L'aboutissement d'une longue quête

Aujourd'hui, il était déterminé à y arriver. La veille, il était tombé sur Megan alors qu'il cherchait un endroit où travailler. La rencontre ne lui avait pas déplu, loin de là, mais elle l'avait éloigné de son but initial. En ce nouveau jour, il retentait sa chance. Il n'avait jamais autant travailler un sujet que celui-ci. Il se penchait sur le problème aussi souvent qu'il le pouvait. Il avait même reçu de nombreuses aides lorsqu'il était aux Amériques. Ils l'avaient grandement aidé à avancé dans la compréhension de cette magie, et il avait ainsi pu bénéficié d'une nouvelle approche. Les approches occidentales et amérindiennes étaient sensiblement différentes. Et pourtant, elles se rejoignaient. Tout cela était bien compliqué. Mais, quoi qu'il en soit, il avait beau faire autant de recherches qu'il le voulait, seule la pratique l'amènerait au résultat souhaité.

Il avait longtemps hésité sur le lieu où pratiquer. Il voulait que ce travail reste secret, tout du moins la pratique. Certains étudiants, notamment ses colocataires, l'avaient déjà vu étudier des ouvrages sur les Animagi, mais en soit, rien de bien grave. En tant qu'étudiant en cursus de métamorphose, il était normal qu'il se renseigne sur des détails aussi fascinants de la discipline. Mais pour tout le monde, cela restait théorique. Personne ne se doutait qu'il visait plus que de simples connaissances théoriques. A la limite, Clemens pouvait se souvenir des discussions qu'ils avaient eu à Poudlard à propos de métamorphose. Néanmoins, cela commençait à remonter et, à l'époque, ce n'était qu'un rêve pour les deux jeunes hommes. De là à savoir si chacun d'eux continuerait sur cette voie, rien n'était dit.
Ainsi, trouver un lieu où sa pratique s'avèrerait discrète était une tâche bien compliquée. Au château ? Non c'était bien trop risqué. Le Comte savait tout ce qu'ils faisaient, tous, sans exception. Et il y avait bien trop de risque d'être dérangé par un autre étudiant. De plus, il ne pouvait partir loin. Transplaner lui aurait coûter bien trop d'énergie. Et il ne pensait pas que ce soit une bonne chose étant donné la tâche qu'il avait à accomplir. Il savait que la métamorphose lui était très consommatrice d'énergie magique, notamment lorsqu'il débutait dans la transformation, lorsqu'il essayait de l'apprivoiser, d'apprendre à la faire correctement. Il était doué en métamorphose, certes, mais il devait tout de même travailler beaucoup pour assouvir ses ambitions.
Bref, un lieu discret, à proximité d'Haveirson. Son choix ne fut donc pas très compliqué. Il n'y avait que la forêt d'Avalon pour proposer une telle offre. Sa tentative de la veille de trouver un coin sympathique, qui l'inspirait, sans pouvoir être vu, avait lamentablement échoué lorsqu'il était tombé sur Megan. Cet échec n'était désagréable étant donné le peu de temps qu'ils avaient ensemble, mais il était bien décidé à avancer dans cette métamorphose. Il travaillait la théorie depuis bien trop longtemps sans être passé à la pratique. Il le devait pourtant. Il n'y arriverait pas autrement.

Il se rendait donc, armé de son sac à dos, en direction des bois d'Avalon. Il était déterminé à travailler aujourd'hui. Plus rien ne l'empêcherait d'atteindre son objectif. Il le savait au fond de lui, il pouvait y arriver. Il allait y arriver même ! Il lui fallait juste de la pratique. Et, puisqu'ils n'avaient à nouveau plus d'enseignants de métamorphose, il allait profiter de tout ce temps libre à nouveau disponible pour se mettre au dur labeur de la pratique.

Au niveau de la rivière, il emprunta la bifurcation qui s'engouffrait dans la forêt. Il suivait pour l'instant le chemin en terre. Il connaissait, pour s'y être baladé à de maintes reprises, la trajectoire qu'il faisait dans les bois, et il savait donc à quel moment il devrait le quitter pour s'engager plus profondément dans les grands bois d'Avalon. Il avançait, profitant de tout ce qu'il avait sous les yeux. La beauté de ces bois s'offrait à lui, et il la recevait comme un cadeau de la nature. Merlin savait à quel point il aimait les paysages de forêt. Au moment voulu, il quitta le sentier pour s'engager dans une partie de la fore plus naturelle, vierge de toute trace de l'homme. C'était somptueux ! Il continua d'avancer jusqu'à tomber sur une clairière collée à la rivière. Ce serait ici, il le sentait. C'était ici qu'il fallait qu'il s'entraîne.

Il posa son sac au milieu de la clairière et commença à en faire le tour. Même s'il s'était éloigné suffisamment de toute civilisation, on était jamais trop prudent. Il lança des sorts de protection autour de la clairière afin de s'isoler de la vue du monde. Il pourrait ainsi voir sans être vu. Il pourrait être entendu, mais le bruit était également atténué lorsqu'il passait à travers les barrières qu'il venait d'ériger. Il fallait être proche pour pouvoir l'entendre, si jamais il lançait un sort de manière audible.

Il retourna vers son sac et en sortit son grimoire sur les Animagus. Ce fameux grimoire qu'il avait toujours sur lui. C'était l'ouvrage le plus complet qu'il avait pu trouver sur le sujet. Il l'avait lu et relu un certain nombre de fois, il était presque incollable sur la théorie, mais sur la théorie seulement. Maintenant était venu l'heure de la pratique. Il ouvrit le livre au chapitre parlant de la transformation en elle-même. C'était assez compliqué, il lui avait fallu plusieurs lectures pour comprendre pleinement ce chapitre-ci. C'était une forme de métamorphose très particulière et assez différent de ce qu'il pouvait pratiquer au quotidien. La transformation animale était vraiment quelque chose de spécial dans cette discipline. S'il se ratait, il savait ce qu'il risquait. Et pourtant, malgré les risques encourus, il préférait garder tout cela secret. Le nombre de personnes en qui il pourrait avoir confiance pour parler de son projet se comptait facilement sur les doigts d'une seule main. Mais il n'était pas sûr qu'une seule de ces personnes ne sache faire ce qu'il fallait pour le soigner s'il se loupait. Et dans ce cas, ce serait un aller direct pour Sainte-Mangouste et par là-même quelques ennuis avec le Ministère pour ne pas s'être déclaré comme apprenti. Les autorités prenaient le sujet très au sérieux, et c'était presque garanti que tout sorcier Animagus non enregistré chopé par le Ministère avait le droit à un séjour à Azkaban sans passer par la case départ et sans recevoir 200 Gallions de Gringotts. Afin d'éviter tout ça, il avait décidé de garder son projet secret et espérer ne pas se faire mal.

Il relut rapidement le chapitre afin d'avoir tous les détails en tête. Il y avait tout un tas d'étapes dans l'apprentissage, notamment de l'entraînement afin d'approcher petit à petit le résultat - l'auteur précisait tout de même qu'il ne s'agissait d'une recette miracle, qu'elle pouvait ne pas fonctionner. Et ainsi procèderait-il : petit à petit. Aujourd'hui, il commencerait par les premières étapes, s'entraînant à des formes plutôt faciles de transformation du corps. Le but de tous ces exercices était de transcender l'esprit, de le lier parfaitement au corps afin qu'il puisse le contrôler parfaitement et en être le digne maître. Seulement à ce moment précis pourrait-il sentir la métamorphose Animagi.

26 mars 1997, suite

Dean s'entraînait depuis le début de la matinée. Il ne lâchait rien. Maintenant qu'il s'était enfin lancé dans la pratique, il n'avait pas l'intention de s'arrêter jusqu'à la réussite de son projet. Il avait déjà attendu trop longtemps, il avait étudié la théorie trop longtemps sans véritablement pratiquer. La dernière fois qu'il avait pratiqué, c'était avec ses amis amérindiens, et ça commençait à bien remonter maintenant. Autant dire qu'il reprenait la pratique de quasiment zéro. Il savait néanmoins par où il comptait passer, qu'est-ce qu'il allait faire pour avancer vers son objectif. Il ne lâcherait pas, il avait bel et bien l'intention de réussir cette quête.

Il méritait bien une pause. Cela faisait déjà deux heures qu'il enchaînait les transformations classiques et faciles afin de se chauffer. Mais l'heure du repas sonnait et il ne voulait pas louper cette étape importante de la journée. Il avait besoin d'autant d'énergie que possible afin de pouvoir pratiquer sans relâche. La quête qu'il avait entreprise était très gourmande en énergie magique, et il avait besoin de combler cette consommation par un fort appétit. Et heureusement, son sac était bien rempli de tout ce dont il aurait besoin. Il y avait des fruits, notamment des bananes, très riches en sucre. Il avait également emporté des Sphergy©. Mais si vous savez, ces petites boules de nourriture, très énergisantes, et dont raffolent les sportifs sorciers. C'est l'équivalent des barres céréalières moldues si vous préférez.

Cela ne remplacerait clairement pas un véritable repas, mais c'était largement suffisant pour lui permettre de reprendre l'énergie dont il avait besoin. Il avait prévu de faire une pause toutes les deux heures environ, afin de se reposer légèrement et de manger quelque chose afin que son organisme ne manque jamais d'énergie magique pour les métamorphoses qu'il comptait faire tout au cours de la journée. C'était important pour lui. Il savait à quel point la matière qu'il étudiait était gourmande en énergie magique. C'était souvent cette violente fatigue qui le forçait d'arrêter les études pratiques chaque jour dans son cursus. Mais puisqu'il alternait pas mal avec des études plus théoriques, il arrivait à tenir toute la journée.

Il se reposait donc, assis au bord de la rivière. Il regardait l'eau couler. Elle était transparente, elle caressait le lit de roches sur lequel passait la rivière. C'était vraiment beau de voir ces mouvements fluides. Il reprit une bouchée d'une Sphergy. Lorsqu'il l'aurait terminé, il reprendrait son entraînement. Il le fallait. Il ne devait pas se laisser aller, il ne devait pas lâcher. Plus son entraînement sera intense, au mieux il s'approchera de son résultat. Il devait garder le moral, il devait rester motiver. La récompense qui était au bout valait vraiment la peine de se démener de la sorte. Elle lui apporterait tellement, d'un point de vue de ses études, comme d'un point de vue libérateur.

Il prit une dernière gorgée d'eau et se releva. Il était temps de s'y remettre. Il avait un programme bien chargé à suivre, et il ne pouvait pas permettre à son esprit de divaguer ainsi, pas durant les quelques jours qui allaient suivre. Il devait rester concentré sur son objectif, ne pas le perdre des yeux. Ses réflexions, ses écrits, ses amis, Megan, tout cela attendra bien quelques jours. Il devait absolument rester aux aguets, rester concentré sur ce qu'il faisait, il devait sentir ce qu'il appliquait. Plus son esprit sera proche de son corps, plus proche de la transformation finale il sera. Ce n'était pas évident que son esprit ne fasse qu'un avec le corps, mais c'était indispensable. Il devait ressentir ce qu'il faisait subir à son corps. Ce dernier est limité, alors que l'esprit connaît très peu de frontières. Si le corps et l'esprit sont liés, ne formant alors plus qu'une entité, à ce moment-là, le sorcier pourra pousser les limites de son corps et réussir des métamorphoses plus complexes, telles que la transformation Animagi.

Il porta son regard sur le livre, ouvert à la bonne page, qui était posé sur le sol. Il comprenait un bout de parchemin posé sur la page de gauche, et la page de droite montrait son contenu. Il avait mis cette disposition afin d'avoir un maximum d'informations à portée de vue, sans trop se compliquer la vie. Il devait se chauffer à nouveau avant d'avancer. Il allait donc reprendre deux points au dessus dans sa liste de transformations avant celui où il s'était arrêté. Très rapidement, il réussit à enchaîner les deux points déjà travaillés avant la pause. Il se souvenait parfaitement de ce qu'il avait fait, de ce qu'il avait ressenti, et il put donc enchaîner assez rapidement sur la suite du programme.

Il attaquait des métamorphoses légèrement plus complexes. De toute façon, c'était ce qu'il avait prévu. Il irait crescendo en difficulté afin de toujours aller dans le sens d'un rapprochement de l'esprit et du corps. Le premier devant prendre le dessus sur le second pour repousser ses limites. Il s'élança. Son bras commença à s'étirer, à se boudiner. Puis ce fut le tour de son buste. La transformation s'effectuait, se propageait telle une onde dans son corps. Elle avait commencé au niveau de sa main, puis s'était étendue au bras, et maintenant elle continuait son avancée. Tout son corps subissait la transformation. Il restait concentré. Il visualisait correctement l'image de ce en quoi il voulait se métamorphoser. Il s'en rapprochait, il le sentait, il ressentait son corps se dilater, s'étendre, se modifier. Il ressentait les modifications qu'il faisait subir à son corps. Il ressentait vraiment ce qu'il faisait. Jusqu'à arriver au résultat : il ressemblait à un mannequin d'entraînement au duel.

Spoiler:

Il continua ainsi toute l'après-midi durant, s'accordant de temps en temps des petites pauses pour reprendre de l'énergie et se nourrir. Il enchaînait les métamorphoses, continuant d'aller crescendo en difficulté, s'appliquant à déformer de plus en plus son corps. Il sentait son progrès, il sentait son esprit faire un peu plus corps avec son enveloppe charnelle. Même si ces transformations lui restaient assez simples pour l'instant, il se concentrait surtout sur ce rapprochement, sur ses sensations, pour pouvoir ensuite passer à des choses plus sérieuses, plus compliquées, et continuer ainsi d'avancer dans sa quête.

27 mars 1997

La veille avait été très productive. Il avait bien avancé. Il était content des résultats qu'il avait pu obtenir ne serait-ce qu'en une journée de travail intensif. Il savait pertinemment que ce n'était pas encore le résultat qu'il escomptait, mais il avait bien progressé en métamorphose humaine, tout au long des derniers mois. Il arrivait de mieux en mieux à se transformer en objet du quotidien. C'était un travail de longue haleine, qui s'étalait sur de longs mois, mais aujourd'hui il voyait enfin tout ce travail commencer à payer. Mais ce n'était qu'un commencement, et il savait qu'il avait encore une longue route à parcourir avant de pleinement maîtriser cette discipline, avant de pouvoir ne serait-ce qu'être capable de prétendre à un niveau suffisant pour en faire son métier. Cela dit, l'absence de professeur de Métamorphose à Haveirson ne l'avait pas découragé, il avait su resté concentré sur ses objectifs. Même s'il fallait que certains jours avaient été beaucoup moins productifs que d'autres.

Il empruntait le même chemin que la veille. La clairière qu'il avait trouvé était un endroit magnifique et il s'y plaisait vraiment. Il s'y sentait dans son élément, il s'y sentait pleinement intégré. Comme s'il était une partie infime qui, avec d'autres, formait un tout puissant, indescriptible. Dans cette clairière, il pénétrait en son fort intérieur et libérait toutes ses sensations, il les laissait s'exprimer pleinement. Dans cette clairière, il était vraiment lui, son esprit était libre de faire absolument ce qu'il voulait, il ne lui imposait aucune limite. Et c'était bon de ressentir cet état de pure liberté, ce sentiment d'extase, de libération.

Il avançait dans les bois, le cœur battant. Il était heureux, il se sentait léger d'aller s'entraîner à nouveau. Depuis qu'il s'était réveillé ce matin, il ressentait cette douce sensation, cette drôle de sensation qui le laissait espérer à de grands résultats en ce jour de fin de mois de mars. C'était indescriptible, mais il le sentait, il le ressentait, il le comprenait. Il n'avait pas de boule au ventre, il n'appréhendait pas du tout cette nouvelle séance d'entraînement. Et pourtant, il savait qu'elle serait plus compliquée que la veille, qu'elle serait plus intense et demandeuse. Il avait refait le plein de tout ce dont il aurait besoin pour ses pauses et, son sac sur le dos, il avançait dans les bois d'Avalon en direction de la clairière. Il était prêt, il était déterminé à en découdre, à aller plus loin. Il le voulait, il le souhaitait vraiment. La sensation de s'effondrer de fatigue sur son lit le soir après une journée intense d'entraînement comme la veille était juste exquise. Ce sentiment d'accomplissement, d'avoir réellement fait quelque chose, d'avoir abouti à des résultats satisfaisants. Cette sensation était des plus agréables.

Il écartait les branches qui se trouvaient sur son passage tandis que ses pieds continuaient de fouler le parterre de terre et de plantes naissantes en cette fin mars. La nature sortait de son hivernation, le cycle de la vie continuait son cours, les plantes commençaient à sortir de terre, les premières feuilles apparaissaient sur les arbres, les bourgeons grossissaient de jour en jour. La nature reprenait ses droits, elle exprimait sa volonté, sa toute beauté commençait à s'extirper de sa coquille en ces premiers jours du printemps. Le jeune homme n'imaginait même pas ce qu'il ressentirait lorsque la beauté de la forêt aura pleinement éclos. Il se sentait déjà en communion avec la nature, ce serait d'autant plus vrai lorsqu'elle aura complètement repris ses droits sur l'hiver. La patience était la clé ici, il fallait juste attendre que le cycle naturel se poursuive et attendre que l'hiver soit derrière eux.

Il atteignit la clairière. Tout y était comme la veille, rien n'avait changé. Il était prêt à recommencer ce qu'il avait entrepris la veille. Il savait comment procéder maintenant, il allait continuer sur la piste effleurée lors de son entraînement précédent, il était persuadé que c'était le chemin qu'il devait suivre pour arriver à son but. Et il continuerait de suivre cette intuition. Si elle s'avérait fausse, il reverrait son plan, il reverrait la marche à suivre. Mais à l'heure actuelle, il s'y tiendrait. Il y avait beaucoup réfléchi et ça s'était montré plutôt juste et pertinent la veille. Il posa son sac et mis les sécurités qu'il avait déjà mises lors du dernier entraînement. Il se mit alors à la tâche.

Tout se passait très bien. Après un rapide échauffement, il avait repris quelques transformations de la veille pour bien se remettre dans le bain. Tout cela lui prit une bonne heure, mais à partir de là il pouvait continuer à suivre son plan en étant bien chaud et prêt à poursuivre comme il le devait. Il était motivé, tellement motivé qu'il se sentait pousser des ailes, comme si ses forces et ses capacités étaient décuplées. Il progressait rapidement, il enchaînait les métamorphoses, passant d'une transformation de son corps à une autre. Il ressentait les effets de chaque modification apportée à son corps, il observait la malléabilité dont était capable son corps face à son esprit. Ce dernier était beaucoup plus puissant, au point qu'il pouvait plier le premier à sa guise, dès qu'il le souhaitait.

Il continua ainsi toute la journée, poussant toujours la difficulté plus loin. Dès le début de l'après-midi, il avait attaqué les métamorphoses sous forme d'arbres ou de plantes diverses. C'était bien plus compliqué car les formes à adopter n'avaient rien d'humaines, et il fallait tout de même réussir à recréer le moindre détail et la moindre animation qu'aurait subi le végétal. Il sentait clairement la difficulté avec juste la transformation en objet, humanoïde ou non. Mais il ne lâchait rien, il était déterminé à réussir, à continuer. Il avait bien l'intention de réussir, d'aller jusqu'au bout.

Ainsi, en fin d'après-midi, malgré la luminosité qui baissait, il décida de se lancer dans le cœur du sujet. Il restait motivé malgré la fatigue accumulée sur la journée mais il voulait essayer. Il se sentait bien, il se sentait chaud, il se pensait capable de réussir. Il se concentra donc sur ce qu'il voulait faire, sur l'objectif. Il se concentrait surtout sur la destruction des barrières qui limitaient son esprit, son être intérieur, car c'était bien lui qui l'amènerait vers le résultat souhaité. Il faisait le vide dans son esprit. Il ne devait plus penser à rien hormis son objectif, tout le reste devait être sorti de son esprit, il ne devait penser plus qu'à une chose. Rien d'autre ne devait l'occuper, absolument rien.

Ce fut alors qu'il se lança. Il chercha au fond de lui à réveiller son totem, l'animal qui le représentait et qui sommeillait en lui. Son être devait prendre le dessus sur le corps. Il le sentait, il se laissait emporter. Il restait concentré. Il le devait. Il le fallait. Le français sentait son esprit se libérer, briser la moindre chaîne qui pouvait encore le retenir. Un vent de liberté bouillonnait en lui et se libérait de toute étreinte. Il réussit à visualiser son totem. L'animal ne lui était pas inconnu, c'était la forme que prenait son Patronus. Il savait sur quoi se focaliser, il avait une image bien imprimée en tête de ce en quoi il souhaitait se transformer. Il tenta.

Il entamait la métamorphose, sa toute première sous cette forme nouvelle. Il sentait son esprit opérer sur son corps de grandes transformations. Il sentait les poils lui pousser de partout. Ses bras et jambes rétrécissaient en même temps que les poils continuaient leur pousse. Son visage s'allongeait, sa mâchoire accueillait des dents plus nombreuses, plus longues et des muscles plus puissants. La pousse de poils s'étendait à son visage, complétant l'invasion de sa peau. Son buste s'élongeait, s'arrondissait. Il ressentait chacune des modifications subies par son corps et imposées par son esprit. C'était puissant, quelque chose qu'il n'avait ressenti au cours d'une métamorphose, quelle qu'elle soit. Ce sentiment qui parcourait tout son corps était délicieux, une douce sensation exquise de liberté. Son esprit était finalement le seul maître, il avait repousser ses limites, c'était une étape importante vers de plus grands desseins.

Quand soudain, il sentit un blocage. Très vite, une douleur parcourut tout son corps en partant d'une de ses pattes arrières. La métamorphose n'avait pas été faite intégralement. Elle n'était pas propre, incomplète. La douleur était insoutenable, comme si son esprit se déchirait. C'était bien plus qu'une douleur physique, c'était atroce, une altération de son intégrité. Son corps reprit sa forme humaine très rapidement, à l'exception de sa jambe droite. Il n'avait plus de peau sur l'intégralité de sa jambe. Son genou était disloqué, il se baladait autour de son emplacement habituel. Ses os étaient brisés, ses muscles atrophiés. Il ne voyait rien de tout ça, seule la douleur occupait son esprit. Il n'arrivait pas à se ressaisir, à prendre le dessus sur cette blessure intense infligée à son corps. Il cherchait sa baguette de la main, en vain. Il contrôlait à peine ses mouvements. Cette souffrance n'était pas qu'au niveau de sa jambe, mais aussi au niveau de sa tête. Son corps luttait contre lui-même et son cerveau en souffrait grandement. Il en perdait tout repère physique. Il lui était trop douloureux d'ouvrir les yeux, sa tête faisait face à une violence comme elle ne l'avait jamais fait. Cette injurie était si intense que ses yeux restaient fermés, tous les muscles de son corps se contractaient. C'était affreux.

Mais il se refusait d'abandonner. Cette lutte se faisait contre lui-même, mais il ne devait pas baisser les bras. Sa vie était en danger et personne ne savait où il était. Et s'il était capable de dompter son corps afin d'effectuer une telle métamorphose, il pouvait surpasser cette douleur et se ressaisir. Cela avait beau être affreusement douloureux, il n'en était pas moins sûr de ce qu'il avait à faire. Il essaya de se détendre, de relâcher la pression sur son corps et ses muscles. Il essayait de reprendre le contrôle. La lutte était grande dans cette affliction. Son esprit même avait été blessé dans cette opération ratée. Fusionner ainsi avec le corps l'avait exposé et la barrière naturelle n'avait pas été vaincue. Tout en ressortait avec les conséquences adéquates à l'aventure entreprise. La tâche était difficile, les conséquences douloureuses, désastreuses. Arriverait-il seulement à combattre la douleur ?

Dans un élan de volonté sorti des tréfonds de son être, il parvint à saisir sa baguette qui était tombée au sol, et à côté de laquelle il gisait. Il attira son sac à lui et transplana. Les dangers étaient élevés de transplaner dans l'état dans lequel il se trouvait, mais il n'avait pas le temps de réfléchir. Il devait agir. De toute façon, il n'aurait jamais eu la force de marcher ou même de ramper jusqu'à Haveirson. Son corps n'aurait pu faire un tel exploit. Il serait mort avant certainement. Et quelles étaient les chances pour que quelqu'un se balade ici et tombe sur son lui. Malgré les dangers, avait-il donc d'autre choix que de transplaner ? Il sentit son corps être happé la force magique qu'il déployait. Il étouffait, du moins il avait l'impression d'étouffer. Il ressortit de l'espace-temps, sentant son corps libéré de l'étreinte du transplanage. Sa vision était trouble. Il peinait à voir où il se dirigeait. Il avait réussi à atteindre la zone de transplanage de l'académie galloise. Mais en quel état ! Le sien était pitoyable. Il souffrait, il était vidé de son énergie. Il se sentait partir. L'état de sa jambe s'était empiré avec la transplanage. Non seulement l'intégrité de sa jambe était plus que comprise, complètement à l'agonie, mais transplaner avait entraîné une désartibulation. Il avait pourtant la chance que la désartibulation ne soit plus importante, il pouvait même s'avérer très chanceux sur ce coup-là. L'état dans lequel il avait entamé le transplanage était désastreux, il aurait pu subir bien plus.

Il rampait au sol vers l'académie. La douleur était toujours aussi violente. Il continuait, il luttait, il devait continuer d'avancer jusqu'à être sur un lieu de plus grand passage. Quand soudain, il se sentit attraper. Il n'avait même plus la force d'ouvrir les yeux et de voir qui était son bienfaiteur. Il était juste content que quelqu'un l'ait trouvé et amené à l'infirmerie. L'abraxan y passera le reste de la soirée, la journée suivante et la matinée de la journée d'encore après. La médicomagie était capable de faire de véritables miracles. Et bien sûr, il lui était conseillé, et même fortement recommandé, de prendre du repos, beaucoup de repos, afin de laisser le temps à son corps de se remettre de l'injurie.

Dean ressentait toujours une petite gêne dans sa jambe. Si la médicomagie pouvait faire des miracles, son accident n'avait eu lieu que trois jours auparavant. Néanmoins, cette gêne était beaucoup plus supportable que la douleur qu'il avait encore la veille. Il avait suivi les recommandations données à l'infirmerie : il s'était reposé tout l'après-midi qui avait suivi sa sortie. Il n'avait pas quitté son lit, sauf pour aller manger. Il était content de ne plus ressentir de douleur, juste une gêne par rapport à sa jambe encore sous le choc de ce qu'elle avait subie. C'était peut être inconsidéré de vouloir recommencer dès à présent, mais il était excité d'être si près du but. Si excité qu'il était prêt à prendre ce risque. Il avait donc à nouveau constitué son sac de tout ce dont il pourrait avoir besoin. Eau, nourriture, trousse de soin, il n'oublia rien. Il mit le sac sur son dos et partit en direction du lieu de rendez-vous. Il avait quelques minutes d'avance, il ne serait pas en retard. Il traversa le parc d'Haveirson, respirant de grandes bouffées d'air frais. Cela lui faisait énormément de bien de s'oxygéner correctement les poumons après avoir passé ces derniers jours enfermé à l'infirmerie ou dans sa chambre. Il s'arrêta aux abords de la forêt, attendant son amie.

Lorsqu'il distingua sa silhouette dans le parc, il lui fit signe. Elle s'approcha de lui et ils partagèrent une accolade amicale en guise de bonjour. Elle lui demanda comment il se sentait et comment sa blessure était arrivée. Il se gratta l'arrière du crâne en souriant et répondit :

- Je me sens mieux, ma jambe se remet. J'ai raté une métamorphose complexe. C'était déjà violent et les dégâts étaient considérables. Mais ma jambe a aussi subi une désartibulation lorsque j'ai transplané pour revenir à Haveirson. Mais Quinlan a fait des merveilles et je ne ressens plus qu'une petite gêne. Et toi ? Comment vas-tu depuis la dernière fois ?

Ils ne s'étaient pas revus depuis leur entrevue dans la chambre de Megan et Amaranthe. D'ailleurs, il ne savait pas si la situation était toujours tendue entre les deux abraxanes. De toute façon, ça ne changeait rien à sa relation avec l'irlandaise, surtout qu'il pensait que Megan était paranoïaque sur ce coup-là. Il était certain que la rouquine réussirait à dompter son don très rapidement. Et il était disponible à tout instant pour elle, tout comme elle l'était pour lui en répondant à sa demande et en étant présente à cet instant. Il dit "Allons-y" et commença à rentrer dans la forêt. Il connaissait parfaitement le chemin vers la clairière maintenant, il avait même trouver comment s'y rendre plus facilement. Alors qu'ils marchaient, il lui demanda :

- Tu en es où avec ton don d'ubiquité ? T'arrives à le maîtriser davantage ?

Il était curieux de savoir où en était sa camarade. La dernière fois que le sujet avait été abordé, il n'avait pas vraiment eu l'occasion d'en parler sérieusement avec elle, et il voulait vraiment en savoir plus. Ce dont elle était capable, ou plutôt serait capable, était passionnant, intriguant et inspirant. Il se demandait quelle forme de magie était en action avec ce don. C'était tout juste incroyable. Encore quelques minutes de marche et ils arriveraient au niveau de la clairière. Il retenterait alors sa chance, bien déterminé à ne pas rater cette fois-ci. Il avait bien l'intention de réussir, il avait appris de ses erreurs, il avait bien progressé au cours des derniers jours et il se sentait prêt. Être si proche du but et ne pas l'atteindre, ne pas concrétiser cette métamorphose était comme un supplice. Il se devait de réussir, il était excité par l'approche de la clairière, par l'approche du résultat. Aujourd'hui serait peut être le jour où il réaliserait ce rêve.

Son amie voulait savoir quelle avait été la métamorphose qui avait menée à sa blessure à la jambe trois jours auparavant. Quoi qu'il advienne, il ne reculera pas, il lui dira de quoi retournait ce rendez-vous à l'abri des regards. Mais il pouvait garder le suspens. Il allait même s'amuser à faire patienter son amie pour qu'elle obtienne une réponse. Avant de se retrouver à l'infirmerie, il avait été à deux doigts de réussir. C'était vraiment bête ce qu'il lui était arrivé. Il avait réussi à stabiliser sa forme animale sur l'ensemble de son corps sauf pour cette patte. Hélas, cette instabilité avait eu de lourds conséquences sur son intégrité physique. Il lui répondit juste :

- Oui, j'étais seul, et c'est pour ça que j'ai subi une désartibulation. Quant à la métamorphose, c'est un sujet sur lequel je travaille depuis un certain temps maintenant, j'ai énormément bossé la théorie et je commençais à reprendre véritablement la pratique. Et, au moment de stabiliser ma forme finale, tout a capoté. La transformation appliquée à ma jambe était instable et ensuite tout a tourné très vite.

Il donnait des indices à l'Irlandaise, mais il ne lâcherait pas le morceau comme ça. Il voulait qu'elle puisse intervenir en cas de problème, histoire qu'il n'ait pas à subir à nouveau les problèmes liés au transplanage, mais il préférait garder la surprise sur le résultat qu'il escomptait atteindre. Elle ne semblait pas encline à répondre à sa question. Il était étonné qu'elle ne souhaite pas partager cela avec lui. Il s'inquiétait pour elle. Il ne savait pas comment elle allait depuis qu'elle avait eu cette photo de la part de Megan. Il ne savait même pas comment l'Américaine avait choisi d'aborder ce délicat sujet avec la rouquine. Cela dit, il passa dessus et ils commencèrent à avancer dans les bois.

Alors qu'ils marchaient, le jeune homme chercha à en savoir plus sur le don de sa camarade. C'était vraiment impressionnant ce dont elle était capable et il s'y intéressait vraiment. Cette capacité de pouvoir faire apparaître un double, de créer ainsi de la matière était tout bonnement incroyable. Il l'écouta expliquer comment son double était à nouveau apparu, mais qu'elle avait réussi à le stabiliser plus que la dernière fois. Et elle avait même pu le faire bouger. Elle progressait, c'était vraiment bien. Il avait toujours du mal à en revenir. Ce don était indescriptible à ses yeux. Cette expression de la toute puissance magique. Il ne pouvait qu'être émerveillé devant de telles prouesses.

- Tu progresses bien, c'est cool. Bientôt tu pourras faire de sacrés farces à tout le monde, dit-il en riant.

Ils continuaient leur marche à travers les bois. Ils avançaient bien, ils n'était plus qu'à quelques minutes de marche de la clairière vers laquelle ils se dirigeaient. Sa jambe l'élançait par moment mais c'était supportable. Il reprendrait un des cachets qu'on lui avait donnés à l'infirmerie juste avant de s'y mettre. Amaranthe voulait savoir où ils allaient et pourquoi voulait-il la voir ici. Elle abordait ainsi le cœur du sujet. Il écarta la branche qui se trouvait devant lui tout en veillant à ce qu'elle ne revienne pas sur l'Abraxane. Il expliqua :

- Je t'amène vers mon jardin secret. C'est une clairière dans la forêt et le décor y est vraiment sublime. Et encore, il me tarde que le printemps avance pour que les fleurs et les bourgeons des arbres fleurissent et rendent cet endroit encore plus magnifique. C'est là-bas que je me rends pour travailler certaines métamorphoses, quand j'ai besoin d'être tranquille. Je m'y concentre mieux sur mes ressentis. Et en fait, j'ai besoin de toi pour me surveiller. Je compte réessayer la métamorphose que j'ai raté il y a trois jours. Je pense savoir ce que j'ai raté et je veux donc réessayer.

Ils avancèrent encore un peu. Ils pouvaient voir la clairière au loin. Ils continuèrent leur route jusqu'à l'atteindre. Dean déposa son sac en son centre et prit sa baguette en main. Il commença à installer les sorts de protection qu'il plaçait habituellement pour se rendre invisible et inaudible au reste du monde. "Je m'isole aux yeux et aux oreilles du monde pour éviter d'être dérangé lorsque je pratique" expliqua-t-il à Amaranthe. Lorsqu'il eut fini de placer les protections autour de la clairière et de la rivière, il alla à son sac pour prendre un cachet et manger un peu, histoire de bien prendre des forces avant de se lancer dans une nouvelle tentative de métamorphose Animagus.

Les explications données par le jeune homme semblaient intriguer la jeune femme. Et le peu qu'il avait dit avait été suffisant pour qu'elle devine de quoi il s'agissait. Elle avait juste. Il avait essayé de se transformer en son animal totem, de développer le don d'Animagisme. Hélas, il avait échoué, et la sentence avait été plus sévère. Mais il ne baisserait pas les bras pour si peu. Il allait juste se montrer plus prudent sur les dispositions qu'il prenait pour éviter de risquer autant sa vie à nouveau. Et c'était là qu'elle entrait en jeu. Il répondit à son murmure :

- Oui, en effet. Et j'y suis presque arrivé.

Et il avait l'intention de réussir cette fois-ci. Il était bien déterminé à ne pas s'arrêter à mi-chemin. Il irait jusqu'au bout, même si cela signifiait de prendre des risques. Il continua d'avancer, Amaranthe suivant ses pas. Ils avancèrent de la sorte à travers la forêt jusqu'à la clairière où le Français avait pris l'habitude de travailler cette métamorphose secrète. Sur le chemin, il lui avait posé des questions sur son don, et elle lui avait juste répondu qu'elle n'avançait pas dans la maîtrise de cet héritage magique qui coulait dans son sang. Son don ne se manifestait que lorsqu'elle ressentait des émotions fortes. Peut-être fallait-il provoquer ces situations pour sa phase d'entraînement ? Il valait mieux qu'elle se retrouve face à son double en s'entraînant qu'en mission pour l'Ordre, où elle risquerait très gros. Il garderait un œil sur elle en mission quoi qu'il arriverait. Tout comme il se doutait qu'elle ferait de même avec Megan et lui pour veiller à ce qu'ils ne fassent rien d'irréfléchi face au danger de l'autre durant une mission.

Ils n'étaient pas encoure tout à fait arrivés. Ils continuaient de marcher. La rousse voulait en savoir plus sur les motivations qui avaient amené le blondinet à faire appel à elle. Après lui avoir expliqué, une question subsistait. Pourquoi elle ? Pourquoi faire appel à elle ? Pourquoi ne pas avoir demandé à Megan d'être auprès de lui ? Il hésita quelques instants avant de répondre à son amie :

- Megan est actuellement en stage de médicomagie à Poudlard. Et tu es l'une des personnes en qui j'ai le plus confiance. Je ne vois pas à qui d'autre j'aurais pu demander.

Certains de ses amis lui venaient en tête. Cependant, c'était bien à l'Irlandaise qu'il avait instinctivement demandé de l'accompagner dans les bois d'Avalon. Etait-ce son implication dans l'Ordre ? Celle à défendre Megan d'elle-même ? Leur rapprochement depuis quelques mois ? Il ne savait pas. Mais il avait confiance en l'ancienne Serdaigle. Il ne pouvait véritablement le justifier rationnellement, mais le résultat était là quoi qu'il en était : il avait confiance en elle et c'était la raison pour laquelle il avait fait appel à elle.

A leur arrivée, il prépara la clairière, comme à son habitude. Il l'isola du reste du monde tout en expliquant pourquoi il le faisait tandis que l'Abraxane s'installait au centre de la clairière, là où il avait déposé son sac en arrivant. Il remercia Amaranthe pour le thé qu'il but tout en l'écoutant récapituler et se poser des questions. Il la reprit entre deux gorgées :

- Non, non. Je souhaite juste que tu me surveilles et me ramènes à Haveirson en cas de problème. Quel qu'il soit. Je ne te demande en aucun cas d'essayer de soigner une blessure que je pourrais me faire. Je veux juste éviter le risque de la désartibulation.

Avoir un corps entier était tout de même mieux. La magie pouvait faire des miracles, certes, mais il doutait quant au fait que les sensations seraient les mêmes. Pouvait-on défier à ce point les lois de la nature ? Il reposa la tasse vide près d'Amaranthe, reprenant :

- Merci pour le thé. Au fait, si t'as faim, n'hésite pas à te servir.

Il s'éloigna alors de quelques pas, baguette à la main, prêt à commencer. Il se concentrait. Il fermait les yeux, commençant à visualiser le résultat auquel il souhaitait arriver.

Dean marchait aux côtés d'Amaranthe dans les bois d'Avalon. Il avait fait appel à elle pour l'aider en cas de problème. Il ne voulait pas réitérer l'incident qu'il avait subi la dernière fois. Sur la route, ils échangeaient des paroles, histoire de passer le temps avant d'arriver dans son havre de paix. Lorsqu'elle lui dit qu'il était inconscient d'avoir tenté cette métamorphose seul, il leva les épaules. Peut-être l'était-il. Mais il n'allait pas renoncé. Il rêvait de ce moment depuis bien trop longtemps. Il était temps qu'il parvienne enfin cette transformation. La discussion s'enchaînait alors sur le choix de la personne à laquelle il avait fait appel pour surveiller son entraînement. Il écarquilla les yeux face à sa remarque, tout en tournant la tête vers elle.

Il n'en revenait pas de sa remarque. Certes il avait fallu attendre que récemment pour qu'ils se rapprochent vraiment, mais tout de même. Elle avait pris une part importante dans sa vie. Il avait confiance en elle, au point de l'appeler en ce jour. Et puis, il la considérait comme sa meilleure amie. Ils se ressemblaient tellement. Il avait parfois l'impression qu'ils étaient juste des doubles de sexe opposé. Il lui répondit donc :

- Tu sais bien que tu es bien plus à mes yeux.

Ils continuèrent leur marche jusqu'à arriver dans la clairière qu'il avait repéré quelques jours auparavant. Il invita Amaranthe à y rentrer et s'y installer tandis qu'il mettait en place les barrières magiques qui les isoleraient du reste du monde. Visuellement et également presque de manière sonore. Il ouvrit alors son sac pour manger un morceau, histoire de bien prendre des forces. Elle en fit de même et ils mirent ainsi en commun leurs victuailles. Face à sa réponse, il lui dit :

- Oui, je l'espère aussi. Mais en soit, juste avant de me blesser, la métamorphose était quasi complète. Je me dis que la deuxième fois sera la bonne.

Il lui sourit. Il voulait la rassurer. Après tout, elle n'était là qu'en cas de problème majeur. Il était certain au fond de lui qu'elle n'aurait pas à intervenir, qu'il s'en sortirait cette fois-ci, qu'il réussirait. Il prit sa baguette en main et s'éloigna de quelques pas. Il prit une profonde inspiration tout en fermant les yeux. Il se concentrait. Il visualisait les sensations qu'il avait ressenti la dernière fois. Il ressentait le résultat auquel il devait parvenir, maintenant qu'il connaissait sa forme. Il se concentrait, faisant abstraction de ce qu'il y avait autour de lui. Seule l'odeur de la forêt et de la rivière pouvaient l'aider à savoir où il était. Autrement, il était emporté dans ses pensées, dans sa psyché. Il continuait de prendre de grandes inspirations. Il avait besoin de s'oxygéner correctement. Et puis, ça l'aidait à se concentrer.

Lorsqu'il se sentit prêt, il se lança. Il laissa la magie l'imprégner. Il la sentait pénétrer son corps, il se concentrait pour maîtriser ce flux magique. Il puisait au fond de lui l'énergie dont il aurait besoin pour réussir cette métamorphose. Il ne lâchait rien. Il continuait de se transformer. L'intégralité de son corps subissait des altérations physiques. Il sentait les poils pousser partout sur son corps, sa queue sortir, ses bras et ses jambes se transformer en pattes. Puis les griffes se mirent à pousser, les crocs également, en même temps que son visage s'allongeait pour former une gueule à la mâchoire acérée. Il était presque au bout. Il restait concentré, notamment pour éviter l'erreur qu'il avait commise la dernière fois. Il sentait chaque transformation qu'il faisait subir à son corps, à l'enveloppe charnelle qui accueillait son âme.

Il se sentait vivant, libre, heureux. Il ne ressentait aucune douleur. Il rouvrit les yeux. La vision du monde n'était pas la même. Il le voyait depuis plus bas. Il sentait ses quatre pattes toucher le sol à travers les coussinets. Il allait devoir s'y faire. Ce nouveau corps était bien différent. Il n'avait jamais senti de telles sensations à travers une métamorphose quelconque. Même lorsqu'il réussissait à effectuer une transformation humaine en objet, il ne ressentait pas cela. C'était vraiment particulier comme sensation. Il s'essaya à avancer. Rien de bien compliqué. Tout se passait bien, c'était vraiment stylé. Il était tellement content. Il se retourna et s'élança vers Amaranthe, tentant une petite course pour finir en gros câlin.

Il y était arrivé ! Après tant de labeurs, après tant de recherches, après de longues journées à s'entraîner, et après un passage à l'infirmerie, il avait enfin réussi à se métamorphoser en son animal totem. Il avait abouti à une transformation Animagus stable et qui tenait. Il savait comment faire maintenant, il avait ressenti les sensations qu'il devait ressentir, il saurait le refaire par la suite. Et il n'allait pas s'en gêner ! Il était vraiment heureux d'avoir accompli ce rêve d'enfant, déjà passionné de Métamorphose. Que du bonheur ! Vraiment, que du bonheur !

Il s'élança vers Amaranthe pour la câliner. Il sentit les mains de l'Abraxante passer dans son pelage dorsal, ainsi que dans son pelage facial. Il savait maintenant ce que ressentaient les canidés lorsqu'on leur faisait cela. Et il fallait avouer que c'était effectivement agréable. Il sourit au compliment de son amie. Il était tellement content d'avoir réussi cette métamorphose si particulière. Après tout, le travail finissait effectivement par payer. Il ne remettrait plus ce dicton en doute, plus jamais. Et puis bon, il était Poufsouffle, le travail personnel ne l'effrayait pas. Et cet animal représentait définitivement ses attachements aux maisons Poufsouffle et Serdaigle, entre lesquelles le Choixpeau avait longuement hésité à l'envoyer.

A la remarque de la rousse, il s'élança dans l'ouverture qu'elle venait de créer avec sa baguette à travers les protections préalablement installées. Il courrait, aussi vite qu'il le pouvait, s'imprégnant de tout ce qu'il ressentait, s'imprégnant de la nature environnante qui s'ouvrait à lui. Il savourait ce sentiment de liberté qui le traversait de part en part. Il laissait l'air du vent onduler sur son corps. Ce n'était comparable à aucune sensation qu'il avait déjà pu ressentir par le passé. C'était vraiment ... indescriptible. Après quelques minutes à gambader comme un fou, à s'amuser de sa nouvelle forme, à savourer cette liberté nouvelle, il décida de revenir vers l'Irlandaise. Il revînt rapidement vers elle et se métamorphosa dès qu'il fut de retour dans leur enceinte magique. Et il était bel et bien habillé des mêmes vêtements qu'il portait en arrivant et avant de se transformer. Il alla s'asseoir aux côtés de sa camarada, sortant deux pommes et lui en tendit une :

- Tu veux que l'on passe quelques temps ici ou que l'on retourne à Haveirson ?

Dean croqua à nouveau dans la pomme qu'il avait dans la main. Il sourit au compliment d'Amaranthe. Il avait effectivement beaucoup travaillé pour en arriver là, et il savourait son succès d'un grand sourire collé au visage. Il était vraiment heureux d'avoir réussi. Comment ne pas l'être ? Ce rêve de gosse enfin atteint. Rien ne pouvait atténuer ce qu'il ressentait en l'instant. Et ce n'était pas fini. Il comptait bien profiter de cette nouvelle métamorphose et de tout ce qu'elle apportait. Il en avait besoin et il le méritait bien.

Cependant, l'irlandaise aborda un sujet qui fit grimacer le français. Cette histoire d'enregistrement auprès du Ministère était dans les pensées de tous lorsqu'il avait abordé ce rêve ici. Jessica d'abord, elle maintenant. Décidément, ce n'était pas évident de répondre à cette question sans que les gens ne s'inquiètent. Il dit simplement :

- Non, je n'ai pas l'intention de m'enregistrer auprès du Ministère. Je sais pertinemment ce que je risque si jamais ils l'apprennent, mais je n'ai pas confiance en eux dans le contexte actuel. Merlin sait dans quelles mains de telles informations pourraient tomber. Non, je ne le ferai pas avant un certain temps.

Elle lui demanda ensuite s'il devait voir Megan, car, dans le cas contraire, elle aimerait qu'il la surveille à son tour alors qu'elle essaye de maîtriser son don d'ubiquité. Il lui répondit, souriant :

- Non, je suis tout à fait libre de te regarder t'entraîner. J'ai même hâte de voir ça. C'était suffisamment impressionnant la première fois pour que ça me donne envie de te revoir en action.