Une farce au clair de lune ~ [Feat Orion T. Rosier]

Morange ne s'était jamais senti très fier de sortir en pleine nuit alors qu'il devrait être au fond de son lit à dormir. Mais cette nuit là, il n'arrivait vraiment pas à fermer l'oeil et il avait tellement chaud qu'il avait par moment l'impression qu'il allait exploser. Se levant, il s'était faufilé en douce hors du dortoir et avait directement pris le chemin du parc question de se rafraîchir un peu avant de retourner dans son lit. Le château était désert et silencieux, c'était apaisant autant que flippant. Mais le jeune serdaigle aimait ça, tout ce silence. Il marchait en arpentant les murs pour être un brin plus discret et alors qu'il atteignait bientôt la sortir qui menait au parc, il faillit sursauter en apercevant un élève qui passa devant lui sans le voir. Le serdaigle s'arrêta brusquement et fronça les sourcils. Mais qui était il ? Pourquoi était il seul ? Lui non plus n'arrivait pas à dormir ? Curieux, Morange décida de le suivre avec une sale idée derrière la tête. Tout comme lui, cet élève était bien imprudent de sortir de son dortoir en pleine nuit. Ca serait marrant de voir sa réaction si l'inconnu penserait qu'un professeur l'a repéré. Alors aussi silencieux qu'une ombre, Morange le suivit dehors. L'air frais de la nuit lui claqua au visage et un long frisson parcourut tout le long de son dos. Il aperçut l'élève qui poursuivait son chemin à travers la grande pelouse et s'empressa de le suivre sans plus attendre. Une fois qu'il se fut arrêté, Morange attendit qu'il se mette dos à lui pour se ruer vers son dos en courant, toujours silencieux avant de lui sauter subitement dessus. Sous le choc, il fit tomber l'élève sur l'herbe et fut entraîner dans la chute à son tour. Pour une raison inexplicable et juste par ce qu'il avait trouver ça marrant et qu'il avait besoin de décompresser un peu, le serdaigle éclata de rire sans se relever. Si le garçon avait vu sa tête ! Désolé d'avoir fait ça, mais c'était trop tentant ! Et tu aurais vu ta tête. C'était épique !Ajouta t-il avec un grand sourire. Il avait vraiment du mal à cesser de rire mais il s'y obligea. C'est vrai que c'était pas très gentil mais il n'avait pas put s'en empêcher. Il se redressa sur ses coudes et fixa l'élève. Qu'est ce que tu fais là tout seul ? Toi aussi ça t'amuse d'enfreindre le règlement et de sortir de ton dortoir en pleine nuit ?

21/02/2016

En cette nuit pourtant paisible, je me tournais et me retournais dans mon lit trop étroit. Couché trop tard la veille à cause d’un parchemin de Potions qui m’a pris beaucoup plus de temps que prévu, mon corps s’était déjà habitué à la privation de sommeil et était encore plein d’adrénaline, comme s’il avait compris qu’un nouveau jour commençait. Sauf qu’il était minuit. Je me levai, me promenai un peu dans la Salle Commune, bus un verre d’eau, bref, les basiques que tes parents te disent quand t’arrives pas à dormir étant petit, mais rien n’y faisait. Je décidai donc de mettre ces quelques heures d’éveil de plus à profit. Regardant par la fenêtre, je remarquai que la nuit était claire et toutes les étoiles bien visibles, haut dans le ciel. La lune était, elle aussi, particulièrement belle et proche de la Terre.

Souhaitant faire une petite surprise à Lucy, je pris son appareil photo, qu’elle m’avait laissé hier pour que je puisse regarder ses clichés de la semaine passée, et me faufilai dehors après avoir enfilé rapidement des vêtements attrapés au hasard – je ne me serais même pas étonné si j’avais fini par mettre un caleçon comme t-shirt, tellement ma prise était hasardeuse – dans l’optique de m’entraîner seul à photographier dans la nuit.

Je me glissai dans les couloirs comme un fantôme, n’utilisant même pas Lumos au risque de me faire repérer par quelqu’un et me guidant aux maigres lumières des bougies laissées allumées toute la nuit, juste au cas où. Rasant les murs, je tendais également l’oreille, prêt à bondir dans un recoin sombre au moindre bruit de pas ou de respiration. Mais le trajet se fit tranquillement, contre toute attente. Je me détendis. Une fois dans le parc, rester discret serait beaucoup plus facile si j’évoluais entre les bosquets.

J’arrivai finalement sur la pelouse du parc et cherchai un point de vue qui serait parfait et où la lumière ne viendrait pas en contre-jour, comme m’avait consciencieusement appris Lucy. Je me dirigeai vers un gros chêne qui dissimulait derrière lui un buisson de perles, dont je pourrai ajouter quelques fleurs et feuilles à mes photographies pour un effet plus magique.

Très content de moi, exultant presque, j’approchais de ma destination quand quelque chose de lourd me tomba dessus avec suffisamment de force pour me mettre immédiatement à terre. La chose – ou plutôt l’élève – éclata de rire en tombant par terre ; j’avoue que j’avais encore trop de mal à me remettre de ma frayeur pour trouver ça drôle. Le garçon, conscient de m’avoir fait frôler l’attaque cardiaque, s’excusa et ça me suffit à retrouver ma bonne humeur.

« Tu m’as flanqué une de ces peurs ! Bien joué, t’as été super discret, je t’ai pas du tout senti me suivre. Encore un peu et je te demanderais bien ton secret ! »

Le jeune homme se forçait à arrêter de rire, sans trop de succès. Je me détendis alors complètement et ris même avec lui. Nous étions toujours allongés, l’un à côté de l’autre, lorsqu’il me demanda si enfreindre le règlement m’amusait, et ce que je faisais ici.

« Ça m’amuse, oui et non, disons que je m’en fiche qu’on n’ait pas le droit, si je veux le faire, je le fais. J’ai été élevé un peu comme ça. Je n’arrivais pas à dormir, et je me suis dit que j’allais faire une surprise à une amie en faisant de belles photographies de nuit. Et toi, alors ? Ne me dis pas que tu viens ici juste pour effrayer les élèves rebelles ! »

J’éclatai de rire et lui donnai un petit coup dans le bras en gage d’amitié. Peut-être étais-je trop familier, mais les garçons ne s’en formalisaient généralement pas et c’était agréable.

« Au fait ! Moi c’est Orion, Orion Rosier en 7ème année à Gryffondor. Je crois qu’on ne s’est jamais vus ! »

Le jeune homme n'avait pas mal pris sa farce, c'était l'important. A présent allongés sur l'herbe, ils ne purent cesser de rire pendant de longs instants. A vrai dire, Morange pensait sincèrement qu'il allait se prendre une claque ou un truc dans le genre pour avoir fait ça. Non je viens ici car tout comme toi j n'arrive pas à dormir et à vrai dire je me demande même si je suis vraiment fatigué. Et de toute façon tout est toujours plus excitant la nuit. - Il se remit en position assise sur l'herbe et lui tendit sa main tandis qu'il se présentait. Morange Tiller, 4ème année, Serdaigle. Non je ne t'ai jamais parler mais je t'ai déjà vu il me semble. Lui répondit il avec un petit sourire. Il balaya ensuite l'ombre d'un regard furtif, se demandant bien ce que l'on pouvait faire en pleine nuit. Il y avait forcément pleins de choses croustillantes pour s'occuper à cette heure là, non?

Et Morange détestait rester immobile à ne rien faire. Dis c'est débile de te poser la question mais tu aimes enfreindre le règlement ? Je veux dire...Aller au-delà des sorties après le couvre feu! Il y a tellement de choses à faire la nuit. -Il se releva et lui adressa un petit sourire. - Au risque que tu me dises "non", ça te dirait de mettre un peu d'action dans ce château ? Je me demande comment les élèves réagiraient s'ils apprenaient qu'un scroutt à pétard géant a réussi à s'infiltrer dans leur dortoir... - Il dodelina lentement de la tête. - A moins que tu ai une autre idée et bien meilleure ? Non car moi je pars toujours dans les extrêmes. Je ne fais pas souvent le con mais quand j'en ai envie, je ne sais pas m'arrêter. - Il rit, au moins il était honnête avec lui même. -

21/02/2016

Tout est toujours plus excitant la nuit.

Il aurait été une époque où j’aurais été totalement d’accord avec Morange, où je passais clairement plus de temps à arpenter Poudlard ou le manoir familial la nuit, quand personne n’était là pour te regarder avec des yeux ronds, pour s’enquérir de ta destination ou pour t’ordonner de rester tranquille. Il était une époque où la moindre bêtise pour ennuyer le plus grand nombre était bonne à prendre, où mes actes n’avaient pas de grandes conséquences et où rire avec mes sœurs était ma principale préoccupation.

Mais aujourd’hui, j’étais adulte et cette époque était révolue. Bien sûr, il aurait été triste de perdre tout goût à la plaisanterie, je veux dire, ce n’est pas parce qu’on devient majeur qu’on oublie de s’amuser, et qu’on devient une grande personne morne et mélancolique. Il y a simplement certaines choses qui changent, notamment notre façon de réfléchir. On pense aux impacts, aux conséquences et ce à quoi on devra faire face.

C’est donc avec une pointe de tristesse amère que je répondis à Morange :
« Je ne suis pas contre mettre un peu d’ambiance dans le château, mais cette façon-là est, comme tu l’as dit, un peu extrême. Je pense aux pauvres élèves qui veulent dormir et qui seront réveillés un bonne partie de la nuit à cause de nous. Si j’étais à leur place, je nous tuerais. »

Je me relevai pour faire face à Morange.

« J’ai peut-être une autre alternative. Et si on mettait un Scroutt à Pétard, pour rester sur ton idée, dans les salles de cours qu’on a en première heure, demain ? Personnellement, j’ai Potions, et ça me ferait vraiment plaisir de voir le prof en panique totale face à un Scroutt sorti d’on-ne-sait-où. »

Je rajoutai en rigolant : « Et puis, qui sait, on pourrait même devenir les héros de nos classes respectives ! »

Je m’assis droit sur l’herbe du parc, un pincement au ventre. Il me fallait réfléchir à un moyen de transporter ces bestioles dégoûtantes sans les toucher, ne serait-ce que même d’un doigt. Pas question d’avouer à Morange que j’avais horreur des animaux de toutes sortes, et qu’il devait se débrouiller seul pour trimballer les Scroutts alors que je gambaderais derrière pour superviser l’affaire !

Morange était amusé de voir que le jeune homme préférait faire attention plutôt que prendre des risques pour s'amuser un peu. Le serdaigle était très étonné de son propre comportement. Mais l'idée du gryffondor à propos des Scroutts à Pétards n'était pas mal aussi. Il hocha la tête sans hésiter. Tu sais comment attraper un scroutt à pétards ? Ou en trouver ? - Il jeta un coup d'oeil en direction de la forêt, là ou ils allaient sans doute devoir partir chercher la bestiole. Sinon ou allait la chercher ? Il n'y avait aucun autre endroit ou ils pouvaient se trouver ? - Et si on se fait prendre ? Je ne veux pas t'attirer d'ennuis...Il s'avançait néanmoins déjà vers la forêt, le visage innocent. Une partie de lui était excitée de ce qu'ils allaient devoir faire pour attraper la bête mais l'autre appréhendait ce qui arriverait s'ils se faisaient attraper.

Mais l'idée de passer pour le "héros" de sa classe le poussait à vouloir faire cette connerie encore plus. L'idée me va sinon. Le jeune serdaigle sortit sa baguette et prononça un "lumos". Le bout s'alluma lentement et il la pointa sur le gryffondor. On risque de se faire attraper, mais si c'est le cas, je te couvrirais. Nous ferons croire à une attaque de Scroutts à Pétards dans le château par exemple... Après un sourire en direction de Orion, il s'avança vers la forêt, bien décidé à s'amuser un peu. Et à deux, tout était plus marrant. De toute façon je suis bien près à mentir pour nous sauver tous les deux...Un truc pareil, ça pourrait sans aucun doute nous coûter le renvoi non ? - Il frissonna à ce dernier mot, c'était bien ce qu'il voulait à tout prix éviter mais il avait tellement besoin de se détendre aussi...

La forêt quant à elle, était toujours aussi sombre. Morange savait que son frère y avait souvent été mais lui, n'avait jamais osé y faire un pas malgré qu'elle le fascinait. Maintenant qu'il avait l'occasion de l'observer d'un peu plus près, il n'allait tout de même pas s'empêcher d'y aller.

21/02/2016

« Euuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuh… »

Non, je n’avais aucune idée de comment on attrapait un Scroutt à Pétard. Mais bon, Morange avait accepté mon idée ; elle avait l’air de lui avoir plu, ce qui promettait une nuit courte mais pleine de sensations en tous genres – déplacement de Scroutt, renforcement d’une nouvelle amitié et mission commando à travers le Château.

« Merci de te porter volontaire pour me couvrir… On devrait pas courir trop de risque, mais on sait jamais. Après je pense qu’on écoperait d’une bonne dizaine d’heures de colles, mais je ne crois pas qu’on serait renvoyés, quand même. Il y en a qui ont fait bien pire et qui sont toujours là. Bon, sinon, je ne sais ni comment les trouver ni comment les attraper, mais je pense qu’ils sont utilisés pour les cours de Soin aux Créatures Magiques et qu’ils sont gardés en enclos, quelque part à la lisière de la forêt. Ça me paraît plausible. »

Avec un sourire, je lançai Lumos lorsque nous franchîmes les premières cimes. Habitué des excursions de toutes sortes dans la forêt, c’était d’un air plutôt décontracté que je pénétrai dans la zone boisée. Morange, lui, semblait plutôt méfiant et sur ses gardes, comme s’il n’avait pas souvent l’occasion d’y faire une promenade.

Je réengageai la conversation :

« Tu suis quoi, comme options ? Si tu pouvais faire Soin aux Créatures Magiques, je t’avoue que ça m’arrangerait ! Je sais juste que la clairière où ils vont parfois n’est pas loin du tout, mais où, je ne pourrais pas te le dire ! J’imagine que les enclos doivent la jouxter. Je ne sais même pas quel bruit fait un scroutt à pétard, je crois que je ne pourrais pas les reconnaître ! »

Je ris doucement, comme pour lui montrer qu’il avait le droit de rire de mon ignorance à leurs propos. Puis je décidai de lui dévoiler mon petit secret embarrassant ; peut-être que l’ambiance de la forêt nous laissait penser que nos secrets y resteraient secrets.

« Sinon, j’ai réfléchi à un moyen intelligent de transporter les scroutts. Je… Je suis un peu dégoûté par tout ce qui est animaux, insectes, tu vois… Et un scroutt, c’est un peu un mix des deux ! La perspective de devoir les toucher, de près ou de loin, ça me donne des frissons. On pourrait peut-être les faire léviter tout bêtement et rentrer avec eux à bout de baguette. Bon, l’ennui, c’est qu’on aura plus de lumière… Mais j’ai trop peur de les faire exploser si on les tient en laisse, ou un truc du genre… »

La lisière de la forêt. Bon au moins, ils n'auront pas à s'y aventurer trop loin, c'était déjà ça. Le serdaigle se sentait un minimum plus rassuré. Il imita Orion et alluma le bout de sa baguette pour pénétrer dans l'ombre. Il avait tout de même de la chance que Morange suive ses cours de soins aux créatures magiques à peu près normalement. Il devait avouer qu'il écoutait de moins en moins ses cours en ce moment. T'en fais pas pour ta phobie des insectes et tout ça, j'comprend. C'est jamais très agréable d'en toucher un. Acquiesça Morange avec un léger sourire. Pour la lumière, c'était déjà un peu plus embêtant, ils risquaient de se prendre des trucs en rentrant au château. Ils finiraient bien par se débrouiller. En longeant la lisière de la forêt, Morange se mura de nouveau dans le silence pour ne pas attirer l'attention sur eux alors qu'ils cherchaient ses fameuses bêtes.

En entendant des "gngngrngrnrkkrr" tout proche, le jeune garçon devina qu'il devait se trouver bien deux ou trois scroutts à pétards plus loin parmi les arbres. Il fit signe à Orion de garder le silence et s'avança lentement dans l'ombre pour ne pas faire de bruit. On en chope combien ? Deux ça suffira tu penses ? Un pour chacun? Proposa t-il. Il sourit malicieusement en apercevant les bêtes au clair de lune qui restaient sur place, en troupeau. Eh bah, ils étaient pas très discrets ! Bon au moins, on les a. T'es prêt ?

Morange avait pensé à les stupéfixer avant si toutefois cela était possible mais finalement c'était pas la peine. Il pointa sa baguette sur les créatures en restant à une distance raisonnable d'eux et marmonna un petit "Wingardium Leviosa". Aussitôt, le scroutt le plus près de lui s'envola dans les airs en poussant un bruit rauque. La bête se tortillait dans les airs et sans plus attendre, il se tourna vers le gryffondor. A ton tour maintenant, et essaye de faire vite, ça commence déjà à me faire peur toute cette histoire ! - Ajouta t-il dans un éclat de rire.

21/02/2016

Pour mon plus grand bonheur, Morange comprenait tout à fait mon dégoût des insectes et acquiesça à ma proposition. Je crois que de toute façon, une alternative pour ne pas toucher ces immondes bestioles arrangerait n’importe qui.

Morange se tut assez rapidement, à mon déplaisir : les silences me rendaient nerveux, je préférais le dialogue plutôt que laisser l’autre penser de son propre chef et juger dans le vide de parole. Mais quelques instants plus tard, des bruits atroces et dignes de mes cauchemars retentirent dans l’écho de la forêt, plongée dans la nuit. D’un grincement à un couinement, ces cris me dressèrent les cheveux sur la tête. On allait vraiment devoir s’en approcher ? Morange me fit signe d’avancer ; je grimaçai mais restai parfaitement silencieux.

Ils étaient là. Mi-scorpions, mi-cloportes, ils étaient parfaitement répugnants et je me jurai de ne plus jamais, au grand jamais, avoir à affronter la vue horrifiante de ces monstres. J’acquiesçai à contrecœur lorsque Morange me proposa d’en attraper deux ; je devrai transporter le mien. Je déglutis.

Morange fit léviter son Scroutt sans souci et me redonna du courage pour le mien : je saisis ma baguette et lançai la formule de lévitation. Aussitôt, le mien se retrouva dans les airs en se tortillant beaucoup plus que celui du Serdaigle et en poussant des petits cris qui me firent presque pitié.

« A moi aussi… à moi aussi, » marmonnai-je sans vraiment parler à mon ami.

Faisant prudemment demi-tour, nous nous mîmes en marche pour refaire le chemin inverse, direction le Château. Si nos Lumos n’étaient plus, ce qui jouait en notre faveur côté discrétion, les grincement de mon Scroutt en particulier attireraient l’attention de n’importe qui qui passerait la tête par la fenêtre du Château. Je sentais le désarroi monter en moi aussi vite que de l’eau bouillante ; je commençais sincèrement à regretter cette aventure.

Se frayer un chemin parmi les ronces et autres racines déterrées étaient un vrai cauchemar à la lumière du jour ; dans l’obscurité, c’était presque mission impossible. Plusieurs fois, je faillis trébucher et tomber, ce qui m’aurait valu de rompre mon charme de lévitation. Je n’avais jamais étudié les Scroutts mais de ce que je pouvais en deviner, une chute de deux mètres telle que celle qui attendrait le mien les ferait exploser à coup sûr. En plus de recevoir des entrailles de bestiole répugnantes à la figure, je ne tenais pas à être brûlé gravement ; je me reconcentrai à la fois sur mon sortilège et sur mes pas et nous émergeâmes bientôt de la forêt.

De retour sur l’herbe familière du Parc, j’étais tellement soulagé d’avoir fait le plus dur du chemin que je ne remarquai pas la faible lueur bleue, là-bas, au loin. Nous accélérions la cadence quand nous fûmes brusquement arrêtés par la personne que nous devions éviter, ce soir.

16/03/2016

Soir de ronde pour moi, comme je les aimais. La nuit, le château était calme et je pouvais me promener tranquillement, tout en surveillant les couloirs et le parc, par les fenêtres. Ces derniers-temps, il était plutôt rare que je surprenne des élèves en-dehors de leurs dortoirs mais quand cela arrivait, j'avais tendance à être plus sévère que je ne l'avais été en début d'année - les événements de Noël et ce qui avait suivi étaient bien trop grave pour que je les laisse enfreindre le règlement impunément.

Quand j'étais passée à côté des fenêtres du premier étage, j'avais cru apercevoir des lueurs mais le temps que je regarde bien, elles avaient disparu et j'avais décidé de mettre ça sur le compte de la fatigue qui commençait à poindre. Le reste de la patrouille s'était passée sans encombre et j'étais sur le chemin du retour, rêvant à mon lit, quand j'avais aperçu des silhouettes dans le parc. A bien y regarder, il y en avait deux et elles faisaient léviter de grosses masses noires en direction du château. Je marquai un temps d'arrêt, réfléchissant rapidement à la conduite à suivre. Cela pouvait être des élèves - et ce serait très certainement le cas - mais il pouvait également s'agir de mangemorts ayant réussi à infiltrer l'école et si je n'étais pas contre l'idée, j'avais une image à maintenir. Dans tous les cas, il fallait que j'aille voir.

Je descendis rapidement les escaliers, baguette à la main et traversai le hall au pas de course, tout en veillant à ne pas faire claquer mes talons sur les dalles de marbre. Les portes franchies, je lançai un Lumos informulé et continuai sur ma lancée vers les deux intrus qui avaient bien avancé depuis que je les avais aperçus la première fois. Je reconnus très rapidement le premier. Orion. Quant au second, il me semblait qu'il était en quatrième année chez Serdaigle mais je ne connaissais pas son nom. Puis j'avisai ce qu'ils transportaient et je pâlis. Des scroutts à pétard.

« ORION THEODORE ROSIER ! » hurlai-je, la fureur ayant pris le dessus sur le bon sens et le besoin de discrétion. Les deux garçons s'arrêtèrent et je finis ma course devant eux, le souffle court et les joues rouges de colère, les yeux lançant des éclairs. « Que faites-vous tous les deux dehors après le couvre-feu ? Et avec des scroutts à pétard, en plus ? » Je croisai les bras en tapotant le sol du pied, le regard passant d'un garçon à l'autre, attendant qu'ils me répondent, la lumière variant suivant les bouffées de fureur que je ressentais. Quand le plus jeune commença à répondre, je le coupai un peu sèchement. « Nom, maison, année, s'il te plaît. » Il me les donna et reprit son explication. « Pour faire une blague ?! » répétai-je sur un ton qui mêlait incrédulité et exaspération, en décroisant les bras. « Mais vous n'avez rien à faire d'autre que des blagues, surtout de ce genre, à cette heure-ci et par les temps qui courent ?! » Je secouai la tête, l'air désabusé. Merlin, où allait le monde.

Il fallait que ça arrive. Il fallait qu'ils tombent sur la soeur de Orion. Il ne savait pas exactement pourquoi, mais Morange se doutait qu'il allait se passer un truc dans le genre. Quand elle hurla, il fut étonné de ne pas voir tous les élèves débarquer de leur dortoir jusqu'ici , réveillés par le bruit. C'était bien vrai tout de même qu'ils étaient ridicules à se balader comme ça avec des scroutts à pétards, et à une heure si avancée de la nuit. Elle ne leur laissa même pas le temps de parler et l'interrompit alors qu'il s'apprêtait à s'expliquer. Morange n'eut pas d'autres choix de répondre. Morange Tiller, serdaigle, 4ème année. Répondit il, presque du tac au tac. Avant qu'elle ne le coupe de nouveau dans ses paroles, il reprit son explication, bien décidé à se justifier. Pour les scroutts...On voulait simplement faire une blague, rien de bien méchant. Elle leur gueula littéralement dessus après ça. Morange détourna les yeux vers Orion, espérant avoir un peu d'aide. Car tout de même, c'était sa soeur, il pouvait bien la gérer, non ?

Se tournant de nouveau vers elle, il fronça légèrement les yeux, tout en gardant la créature dans les airs. Et toi, que fais tu debout à cette heure ci ? Risqua t-il d'un ton calme. Je te rappelle que le couvre feu est valable pour tout le monde. Et ta ronde avant d'aller dormir ne doit pas durer une heure non plus... - Il croisa les bras, tenant toujours sa baguette, mais le regard un peu plus sombre. Se rappelant ensuite qu'il avait promis à Orion de l'aider au cas ou il aurait des ennuis, il ajouta bien vite: D'ailleurs, Orion n'y est pour rien. C'est moi qui l'ai forcé à faire ça. - Jetant un regard au jeune sorcier, il poussa un soupir un peu exagéré pour paraître plus crédible- Alors si il y a quelqu'un à punir c'est moi. Quand je suis sorti de mon dortoir, j'ai simplement vu Orion qui se trouvait près du lac, il avait l'air vraiment mal et il m'a dit qu'il avait fait un horrible cauchemar et qu'il avait besoin d'aller prendre l'air...Alors j'ai décidé de lui changer les idées en le faisant venir ici avec... - Morange leva les yeux sur les scroutts- Avec ça.

Le mensonge qu'il venait de sortir était à moitié crédible mais de toute façon, il n'y portait pas grande importance, dans les deux cas, qu'elle le croit ou pas, ils allaient sans doute être punis. Se tournant vers Orion, il chercha un minimum de soutien dans les yeux du gryffondor. S'il gaffait, c'était fini pour eux.

21/02/2016

Lorsque Gabrielle hurla mon nom, je tressaillis. Merlin, il avait l’air beaucoup plus effrayant que lorsque ces mots venaient de notre mère. Morange tourna la tête vers moi et je captai son regard ; malgré son embarras évident, il ne me laissa pas le temps de parler et d’apaiser le monstre de fureur qui se tenait devant nous pour, à la place, essayer de prendre Gabrielle à qui sera le plus malin. Oh, il était peut-être à Serdaigle, mais je doutais qu’il réussisse – après tout, le sens de la répartie et la maturité jouaient fort en la faveur de ma sœur, même si cela me coûtait de l’avouer.

Je n’avais fait que garder dans un coin de ma tête qu’il avait promis de prendre la responsabilité de notre acte ; maintenant que j’y repensais, c’était tout à fait idiot. Il se trouvait que même s’il se proclamait l’auteur de la blague, j’y étais, je me tenais présentement debout à ses côtés, et j’étais aussi coupable que lui. Complice.

Morange dit exactement – ou à peu de choses près – ce que j’aurais parié qu’il dirait, et j’approuvai silencieusement l’histoire du cauchemar. Ça, c’était pas mal. Je lui étais redevable d’avoir essayé efficacement de me couvrir, au moins, même si j’aurais mis ma main à couper que Gabrielle ne prenne pas. Elle ne prendra jamais, elle sait toujours quand on raconte des histoires. Elle sait toujours et ne montre jamais de pitié.

Mon ami leva des yeux à demi implorants vers moi, et je trouvai la situation si comique que j’aurais pu en rire, je crois, si les conséquences pour ma Maison – pas pour moi, ça, à la limite, je pouvais les encaisser – ne risquaient pas d’être aussi désastreuses. Allez, 50 points pour le non-respect du couvre-feu, plus, allons-y généreusement, 100 points pour notre blague un peu risquée. D’ailleurs, Gabrielle avait-elle le droit de nous enlever autant de points ? A part moi, j’émis le vif souhait qu’elle nous mette en retenue, fût-ce jusqu’à la fin de l’année, pour éviter aux Lions de perdre le peu de points qu’ils ont déjà accumulé. Le pire, pour moi, serait peut-être de devoir nettoyer l’enclos des Scroutts ; le reste, la paperasse, le nettoyage des salles, rien ne me faisait particulièrement peur et ce serait une façon comme une autre d’occuper mon temps libre.

Loin de moi l’idée de vouloir énerver ou dépiter – rayez la mention inutile – Gabrielle plus que de raison, je baissai immédiatement les armes : le risque que je contredise Morange sur un coup de stress était beaucoup trop grand pour se permettre de découvrir ce qui se passerait si nos versions ne correspondaient plus. Nous ferions les pires complices au monde ; peut-être aurons-nous le droit à notre encart sur la Gazette du Sorcier. Je me retins de rire à la scène que créeraient mes parents s’ils lisaient cette affaire en une du quotidien. Non seulement leur fils n’était pas tant enclin à respecter les règles, mais en plus, il le faisait mal. Non, non. Impossible.

Je toussotai, levant les bras en l’air – mon Scroutt se prélassant, si tant est qu’ils peuvent le faire, dans l’herbe rase du parc – pour signifier à Gabrielle que je me rendais.

«Bon, abrège ; donne-nous nos punitions, accompagne-nous remettre ces bestioles dans leur enclos et on retourne se coucher », dis-je d’une voix très lasse, beaucoup trop pour un garçon de mon âge.

« Je sais très bien que tu passeras une bonne partie de la nuit à écrire à père et mère pour leur apprendre au plus vite, et je pense que c’est la pire chose que tu puisses me faire, alors dépêche-toi, qu’on en finisse pour ce soir. »

Je levai des yeux indéchiffrables vers ma sœur. Jalousie, provocation, lassitude, dépit, colère froide ? Un peu de tout ça à la fois.