Let Me Watch Your Skin ~ PV. Alycia McWood

Sujet: Let Me Watch Your Skin ~ PV. Alycia McWood Lun 14 Mar 2016 - 4:08

Spoiler:

Le couloir du cinquième étage était étrangement désert ; l’après-midi n’était pas tout à fait achevée et déjà, la circulation était presque nulle. Les seuls sons encore audibles provenaient des conversations d’élèves se baladant aux autres niveaux mais, dans les environs, tout ce qu’Aldabella entendait était sa propre respiration. Elle jeta un vif coup d’oeil à Alycia, postée quelques mètres derrière elle avant de s’engouffrer dans le corridor. La Serpentard avait accompli tout le trajet en prenant un soin fou à se tenir suffisamment à l’écart de la blonde. Pas que cela ne l’ait vexée, bien au contraire ; elle en était presque soulagée. La vert et argent avait peut-être honte de se trouver en compagnie de l’héritière Prendergast, que ce soit à cause de son nom ou de sa maison mais de son côté, la Gryffondor avait beaucoup trop à perdre si on la surprenait à traîner avec McWood. Les rumeurs se rependaient telle une traînée de poudre à Poudlard, surtout depuis la quarantaine, et la blonde avait fourni tellement d’efforts durant les six précédentes années à ce qu’on la perçoive enfin comme la jeune fille qu’elle était ; une adolescente aux rêves empreints d’ambition. Non pas comme la simple porteuse d’un patronyme souillé.

Alors, avec précaution, la rouge et or s’était rendue jusqu’à la salle de bain des préfets, s’assurant de temps à autres qu’Alycia la suivait toujours. Leur petit marché semblait être une bonne affaire, excellente, même ! En échange d’une petite trempette, Aldabella avait gagné une espionne ; des yeux pour observer ce qu’elle ne pouvait voir, des oreilles pour entendre ce que l’on daignait dire devant elle. La Serpentard était sa nouvelle alliée, son ombre qui se faufilerait dans l’obscurité quand elle serait coincée dans la lumière. C’était donc avec plaisir qu’elle avait ouvert la porte de la pièce, invitant la brune à y pénétrer avant elle.

La salle de bain des préfets, même après de nombreuses visites, dégageait toujours une atmosphère calme et envoûtante ; à chaque fois, la Gryffondor avait l’impression que le temps s’arrêtait, que ses problèmes et les guerres n’étaient plus. La baignoire -ou piscine, plutôt- aux multiples robinets d’or et de pierreries, la lumière du jour perçant à travers les hautes fenêtres, reflétant sur le majestueux lustre, le sol de marbre aux attraits plutôt médiévaux… n’importe quels braves gens pouvaient se sentir nobles en entrant dans la pièce. C’était comme un petit coin tranquille éloigné du reste d’un monde en ruine, étrangement situé au beau milieu d’un château en quarantaine.

— Bienvenue dans notre humble cachette, lança Aldabella d’un ton moqueur. C’est ici que les préfets se réunissent pour comploter contre les autres élèves…

Elle émit un ricanement en ferma la porte derrière elles et s’avançant dans la salle, analysant chacun de ses détails pour la énième fois.

— Non, en vrai, je n’ai jamais vu quelqu’un d’autre que moi y mettre les pieds. C’est dommage, les autres préfets ne savent pas ce qu’ils ratent.

La Gryffondor s’avança aux robinets, le bruit de ses pas contre le carrelage résonnant dans toute la pièce, et actionna les jets. La répercussion de la pression de l’eau contre la baignoir de marbre l’avait fait sursauter la première fois mais, maintenant, elle y décelait quelque chose d’apaisant. Peut-être était-ce simplement la familiarité de cet écho qui la rassurait, alors que sa vie devenait de plus en plus incertaine… elle n’en savait rien. Elle l’appréciait, point.

Pour combler le temps d’attente de remplissage de la piscine, Aldabella s’installa loin de celle-ci, appuyée contre le mur, de façon à ce que ses paroles ne soient pas entièrement enterrées par le vacarme des jets.

— Je ne t’avais pas véritablement remerciée, commença t-elle en levant les yeux vers Alycia. Tu sais, avec Marie, au début du mois. J’ai moi-même perdu mon sang-froid et Dieu sait ce qui aurait pu se produire sans ton intervention.

Elle lui adressa l’un de ces sourires reconnaissants qui lui étaient si propres. La scène pouvait peut-être sembler incongrue d’un point de vue extérieur mais, pour la jeune blonde, il s’agissait d’un instant important ; l’héritière Prendergast et la fille McWood, une Lionne et une Vipère, là, ensemble. À s’entendre.

21/11/2015

Laissant du large à Prendergast, je m'amuse à marcher par moment en zigzag feignant d'observer quelque chose que les autres ne voient pas. Enfermée dans une bulle de pensée, je prends tout de même le temps de vérifier où va Aldabella. Je n'aurais jamais cru que nous aurions pu nous entendre sur un point, mais alors rire ensemble... Bien moins encore. Elle n'était pas aussi présomptueuse et lèche-botte qu'elle se l'était laisser entendre. Il est vrai qu'Aldabella aimait avoir de bons résultats, qu'elle allait toujours dans le sens des professeurs alors que pourtant, je suis persuadée que quelque chose cloche avec ce professeur d'étude des moldus. Il n'est pas net et son regard fuyant est très inquiétant. Puis un moldu parmi les sorciers, tant Rusard, c'est compréhensible mais lui ? Non, non. On ne pouvait pas aller dans son sens, il n'était pas normal. Même pour un moldu, il n'est pas normal !
Mais cette vieille rancune s'était éteinte quand j'avais vu Prendergast rire. Je n'ai pas l'habitude de côtoyer des gens qui rit franchement et de bon cœur, la seule personne de mon entourage qui le faisait c'était Aaron. Et par Merlin, que son rire était affreusement délicieux. - Celui d'Aaron, pas celui de Prendergast. -

Montant un à un les étages, croisant parfois des élèves que je ne connais et que je salue, je continue néanmoins de grimper encore et encore. Je ne me souviens plus où se trouvent les bains, je sais juste que c'est un endroit qui n'est pas souvent fréquenter et que seuls les préfets ont détiennent la clé. On y disait que leur bain était magnifique, dorée et prestigieux. Je me demande bien pourquoi ils ont un tel privilège, à part faire régner un semblant d'ordre dans les couloirs du château, ils étaient aussi normaux que nous.
J'aurais aimé être préfète, mais Angel est passé avant moi. A être gentille et parfois compréhensive, je les mangerai tous si j'avais été à sa place.
Quoi qu'il en soit, nous arrivions déjà à l'étage souhaité. Au vu du ralentissement d'Aldabella, je suppose qu'elle vérifie que nous sommes bien seules. Je me retourne pour la bonne image, personne n'était derrière moi. Voyant la porte ouverte et Prendergast patienter, je me faufile à l'intérieur.

Le spectacle était de toute beauté, la salle de bain était grande, les robinets nombreux et la baignoire était en fait une piscine. Les bulles sont nombreux, les liquides changent de couleur et sentent pour les fruits et les fleurs. C'est presque incroyable, les vitraux sont magnifiques, mouvant... Alors que les nuages obscurcissent la pièce, elle ne semble pourtant pas perdre de son éclat. Je reste bouche-bée, même si j'avoue avoir sursauté quand elle a déclenché l'eau quelques instants plutôt. Le bruit était fort et pourtant, tout semblait silencieux, c'était surnaturel, apaisant. Bien heureuse, le sourire en coin, je me dis que sur tous les élèves de l'école, j'avais la chance d'être ici pour en profiter. Je n'irai pas me vanter, c'est mon secret... Puis de là à dire : J'ai pris un bain avec Prendergast... Je ne me voyais pas le faire. Elle avait moins ça pour certitude.

Je m'approche du mur sur lequel elle est adossée, et je l'imite. Je regarde l'eau couler à une vitesse folle dans la baignoire géante. Moi qui adore passer du temps dans l'eau chaude, je vais être servie.
A ma grande surprise, Aldabella me reparle de la fois où Marie avait pété un plomb. La sentence qui était tombée juste après le départ de la Gryffondor avait été sans détour, Marie avait eu peur. Bien plus peur que les cris de la préfète. Je la contrôlais, je la recadrais... J'aurais pu la tuer.
Aldabella avait eu la bonté d'écouter, même si l'hypocrisie de ma voix n'était pas voilée, ce jour-là.

« Tu n'as pas à me remercier, je n'ai fait que sauver les miches de ma première année. » Dans un soupire, j'ajoute : « Je devrais plutôt te remercier de ne pas avoir fait courir le bruit qu'elle était ... partisane. C'est une enfant, elle joue, c'est normal. »

Regardant le vide, l'eau commence à monter à bonne hauteur. J'avance de quelques pas et goutte l'eau du bout de doigt, elle a une température idéale, la mousse est belle et abondante. Il me tarde d'y aller, mais ni une ni deux, j'enlève ma cape boueuse, que je laisse tomber au sol. Commençant par les chaussures, le collant, la jupe, le pull, la cravate et enfin la chemise. En sous-vêtement face à l'eau, je me rappelle les nombreuses fois où mon père m'avait emmené à la mer. Je me tourne vers Aldabella, faisant dos au bain. J'écarte les bras et me laisse tomber dans l'eau.
L'eau s'engouffre et le souffle retenu, mon corps s'approprie l'information d'être dans l'eau. La douceur du bain mais sa chaleur surtout, rendait ce bain merveilleux. Submergeant de l'eau peu de temps après le plongeon, je reprends une grand bouffé d'air. Le maquillage coulant et les sous vêtements collant, je me mets à rire. A rire vraiment.

« C'est la meilleure chose qui m'ait été donné de vivre depuis très longtemps. Excepté le premier baiser avec Aaron... Je. »

Je fais silence. Je ne parlais d'Aaron à personne, j'écoutais les rumeurs, je ne les réfutais pas mais je ne les confirmais pas non plus. Faisant semblant de n'avoir rien dit, je me met à marcher dans l'eau profitant de la chaleur et de la mousse que j'envoie voler dans les airs.
Ce qu'il est bon de poser le masque par moment.

« Alors, tu viens ? » Je lui lance de l'eau de loin, ratant ma cible mais clairement joueuse.

Partisane. Alycia venait de confirmer ce qu’Aldabella n’avait cessé de nier depuis ce matin-là, dans la salle de classes ; Marie était bel et bien une partisane. Elle aurait dû être interrogée, arrêtée, même. Peut-être avait-elle déjà causé du tort, de la souffrance, des morts ? C’était une fidèle du Seigneur des Ténèbres et à cette instant, elle se promenait probablement quelque part dans les couloirs de l’école, insouciante. La coincer aurait été chose facile ; la préfète avait suffisamment de preuves, de témoins, d'aveux. Une occasion en or pour l’héritière Prendergast d’honorer son nom ; de prouver une fois pour toute qu’elle n’était pas un méprisable mage noir comme les générations avant elle ; de démontrer à son frère qu’elle était sur la voie de la réussite. Tout ce qui lui restait à faire était de quitter la pièce, en laissant McWood derrière et d’énoncer les faits à un adulte qui prendrait la situation en main. C’était facile et profitable.

Mais elle n’en fit rien. Elle se contenta de répondre à la Serpentard d’un haussement d’épaules et d’un léger sourire. D’un geste lent, elle se redressa alors sur ses pieds pendant qu’Alycia se laissait tomber dans la piscine. Aldabella fit glisser sa cape de ses épaules, passa son pull au-dessus de sa tête et déboutonna machinalement sa chemise, tandis qu’une boule de culpabilité de forma dans son bas-ventre. Parce qu’elle le savait, au fond. Elle ne devrait pas pas passer son après-midi à prendre un bain avec Mcwood. Plutôt, elle aurait dû réviser pour les examens, ou bien encore courir dénoncer Marie. Surtout dénoncer Marie.

Et pourtant, elle était là, à se déshabiller devant une vert et argent. Oui, elle se sentait terriblement mal, mais probablement pour les mauvaises raisons. Car le pire de la situation n’était pas qu’elle n’agisse pas en conséquences d’arrêter une fidèle du Seigneur des Ténèbres, non. C’était qu’elle n’en avait aucune envie. Autant pouvait-elle haïr Marie, autant détruire sa vie était le dernier de ses désirs, mage noir ou non. Et c’était un sérieux problème pour une future auror. Il lui était interdit de ressentir quelconque sentiments positifs à l’égard des pratiquants de magie sombre. Elle n’avait droit qu’à la haine, qu’au besoin de les savoir derrière les barreaux. Se lier à des sorciers noirs revenait à embrasser cette forme de magie elle-même. Et Aldabella n’était pas une mauvaise personne. Elle représentait la lumière, elle représenterait toujours la lumière. Peu importe ce que les autres disaient sur sa famille, elle prouverait qu’ils se trompent. Oui. Elle était une bonne personne.

Ce fut les paroles d’Alycia qui la tirèrent de sa transe désagréable, des mots qui chatouillèrent les oreilles de la préfète. Alors comme ça, Powell avait le pouvoir de lui faire perdre la tête avec ses baisers ? Un petit sourire malicieux se dessina sur ses lèvres, tandis que les derniers vêtements qu’elle portait tombèrent au sol. La Serpentard tenta de l’éclabousser de loin, tout en l’invitant à la rejoindre et, à son tour, la rouge et or se jeta dans les aux chaudes de la piscine. Le simple contact du liquide contre sa peau suffit à la faire chavirer. Complètement engouffrée sous la surface, elle laissa le léger courant l’envelopper et emporter ses mauvaises pensées au plus profond du bassin. Ainsi, lorsque sa tête transperça la limite entre l’air et l’eau, sa tête était entièrement vidée de ses horribles idées et, souriant toujours à Alycia, elle rejeta ses lourds cheveux trempés derrière son dos.

— Aaron, hein ? fit-elle , le regard plein de malice. Je ne te voyais pas vraiment avec un Poufsouffle, mais c’est tant mieux si vous vous entendez ensemble. L’important reste que vous soyiez bien, tous les deux.

L’adolescente fléchi les genoux, de façon à enfoncer ses épaules sous l’eau, et frotta sa main contre sa nuque, avant de poser les yeux sur sa paume.

— Seigneur, on est vraiment crasseuses, en fait.

Elle émit un petit rire qui résonna en écho dans la pièce spacieuse, un son léger, empreint de bonheur. Mais le résonnement de sa voix frappa Aldabella de plein fouet lorsque le souvenir de son précédent cauchemar envahit son esprit. La gorge nouée, le regard fixant le vide, elle se remémora cet enfer nocturne qui avait gâché sa nuit, il y avait quelques jours. Elle s’était habituée aux mauvais rêves -malgré le fait qu’ils étaient toujours aussi mal accueillis chez la jeune fille-, mais ce dernier avait été parmi les pires.

Dans son mirage, elle se trouvait toujours dans la salle de bain des préfets et, tout comme dans la réalité, elle n’était pas seule. La préfète des Poufsouffle était avec elle et les jeunes filles avaient discutés de tout et de rien. La jaune et noir était vêtue de son uniforme et ne semblait curieusement pas dérangée par le masque qui recouvrait le visage d’Aldabella. Pour elle, tout était normal, malgré le drôle d’acoutrement de la Gryffondor. Puis, cele-ci avait sorti sa baguette. Et comme dans chaque rêve précédent, il y avait eu des éclairs, des cris, des frissons. Puis, à nouveau, tout se terminait avec des supplications, une lumière verte et un rire. Un rire franc, terrifiant. Le sien. Finalement, elle dévoilait son visage, tout doucement, et jetait son déguisement dans la baignoire.

La blonde baissa lentement les yeux vers le fond de la baignoire, tâchant de distinguer l’objet de son cauchemar qu’elle avait lancé à l’eau. Mais il n’y avait que dans ses rêves qu’Aldabella pouvait vraiment laisser tomber son masque.