Interrogatoire : Isia N. O'Hara - Mercredi 26 mars à 16h00

La lettre de convocation avait été lue puis déposée sur son bureau pour être finalement oubliée. Un temps seulement puisque son radar interne l’avait avertie, dans la matinée, qu’elle avait oublié quelque chose. Ce devait être important vu la puissance du rappel et l’impression d’urgence qui l’avait gagnée.

Les Aurors, une convocation, fin mars.. Isia était arrivée en avance de quelques minutes, une sorte de soupape de sécurité avant d’entendre la raison de sa présence. Elle n’avait pas perdu son temps à questionner l’homme qui lui avait demandé d’attendre dans une salle, préférant économiser sa salive pour les prochaines minutes à suivre. Elle n’avait rien à se reprocher.. encore. La situation changerait sûrement bientôt, enfin, si tout se déroulait correctement, les Aurors ne seraient pas informés.

Les mains sur ses cuisses, elle patientait donc, en lissant un pli ici ou là qui s’était logé sur sa robe carmin. Finalement, on vint la chercher et elle se rendit dans le bureau qu’on lui avait indiqué. Elle salua l'homme simplement, comme elle se devait de le faire dans pareilles circonstances, mais n’esquissait aucun sourire. L’Ecossaise prit place, déposa ses mains sur le bureau et hocha la tête après la présentation de l’Auror Carwood.

« Bonjour Monsieur Carwood. » Une pause, une inspiration légère, dénuée de peur ou d’une quelconque agitation, Isia avait une parfaite maîtrise de son être. Son coeur ne battait pas plus vite, ses mains n’étaient pas moites, sa respiration était mesurée et aucune rougeur ne venait colorer son visage d’ivoire. « Je crains les ignorer tout à fait et j’en suis fort attristée.. puisque j’aurais alors pu préparer quelques informations plus achevées. Suis-je convoquée suite aux attaques d’Avalon et lors de la conférence de presse ? Ou est-ce pour parler de mon stage auprès des Aurors ? » Poser des questions n’était pas très poli mais elle n’avait pas pu s’en empêcher.

L’Ecossaise fronça très légèrement les sourcils à la réponse de son interlocuteur. C’était comme une gifle du bout d’un gant, cinglante mais légère, toujours cuisante sur les poussières de son égo.  Elle n’était pas assise en face d’un aristocrate, non, elle était interrogée comme.. un suspect, les paroles non édulcorées par les politesses.

Elle tapota du bout des doigts sur la table en écoutant précisément ce pourquoi elle était là. Anton Costello. Forcément.. Elle haussa les sourcils d’agacement et alla même jusqu’à rouler des yeux dans un manque ultime de bienséance.

«  Je ne sais pas si l’on peut parler d’altercation, étant donné qu’il était le seul à vociférer. Néanmoins, oui, vous avez raison, il a semblé me tenir responsable pour on ne sait quoi. »  Isia s’écarta un peu de la table et plaqua son dos contre le bois de son dossier. « Ce jeune homme est aussi perdu qu’il est arrogant. Mais je ne vous apprends rien. »

Isia l’observait également et, sous ses airs de jeune demoiselle de bonne famille, se cachait un regard acéré que son éducation avait rendu froid. « Je vais vous faire une confidence, Monsieur Carwood, je ne me souvenais pas qu’il était considéré comme Sang Pur avant que les lettres ne viennent me l’apprendre. Mon père étant un aristocrate fervent défenseur de la primauté du Sang, Monsieur Costello a cru que je partageais les opinions de mon père, ce qui est une cruelle erreur. » La sorcière était toujours aussi calme et mesurée.