement sur ce qu'il cachait. Valait mieux changer de sujet. S'il en parlait à cet homme, il était sûr que la rumeur se répandrait partout ou il irait. Ce genre d'informations volent vite en général, que ce soit important ou pas.

" -J'ai vaguement entendu parler de Haveirson oui. Je suis à Poudlard moi. Qu'enseignez vous à Haveirson ? " Questionna le serdaigle en prenant place sur un tabouret poussiéreux , caché dans l'ombre. Il voulait à tout prix changer de sujet avant que le professeur ne lui pose d'autres questions...

12/01/2016

Il fallait bien avouer que le spectacle était réussi. Les deux garçons avaient pris leurs jambes à leur cou, la cabane hurlante avait retrouvé son calme et par Merlin, il n'avait pour le moment pas réveillé de véritable esprit. Aucun habitant mythique de la bicoque ne s'était manifesté et Isaac était assez fier de lui. Il s'était retrouvé dans quelques situations délicates au cours des dernières années et avait vite appris à faire avec les moyens du bord, à utiliser quelques sorts plutôt simples pour des mises en scène approximatives. En règle générale, comme aujourd'hui, cela suffisait. Au moins à gagner du temps. Avec un peu de chances, les deux garçons ne raconteraient pas leur mésaventure dans la cabane de peur de subir les foudres du prétendu maître des lieux, ou au moins de devoir expliquer à un adulte responsable pourquoi ils s'étaient trouvés ici avec un camarade en si piteux état.

Le garçon faisait d'ailleurs assez bonne figure malgré ce qui venait de lui arriver et Isaac supposa que ce n'était pas la première fois qu'il se retrouvait dans cette situation. Cette aptitude à se relever et à feindre l'absence totale d'intérêt pour ce qui lui arrivait était assez typique des souffres-douleur. Ou des imbéciles, mais le garçon avait l'air plutôt sensé. Isaac observa le jeune sorcier faire quelques pas pour tester sa cheville et garda le silence tandis que Morange tentait de lui faire croire qu'il n'avait aucune idée des motivations de ses assaillants. Isaac repensa à ce qu'il avait entendu un peu plus tôt, avant d'intervenir. Le garçon avait fait une réflexion sur le fait d'être sang pur ou non, et Isaac se doutait bien que cela avait un rapport.

En ce moment, tout tournait autour du sang. Mais si quelques années plus tôt, il n'aurait pas eu le moindre doute sur le fait que la victime dans ces histoires était forcément un sang de bourbe, maintenant il n'était plus sûr de rien. L’anxiété et la méfiance ambiante rendaient le bien et le mal assez flous, et chaque camp y allait parfois de son élan d'agressivité. Tout le monde était visé, y compris les sangs-purs, jugés pour les extrémistes qui hantaient leurs rangs. Même si cela étaient nombreux, les dommages collatéraux restaient dramatiques. En tous les cas, il était inutile d'insister pour le moment, le garçon ne se confierait pas. Et Isaac ne pouvait pas l'en blâmer : après tout il n'était qu'un inconnu.

« Je suis professeur d'Histoire » répondit-il à son jeune interlocuteur. « Mais je prends tout juste mon poste à Haveirson, je n'ai encore jamais donné de cours. Je n'y ai même pas encore posé mes valises à vrai dire, j'y vais demain. »

S'il voulait que le garçon lui parle, il devait montrer l'exemple, simplement. Il sourit et passa une main dans ses cheveux avant de jeter un coup d’œil à l'extérieur à travers les carreaux sales. La rue qui abritaient la cabane était déserte et heureusement. Bien sûr, il était adulte, il pouvait toujours trouver une explication quelconque à leur présence ici. Malgré tout, la Cabane Hurlante n'avait jamais été une attraction touristique, n'avait jamais été particulièrement ouvertes aux visites. Il reporta son attention sur le garçon et remarqua le blason de sa maison.

« Tu es à Serdaigle alors ? C'est aussi la maison de ma fille, tu la connais peut être ? Charlie Perks, elle est en troisième année. Une petite rouquine avec un sacré caractère... » Il laissa échapper un éclat de rire qu'il étouffa aussitôt. « Je crois qu'elle me tuerait si elle savait que je dis ça d'elle à ses camarades, je suis le pire père du Monde Magique. »

Il réalisa qu'il remuait sa baguette en parlant et se décida à la ranger. Si aucun fantôme ou monstre ne les avait attaqués jusqu'ici, ils étaient très certainement en sécurité. Et si cette légende de cabane hantée pouvait en faire rire certains, c'est qu'ils n'avaient pas assez voyagé pour imaginer ce que pouvaient renfermer certaines vieilles demeures. En Louisiane, dans la campagne Allemande ou encore dans les forêts Colombiennes, il avait eut l'occasion d'approcher et parfois même d'étudier d'anciennes habitations qui renfermaient d'étranges créatures et une multitude de dangers. Alors pourquoi croire que Pré-au-Lard n'abritait qu'une farce ? Il se rapprocha du Serdaigle.

« Comment est-ce que tu t'appelles ? Est-ce que ça t'arrive souvent ce genre de soucis ? »

A chaque fois les mêmes questions, les mêmes interrogations. Morange ne s'en lassait pas, non. Après tout, c'était normal de se poser ce genre de questions dans ces situations là. Mais toujours il bloquait au moment de répondre. Etait ce une bonne idée de répondre ou valait mieux se taire ?

Ce Isaac était professeur d'histoire à Haveirson donc. Et puis il avait une fille à Poudlard. Il secoua la tête. Il ne connaissait aucune Charlie; il avait juste du la voir quelques fois dans les couloirs. Il adressa un sourire désolé au professeur mais aussi un regard reconnaissant.

" -Vous êtes peut être le pire père du monde magique mais vous m'avez tout de même sorti d'une sacré galère. Encore une fois..." Sourit il en lâchant finalement un soupir. Parfois, il voudrait vraiment se défendre tout seul. "Pour vous répondre...C'est assez compliqué je dirais. Disons que je mens sur quelque chose et certaines personnes estiment que je n'ai donc pas ma place alors ils tentent de m'éliminer ou de me faire tomber. Mon nom c'est Morange. "

Il ne dévoila pas la cause de tous ces soucis. Si le professeur s'y intéressait , il le montrerait bien. Il poussa un long soupir. Oh oui malheureusement ça lui arrivait souvent ce genre de choses.
" - Ca m'arrive une bonne dizaine de fois par semaines depuis quelques temps. Mais en général c'est pas aussi violent. On s'amuse juste à me faire de sales coups. Et puis je me contente d'encaisser. Après tout...Oui, après tout, j'en ai un peu rien à faire. "

Il n'avait rien d'autre à dire. Une petite voix dans sa tête lui disait: " Tais toi sur ton secret, ca va t'apporter des ennuis." Mais une autre murmurait:" Dis le, ca ira mieux après. "
Et franchement entre les deux, le serdaigle avait un sacré choix à faire.

12/01/2016

Isaac n'était peut être pas la personne la plus perspicace au monde, mais il n'avais pas besoin d'être un génie ou que le garçon, Morange, puisque c'était son nom, lui dise exactement ce qui s'était passé pour comprendre. Les quelques mots, cette idée de mensonge et de ne pas être à sa place avait suffit pour que tout s'éclaire. Les sorciers de sang purs avaient rarement honte de leurs origines, même si certains issus de familles partisanes de la magie noire s'éloignaient de plus en plus de leurs ancêtres pour se refaire un nom plus correct, moins empreint de doute et d'obscurantisme. Mais vu le garçon, sa façon de se comporter... Il était certain que des sorciers avec un peu de sang moldu pourraient molester un sang pur s'il clamait son affiliation au côté obscur, mais lyncher quelqu'un faisant tout pour rallier leur bord n'avait pas de sens, où alors la situation était encore pire qu'il ne se l'imaginait.

Alors donc il déduisit que le garçon se faisait passer pour un Sang-pur. Mauvaise idée, et tellement peu valorisante ! Comment ces enfants pouvaient encore croire que ces choses avaient de l'importance ? Comment pouvaient-ils imaginer que la nature de leurs ancêtres changeait quelque chose à leur valeur ou à leur capacité magique ? Pour Isaac il n'y avait jamais eu différentes sortes de sorciers, pas au niveau du sang. A partir du moment où l'on était doué de magie, on était un sorcier, point final. La façon dont les conflits et le contexte social actuel atteignait les enfants était déplorable et Isaac soupira. Qu'est ce qu'il pouvait faire ? Avait-il vraiment cru que le simple fait de parler à de jeunes adultes, de les instruire et de les écouter ferait de lui... quoi ? Un combattant ? Quelqu'un de bien ? Est-ce qu'il était possible d'imaginer que c'était suffisant ? Bien sûr, les étudiants d'Haveirson incarnaient pour la plupart l'espoir du monde magique, mais quand les plus jeunes étaient touchés, qu'est ce qui était possible ? Qu'est ce qui était nécessaire ? Isaac hésita et préféra s'abstenir de toute remarque sur le sujet. Il se contenta d'un hochement de tête pensif et écouta ce que le garçon avait encore à dire.

Est-ce que Poudlard était si peu surveillé ? Avait-il vécu dans une sorte de bulle lors de sa scolarité pour ne pas être particulièrement touché par ses rivalités du sang ? Bien sûr, il avait assisté à des débordements, il s'y étaient souvent retrouvé mêlé aussi, avec sa volonté puérile de toujours vouloir sauver la veuve et l'orphelin que l'histoire le concerne ou non, et même parfois quand il n'en connaissait pas toutes les nuances. Mais une telle fréquence dans la douleur et la crainte, parce qu'il était certain que malgré ses airs dignes le garçon n'était pas toujours rassuré, c'était quelque chose qui lui échappait. Il avait été privilégié.

« Tu sais... Tu n'as pas à mentir sur ton sang. Tu n'as pas à parler de ton sang. Tu crois qu'il est différent du leur Plus trouble, plus liquide ? Plus froid, plus chaud ? L'héritage n'est pas une anomalie sanguine Morange, et il est dommage que personne ne vous l'explique. »

Il sourit, fouilla son sac et tendit une boîte de chocogrenouilles au garçon. Après tout, si Charlie n'avait pas eu envie de le rejoindre, tant pis, elle ne saurait pas qu'elle avait perdu quelques friandises au bénéfice d'un de ses camarades blessés. Et telle qu'Isaac la connaissait, elle serait de toute façon ravie d'avoir contribué ainsi. Du moins, il l'espérait.

« Tu ne devrais pas n'en avoir rien à faire. C'est important tu sais ? Pas tant l'image qu'ils ont de toi, ou leurs motifs, ou leur but. Peu importe qu'ils pensent leurs actes justifiés, ça ne te blessera ni plus ni moins. Mais pour toi ? Ce n'est pas important de savoir que tu vaux la peine de te battre pour toi même ? Je t'ai entendu les provoquer tout à l'heure, avant que je leur flanque la peur de leur courte vie. Est-ce que tu n'en as vraiment rien à faire de tout ça ? » Il hésita « Je ne peux pas faire grand chose, et je n'ai pas à interférer avec les affaires de Poudlard, mais tu en as parlé à ton préfet ? A ton directeur de maison ? J'imagine que tu n'attends rien de moi et certainement pas que je te fasse la morale. Ce n'est pas ce que j'essaye de faire d'ailleurs. Mais crois moi, si ce genre d'aventure arrivait à ma fille, à un de mes élèves, je ne supporterais pas que quelqu'un s'en désintéresse. »

Le serdaigle leva brusquement les yeux sur le professeur quand il exposa sa théorie sur son fameux secret. Sur le coup, il n'osa rien dire. Vraiment rien dire. A vrai dire, il ne savait pas trop quoi répondre. Alors il se contenta de baisser les yeux sur ses chaussures. Et il se sentait hyper gêné de réagir comme ça. En général il ne baissait jamais les yeux devant personne. Mais là c'était bien trop tentant. Il n'osait plus croiser son regard.Il trouva quand même la force d'expliquer le pourquoi qu'il se comportait ainsi.

Non c'est pas ça...C'est juste que...Je sais pas. Les sang purs sont un peu des modèles pour moi. Ils ont l'air tellement plus forts, plus puissants. Et ils sont toujours mieux vu que tous les autres. Je n'ai pas l'habitude d'avoir l'intention des autres, c'est vrai, et ça me deplaît pas mais parois j'aimerais que les choses soient différentes. -Sur ces mots, il lâcha un long soupir en se passant une main derrière la nuque. Il prit la chocogrenouille que lui tendait Isaac et le remercia du regard. Il se sentait techniquement incapable de prononcer un "merci" valable sans bafouiller. Décidément, cet homme était vraiment attentionné avec lui. Il ne se retenait pas et une très profonde envie de lui l'aurait poussé à se jeter dans ses bras.

C'est vrai qu'en y repensant, Isaac n'avait pas vraiment tord. Le serdaigle s'efforçait vraiment d'ignorer toutes ces piques qu'on lui lançaient. Et il arrivait à les oublier, à les regarder filer sous son nez. Et il y arrivait, là n'était pas le problème. Mais il avait sincèrement envie que tout cela s'arrête. Et pour que tout s'arrête, il fallait passer par la case "révélation" et il voulait l'éviter à tout prix. Il se souvenait encore des paroles de son père: Un secret sert à êre révéler un jour ou l'autre.
Ainsi son secret allait être révéler un jour ou l'autre. Il lâcha un autre soupir, las.

Non j'en ai jamais parler à personne. Je n'ai pas l'habitude de me confier. Et franchement ca arrangerait pas beaucoup les choses, y resterait toujours les remontrances des autres élèves. Pour me faire payer. En général, à Poudlard, les élèves aiment pas trop qu'on leur mente. Surtout sur ce sujet là et en ce moment.

12/01/2016

Sur le coup, Isaac ne put retenir son rire. Il espérait que le gamin n'en serait pas trop vexé, mais l'idée que les sang-purs soient particuliers, exemplaires ou quelque chose comme ça était totalement saugrenue. Bien sûr, certains d'entre eux étaient des modèles de vertu, mais l'australien ne pensait pas que leurs qualités avaient quoi que ce soit à voir avec leur sang. Et puis si les petites brutes qui venaient de s'en prendre à Morange étaient bien des sangs-purs, comment le garçon pouvait-il penser qu'ils étaient si merveilleux ? D'un geste sans doute trop paternaliste, il ébouriffa les cheveux du serdaigle et haussa les épaules.

« Des modèles ? Laisse-moi rire ! Ils n'ont rien d'exceptionnel tu sais, ils sont comme toi, comme moi, comme n'importe qui. Tu crois qu'ils ont plus de mérite parce que la magie coule dans leurs veines depuis des générations et des générations? Alors déjà, je doute que quiconque puisse prouver que la magie soit portée dans le sang mais si c'était le cas, est-ce que le cas d'un enfant né de parents moldus ne serait pas plus exceptionnel ? L'apparition de la magie là où il n'y en avait pas avant... Cela va te sembler peut être stupide, mais j'ai toujours trouvé une fleur qui éclos au milieu de pas grand chose, sans raison, sans que quiconque n'ait souhaité sa présence, beaucoup plus belle qu'une fleur pour laquelle on a semé tout un paquet de graines. Et puis tu sais, même chez les sorciers de sang pur, il y a des cracmols. Ce sont des personnes dépourvues de magie dans des familles sorcières,je ne sais pas si tu en as déjà entendu parler à Poudlard. Les cracmols ont des enfants dotés de magie, mais peut être qu'il y a longtemps, ce n'était pas toujours le cas. Peut être qu'ils étaient exclus et qu'ils ont fini par former une communauté à part et que les moldus sont leurs descendance. Peut être que moldus comme sorciers, nous avons tous des ancêtres communs ! »

Il hésita, rit de nouveau et se pencha vers Morange pour ajouter sur le ton de la confidence

« Et puis tu sais des sang-purs, il y en a de moins en moins. Ils se marient entre eux pour préserver la « race ». Au bout d'un moment, s'il n'y a pas de sang étranger, que de la même famille, moi j'appelle ça de la consanguinité. Tu trouves que c'est un signe de puissance, ça ? Chez les animaux, on constate que plus on cherche à purifier la race et donc à croiser des animaux dont les liens de parenté sont étroits, plus les petits sont dégénérés. Attention, je ne dis pas que tous les sorciers de sang dit pur sont comme ça, mais il faut se rendre à l'évidence, chercher la pureté à tout prix n'est pas une bonne chose... »

Il espérait que ses propos ne choquent pas l'adolescent, mais c'était sans doute quelque chose qu'il devait entendre, qu'il devait réaliser. On n'a pas plus de valeur parce que nos ancêtres ont fait peur de fanatisme ou se sont reproduits avec leurs frères et sœurs. On a de la valeur par ce que l'on accomplit. C'était quelque chose en quoi Isaac croyait fermement. Lorsque le jeune sorcier lui avoua n'avoir parlé de la situation à personne, Isaac soupira et chassa ses divagations de son esprit. Il ne pouvait pas forcer le collégien à confier ses secrets et pourtant, il trouvait déplorable que l'équipe enseignante ne soit pas au courant de ce qui se passait, que le gamin ne parvienne pas à leur faire confiance pour le protéger de ce qui pourrait advenir si l'affaire s'ébruitait. Peut être qu'avec le contexte actuel, ils avaient d'autres chats, ou plutôt d'autres mangemorts et autres illuminés à fouetter mais tout de même... Protéger les enfants était crucial, non ? Qu'est ce qu'il pouvait faire lui, au fin fond du Pays de Galles pour cet enfant qu'il ne connaissait pas, tourmenté dans son collège écossais ?

« Personne n'aime qu'on lui mente. Peu importe le sujet. Mais tu n'as pas à te définir. Ton sang ne les regarde pas plus que le temps que tu passes à te laver les dents chaque soir, ou... je ne sais pas moi, le motif de tes sous-vêtement. C'est personnel, c'est intime. C'est sans importance. Si tu veux en parler à quelqu'un cela dit, quelqu'un qui n'ébruitera rien, je suis là, d'accord ? C'est sans doute futile, et je doute que ça t'apporte beaucoup de réconfort, mais si ça peut te faire du bien d'en parler un peu et de ne pas cacher ce que tu es à quelqu'un, tu peux m'écrire à Haveirson. Je suis prof, écouter les doléances d'adolescents, qu'ils soient mes étudiants ou non, ça fait partie de mes compétences. »

La vision des choses de Isaac changea légèrement celle de Morange. C'est vrai qu'il ne l'avait jamais vu comme ça. Mais ça lui faisait du bien d'entendre enfin quelqu'un qui semblait le comprendre vraiment, qu'il soit un simple élève ou un autre. Il écouta chaque paroles de Isaac , autant importantes les unes que les autres. Il se sentait con et bête d'avoir réagit comme ça jusqu'à aujourd'hui mais bien sûr, il ne pouvait changer le passé, il n'y avait que l'avenir qui pourra vraiment déterminer de ce qu'il décide de faire. A la fin du long discours du professeur, Morange lui sourit un peu, le coeur serré, il avait au moins une épaule sur qui se reposer à présent s'il allait vraiment mal et même s'il n'avait l'habitude de se confier à personne. Merci monsieur pour tous ces conseils, j'y penserais..Je manquerais pas de vous écrire, si seulement j'avais votre adresse, enfin celle de Haveirson. Les professeurs ont -ils le droit de recevoir des courriers d'élèves en dehors de l'académie ? - Il l'interrogea du regard, légèrement étonné-
Néanmoins j'y manquerais pas et si je croise votre fille, j'irais lui dire bonjour.

Il jeta un coup d'oeil à sa cheville, puis à ses différentes autres blessures. Même si Isaac l'avait beaucoup aider, il allait tout de même faire un petit tour à l'infirmerie. Il était maintenant temps de rentrer au château, en espérant ne pas croiser les autres. En se dirigeant vers la sortie il se souvint d'une chose et se tourna une nouvelle fois vers l'homme. Oh et si vous pouviez éviter de parler de tout ça à qui que ce soit...Enfin, je vous en serais très reconnaissant. Les rumeurs et les bruits courent vite à Poudlard. - Le serdaigle promettait de réfléchir à tout ça, garder ce genre de secrets pouvait être très difficile mais le dévoiler l'était encore plus et il donnerait tout pour que ça soit plus simple. Il suffisait de prendre sur lui même. Adressant un dernier signe de tête à Isaac, Morange disparut hors de la cabane hurlante. Il commençait déjà pleuvoir.