I just can’t remember last night [Totalement libre !]

Le réveil était difficile ce matin. Très difficile même, pour être franc. Son alarme sonnait déjà depuis 2 minutes et il n’avait toujours pas le courage d’émerger de sous son oreiller pour affronter la lumière et l’éteindre. Qu’avait-il bien pu faire pour mériter ce mal de crâne qui lui vrillait les tempes ? Il avait tellement la bouche sèche qu’il aurait juré pouvoir sentir du sable dans sa bouche. Avait-il fâché une quelconque divinité qui cherchait maintenant à le punir ? Oh. Non. Ça commençait à lui revenir par brides. Les dieux n’y étaient pour rien. L’alcool par contre, lui… Tous les symptômes étaient là en y réfléchissant. La tête dans un étau, la déshydratation, la difficulté à rester concentré. Chris tenta laborieusement de se relever pour éteindre son réveil et le regretta instantanément. Les vertiges aussi étaient là, de toute évidence. La pièce semblait tanguer d’un côté puis d’un autre, ballotant le garçon comme un vulgaire fétu de paille. Il ferma les yeux le temps de faire passer la nausée qui l’assaillait et finit par réussir à s’assoir sur son lit, éteignant enfin l’alarme. Heureusement que son colocataire avait déserté car sinon, le jeune garçon se serait fait tué par le premier de le réveiller si tôt. D’ailleurs, pourquoi avait-il programmé une sonnerie si tôt ? Quelle idée de prévoir de se réveiller à 8h le lendemain d’une soirée avec alcool ? Se doutant que son lui du passé devait avoir une raison et une bonne pour avoir mit un réveil, il tenta de rassembler les divers morceaux de sa mémoire pour retracer le fil de sa soirée.

La première chose dont il se souvint était d’avoir déposé son nom dans l’urne des candidatures pour devenir président de confrérie. Et étonnement, contrairement à ce que les gens le connaissant auraient pu croire, il n’avait pas encore bu à ce moment là. Il avait décidé de faire ça pour éviter que le poste se retrouve vide par manque de candidat et que Sinistros soit représenté par une chaise. Ce n’était pas sa meilleure idée, il le concédait volontiers étant donné qu’il ne jugeait pas être la meilleure personne pour être responsable de l’image de sa confrérie. Son état actuel le démontrait d’ailleurs très bien non ? Mais ses camarades ne lui avaient pas laissé d’autres choix en refusant tous de se présenter. Et puis Isolde en avait rajouté en essayant de le convaincre de se présenter, car elle aussi était candidate pour Phénix. Isolde. Le nom fit écho dans sa mémoire, faisant remonter à la surface d’autres souvenirs. C’était avec elle qu’il avait passé la soirée. Elle et quelques bouteilles. Il porta sa main à son visage, pour appuyer sa tête qui lui semblait si lourde. Comment la soirée avec elle s’était déroulée ? Vu l’antécédent des deux jeunes gens, tout avait très bien pu déraper et finir de nouveau dans un lit, comme il y a quelques mois de cela. Cependant, il était seul à se réveiller dans son lit, ce qui voulait surement dire que ce n’était pas le cas. Tant mieux, pensa-t-il. Il adorait vraiment la jeune fille et tout était resté comme avant, même après leurs quelques relations charnelles l’été précédent, mais il ne voulait pas remettre ça. Encore moins en étant sous l’emprise de l’alcool. Non, il avait certainement dû passer la nuit entière à boire et plaisanter ensemble, rêvant de diriger Haveirson en tant que président de confrérie, et ensuite d’aller diriger le monde pour ensuite chacun rentrer dans sa chambre. C’était bien le genre des deux amis après tout.

Il prit sur lui de se lever et se trainer plus ou moins, surtout moins d’ailleurs, gracieusement jusqu’à la salle de bain pour se regarder dans la glace. Le cerne creusé, les cheveux en bataille, l’œil vide et morne, c’était limite si on ne imaginer en voyant son visage la fanfare qui semblait défiler sous son crâne. Si le vote avait eut à ce moment présent, même lui aurait préféré voter pour la chaise que de donner une voix pour soutenir sa candidature. Même la magie ne serait pas suffisante pour arranger son image cette fois ci, du moins pas celle qu’il connaissait. Toujours les yeux clos dans l’espoir de se protéger de la lumière, Chris alluma l’eau de la douche et se déshabilla avant de rentrer dedans. Le contact de l’eau chaude sur sa peau adoucit un peu son mal, sans pour autant le faire disparaitre. Il lui manquait toujours un pan de sa soirée, même s’il l’avait plus ou moins déduit par les souvenirs qui lui étaient revenu. La question qui restait en suspens était toujours la même cela dit. Pourquoi mettre un réveil si tôt ? Sûrement pas pour les cours. Dans cet état, il se serait contenté de rester dormir pour ensuite se faire porter malade. Ses responsabilités de président de confrérie ? Il n’en était pas encore là, pour l’instant il était encore libre de toutes les contraintes que ce rôle allait lui imposer. Un rendez-vous avec quelqu’un ? Si c’était le cas, il n’avait aucune idée de l’heure, de l’endroit ou ni même de la personne qu’il devait rencontrer. Et c’était ça son hypothèse la plus crédible ? Ce n’était pas vraiment rassurant.

Après plusieurs minutes à essayer de retrouver sa consistance mentale, il fini par laisser tomber et sortit de la douche. La fanfare prenait toujours autant de plaisir à piétiner et jouer de façon peu harmonieuse, le sol n’arrêtait pas de bouger sous ses pieds, mais l’idée qu’Isolde était peut être en train de subir les mêmes désagréments le fit sourire. Ils avaient quand même dû y aller fort hier soir pour qu’il soit dans cet état. Alors qu’il était prêt à abandonner l’idée de trouver la raison pour laquelle il avait voulu se réveiller, se enfiler un boxer et retourner au lit, ça le frappa en pleine face. Comment avait-il pu oublier la lettre que le hibou lui avait apportée la veille ? Il avait rendez-vous à 12h pour observer comment se déroulait un service dans son nouveau lieu de travail ! Heureusement, son lui du passé avait de toute évidence prévu que le réveil allait être une épreuve très dure à surmonter et lui avait laissé du temps pour se remettre de sa soirée. S’il avait dû se présenter dans son état actuel à son patron, il était à peu près sûr qu’il aurait pu repartir aussitôt sans toucher un seul ustensile. S’il ne se connaissait pas aussi bien, il aurait sûrement fait la promesse de ne plus toucher à un seul verre d’alcool. Mais à quoi bon se mentir ? Au moins là, l’élève de Sinistros avait quelques heures devant lui pour essayer d’arranger son état. Il s’habilla aussi lentement qu’il le pouvait pour éviter de perdre l’équilibre et tomber au sol, car il doutait de pouvoir se relever si cela venait à arriver. Il avait besoin de manger. De boire aussi, pour lutter contre la déshydratation. Et de calme, ce qui n’était pas gagné vu le nombre d’élèves qui devaient en ce moment même se déplacer dans le château, allant en cours ou prenant leur petit-déjeuner. Pour ça, il avait une solution. Il récupéra sa baguette sur sa table de nuit et formula d’une petite voix le sort qui l’intéressait. C’était une variante du sort sourdinam, qui permettait de rendre sourd la personne à qui on le lançait. Là, sans aller jusqu’à être perdre l'ouïe, les bruits extérieur étaient très atténués, comme si Chris avait plongé sa tête dans un chamallow géant qui filtrait les sons. C’était déjà mieux. Sans prendre la peine de travailler à rendre son visage moins effrayant qu’il devait l’être en ce moment, Chris sorti de sa chambre en oubliant de fermer à clé et se rendit jusqu’à la plus grande salle du château, autrement dit la cafétéria.

Comme il l’avait prévu, le lieu était rempli d’élèves en train de déguster leur petit-déjeuner, mais grâce à son sort, le bruit semblait lointain et était très supportable. Sans perdre de temps, il alla se servir des pancakes bien chaud et une grande bouteille d’eau. Rien de mieux pour s’hydrater et se remplir l’estomac à la fois. Il prit place à une table un peu plus reculé, préférant s’isoler pour ne pas attirer l’attention sur lui. Il croisait mentalement les doigts pour que la liste des candidats à la présidence ne soit toujours pas divulguée et que personne ne viendrait s’entretenir avec lui à ce propos car l’image qu’il aurait reflétée aurait été bien mauvaise pour sa campagne. Il engloutit sans attendre plus de la moitié de sa bouteille avant d’entamer un premier pancake, dans le plus grand calme possible au vue du monde présent. Sa tête le lançait encore et toujours et il priait pour qu’un bon apport en eau résolve le problème rapidement. Ou au moins avant le début de son premier jour à l’Avalona… Un son augmentant crescendo vint déranger son repas. Malgré son sort, il pouvait entendre une voix et s’imagina très facilement qu’une dispute avait du éclater à une table voisine. Chris était bien content de ne pas en faire parti, car ça avait décidément l’air de crier bien fort pour outrepasser le sortilège ! Trop curieux pour ne pas jeter un coup d’œil, il pivota sur sa chaise pour tomber nez à nez avec une élève qu’il avait déjà croisé mais à qui il n’avait jamais parlé. Que pouvait-elle bien faire là ? Et pourquoi gesticulait-elle comme ça devant lui, à s’époumoner sur lui ? Etait-il la cible des cris qui retentissait dans la cafétéria depuis déjà quelques secondes sans s’en être rendu compte ? Priant pour qu’il se trompe, le garçon annula discrètement la magie maintenant le sortilège. La première chose qu’il changea fut le niveau sonore. A peine ses boules quiès magique disparu, les cris lui parvinrent et le frappèrent directement au cerveau, semblable à des aiguilles perforant son crâne. Malgré la douleur dû à sa gueule de bois, il tenta de se concentra sur le contenu de la remontrance.

- ..t’afficher comme ça dans la gazette ! Isolde s’en fiche bien te toi, alors pourquoi continuer à la voir ? Tu n’as donc pas de cœur ? Ne me fais pas croire que tu n’as pas remarqué que tu me plais ! Réagis, pourquoi tu continue de m’ignorer comme ça ! Je ne veux plus jamais te revoir !

Et avant de pouvoir réagir ou prononcer un mot, il vit la jeune fille quitter la grande salle en courant, les larmes aux yeux. Wow, ça faisait beaucoup d’information à traiter pour un cerveau aussi anesthésié que le sien. Elle avait parlé d’Isolde, ça il en était sûr. Quelque chose était arrivée à la jeune fille après leur soirée d’hier ? Avait-elle un problème ? Etait-elle en danger ? Comme il ne connaissait pas la jeune fille qui venait de lui vociférer dessus il ne pouvait être sûr qu’elle était de la confrérie d’Isolde, mais c’était peut être une de ses amies qui lui en voulait de ne pas avoir veillé sur Isolde ? Une vague d’inquiétude commença à monter en lui, puis il le reste du flux d’informations fut analysé par son cerveau. Non, elle avait parlé de la gazette. Et aussi d’une attirance qu’elle ressentait pour lui. Cela avait-il un rapport avec le potin qu’il avait envoyé à la gazette pour faire une mauvaise blague à Isolde et répandre la rumeur qu’elle aimait Chris ? Non, depuis quand ses mauvais coups se retournait contre lui ! Si ? Plus il y réfléchissait, plus cela avait du sens. La jeune fille avait pu lire la gazette, croire que quelque chose se passait entre l’élève de Phénix et lui et mal le prendre au point de venir publiquement lui crier dessus. Mais cela voudrait dire qu’il plaisait à une fille à qui il n’avait jamais parlé, au point que cette dernière était prête à lui en vouloir pour un simple potin dans la gazette. Plus il y pensait, plus son esprit s’embrouillait. Ce n’est qu’en remarquant le calme environnant qu’il nota que quelque chose clochait. La salle était pleine à craquer, comment était-ce possible ? La peur au ventre à l’idée de ce qu’il allait découvrir, il releva les yeux et croisa une centaine de regards tournés dans sa direction. Son cerveau lui était heureux du silence profond qui était si agréable pour calmer sa douleur. Chris lui, était horrifié de voir qu’il était le centre de l’attention, surtout aujourd’hui, dans cet état, et après avoir prétendu être capable d’être le président de sa confrérie. Avait-il tous entendu la jeune fille lui hurler dessus ? Et surtout, depuis combien de temps avait-elle commencé à crier avant qu’il remarque sa présence ? Pour la discrétion, il repasserait.

- Je la connais pas moi… murmura-t-il si doucement qu’il douta que quiconque l’ai entendu.

Toujours au centre de l’attention général, Chris regardait autour de lui à la recherche d’un visage familier, le cerveau encore embrumé de la veille. Tous se tenaient à l’écart, formant un cercle autour de lui comme si une ligne tracée à la craie délimitait une limite à ne pas franchir sous peine d’être atteint de la pire des maladies qui soit. Tous sauf un. Un professeur qu’il ne connaissait pas personnellement mais qu’il avait déjà croisé à l’occasion et dont il était sûr que Lanalia lui avait déjà parlé. Faisant fi de la démarcation l’entourant, il traversa un groupe d’élève pour venir jusqu’à lui et poser sa main sur son épaule comme s’il le connaissait de longue date, montrant ainsi une forme de soutient. Chris lui en fut immédiatement reconnaissant, se sentant déjà moins seul sous le feu des regards. Ne restait plus qu’à espérer qu’il était un bon Samaritain et non quelqu’un qui souhaitait en rajouter une couche devant un public facile, ou un professeur voulant asseoir l’amour de ses élèves en faisant une bonne blague. La phrase qu’il prononça mit quelques secondes avant de se frayer un chemin jusqu’à son esprit et faire sens.

- Si encore il me servait à quelque chose ce succès ! Je ne suis même pas sûr d’avoir compris ce qu’elle racontait et elle a oublié de me laisser son numéro.

Le succès. Tu parle d’un succès ! Que ce soit concernant l’élection au poste de Président de Sinistros qui démarrait bien mal ou sa vie amoureuse qui était au point mort, le succès ne lui apportait pas grand-chose. Même pas le numéro d’une jolie fille. Quoi qu’à y repenser, il ne préférait pas l’avoir. Si elle était déjà prête à faire un scandale tel que celui-ci avant même de se présenter, il n’imaginait même pas ce qui devrait attendre son futur petit ami. Mais sa langue fonctionnant plus vite que sa réflexion, c’est tout de même ce qui était sorti en premier. Encore quelque chose qu’il imputerait à l’alcool. Le professeur ne se gênait pas pour rire et Chris commençait à douter qu’il soit venu pour le secourir mais plutôt pour se payer sa tête. Pouvait-il lui en vouloir alors qu’il aurait sûrement lui aussi bien rit s’il n’était pas la victime ? A l’évocation de sa campagne le garçon soupira. C’était déjà donc arrivé jusqu’ici et les gens semblaient le reconnaitre. C’est parfait pour sa communication ça. Ne s’encombrant pas avec les formes d’usages avec un professeur, il répondit en le tutoyant.

- J’aurais préféré crois-moi. Et tu vas sûrement rire encore plus, mais si la gazette a parlé de moi de cette façon c’est ma faute. J’ai moi-même envoyé le potin pour faire une blague à une amie.

Le garçon rencontrait enfin le concept de l’arroseur arrosé après toutes ses années de mauvaises blagues. Il le méritait très certainement mais aurait préféré que les présentations se fassent ailleurs que dans une salle bondée de ses camarades.

- Futur Président de Sinistros, ça me semble mal engagé. Je n’ai pas encore d’écharpe mais si tu veux, j’ai commencé une collection de t-shirt avec mon visage imprimé dessus. Juste une porte de sortie dans la mode au cas où la politique ne fonctionnerait pas, tu vois.


Le professeur lui semblait être très en forme et cela semblait déteindre sur lui, malgré la douleur dans ses tempes et les regards le fixant. Chris avait toujours été du genre à déconner, et l’alcool encore présent dans son système le poussait à aborder ça avec autodérision en se moquant de lui-même plutôt que trop sérieusement, même si c’était plus facile à dire qu’à faire. Cela dit, les commentaires de son sauveur aidaient bien...

Le rire du professeur n'aida en rien sa migraine mais il se garda bien de le faire remarquer. Confier sa gueule de bois à un professeur n'était peut être pas la meilleure des idées disponibles, mais pour son cerveau ralenti. Captant les regards qu'on continuait à lui lancer malgré la présence de son 'sauveur', il se dit que la situation devait en effet être comique. Surtout de l'autre côté du miroir. La remarque concernant l'inutilité d'un numéro de téléphone fit écho. Il avait tendance à oublier la limite entre les deux mondes l'ayant vu grandir après avoir bu, et il recommençait à nouveau.

- C'est pas faux. J'ai beau m'être habitué au monde sorcier, cette expression me revient sans cesse. Concernant le deuzio… Chris marqua une pause, cherchant ses mots dans le registre si limité que sa réflexion lui proposait. C'est pas faux non plus.

Wow. Il y avait là de quoi être impressionné non ? Une répartie et un sens de la discussion à toute épreuve que nous montrait là le candidat à la présidence ! Il était certain qu'il reporterait l'élection s'il faisait preuve de la même éloquence lors de son discours. Maudissant intérieurement l'alcool dans son organisme, il se concentra sur les mots que prononçait l'enseignant. Il ne remarqua même pas le sourire hésitant qu'il lui offrit, ou du moins l'information ne le marqua pas un instant. Regard interrogateur. Éclat de rire. Il ne pouvait lui en vouloir, après tout on ne récolte que ce que l'on sème, comme le dit l'adage. Le prénom Isolde prononcé. Voilà un thème qu'il connaissait bien, voir même très bien. S'y raccrochant tel un perdu en mer se tient à une bouée de sauvetage, il entreprit de continuer sur cette voie. Le choix des mots de son interlocuteur semblait étrange, comme s'il lui faisait des avances, mais c'était sûrement du à son état. Peut-être aurait-il voulu le rencontrer plus tôt pour rire de bon matin comme il le faisait là ? Explication bancale mais plausible. Un sourire vint élargir ses lèvres, la situation finissant par le faire rire lui même.

- Non non je suis bien sérieux malheureusement ! Une très bonne amie même ! J'en déduis que tu la connais aussi ? Elle a le talent pour bien s'entourer, j'aurais aussi aimé te rencontrer plus tôt. Et dans d'autres circonstances.

Il n'avait pas bien compris la dernière phrase. Rien changé à quoi ? Il n'en savait rien et ne voulait pas se creuser la tête à chercher. Cela dit, le regard qu'il lui avait lancé lui mit clairement un doute en tête. Était-il en train de flirter ? Naaan. Quoi que. Cela dit, avec la tête de zombie qu'il devait afficher ce matin, il lui semblait compliqué d'être attirant pour qui que ce soit. Chris se dit qu'au pire, l'enseignant ne pourrait être plus entreprenant à son sujet que son très bon ami et camarade de confrérie Law. Rien que d'évoquer son nom mentalement le fit sourire, se rappelant de toutes les remarques auxquelles il avait le droit en sa présence. Il avait beau être hétéro, il ne pouvait qu'adorer le personnage !

Sa proposition concernant le t-shirt fut rejetée, comme il s'en doutait. L'inverse l'aurait d'ailleurs mis dans l'embarras vu qu'il n'était pas sérieux. Lancer sa propre ligne de vêtements avec son visage dessus ? L'ego monstre qu'il faudrait avoir là ! Nouveau compliment, sur sa tête cette fois. Encore imbibé par les restes de la veille, il se laissa prendre au jeu, répondant avec humour :

- Tu viens de me faire un compliment, comment pourrais-je le prendre mal ? Tu n'es pas mal non plus si tu veux mon avis. Pour l'écharpe compte sur moi, tu l'auras dans ta boite aux lettres. Petit cadeau pour te remercier d'être venu me tenir compagnie dans un tel moment de solitude !

La question suivante le laissa pantois. Son programme si jamais il était élu à la tête de Sinistros ? Répondre qu'il n'avait aucune idée aurait été une bien mauvaise publicité, et en temps normal il en aurait improvisé une flopée sans aucun soucis. Mais là… Faisant tourner les rouages de son cerveau à plein régime, il répondit ce qui lui venait, sans aucun filtre.

- Je pense qu'en premier, si je suis élu, une soirée s'impose. D'un autre côté c'est aussi mon programme si je ne le suis pas donc bon. Pour la suite oui j'ai déjà quelques idées, la création d'un hymne de confrérie, la mise en place d'un club de duel et quelques défis à lancer à mes collègues présidents.

Il remercia son esprit de ne pas l'avoir lâché sur ce coup, bien que ses réponses devaient sembler bien simpliste. Puis, comme pour le faire mentir à propos de sa bonne performance, il rajouta une phrase que Lawrence aurait sans aucun doute relevée.

- Cela dit, je reste ouvert à toutes propositions tu sais !

La tape dans le dos montra clairement que Quinlan avait tout comprit de son état, et pour être franc, Chris s'en doutait déjà. Il n'avait jamais été très doué pour cacher une gueule de bois, comme c'est le cas pour tout le monde j'imagine. L'élève de Sinistros n'était toujours pas bien sûr de comprendre ce que le professeur insinuait concernant les circonstances qui auraient pu être autres, et pour éviter de dire ou faire une boulette, il laissa la phrase sans réponse, se contentant d'un sourire. Sourire qui s'agrandit à l'idée d'être élu président et d'avoir Isolde pour homologue chez les Phénix. L'idée ne pouvait qu'être séduisante, après tout c'était une des raisons pour lesquelles il s'était engagé, comme on dit. Cela dit, en plus d'être pratique, ça serait surtout le gros n'importe quoi, comme leur soirée de la veille en témoignait très certainement. Se gardant bien d'aborder le manque de sérieux dont les deux amis pouvaient faire preuve l'un en compagnie de l'autre, il répondit un des vrais avantages de cet éventuel résultat.

- Ce sera très pratique oui, et j'imagine que ça sera bénéfique pour Sinistros et Phénix.

Chris nota dans une coin de son cerveau de concocter un hymne. Quelqu'un chose d’entraînant, de motivant et cependant, loin d'être trop formel. Quitte à le chanter, autant y prendre plaisir ! Continuant de piocher dans son assiette, il approuva l'entrain du professeur pour rameuter ses élèves. Une amie en faisait partie lui semblait-il et elle ne lui avait dit que du bien de ce cours. L'envie de tenter un cours débutant, dans un meilleur état que celui d'aujourd'hui l'avait même tenté à une époque.

L'enseignant fini par lui souhaiter une bonne journée et bon courage. Un café en intra-veineuse ? Si c'était possible, il ne demandait qu'à signer.

- Merci beaucoup, j'espère que ça passera tout seul et rapidement. Je te souhaite bon courage pour le boulot !

Après l'avoir regardé s'éloigner, il reprit la dégustation de son petit déjeuner et engloutit sa tasse de café. Déjà les effets se dissipaient un peu, mais pas assez vite. Il avait un rendez-vous important qui l'attendait dans quelques heures et ne pouvait se présenter ainsi. De plus, certains élèves continuaient de le scruter après le scandale dont il avait été la victime. Baissant la tête vers son coin de table, il tenta au mieux d'ignorer ce qui l'entourait. Quelqu'un allait-il encore oser le rejoindre comme Quilan l'avait fait ?