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 All palaces are temporary palaces | Daphné

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MessageSujet: All palaces are temporary palaces | Daphné    All palaces are temporary palaces | Daphné  EmptyJeu 24 Mar 2016 - 23:52

Ils arrivent et c'est le crépuscule ; la fin d'une après-midi tiède du mois d'avril, lorsque l'air est tout à fait tiède à 17h, et que le ciel s'évanouit en lavis de rose. Il est nauséeux et fatigué et il pense à Drago Malefoy alors qu'enfin il gagne le manoir Zabini, cette architecture opulente, sculptée dans le marbre de Carrare, ourlée de dorures, ornée de portraits solennels aux cadres sophistiqués, frangée de tapis persans aux arabesques aussi compliquées que le seraient les pensées affolées d'un homme.

Ils sont Orphée & Eurydice, et ils reviennent des enfers : sur Daphné Greengrass, les regards de ses cousins sont circonspects et sages. À 8 et 11 ans, ils ne parlent pas l'anglais, pas très bien - pas aussi bien qu'ils ne le devraient, l'a déploré Eligio Zabini -- et le regard de son fils aîné, ce garçon "tellement sérieux", "si sage", dont le visage semble figé par le sérieux derrière ses lunettes, occasionnellement froissé par un tic machinal, accuse silencieusement la sentence.

(Son anglais, et Daphné Greengrass l'apprendra très vite, est très bon. Un travail fastidieux que fourni ce jeune homme, qui voit défiler les précepteurs aux airs de déférence ! Car Achille apprend le latin et puis le grec et l'anglais ; commence le français ; étudie l'Histoire de la Magie, et joue la musique.)

Le domaine est paisible ; et rien ne heurte l'ondoiement aimable du velours des plaines, car il s'agit, en ces temps "troublés", ces "temps de guerre", de demeurer discrets.
Car ils sont exposés. Et, ainsi que le murmure sa tante, sibylline alors qu'ils gagnent le parvis du manoir, son attention attardée sur l'ambitieux domaine, ils ne demeureront pas longtemps ici.

(la chute de l'Empire)

Avant d'offrir le plus lisse de ses sourires ; parce que Giuseppina Zabini est une femme souriante ; courtoise et appliquée ; la plus aimable des maîtresses de maison, même lorsqu'elle pose sur vous l'expression de la suffisance et vous demande avec la même aisance que si elle devait s'enquérir sur votre état de santé, avez-vous un parent que je suis susceptible de connaître ? dans un anglais qui est mâtiné par la façon dont son accent brise les syllabes éthérés de l'anglais ; elles roulent dans sa bouche et s'en extirpent pures et impénitentes, ciselées comme des éclats de rubis.

Lorsqu'elle dit : nous t'attendions ! Tout ce temps, c'est en italien qu'elle s'exprime.  
Puis elle assure, et c'est l'anglais qu'elle utilise : bienvenue, Daphné Greengrass ; j'ai beaucoup entendu parler de toi.

Mais elle ne précise pas en quels termes.

Son oncle n'est pas rentré, encore ; il ne rentre pas' avant 19h - car son travail est un travail "prenant", une mission qui nécessite de la rigueur, du professionnalisme et du sérieux ; et ses collègues savent qu'ils peuvent compter sur le chargé du commerce magique du département de la coopération magique internationale du ministère italien ; surtout ils savent qu'Eligio Zabini compte sur eux.

« Ta mère se joindra à nous demain matin », ajoute sa tante ; « Elle compte sur toi pour venir la chercher. »

Elle dissimule difficilement la tension dans le port altier de ses épaule, et ne comprend pas son sourire.
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MessageSujet: Re: All palaces are temporary palaces | Daphné    All palaces are temporary palaces | Daphné  EmptyJeu 24 Mar 2016 - 23:52

Acte I - Scène 1


Blaise est absent. Enfermé dans le bureau de son oncle de 8h à 20h, et s'en extirpant occasionnellement pour aller fumer en secret une des cigarettes subtilisées à Charlie Grant ; dans l'ombre d'une loggia, dans les fins de journées ensoleillées où la lumière est encore dorée et chaude sur le dallage de marbre de Carrare. Au détour d'un couloir alambiqué, il aperçoit Daphné penchée sur un épais grimoire depuis la solennelle bibliothèque du manoir Zabini ; opulente de ses ouvrages aux couvertures gravées d'or, enflés d'alphabets compliqués ; des runes minutieuses, à l'image d'illustrations ésotériques ; le latin le plus ascétique ; le grec et puis l'italien ; l'anglais, parfois.

Il s'en détourne.
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MessageSujet: Re: All palaces are temporary palaces | Daphné    All palaces are temporary palaces | Daphné  EmptyJeu 24 Mar 2016 - 23:55

Scène 2


Madame Zabini erre dans le dédale du manoir, drapée de coton mercerisé et de dentelles françaises, sous le regard circonspect de la maîtresse de maison; lorsqu'enfin elle se sent trop observée, elle rejoint ses appartements pour minutieusement s'y enfermer, sans savoir si elle doit de manière juste imputer le geste à sa paranoïa - car Diane souffrirait de paranoïa, lors des occurrences de sa vie où la morbidité trouble ses pensées comme l'ondoiement de l'eau sur la surface plane d'un lac.

« Tu pourrais mourir ici, trésor, et personne ne le saurait avant quelques jours » dit-elle un jour à Daphné Greengrass alors qu'elle la contemple depuis l'entrebâillement de la porte de la bibliothèque.

Il est passé vingt-deux heures alors, et c'est seulement à la lumière amarante des flambeaux que la silhouette longiligne de Diane se découpe dans le couloir ; car elle porte du noir ; et sa mise, souveraine et redoutable, est corsetée dans une robe aux plis complexe. S’arrachant à la lecture de l’épais grimoire de métamorphoses humaines qu’elle lisait attentivement jusque-là, Daphné posa ses yeux sur sa silhouette, les lèvres pincées par la remarque, l’utilisation de ce sobriquet affectueux qu’on ne lui avait encore jamais offert. C’était quelque chose que Blaise lui disait souvent. Mais ce n’était pas le moment de penser à Blaise.

« Je vais tâcher d’éviter cela, alors » répondit-elle prudemment.
- Oh », s'amuse-t-elle en se glissant dans la bibliothèque, cette alcôve lambrissée d'acajou, aux dallages tapissés de laine, de soie et de coton. Lorsqu'elle s'attable face à Daphné, la lueur du chandelier affirme le dessin de ses pommettes ; la courbe du sourire qui étire sa bouche. « Tu devrais commencer par partir d'ici  », affirme-t-elle ; mais ce n'est pas une menace. « Je le répète depuis le début de la semaine.
- D’ici ? »
releva Daphné.
-  Oui », dit-elle ; « De Florence. Nous sommes entourés de Moldus et tu l'avoueras ; les Zabini sont trop arrogants pour faire preuve de discrétion. Je t'en prie, regarde ce manoir. »

Et Daphné n’a d’autres choix que d’acquiescer, car il s’agit de quelque chose auquel elle a déjà pensé, alors qu’elle arpentait les luxueux couloirs de l’immense demeure. Fuir un palace pour se réfugier dans un autre…

« Je suis obligée d’attendre que la Trace soit levée, mais, oui, je m’en irais ensuite » concéda-t-elle, ses yeux se posant brièvement sur sa baguette de prunellier, posée juste devant elle. « Blaise ne va pas rester ici indéfiniment non plus. »

Ce n’était pas vraiment une question. Mais cela n’avait pas non plus l’assurance d’une affirmation.

« Je vais m'en assurer, effectivement », offrit-elle ; et le ton qu'emprunte sa voix rauque est impérieux.

Car, oh ! Il n'y a aucune chose que Diane ne soit parvenue à obtenir.

« Où iras-tu alors, Daphné ? »

Les muscles de ses doigts se raidissent légèrement lorsqu’elle entend sa question ; consciente du danger qui existait, tapi là où elle ne pouvait pas nécessairement le discerner. Car elle n’a pas confiance en Diane pour dissimuler ce secret au monde… Ou à son fils.

« Me cacher » répondit-elle simplement.
- Te cacher », répèta-t-elle distraitement, alors qu'elle pose distraitement son regard sur le moirage de ses alliances sur ses doigts - la présence de ces bagues est une provocation splendide ; éblouissante d'or ouvragé. « Est-ce une idée de ton père ? »

La conversation était en train de glisser, et le regard de Daphné s’attarda, le temps d’une inspiration, sur la flamme de la bougie qui lui permettait, quelques minutes auparavant, de déchiffrer les écritures du grimoire.

« Oui » répondit-elle ; et ce n’était pas un mensonge. Pas vraiment.

Diane leva les yeux sur elle, alors ; demeurait silencieuse ; indolente ; lorsqu'elle reprit la parole, sa sentence, quoiqu'elle fut emprunte de désinvolture, demeurait implacable :

« Tu as une soeur, c'est exact ?
- Oui. En quatrième année à Poudlard.

- Monsieur Greengrass compte-t-il la cacher, elle aussi ?

Les avertissements de l’oncle de Blaise semblèrent se raviver soudainement, alors que Daphné posait ses mains jointes sur le grimoire, les rapprochant nonchalamment de la hampe de la baguette de prunellier.

« Elle est en sécurité à Poudlard » rétorqua-t-elle. « Il ne lui arrivera rien.

Elle la considéra se braquer, l'air attentif ; mais ce n'est pas exactement sur le geste que la jeune fille avait amorcé à l'attention de sa baguette qu'elle portait son attention.

«  Tu penses que Poudlard est un endroit sûr, alors ?
- Cela dépend pour qui »
fit-elle, pinçant les lèvres.

Car si Poudlard était sûr pour les aristocrates réparties à Poufsouffle et qui flirtaient avec la traîtrise de leur sang, il ne l’était plus pour les gens comme elle - ou comme Blaise.

« Pour mon fils », répondit-elle, et si sa voix demeurait emprunte de désinvolture, il s'agissait d'une question. « C'est ce qui m'intéresse. »

Daphné demeura silencieuse quelques instants, le temps de soupeser correctement les enjeux de cette interrogation. Mais la réponse était évidente, après tout, quand on pensait aux velléités orgueilleuses de Blaise, aux chuchotements qui suivaient tous ceux qui affichaient trop leur appartenance à l’aristocratie, aux murmures des partisans du Seigneur des Ténèbres qu’elle savait être présents sans être parvenue à tous les identifier correctement – McWood, Harmony… Gallant ?

« Je ne pense pas qu’il y soit en sécurité » répondit-elle finalement, avec la fermeté de celle qui y avait réfléchi maintes fois déjà.

Le haussement de la courbe orgueilleuse de ses sourcils connotait, par le dessous du flegme, la contrariété ; Diane siffla ;

« Ce garçon n'est en sécurité nulle part. »

Un sourire laconique, acerbe, étira les lèvres de Daphné.

« Disons qu’il n’a pas pour habitude d’être discret » commenta-t-elle avec précautions.

Elle lui offrit un rire bref, rauque, semblable à un feulement, qui n'était pas exactement celui qu'elle offrait au monde - cet éclat à l'élégance étudié, splendide et orgueilleux. Elle ne commenta pas la remarque, toutefois ; se penchait sur la table sculptée pour en saisir un parchemin ; la plume que Daphné avait délaissée.

« Je sais cacher les choses »Elle haussait les épaules, mais elle souriait en lui offrant le manuscrit - estampillé d'une adresse presque illisible, qui n'était pas exactement la sienne ; « Et puis les gens. »  

Affichant un air crâne, alors qu'elle se relevait, et enfin s'enquérant à l'instant où elle franchissait l'embrasure de l'alcôve de la bibliothèque :

« Qui devrai-je annoncer ? »

Daphné contemple l’adresse quelques instants, comme si elle tentait désespérément d’en déchiffrer les lettres ; mais il s’agissait de bien plus que d’une adresse.

« Moira. »
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MessageSujet: Re: All palaces are temporary palaces | Daphné    All palaces are temporary palaces | Daphné  EmptyJeu 24 Mar 2016 - 23:56

Acte II - Scène 1


C’était le quatrième jour, et Blaise l’évitait encore.

Elle ne cherchait pas à lui imposer sa présence, cependant ; lui laissant l’espace dont il semblait avoir besoin pour régler ce qui n’allait pas. Quelque chose n’allait pas. Beaucoup de choses.

Elle arpentait les couloirs luxueux du palace, croisait les elfes de maison surchargés de plats ou de vêtement sans véritablement leur accorder d’attention, car ce spectacle était bien trop familier pour qu’elle puisse s’y intéresser ; mais c’était sans doute cette familiarité qui lui avait fait prendre conscience du problème

Ils étaient trop exposés.

Elle remplissait son bon de commande, glissant les Gallions nécessaires dans l’enveloppe sans hésitation ; son écriture était nette et assurée, aussi ciselée que d’ordinaire. Ses pensées l’étaient aussi. Cette distance forcée avec Blaise, alors qu’ils vivaient sous le même toit, ces conversations avec Diane – tout cela l’avait obligée à donner un sens à ce qu’elle était en train de faire. A cette enveloppe scellée qu’elle s’apprêtait à envoyer.

Ils allaient être séparés, tôt ou tard ; il ne lui adressait plus la parole car il avait compris qu’ils n’arpentaient plus le même chemin ; elle ne désirait pas l’y entraîner plus qu’elle ne l’avait déjà fait en janvier, en février, puis en mars.

Mais ce n’était pas grave. Blaise était son meilleur ami, celui qu’elle aimait et puis bien plus que cela. Et même si ce n’était pas encore le moment d’en parler, elle savait dans quelle direction elle se dirigeait, désormais.

Il n’y avait pas de sacrifices qu’elle ne pourrait faire pour Astoria, Rowan ou Blaise.
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MessageSujet: Re: All palaces are temporary palaces | Daphné    All palaces are temporary palaces | Daphné  EmptyJeu 24 Mar 2016 - 23:57

Scène 2


Il faisait nuit et Daphné se faufilait doucement dans les ombres du manoir Zabini, évitant les elfes de maison qui s’affairaient encore à ranger les dernières traces du dîner qui s’était déroulé plus tôt dans la soirée. Semblable à un spectre vêtu d’une robe noire, auréolé par la chevelure blonde qu’elle avait laissée tomber sur ses épaules, ondulant jusqu’entre ses omoplates, elle s’arrêta finalement devant la chambre de Blaise. Hésitante.

Elle ne prit pas le risque de frapper, de produire le moindre bruit pouvant attirer l’attention du palace endormi, et préféra ouvrir doucement la porte, juste de quoi laisser son visage apparaître.

« Je peux entrer ? » murmura-t-elle.

Le regard emprunt de circonspection qu'il posa sur l'embrasure entrouverte s'atténua lorsqu'il y reconnu son visage ;

« Vas-y », offrit-il en délaissant son entreprise : sur le bord de son lit, il ôtait distraitement ses bagues : elles reposaient sur le guéridon sculpté, et leur scintillement, immobile dans la lumière dorée, déchirait le pénombre de la pièce - solennelle de ses meubles taillés dans l'ébène ciselé ; de l'ornement alambiqué de ses tapisseries ; du tissage minutieux du tapis. Des grimoires se trouvaient distraitement semés sur la trame duveteuse de la laine, et ses mocassins s'alignaient près d'une malle effilée de moulures, sur laquelle avait été délaissée sa chemise ; un fauteuil recevait d'autres de ces vêtements - un blouson en seersucker, un sweatshirt en coton ; une robe de chambre.

« J'allais fermer », précisa-t-il distraitement avant de s'enquérir, déconcerté ; « Est-ce qu'il y a un problème ? »

Elle se glissa dans la chambre, refermant précautionneusement la porte, et ses yeux s’attardèrent quelques instants pour détailler cette pièce qu’elle découvrait avant de s’arrêter sur le visage de Blaise. Distant.

« Je ne sais pas » avoua-t-elle en s’approchant, s’appuyant contre la commode, juste en face de lui. Désireuse de respecter l’espace qu’il semblait déterminé à mettre entre eux. « Nous ne nous sommes pas beaucoup parlés depuis que nous sommes arrivés. »

Il la considéra un instant, indécis, avant d'éluder dans un haussement d'épaules désinvolte, comme si cela eut été une explication suffisante ; « Oui - j'ai eu des choses à faire, je suppose »

Blaise ne lui avait jamais menti. Il n’en avait jamais eu besoin, et ne possédait de toute manière pas le talent nécessaire pour le faire. Daphné demeura donc silencieuse, le temps d’admettre ce qu’elle venait de déceler dans sa nonchalance, avant d’attraper une mèche blonde et l’enrouler pensivement autour de ses doigts.

Elle aurait pu rentrer dans son jeu, prétendre que tout allait bien – mais Blaise ne l’ignorait pas pendant plusieurs jours car il était occupé.

« Si tu ne veux pas parler de ce qui ne va pas, dis-le » lâcha-t-elle, détruisant consciencieusement la netteté de ses boucles blondes.

Subrepticement, l'agacement forait la paresse de sa mise ; « C'est exact - je ne veux pas en parler »  

Elle acquiesça, abandonnant sa mèche de cheveux, à la fois assommée – car Blaise refusait de lui parler de quelque chose – et soulagée – car elle ne s’était pas fait des idées en pensant qu’il y existait quelque chose. Elle tergiversa quelques secondes de plus, avant de décider qu’ils n’en étaient vraiment plus ; ils n’avaient plus besoin de se ménager mutuellement d’une façon outrancière, incertain de ce que l’autre ressentait. Elle préférait mille fois se glisser dans leur routine pour lui laisser le temps qu’il lui fallait pour lui parler plutôt que de l’ignorer ; et traversa donc la distance qui les séparait pour s’asseoir tout au bout de son lit, appuyée contre sa structure de bois.

« Tu me racontes ? Ce que tu fais toute la journée ?
- Je rattrape mon éducation »
, expliqua-t-il, et un sourire, finalement, ourlait sa bouche : il était moqueur. « Ma mère ne m'a jamais enseigné la façon dont se calcule un escompte. »
- Cela n’a pas l’air passionnant »
fit-elle, se laissant gagner par son amusement, dénouant la tension qui avait filé ses épaules.

Il leva brièvement les yeux au ciel, l'air insolent. « Définitivement pas », concéda-t-il.  « J'ai d'autres centres d'intérêts, tu vois ?
- Par exemple ?

- Et bien pour commencer, cette robe te va vraiment très bien »
, offrit-il ; et s'il feignait l'innocence, son sourire demeurait effronté.
- Oh, tu trouves ? »
répondit-elle sans esquisser un mouvement, un rire au creux des lèvres.

Il haussa les épaules.

« Je t'en prie », s'amusa-t-il ; et d'un mouvement du menton, il lui suggérait bientôt de s'approcher : « Laisse moi voir. »

Le rire manqua véritablement de s’échapper, cette fois, mais elle ne bougeait toujours pas.

« Viens voir, alors. »

S'il parut surpris, brièvement, il étouffait finalement son rire rauque qui déchirait le silence, alors qu'il s'approchait effectivement de Daphné. Portant ses doigts à sa mâchoire pour embrasser sa bouche. Et elle ferma les yeux, rassurée par leur étreinte, qu’elle s’efforça de raffermir en enserrant Blaise de ses bras ; laissant ses doigts glisser le long de ses vertèbres. Puis, avant qu’il ne puisse esquisser un autre mouvement, elle se redressa pour le faire basculer, chassant sur le côté sa chevelure, l’empêchant de tomber sur le visage de Blaise.

« J’aurais dû les attacher » concéda-t-elle dans un murmure.

« Je ne sais pas », hasarda-t-il avec arrogance alors qu'il se trouvait tout-à-fait renversé sur la courtepointe minutieusement brodée ; la jaugeant avec arrogance ;« J'aime bien.  »  

Amusée, elle se pencha sur lui en riant pour baiser ses lèvres, caressant son visage avec ses pouces. Il demeurait silencieux, paresseux et paisible comme après l'éveil ; et la robe de Daphné glissa avec obligeance sur la peau opaline de sa gorge lorsqu'il la lui dégrafa. Ses mains ne tremblaient pas quand elle s’en extirpa, pas plus qu’en achevant à son tour de le dévêtir ; car si cette situation l’avait longtemps terrifiée, elle n’avait plus de raisons de l’être, désormais. Blaise lui avait rendu beaucoup de choses dont on l’avait privée, souvent sans s’en rendre compte, sans le faire exprès ; et elle avait repris possession de ce choix qui aurait toujours dû lui appartenir. Si ses gestes devenaient maladroits et fébriles à cette pensée, et s’il lui semblait que le sang battait si fort dans ses tempes que cela aurait dû en être douloureux, elle demeurait assurée en se redressant et ôtant les derniers vêtements qu’il lui avait laissés, devenus encombrants et inutiles. Il affirmait sa prise sur elle, alors ; à l'endroit de la cambrure de sa taille ; sur la courbe liliale de son épaule ; s'enquérant dans le secret de la pénombre, alors qu'il renversait sa mise vers lui avec obligeance ;

« Tu es sure ? »

Elle s’attarda sur son regard, quelques instants ; mais ce ne furent pas les enseignements rigoureux de sa mère à propos de ce qu’il était convenable ou non de faire qui lui vinrent, pas plus que le malaise qui l’étranglait habituellement lorsqu’on l’effleurait. C’était quelque chose de réfléchi, qu’elle avait soupesé pendant longtemps, jusqu’à ne plus ressentir le moindre doute.

« Oui. »
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MessageSujet: Re: All palaces are temporary palaces | Daphné    All palaces are temporary palaces | Daphné  EmptyJeu 24 Mar 2016 - 23:58

Acte III - Scène 1


« Blaise va rentrer avec moi au Royaume-Uni, et il va y rentrer le plus rapidement possible.
- Pourquoi partirait-il ? C'est un caprice. Il n'a aucune raison de partir - et vous non plus, Diane.»

La condescendance dans la voix d'Eligio Zabini est une offense : elle le sait, comme elle sait mesurer la haine qu'elle lui inspire à la façon dont il quitte les pièces lorsqu'elle y pénètre, détournant son regard d'elle comme d'un geste atroce ; et ses sourcils se froncent lorsqu'elle s'exprime, comme si sa bouche fardée de rouge ne pouvait articuler que l'indicible ;

« Je vais rentrer parce que je suis malade », dit-elle ; et c'est l'instant où l'héritier lève les yeux sur eux - et son regard est brûlant d'inquiétude alors, par dessous le masque de la lassitude, de l'indolence qui éthérise ses pensées, plus perfide qu'un venin. ; « Il va rentrer, parce que mon fils ne restera pas ici avec vous alors que les Moldus cherchent à égorger les sorciers ; et les sorciers à égorger les sang-purs ; quel beau gibier vous faites, vous tous ! » feule-t-elle, théâtrale ; et ses yeux sont électrisés par la fièvre ; et le sourire qui ourle sa bouche fardée de pourpre connote le mépris ; le courroux, dans ce qu'il a de plus viscéral et d'exigeant.

Car, oh ! Il n'y a aucune chose que Diane ne soit parvenue à obtenir.
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MessageSujet: Re: All palaces are temporary palaces | Daphné    All palaces are temporary palaces | Daphné  EmptyVen 25 Mar 2016 - 0:00

Scène 2


Le chaos avait duré une bonne partie de la journée. Des exclamations hargneuses, qu’elle ne comprenait pas véritablement, proférées en italiens ; parfois, des réponses en français se faisaient entendre, orgueilleuses et fielleuse comme savait l’être Diane Zabini. Et celles-ci, Daphné les comprenait. Elle n’aurait pas eu besoin d’elles pour deviner ce que signifiait cette agitation, pourtant ; l’héritier partait, quittait l’opulence et l’arrogance des Zabini, ce palace si exposé que cela en était presque ridicule.

La famille Crabbe s’était fait massacrer. Diane protégeait son fils. Ils allaient être séparés.

Il était 22h30 et elle se tenait finalement sur le pas de sa porte, ses cheveux soigneusement tressés et sa robe vert sombre faisant ressortir la pâleur de son teint, la fatigue qui alourdissait ses traits ; alors qu’elle avait évité toute la journée le couloir où se situait la chambre de Blaise, consciente qu’il s’y déroulait sans doute un spectacle qu’elle ne souhaitait pas s’infliger ; elle ne désirait pas le contempler plier ses pulls, ranger ses bagues dans sa malle, vider la pièce de tout signe qu’il avait été présent. Ses doigts se crispèrent légèrement sur le petit paquet qu’elle tenait, mais sa voix était assurée lorsqu’elle s’adressa à lui ;

« Quand est-ce que vous partez ? »

Ce n'était pas Daphné, qu'il s'attendait à trouver devant lui : et lorsqu'il leva les yeux sur son visage blême, il musela son agacement, cette tension qui tendait les muscles de ses épaules, par le dessous de son sweat-shirt.  

« Demain matin », répondit-il.

Elle hocha la tête, sans commenter l’information ; accusant silencieusement le coup, attendant quelques instants d’être certaine que sa voix ne vacillerait pas.

« Tu veux que je repasse plus tard ? »

« Non, c'est bon », assura-t-il ; et après avoir brièvement porté son regard sur l'embrasure de la porte, il précisa dans un haussement d'épaules ; « Ce n'était pas prévu. Ma mère veut rentrer »  [/color]

Il se détournait de nouveau vers la pile méticuleuse de chemise alignée sur son lit alors qu'il précisait :« Elle dit que c'est urgent. »  

Daphné se dirigea vers le fauteuil, fermant la porte derrière elle, s’asseyant de façon à éviter de froisser les vêtements qui reposaient sur son dossier sans véritablement quitter Blaise du regard, les mains toujours agrippées au paquet qu’elle tenait. Cette discussion – et elle en avait eu conscience dès qu’elle avait compris qu’elle était nécessaire – n’allait pas être agréable.

« Le manoir n’est pas très discret. Je peux la comprendre » commenta-t-elle d’une voix neutre.

« Je suppose », concéda-t-il de mauvaise grâce. « Ils ne vont pas rester ici très longtemps, de toute façon »  

Le silence retomba, seulement troublé par le bruit des étoffes que Blaise pliait consciencieusement ; et Daphné le regardait faire, un peu hypnotisée, hallucinée comme elle l’aurait été devant une maison en flammes. Elle finit par soupirer, cependant, et se redressa pour s’approcher de lui.

« Tiens » fit-elle en lui tendant le paquet. « C’est pour toi. »

Il leva finalement les yeux sur elle, alors, se délestant d'un cardigan de cachemire au profit de l'objet : et une défiance existait alors dans ses gestes, comme s'il eut été dangereux : ou bien trop fragile, entre ses doigts.  

« Merci », offrit-il : mais la confusion dans son regard signifiait pourquoi.
- C’est un miroir à double sens. Etant donné que je ne vais pas pouvoir retourner à Poudlard, je pensais… »
commença-t-elle, avant de s’arrêter, embarrassée. « Enfin, que cela serait peut-être mieux que des lettres.
- Oui »
, concéda-t-il, « C'est - très bien, vraiment »   [/color]

Sa surface moirait dans la lumière dorée des flambeaux : et il passait machinalement ses doigts sur le niellage alambiqué des runes qui y avaient été minutieusement gravées.

« Merci », répéta-t-il.  

Acquiesçant en silence, une nouvelle fois, Daphné faisait tourner machinalement l’anneau des Greengrass autour de son doigt ; les sourcils froncés, les lèvres pincées par l’hésitation. Avant de finalement se décider à cesser de tergiverser et à tenter d’accrocher le regard de Blaise.

« Comme on ne va pas se revoir avant… Enfin, pas avant fin juin, je suppose » commença-t-elle, posant soigneusement sa voix, « il faudrait peut-être qu’on discute ? »

C’était une suggestion. Mais elle était pressante, car elle savait qu’elle était nécessaire, et qu’elle ne souhaitait pas tenir cette conversation via un miroir.

« De ce qu’il ne va pas. »

Et la formulation lui semblait piteuse, car évoquer les problèmes était quelque chose de laborieux, quelque chose qui n’était pas naturel ; car elle ne voulait pas acculer Blaise, le forcer à lui en parler. Même si elle se doutait de ce qu’il pouvait lui reprocher.

« Qu'est-ce qui ne va pas ? », éluda-t-il, enfouissant l'objet entre les lainages de vigogne. Et imprimée sur son visage : la plus désinvolte de ses expressions.  

Le visage de Daphné s’habilla d’une indifférence heurtée, douloureuse, qu’elle peinait à maintenir en dépit de sa détermination à ne pas se laisser submerger. Car la vision de sa nonchalance, si feinte qu’elle en devenait aveuglante, lui laissait une impression de brûlure qu’elle avait ignorée pendant douze jours – mais elle ne pouvait plus le faire. Pas le dernier soir.

« Blaise. S’il te plaît. Arrête. »

Alors il interrompit son geste ; gagné par une nausée étourdissante, d'une nature similaire à celle qui empoisonne l'esprit après s'être éveillé trop violemment d'un sommeil lourd. Le visage pâle de Drago comme celui d'un fantôme, dans son esprit ; et puis, bien sûr, celui d'Aldabella Prendergast, étouffé dans la pénombre comme par une alcôve de ramures nues et tortueuses.

« Je ne vois pas très bien ce dont on peut discuter. »

La réponse de Blaise, lapidaire, ne fit qu’aggraver sa fébrilité ; empourprant son visage et sa gorge, raidissant son port et ses doigts. Elle savait quel était le problème, même si elle ne le comprenait pas – il n’avait pas été très difficile à identifier.

« Du fait que tu ne m’adresses presque plus la parole depuis que j’ai – » commença-t-elle avant de se couper net. « Depuis Prendergast. Par exemple.  
Ce n'est pas toi »
, dit-il ; et en avisant son expression défaite, il s'efforça d'étouffer la fièvre dans sa voix. « Tu sais quoi ? Nous ne devrions pas parler de ça. »

Daphné détourna le regard, frustrée, agacée ; partagée entre son besoin de comprendre ce qu’il se passait et cette nécessité de cesser de n’offrir que des problèmes à Blaise comme elle le faisait depuis le Nouvel An, l’attirant sans cesse dans des toiles de plus en plus inextricables. Et c’était ironique, car c’était en partie par peur de cette situation qu’elle avait tant hésité en janvier.

« C’est juste que nous n’aurons plus d’occasion de le faire » murmura-t-elle, tentant de museler son trouble. « Pas avant longtemps, en tous cas.  
Justement »
, dit-il, « Je ne tiens pas à le faire - et pas alors que - »  

D'un mouvement machinal, impatient, il désigna le chaos de la chambre ; les couloirs dans lesquels se pressaient les elfes de maison diligents, lestés des malles de sa mère, entrouvertes, enflées de soie et de dentelle française. « Écoute, ce n'est pas toi », insista-t-il, pressant ; « Ne t'inquiète pas, Daphné, d'accord ?
D’accord »  
concéda-t-elle finalement.

L’idée de lui extirper des aveux la dégoûtait suffisamment pour qu’elle se contente de tenter de croire à ce qu’il disait ; demeurant pourtant persuadée du contraire.

« La distance - »  reprit Daphné, précautionneusement, comme si elle manipulait un sujet tabou qui n’aurait jamais dû être évoqué. « Cela va changer quelque chose pour toi ?  
- Je suppose que je passerai moins de temps au troisième étage »
, éluda-t-il.  

Les rougeurs qui recouvraient sa gorge semblaient s’être transformées en écailles ; celle de la vipère qu’elle avait toujours tenté de faire croire qu’elle était, allant jusqu’à se berner elle-même parfois, jusqu’à parvenir à oublier les avertissements que le Choixpeau avait proféré. Mais elle n’était pas une vipère ; pas plus qu’elle n’aurait pu porter le blason jaune et noir ; et elle ne pouvait plus supporter de voir Blaise esquiver un sujet aussi important qu’eux.

« Ce n’est pas drôle » jeta-t-elle soudainement, excédée d’avoir trop tenté de ne pas le brusquer, d’avoir accepté silencieusement son besoin de distance pendant trop longtemps – douze jours. « Si tu penses qu’il vaut mieux que nous nous arrêtions là, dis le au lieu d’éluder. »

Et c’était une situation qu’elle serait prête à accepter, cette fois-ci ; elle savait que ce n’était plus une question de choix, que ces quelques semaines pendant lesquelles ils seraient séparés ne changeraient rien à ce dont elle avait pris conscience. C’était cette incertitude qui était dangereuse, empoisonnant lentement les barrières qu’elle se construisait pour éviter de se laisser déborder par tout ce qui pourrait l’empêcher d’avancer ; il était temps de s’en débarrasser.

« Je ne plaisante pas », feula-t-il ; et il cessa tout-à-fait son entreprise, l'ordonnance minutieuse de ses chemises, de ses bijoux et de ses grimoires, comme si la tâche eut été tout-à-fait vaine ; et elle semblait l'être, dans le chaos du soir, face au visage déchiré par impétuosité de Daphné Greengrass ; cédant, finalement ;

« Putain, Daphné, je ne sais pas - je n'ai pas dit ça »

Elle se crispa lorsqu’il haussa la voix, comme s’il s’agissait d’un mouvement de recul instinctif ; mais ce n’était pas à des coups qu’elle s’était attendue.

« Ce n’est pas ce que je voulais dire » fit-elle, aplanissant nerveusement les cheveux qui encadraient son visage. « Excuse-moi. Je ne – enfin, c’est juste que je ne comprends pas ce que tu veux. »

« Ne t'excuse pas », dit-il, et machinalement il se recoiffait d'un geste nerveux ; pressait sur ses paupières les paumes de ses doigts dans le moirage de ses bagues ; elle s'était tendue comme par l'effet d'un coup, et il se souvenait soudain d'une discussion du début du printemps - un mois auparavant, étouffée dans le drapé des baldaquins du dortoir Serpentard.

« Je ne sais pas », répéta-t-il, et il concéda alors à articuler la confusion de pensée qui tissait minutieusement son crâne, assommante et chaotique ;

« Daphné, je ne sais même pas où tu seras demain. Et il y a ce type qui te cherchait et il y a cette histoire avec ta mère - et ce que je veux n'est pas très important - je veux dire, regarde mon oncle, exact ? Ma mère ? Putain, regarde Drago »

Fermant brièvement les yeux, elle passa sa main sur son front, écoutant avec attention ce que Blaise lui disait, tout en sachant pertinemment qu’elle savait où cela allait les conduire ; car il n’y avait plus de demi-mesure possible, car la situation, les évènements ne leur permettaient plus de biaiser comme ils l’avaient fait pendant des mois, des années même. Depuis que Potter était revenu du Labyrinthe, lesté du cadavre de Diggory.

« Je sais » murmura-t-elle.

Croisant les bras, crispée comme si cela allait lui permettre de ne pas véritablement se rendre compte de ce qui allait suivre, elle finit par formuler lentement ce qu’elle avait deviné être inévitable, et que Blaise venait de confirmer ;

« Peut-être que nous pourrions juste attendre un peu ? En reparler quand nous nous reverrons, quand l’année scolaire sera terminée » articula-t-elle d’une voix détachée, son regard se perdant dans les onéreux vêtements pliés sur le lit de Blaise. « Je ne suis pas pressée. »

Qu'elle soit celle qui exprime l'indicible était presque confortable, quoique la formule, ouatée de pudeur, demeurait brutale. Il voyait l'effet qu'elle avait eu sur elle, et s'en trouvait nauséeux.

« Ouais », admit-il, « Je suppose »

Elle demeura immobile quelques instants, le visage grave, les traits lourds et le sang battant douloureusement à ses tempes ; ce n’était pas ce qu’elle voulait, mais c’était ce qu’il fallait, encore une fois. Quelques instants seulement, car elle l’attira dans une étreinte sans véritablement lui demander la permission, ses doigts s’accrochant brutalement à son sweat-shirt, au niveau de sa nuque ; et elle dissimulait son visage dans le creux de sa gorge, appuyée contre sa clavicule ; là où il ne pouvait plus observer à quel point son expression était défaite.

« Ce n’est pas grave » murmura-t-elle, presque plus pour elle-même que pour Blaise. « Je t’aime. »

Il existait des excuses à formuler dans sa gorge et comme il était difficile pourtant de tout-à-fait les articuler. Dans le bruissement velouté de sa robe émeraude, éthérisé par le parfum qui imprimait sa peau opaline, il ancrait étroitement la prise de ses doigts à sa taille ; embrassait distraitement l'endroit de sa tempe où ses cheveux se fondaient dans une diaprure dorée.

« J'ai quelque chose pour toi, moi aussi »

Et elle ignora délibérément le fait qu’il ne lui avait pas répondu ; caressant la nuque de Blaise en fermant les yeux, comme s’il avait été possible de chavirer dans le sommeil ; basculant le poids de son corps contre le sien.

« Quoi donc ?
- Ton cadeau d'anniversaire.

- Je pourrai l’ouvrir maintenant ?

- Non »
, dit-il, et la question avait étiré sur sa bouche un sourire ; « Ce serait tricher.
- Depuis quand les Serpentard sont-ils honnêtes ? »
rétorqua-t-elle, amusée.
- Ça ne compte pas - tu n'es pas une Serpentard »
, décida-t-il, « Tu es une Poufsouffle.
- Vraiment ? »
releva-t-elle tout en se hissant pour embrasser sa gorge.

Et elle le forçait à reculer en s’avançant, en portant sa mise vers lui, pressante, le faisant finalement buter contre le cadre de son lit. Il accusa la tenue de son corps, et son impétuosité le fit rire d'une façon qui déchira l'austère solennité de l'endroit ; se penchait bientôt sur elle, fiévreux, pour baiser sa bouche. Daphné finit par appuyer sur ses épaules, le forçant à s’asseoir sur son lit alors qu’elle se tenait toujours devant lui, passant ses mains dans ses tresses ;

« Poufsouffle ? Tu es certain ? » demanda-t-elle, moqueuse, sans défaire sa prise sur lui.
- J'ai été présomptueux, peut-être », concéda-t-il.

- Ravie de te l’entendre dire. Je peux donc aller me coucher, maintenant que tu l’as admis.

- Je ne sais pas »
, hasarda-t-il en levant les yeux sur elle, « J'ai ton cadeau d'anniversaire à t'offrir - ce serait regrettable de partir maintenant, tu sais.
- Je croyais que je ne pouvais pas l’ouvrir tout de suite ?

- Non »
, confirma-t-il, « Et je crois que tu essaies de m'acheter.
- Peut-être bien »
répondit-elle en s’asseyant sur lui, saisissant son visage entre ses mains. « Est-ce que cela fonctionne ?
- Et bien tu as de solides arguments, en vérité. »  


Et, après avoir étouffé un rire, Daphné concéda à embrasser sa bouche.


Dernière édition par Daphné Greengrass le Ven 25 Mar 2016 - 0:03, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: All palaces are temporary palaces | Daphné    All palaces are temporary palaces | Daphné  EmptyVen 25 Mar 2016 - 0:02

Scène 3


Enfouie sous les draps de satin de coton, ses cheveux libérés de leur coiffure rigoureuse, Daphné, indolente, laissait glisser ses doigts le long de la colonne vertébrale de Blaise, recroquevillée contre lui. Il était tard, mais elle ne semblait pas vouloir s’extirper de sa chambre tout de suite ; préférant dessiner des entremêlements de courbes sur son dos.

« Blaise ? »

Une tâche difficile que de s'extirper de l'indolence - celle qui éthérise l'esprit ; alourdit le corps. Il articulait distraitement, dans le froissement d'une courtepointe de brocard, la mise paresseuse alors qu'il portait machinalement ses doigts à sa taille déliée :

« Oui ?
- Tu ne m’as pas répondu, tout à l’heure »
fit-elle remarquer, hésitante.
- Tu veux dire, à quel sujet ?

- Quand je t’ai dit que je t’aimais.

- Oh »
, réalisa-t-il ; enfin, alors, il ouvrit les yeux sur elle ; lorsqu'il engagea son corps contre lui, ses gestes étaient emprunts d'une obligeance languissante ; comme si les doutes s'étaient tout-à-fait inhumés dans l'écrin secret des minutes précédentes ; la culpabilité, perfide et insidieuse. « Je t'aime », offrit-il, et sa voix, au travers de son sourire paresseux, demeurait paisible. « Excuse-moi. »

Daphné acquiesça, affermissant sa prise sur Blaise ; fermant les yeux dans la pénombre de la chambre.

« Tu sais, quand je te disais que je n’étais pas pressée, je le pensais vraiment » fit-elle avec hésitation. « Tu le sais, n’est-ce pas ? »
- Je le sais »
, acquiesca-t-il ; et peut-être s'agissait-il d'une excuse ; il n'ajouta rien, mais il baisa sa bouche.
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MessageSujet: Re: All palaces are temporary palaces | Daphné    All palaces are temporary palaces | Daphné  EmptyVen 25 Mar 2016 - 0:03

Acte IV


C'est le matin du 14 avril et il existe à Pré-Au-Lard une tension, celle qui imprime les esprits après la lecture de La Gazette des Sorciers, lorsque les articles y sont morbides, hantés d'assassinats lugubres et d'exactions terribles ; Diane semble paisible pourtant, altière et assurée dans son chemisier de soie ; dans la jupe qui ceinture ses hanches étroites, et au travers de laquelle forent les os de ses bassins.

« Sérieux, je ne sais pas ce que je fais ici. », feule-t-il en considérant le domaine grandiose de Poudlard, cette demeure honnie ; un autre palais, hanté et vide comme ils finissent tous par l'être.

Il est obligeant pourtant lorsqu'il penche sur elle sa taille pour lui laisser embrasser son front ; lisser son sweat-shirt et ajuster davantage sa mise minutieuse.  

« Deux mois. À peine davantage.
- Ouais », concéda-t-il en haussant les épaules. Il pense distraitement au regard heurté d'Yvain Gallant ; à la mise impérieuse d'Alycia McWood et à la brûlure de son souffle fiévreux ; aux mentions sibylline, voilée de pudeur, d'une « maladie » dont serait atteinte Diane Zabini ; au miroir, enfoui dans sa lourde malle de bois noir, entre les vanités tissées de cachemire et les grimoires aux pages gorgées d'encre. « Je suppose. »  
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MessageSujet: Re: All palaces are temporary palaces | Daphné    All palaces are temporary palaces | Daphné  Empty

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