Blue Velvet [feat Lili and Elo]

Musique:

Eleonora McPhee avait un peu de temps ce mercredi soir, pour travailler sur son balai. La Salle Commune des Poufsouffles était trop encombrée par les élèves, qui révisaient pour leurs examens. Et elle n'avait aucune envie de rester au stade.

Elle se rendit rapidement aux vestiaires, où elle mit plus de temps que prévu à retrouver Tornado, son balai. Il n'était pas à son emplacement habituel, à proximité de son casier. Il traînait de l'autre côté du local des Poufsouffle. Elo resta un moment face au sac, dans lequel elle rangeait Tornado, actuellement. Dans la poche principale, on trouvait le balai et un cahier, avec ses notes de recherche. Et dans les poches latérales, il y avait son matériel de lustrage et de nettoyage, ainsi que son matériel de réparation. Elle ouvrit la housse et trouva l'ensemble en bon ordre. Peut être l'avait-elle laissée à une autre place, après le dernier entraînement, où quelqu'un avait-il déplacé le sac, depuis son départ.
Elo secoua la tête et se demanda, depuis quand elle était devenue si paranoïaque. Elle détestait la personne qu'elle était en train de devenir. Mais il fallait bien admettre, que les évènements ne facilitaient pas les choses. Il y avait tous ces drames, dans le monde sorcier et dans le monde moldu. A Poudlard, il y avait eu cette matinée, dans la Grande Salle et le courrier empoisonné, le jour de la fête. Alors, quand ses affaires se déplaçaient mystérieusement, elle avait un doute. Personne dans l'équipe ne pouvait lui en vouloir suffisamment et Elo ne savait pas qu'elle autre personne pouvait entrer ici. En même temps, n'importe quel sorcier avait appris à ouvrir une porte et le stade était accessible une bonne partie de la journée.
Pour éviter de progresser dans la folie, elle soupira longuement et attrapa son sac. Il y avait une explication simple et agréable à cela. Elle repartit quand même en veillant à bien fermer la porte derrière elle.

En arrivant au château, elle s'installa dans la salle de cours n°11. Elle était calme ce soir. Il y avait bien un petit groupe d'élèves, dans un coin de la pièce. Mais c'était tout. Elo les salua avant de se rendre aux tables de devant, pour sortir son matériel. Elle récupéra ses outils et quelques brins, qu'elle comptait ajouter à la queue de Tornado. Les tiges de genêt de printemps, étaient plus souples et permettaient un pilotage plus en douceur, d'après "Which Broomstick".
Elle ouvrit ensuite la grande poche pour extraire son balai. A peine l'avait-elle touché, qu'elle se retrouva avec des taches violettes sur les mains. Elle les observa avec effroi, craignant un nouvel empoisonnement.
Mais... Qu'est ce que c'est que ce...
Les mots s'étranglèrent au fond de sa gorge. Les taches s'étendaient de plus en plus, remontant le long de ses poignets et disparaissant sous son pull. Qu'allait-il se passer ensuite?
Elle s'assit. On ne savait jamais à quoi s'attendre. La dernière fois, elle avait eu des nausées et avait vomi, mais son agresseur disait qu'il s'agissait de la dernière attaque. Elle avait respecté les consignes données et s'était retenue de s'immiscer entre Aaron et Alycia. Quelqu'un d'autre devait être mêlé à cela. Mais qui?
Elle tenta de garder son calme et de respirer lentement. Qu'est ce qui pouvait bien causer cela?
A l'autre bout de la pièce, les élèves se tournaient vers elle et commençaient à rire en la pointant du doigt. Elle hésita à leur demander de l'aide. Ils ne semblaient pas inquiets pour elle. Il valait sans doute mieux garder son sang-froid. Elo entendait quelques mots de leur conversation. Lorsqu'elle entendit le mot Weasley, elle se calma et soupira.
Bien sûr, elle avait vu cela, quand elle était passée dans le magasin du Chemin de Traverse. La peinture magique faisait partie des inventions des jumeaux de Gryffondor.
Il ne lui restait plus qu'à trouver comment se débarrasser de cette couleur et à châtier les responsables.

C'est ce moment que choisit Lilianor pour entrer dans la pièce. Pourquoi fallait-il que cette vipère entrât, quand elle était encore en fâcheuse posture? Elo tenta de se planquer derrière ses affaires, mais la soeur de Molly semblait se diriger droit vers elle.
Elo lui sourit autant que possible, étant donné son état, avant de lui parler.
Salut Lilianor. Tu t'es perdue?

Lilianor semblait bien partie pour s’installer à côté d’Eleonora. Elle restait devant Elo et répondit avec fierté à la préfète.
Si tu penses que je suis du genre à me perdre, tu te trompes, McPhee. En fait, je te cherchais pour t'avouer un truc.
Lilianor avait bien saisi le sarcasme, dans la question d’Elo. Ce n’était pas surprenant. Les Serpentards étaient des maîtres à ce petit jeu. Et elle avait dû comprendre également ce qu’Elo voulait lui dire. Tu t’es perdue, signifiait évidemment : *Fais demi-tour, tu vois bien que tu n’as rien à faire ici.*
Par contre, Lilianor avait  aiguisé la curiosité d’Elo, en parlant d’avouer quelque chose.
Malheureusement pour la Poufsouffle, il semblait que Lilianor était d’abord occupée à se moquer d’elle. Le fou rire dura bien trop longtemps au goût de la jeune fille.
C'est moi ou t'as l'air de ma sœur après avoir vu une aiguille ?
Eleonora avait beau y réfléchir, elle n’avait jamais vu Molly avec cette couleur, mais il fallait bien admettre, qu’elle n’avait jamais vu Molly et une aiguille en même temps.

Elo attendit avec patience, que Lilianor se calma. *Inspirer… Expirer… Inspirer… Expirer…* Quand elle eut l’impression qu’elle n’allait pas cracher des insultes à son interlocutrice, elle lui fit un sourire proche du rictus de vampire et lui lança :
Tu disais que tu voulais m’avouer un truc. J’espère que ça concerne cette jolie couleur et la personne qui va finir dans le stade de Quidditch, à nettoyer les gradins à la mode moldue.
Sinon, j’apprécierais que tu arrêtes de te foutre de moi, je suis pas d’humeur.
Finalement, elle remerciait Lilianor d’être venue. Elo aurait probablement décompensé et serait en larmes, si la Serpentard n’était pas en face d’elle, en train de se moquer d'elle. Après ses derniers week-end, c'était la goutte d'eau qui faisait déborder le vase.

Elo enleva son pull. Il semblait que la couleur était montée au-dessus des coudes, mais avait arrêté de s’étendre. Elle sortit sa baguette et tenta un sort.
Finite incantatem.
Bien sûr, rien ne se passa. Avait-elle raté son sortilège, l’agacement étant un mauvais conseillé ; ou était-ce inutile ?
Tu crois que Molly saurait faire partir ça, elle est du style à aller chez les frères Weasley… Non ?
Au fond d’elle, pour calmer Lilianor, elle avait envie de lui mettre un coup de balai. Pas fort. Juste assez pour que la peinture magique se répande sur son visage de succube. Mais elle pouvait encore avoir besoin d'elle. Devait-elle la motiver en la mettant dans le même bain qu'elle ?

Alizée aurait aimé cette couleur, mais elle n’était pas Alizée. Et il fallait trouver une solution avant demain matin. Et si possible, sans passer par la case « aide de Rusard ». Il devait avoir du détachant fonctionnant contre les farces et attrapes Weasley. Encore  que l’usage du détachant empirerait peut être les choses, connaissant les jumeaux.
Ginny ou Ron auraient peut être aussi une idée. La cadette était peut être à la bibliothèque, à cette heure, comme la plupart des 5ème années.

Alors, Lilianor ? Qu’est ce que tu as à me dire d’utile ?

Avez-vous déjà passé du temps avec une personne que vous n’aimiez pas ? Surtout quand cette personne était la seule à pouvoir vous aider ?
Elo se demandait comment la situation allait encore empirer. Lilianor se jouait d’elle. Elle faisait sa belle dans la salle, souriait et minaudait, autant qu’elle le pouvait. En plus, elle se moquait de Molly. Pourquoi fallait-il, qu’elle soit une pimbêche professionnelle ?
Au fond d’elle, Elo n’attendait qu’une chose. Elle voulait un nom. Juste un nom pour connaître son nouvel ennemi. Elle ne souhaitait même pas se venger. Après tout, les farces de chez Weasley n’étaient que des jeux et n’étaient pas dangereuses. Les jumeaux étaient suffisamment bons sorciers, pour limiter les effets secondaires. En plus, il n’était pas dans les habitudes de la Poufsouffle de se venger. Elle préférait aller de l’avant que ressasser des rancœurs.
*Balance, Lili, vas-y*
Après des nouvelles simagrées, elle se mit enfin à table.
Pour une fois, je vais être gentille avec toi, McPhee.
*C’est cela, bien sûr. Tu ne fais jamais rien gratuitement. * Elo tentait de garder un visage impassible, mais le doute devait se lire dans ses yeux.
Je pense savoir qui est à l'origine de ces taches violettes sur tes bras et NON, ce n'est pas moi même si je trouve ça plutôt drôle.
Il n’était pas utile de le signaler. Les rires idiots et mauvais de la Serpentard avaient déjà convaincu Elo. Elle savait que Lilianor trouvait la situation amusante. Elle soupira longuement, signe qu’elle préférait passer rapidement sur cela. *Allez ! Mais quand est-ce que tu en viendras au but ? *
En fait, c'est un type de ma maison que je n'apprécie pas vraiment pour des raisons personnelles. Je l'ai entendu tout à l'heure alors que je bossais dans la salle commune. Donc, je me suis dit, pourquoi ne pas aller dire cette information à une personne que "j'adore" ?
"J'adore... Bien sûr. Arrête de me mentir." Mais enfin on y arrivait. Et Elo retenait surtout une partie des choses. Lilianor comptait sur elle pour faire son sale boulot. Elle trahissait un Serpentard et s'attendait que la Poufsouffle attaqua d’une manière ou d’une autre le garçon.
Je ne sais pas si tu le connais. Kyle Izagi. Ce mec est même en train de me voler mon chat.
Elo ne put retenir un rire sincère. Son chat ? Le grand méchant Kyle volait le chat de la vilaine Lilianor ! La situation rappelait les feuilletons idiots que regardaient sa grand-mère, tous les matins. Kyle… Oui, Elo le connaissait. La dernière fois qu’elle l’avait vu, il sortait du bureau de Rusard, dans lequel il se cachait, en compagnie de Morange. Il avait bien pu y voler la peinture piégée. Alors les Serpentards se trahissaient les uns les autres, car un chat préférait passer du temps avec l’un, plutôt qu’avec une princesse égocentrique et arrogante.
Maintenant, tu as une dette envers moi, McPhee !
"Une dette ? Bien sûr ma belle." Elle pouvait toujours rêver. Elle avait trahi Kyle, uniquement pour le punir. Pas par “gentillesse“, comme elle le disait.

Merci de m’avoir offert le nom de celui qui aurait fait cela. Au fait, il s'appelle Igazi. Pas Izagi. J’aurais préféré, que tu saches enlever cette horreur. Mais c’est toujours ça.
Au fond d’elle, Elo se demandait comment Kyle avait pu trouver son balai et lui jouer ce mauvais tour.  Et surtout pour qu’elle raison. Lui en voulait-il pour la dernière fois ? Mais elle avait tenu sa langue et ne les avait même pas fait punir. Etait-ce encore un complot des Verts ? Et dans ce cas, Lilianor était-elle mêlée à tout cela ? Sa présence ici était bien étrange et ses raisons ridicules.
Au fait, pourquoi devrais-je te faire confiance Zyskowski ? Il fallait bien un témoin de ma nouvelle “mésaventure“. Tu es peut être envoyée par Kyle ou pire, Aly, pour te foutre un peu plus de moi. Et franchement, l’argument du chaton… Tu pensais m’avoir avec ça ?
Elle commençait à ranger ses affaires et se rhabillait, sans détourner le regard de Lilianor.
Si tu trouves l’antidote à cette saleté et seulement dans ce cas, je te prendrai au sérieux et commencerai à te faire confiance. Si tu n’as rien de mieux à me proposer, je ne sais pas pourquoi tu restes ici.
Elle prit son balai avec son chiffon de nettoyage et le tendit vers la Serpentard, menaçante.
Alors, tu penses pouvoir récupérer de quoi me rendre ma couleur normale ou dois-je te donner une vraie motivation ? Un petit coup de balai et tu auras des jolies tâches, qui te rappelleront Molly et les piqûres. Qu’est ce que tu en dis ?

Alors que j’étais en train de menacer Lilianor, je vis Molly entrer dans la salle de classe. Évidemment, il fallait qu’elle assistât à cette scène pathétique. Un spectacle qui commençait également à divertir les quelques élèves qui se trouvaient à l’autre extrémité de la pièce. La situation déplaisait à Molly, qui s’interposa sur le champ entre son amie et sa jumelle. Elo fut vexée, que les premiers mots de la nouvelle arrivante soient contre elle. La préfète était victime d’une mauvaise farce, Lilianor se moquait d’elle et c’était elle, qui se faisait réprimander.
Elle commença à se plaindre, mais s’arrêta presque immédiatement, en prenant conscience du ridicule de la situation. Elle, avec ses bras violets, qui menaçait la Serpentard de son balai. Elle avait déjà connu mieux et plus valorisant...

Lilianor exprima une nouvelle fois sa bonne foi et son honnêteté dans cette histoire absurde. Face à Molly, Elo savait qu’elle trichait plus rarement. Elle commença donc à croire, que la méchante jumelle disait la vérité.
C’est ce moment que son esprit choisit, pour décompenser. Elle abaissa son arme improvisée et sentit les larmes lui venir aux yeux. Elle les combattit cependant, ne souhaitant pas laisser une victoire trop facile au serpent.
Tu dis que c’est Kyle, qui est responsable de ça ? Mais pourquoi ? Et comment est-il entré dans les vestiaires du stade ? Il n’y a que les membres des équipes, qui ont les mots de passe.
Elle refusait toujours d’accepter, que Lilianor n’y était pour rien. C’était plus fort qu’elle, il lui avait toujours fallu du temps pour remettre en question ses préjugés. Et Lili faisait un coupable parfait, il fallait bien l’admettre. Elle était presque toujours détestable et mériterait d’être punie, pour cette fois, ne serait-ce que pour compenser toutes les autres, où elle s’en était sortie par miracle ou ruse.
Les yeux brillants des larmes retenues, elle scrutait le visage de la Serpentard, cherchant les signes de trahison. Elle bouillait intérieurement de ne pas les voir. Cela aurait été tellement plus simple.Bien sûr, cela aurait été décevant pour Molly, mais Elo ne pouvait pas imaginer, que Lili puisse être honnête et sympathique avec elle. Cela n’avait jamais été le cas depuis leur arrivée à Poudlard. Elle avait systématiquement dénigré les Poufsouffle et surtout sa jumelle. Elo ne l’avait jamais admis et compris. Elle était fille unique et avait toujours voulu avoir une plus grande famille. Elle l’avait trouvé à l’école et depuis, elle défendait ses blaireaux avec conviction. Elle ne comprenait pas que Lilianor rejetait ainsi sa soeur.

Ne pouvant en vouloir à la Serpentard, pour sa mésaventure personnelle, elle l’attaqua alors, pour défendre Molly.
Tu seras un jour humaine et gentille, avec ta soeur, Zyskowski ? Elle est bien plus mature et raisonnable que toi. Être une peste et une pimbêche n’est pas un signe de grandeur. Il te reste un peu plus de deux ans, pour entrer dans le monde des adultes, mais tu pourrais l’apprendre avant tes ASPICs, ce serait une bonne initiative. Je pourrais te donner des cours particuliers, avec Molly, pour t’aider. On est comme ça, chez les Poufsouffle.
Elle plaqua bruyamment son balai sur la table, pour donner encore plus de force à ses propos. Elle fourra ensuite son matériel dans son sac et lança la sangle au-dessus de son épaule.
McGo, tu dis ? Pour une fois, je crois que tu as eu une bonne idée.
Et se retournant vers Molly, elle ajouta :
Désolé du spectacle, Momo, mais il fallait que ça sorte. Tu m’accompagnes ou tu essayes encore de rendre ta soeur agréable ?
Elo comprendrait bien, que Molly lui en veuille, mais elle espérait bien sûr que son amie se placerait dans son camp, cette fois.