Good Bye from the Other Side. [PV: Aaron N. Powell]

Un jour en Mars, 7H43.

Avant d'aller en cours, Aaron avait demandé à Lune s'il pouvait aller discuter un peu dehors. Il faisait moins froid qu'en Février, mais le Soleil se faisait encore rare. Le ciel ce matin était blanc-gris et maussade: une météo que Lune appréciait de temps en temps, car l'air était frais mais doux, mais en contrepartie, le ciel si blanc faisait mal aux yeux.

Elle finit ses œufs durs et ses haricots rouges en quelques minutes et bu son thé avec sa naturelle délicatesse. Elle avait quelques pensées pour son meilleur ami, qu'elle n'avait fait que croiser ces temps-ci. Tous les deux avaient l'air si occupés, qu'ils n'avait pas pris le temps de se fixer un moment pour eux, qui avant les vacances de Noël, se voyaient bien plus souvent.

Lune posa son mug qu'elle tenait à une main: impressionnant, car ses mains étaient plutôt petites. Elle jeta un coup d'œil à la table des Poufsouffle; Aaron avait l'air de petit déjeuner tranquillement en discutant avec ses confrères et ses consoeurs. Lune insista du regard pour que son ami croise le sien: elle voulait lui annoncé qu'elle sortait.
Le jeune homme intercepta le message de Lune, et c'est tout ce qu'elle en vit. Elle se leva, et d'un pas sûr quitta la grande salle.

Elle se dirigea vers le parc. Elle aurait enfin dix minutes pour discuter avec Aaron, depuis le temps qu'il ne se disent que "Bonjour!" ou "Hey, ça va?" entre deux cours. Le week-end, Lune restait étudier dans la salle commune et plus précisément dans le dortoir, sur son lit, près de la fenêtre. La jeune fille préférait ces temps-ci le calme pour pouvoir se concentrer.

Le vent souffla légèrement et fit flotter les cheveux bruns de la sorcière. Elle regardait le ciel en plissant ses yeux. Aujourd'hui, elle n'avait ni sa cape, ni son écharpe: son pull suffisait à la garder au chaud. Soudain, perdue dans ses pensées, elle entendit des gens sortir dehors aussi: elle se retourna, mais pas de Aaron. Encore en retard? Elle s'avançait plus loin dans sur l'herbe encore mouillée de rosée matinale. Au moins, elle prenait un peu l'air, après avoir passé la majorité de son temps sur son lit.

Lune lui manquait. Vraiment. Les vacances de Noël avaient été agréables, mais beaucoup trop courtes. Et depuis, les deux meilleurs amis n'avaient pas eu une minute pour eux. Alors c'était avec résolution qu'il avait réussi à attraper la jeune fille avant d'aller prendre son petit-déjeuner, décidé à pouvoir échanger quelques mots avant de débuter leur journée de cours. Parce que ; il avait des choses à lui dire. Comme par exemple le fait qu'il était tombé amoureux. Qu'il avait une petite amie. La Serdaigle possédait le droit de savoir, quand même. Il n'avait toujours pas eu le temps de lui annoncer convenablement.

Il était impatient, bien que ça ne l'ait pas pour autant empêché de se goinfrer comme à son habitude, en compagnie de Hestia & Will, d'excellents camarades de maison, bien que plus âgés. Il hocha la tête, tout en lui envoyant un grand sourire, comprenant le message de Lune suite à son regard plus qu'insistant. L'adolescent dévora plusieurs croissants, et avala d'une traite son jus d'orange, voyant que tout le monde commençait à sortir de la grande salle commune. Apparemment, il était en retard. On ne change pas une équipe qui gagne, pas vrai ?

Il se leva alors d'un bond, se dirigeant rapidement vers le parc, le lieu proposé par Lune. Aaron fut étonné de ne pas ressentir le froid habituel, mais juste un air frais. L'hiver était terminé depuis longtemps, mais encore des flocons étaient tombés la semaine passée sur Pré-Au-Lard. On pouvait facilement repérer le soleil, qui se cachait encore mais difficilement derrière ce ciel blanc. Il pourrait enfin recommencer à courir de bon matin.

Pourtant il était légèrement stressé ; il savait que c'était en grande partie de sa faute s'ils ne prenaient plus le temps de se voir réellement. Le Poufsouffle réservait ses pauses à revoir Aly, au détour d'un couloir. Il se rendait maintenant compte à quel point il avait délaissé la bleu & argent. Sauf qu'on ne changeait pas le passé. Le sorcier allait devoir assumer. Mais ; elle aussi avait sa part de responsabilités, évidemment. En temps que Serdaigle, Auclair ne pouvait se permettre de voir ses notes chuter. Et Aaron avait accepter cela depuis longtemps, sans broncher. Car il comprenait parfaitement sa meilleure amie & il ne lui en voudrait jamais pour ça.

Il repéra la brune un peu plus loin, qui marchait lentement, l'attendant sûrement. Il s'approcha doucement d'elle, pour finalement laisser son coté farceur reprendre le dessus. Powell ne pouvait pas résister à l'appel d'une blague, c'était plus fort que lui.

Désormais, il se tenait debout, dans son dos ─ c'était même étonnant qu'elle ne l'ait toujours pas entendu ─ et rapprocha sans faire le moindre bruit sa tête de son oreille.

« Bouh. » chuchota-t-il, un grand sourire gravé sur son visage.

Elle lui avait terriblement manqué.

Lune posa ses mains sur ses hanches, comme si elle s'en allait affronter le plus malfaisant des sorcier, mais elle ne fit que regarder l'horizon en fronçant ses sourcils épais, mais très bien dessinés. Cela lui donnait un regard encore plus dur que d'habitude.

Elle sentit sa baguette coincée sous son pull. Bien qu'elle ait une forme incurvée, elle la gênait relativement. Elle la sortit pour la glisser dans sa manche droite à la place. Soudain, elle sentit une présence qui s'approchait, mais fit mine de ne pas le remarquer. En l'espace de quelques secondes, ses paumes devinrent moites, mais moites de froid: Lune avait toujours les mains très froides et très rarement, il lui arrivait d'avoir les mains brûlantes, mais même moites, elles étaient en général froides. Son souffle pouvait se distinguer si l'on regardait de prêt, comme si elle avait été gelée sur place. Elle commençait à trembler un peu même.

Est-ce l'effet que cela fait quand on a un mauvais pressentiment? Mais il n'y a aucune raison pourtant.. Pourquoi t'inquiètes-tu, Lune? Que vas-tu faire? Ne penses-tu pas que c'est juste un sentiment dont tu cherches à te débarrasser? Un sentiment que tu ne cesses de cacher? Allez, arrête de te mentir, ma petite. Tu. es. faible..

- Bouh.

Lune se retourna en sursaut, les joues rouges, bien qu'il ne faisait pas aussi froid. Elle regarda Aaron avec la lèvre inférieure qui tremblait, avant de la mordre en souriant, et lui donner un de ces fameux coups de poing dans le ventre. Son poing était si petit qu'il ne fit presque aucun dommage sur le jeune damoiseau.

- Tu m'as fait peur, idiot! lança la bleue et bronze de sa toute petite taille, reprenant un air plus sérieux sur son visage. Ca faisait longtemps que l'on a pas eu de conversation tous les deux, dit-elle en se contenant de toute émotion trop grande.

Lune croisa les bras sous sa poitrine, pour éviter de trop bouger. Elle savait au fond d'elle même qu'elle était embarrassée, et que cela faisait trop longtemps qu'elle ne lui avait pas parlé.

Tu es bien faible Lune. Arrêtes-toi là.

Un léger sursaut, ne passant pas réellement inaperçu aux yeux d'Aaron, qui commençait déjà à sourire, tout fier de sa surprise. Se retournant vers le Poufsouffle, ce dernier put enfin voir son visage, ses pommettes légèrement rougies, qui dévoilaient la peur qui fut présente un court instant.

« C'était un peu le but, Lune. », éluda-t-il, en souriant de plus belle, « Oui. Ça m'avait tellement manqué. »

Evidemment, il se prit le célèbre coup de poing dans le ventre, c'était presque devenu un rituel entre eux.

Placé à quelques centimètres du corps de la brune, Aaron ne réfléchit pas une seule seconde ; il la prit dans ses bras, profitant de ce moment de calme que l'adolescent n'avait pas eu depuis ce qui lui semblait être une éternité. La Serdaigle n'était pas fan des contacts, mais pour une fois il s'autorisa ce plaisir. La sentir proche de lui le rassurait, en quelques sortes, & il se rendait désormais compte à quel point ce sentiment lui manqué.

Se détachant à regrets de sa meilleure amie, Aaron plongea ses mains dans ses poches, et souffla pour remettre l'une de ses mèches en place.

« Alors, qu'est-ce que tu me racontes de beau ? », demanda le Poufsouffle, sachant pourtant qu'elle passait le plus clair de son temps à réviser.

Parce que ; il ne parlerait certainement pas le premier. Pour une fois. Le blond n'avait pas peur d'admettre qu'il aimait comme un fou Alycia, pas le moindre du monde. Ses sentiments étaient réels, et même si c'était encore tout nouveau, elle était comme une véritable drogue. Mais ; combien de fois lui avait-elle dit, une mine enjouée avec un air de défi qu'il semblait lui avoir transmis, « il faudrait vraiment que tu te trouves une copine, Aaron. » ? Une bonne centaine, au minimum. Mais il ne savait pas trop comment l'annoncer. En face.

Alors il attendrait le bon moment pour le lui dire. Qu'elle soit enfin fière de lui, par Merlin !

Après que le jeune sorcier l'ait tiré vers lui, le cœur de Lune ne put s'empêcher de battre de plus belle.

Est-ce que tu aurais peur, Lune? Tu es si fragile, pourquoi n'essaies-tu pas de t'empêcher toute cette mascarade d'émotions? Concentre-toi!

Lune sentit la chaleur qu'émettait Aaron. La jeune fille ne bougeait même pas les bras pour étreindre son ami, car quelque chose l'avait perturbée. Une odeur inhabituelle embaumait les vêtements du Jaune et Noir. Une odeur que Lune n'avait jamais sentie auparavant. Quelle odeur était-ce?

Puis, le jeune homme rompue l'étreinte, et pris ses aises en glissant ses mains dans ses poches. Lune regardait attentivement le garçon, plissant les yeux comme pour essayer de voir à travers. Bien que sa matière favorite soit la Divination, l'Astre n'osait pas utiliser ses capacités à tort et pour son propre vouloir. Elle le pouvait, mais elle s'en empêchait.

- Alors, qu'est-ce que tu me racontes de beau? commença le jeune homme. Sa posture si désinvolte mais si imposante intimidait la Serdaigle au fond d'elle, ce qu'elle ne laissait jamais transparaître. Elle s'imposait souvent de la même façon, par sa posture droite et ses gestes délicats. Lune ajusta quelques mèches de cheveux avant de croiser les bras et de relever son regard vers son ami. L'odeur qu'elle avait sentie il y a à peine quelques secondes la rendait confuse. Qu'est ce que c'est que ça..?

- Si tu veux je peux te parler de mes cours d'Astronomie, ou encore de sortilèges informulés? C'est le sujet qui m'a demandé le plus de temps, je me suis pas mal entrainée, et j'ai fait quelques recherches intéressantes à ce sujet à la bibliothèque., répondit Lune avec un petit sourire en coin qui revenait souvent sur les lèvres de la bleue et bronze en compagnie de personnes qu'elle considérait comme proches.
- Et toi donc? Depuis le temps, tu devrais avoir aussi des choses à dire, non?, s'enquit la brune, en se mordant la lèvre inférieure.

« Les sortilèges informulés ?.. C'est quoi ça ? Enfin non, oublie, c'est logique, mais je ne pensais vraiment pas que c'était au programme de sixième année. » annonça-t-il, prenant tout à coup un air intéressé.

Il n'était pas vraiment renseigné sur le sujet ; seul le nom de la technique l'inspirait. Evidemment, le rôle premier des sortilèges informulés était certainement la surprise ; l'éventuel adversaire ne pouvait rien prévoir de la prochaine attaque. Aussi, si la situation faisait en sorte que le sorcier était incapable de parler, lancer le sort mentalement aider beaucoup. Ce n'était que des hypothèses logiques, bien sûr, même si ce devait être fichtrement compliqué à maîtriser.

Ce fut même étonnant que la bleu & argent n'évoque pas le nom de sa matière préférée : la Divination. A chaque rencontre, Lune ne pouvait s'en empêcher, tout comme Aaron ne pouvait s'abstenir d'évoquer son sport préféré. Et il râlait secrètement, parce qu'il s'en fichait éperdument de cette matière, mais il faisait un effort pour sa meilleure amie. Pour ne pas la froisser. Parce que quand elle décidait de faire la tête, elle la faisait vraiment. Le seul moyen de la sortir de son boudage intensif était de la faire rire ─ bon, ce n'était pas si compliqué que ça pour le Poufsouffle, qui prenait un malin plaisir à la faire rire alors qu'elle était censée ne plus lui adresser la parole.

Mais bientôt cette dernière lui retournait la question. Il sentit son cœur sauter un battement, et comme si c'était un geste qui lui servait pour se calmer, sa main traversa sa chevelure blonde, remettant par la même occasion sa touffe en place ─ enfin, légèrement. Il ne comprenait toujours pas pourquoi il se mettait dans un tel état. Il assumait pleinement cette relation ─ tout comme le faisait Aly. Bon, c'était maintenant ou jamais, non ?

« Bah, en fait, carrément. » dit-il, en souriant de plus belle, « J'ai.. Une petite amie, Lune. Elle s'appelle Alycia, elle est à Serpentard, mais ça je m'en fiche royalement, parce que je l'aime, et c'est tout ce qui compte. » avoua-t-il, fier, sans une once de gêne, comme si le poids sur ses épaules venait de tomber.