Baignade forcée | Libre

C'était arrivé si vite.

Il ne l'avait pas vue, portant toute sa mince attention sur le félin qu'il avait remarqué seul, dépourvu de toute attention que pouvait lui porter son maître ; Rusard. Alors il avait commencé à le courser, dans l'espoir d'éventuellement pouvoir le jeter dans le grand lac encore glacé. En soit cette idée n'était pas erronée ; ce chat puait la mort, et une douche froide lui ferait le plus grand bien. Et puis, par Merlin ; Il n'allait pas s'excuser, c'était pour la bonne cause ; Oui, la folie vengeresse d'Alycia commençait vraiment à déteindre sur lui, et ce à ses dépends.  

Seulement, rattraper un chat, aussi gros fut-il, n'était vraiment pas une tâche si facile que ça en avait l'air ; ces bestioles courraient vite. Vraiment vite. Alors Aaron prit la décision ─ un peu insensée, certes ─ de se taper un sprint en zigzaguant entre les élèves présents autour du lac. C'était un peu présomptueux de sa part, car il perdit rapidement le chat, qui lui s'éclipsa plus rapidement qu'il ne l'avait espéré.

Voulant finalement abandonner sa petite blague, qu'il aurait presque savourer ; regarder le chat de Rusard essayer tant bien que mal de ressortir de l'eau était un spectacle plutôt inhabituel, exact ? Bien sûr, jamais le Poufsouffle ne l'aurait laisser couler jusque dans les profondeurs de l'eau. Mais le voir galérer à regagner la terre ferme aurait était.. Divertissant.

Il observa les alentours, et le vit ; ce dernier était assis, semblant l'attendre. Attendez, il le narguait ? Non, il allait vraiment avoir sa peau à cet animal. Reprenant sa course, et rattrapa assez rapidement le chat qui détala aussi vite qu'un Hippogriffe ; baissant lentement la main pour l'attraper par la peau du dos, il força son corps à se crisper tandis que ce dernier changea totalement de direction, virant sur la droite au dernier moment.

Aaron l'observa, dégoûté, avant d'enfin voir ce qui l'attendait devant lui, incapable de s'arrêter à cette distance. Ouvrant de gros yeux ronds comme des billes, le Poufsouffle jura, avant de rentrer en collision avec la jeune fille pas si inconnue que ça. Et merde.

Le mois de mai était survenu à la même vitesse, que celle dont usaient les cognards pour attaquer les différents joueurs d’un match de Quidditch. La chaleur du futur été se rependait sur les plaines Anglaises. L’année était passée à une rapidité époustouflante. Penser, que, dans deux mois, et une année, Saphire quitterait Poudlard pour toujours. Rien ne pouvait plus la déprimer. Peut-être irait-elle à Haveirson si, sa patience le lui accordait. En cas contraire, ses études magiques finiraient leur course très bientôt. De toute façon, la jaune et noir n’avait aucune idée des professions auxquelles elle pourrait s’aventurer. Voyager. Voilà la seule hypothèse qui ne lui semblait pas hors de portée. Aussi, pour éviter de ruminer ses idées déprimantes, l’adolescente, décida qu’une promenade d’extérieur lui remonterait le morale. Elle avait l’habitude d’aller vers le Lac, ou même le Parc.
La Poufsouffle était une personne active, ne pouvant supporter de rester trop longtemps enfermée à ne rien faire. Dû à la température plutôt douce, la sorcière ne revêtit qu’un jean troué, avec un tee-shirt dégradé de beige. Pour les chaussures, des baskets vinrent s’enfiler à ses pieds.

Alors, la jeune fille se dirigea vers le Lac Noir, qui, grâce aux reflets de l’astre solaire ne l’était plus vraiment. Sa surface, était plus d’une couleur virant entre le grisâtre et le vert kaki. Même si elle n’appréciait pas vraiment ces couleurs, la rousse ne pouvait que trouver l’onde magnifique. Parcourant de ses yeux les environs de l’endroit, Saphire remarqua quelque chose se mouvoir au loin. On aurait dit quelqu’un qui fuyait. Au fur et à mesure que la silhouette se dessina, la rose put remarquer qu’il s’agissait d’un garçon de sa maison. Aaron Powell. Si elle ne se trompait, il devait être en cinquième année.

N’y prêtant pas plus d’attention, ses iris opalines retombèrent sur la danse endiablée, que menaient les rares vagues, à la surface de l’eau. Ses lèvres allaient former un sourire, quand tout d’un coup. Quelque chose, ou plutôt, quelqu’un la percuta. Un cri de surprise s’échappa de sa bouche, tandis que la sixième année, ainsi que l’inconnu, tombèrent à l’intérieur du Lac. La température de ce dernier, immobilisa Saphire, tant elle était gelée. Elle n’avait aucune idée de qui l’avait renversé, il n’y avait eut qu’elle et…Aaron. Cette fois, quand elle serait sortie d’ici, il allait l’entendre.

Mais pour le moment, l’étudiante ne pouvait guère penser à cela. Elle était coincée entre les algues vertes, et sa peine à remonter à la surface. Mais plus elle s’en approchait, et plus elle lui sentait lointaine. Aidez-moi !

C'était arrivé beaucoup trop vite. Il n'avait eut aucune chance de l'éviter, perdant tout à coup son sourire blagueur lorsque la jeune fille hurla, surprise. Tombant tous les deux à terre, collés, pour débouler un court instant dans le peu d'herbe qui séparait les deux Poufsouffles de l'immense lac gelé. Aaron eut à peine le temps de prendre sa respiration que tout son corps fut rapidement immergé par l'eau, imité par celui de sa camarade de maison.

Il bloqua sa respiration, incapable de stopper sa descente dans les profondeurs sombres & dangereuses. La lumière de la surface s'éloignant peu à peu de lui, il faisait tout ce qu'il pouvait pour ralentir sa chute, se débattant et faisant de grands gestes tous aussi inutiles les uns que les autres. Un silence assourdissant ; un calme ennuyeux, mais pourtant reposant. Son dos toucha enfin le fond du bassin, Sa chevelure blonde touchant Il devait déjà avoir perdu plusieurs mètres avant de se ressaisir, les bulles d'air s'étant maintenant dissipées. Merde. Merde. Saphire. Ouvrant difficilement les yeux ─ l'eau, n'était pas du tout son élément préféré ─ il tourna la tête dans tous les sens, une vue désormais floutée n'aidant pas vraiment, avant d'apercevoir la pauvre rousse qui semblait ennuyée par les algues pour remonter la surface.

S'efforçant tant bien que mal pour ne pas ouvrir la bouche ; il voulait vraiment respirer. Pourtant la situation faisait qu'il ne pouvait définitivement pas laisser Saphire le temps d'aller reprendre sa respiration. Ce serait trop tard. Non. Ne surtout pas penser à ça.

Le blond s'approcha alors de la sorcière, l'attrapant par la main & prenant appui sur le sol ; les plantes marines lâchant difficilement mais sûrement leur proie. Il ne perdit pas un seul instant : suivant Saphire qui commençait déjà sa remontée, le jaune & noir se dirigea vers la surface, un cœur qui palpitait, tandis que tout son corps tremblait sous le manque d'oxygène. Il y était presque.

Plus il remontait ; plus la lumière se faisait intense. Vivement que ce cauchemar finisse, il avait l'impression que sa tête allait exploser. Mais sa vision se fit progressivement plus trouble, moins efficace ; ses mouvements étaient mous, tandis que l'eau se faisait moins clémente. Parfois il pensait qu'il allait s'endormir, ses vêtements lourds & trempés, rendant la tâche plus difficile. Il sentit alors tout le peu de force qui lui restait déserter ses membres. Lâchant, faiblement ; il repartit en sens inverse, suivant du regard Saphire qui devait avoir atteint la surface, pour s'enfoncer de nouveau dans l'obscurité du lac.

Elle était sauvée. C'était tout ce qui comptait à l'instant présent pour le Poufsouffle qui s'abandonna, allongé.

Foutu chat.

L’eau s’engouffrait par chaque pores, de le peau de la sixième année. L’air lui manquait. L’asphyxie était proche. Saphire tentait tant bien que mal, de s’extraire de la prison d’algues, formée autour de son corps, l’attachant, l’emprisonnant. L’adolescente avait beau, se tordre dans un sens, puis dans un autre l’instant d’après, rien n’y faisait.
Ses jambes restaient accrochées aux plantes marines. A cet instant, la jaune et noir pensa qu’elle allait mourir ici. Dans ce lac, au froid mordant, et à la carrure pesante. Ses pensées partirent vers Léo, son père adoptif, qui l’avait recueilli, et élever comme si la petite était de lui. Vers ses amis, bien que peu nombreux, Eléonora, Lucy, Mysie...Elle n’avait quasiment aucune chances de les revoir un jour.

Elle était condamné, et hélas, ce garçon, qui les avaient plongés dans le lac aussi. Bizarrement, à ce moment, Saphire n’était même pas en colère contre lui. Juste exténuée, mais pas en colère. Ses yeux se fermèrent, quand tout d’un coup, Aaron, qui l’avait attrapé par le bras, poussa contre le sol sableux, assez pour que la sorcière, puisse regagner lentement la berge.

La puissance de la poigne, qu’avait exercée Aaron sur le sol, avait suffit à l’orpheline, pour qu’elle puisse avoir une longueur suffisante d’avance. Sans quoi, elle serait restée bloquée au fin fond du lac, et y serait certainement resté jusqu’à ce que son corps ne puisse plus supporter le manque d’oxygène.
La lumière du soleil réapparaissait peu à peu sur les ondes mouvantes de la surface, suffisamment pour que la rousse ait le courage de nager jusqu’à elle. Ses bras, bien que plongés dans l’eau glacée, irradiaient à une chaleur insupportable, sous le crawl instinctif. Mais, le pire restait ses poumons. Elle avait l’impression que ces-derniers s’arrachaient à une lenteur insupportable de son corps. Prenant leur temps, tel une mélodie dramatique, refusant de jouer sa dernière note.

Enfin, après un temps qui lui semblait éternel, Saphire sortit son visage de l’eau, et remarqua que son cadet ne l’avait pas suivit. Et merde. Sachant, qu’elle n’aurait pas assez de temps et d’énergie pour aller chercher elle-même le garçon, elle s’empressa de grimper sur la rive, et dans un dernier geste, avant l’évanouissement, causé par la fatigue, de lancer un « Accio Aaron », assez puissant selon elle pour remonter le jeune homme.

Le sol sableux ; tel un matelas, reposant. Il ne pensait plus à grand chose à ce moment-même ; pourtant le visage de Aly apparut clairement devant lui, tandis que son corps faible & dépourvu de toutes formes de force était incapable de bouger le moindre petit doigt. Il aurait juré que c'était une illusion, tant sa Serpentard lui sembla réelle. Tout comme ses parents qui lui apparurent un court instant, avec un large sourire ; presque apaisant. Puis Lune, bien qu'ils ne s'adressaient plus la parole depuis ce jour-là. Skyler. Angel. Julian. Molly. Hestia. Mysie. Cyril. Camille. Il aurait vraiment aimé leur dire au revoir, et pourquoi pas à quel point ils les aimaient, tous. Ho, c'était une sensation tout à fait bizarre. Le blond avait déjà lu quelque part que lorsque la mort paraissait proche, les êtres les plus chers de la personne pouvaient lui apparaître. Encore une information inutile qu'il avait retenue. Il ria presque à cette pensée. Juste un faible sourire.
Puis, dans un dernier effort, sa bouche s'ouvrit, l'eau pénétrant rapidement à l'intérieur de ses poumons, tandis que ses yeux se fermaient lentement mais sûrement. Une noyade certaine.

Ça aurait pu demeurer étouffant, même agaçant de ne plus sentir l'oxygène affluer dans tout son organisme ; pourtant ce fut presque une délivrance. S'efforçant jusqu'à cet instant de ne plus respirer, il pensait qu'il allait finir par exploser. Son cerveau chauffant anormalement. Comme une véritable torture. Interminable. Alors quand il abandonna enfin, la douleur s'arrêta, pour laisser place à un apaisement soudain.
En soit, ce n'était pas une mort si naze ; en fait si. C'était carrément pourri, comme mort. Il s'était fait avoir par ce putain de chat. Qui empestait la poisse à quinze kilomètres. Tout comme son maître, d'ailleurs.
Il n'avait même pas envie de s'énerver ; après tout, c'était entièrement de sa faute. Il avait même mis quelqu'un en danger à cause de ses agissements stupides. Il aurait vraiment dû gagner en maturité, par Merlin ! Mais bon, c'était un peu tard pour ce genre de regrets.

Mais quelque chose clocha. Comme s'il bougeait, inconsciemment. Aaron était sensé être évanoui. Ce n'était clairement pas possible. Pourtant, il sentit son corps se soulever, ne touchant même plus les profondeurs de ce lac gelé. Il remontait à la surface. Il le savait ; mais ne pouvait pas pour autant bouger selon ses envies. Le sorcier ne pouvait pas bouger du tout.

Puis, il gagna en vitesse, et finit par sortir de l'eau, pour être délicatement posé sur le rivage, sur lequel il reste endormi. Gelé, trempé, & endormi.

La respiration sifflante, les poumons en chair enflammée, voilà ce que se souvenait Saphire. Sa poitrine qui se soulevait à rythme irrégulier, donnant l’impression à certains instants qu’elle avait cessé de respirer. Un bruit sourd avait retenti sur la berge, et les rayons de soleil recouvraient maintenant deux corps inanimés. Celui d’abord, d’un jeune garçon aux cheveux blonds comme le blé, assez moyen en taille, les vêtements trempés. La seconde, une fille un peu plus âgée, qui elle, avait la chevelure de feu, n’était pas plus sèche que son compagnon.
Leur teint, à savoir blanc, virant vers le bleu, était les mêmes l’un que l’autre. Et, ils devaient certainement ressentir la même impression.

Que s’était-il passé pour que les deux collégiens soient dans cet état. Simplement, le garçon, qui se nomme Aaron, a renversé la fille, Saphire, l’entrainant avec lui dans les profondeurs du Lac Noir. Il a aidé la rousse à s’échapper des fonds maritimes, qui, une fois à la surface, dans un dernier élan magique, lui à rendu son aide en le remontant à son tour. Et les voilà, couchés, à quelques mètres d’écart, au visage blafard.

Soudain, la sorcière se met à cracher de l’eau, d’abord imperceptiblement, puis ensuite, de manière plus prononcée, jusqu’à vider ses bronches de tout ce liquide, qui donne la vie, mais peut aussi la reprendre. Un tel paradoxe. Si, au début, elle tient à peine sur ses genoux, en brave Poufsouffle qu’elle est, se déplace, presque en rampant vers son camarade de maison, toujours endormie.

Elle se place à côté de lui, et pose sa tête sur son buste. Elle entend son cœur battre. Il est en vie. Avec un soupir non-feint de soulagement, elle laisse tomber sa tête sur le sol, et ne prend même pas la peine d’amortir sa chute. Elle est fatiguée, à quelques seconds prêts, morte, et à côté d’un gars, qui, si elle ne l’aide pas, pourrait bientôt l’être.
Alors, Saphire se rapproche de l’autre Poufsouffle, et, bien heureuse d’avoir reçu des cours de sauvetage, donne un grand coup de poing serré, sur le torse du blond. Avec la force que prodiguerait le coup, cela éjecterait l’eau des poumons, et ferait revenir le jeune homme à la conscience. Enfin, il y a toujours des exceptions, mais la sixième année espérait vraiment que ça marche. Vraiment.

L'herbe fraîche faisait comme un lit sous son corps trempé ; encore endormi, Aaron pouvait néanmoins entendre quelques bruits extérieurs au bourdonnement dans sa tête & sentir un poids se poser sur lui. Une chaleur rassurante. Quelques cheveux lui chatouillèrent le menton, mais il était en incapacité à réagir. C'était une sensation très étrange, en revanche ; plus compliqué qu'un simple "il était endormi, mais aussi éveillé". Comme dans un rêve, en réalité. Alors qu'il sentait encore son cœur battre lourdement contre sa poitrine.

Il n'arrivait pas à bouger le moindre de ses membres, quand il reçut un gros coup sur son torse. Le Poufsouffle ouvrit subitement les yeux, alarmé par l'eau encore présente dans ses poumons, et se pencha sur le côté pour finalement tout recracher, d'abord lentement puis en un flot rapide qui se déversa sur le sol, ce qui fut un passage assez désagréable à vivre. Mais bon, c'était toujours mieux que de finir sa misérable vie au fond d'un lac parce qu'on s'est fait avoir par un chat, exact ?

Il se rallongea rapidement, quelques gouttes roulant le long de ses joues & reprenant de longues inspirations, incapable de parler, ou même de remercier son sauveur. Ou sa sauveuse d'ailleurs ; il aperçut vaguement sa camarade de maison se poser à sa gauche, aussi épuisée par l'effort. Il n'avait pas encore la force de s'excuser. Pourtant, cela lui paraissait tout à fait approprier. Les mots n'arriveraient pas à sortir d'eux-mêmes toutes manières. Qu'est-ce qu'il pourrait lui dire de toutes façons ? Les excuses seraient un début, mais certainement insuffisantes. Il aurait pu y passer à cause de sa bêtise et sa soif de blagues, en entraînant par la même occasion dans sa chute l'innocente Demmener.

Ho, le Poufsouffle s'en voulait affreusement.

Il tourna machinalement sa tête vers le visage angélique de l'autre rescapée, pour finalement retourner ses iris en direction du ciel bleu ; comme un soulagement. un certain apaisement même.

« Je suis... désolée. » Sa respiration encore saccadée ne l'aidait en rien à bien articuler, mais présenter ses excuses à Saphire était nécessaire. Tout était de sa faute. Elle n'avait été qu'un dommage collatéral, et la culpabilité le rongeait.

Le souffle des deux jeunes gens se faisait toujours sifflant, et leur peau couverte d’eau, et à quelques endroits, d’algues vertes ou noires, se battaient pour obtenir un petit peu d’oxygène. Ils avaient au moins la chance de pouvoir profiter de la caresse ambiante du soleil.
Douce litanie, qui aurait pût les endormir si ils n’avaient pas été dans cette situation. Les brins d’herbes fraîches formaient à eux seuls, un lit de mousse, enveloppant la chair des adolescents.

Visiblement, le garçon, Aaron, qui même avec sa difficulté à reprendre une respiration acceptable, désirait dire quelque chose à la fille rousse, Saphire. S’excuser apparemment. Cette dernière se leva sur un de ses coudes, et fixant son regard de la même couleur, que la pierre qui forgeait son prénom, déclara :

-Tu n’as pas à t’excuser Aaron. Tu as 16 ans. C’était un accident, et cela arrive à tout le monde de faire des âneries. Surtout à des ados comme nous !

Lui offrant un radieux sourire, la sorcière, penchant la tête de côté continua :

-Ça va aller ? Tu as encore du mal à respirer ?

Pendant que le Poufsouffle répondait à la sixième année, celle-ci jeta un sort pour sécher leur corps et leurs vêtements. Elle se leva, en tendant sa main à son cadet, afin qu’ils aillent discuter dans un endroit plus agréable pour les deux personnes. Ils se dirigèrent vers un espace, qui, était coupé par les éclats solaires et l’ombre rassurante des Saules Pleureurs. Un banc inoccupé y était installé, et la plus âgée, certainement suivie d’Aaron, alla s’y asseoir.
Laissant le soin au sorcier de commencer ses questions ou un début de dialogue, elle le commença elle-même.

-Dis donc, pourquoi est-ce que tu courais comme ça ? On aurait dit que tu avais le diable en personne à tes trousses !

« Comment ça ça arrive à tout le monde ? Tu veux dire que tous les jours un imbécile fonce dans une fille, tombe dans l'eau avec elle, et manque de se noyer ? » Il n'avait pas dit ça méchamment, mais la façon avec laquelle Saphire prenait la situation, à la légère, l'inquiétait. Plongeant ses yeux noisettes dans le regard apaisant de la rousse, il précisa, « Le fait que je sois un ado ne justifie pas le fait que j'aurai pu nous tuer par immaturité. » A cause d'un chat, plus précisément. Mais Aaron préféra passer ce détail sous silence. Pourtant, le sourire joyeux de sa camarade le fit sourire en retour, tout de même soulagé qu'elle ne lui tenait pas rigueur des derniers événements. De sa tentative d'homicide involontaire.

Rapidement, elle prit de ses nouvelles. Pour savoir comment il allait. S'il avait eu la force de bouger, il se serait baffer. S'excuser c'est bien, s'informer c'est mieux. « T'inquiète pas, ça va. Mieux en tout cas. & toi ? » Enfin, s'il mettait de côté le fait que son cœur n'arrivait tout bonnement pas à se calmer, et que bouger un membre de son corps lui demandait un effort presque surhumain tant l'énergie donnée dans l'eau avait été intense. Mais, il respirait. C'était toujours ça, non ?

Aaron se retrouva sec en moins de deux secondes. Remerciant d'un hochement de tête la sixième ─ septième ? Il ne savait plus ─ dans ce cas-là c'était deux fois plus la honte quand même ─ année, l'imitant difficilement pour tenir sur ses jambes. Acceptant volontiers sa main, il suivit son aînée jusqu'à un banc à l'ombre, profitant de la fraîcheur des Saules Pleureurs. Il s'étala sur le banc, aux côtés de la sorcière, silencieux jusqu'à ce que la Poufsouffle coupe ce moment de tranquillité beaucoup trop appréciable.

« Je.. », poursuivais un chat qui m'a faussé compagnie au moment où je rentrais en collision avec toi ? Jamais de la vie. « Je me souviens plus. Pour tout te dire. » annonça-t-il clairement, sans la moindre attitude qui pourrait le trahir. « & toi ? Tu te promenais avant ta baignade un peu forcée ? » Ouah, très amusant Powell, vraiment.

Détournant le regard, il fixa un point vers le lac, totalement vidé de toutes ses forces. Franchement, il allait ressortir de Poudlard peureux comme un Elfe de maison.

Le garçon à la chevelure de blé avait l’air contenant des tas d’émotions loin d’être positives. Agacement, Gêne, qui persistait malgré la délicate brise qui traversait son corps assis sur le banc. Quand à Saphire, elle avait eut peur. Certes. Elle n’aurait plus confiance dans les gestes d’Aaron pendant un moment. D’accord. Elle ne lui en voulait pas pour autant. Et ça, ça n’était pas normal. Il avait raison après tout ! Elle aurait pu y laisser sa peau. Mais il l’avait aussi aidé. Eh bien que la rousse, n’eût confiance en personne, comme si elle était toujours espionnée, elle vouait une certaine clémence et protection envers ses cadets. Après tout, elle faisait partie des plus âgées, et il était de son devoir de veiller au bien-être de ses semblables. La sorcière aux origines inconnues le faisait aussi parmi les élèves d’autres maisons- bien que les jeunes Serpentards étaient plus difficiles à approcher- mais restait plus abordable pour les jaunes et noirs. Elle persistait. Elle n’avait confiance en personne. Mais elle n’était pas paranoïaque.

-Oublies- ça. C’est fait, et ce n’est pas se plaindre qui fera changer le passé. C’est le fait que tu ne le feras plus qui est important. Et puis, je ne m’étais jamais baignée dans le Lac. Tu m’as au moins permis cela !

Cette bienveillance des blaireaux, qui les caractérisaient tant. Même les plus têtus reconnaissaient la maison des Poufsouffles comme celle des fraternels. Simplets pour les plus radicaux. C’était également les jaunes et noirs qui possédaient le plus de préjugés. Tout y passait. « Bêtes, Mauvais sorcier, Non-ambitieux, fanatique de plantes » ou que dire encore ? Probablement rien, telle la bêtise qui s’en dégage est importante.

-Oh, je vais bien, ne t’en fais pas pour moi, tu en as assez fait dans l’eau en me remontant vers la surface.

Un agréable silence s’était instauré. Seul le chant des rossignols aux diverses couleurs animait l’atmosphère autour des camarades de maison commune. Les vagues de l’ancien possible cimetière de ces derniers s’agitaient discrètement, allant de temps à autre déposer sa semence sur le sable blanc. Ironique quand on sait que son nom portait la couleur inverse.

-Pas grand-chose à vrai dire ! Je me promenais, j’en avais assez des sous-sols pour une fois !

Pourtant, la rousse n’avait pas à se plaindre. Cela devait être les Serdaigles ayant le vertige qui souffraient ! Devoir dormir à des mètres du sol quand on a peur de la hauteur… Effrayant. Bravo Demenner, tu arrives comme même à te répéter dans tes propres pensées !

« Je ne m'étais jamais baigné non plus.. Enfin, pas ici. » répondit-il faiblement à son aînée, un léger sourire sur les lèvres ; il aurait pu en rire. Pourtant la situation n'était clairement pas digne de recevoir un quelconque ricanement. Ce n'était définitivement pas drôle.

« Mais après cette.. Expérience, je ne pense pas vraiment avoir envie de retenter le coup, là, tout de suite. » Ce fichu chat, jamais il n'y retouchera. C'était presque une promesse qu'il se faisait. Presque, parce qu'il savait pertinemment que tôt ou tard, la tentation serait beaucoup trop forte.

Cependant la gentillesse, la bienveillance finalement avec laquelle Saphire le réprimanda, en quelques sortes, le toucha ; elle ne lui en voulait pas, c'était un fait. Aaron s'en auto-voulait sûrement davantage, c'était d'autant plus étonnant sachant qu'il aurait pu la tuer. Sans le faire exprès, bien sûr, mais la tuer quand même. Ce n'était pas un jeu. Ce n'était pas à prendre à la légère. Mais il savait qu'il ne ferait pas changer la Poufsouffle d'avis ; à quoi bon, dans tous les cas ? Pour qu'elle lui en veuille ? Pour qu'elle se venge ? Non merci, s'il pouvait éviter qu'une camarade de maison souhaite sa mort, ce serait plutôt chouette.

D'un autre côté, les clichés qui reposaient sur la maison d'Helga ressortaient davantage ; Demmener et sa gentillesse ne pouvait qu'affirmer que les Poufsouffles étaient des êtres beaucoup top compréhensifs & pardonnant facilement. Powell aurait presque pu s'énerver pour ça ; qu'elle ne comprenne pas la gravité de ses actes. Non, au contraire. Elle s'assurait qu'il allait bien ; elle prenait soin de celui qui aurait pu être son meurtrier, par le string de Dumbledore ! Le sorcier avait presque envie de la secouer, bon sang.

Puis il s'aperçut qu'il y avait un gros blanc depuis un long moment ; un silence beaucoup trop pesant & insupportable, sachant que dans l'eau le peu de sons vous rendez malades. Ça lui rappelait trop sa descente aux enfers. Ses muscles qui le lâchèrent subitement. La fatigue qui le prit par surprise ; tandis que son dos reposé sur le sol sableux du fond du lac.

Un frisson.

« Bah franchement, ils commencent à me manquer, d'un coup. » Annonça-t-il en se relevant, tanguant légèrement par le changement brutal de position, pensant rapidement à son lit qui l'appelait. Son corps ne s'était pas encore remis totalement du manque d'oxygène. Aaron devait rentrer, se reposer ; laisser s'évader tout ce surplus d'émotions. « Je.. Hm.. » Il hésita à encore s'excuser ; sachant pourtant que ça agacerait la Poufsouffle, il se tut, plongeant un regard sincèrement désolé à la sorcière. Encore. « Je vais y aller. A la prochaine Saphire. » Puis, sans un regard, il partit en direction du château.