[Hazel & James] - Un apprentissage particulier

Voilà maintenant un moment que j'avais rencontré une jeune femme très charmante, travaillant au Parker's coffee du nom de Hazel Flynn. Elle m'a paru très gentille et à l'écoute des gens, de bonnes qualités pour une serveuse. Mais visiblement elle avait déjà entendu parler de moi car c'était elle qui était venue me voir, visiblement elle avait besoin d'en apprendre plus et elle ne pouvait pas aller à Haveirson. La raison pour la quelle elle ne pouvait étudier ne me regarde pas vraiment mais il est vrai que c'est étrange, si elle est passée par Poudlard elle devrai pouvoir accéder à Haveirson, enfin en tout cas je lui ai tout de même proposé mon aide.

Elle m'avait donné rendez-vous pour que je vienne la chercher, visiblement elle n'avais pas appris à transplaner. Bien évidemment cela ne me posait pas de problèmes, je me suis donc rendu devant le Parker's coffee un peu en avance pour y attendre tranquillement cette jeune demoiselle, allumant ma pipe pour patienter jusqu'à sa sortie.

- Bonsoir Hazel, vous allez bien? J'espère que je ne suis pas trop en avance. Je dois avouer que je préfère arriver plus tôt que plus tard. Si vous désirez prendre quelques affaires allez-y et nous partirons juste après.

Tout en souriant, je pris le temps d'éteindre ma pipe avant de lui tendre la main pour la saluer, mais aussi pour que nous puissions transplaner tranquillement jusqu'à ma maison et enfin commencer les leçons, même si je ne sais pas trop par quoi commencer.

Une fois le transplanage terminé, nous étions arrivé chez moi, je m'assure alors que tout va bien du côté de Hazel, si elle n'a jamais transplané cela risque de la troubler légèrement la première fois.

- Tout va bien? Vous voulez boire quelque chose? J'ai du très bon thé si ça vous tente. Enfin sinon, par quoi voudriez-vous commencer?

C'était ridicule, ce sentiment d'excitation qui lui avait donné le sourire toute la journée. Comme lorsque l'on attend un rendez vous avec quelqu'un de particulier, une sensation douce et sucrée. Hazel avait bel et bien rendez-vous, mais pas ce genre là. Et ce n'était pas le sorcier qu'elle devait retrouver qui la mettait dans cet état, mais ce qu'ils allaient faire ensemble. James avait accepté de lui donner des cours particuliers en psychomagie, et l'idée de pouvoir étudier une matière sorcière, quelle qu'elle soit, l'emplissait d'une euphorie toute particulière. Elle avait toujours aimé ses études, et n'avait jamais rechigné à travailler un peu plus à la bibliothèque. Mais l'apprentissage à l'époque, alors qu'il était plus facile d'accès, n'avait pas la même saveur. Elle mesurait sa chance aujourd'hui d'avoir trouvé quelqu'un qui accepte de lui offrir un peu de son temps alors qu'elle n'avait rien à offrir en échange.

Heureusement, la journée ne fut pas trop chargée et un peu avant que la fin de son service ne sonne, la jeune sorcière aperçut la silhouette de son professeur particulier qui patientait à l'extérieur. A l'heure pile, impatiente, elle prit deux bouteilles de bièraubeurre qu'elle régla directement et logea dans son sac avant de rejoindre James.

« Bonjour professeur. Je ne vous ai pas trop fait attendre ? Je suis prête, nous pouvons y aller. »

Elle se saisit de la main tendue avec un sourire, le salua et se prépara au transplanage. Ce n'était pas sa première fois, elle avait déjà tenté l'expérience avec Quinlan à quelques reprises, mais ce n'était toujours pas ce qu'elle préférait du monde sorcier. L'impression que ses membres se disloquaient, que ses os se fendillaient, étaient probablement dus à l'appréhension et l'inexpérience mais lui donnaient toujours la nausée.

Hazel observa avec un sourire la pièce autour d'elle, sans trop savoir comment agir maintenant qu'elle était chez James.

« Je veux bien un thé oui, merci. J'ai récupéré deux bouteilles de bièraubeurre aussi, pour vous remercier de ce que vous faites. Si vous voulez les mettre au f... »

Elle s'interrompit brusquement, réalisant qu'elle allait parler d'une invention moldue comme de quelque chose d'évident pour la sorcière qu'elle était sensée être et tentant de ne pas laisser percer son doute, corrigea d'une voix qu'elle voulait assurée.

« Si vous voulez les poser dans la cuisine en attendant. »

Un nouveau sourire, peut être un de trop pour qu'il paraisse tout à fait honnête et elle enchaîna sur ce qui l'avait menée ici.

« Je me disais que peut être on pourrait aborder les sujets que vous enseignez en cours ? En simplifié bien sûr. Comme je vous l'ai dit l'autre fois, je n'ai jamais étudié quoi que ce soit qui se rapproche de la psychomagie et dans le contexte actuel, comprendre un peu mieux le psyché de mes pairs me semble un bon atout. Si vous acceptiez de m'enseigner quelques autres petites choses, ce serait un plaisir. Mais je ne voudrais pas abuser de votre gentillesse...Là où j'ai fait mes études par exemple, le patronus n'était pas au programme. Je pense que personne ne pensait alors que nous pourrions en avoir besoin en grandissant au fin fond de la campagne protégée, mais maintenant... J'ai entendu que des détraqueurs rejoignaient les Ténèbres et je ne sais pas si c'est vrai, mais ça me fait un peu peur. »

Elle avait pris avec elle deux bouteilles de bièraubeurre pour me remercier. Je dois dire que je ne m'attendais pas à ça, ma proposition avait été faite uniquement pour lui venir en aide et lui enseigner quelques petites choses, je n'attendais pas vraiment quelque chose en retour, mais je les accepte tout de même, peut-être qu'elles seront utiles pour détendre légèrement l'atmosphère.

Je dépose donc les bouteilles dans la cuisine avant de préparer un thé à la bergamote que j'apprécie particulièrement ainsi que deux tasses. Une fois l'eau chaude je verse les feuilles de thé dans la théière que je dispose sur un plateau avec les tasses et un petit bol de morceaux de sucres. J'emmène alors le tout au salon, invitant la demoiselle à s'installer et à se servir.

- C'est très gentil à vous d'avoir emmené ces deux bouteilles. Je ne m'attendais pas à recevoir quelque chose en retour je dois l'avouer, mais ça fait toujours plaisir. Pour ce qui est des leçons, je vais peut-être d'abord vous expliquer ce qu'est la psychomagie avant d'entrer dans les détails.

Alors que je lui parlais, je prenais le temps de l'observer discrètement tout en me servant une tasse de thé avec un morceau de sucre. Avec toujours un petit sourire sur les lèvres, je cherchai bien évidemment à la mettre à l'aise, une entrevue de la sorte peut paraître déstabilisant la première fois et je peux le comprendre.

- La psychomagie, pour faire simple, est l'étude des maladies et pathologies psychologiques ainsi que leur méthode de traitement. Un psychomage doit être capable de faire face à la plupart des maladies ou traumatismes mentals, je dis la plupart car certains n'ont malheureusement pas de traitement. Bien évidemment cela va du problème psychologique de base, aux problèmes créés par des sortilèges ou potions qui nécessitent une intervention un peu plus spéciale.

J'essayais de ne pas parler trop vite pour qu'elle puisse comprendre ce que je lui expliquai. Bien que je ne faisais que dessiner l'ébauche de ce qui va être abordé, il faut qu'elle comprenne parfaitement de quoi il en retourne si elle désire s'y plonger un peu plus en profondeur.

- Si vous avez des questions, n'hésitez surtout pas, je suis là pour ça. Sinon je vous propose de commencer par le premier cours que j'ai donné qui porte sur la psychologie sociale.

Alors que j'étais parti pour commencer les leçons de psychomagie, je me suis rappelé qu'elle m'avait demandé autre chose. Elle voulait savoir si je pouvais lui enseigner un peu plus que ça, comme le patronus par exemple. Et, bien que d'enseigner les sortilèges ne soient pas trop ma spécialité, je pourrai bien faire un effort pour rendre heureuse cette charmante femme en face de moi.

- Pour ce qui est des sortilèges, il faudrait me dire ceux que vous ne connaissez pas et je verrai si je peux vous les enseigner, cela ne devrai pas être trop compliqué. Même si je ne suis pas professeur de sortilèges je pense pouvoir vous aider pour quelques-uns.

Encore un sourire sur mes lèvres tandis que je plonge mon regard dans celui de la serveuse. J'ai hâte de voir comment va se dérouler ce premier entretien entre nous.

Silencieuse, bien plus calme qu'à son habitude, Hazel restait immobile au milieu du salon, n'osant pas prendre la moindre décision. Elle avait pour habitude d'agir parfois même plus vite qu'elle ne réfléchissait, qui avait abordé un inconnu dans la rue pour lui demander des cours particuliers sans ciller et avait eut ce qu'elle désirait puisqu'elle se trouvait maintenant dans son appartement à attendre d'en apprendre plus sur la matière qu'il enseignait. Et maintenant, elle se sentait timide et hésitante, optant pour la discrétion plutôt que pour sa décontraction naturelle. Son regard s'accrochait à chaque élément du décor, curieuse de savoir comment vivait James, et elle sursauta lorsqu'il revint dans le salon. Elle s'installa finalement en restant bien droite, refusant de prendre ses aises tout de suite, craignant de passer pour une sans-gêne, et s'appropria une tasse qu'elle emplit de thé, humant le parfum de la boisson avec bonheur. Elle hocha la tête pour répondre à ses remerciement et ajoutant quelques morceaux de sucre l'un après l'autre jusqu'à ce que le niveau du liquide frôle dangereusement les bords de la tasse, lui assura que c'était la moindre des choses.

« Vous me rendez un grand service, vous m'accueillez chez vous, vous passez me chercher et en plus vous vous adaptez à mon emploi du temps et à mes demandes. J'aurais été vraiment mal élevée si j'étais venue les mains vide. »

Elle but une gorgée de thé, soupirant d'aise et ajouta un dernier sucre, rendant sa boisson absolument imbuvable pour la plupart des gens. Elle avait toujours été excessive pour ça et appréciait presque d'avantage le parfum du sucre chaud que les arômes du thé, comme si les quelques feuilles qui infusaient dans l'eau n'étaient qu'un prétexte pour boire du sucre brûlant. Hazel écouta avec attention la définition que James donna de sa matière.

« Est-ce qu'il y a des potions qui agissent particulièrement sur l'esprit pour endiguer certains comportements ? Comme par exemple une potion qui permettrait de réguler l'humeur ou d'apaiser des troubles anxieux ? »

Un peu comme les comprimés moldus. Hazel se demandait s'il y avait beaucoup de différences avec la psychologie moldue. Bien sûr, certaines pathologies trop liées à la magie ne pouvaient pas être traitées par quelqu'un qui n'entendait rien à la sorcellerie, mais la formation était-elle très différente ? Elle hésita et se résigna, préférant ne pas aborder trop de sujets moldus. Si elle n'avait jamais affirmé avoir vécu totalement à l'écart des moldus dans l'histoire qu'elle avait élaborée autour de son enfance, discuter de ces sujets risquait de la faire gaffer ou de lui demander de répondre à des questions auxquelles elle n'était pas assez préparée pour rester parfaitement cohérente.

« La psychologie sociale me semble être un bon début. »

Elle l'observa un moment, surprise de songer qu'il ne ressemblait absolument pas à un professeur et de se demander quel âge il pouvait bien avoir. Il était certainement plus jeune que Quinlan et celui-ci n'était déjà pas bien vieux pour enseigner à des sorciers d'une bonne vingtaine d'années. Un sourire, et elle revint à ce pourquoi elle était là.

« C'est aimable de bien vouloir m'aider sur des sujets qui ne relèvent pas de votre domaine. » Elle rit et ajouta sur le ton de la blague « Vous n'avez jamais pensé à vous lancer dans l'humanitaire ? »

Réfléchissant plus sérieusement à la question qu'il lui posait, elle tenta une liste non exhaustive des principaux sorts qui lui semblaient importants sans qu'elle ne sache les maîtriser, et dont avouer la méconnaissance ne risquerait pas d'éveiller les soupçons de James.

« Pour le moment, ceux qui me viennent à l'esprit sont le patronus, le sortilège d'amnésie et riddikulus, pour les épouvantards. Je sais que c'est un sort très basique mais notre professeur ne nous en a jamais parlé. C'est impressionnant comme les programmes varient d'une école à une autre. »

Elle s'était installée, droite comme un piquet, cette ambiance semble la stresser légèrement. Je peux parfaitement comprendre, elle ne me connais pas tant que ça et se retrouve dans ma demeure à attendre que je lui donne des cours particuliers. Pour quelqu'un ayant un esprit perverti, ce genre de rendez-vous pourrait être pris comme un rencard afin de passer un moment intime avec une jolie demoiselle, bien évidemment, ce n'est pas ce que je cherche, je veux plutôt lui offrir mon aide mais j'aimerai aussi qu'elle se détende un peu plus.

Une fois installé en face d'elle, je l'observe remplir sa tasse de morceaux de sucres, c'est assez étrange mais pourquoi pas, chacun a sa façon de boire le thé, même si à ce stade ça deviens du sucre chaud aromatisé. Elle me dis que c'est la moindre des politesses de m'offrir quelque chose puis me demande si il existerai des potions agissant sur l'esprit.

- Et bien il existe bien la potion du "Baiser de Saint Jean" qui est utilisée pour les cas de dépression graves, troubles obsessionnels compulsifs et la boulimie nerveuse. Mais c'est quelque chose qu'utilisent les spécialistes, cela ne se prend pas comme ça à la légère. Les effets secondaires sont assez indésirable, troubles digestifs, troubles du sommeil, euphorie, confusion, comportements maniaques, attaques de panique, comportements & pensées suicidaires et j'en passe et des meilleures... Un suivi doit être établi si l'usage de cette potion est nécessaire. Sinon parfois des traitements moldu peuvent aussi faire l'affaire selon le cas.

Elle me confirme que la psychologie social la tente bien, tant mieux, au moins j'ai déjà abordé ce sujet et je sais comment le traiter pour qu'elle puisse comprendre, aussi je n'entrerai pas trop dans les détails, je ne pense pas qu'elle veuille devenir professionnelle mais simplement apprendre quelques rudiments du métier.

- Et bien, pour la psychologie sociale, je vais essayer de faire simple encore une fois. Cela peut paraître compliqué mais je vais essayer de rendre ça assez simple. Oh et, vous pouvez faire comme chez vous ne vous gênez surtout pas pour moi, je ne suis pas du genre à vous réprimander si vous ôtez vos chaussures ou que vous vous installez confortablement sur la chaise. "Je la regarde en souriant, prenant moi-même mes aises avant de poursuivre la discussion." La psychologie sociale est l'étude scientifique de la façon dont les pensées, les sentiments et les comportements des gens sont influencés par la présence réelle, imaginaire ou implicite des autres. La psychologie sociale s'intéresse à la manière dont les émotions, les pensées, les croyances, les intentions et les buts sont construits et comment ces facteurs psychologiques, à leur tour, influencent nos interactions avec les autres. Un exemple avec le monde moldu tiens. Ils regardent ce qu'ils appellent une télévision, la présence de publicités pour des produits divers peut influencer leur pensées et les faire acheter ce produit. En mettant en scène une femme de ménage avec ce produit révolutionnaire, ils peuvent assimiler leur cas personnels à celui de cette même dame. Vous comprenez?

J'espère vraiment qu'elle me comprend, j'ai l'impression encore une fois d'être parti trop loin dans mes explications, ce domaine me passionne tellement que j'aimerai le faire découvrir à tout le monde autour de moi.

- L'humanitaire? Et bien à vrai dire, j'aimerai beaucoup voyager c'est vrai, mais j'ai aussi envie de partager mes connaissances et quand j'ai vu que l'université de Haveirson recrutait un enseignant en psychomagie, je n'ai pas vraiment pris le temps de réfléchir et j'ai foncé sur l'occasion.

Il est vrai que j'aimerai bien faire le tour du monde, voir comment chaque pays fonctionne et leur façon de traiter les différentes maladies et problèmes que peuvent avoir leurs habitants, en fonction de leur richesse et de leurs structures. Toute une part de mystère que je ne verrai peut-être jamais. Parfois j'aime bien me poser devant ma fenêtre et imaginer ce que serait ma vie si j'étais parti à la conquête de connaissances à travers le monde.

Sa phrase me rappelle à l'ordre, il est vrai qu'elle désire aussi apprendre des sortilèges et elle m'en site quelques-uns. C'est assez étrange qu'elle n'ai pas appris tout ça, encore pour le patronus je veux bien comprendre mais le riddikulus, je ne vois pas vraiment pourquoi elle ne l'aurai pas appris. Elle joue la carte des programmes scolaires différents mais j'ai plus l'impression qu'elle me cache quelque chose.

- Et bien oui je pense que je peux vous les apprendre ce sont des sorts plutôt communs. Mais vous savez, si vous n'avez jamais appris de sortilèges, vous pouvez me le dire, je ne vais pas vous juger, je ne suis pas là pour ça et puis, il n'y a que vous et moi ici, cela restera entre nous... Enfin, par lequel voudriez-vous commencer?

Il y avait beaucoup de choses qu'Hazel voulait lui demander. Beaucoup de choses qu'elle espérait apprendre de lui. Puisqu'elle avait la chance d'avoir trouvé quelqu'un pour lui dispenser quelques cours particuliers, en toute discrétion, Hazel pensait que c'était le moment de pratiquer ce qu'elle ne parvenait pas à découvrir seule, sans devoir justifier devant ses amis pourquoi elle avait besoin d'aide pour ce genre de choses, si faciles pour eux. Elle espérait que James garderait le silence sur ce qu'elle lui demandait, une sorte de confidentialité professionnelle, mais malgré tout elle restait méfiante et commença par quelques questions simples qu'elle pensait plus inoffensives.

Jambes croisées, elle restait immobile à l'exception de ses doigts dont les ongles grattaient doucement l'émail de la tasse de thé tandis qu'elle écoutait avec une attention non feinte les paroles de son professeur. Elle fronça les sourcils en l'entendant réciter la liste des éventuels effets indésirables de la potion sensée apaiser l'état dépressif d'un sorcier et demanda.

« Mais quel est l'intérêt de cette potion si elle a plus d'effets néfastes que bénéfiques ? Je veux dire, si l'on a des pulsions suicidaires en traitant la dépression... Si l'on a des pulsions suicidaires, on est encore sous le coup du trouble dépressif, non ? Je ne m'y connais pas énormément, mais s'il faut une thérapie pour venir à bout des effets de la potions et que ceux-ci sont pire encore que a dépression initiale... Surtout qu'aucun médicament ne traite vraiment la dépression, il faut déjà une thérapie pour se rétablir. On peut juste avoir un impact sur les symptômes non ? Insomnies, accès de paniques et divers troubles anxieux, ce sont des choses qui peuvent être symptomatiques d'un état dépressifs. Alors à quoi sert cette potion si non seulement elle ne traite pas le mal initial mais qu'elle en amplifie les effets ? J'avoue que je ne comprends pas. »

Elle n'était pas experte en la matière, c'était certain. Mais elle avait parfois vu sa mère plus morose que d'ordinaire revenir de chez le médecin avec une prescription dont elle ne comprenait pas grand chose, et avait vite réalisé que ces quelques cachets presque magiques avaient pour effet de remettre sa mère sur les rails. Peut être qu'elles les utilisaient trop facilement, peut être avec le recul réalisait-elle parfois son erreur de façon plus lucide que le reste du temps. Avec le recul et la réflexion, ces moments de blues chez sa mère étaient chaque fois exacerbés lorsqu'elle observait quelque chose d'étrange. Un animal qu'elle n'aurait pas du voir, droit sorti de son imagination, un événement inexpliqué qui semblait induit par ses propres émotions... Quand Hazel rapportait à sa mère ces étonnants détails, quand ils se faisaient périodiquement plus nombreux, sa mère semblait plus mal. Peut être était-elle rongée par les remords. Peut-être était-ce que que le mensonge faisait aux gens. Allait-il lui arriver la même chose ? Elle secoua la tête pour chasser ses idées noires et se réconforta avec la pensée que si cela lui arrivait, elle irait voir un docteur moldu. Hors de question de laisser Dewitt lui faire absorber son étrange breuvage pseudo-magique et encore pire que le désespoir lui-même.

Un sourire pour son professeur et elle se concentra de nouveau sur ce qu'il lui expliquait alors qu'il lui proposait de se mettre plus à l'aise. Un coup d’œil sur sa posture et elle comprit qu'elle devait sembler un peu coincée, loin de celle que tout Avalon avait découvert quelques mois plus tôt et qui était parfois un peu trop à son aise. Avec un doux rire gêné, elle posa sa tasse après en avoir savouré encore quelques gorgées et se mit en tailleur sur la chaise avant de sortir un bout de parchemin et une plume dont on lui avait vanté mille fois les mérites. Il n'y avait pas besoin d'encrier, adieu les tâches partout, l'encre coulait directement de la pointe de façon fiable, un peu comme les stylos moldus qu'elle maîtrisait bien mieux. La plume avait une durée de vie très limitée, mais pour prendre quelques notes cela suffirait bien. Elle préférait mille fois son cahier à spirale et son stylo bic turquoise rechargeable qui la suivait partout depuis son entrée à la fac, mais elle l'utilisait peu hors de son appartement, préférant éviter d'attirer l'attention sur ses petites manies moldues quand elle était déjà une bien piètre sorcière.

Elle écouta sa définition de la psychologie sociale et ne pur s'empêcher de sourire lorsqu'il l'abreuva d'exemples moldus pour illustrer ses propos et lui demanda si elle comprenait. Pour avoir étudié la sociologie dans le monde moldu, elle avait travaillé sur l'impact de la télévision sur les hommes, sur leurs interactions, sur le lien entre les générations et les communautés. Certes, elle n'avait pas abordé l'aspect psychologique et s'était penchée sur une vue plus globale, sur de grands ensembles au lieu de s'intéresser à l'individu seul, mais ses exemples lui parlaient tout de même. Et même au delà de ses études... Combien de fois avait-elle pu admirer cette publicité pour des chewing-gums sans sucres, sur les bienfaits de remplacer le sucre, pourtant si naturel, par des additifs dont les noms ne pouvaient être prononcés par un humain lambda ? Combien de fois en la regardant, elle avait été tentée sans même se demander si les nouveaux produits n'étaient pas plus nocifs que les anciens ? L'impact de la suggestion sur l'esprit, de la communication de masse sur les comportements d'une société. La psychologie sociale allait lui plaire.

« J'ai quelques notions de ces idées là. J'avais des amis moldus pendant l'enfance, et ils avaient tous la télévision. On finit tous par penser là même chose avec ces appareils. Finalement donc, la psychologie sociale c'est chercher à savoir comment notre cerveau fonctionne en société, comment il nous permet de nous lier aux autres. Par l'empathie, l'identification, le fait d'être ou non influençable. Ça a l'air plutôt simple ! »

Elle rit et son rire s'amplifia lorsqu'il répondit sérieusement à son trait d'humour. Il était du genre à prendre les choses au premier degré alors ? Elle hésita un peu, n'osant pas lui dire qu'elle avait parlé d'humanitaire juste pour souligner le fait qu'il était disposé à l'aider sans rien obtenir au retour. Elle craignit qu'il ne se vexe, d'autant qu'au fond, même inattendue, sa remarque était plutôt intéressante et permettait d'en savoir un peu plus sur lui. Et ce n'était pas quelque chose de désagréable. Recouvrant son calme, avec un regard doux mais toujours un peu rieur, elle souffla.

« Il paraît parfois que l'humanitaire et l'enseignement, c'est un peu la même chose. »

C'était du moins ce que disait l'un de ses professeurs lorsqu'elle avait entamé son master en s'orientant vers les droits de l'homme et l'aspect plus humanitaire du droit. Cette blague du premier jour, la toute première phrase que son professeur rapidement hissé au rang d'enseignant préféré avait dit dans le but de détendre tout un amphithéâtre d'étudiants conscients qu'à côté de ce qu'ils s’apprêtaient à vivre, leurs trois premières années d'Université n'avaient été que plaisir et félicité.

« Il s'agit toujours d'apporter la lumière là où la terre est pauvre, de semer les graines qui nourriront les hommes, dans un cas littéralement dans l'autre spirituellement. Un de mes amis disait ça. »

Il accepta de l'aider pour ce qui était de l'enseignement de sortilèges sans lien avec sa matière et Hazel fit de son mieux pour ne laisser passer aucune émotion susceptible de lui mettre la puce à l'oreille lorsqu'il parla de ne jamais avoir appris de sortilèges. Elle se mordit la lèvre, eut un rire léger, très bref et haussa les épaules.

« A vrai dire, nous étions dans une école très simple. Dans ma région, les sorciers avaient l'habitude de vivre entre eux, un peu comme certaines communautés moldues qui ne se mêlent pas au reste de la population. Vous avez entendu parler des amish ? Bref. Mes parents, comme la plupart des parents de notre communauté ont préféré faire confiance qu groupe plutôt qu'à la grande école qu'est Poudlard en craignant que l'immersion dans quelque chose de si grand ne nous pousse à renier nos origines. C'est un peu compliqué comme idée et je sais que beaucoup ne comprennent pas le principe mais même si je m'en suis maintenant détachée, je trouve cela respectable. Nous avions une petite école à nous, et si nos professeurs étaient compétents, nous n'avons pas suivi exactement le même programme. Pour le patronus par exemple, quel besoin aurions-nous eu de ce sort en n'ayant aucune raison de craindre les détraqueurs. »

Elle sortit sa baguette et d'un coup sec, avec une petite formule soufflée dans un murmure, elle fit voler un morceaux de sucre jusqu'à sa bouche et le croqua dans un sourire.

« Vous voyez ? Aucun souci pour les sortilèges, j'ai simplement quelques lacunes comparées à des sorciers sortis d'une grande école. »

Après mon explication de l'utilisation d'une potion comme remède, elle m'énuméra tous les problèmes que cela apporte plus que cela n'en résout. Bien sûr je comprend sa réaction et c'est tout à fait logique de penser comme ça, la plupart des néophytes voient très rapidement tout le côté négatif que cela peut apporter, mais avec un traitement suivi de près par un professionnel cela n'arrive pas et c'est pour cela que je lui avait précisé que ce n'est pas une potion à prendre sans avis médical.

- Ce ne sont là que les effets indésirables qui peuvent se produire si le traitement n'est pas suivi à la lettre. Cette potion n'est pas à prendre sans avis médical ni sans suivi très strict. Si le patient respecte les doses prescrites alors il n'aura pas tout ce que je viens de vous citer et il n'aura que les effets positifs de la potion. Cette potion est bien plus puissante qu'un traitement moldu, c'est pourquoi il y a tant d'effet secondaires.

Elle m'adressa un sourire lorsque je lui ai proposé de s'installer plus confortablement, se reprenant pour se mettre alors en tailleur. Je ne sais comment l'expliquer mais dès que j'ai vu cette demoiselle, quelque chose en moi me disait qu'il fallait que je l'aide, que je passe du temps avec elle, et sa présence m'est plus qu'agréable. J'ai toujours aimé la présence des femmes à mes côtés mais là, c'est plus que ça, je crois bien qu'elle m'attire, qu'elle m'intrigue bien plus que ce que je n'ose penser et j'aimerai bien que ce soit réciproque, mais elle n'est pas venue pour ça, elle désire seulement apprendre.

La discussion continuant, je reprend mes esprits en écoutant ce qu'elle m'explique. Apparemment elle a déjà étudié quelque chose de similaire, peut-être un peu moins détaillé mais tout de même. Au moins, mon exemple sur le monde moldu semble lui parler puisqu'elle a rebondi dessus.

- Et bien on peut dire ça oui. La recherche en psychologie sociale, comme en psychologie en général, utilise différentes méthodes de recherche. Une des méthodes les plus efficaces utilisées est le devis expérimental ou méthode expérimentale. Celle-ci peut se faire en laboratoire ou milieu naturel et se caractérise principalement par la manipulation d'une variable indépendante étudiée chez divers individus ou groupes. En général, on utilise un groupe témoin et un ou plusieurs groupes expérimentaux afin d'observer l'effet de la modification de ces variables pour finalement obtenir un lien de causalité.

J'espère ne pas l'avoir perdue dans mes explications avec tous ces mots sortis du milieu professionnel mais je n'ai pas vraiment trouvé d'autre moyen pour lui expliquer.

Son rire me fit comprendre peut-être un peu tard qu'elle cherchait à faire de l'humour, j'ai alors répondu par un grand sourire, tout naturellement, voyant qu'elle faisait sûrement allusion au fait que je l'aide sans demander quoi que ce soit. Elle dit alors une phrase qui avait parfaitement tout son sens.

- Vous avez parfaitement raison, et votre ami a trouvé les mots justes pour souligner ça. L'enseignement se rapproche en effet de l'humanitaire, même si au fond de chaque bon professeur, nous attendons quelque chose de la part de nos élèves. Nous espérons qu'ils deviennent les meilleurs dans leur domaine, qu'ils fassent honneur à ce que nous avons pu leur transmettre pendant leur formation et qu'ils transcrivent cela dans leur travail.

Lors de ma remarque sur les sortilèges, elle se mordit légèrement les lèvres avant de me répondre, un petit geste anodin qui me prouve qu'elle tente de cacher quelque chose, il me reste à découvrir quoi. Elle m'explique qu'elle n'aurai pas eu le même cursus que les autres sorciers, une sorte de communauté vivant entre eux et donc elle aurai suivi des cours différents, n'ayant ainsi pas accès à quelques sortilèges. Pour appuyer ses propos elle viens même croquer un morceau de sucre en le faisant léviter avec sa baguette, elle essaye sûrement de me prouver qu'elle connais quelques rudiments mais je pense plutôt qu'elle cherche à se prouver à elle-même ses capacités.

Avant de répondre, je me penche lentement en avant, venant prendre sa main dans la mienne pour je ne sais quelle raison et sans vraiment m'en rendre compte, plongeant mes yeux bleu-gris dans son regard.

- Vous savez. Je ne suis pas là pour vous juger, au contraire je suis là pour vous aider, aussi, vous n'avez pas besoin d'essayer de me cacher quoi que ce soit. Tout restera entre nous, personne ne peut entendre ce que vous allez me dire, et je ne vais évidemment pas aller répéter quoi que ce soit. Bien sûr, si vous ne voulez pas en parler, je continuerai de vous enseigner ce que je sais sans pousser plus loin. Mais lorsqu'une occasion se présente, ne faut-il pas la saisir?

Un sourire se voulant bienveillant viens se dessiner sur mes lèvres, j'ai toujours les yeux planté dans celui de la demoiselle, et je ne me suis même pas rendu compte que j'avais toujours sa main dans la mienne.

Patient et pédagogue, James ne sembla pas s'offusquer lorsqu'elle comprit de travers son explication au sujet de la potion équivalent à un anti-dépresseur moldu. Hazel n'avait pourtant pas été très mesurée dans ses propos, convaincue que les effets indésirables du remède étaient inévitables, mais elle ne ressentit aucun d'agacement dans sa voix et elle fixa son professeur pendant qu'il corrigeait ses premières impressions sur ce fameux « Baiser de Saint Jean ». Effectivement, tout semblait beaucoup plus logique ainsi, et la jeune sorcière esquissa une moue ennuyée en réalisant son erreur.

« Je vois. N'y-a-t-il pas moyen de la concocter en la rendant un peu moins dosée ? »

Si la jeune femme avait fait d'immenses progrès en matière de sortilèges, elle n'avait toujours pas touché au moindre chaudrons et les potions n'étaient pour elle pas plus que ce qu'elle avait lu dans ses livres de contes moldus : des mixtures étranges aux propriétés surprenantes. Elle avait toujours l'image de la vieille sorcière penchée sur sa potion au fin fond des bois, même maintenant qu'elle savait que toutes ces histoires terrifiantes dissimulait une réalité bien plus ordinaire. Pour elle donc, les potions étaient un véritable mystère, et elle songeait sans doute bêtement que peut être diluée avec un peu d'eau, les effets serait un peu atténués, comme on dilue une soupe trop salée.

« Ce doit être quelque chose de très compliqué à préparer, pas comme une potion qu'on nous enseigne à l'école où les effets ne sont pas bien importants. Avec un impact sur l'esprit, ce doit être assez éprouvant parce que les conséquences d'une erreur minime sont gigantesques. Vous savez les préparer ou ce sont des sorciers spécialisés qui les préparent et vous les fournissent pour vos patients ? D'ailleurs, avant d'être enseignant, vous avez travaillé à Sainte Mangouste ? »

Petit à petit, elle commençait à se détendre. Captivée par la conversation, agréablement surprise par le naturel de l'homme qu'elle avait au premier abord jugé un peu guindé, Hazel devenait moins raide, plus souriante. Réalisant que le premier sujet qu'ils aborderont se rapproche d'un domaine dont l'étude lui a longtemps tenu à cœur et dont les cours magistraux lui manquent encore parfois, elle se montra plus intéressée encore et entre deux prises de notes, fixait James d'un regard curieux. Elle passa une main dans ses cheveux pour les renvoyer en arrière, lasser de les voir frôler les lettres qu'elle traçait sur le parchemin.

« Je me suis toujours demandé comment on pouvait faire ça en laboratoire. C'est tellement impersonnel ! Les sujets de l'étude ne peuvent pas donner des résultats parfaits, ils sont forcément un peu influencés par ce qu'ils pensent qu'on peut attendre d'eux. Même si ce simple fait reste intéressant à étudier. Après, je ne suis bien sûre pas experte, donc je me doute qu'il y a des choses qui m'échappent, mais c'est quelque chose dont je me méfie un peu. Le comportement des hommes est si facilement influencé par l'image qu'ils souhaitent renvoyer, qu'une étude en milieu naturelle reste moins biaisée, je trouve. »

Hazel coinça sa plume entre ses dents et fouilla son sac pour y trouver une pince dans laquelle elle emprisonna rapidement ses cheveux et traça un trait sur son parchemin pour marquer le fait qu'elle passait à une nouvelle idée. Avec un sourire curieux, elle interrogea James

« Haveirson est tout nouveau et si je ne me trompe pas, il n'y avait pas d'université comme celle là avant. Du moins pas dans notre région du monde. Comment avez-vous étudié pour en arriver là où vous en êtes ? Vous avez appris sur le tas en sortant de Poudlard ? Avec un mentor ? Vous avez suivi des cours dans une université moldue ? Qu'est ce qui vous attire là dedans ? »

Bien sûr, cela s'éloignait un peu du sujet mais après sa façon de répondre à sa blague sur l'humanitaire, il ne semblait pas embarrassé par le fait de parler un peu de lui. Hazel ne put réprimer un sourire fier en l'entendant dire qu'elle avait raison et sa façon d'appréhender l'enseignement et la récompense, si tant était que l'on puisse nommer cela ainsi, d'un si dur travail.

« C'est une belle façon de voir les choses. Effectivement, contribuer à l'épanouissement d'une personne comble toujours quelque chose en nous. Et c'est la même chose pour l'humanitaire. Même si l'on ne fait pas ça pour la gloire, on retire toujours un sentiment de satisfaction lorsqu'une mission atteint son objectif et que l'on sait qu'on y a participé. »

Et la conversation se fit moins agréable. Elle se justifiait, et elle le faisait bien. Elle n'avait aucun doute à ce sujet. Mais allez savoir pourquoi, le bougre insistait. Hazel se retint de lever les yeux au ciel. Quelle idée aussi d'avoir cherché à passer du temps avec un psychologue ? Moldus comme sorciers, ils ne pouvaient visiblement pas s'empêchait de s'intéresser de trop près aux autres. Et d'un coup, prenant son temps et l'air grave comme s'il avait une confession à faire, James se pencha et saisit doucement sa main entre les siennes. La posture, la main dans la main, les yeux dans les yeux... C'était trop. Hazel sentit le rouge lui monter aux joues, pas par attirance mais par gêne mêlée d'un fond de colère. Et pourtant, elle le laissa parler, l'écouta immobile, soutenant son regard sans ciller. Puis quand il se tut, ses lèvres se pincèrent. Elle retira sa main un peu brusquement, la posa sur son parchemin mais ne bougea pas plus, son regard toujours dans le sien refusant de céder. La voix tremblant un peu, tâchant d'atténuer au maximum ce défaut, elle souffla, trop proche de lui pour qu'il ne sente pas l'émotion qui grondait derrière les mots.

« Vous vous trompez. »

Elle serra les dents, la respiration un peu forte, mais ne bougea pas. Ne céda pas.

Après mes explications, elle me demande si il n'y aurai pas moyen de baisser les doses de la potion, et bien que je ne sois pas un expert il me semble qu'il faut respecter exactement le bon dosage sinon on risque de ne pas avoir les mêmes effets.

- Et bien, je ne suis pas spécialiste en fabrication de potions mais il me semble que le dosage des ingrédients doit être respecté à la lettre sinon l'effet de la potion ne sera pas le même. Je ne suis pas certain qu'on puisse modifier les dosages aussi facilement. Mais après ce n'est que mon avis là-dessus.

Elle me demande en suite mon parcours passé tout en semblant se détendre un peu plus qu'à son arrivée ici.

- Et bien, avant que l'université ouvre ses portes, j'ai voyagé en angleterre, suivant les médicomages et psychomages pour parfaire mes connaissances sur le tas, apprenant à leur côté tout en essayant de gérer les différents cas qui se présentaient. Ce fut un travail assez complexe je dois l'avouer, apprendre tout en pratiquant sur des cas concret, mais au moins ça m'a permis de voir le monde tel qu'il est et non derrière des bouquins aux théories hasardeuses.

Ce n'était bien évidemment pas pour critiquer les ouvrages, qui pour la plupart contiennent des informations cruciales pour mes cours, mais plutôt pour souligner qu'il n'y a pas mieux que le vrai contact avec des patients pour comprendre ce qui est attendu dans ce genre de métier. Elle fit la remarque sur les façons d'étudier la psychologie sociale et d'un certain point de vue je rejoins sa façon de voir les choses. Il est vrai que soumettre des gens à un test peut déjà les influencer pour qu'ils réussissent, mais encore faut-ils qu'ils soient au courant que c'est un test.

- En général, les personnes qui passent les tests n'en sont pas mis au courant pour justement éviter de les influencer avant le début des tests. Nous prétextons quelque chose d'anodin pour les inciter à venir participer puis c'est là que le vrai test commence. Mais vous avez raison, se retrouver dans un lieu inconnu avec des personnes inconnues et des chercheurs autour peut déjà influencer beaucoup de choses, malheureusement nous n'avons pas vraiment d'autre moyens pour pousser nos recherches.

D'un coup, la conversation se fit plus froide et plus tendue, elle n'aime visiblement pas qu'on soit trop insistant envers elle, en même temps qui aimerai ça. Elle me fait comprendre assez sèchement que je me suis trompé sur son compte, aussi je n'irai pas chercher plus loin que ça, je n'ai pas non plus envie de m'attirer ses foudres, je suis là pour l'aider non pas pour lui tirer les vers du nez.

- Et bien si je me suis trompé, j'en suis navré. Veuillez accepter mes excuses. Il arrive parfois qu'on porte un mauvais jugement sur les personnes et c'est visiblement le cas. Aussi je ne vous embêterai plus avec ça et vous partagerai donc mes quelques connaissances avec un plaisir certain.

Son mouvement brusque me fit me rendre compte de ce que je venais de faire, j'avais sa main dans les miennes. J'écarquille alors légèrement les yeux, surpris par mon geste avant de me reprendre difficilement, un sentiment de gêne se faisant ressentir. J'espère qu'elle ne l'a pas mal pris, c'est le premier jour que nous passons ensemble et déjà je commence à faire une bourde, je n'ai vraiment pas envie qu'elle porte un mauvais jugement sur moi.

- Je... Je suis désolé, je ne voulais pas.... Enfin.... Ce n'était pas mon intention de vous prendre la main comme cela.... Je.... Ce n'est pas que vous n'êtes pas charmante, bien au contraire je.... Rah.... Désolé, voilà...

Je m'embrouille, je sors des mots les uns après les autres sans y avoir vraiment réfléchit, cette situation m'échappe légèrement mais je compte bien me reprendre.

Il avait fallu un moment pour que Hazel retrouve son naturel, le débit qu'elle avait d'ordinaire quand elle parlait, ses mimiques habituelles. Mais le professeur Dewitt semblait tellement à l'aise qu'elle finissait par redevenir elle-même et la conversation devenait un peu plus facile. Elle se laissait aller à plus de questions, plus ou moins proches du sujet principal du cours de cette soirée, plus ou moins dignes d'intérêt. Heureusement, James n'était pas avare en réponses et explications, et il semblait bien vouloir répondre à la moindre de ses interrogations, même sans grande valeur. S'il n'était pas expert en potions, il ne devait pas préparer lui même les traitements qu'il dispensait à ses patients. C'était donc que les choses se passaient un peu dans le monde moldu, avec chacun son travail et parfois peu de communication entre ceux qui préparaient et ceux qui distribuaient. Quand elle y pensait, elle ne comprenait pas vraiment comment les deux mondes pouvaient ne pas s'entendre tant leur fonctionnement dans bien des domaines étaient similaires. Ils avaient tant à apprendre les uns des autres, y compris en matière de médecine... Combien de maladies moldues pourraient être guéries à l'aide d'un peu de magie ? Par exemple, avait-il des cancers chez les sorciers ?

Elle mit bien vite un terme à sa rêverie, accordant de nouveau toute son attention à James alors qu'il lui parlait de son passé, de sa formation. C'était impressionnant de penser que cet homme entre les mains duquel certains remettaient leurs esprits, et à qui on avait laissé le soin d'éduquer des dizaines de jeunes sorciers dans le domaine de la psychomagie, n'avait pas fait d'études particulières après ses dix-huit ans. Elle ne doutait pas que pour bien des gens, c'était la même chose. Ils passaient leurs ASPICs et étaient qualifiés pour entrer dans le monde du travail. Certes ils étaient aidés, formés par leurs aînés, mais tout de même, cette façon de laisser aux jeunes autant de place dans le monde du travail l'épatait. Est-ce que les cours à Poudlard étaient plus efficaces que ceux du monde moldu ? Les sorciers étaient-ils plus intelligents ? Y avait-il du chômage dans ce monde là aussi ? Fascinée, elle oubliait un peu ses craintes et ses réticences.

« Ce doit être assez grandiose d'apprendre si vite, de découvrir les choses telles qu'elles sont, sans filtre. Dans le monde moldu, il faut tellement étudier pour prouver sa valeur. Les gens se retrouvent rapidement à trente ans sans avoir jamais vraiment travaillé, à part dans un bar pour payer les études. Même avec les stages qui se font en cours de route, l'expérience réelle est moindre et comme vous dite, ce n'est pas la même chose de lire des théories dans un livre sans pouvoir vraiment les éprouver avant d'avoir fini de les apprendre par cœur. »

Elle sourit, doucement. Même en aimant apprendre, en aimant les livres et les salles de classes, les bancs inconfortables et les sièges étroits des amphithéâtres, elle avait souvent regretté de ne pouvoir être plus en contact avec les entreprises qu'elle rêvait d'intégrer par la suite. Elle avait été stagiaire dans un cabinet juridique, dans un tribunal et dans quelques entreprises, mais à part écouter et faire le café, elle n'avait pas grande responsabilité. On ne la consultait pas, on l'oubliait parfois. Elle connaissait tous les cas à force d'en photocopier les comptes-rendus, mais elle était considérée comme ignorante. Et même quand on avait été présent pour elle, prompt à lui expliquer le fonctionnement des choses, elle avait toujours bien vu cette ligne épaisse tracée au feutre imaginaire, mais indélébile. Et jamais elle ne l'aurait franchie pour dire à l'un de ses collègues qu'il se trompait. Elle enviait James et se demandait comment les choses allaient évoluer maintenant qu'il existait des universités pour garder un peu plus longtemps les sorciers sur les bancs de l'école. Elle désirait ardemment être à leur place, n'ayant connu que ce mode de fonctionnement, mais était-ce réellement une évolution positive ?

Sans doute y aurait-il une étude intéressante faite là dessus, dans quelques années. Quelques cas piochés au hasard mais pas trop, triés et catégorisés, pour donner des résultats dont personne ne tiendrait compte. Les joies de la sociologie.

« Je reste dubitative, même avec toutes les précautions prises. J'aime la sociologie et je crois avec ferveur en l'importance des études, mais je trouve qu'elles sont trop souvent prises pour des vérités absolues. Et finalement, ce n'est qu'une moyenne, une tendance. On ne peut pas impliquer tout un pays dans une étude et peut être que si l'on avait pris les voisins de tous nos chers cobayes, les résultats seraient totalement différents. Enfin... Encore une fois, ce n'est pas ma spécialité, je suis très certainement dans l'erreur. »

Et le ton changea, l'ambiance perdit quelques degrés. Hazel combattait la fureur, la peur. D'ordinaire, les gens se moquaient un peu de ce qu'elle racontait sur son passé. Elle restait vague, elle se contentait du strict minimum et tout allait pour le mieux. Mais il insistait, il grattait le vernis. Et Hazel était dépassée. Pour autant, elle fit de son mieux pour garder son calme, pour ne pas empirer son cas. Et visiblement, cela fonctionna. Peut être qu'il ne la croyait toujours pas, mais il n'insistait plus, il ne questionnait plus. C'était déjà ça. Il s'excusa, elle se libéra. Et tandis qu'elle peinait à retrouver un certain calme, l'ambiance bascula de nouveau, instable et étrange. Est-ce que c'était si compliqué de simplement étudier avec un homme, chez lui, en paix ? Oui, bon. Le choix du lieu d'étude n'avait peut être pas été des plus judicieux. Elle rit en l'entendant bafouiller, machinalement, comme on pouffe malgré soi envoyant quelqu'un trébucher et tomber dans une piscine, avant même d'avoir le temps de se demander si le maladroit sait nager. Et puis les balbutiements, les mots percent la bulle d'amusement. Charmante ? Elle ? Elle ne doutait pas vraiment d'elle, de son apparence. Elle aimait son caractère et avait confiance en son aptitude à séduire si le besoin ou l'envie se faisait sentir. Mais elle ne s'était pas posé la question avec lui. Elle n'était pas venue pour ça, elle ne le connaissait pas non plus. Il avait son charme et elle était toujours attirée par des hommes un peu plus vieux. Mais il était son professeur.

Hazel fronça les sourcils, repensant à ce qu'il avait dit de l'intérêt tiré par les enseignants dans la distillation de leur savoir. Est-ce qu'il n'avait réellement rien attendu en échange ? Est-ce qu'il avait cru qu'elle utilisait les cours particuliers comme un prétexte ?

« Vous... »

Elle hésita, ne sachant trop comment formuler les choses et fit la moue. Elle n'était pas venue pour ça, et ne voyait pas bien comment ils en étaient arrivés là. Peut être avait-elle été idiote lorsqu'elle avait demandé à venir chez lui pour ces cours particuliers. Elle le fixa un moment et avec une voix douce, elle demanda

« Est-ce que vous espériez quelque chose d'autre que simplement dispenser des cours quand je vous ai demandé de venir chez vous ? »

Puis un sourire et elle se leva d'un coup, comme pour disperser un peu le malaise dans lequel elle avait l'impression de s'enfoncer, comme dans une balle de coton.

« Une bièraubeurre ? »

Elle m'écoutait attentivement, semblant visiblement intéressée par ce que je pouvais avoir à raconter, avant de commenter sur mon parcours avant d'être enseignant, donnant son avis qui s'avère être assez proche du mien.

- Voyez-vous, ça peut paraître intéressant d'apprendre comme ça mais c'était vraiment difficile. Arriver à suivre les différents médecins pendant les interventions, leur demander des conseils sur ce qu'ils étaient en train de traiter. La plupart d'entre eux me renvoyaient juste voir ailleurs si ils y étaient ou me disaient d'aller voir un de leur collègue qui n'était pas en intervention, mais j'insistais et je restais avec eux en les observant, gardant mes questions sur un bout de papier pour après les interventions. C'est une expérience à vivre c'est vrai, mais il faut se consacrer uniquement à cela.

Elle m'explique en suite son point de vue sur la sociologie, je ne peux que la comprendre, ce n'est pas une science exacte mais c'est avec elle que nous travaillons. Nous essayons d'avoir des résultats assez généraux pour en suite s'y pencher un peu plus dessus, cela prend du temps et parfois les tests ne sont pas concluant mais je n'ai encore pas trouvé d'autre moyen de procéder.

- En effet vous avez raison, ces tests ne nous donnent que des moyennes, un résultat global sur lequel on peut parfois s'appuyer, mais nous en tenons compte. Chaque cas va être différent et c'est à nous d'y plonger un peu plus, les résultats en étude de sociologie ne sont là que pour nous éclairer un peu, nous donner une piste, c'est au psychomage en suite d'aller creuser plus en profondeur avec son patient.

Le ton avait changé, l'ambiance n'était plus du tout la même, je ne sais pas comment nous sommes arrivés là et j'ai encore moins d'idée pour rattraper tout ça. Mes gestes incontrôlés n'avaient en aucun cas aidé à remettre de l'ordre dans cette situation qui m'échappe de plus en plus, je dois me reprendre et vite. Son rire moqueur me mit encore plus mal à l'aise que je ne l'étais déjà, puis vint une question fatidique à laquelle je ne m'attendais pas vraiment.

Elle me demanda si j'avais une raison cachée pour l'avoir invitée chez moi. Bien sûr, je n'en avais aucun, je voulais simplement l'aider, lui enseigner mon savoir comme je le fais à l'université, mais je ne sais pas ce qui est différent, le lieu peut-être ou alors le fait qu'elle arrive à me troubler si rapidement alors que nous venons de nous rencontrer. Puis elle se lève brusquement avant de tourner les talons tout en me proposant une bièraubeurre. Je ne peux pas laisser cette occasion m'échapper, et quitte à recevoir ses foudres, elle comprendra à quel point mon compliment n'étais pas simplement pour me rattraper. Je me lève à mon tour avec tout le courage dont je peux faire preuve, avec une main je saisit délicatement son bras pour la retourner vers moi, dirigeant mon visage vers le sien, je sens mon coeur battre la chamade comme si il essayait de sortir de ma poitrine, puis je dépose tendrement mes lèvres sur celles de la demoiselle, le temps semble alors s'arrêter autour de moi, ce simple baiser me paraît une éternité. Avant de lui adresser la parole, je me reprend, reculant de quelque pas avant de plonger mon regard dans le sien.

- Je vais être franc avec vous, je ne vous ai pas invitée pour quelque raison que ce soit mis à part vous enseigner. Seulement, je ne suis pas juste un professeur qui ne vis que pour raconter encore et encore les même leçons à ses élèves. Comme je viens de le dire, je vous trouve charmante et vous ne m'êtes pas indifférente. Ce n'est cependant pas pour ça que j'attend quelque chose de votre part. Je veux simplement vous faire partager mes connaissances, mais je voulais que vous sachiez que votre présence ne m'est pas indifférente. "Je laisse un petit silence avant de reprendre" Mais je veux bien une bièraubeurre oui s'il vous plait.

D'un coup je paraissais plus assuré dans mes mots. J'avais enfin réussi à me reprendre et j'espère avoir été clair avec la jeune femme. Je ne l'ai pas invitée pour la mettre dans mon lit, je veux simplement l'aider. Les choses ont faites que je me suis trouvé une attirance pour elle, mais cela ne changera pas mon but premier.

C'était amusant comme malgré la différence d'âge, de voie professionnelle, de monde, même, elle comprenait ce que James lui expliquait. Si elle n'avait pas appris le droit sur tas, comme lui, elle se souvenait de ces stages où on l'envoyait voir ailleurs, où on la faisait courir après des broutilles pour l'occuper et où chaque fois, on était trop occupé pour répondre. Elle se souvenait d'avoir parfois insisté malgré tout alors même que cela lui avait attiré les foudres de son supérieur d'un temps. Elle comprenait ce qu'il disait. Il fallait s'investir, s'impliquer, et accepter les entraves et  les rejets. Il fallait n'avoir que ça à vivre, presque. Du moins c'était l'impression qu'elle en avait parfois retiré et elle savait chaque fois que ce n'était qu'éphémère, qu'elle retrouverait vite le confort de son université et le réconfort de ses professeurs préférés.

Elle hocha la tête, songeuse. Cela lui manquait. Bien sûr maintenant, elle travaillait, mais elle avait besoin de plus. Elle se demandait parfois si elle avait eu raison d'abandonner ses études ainsi. Bien sûr, quitter le monde moldue de façon aussi radicale avait été une bonne chose. Il avait fallu faire un choix. Mais si au lieu d'avoir délaissé ses plans de carrière elle avait persévéré, elle serait maintenant proche de son diplôme. Elle aurait plus d'expériences en entreprise, plus de références. Plus d'espoirs de succès professionnels. Elle avait fait une croix sur tout ça. Elle ne regrettait pas : elle aimait sa nouvelle vie passionnément. Et chaque jour lui apportait son lot de découvertes. C'était sa vie, son monde, sa maison. Mais parfois, elle doutait.

« Oui, comme vous dites, c'est une base. »

Elle sourit, satisfaite de voir qu'il partageait son avis sur la difficulté de se contenter d'études pour émettre des opinions sur tout et sur tout le monde. Elle avait pourtant l'impression que cette façon de voir les choses devenait presque un effet de mode et qu'à force de lire ces études dans les magazines, les gens n'étaient plus capables de penser par eux-mêmes autrement et prenait cela pour des vérités absolues. Après tout, si des chercheurs s'étaient penchés sur la question et donnaient des pourcentages, c'était forcément vrai. Si elle aimait les sondages et autres recherches, Hazel déplorait que les résultats soient détournés pour servir la fainéantise de ses pairs et qu'ils appuient leur jugement d'autrui uniquement sur des chiffres couchés sur le papier glacé d'une revue quelconque.

Et alors qu'ils discutaient tous les deux comme des adultes sensés, les choses dérapèrent bien trop vite pour qu'Hazel ne puisse réfléchir clairement. Elle avait tenu tête, avait gagné et avait ri de la maladresse de son professeur, plus par réflexe que par moquerie pure. Elle avait osé questionné et elle avait tenté de se dérober, jugeant plus sage de passer à autre chose. La situation était déjà assez délicate sans qu'elle n'en rajoute une couche. Mais alors qu'elle allait se diriger vers la cuisine, prenant des libertés dans cette maison qu'elle ne connaissait même pas pour éviter d'entendre les réponses à ses questions, elle sentit une main sur son bras. Une main chaude, une main ferme. Doux mais assuré, le contact lui fit l'effet d'une décharge électrique et elle eut l'impression de prendre conscience du circuit du sang dans ses veines. Une chaleur qui lui montait vers le cœur, qui lui enserrait l'estomac. Elle ne l'aimait pas. Elle ne le connaissait pas. Mais elle avait vu ces scènes dans milles films moldus, et elle savait ce qui allait se passer. Et si elle l'appréhendait, elle savait aussi qu'elle aurait énormément de mal à y résister.

Hazel ne protesta pas. Elle sentit ses lèvres sur les siennes et ferma les yeux, immobile et le souffle court. Elle ne l'aimait pas, mais il l'attirait. Et par Merlin, il embrassait bien. Elle avait l'impression de coups de tambour à l'intérieur de son crâne et elle lui rendait son baiser, docile, idiote. Il s'éloigna et elle n'ouvrit pas les yeux aussitôt. Elle devait être écarlate. Elle était faible. Il fallut que la voix de son professeur vienne briser la bulle d'air lourd qui l'étouffait pour qu'elle puisse ouvrir les yeux. Elle l'écouta sans l'entendre, le regarda sans le voir. Il avait bien raison de parler de la bièraubeurre, c'était une bonne idée. Il fallait passer à l'autre chose. Elle ouvrit la bouche mais resta muette. Elle déglutit et fit un pas. Vers lui. Elle regrettait déjà mais passa une main sur sa nuque pour ne pas qu'il se défile, ou peut être pour ne pas reculer elle-même et l'embrassa à son tour. Pressante, idiote. Elle ne voulait pas être cette fille, celle aux mœurs dissolues, celle trop facile. Celle qui ne réfléchit pas.  Mais elle ne savait plus comment raisonner. Elle l'embrassait et elle aimait ça. Elle allait revenir à elle et le repousser, c'était certain. Mais pas tout de suite, pas encore. Encore un moment, encore un frisson. Elle sentit son propre corps réagir, paupière mi-closes et lorsqu'elle remarqua la douce morsure qu'elle infligeait à la lèvre de son professeur, elle recouvra enfin ses esprits. Elle recula brusquement, horrifiée.

« Pardon ! C'est une très mauvaise idée. »

La conversation avait plutôt bien commencée, nous avions commencé à discuter tranquillement de ce qu'il faudra aborder, j'ai même pu lui expliquer une des branches de la psychologie. Pour ce qui est des sortilèges, nous n'avons pas vraiment eu le temps de les aborder. Il faut dire que tout a changé si vite, je ne sais pas la raison pour la quelle tout est devenu aussi étrange entre nous, elle me plait ça j'en suis sûr, mais tout de même je ne pensais pas que cela allait tourner de cette manière.

Elle n'avait pas l'air de protester à mon baiser, me le rendant même pendant ce moment qui parut comme une éternité. Lorsque mes lèvres quittèrent les siennes, j'ouvrit les yeux pour la regarder, prenant conscience que je n'aurai peut-être pas du tenter cette folie. Elle avait les pommettes rouges et les yeux encore clos, mon dieu qu'elle est belle quand elle rougit, je crois bien que ce n'est pas seulement de l'attirance que j'ai pour elle, mais après si peu de temps c'est étrange, mais pas impossible après tout.

Il fallait passer à autre chose, briser ce moment très étrange mais pourtant si agréable, mais visiblement elle ne l'entendais pas de cette oreille. Sans dire un mot elle s'approcha de son propre chef pour revenir poser ses lèvres sur les miennes, mon coeur battait à tout rompre tandis que mes mains venaient se poser délicatement sur ses hanches pour la serrer contre moi. Une petite sensation de morsure sur mes lèvres et tout s'arrête quand elle recule. Je reste un moment pantois, la bouche légèrement entre ouverte avant de réaliser ce qu'il viens de se passer, je n'étais pas en train de rêver elle viens bel et bien de m'embrasser à son tour et je dois avouer que je n'ai plus l'esprit très clair.

Il faut mettre un terme à tout ça avant que ça n'aille trop loin, je ne veux pas brûler les étapes, le contact entre nos lèvres était peut-être même un peu trop. Je vais devoir mettre un terme à la rencontre d'aujourd'hui, je ne voudrai pas qu'elle puisse imaginer que je ne cherche qu'à profiter de son corps car ce n'est pas ce que je désire, je veux seulement être avec elle, autant que possible, mais pas maintenant, pas ce soir, c'est trop tôt et nos esprits ne sont en aucun cas au mieux de leur forme, tout ce qu'il viens de se passer est tellement troublant.

Elle s'excuse, un air horrifié dans son regard, me disant que c'est une très mauvaise idée d'avoir fait ce qu'elle viens de faire. Au contraire, c'était une bonne idée, inattendue certes.

- Pourquoi serait-ce une mauvaise idée? Vous avez fait ce dont vous aviez envie c'est tout.... Je, hm... Que diriez-vous de terminer cette première rencontre? Je ne pense pas être capable de continuer quoi que ce soit après tout ça... "J'ai le regard fuyant et un peu de rouge aux joues, le souffle court et le coeur qui tambourine dans ma poitrine" Je vais vous ramener, si vous permettez.

Je prend délicatement sa main, une nouvelle décharge électrique parcours mon corps, je dois me ressaisir et la quitter ainsi va être difficile mais c'est préférable, je ne voudrai pas qu'on regrette ce qui pourrai se produire si jamais elle restait trop longtemps ce soir. Un crac sonore et nous voilà loin de chez moi, je relâche sa main avec difficulté.

- Voudrez-vous qu'on se revoit? Je n'ai pas terminé de vous expliquer les ficelles de la psychomagie. Bien sûr, je comprendrai si vous refusez...

Après ce qu'il s'est passé, j'ai bien peur qu'elle refuse en effet, même si je prie pour qu'elle accepte de revenir me voir.

C'était comme une plume qui passait sur sa peau, douce et agaçante. C'était un tiraillement délicieux qu'elle refusait. Elle avait beau repousser ces sensations, refuser ces idées, elle était incapable de s'en défaire. Parce qu'elle était humaine, parce que son cerveau était comme gelé et que son corps en plein délire. Parce qu'en toute objectivité, James était un homme attirant, et qu'elle aurait été stupide de le nier. Parce que son contact était électrisant. Mais elle ne devait pas céder à la facilité, à la douceur. Au parfum du thé qu'il partageait avec elle par... Non ! Elle avait reculé, elle avait combattu les envies et les sirènes d'un jeu trop évident et trop dangereux.

Elle avait déglutit, elle l'avait observé. Il ne bougeait pas. Et c'était tellement idiot tout ça qu'elle avait envie de crier. De lui dire qu'elle ne voulait pas ça, qu'elle voulait juste des cours par tous les dieux ! Juste qu'il lui distille un peu de son savoir, qu'il partage avec elle un peu de sa psychomagie dont elle ne savait rien. Elle n'avait pas besoin de cours particuliers dans l'art d'embrasser. Elle ne voulait pas d'une relation professeur-élève étrange et un peu décalée. Elle ne savait pas s'il était comme ça avec toutes ses étudiantes, mais elle n'avait jamais eu l'intention de céder. Sauf quand il l'embrassait. Là, leurs lèvres scellées, elle avait eu le désir de se laisser porter. Les hormones avaient parlé plus fort que sa conscience. Heureusement, cette petite voix pénible était aussi têtue, et elle avait gagné. A la poubelle les hormones et les plaisirs d'adolescentes en émoi devant l'homme un peu plus mûr, un peu plus expérimenté.

Elle l'observa un instant, aussi troublé qu'elle. Elle le croyait maintenant, quand il disait qu'il n'avait rien prévu. Il semblait surpris, comme elle, par la tournure de la soirée. Et ce n'était pas une bonne chose. Heureusement, il accepta son refus et n'insista pas plus que cela, se contentant d'essayer de comprendre pourquoi elle portait un jugement plutôt négatif sur ce qu'ils venaient de faire. Elle tâcha de recouvrer tout son sérieux avant de lui répondre

« Vous êtes mon professeur, je tiens à progresser, réellement. Et je ne suis pas comme ça, à flirter et à finir dans le lit d'un homme que je ne connais pas. Et on ne se connaît pas. Vous êtes attirant, d'accord. Je ne le nierai pas. Beaucoup même. Vous êtes... Mais ce n'est pas ce que je voulais. Pas du tout. Ce n'est pas ce que je veux pour le moment. »

Elle n'avait pas l'intention de se laisser piéger dans une relation quand elle ne parvenait pas à être honnête avec ses plus proches amis. Elle ne saurait pas lui dire la vérité et elle se méfiait de son esprit de déduction. Elle ne voulait pas se plonger volontairement dans quelque chose d'aussi risqué pour elle. Elle hocha la tête lorsqu'il lui proposa de la ramener et se laissa faire, comme vidée de toute énergie. Elle ne savait pas ce qu'elle voulait. Et elle avait l'impression que lui savait de plus en plus ce qu'il attendait de leur échange.

Un nouveau crac dont elle sortit nauséeuse, comme toujours, et elle serra un peu sa main le temps de retrouver son équilibre. Puis plus de contact et la question fatidique à laquelle elle ne savait pas trop répondre. Elle souffla tout de même

« Je ne sais pas trop. Je... Vous... Vous êtes un bon prof malgré tout, et vous êtes intéressant mais... Je ne suis pas sûre que ce soit une bonne idée tout ça. Je vais y réfléchir, c'est promis. »

Elle déposa ses lèvres sur la joue de James, seulement pour lui dire au revoir, et s'éclipsa. Il fallait absolument qu'elle écrive à Ben.