[Event] Initiative pour la Concorde

Dans le flot d’information mornes qui défilait quotidiennement, quelques lueurs d’espoir s’élevaient, surgies de nulle part, pour s’opposer aux ténèbres grandissantes, affirmer haut et fort leur absence de peur. La parution d’un article sur l’ouverture imminente de l’IPC avait redonné un peu de baume au coeur à Azphel et aux nombreux sorciers inquiets des événements récents à Avalon comme sur Downing Street. Cette inauguration était la promesse que des hommes, moldus comme sorciers, allaient oeuvrer pour que le monde ne sombre pas, allaient s’ériger en rempart à la montée de la violence, comme une lumière transperçant la nuit pour faire trembler l’obscurité. 



Le fils Lamar avait rapidement décidé de s’y rendre, gageant que l’épisode de l’allocution du Ministre était une étape à oublier et que cette fois, les choses ne dégénèreraient pas. Personnalité de moindre importance et puis, les Mangemorts, quel que soit leur identité, avait d’autres choses à faire que de s’en prendre à toutes personnes prétendant servir la paix. Le retour de Voldemort pouvait bien être réel, il y avait peu de chance que ses sbires s’en prennent à tout le monde sans raison… Normalement.


Dans Haveirson, la soirée avait fait parler autant que l’allocution ministérielle et s’est en entendant Novenka en discuter qu’Azphel avait décidé de s’y rendre avec elle. Les deux sorciers s’étaient rejoint suffisamment en avance pour se rendre sur place. Ils présumaient que de nombreux étudiants et professeurs seraient présents et que l’événement devrait attirer une foule importante, de part la portée fraternelle qu'il était censé dégager et engendrer. Et ils ne s’étaient pas trompés puisque devant la bâtisse rouge et blanche une foule compacte s’entassa rapidement, dans une agitation qui n’avait rien de préoccupée, mais plutôt d'impatiente, au contraire.
 Des Aurors étaient positionnés de part et d'autre pour assurer la sécurité de l'événement, ce qui montrait que les événements des dernières semaines étaient bien présents dans toutes les têtes


- Il y a l’air d'y avoir du monde, j’espère que la soirée sera aussi concluante qu’ils l’espèrent, glissa Azphel à Novenka à côté de lui.



Alors qu’ils attendaient depuis de longues minutes, un homme d’un âge certain, les cheveux grisonnants, s’extirpa de la foule pour s’approcher du ruban. Dans un bref discours prônant la paix, il trancha le bout de tissu sous les acclamations des spectateurs. Azphel mêla ses applaudissements à ceux de la foule et suivit le mouvement impatient des gens qui s’agglutinaient vers la porte pour rentrer dans l’IPC et profiter de cette soirée. Azphel tendit son bras à Novenka et ils entrèrent à leur tour dans la bâtisse.



Pour l’occasion, l’Abraxan s’était vêtu en parfait moldu, mais s’était entiché d’une cravate vert émeraude avec un serpent discret, rappelant sans équivoque son appartenance passée à la maison de Salazard et surtout au monde des sorciers. Il ne se déparait pas de son sourire habituel et cherchait à croiser les regards des personnes aussi excitées que lui par cette soirée d’union et de fraternité entre sorciers et moldus.

C'est avec une certaine curiosité que Novenka lisait le journal à table durant le dîner. Au début, elle lisait en silence prêtant nul grande attention aux paragraphes accablants la Guerre qui sévissait. Si elle était déclarée, ce n'était pas non plus pour rien... Et si les ennuis se multipliaient, on ne faisait rien pour régler le problème, bien au contraire, on l’envenimait. Novenka tourna la page en mangeant son œuf brouillé et l'information qui figurait était tout à coup digne de son attention politique. Un groupe qui prône la paix entre les deux parties et cherche une équité pour vivre en harmonie. Voilà donc une bonne initiative. Alors elle donna un coup de coude gentillet à Mia et lui raconta en un bref résumé ce qu'il se disait. Azphel l'avait alors interpelé et avec le même éclat curieux dans le regard, ils s'engagèrent à y aller ensemble.

Novenka n'avait pas souvent l'occasion de n'être qu'accompagnée d'Azphel, généralement il trainait à quatre. La fine équipe des Abraxans. Bien que dans ce petit cercle d'amis, il était clair qu'un couple se démarquait plus qu'un autre. Il fallait être dupe pour ne pas voir l'éclat d'amour dans les yeux de Mia, bien qu'Anton était sur une certaine retenue. Quoi qu'il en soit, Novenka était contente de partager ce moment privilégié et important pour l'humanité avec son ami Azphel.
Elle ne l'aurait pas pensé si posé, au contraire, elle était l'une des rares personnes à ne pas comprendre la Guerre, mais la pire de ses incompréhensions étaient la naïveté de ses compatriotes, aussi bien moldus que sorciers. Les avis divergeaient, évidemment qu'il y avait des arguments pour les deux partis, les trois même. Ne serait-ce pas plus simple d'envisager la prospérité, user de nos forces et remercier Mère Nature de si beaux présents, plutôt que de s'en vouloir d'avoir reçu meilleur cadeau ? L'égoïsme humain était le plus grand mystère, mystère qui attristait les cœurs et asséchait celui de Novenka.

Le jour de l'évènement, 27 mars, Novenka avait rejoint son ami dans le hall avant de partir en direction de Londres. Habillée d'un jean noir et d'un pull en cachemire blanc, Novenka avait pour habitude de s'habiller comme les moldus. Ayant vécu à leur côté depuis si longtemps et ne les décrédibilisant pas. Bien au contraire, Novenka était fière de ses origines.
Ils arrivèrent assez rapidement à l'endroit dit, agglutinés dans la foule. L'impatience était le moteur de cette foule qui avec respect, patientait de voir la suite de cet évènement prendre forme. Elle n'aurait pas imaginé qu'autant de monde s'y serait intéressés. Ou alors il y a des radicaux camouflés, ce qu'elle n'espérait pas.
Elle sourit à la réflexion de son ami, mais l'appréhension ne la quittait pas. Ce genre de grosse manifestation n'était pas non plus si innocente.
Un homme se détacha de la foule et prôna un discours d'amour absolument concis et pourtant si vrai, si les cœurs l'étaient.

Elle attrapa le bras de son ami et comme la foule, elle s'engouffra dans la battisse. Un mauvais pressentiment lui creusait toute fois le ventre. Elle s'agrippa fermement au bras d'Azphel, bousculée par la foule qui s'amassait avec impatience. Elle chercha du regard une personne aussi méfiante qu'elle, ou pire une personne mal avisée.

« Ne sois pas si enthousiaste, attends de voir. Quelque chose cloche. » Elle zyeuta l'homme qui parlait aux figures politiques. « La politique n'est pas si idyllique. »

Elle lui pressa le bras et patienta d'en apprendre un peu plus sur la suite du programme, espérant que sa curiosité ne l'aurait pas amené dans un guetta-pan où elle et son ami seraient cibles ou spectateurs d'une tuerie.

Le message était lancé. Les moldus ne souhaitaient pas se battre non plus. C'était la même chose que pour la communauté sorcière. Seule une minorité faisait des éclats, mais quels éclats ! La société moldue avait beaucoup évolué, notamment en terme de philosophie. Elle était maintenant lointaine l'époque où les sorciers étaient persécutés. La religion avait reculé et l'éducation avancé. Le Secret Magique n'avait finalement peut être plus lieu d'être. Tout était que, néanmoins, les autorités sorcières à travers le monde n'étaient pas contentes des révélations tenues en Grande-Bretagne. Depuis tant d'années, les gouvernements sorciers à travers le monde se donnaient du mal à cacher l'existence de la magie aux moldus, à traquer la moindre fuite, à la colmater, à s'assurer du secret. Et tout avait volé en éclat.

Un climat de suspicion s'était créé à la suite de cette révélation. La question qui était sur toutes les lèvres : Es-tu un sorcier ? Pour les groupuscules, d'un côté comme de l'autre, c'était une occasion rêvée d'entre en guerre et d'exterminer l'autre camp. Les évènements des derniers mois en étaient une preuve flagrante. Ces groupuscules sont violents et doivent être craints à juste titre. Leur violence était terrible, et les deux camps avaient pu en faire les frais.

Et pourtant, malgré les actes abominables menés d'un côté comme de l'autre, une volonté d'harmonie naissait. Pourquoi ne pas vivre tous ensemble en harmonie, en mêlant le bien de chacune des sociétés ? Rester ancré dans les modèles historiques traditionnels était-il vraiment nécessaire aujourd'hui ? Aujourd'hui, il n'était plus obligatoire de se cacher des moldus. Ils étaient leurs frères. Leur société leur avait appris à se cacher, aujourd'hui ils n'en avaient plus envie. Il était grand temps de vivre avec eux.

C'était sur ces pensées que Dean se préparait à aller à l'inauguration du premier centre de l'IpC, l'Initiative pour la Concorde. Il était content de voir une telle initiative naître. Fini les querelles, fini les persécutions. L'heure était à la coopération. Il fallait montrer au monde entier que ça pouvait fonctionner, et que ce n'était pas les actions nocives des groupuscules qui les stopperaient de construire un meilleur monde ensemble.

Il enfila une paire de jeans et un T-shirt à manches longues aux couleurs de sa maison à Poudlard. L'idée était de pouvoir passer inaperçu dans la foule, tout en laissant un indice aux sorciers pour être reconnu en cas de besoin. Et si cela faisait de lui un traître à son sang et que sa tenue faisait de lui une cible, il s'en fichait. Il était fier de ce qu'il pensait et il ne laisserait pas la peur guider sa vie.


Il se rendit donc à l'évènement. Il put reconnaître certains visages familiers. Il aperçut notamment Novenka et Azphel dans la foule, et Kerry sur .... l'estrade. Il se demandait bien ce qu'elle faisait là-haut. Il écouta le discours de l'orateur tout en jetant un œil aux alentours. Il y avait beaucoup de sécurité pour cet évènement. Tant mieux ! Il apercevait des Aurors et des policiers moldus. Les deux forces coopéraient pour assurer la sécurité de l'évènement. C'était déjà un très beau geste des gouvernements de montrer une telle coopération. Dean se demandait si Carwood se montrerait. Ce genre d'évènements était tout de même la consécration des idées qu'il avançait.

Il écouta le discours jusqu'au bout puis, lorsque la foule se mit en marche, il entama une marche en direction de Novenka et Azphel. Il gardait un oeil attentif à tout ce qui se passait. Ce n'était pas facile avec un tel mouvement de foule, mais il le devait. Il ne savait pas s'il était le seul membre de l'Ordre ici, mais s'il fallait intervenir, il le ferait. Il se tenait prêt. Il arriva près des deux Abraxans et leur dit :

- Vous aussi vous êtes venus. C'est cool comme initiative, non ?

Novenka paraissait plus septique que Azphel sur le bon déroulement de cette nouvelle soirée, sans pour autant réussir à entacher sa croyance sur le fait qu’ils n’avaient rien à craindre. Pourtant, il comprenait les doutes de la brune, parfaitement justifiés vu la tournure des dernières apparitions officielles de moldus et sorciers.
Dean les rejoignit alors qu’ils pénétraient dans la bâtisse, comme un seul et unique flot de convives, sans origines, drapé de bonnes intentions et de bouts d'utopies.


- Vous aussi vous êtes venus. C'est cool comme initiative, non ?

- Oui, c’est une bonne chose je pense, ça ne peut faire que du bien à nos deux communautés, approuva Azphel. 



Il savait Dean pacifiste, du moins son collègue Abraxan ne lui avait jamais laissé entrevoir qu’il pouvait être mauvais, aussi l’avait-il classé dans les gens biens. Fils d’une mère moldue, parfaitement assumée, Azphel ne pouvait qu’appuyer les dires de son camarade. Toute initiative ne pouvait qu’être bénéfique et agir en soutien des murmures qui s’élevaient face aux actes atroces des dernières semaines : la barbarie ne triomphera pas, il y aura toujours des hommes bons pour se dresser devant.


Dans la foule de personne présentes, Azphel reconnut Kerry avec qui il avait joué une nuit à Haveirson. La jeune femme s’affairait à distribuer des prospectus - il s’agissait visiblement d’une collecte de fonds, à en croire les voix autour d’eux. Un sorcier reconnaissable vint prendre rapidement la parole. Azphel avait pu voir son visage dans certains journaux et reconnut le charismatique John Carwood. Mine de rien, ça lui fit un petit quelque chose de le voir en chair et en os, non pas que l’homme l’intéressait particulièrement, mais il se souvenait de la lettre que l’employé du Ministère lui avait personnellement envoyé après son intervention lors de l’allocution du premier Ministre Britannique.



Le discours de l’homme fut bref, mais dégageait beaucoup de convictions, peut-être trop, mais on y décelait la ferme intention de ne pas se laisser abattre par les derniers évènements. Pas de mots de trop, en tout cas, le reste de la soirée devait se dérouler dans l’échange entre moldus et sorciers.


- C'est plutôt positif je trouve, dit Azphel à voix haute, davantage pour Novenka que Dean.



Un jeune homme les rejoignit rapidement, typé indien et souriant. Il se présenta à eux sous le nom d’Isha, moldu et étudiant en médecine.

- Bien sûr que vous pouvez vous joindre à nous ! s‘exclama Azphel. Avec plaisir même. Vous m’excuserez, je reviens dans quelques minutes, il y a quelqu’un que je veux saluer, dit ensuite l’Abraxan.



Il déposa une bise sur la joue de Novenka avant de quitter le groupe d’Abraxans et Isha, pour se diriger vers le chef du bureau des Aurors, son sourire habituel accroché aux lèvres, réellement intéressé d’approcher l’homme qui défend la justice.



- Bonjour monsieur Carwood, dit-il avec suffisamment d'enthousiasme pour capter son attention, tendant sa main vers lui. J’espère ne pas vous déranger ? Je tenais à vous saluer personnellement, puisque j’en ai l’occasion. Je m’appelle Azphel Lamar, j'étudie à Haveirson. Vous m’avez remercié par une lettre pour avoir été présent et avoir agi lors des événements qui ont suivis l’allocution du premier Ministre Britannique. Je pense n’avoir fait que ce que chacun devrait faire ! Quoi qu’il en soit, je suis heureux de voir qu’un personnage si important et symbolique que vous soit là aujourd’hui, pour affirmer son désir de paix. Je pense que c’est important, autant pour nous sorciers, que pour nos amis moldus. L'oeuvre de la paix peut se faire de différentes manières, mais c'est bien qu'elle soit accompagnée par des volontés politiques fortes. Je présume que votre présence ici, en plus d'affirmer la volonté des Aurors, est également un signal fort envoyé par le Ministère de la magie aux ennemis de la paix, je me trompe ?

Novenka se détendit quand Dean s'approcha d'eux. Ils ne seraient pas les seuls sorciers, et pas les seuls étudiants présents non plus. Elle les laissa échanger de brèves banalités sur la satisfaction de voir un tel évènement prendre place. Malgré les idéologies de Novenka qui consistaient ni plus ni moins à rallier tout ce beau monde contre les extrémistes et non contre une catégorie d'individus pacifistes. Les moldus avaient tant à apprendre des sorciers et inversement.
Malgré tout, une telle cérémonie ne pourrait se passer calmement quand l'on saivait que les adeptes de Lord Voldemort se baladaient au gré des rumeurs sur une telle union pour une paix utopique.
Sorciers et moldus ne pouvaient cohabiter tant que la peur creusait son trou entre les deux. Malheureusement, seuls les nés-moldus et les sang-mêlés arrivaient à parfaire leurs idées via leur vie moldue mêlée à celle du monde des sorciers. Ils étaient l'espoir, mais l'espoir est feint quand la violence est utilisée contre un si beau projet.
Azphel semblait heureux, apprécié l'endroit où ils se trouvaient mêlés les uns aux autres, tels des sardines soigneusement placées dans leur boîte de conserve. Le danger était là, trop de monde, peu de savoir... Qui garantissait l'identité et les intentions de chacun.

Alors que la jeune yougoslave commence à regretter d'être venue, le chef des Aurors Jonathan Carwood, si souvent cité dans les journaux prit la parole dans un discours défiant les rumeurs l'accusant lui-même d’extrémiste. Est-ce qu'un homme qui ressent autant de haine pour les partisans, peut se faire porte-parole d'un havre de paix ? Elle en doutait. Très sérieusement. Elle ne commenta pas, ne chercha même pas à comprendre le sens des mots employés par leur porte-parole magique. Elle se contenta d'observer, d'assimiler et de retenir. Elle n'était pas faite pour la guerre, elle n'était pas faite pour parlementer... Mais une chose est sûre, elle n'est pas dupe.

Les discours terminés, un jeune homme les rejoint assez vite. Novenka l'observa avec son sourire bienveillant qui lui habillait si bien le visage, noyant son angoisse au fond de son sein pour ne donner qu'un optimisme contagieux.

« Nous sommes enchantés de vous rencontrer, Isha. Je me nomme Novenka Cieslak, je suis une sorcière née-moldus, et je suis dans une branche d'étude que l'on qualifie de pompeuse. » Elle se mit à rire et elle pressa le bras d'Azphel quand il s'éloigna. Elle regarda son dos, et un frisson l'a parcourue quand il s'arrêta face à Carwood. La fibre journalistique... ; Kerry vint s'ajouter à l'équation et Novenka prit le prospectus avec grand intérêt. « J'ignorais que ce domaine te tenait tant à cœur. » D'une voix plus haute et forte, elle s'exclama : « C'est avec plaisir que je m'engage à participer à cette médecine moderne. Palier nos deux connaissances pourrait rentre le monde moins fébrile. Bel investissement de ton temps, Kerry. »

Un léger clin d’œil et elle posa une bise sur la joue de sa petite protégée. Regardant Isha avec intérêt. « Vous êtes de la branche médicinale, ce que propose Kerry doit surement être intéressant aussi pour vous, n'est-ce pas ? Le monde magique est fascinant. »  Elle se retourna vers Azphel, qui toujours au loin parlait sans se lasser à cet homme important. L'angoisse l'étrangla, et elle ne put s'empêcher de rester aux côtés de son ami. « Pardonnez-moi, je vais saluer notre Auror favori. Je reviens vite. » Elle posa sa main sur le bras de Dean, et avec un regard insistant, elle plongea ses yeux dans ceux de Dean, lui témoignant de veiller sur elle le temps de son escapade.

Elle arriva près des deux hommes, timide. Les joues rosies, elle attrapa le bras d'Azphel et elle sourit.

« Monsieur Carwood, quel plaisir de vous rencontrer et de vous voir si enthousiaste. Pardonnez mon intrusion, je m'appelle Novenka Cieslak, et du peu que j'ai entendu de mon ami... Je dois reconnaître que cette association est... utopique. N'y encourons-nous aucun risque à nous rassembler en tel endroit malgré une sécurité renforcée ? »

Ce fut plus fort qu'elle, incontrôlable. L'inquiétude et la peur pour ses amis plus forte que la raison de se taire.

L'abraxan venait de rejoindre ses deux camarades de confrérie. Il était vraiment content de voir qu'il n'était pas le seul à s'être donné le mal de se déplacer jusqu'à Londres pour soutenir cette initiative. Certes elle était destinée aux Moldus dans sa fonction première, mais les sorciers étaient invités à coopérer avec eux et c'était donc un soutien moral qu'il était venu apporter à la cause. Et il était surtout curieux de voir de quoi résultait vraiment ce mouvement naissant. Azphel était du même avis que lui quant à l'évènement. Il ne pouvait apporter que du réconfort aux deux sociétés en ces temps violents et agités. Il ne manquait plus qu'une chose : détruire les clivages qui séparaient leurs communautés pour n'en former, finalement, plus qu'une.

Leur discussion tourna courte. En effet, un invité de marque venait de prendre la parole sur scène et personne ne voulait louper le moindre de ses mots. Son visage n'était plus inconnu pour les sorcières et sorciers, mais il l'était sûrement encore aux Moldus, qui devaient bien se demander qui était ce charismatique personnage. Jonathan Carwood œuvrait énormément pour que la société sorcière connaisse la paix et l'harmonie, notamment avec son homologue moldue. Même si son obtention des plein pouvoirs au sein du ministère magique inquiétait toujours le français, il était tout de même plutôt satisfait du travail accompli par l'homme depuis son arrivée à la tête du gouvernement. Il s'agissait d'un personnage intriguant et il gardait un œil sur l'actualité pour voir son évolution.

Comme il aurait pu s'en douter, s'il avait su la venue de l'Auror, son discours était fort. Il invitait tout un chacun à collaborer et à communiquer avec les membres de l'autre communauté. Le message était clair : la justice triomphera. Mais à quel prix ? Telle était la question. Quel sera le tribut à verser pour voir la justice triompher ? Et quelle justice ? Tant qu'il avait les plein pouvoirs, c'était sa justice, pas La justice. Voilà pourquoi octroyer les plein pouvoirs à un individu n'était pas toujours quelque chose de raisonné.

Leur petit groupe accueillit deux nouvelles personnes. Tout d'abord, ce fut un jeune homme, aux traits caractéristiques du subcontinent indien, qui vînt les rejoindre en se présentant à eux. Le groupe l'accueillit les bras ouverts. C'était une excellente occasion effectivement de discuter avec de jeunes gens de leur âge appartenant à la communauté moldue. A en croire certains, c'était la jeunesse d'un pays qui le faisait avancer. Si les choses étaient amenées à changer, ils auraient tous un rôle à jouer là-dedans. Il s'appelait Isha et faisait des études de médecine. Il se présenta après Novenka :

- Enchanté Isha, je m'appelle Dean Watkins. J'étudie la métamorphose, c'est-à-dire l'art de transformer les choses et les êtres, notamment soi-même, en quelque chose d'autre.

Dit de cette manière, son domaine d'étude semblait tout aussi pompeux que celui de Novenka en fait. Mais bon, ils étudiaient effectivement des domaines magiques très demandant. Ils furent alors rejoint par Kerry. Elle semblait chercher un échappatoire à la distribution de tracts qu'elle faisait pour la médecine hybride. Dean saisit le prospectus et y jeta un œil de manière très succincte. Il voulait voir de quoi retourner cette affaire, mais il étudierait cela plus tard. Il sourit à Kerry, suivant le jeu de Novenka. Cela dit, l'arrivée de Kerry était précédé du départ d'Azphel, s'excusant de quitter le groupe pour retrouver quelqu'un. La fibre journalistique avait pris le dessus semblait-il. Leur camarada était parti rejoindre le leader du monde sorcier. Dean y viendrait peut être plus tard. Il avait tout le temps et il ne voulait pas se montrer rude en quittant le groupe. Novenka ne tarda pas à s'excuser à son tour pour aller le rejoindre. Avant de partir, elle chercha le regard de Dean pour lui demander de veiller sur elle. Le jeune homme sourit et offrit un regard bienveillant, gage de sa parole. Dans tous les cas, ses bras étaient joints ; il se tenait prêt à dégainer sa baguette au moindre signal de danger. Des âmes bien mal pensantes pouvaient toujours s'être glissées dans la foule, malgré les signes flagrants de surprotection policière de l'endroit.

Il la regarda s'éloigner en direction de l'ancien chef du bureau des Aurors. Il gardait en tête la promesse visuelle qu'il avait fait à son amie. Il reporta son attention sur les deux protagonistes qui restaient dans le groupe. Il n'oublierait pas de jeter quelques regards en direction de ses amis de temps en temps. Kerry ne semblait vraiment pas à l'aise dans le rôle qu'elle avait à remplir. Cela dit, qu'en savait-il ? Il ne l'avait jamais connu autrement. Être dans la même maison à Poudlard pendant deux ans ne leur avait pas permis de grandement discuter à vrai dire. La jeune femme était toujours restée muette comme une carpe avant de s'en aller. Il se demandait toujours pourquoi. Il sourit à Isha avant de lui demander :

- Tu permets que je te tutoie, Isha ? Il attendit une approbation avant de reprendre. Tu comptes t'inscrire à l'initiative ? Ou bien c'est ton premier contact avec notre société et tu es juste curieux, dit-il en rigolant.