Défi.
Alycia McWood & Blaise Zabini.
L'horizon est parsemé de petites taches lumineuses, de ses villes festives se dégagent la chaleur des italiens. Leur hospitalité tout comme leur savoir vivre, de ses hommes qui ne s'empêchent nullement de reluquer les femmes, de sa main puissante sur mon épaule, il a fait comprendre que je n'étais pas à courtiser. J'aurais pensé qu'il n'en aurait rien eu à faire. Qu'au contraire, il s'en serait amusé, à me regarder me dépatouiller avec ces regards langoureux et sales. Le perroquet répétait sans cesse la même chose :
« Tu paieras. »Pourtant quelques années plus tôt, il aimait me voir en colère : il en était généralement la source. Il faisait surgir un démon ancien, une démence qui lui plaisait de
défier. A ses dépends très souvent. L'amoureux infidèle, l'enfant pourri gâté qui se croyait infaillible,
intouchable.
Il vivait une belle histoire d'amour, la sienne, et c'était tant mieux. J'avais la mienne à gérer. Ça a duré, ces petites aventures dans la forêt, personne n'était au courant, comme si ces événements se passaient dans un monde parallèle, loin de celui dans lequel nous pouvions vivre, triste et froid. On s'amusait, sadiques...
Narquois. Il riait à mon insu, je le déchirais au sien.
Je pose mon regard sur la mer en contre bas. Du balcon de la chambre, j'ai une jolie vue. La lune, haute dans le ciel, éclaire l'eau calme alors que les jardins luxueux parfont le décor, silencieux. La brise agite les rideaux de la chambre à couché, de ces hautes baies vitrées grandes ouvertes en ce juillet 2000. La chaleur est exquise, chaude, agréable... Les vapeurs de la nuit douce et clémente chatouille mon corps transpirant. Je croise doucement les bras m'appuyant sur la rambarde en marbre. Tout ce luxe. Et le perroquet qui ne gesse de me regarder.
A mon doigt brille un anneau, doré, gravé.
A&B. Étrange sensation. Disgrâce et trahison.
Le vent souffle doucement sur mon corps nu, j'observe toujours au loin alors que les bougies de la chambre peinent à éclairer le balcon. Le perroquet assit à côté de moi, silencieux.
Quelques années seulement, trois ans en réalité. Ma mère trouvait la mort et dans les méandres de sa bêtise, elle m'a donné l'occasion d'accéder au rachat de la faute de mon père. Helena McWood m'avait alors prise sous son aile, elle ne m'aimait pas beaucoup,
vieille peau sénile. Et pourtant sa gloire, sa fortune, ce qu'il restait de son patrimoine... Tout m'appartenait enfin. Ah que j'ai ri au nez d'Elena, je lui avais répondu que les bâtardes ne méritaient pas un tel bonheur. Tout changeait alors dans ma vie, je vivais dans un manoir dans une campagne anglaise loin de tout. C'était reposant, et je pouvais faire ce que je voulais. J'étais devenue
l'héritière McWood, mon rêve réalisé quand ma douce moldue de mère avait trouvé la mort dans sa manifestation anti-sorciers, quelle sadique fin.
Alors j'avais eu vent d'une union arrangée, j'ignorais encore qui serait mon fiancé. Mais il n'était pourtant hors de question que j'accepte. Non, mon petit-ami était Aaron et c'était très bien comme cela, et je ne voulais rien changé. Que la vieille dame meurt avant de
m'ordonner quoi que ce soit.
Je ne comptais pas si bien dire.
Un an après, Helena McWood trouva la mort, je devenais alors
la McWood.
En secret, diablement subtile, s'était signé l'accord de mon union. Sur le testament de la vieille, elle avait spécifié que j'héritais de tout, dans l'entièreté, fortune, elfe de maison, manoir... si j'acceptais d'épouser :
Zabini Blaise.
Imaginez-vous seulement à ma place, le garçon avec qui j'avais flirté, joué à un jeu malsain se retrouvait mon fiancé. J'ai du signé. Evidemment que j'ai signé, la gloire, le pouvoir... Je me fiche que ce soit Zabini, j'aurais pu être bien plus mal lotie. Il me connait au moins,
lui.
Non, le problème ne venait pas vraiment de ces fiançailles obligées. Le plus gros problème était Greengrass. La nouvelle était mal passée auprès d'elle, mais également auprès de ses alliés, la famille Westminbrook et Greengrass rejetaient en bloc cette alliance qui pourtant aurait bien lieu.
La relation entre Blaise et Daphné a viré au vinaigre alors que ma séparation avec Aaron a été bien douloureuse.
Promis l'un à l'autre à ma sortie de Poudlard, l'ambiance dans la maison de Salazar n'avait jamais été aussi mauvaise. Daphné était sortie de ses gonds pour la première fois, on l'entendait hurlé alors que je n'ai jamais été plus silencieuse.
Mon affiliation avec les mangemorts a été confirmé, j'ai entraîné Zabini avec moi. Triste réalité, il paraissait. Mais nous n'étions pas si malheureux, on était forts,
arrogants... Si ressemblants. L'amour, si l'on puît l'appeler comme ça, qui était né entre nous si longtemps auparavant ,continuait d'évoluer de façon
malsaine.
Je me retourne vers la chambre, je pose les coudes sur la rambarde, courbant le dos. Il dort les fesses à l'air, bien heureux dans les draps de soie.
« De la qualité italienne, McWood. » Enfin, maintenant je suis
Zabini. Alycia Zabini...
Le jour de la cérémonie, beaucoup était convié. C'était une belle prestation, et beaucoup y ont assisté, même Daphné. La robe blanche, les fleurs, les chichis... Rien de ce que j'avais organisé, car je n'ai
rien fait. Daphné nous a offert ce perroquet, il répétait sans cesse :
« Tu paieras. » Amusée, j'avais insisté pour le garder, le mauvais goût de Daphné avait le don de me faire plaisir. Alors que de toute la soirée, mon nouveau mari dévorait cette douce blonde du regard, j'avais au moins le plaisir de rencontrer de grands aristocrates. Quelques bons mots en la mémoire de ma défunte grand-mère.
Oui, gardez-les vos bons souvenirs.La soirée achevée, on s'éclipsa aussitôt en Italie. Portée comme une princesse dans la chambre à coucher, les bougies allumées, les fenêtres ouvertes. Il riait, mais parce que je l'amusais. Il voulait consommer, c'est de façon animal qu'il riait. Ah, au diable la nostalgie d'une première fois avec
Aaron, que ce soit ce soir ou un autre soir, j'y passerai quoi qu'il arrive.
***
Et je me suis levée quelques minutes après l'union de deux âmes écorchées. Il s'était endormi, bien heureux. Satisfait de son nouveau rôle de mari, celui fier d’exhiber sa femme face aux hommes.
Je suis belle, grande, fortunée...Médiocre. Et lui qui me regarde, foutu oiseau coloré :
« Tu paieras.»Je me glisse sous le drap, silencieuse...
comme la mort.
Étudiant à domicile pour devenir inventrice comme feu mon père, Zabini s'éclipsait pour travailler qu'il disait. Si vous saviez comme je me fiche de ce qu'il fait. Il pourrait ne pas rentrer que je ne le remarquerai pas. Pourtant, j'ai mis un point d'honneur sur sa fidélité. S'il faute, que je l'apprends, il meurt instantanément.
Risque et discrétion ou
risque et destruction. Valait mieux dans ce cas, ne pas prendre de
risque du tout.
Alors oui, il savoure l'étroitesse de nos liens pour assouvir ses frustrations. Passer sa vie avec McWood, il aurait ri quand il avait dix-sept ans. Aujourd'hui, respectivement dix-neuf et vingt ans, nous étions lancés dans une routine de couple à vomir.
Le Seigneur des Ténèbres détruit, nous vivons reclus, dans son manoir en Italie.
Le nôtre.
De temps en temps, on reçoit des lettres de ses parents. Moins je les voyais et mieux je me portais. J'étais la seule à devoir subir sa famille, je n'ai plus personne de mon côté, il peut donc ne pas penser aux piques incessantes de cette famille d'égoïstes.
Dans le jardin, sur une table près de la piscine, je travaille mes notes de potions quand Zabini rentre. Ses doigts toujours ourlés de bagues, - il avait laissé un doigt habillé d'un simple anneau, celui de notre union -, il me fait une légère pression. Sentimentalisme ou romantisme, quoi que ce fut, ce pouvoir de possession était délectable. Il remonta sa main le long de ma nuque, me sortant de ma concentration, il jeta alors sur la table des médicaments.
«
Tu as dit être malade, dit-il,
je t'ai ramené ça. C'est pour... le barbouillage, tout ça.-
Hm. Merci.-
Ca ne va pas mieux ?-
Non, je ne sais pas pourquoi je suis aussi barbouillée. Peut-être les huîtres de la veille.-
Peut-être. »
Il a fait une moue mi-intéressée, mi-faussement préoccupée, s'affaissant dans un fauteuil du jardin. Je le regarde en haussant un sourcil. Je me suis levée doucement pour m'asseoir sur son accoudoir, lui enlevant le journal des mains que j'ai jeté sur le sol.
«
Je suis néanmoins d'avis qu'on appelle le médecin.-
Tu es sûre ? Pour ça ?-
Ne discute pas et fais le. »
Je soupire mon agacement et il s'en va en me jetant un regard plein de dédain.
Ça l'amuse, évidemment qu'il s'amuse. Si je pouvais mourir, il irait retrouver sa douce Daphné.
Rustre gusse.Et le perroquet vole tout autour de moi :
« Tu paieras. »Las, je me suis frotté le visage et j'ai décidé d'aller dormir sur un transat profitant du soleil. Au milieu de ma sieste, une violente nausée m'arrache les entrailles au même instant qu'un médicomage arrive avec Blaise. La sueur au front, Zabini me regarde comme si je sortais d'un film d'horreur.
Le médicomage lui demande de partir, et j'explique mon mal être, l'oiseau malheur continuant de voler, parler,
hurler...
***
Au repas, entre deux bouchés, Zabini finit par rompre le silence. Il tousse en s'essuyant la bouche, finissant de manger. Je lève un sourcil, alors que le perroquet est juste à ma droite,
silencieux. Je regarde mon mari qui finit par lever les yeux sur moi, posant ses coudes sur la table, une verre de vin à la main.
«
Alors ? -
Alors quoi ? -
Il a dit quoi le médicomage ? -
Je suis enceinte. »
L'oiseau s'envole, tournoie doucement autour de Blaise et répète dix fois :
« Tu paieras. » avant de prendre feu.
Les yeux dans les yeux, Zabini comprend enfin que tout ceci n'est pas un jeu.
La verre défie l'apesanteur, rencontrant la table sans se briser, son contenu se vide sur la table. Sans bouger, je le regarde en mâchant nonchalamment.
La bouche entrouverte, il est resté statique tout le long du repas.
- A toi lecteur.:
Si vous voulez que j'écrive une suite, n'hésitez pas à m'en faire part.