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 Going Under

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MessageSujet: Re: Going Under    Going Under  - Page 2 EmptyMar 1 Mar 2016 - 20:48

Les quelques paroles que Blaise et Drago échangèrent sonnaient étrangement, paraissaient irréelles, comme si quelqu’un d’autre les avait prononcées. Ce n’était pas le genre de dialogue qu’ils tenaient habituellement alors qu’elle glissait son regard sur eux, veillant que tout allait bien, qu’ils ne préparaient pas quelque chose de dangereux pour eux – car Blaise et Drago semblaient parfois ressentir un besoin de s’attirer des ennuis, semblable à celui qui animait Blaise alors qu’il revenait lui exhiber sa lèvre fendue par un des O’Connell, le regard encore embrasé par l’adrénaline – ou pour quelqu’un d’autre. Cette fois-ci, elle ne parvenait pas à les couver comme elle le faisait habituellement, car il lui semblait atrocement difficile d’accepter qu’elle venait de faire ses adieux à un de ses meilleurs amis et qu’il était temps de partir ; de faire semblant de ne pas avoir remarqué la larme que Drago avait laissé échapper ; de faire taire la culpabilité qui commençait déjà à étendre insidieusement ses racines alors qu’elle n’avait même pas encore esquissé le moindre pas pour sortir de la pièce.

Ce pas lui semblait subitement être impossible à effectuer. Se détourner de Drago et l’abandonner – car il s’agissait bien d’un abandon – serait tellement plus facile si elle ne ressentait pas l’amertume de l’échec lui envahir la bouche (à moins que cela ne soit le goût, plus âcre encore, de la trahison qu’elle avait l’impression de sceller ?) et figer ses membres. Elle aurait même pu rester ainsi longtemps, refusant toujours de le regarder comme de s’en aller, figée dans un entre-deux des plus désagréables, si le glapissement de douleur et le bruit d’une chute n’avaient pas ravivé ses sens, ne lui avaient pas rappelé d’une façon sinistre la dernière occurrence de cette situation – et les conséquences qui en avaient découlées.

Le cadavre empourpré de sa mère, étendue dans un caniveau comme l’on se serait débarrassé d’un déchet.

Retenant péniblement le haut-le-cœur qui lui étreignit les entrailles, elle se retourna, sa main encore crispée sur le bois de prunellier, et ouvrit la porte sans même prendre le temps d’y réfléchir ; car leur conversation ne devait pas avoir été entendue par quiconque en mesure de la comprendre. Et, malheureusement pour eux – ou pour elle – l’identité qu’elle lia immédiatement au visage de l’espionne était celle d’une de ces personnes qui étaient sans doute en mesure de le faire.

Des traditions coulaient dans les veines de certaines familles ; les Carrow avaient eu pendant longtemps des pouvoirs mystiques, les Black s’étaient toujours approprié les étoiles – parfois en oubliant qu’elles n’étaient jamais aussi brillantes que lorsqu’elles mourraient – et les Greengrass avaient toujours fait en sorte d’éviter tous liens avec les Mages Noirs. Ce n’était définitivement pas le cas des Prendergast. Quoi que les dernières générations puissent tenter de leur faire croire.

Elle leva sa baguette sans aucune hésitation vers la Gryffondor, réfléchissant consciencieusement à toutes les conséquences qui pourraient se déployer si jamais elle parlait.

Pendant quelques instants, elle espéra pouvoir trouver un moyen de régler cette situation par la diplomatie, avec délicatesse et mesure ; mais elle sut presque aussitôt que cela n’était pas possible. Elle n’avait pas le choix. Comme la dernière fois. Si Prendergast parlait – si ses Mangemorts de parents, frères, oncles l’entendaient – Drago, comme eux deux, comme leurs familles, seraient en danger.

« Petrificus Totalus ! »


Et, songea-t-elle alors que la fille de Mangemorts se retrouvait figée, cela ne serait jamais l’option qu’elle choisirait.



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MessageSujet: Re: Going Under    Going Under  - Page 2 EmptyMer 2 Mar 2016 - 22:47

« Ouais », acquiesca-t-il.  

Une nausée martelait son crâne par le dessous de l'assurance qu'il offrait au monde. Au travers de l'arrogance, de l'air crâne sur son visage ; de la mise consciencieuse de sa tenue, celle du jeune homme de bonne famille que connotait l'épais pull tissé de vigogne ; le pantalon coupé sur mesure, et porté avec la désinvolture de celui qui a fait une habitude de se rendre chez le tailleur.

Le sourire qui s'étirait sur sa bouche, pourtant, était celui de la confusion, comme si la situation eut été trop risible pour que son sens n'apparaisse tout-à-fait ; et il se trouvait à quelques secondes de secouer la tête, et de feuler sérieusement, c'est ridicule car, oh, n'était-ce pas ridicule ? La façon dont les choses s'effondrent. Et puis la façon dont il est si facile d'accepter de voir les choses s'effondrer.

D'une façon qui est docile et obligeante.

Il avait pudiquement détourné les yeux lorsqu'il lui était apparu le visage mouillé de larmes de Drago Malefoy ; mais c'était l'agacement qui tendait les muscles de sa mâchoire, une frustration sourde, car, enfin, il lui semblait voir apparaître la vérité, et la vérité était-celle ci : Drago Malefoy allait - pouvait mourir, et il n'y avait rien que l'héritier Zabini ne puisse faire contre ça.

Ou bien : il n'y avait rien qu'il allait faire contre ça - c'était ce que signifiait leur étreinte. Drago le savait, et lui-même le savait, et Daphné, probablement, le savait ; mais Daphné ne ferait rien de plus. Il s'était brièvement détourné sur elle : et c'était une erreur que de l'observer ainsi figée, crispée par l'indécision ; la preuve d'une indicible culpabilité - d'un échec, brutal comme une morsure - comme ce mouvement qu'amorce le cobra avant de plonger sur la peau lisse et tendue de la nuque, là où s'offre, vulnérable, la carotide gonflée par le sang qu'une canine aiguë suffit à déchirer ; dans le secret de la jointure du bras, où la chair est encore tendre ; dans les courbes des muscles et des tendons nus.  

La loyauté et le courage n'étaient pas les valeurs de la maison Serpentard - les valeurs de Serpentard, louées et honnies tout à la fois au sein du château, étaient les suivantes : l'ambition, l'intelligence, la ruse et puis l'instinct de préservation.
Car il ne pouvait pas l'accompagner jusqu'à la mort - il n'allait pas le faire.

(N'aurait-ce pas été vain ?...Et Drago Malefoy n'avait-il pas décliné son aide..?  A plusieurs reprises ? Ou bien était-ce était l'une de ces choses rassurantes qui apaisent la conscience coupable avec la douceur d'un baume soigneusement appliqué sur une brûlure terrible - l'un de ces onguents parfumés au sucre de fleurs exotiques, plus lénifiant qu'un rêve paisible.)

Le gémissement qui brisait le silence aurait pu être un hurlement.

Dans le pénombre de la nuit de mars, enflée d'un air frais aux odeurs de sèves et de plantes neuves, de pelouse satinée, il reconnaissait mal le visage crispé par l'angoisse qui répugnait à s'offrir à eux.  Peut-être était-ce la vulnérabilité de sa mise ; la grimace de ses yeux écarquillés, semblable à celle d'un gibier effarouché ; sa chevelure échevelée et électrique, moirée comme une toile d'or cruellement froissée ; mais le tableau semblait obscène,  atroce ; et il reconnu le visage de la fille Prendergast lorsque, diligente et implacable, Daphné la pétrifiait dans le halo rubicond d'un stupefix redoutable. La préfète de la maison Gryffondor, aliénée en statue effrayée. Une fille issue d'une lignée maudite, au sujet de laquelle s'articulaient les plus terribles des rumeurs.

Elles n'épargnaient ici personne ; ni Lucius Malefoy, lugubre et misérable sur les photographies de presse, piteusement drapé de son uniforme carcéral ; ni Madame Zabini, triomphante de sa luxure, de l'opulence et de la richesse ses parures, présentant facétieusement des alliances alignées sur ses doigts comme les anneaux d'une vipère ; et même la famille Greengass voyait s'effondrer en murmures impudiques son empire lisse  et triomphant d'oeuvres caritatives et de galas de bienfaisance alors que quelques semaines plus tôt, elle inhumait le corps brisé de sa matriarche au sein d'une cérémonie honorifique, sobrement rapportée par la Gazette.

« Et que comptes-tu faire ?  », s'enquit-il, défiant. Muselant la fièvre dans sa voix : parce qu'il lisait la réponse à sa question dans le regard impérieux de Daphné : dans la façon dont elle tenait, résolue, sa baguette entre ses doigts.

Oh ! Il s'agissait d'un réflexe impitoyable que ce sortilège promptement infligé. Pas une hésitation.

L'histoire se racontait d'elle-même ; une témoin imprudente, des confessions que n'aurait pas suffit à étouffer la lourde porte du vestiaire de quidditch, la veille d'un départ en vacances qui renflait la nuit d'électricité. Aldabella Prendergast n'aurait pas dû entendre la moindre de ces choses.

N'aurait pas du écouter. Car c'était une curieuse habitude que celle des élèves de l'école : écouter aux portes !...Dans les souvenirs confus du 31 décembre, il se rappelait les murmures fiévreux collectés par une enfant morose, et son épais pardessus de Zibeline noir, velouté et duveteux, depuis disparu ; mais alors qu'il considérait l'expression percluse d'Aldabella, il se surprenait à ne trouver aucun confort dans ces fiévreuses réminiscences.

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MessageSujet: Re: Going Under    Going Under  - Page 2 EmptyVen 4 Mar 2016 - 8:39

Voilà. C’était fait. Daphné & Blaise avaient essayé et ils avaient échoué. Ils avaient tenté de le retenir avec eux, de l’emmener loin de l’Angleterre pour un temps mais c’était peine perdue. Drago était têtu, d’autant plus que ça ne concernait pas que sa petite personne. Sa mère était une autre pièce sur l’échiquier, quelqu’un sans qui il ne pourrait absolument rien faire. Il était incapable de l’abandonner, tandis qu’il lui paraissait encore négociable de trancher des liens amicaux que le monde entier avait cru indestructibles. La mort de Vincent & Gregory l’avait secoué bien plus qu’il ne voulait l’admettre, et il ne jouerait plus le rôle du boulet pour ceux qui pouvaient encore échapper à celui à qui il avait vendu son âme. Daphné & Blaise n’avaient rien à se reprocher, ils n’avaient aucune tare leur mordant la peau, et bien que leur sang soit pour certains trop pur, on ne pouvait déduire leur affiliation que par des conjectures. Pour Drago, les choses étaient bien différentes. Il portait sur lui la preuve qu’il faisait partie du troupeau infecté, du bétail à abattre. Il aurait bien peu de chance de se sortir de la purge, a fortiori si elle venait l’attaquer sur deux fronts… Alors ses amis ne seraient sûrement pas épargnés.

Immobile, il les regarda quitter le vestiaire, un air triste et défait sur leur visage. Le spectacle lui brisait ce qui lui restait de cœur, mais il n’avait pas le choix. Il ne l’avait jamais vraiment eu. Drago attendait simplement qu’ils partent pour continuer à ranger ses affaires, quand Daphné lança un Petrificus Totalus. Quelqu’un était là ? Quelqu’un avait tout entendu !? Une lance de panique perça la poitrine de Drago, qui se précipita vers la porte en laissant son sac derrière lui. Qui avait osé !? La peur se mêlait à la colère, deux émotions qui se mêlèrent à la perplexité quand il reconnut les traits d’Aldabella. Il la connaissait un peu. Il lui avait déjà parlé. Il la trouvait intéressante même, mais leur rencontre avait eu un timing particulièrement malheureux. Il se souvenait lui avoir proposé d’apprendre à jouer au Quidditch, tout en sachant qu’il y avait bien peu de chances pour que ça soit le cas un jour. Et maintenant elle était là, à se tenir derrière une porte où se disaient des choses qui ne la concernait pas. À écouter. Drago se prit de pitié pour elle pendant un centième de seconde, avant de se désintéresser. Ce serait mieux pour tout le monde s’il faisait semblant de ne pas la connaître.
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MessageSujet: Re: Going Under    Going Under  - Page 2 EmptyLun 7 Mar 2016 - 1:26


La porte s’était ouverte à la volée, envahissant Aldabella d’une vague d’angoisse soudaine et violente. Un noeud à l’estomac encore plus pesant que tous ceux qu’elle avait vécus jusque là se forma dans son ventre et son coeur se serra à un tel point qu’elle croyait qu’il finirait par exploser. Sous la surprise, elle s’était arrêtée ; elle était immobile, figée par la peur et l’étonnement. C’était la silhouette de Draphné Greengrass qu’elle avait distinguée en premier lieu. Elle possédait tout la grâce d’une aristocrate digne de ce nom, toute la beauté d’une jeune fille de bonne famille  et le visage empreint de crainte d’une amie s’inquiétant pour ses proches. Aldabella ne pouvait pas lui en vouloir, évidemment. Elle n’avait rien eu à faire là, à écouter la conversation des trois Serpentards, à s’introduire dans leur intimité. Mais ce qui était fait était fait et maintenant, elle se trouvait là, ensevelie sous les millions d'ennuis que cette incrustation allait lui apporter.  

C’est lorsque la vert et argent brandit sa baguette que la jeune Prendergast réagit enfin. Elle fit un pas en avant, ayant laissé sa propre arme dans son dortoir. Si elle voulait s’en sortir, ce ne serait pas avec la magie, mais plutôt grâce à la diplomatie.


— Attends, je t’en prie, attend ! tenta t-elle. Je ne …


— Petrificus Totalus !

L’éclair jaillit de la baguette de Daphné et percuta Aldabella de plein fouet ; ses mains se lièrent instantanément, sa mâchoire se claqua et ses jambes se serrèrent l’une contre l’autre. Il n’y avait rien à faire pour empêcher la chute. La pauvre fille tomba à la renverse, ne pouvant amortir le choc avec ses paumes comme elle le faisait à chaque fois qu’elle s’écroulait. Complètement immobile, ne pouvant prononcer un mot, il n’y avait que ses yeux qui se faisaient à la fois implorants et apeurés.

« Ta soeur me fait confiance, Daphné, et avec raison. Je n’ai aucun motif de parler, tu le sais ! Je suis certaine que tu le sais ! »

Elle n’avait aucune idée de si son regard était suffisamment explicite pour exprimer ses pensées, mais elle devait essayer. Mais lorsqu’une autre voix (masculine, cette fois) s’éleva, son expression changea du tout au tout. Car là, s’approchant de son corps immobile se trouvait Blaise Zabini. Ce garçon insupportable, qui ne trouvait rien de mieux à faire de son temps que de chercher des problèmes aux Gryffondors, s’avançait vers Aldabella, parlant de son sort comme si elle n’était rien de mieux qu’un objet, qu’un vulgaire déchet. Si elle l’avait pu, la rouge et or aurait revêtue sa moue de mépris ; celle qu’elle réservait spécialement pour les gens dans le genre de Zabini. Mais elle était persuadée que ses yeux en disaient assez sur son aversion envers le garçon.

C’est lorsque Drago sorti du vestiaire que se sentit le plus mal. Daphné et Blaise avaient réagi face à la découverte d’Aldabella car ils tenaient à lui. Les propos échangés le mettaient, lui, dans l'embarras, pas eux. Si elle parlait, ce n’était pas Greengrass ou Zabini qui en subirait les conséquences. C’était Drago, et personne d’autre.

Elle le connaissait peu, mais le regard qu’il posa sur elle fut suffisant pour lui donner le vertige ; une expression froide, complètement détachée. Une attitude qui lui fit rapidement comprendre qu’il ne s’opposerait probablement pas au sort que lui réservait les Serpentards.

Alors, Aldabella reposa son regard sur Daphné, le coeur plein d’espoir qu’elle la laisserait partir.
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MessageSujet: Re: Going Under    Going Under  - Page 2 EmptyMar 8 Mar 2016 - 11:04

La défiance de Blaise lui fit abaisser légèrement son bras, se détourner brièvement d’Aldabella Prendergast pour jauger la situation, voir s’il allait l’empêcher de faire ce qu’elle avait déjà décidé qu’elle ferait. La situation ne permettait pas l’hésitation ; et Drago se désintéressait déjà de la scène, comme l’on tourne les yeux devant un massacre que l’on ne veut ni perpétrer, ni condamner. Daphné serrait la mâchoire, crispait son emprise sur sa baguette de prunellier – une baguette qui réclamait des épreuves, et qui semblait se satisfaire parfaitement de la situation – sans quitter le regard sombre de Blaise.

« Protéger Drago et sa famille » murmura-t-elle, aussi paisible que si elle venait à peine de basculer dans le sommeil, déterminée, car Daphné Greengrass ne s’était jamais dérobée à ce qu’elle considérait être son devoir, et cette situation avait la familiarité de celles dont l’occurrence était inévitable, en devenant presque réconfortante. « Protéger ma famille, la tienne, et nous. »

Car elle réalisait peu à peu qu’ils venaient tous deux de prendre parti dans la guerre sans même le vouloir, alors qu’ils avaient passé tant de temps à la refuser ou à mener un numéro d’équilibrisme si délicat qu’il était voué à l’échec, tôt ou tard ; étrangement, elle aurait pensé que ce serait Astoria ou Rowan qui la feraient basculer, dans un sens comme dans l’autre, mais c’était Drago Malefoy qu’ils avaient tenté de soustraire à l’emprise du Seigneur des Ténèbres, et ce n’était pas quelque chose qu’il leur serait pardonné. Pas à eux, héritiers Sang Pur des grandes familles d’Europe, alors que tous s’arrachaient déjà la première place pour les décapiter.

Ils savaient tous comment le Seigneur des Ténèbres se faisait obéir ; il faisait chanter, il ensorcelait, il tuait les familles des traîtres sans la moindre pitié. La pitié n’est pas productive dans une guerre ; elle ne fait que retarder l’inévitable, offrir des opportunités à l’ennemis de percer ses défenses, et Daphné prenait conscience, confusément, au travers de ces regrets qu’elle annihilait un à un, méthodiquement, qu’Il était devenu l’ennemi à l’instant où ils étaient entrés dans ce vestiaire ; qu’elle avait quitté les zones de gris lorsque Prendergast les avait entendus ; que même en compartimentant ses émotions, en les enfermant au plus profond d’elle pour ne pas douter de ce qu’elle s’apprêtait à faire, un frisson de terreur parcourait tout de même son échine.

« Je suis désolée » lâcha-t-elle avant de tuer les dernières traces d’hésitation qui pouvaient subsister sur son visage.

Elle s’agenouilla auprès de la Gryffondor (n’était-ce pas la meilleure amie de sa cousine Flora, maintenant qu’elle y pensait ?), consciente qu’elle était la seule à pouvoir saisir à quel point cette situation était ridicule. Relevant une dernière fois le regard vers Blaise, comme pour s’assurer qu’il n’interviendrait pas ; mais elle se demandait plutôt s’il réagirait d’une façon différente s’il se souvenait de ce qu’il lui avait demandé de faire, à peine quelques jours plus tôt.

Inspirant profondément, Daphné disparut – muselée, soigneusement enfermée tout au fond du coffre – alors qu’elle apposait le bout de sa baguette de prunellier sur la tempe de Prendergast. Et la formule franchit ses lèvres, la projetant, comme la dernière fois, au milieu de ces entremêlements de lumière et de souvenirs, confus autour d’elle ; elle se glissa précautionneusement vers ceux qui l’intéressaient sans prêter attention aux autres. Ils ne furent pas difficiles à trouver, trop récents pour avoir été enfouis sous des couches d’autres bribes de mémoire, et ce même si elle était loin de ressentir la symbiose que Blaise avait pu lui faire éprouver.

Elle n’eut pas besoin de longtemps pour enfermer la conversation qu’elle avait entendue et le sortilège qu’elle lui avait infligé sous des mensonges, délicatement tissés pour éviter de lui infliger le moindre dommage, de faire la moindre erreur qui aurait pu tous les mener à la tombe.

Il lui semblait manquer d’air lorsqu’elle reprit finalement contact avec la réalité, et qu’elle annula négligemment son sortilège d’immobilisation d’un mouvement laconique de la main, exténuée, juste avant que Prendergast ne s’éveille, elle aussi.

« Hé, Prendergast, tu te sens bien ? »
demanda-t-elle avec inquiétude – et cette inquiétude était réelle. « Tu es tombée et je crois que tu t’es cognée, alors n’essaye pas de te relever tout de suite. »

Une chute malencontreuse alors qu’elle entrait dans les vestiaires à la suite de Greengrass et Zabini – c’était tout ce dont elle se rappellerait. C'était tout ce qu'ils pouvaient se permettre qu'elle se rappelle, et cette pensée nourrissait une nausée dont elle avait du mal à se débarrasser, et ce même si les remords qu’elle aurait pu ressentir étaient soigneusement enfouis avant même qu’ils ne puissent réellement se former, se ciseler et l’empoisonner ; comme une maladie que l’on tiendrait en quarantaine en espérant qu’elle finirait par disparaître avant qu’elle n’ait le temps de se propager, de contaminer tout ce qu’elle touchait.

Mais elle finirait par disparaître. Ce n’était qu’une question de temps. Elle ne pouvait plus se permettre de laisser quoi que ce soit l'entraver sur le chemin qu'elle arpentait désormais.
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MessageSujet: Re: Going Under    Going Under  - Page 2 EmptyMar 8 Mar 2016 - 22:05

Difficile de soutenir le regard brûlant de haine que la jeune fille percluse posait sur lui ; il s'en détournait d'un air farouche, agacé comme il est possible de l'être en raison d'une lumière trop vive ; de la morsure brûlante du soleil sur la surface moirée d'une eau claire et stagnante, et la façon dont le reflet s'impose violemment au travers même des paupières -- il est alors possible, même longtemps après l'avoir quitté des yeux, d'en dessiner le contour en pensées.

Et il accueilli la sentence solennelle de Daphné avec l'insolence d'un garçon impertinent, emprunt de mauvaise volonté et d'orgueil heurté.

Oh, l'orgueil de Blaise Zabini. Rien qui ne soit une surprise dans l'arrogance contrariée de sa pause, le feulement dans sa gorge qui exprimait son mépris à l'égard du labeur : il n'avait pas l'impudence des gryffondors ; la détermination farouche des poufsouffles ; et il n'avait jamais aimé se salir les mains.

Car il ne s'agissait pas des rixes fiévreuses qui l'opposaient à Tobias O'Connell dans le dédale de l'école, ces altercations dont il s'extirpait avec la mise froissé et l'éclaboussure du sang sur ses chemises tissées de coton ; il s'agissait, en observant la tenue paralysée et vulnérable de la jeune fille, de se souvenir avec répugnance des pupilles vides de ceux dont l'esprit est confus à jamais, condamné au songe, impuissant et rêveur. Articulant avec la candeur des enfants des secrets qui ne signifiaient plus rien à personne.  Ils hantaient St Mangouste, à l'image de victimes d'expériences indicibles.

Peut-être y pensait-elle aussi : le visage qu'elle offrait sur Daphné était crispé par l'effroi, comme s'il eût s'agit d'un bourreau digne et impérieux, drapé de laine onéreuse et chaussée de cuir vernis, à la manière des adolescentes de bonnes familles. Lorsqu'elle en eut fini avec elle, elle n'était rien d'autre que la victime étourdie d'un malaise et la baguette taillée dans le bois de prunellier promptement enfouie dans le drapé d'un pull-over.

Il pressa les paumes de ses mains sur ses yeux, fatigués par l'obscurité du soir. Avisant machinalement Drago, dont la présence, silencieuse, semblait déjà annoncer son absence : son visage blême et grave était celui d'un fantôme austère. Comme elle était sinistre, cette compagnie de vipères, dans l'alcôve secrète du domaine ! Dans la pénombre paisible de la nuit de mars, alors que le vent enflait autour d'eux les pelouses duveteuses du parc. Lui-même ne prenait pas la peine de dissimuler sa répugnance à se trouver ici ; et l'expression d'impatience, sur son visage ; la courbe orgueilleuse de ses sourcils, haussés par le dédain, alors qu'il se tenait adossé à l'embrasure de la porte entrouverte.  Le bandeau de lumière dorée qui s'en extirpait alors paraissait presque obscène.
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MessageSujet: Re: Going Under    Going Under  - Page 2 EmptySam 12 Mar 2016 - 4:01

Le regard de Drago s’était arrêté sur Aldabella, incapable de se poser ailleurs. La jeune femme emplissait son esprit entier, le souvenir de leur discussion pourtant insignifiante prenant une ampleur insoupçonnée. Elle l’avait suivi, elle les avait écoutés. Drago ignorait ce que Daphné avait l’intention de faire, mais il savait déjà qu’il ne l’arrêterait pas. Il ne prendrait pas ce risque, quand bien même en calculant bien, il n’avait pas grand-chose à perdre. Il était trop lâche, trop indécis, trop perdu pour se rendre compte qu’il aurait pu, à ce moment-là, se faire une alliée d’une Prendergast qui osait regarder son patronyme en face. À la place, il avait choisi le silence & la fuite. Il avait laissé à Daphné le soin de s’occuper de ce ‘problème’ qui n’en était pas nécessairement un, pendant qu’il se tenait à quelques mètres de là, en retrait, inutile, spectateur.

Drago ne comprit pas immédiatement ce que Daphné avait fait à cette pauvre Gryffondor, mais quand elle la releva comme si de rien n’était en prétextant une chute, il saisit. Avec un frisson d’effroi, il se dit qu’il aurait très bien pu faire cela avec ses amis : s’effacer de leur mémoire, disparaître de leurs souvenirs comme s’il n’avait jamais existé. Ce n’était peut-être pas suffisant pour les protéger, mais c’était mieux que rien. Ou, en l’occurrence, mieux que des lettres d’injures. Gêné, il détourna le regard d’Aldabella, et fit un autre pas en arrière.

Les vestiaires étaient décidément trop peuplés pour lui. Sans un bruit, sans même un de ces adieux qu’il détestait, Drago reprit son sac et s’éclipsa sans un bruit, passant devant les trois autres comme un fantôme. Il était venu seul dans ces vestiaires, dans l’idée de mettre en ordre quelques affaires avant de partir, et il n’avait pas changé d’avis. Il décalerait peut-être son départ, tout au plus. Il trouverait bien un moyen de se soustraire à l’obligation de prendre le Poudlard Express, et quand bien même dût-il le faire, il assumerait d’être traçable au moins jusqu’à Londres. La vérité était qu’il était traçable de toute façon. Que ce rêve d’évasion, d’escapade solitaire à la faveur de la nuit n’était qu’une chimère, quelque chose de trop fou & flou pour être réalisable. Il pourrait continuer, encore un peu, de jouer les élèves normaux, avant de disparaître pour de bon une fois sorti des griffes de Poudlard. Cela faisait longtemps que ses études n’étaient plus sa priorité : il n’avait aucune raison d’y remettre les pieds quand viendraient la fin des vacances.

Drago n’avait pas réellement de plan, mais il se doutait que sa mère aurait peut-être des idées. Ensemble, ils pourraient trouver un moyen de faire profil assez bas pour échapper non seulement au Sacrifié, mais à Carwood et, avec un peu de chance, au Seigneur des Ténèbres lui-même. Peut-être venait-il enfin de choisir son camp, ou peut-être l’avait-il choisi il y a bien longtemps. Pour ceux qui portaient la Marque comme un fardeau, comme une punition qu’on leur avait infligée, il n’y avait pas d’honneur à suivre Celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom. Il n’y avait plus d’honneur à rien, seulement la survie, le chantage, la contrainte. Peut-être que s’il n’y avait pas été obligé, que si sa famille n’avait pas été humiliée parmi le cercle très fermé des Mangemorts, peut-être que Drago aurait gardé une foi indestructible en Lui. S’il n’y avait pas été forcé, peut-être l’aurait-il suivi avec déférence, obéissant au moindre de ses ordres avec la plus grande efficacité. Mais il avait été moqué, méprisé, utilisé, poussé dans ses retranchements. En voulant faire d’un futur chevalier un pion, le Seigneur des Ténèbres l’avait perdu.

Drago n’était pas un pion.
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MessageSujet: Re: Going Under    Going Under  - Page 2 EmptyJeu 2 Juin 2016 - 0:05


Ils ne l’écouteraient pas. Elle ne l’écouterait pas.

Aldabella était prise au piège, coincée dans une situation infernale qui aurait parfaitement pu être évitée si elle n’avait pas été aussi stupide. Elle était à la fois l'appât et le chasseur, le coupable et la victime. Immobile, impuissante, elle ne savait que faire d’autre que de maudire intérieurement sa naïveté. Elle n’avait aucune idée du traitement que Daphné lui réservait, mais elle était persuadée qu’il ne s’agissait probablement pas d’une punition très plaisante pour elle.

D’autant plus que supplier était inutile. Les Serpentard n’auraient aucune pitié. Son regard de biche ne lui serait d’aucune aide, cette fois. Pas avec eux. Elle était entièrement à leur merci ; ils pouvaient bien faire ce qu’ils voulaient d’elle. La Prendergast, habituellement si grande, si fière, n’était rien de plus qu’un pantin paralysé, et c’était Greengrass qui tenait les ficelles. Le visage de la vert et argent était emprunt de détermination et il était évident qu’elle ne reculerait devant rien. Peu importe ce qu’étaient ses plans ; elle semblait persuadée que sa décision était la meilleure. Oui, supplier était inutile.

Alors, en un instant, la lueur de détresse qui animait le regard d’Aldabella se métamorphosa en un voile de mépris et de colère noire. Fixant les yeux de Daphné, elle tenta de faire transparaître toute cette haine nouvelle qu’elle éprouvait pour elle, toute la douleur qu’elle ressentait face à ce manque crucial de confiance. C’était irrationnel, elle en était bien consciente ; la seule véritable coupable de la situation, c’était la Gryffondor. Elle le savait mais refusait pourtant de l’accepter. C’était beaucoup plus facile de rejeter la responsabilité sur Greengrass. Après tout, c’était elle qui tenait la baguette.

Plus elle attendant son sort et plus la fureur empreignait le corps d’Aldabella. Si son corps n’avait pas été pétrifié, ses membres auraient probablement été secoués de tremblement de rage. Elle ne savait pas ce qui l’irritait le plus ; la passivité de Zabini, l’entêtement de Daphné, ou le fait que les deux vert et argent ne semblaient pas remarquer que Drago était à deux doigts de les quitter. Priorisaient-ils vraiment le sort d’une Gryffondor quelconque plutôt que celui de leur ami ? C’était ridicule. À les voir, la Prendergast ne se questionna même plus à savoir pourquoi son frère détestait autant Serpentard ; ils n’étaient effectivement rien de plus que d’horribles vipères. Et lorsqu’ils en auraient fini avec elle, ils regretteraient cette nuit. Aldabella se le promit. Elle leur fera payer leur bêtise.

Puis, quelques mots furent murmurrés ; une formule prononcée tout doucement, presque silencieuse. Et instantanément, une lumière vive et forte illumina le terrain. Si la situation avait été différente, Aldabella aurait probablement trouvé les rayons dorés du sortilège magnifiques. Mais elle était victime de l’enchantement ; au diable qu’il soit joli ou non. Fermant les yeux, l’adolescente sentit son coeur se presser dans sa poitrine. Le sortilège de Daphné n’était pas douloureux, mais elle eut tout de même terriblement mal lorsqu’elle comprit ce que la Seprentard tentait de faire.

Non. Pas ça. N’importe quoi, mais pas ça. On ne pouvait fouiller dans ses souvenirs. C’était son antre, son jardin secret. Elle refusait que quiconque ne sache ce qui se cachait au plus profond de son esprit. Personne ne devait savoir. Mais lutter était inutile. Résister au sortilège aurait été une bataille épuisante et vaine, et elle sentait déjà la fatigue prendre le contrôle de son corps. C’était donc une larme au coin de l’oeil et le coeur empli d’une panique violente qu’Aldabella succomba au sortilège et perdit conscience, en se promettant que c’était bel et bien la dernière fois que quelqu’un explorerait sa pensée.

* * *

Il était assez inhabituel pour la Gryffondor de se réveiller par elle-même. En général, c’était Flora qui la tirait du lit ; d’autres, c’étaient les rayons trop puissants du soleil qui l’arrachaient des bras de Morphée. Mais cette fois, son corps s’éveilla de lui-même, pour aucune raison particulière. Étonnée, elle ouvrit les paupières tout doucement, et cligna des yeux quelque fois pour stabiliser sa vue. Lorsqu’elle distingua les centaines d’étoiles qui recouvraient le ciel, Aldabella secoua frénétiquement la tête, ferma les yeux et les ouvrit à nouveau. Il n’y avait pas de doute ; elle n’était pas en train de rêver. Elle se trouvait bel et bien à l’extérieur du château.

Ce n’était pas la première fois qu’elle s’aventurait dehors en pleine nuit ; même qu’il s’agissait d’une de ses habitudes récurrentes après un mauvais rêve. Pourtant, jamais auparavant, elle n’avait perdu connaissance. Désorientée, la jeune fille balaya l’environnement du regard, histoire de situer précisément sa position, et sursauta lorsqu’une voix s’adressa à elle.

À ses côtés se trouvait Daphné Greengrass, cette Serpentard qui, si elle ne se trompait pas, était la grande soeur d’Astoria. Elle ne la connaissait que de nom, mais à en juger son attitude, elle semblait être une personne généreuse. Après tout, ce n’est pas tout le monde qui se serait inquiété pour elle dans une telle situation !

— Je suis vraiment navrée, répondit-elle avec un sourire faible. Je suis tellement maladroite, j’espère ne pas avoir fait trop de bruit en tombant !

Malgré les avertissements de la vert et argent, Aldabella se redressa sur ses pieds avec peine. Ses jambes vacillèrent quelque peu, mais elle parvint malgré tout de même à se maintenir en équilibre. Puis, elle accorda à nouveau son attention à Daphné et son visage devint soucieux.

— Excuse moi de me mêler de ce qui ne me regarde pas, commença-t-elle doucement, mais tu sembles épuisée. Je crois qu’on ne devrait pas traîner ici trop longtemps, et tu sembles avoir besoin de repos autant que moi. Si tu veux, je peux te raccompagner, ça me ferait très plaisir ! Je n’aime juste pas traîner dehors trop longtemps avec les temps qui courent, vois-tu…

Elle tendit sa main à Daphné, dans l’espoir que celle-ci s’en serve pour s’aider à se relever.

— Et techniquement, en temps que préfète, je ne devrais pas tolérer que nous soyons ici passé le couvre-feu… Techniquement.

Aldabella émit un clin d’oeil discret à la Serpentard. Jamais elle ne remarqua Blaise qui se trouvait tout prêt, caché dans les ténèbres de la nuit ; et encore moins la silhouette de Drago Malefoy, qui quittait le domaine de l’école, tel un voleur, pour rejoindre un monde encore plus dangereux que celui auquel ils faisaient déjà face.

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