chambre de Novenka Cieslak et Elena McWood

Mardi 22 avril.

Mia trempa une nouvelle fois sa plume dans l’encrier, elle avait presque fini de rédiger un compte rendu des recherches qu’elle avait pu faire pour son sujet de thèse en médicomagie. On frappa au carreau du dortoir et l’abraxane sursauta presque, elle n’attendait de lettre de personne, ce devait être pour Anton. En levant les yeux elle la reconnut tout de suite, c’était Isia, la petite nyctale de Novenka. Son cœur fit un bond dans sa poitrine pourquoi écrivait-elle à une heure pareil alors que sa chambre était à quelques pas de la sienne ? Elle lâcha sa plume tâchant gravement ses notes et réprima un juron. Elle ouvrit en hâte la fenêtre et fit rentrer la jolie chouette grise qui lui tendait déjà sa patte de façon impérieuse. La jeune femme détacha la missive avant de lui gratter la tête affectueusement.
Elle déroula le parchemin et en lisant les premiers mots préféra s’asseoir sur sa chaise de bureau qui n’étais qu’à quelques pas. Au fur et à mesure qu’elle lisait ses lignes Mia écarquilla un peu plus les yeux, se mordant d’abord la lèvre pour retenir ses exclamations puis un sourire illumina son visage. Heureusement que la fenêtre était restée ouverte, un air frais venait lui caresser le visage tout au long de sa lecture lui permettant de contenir sa joie. Anton s’était avancé près d’elle lisant par-dessus son épaule. Elle se leva d’un bond : « Il faut que j’aille la voir. Je reviens, attends-moi. » Elle l’embrasse tendrement enroulant ses doigts autours de ses boucles brunes, le serrant contre elle et quitta la chambre en hâte en prenant doucement Isia entre ses doigts.

Elle parcourut le couloir qui menait au dortoir d’Elena et de Novenka rapidement, la chouette ponctuant ses pas d’hululement réprobateur sous les secousses qu’elle ne semblait pas apprécier. Elle ouvrit la porte d’un coup, en grand, sans même frapper, Isia lui échappa des mains et s’engouffra à l’intérieur, se rendant compte de son geste elle la retira sur elle chuchotant : « Heu, Novenka, Elena, c’est moi, Mia, je peux entrer ? ».
Lorsque la porte s’ouvrit l’abraxane ne put s’empêcher de sauter au cou de sa meilleure amie, les larmes aux yeux : « Oh ma Nova mais, Aaaah, c’est tellement trop génial ! – Elle avait presque crié, laissant exploser sa joie, elle la serra contre elle, fort, peut-être trop ? Elle était si heureuse qu’elle devenait presque incontrôlable puis reprenant ses esprits quelques instants elle la lâcha écarquillant les yeux, la regardant des pieds à la tête. – Tu vas bien ? Olala il faut que tu me racontes ! Je veux tout entendre ! – Elle balaya la pièce des yeux remarquant alors Elena dans son lit, elle sentit le rouge lui monter aux joues, décidément elle en oubliait toutes les bonnes manières. Elle s’approcha de son amie lui plantant une bise sur la joue. – Bonsoir Elena et pardon pour l’intrusion, je me calme promis ! » Elle sourit gênée et sauta à moitié sur le lit de Novenka, assise en tailleur elle voulait entendre toute l’histoire dans les moindres détails.

Mia regarda sa meilleure amie sortir une jolie boite métallique de sous son lit, elle fronça les sourcils se demandant bien ce qu’il s’y trouvait à l’intérieur, sûrement des lettres dudit Rowan elle en aurait presque mis sa main à couper… Lorsqu’elle reconnut les bouteilles de bièraubeurre elle sourit, la yougoslave savait toujours accueillir ses invités comme il se doit même s’ils débarquaient à des heures incongrues alors qu’elle était en petite tenue : « Avant que je ne dise quoi que ce soit, il faut lever nos verres. » L’abraxane esquissa un rire et obéissante, docile, leva sa bouteille. On aurait dit un rituel, une soirée entre fille, presque une soirée pyjama vu l’heure et la tenue de son amie. Elle prit sa main dans la sienne, l’écouta attentivement, avide à chaque seconde d’en entendre un peu plus. Elle écarquilla un peu les yeux en apprenant que la jeune femme allait boire des verres avec son professeur de Médicomagie, cela ne lui serait jamais venu à l’esprit et elle avait du mal à l’imaginer mais c’était ça aussi qu’elle aimait chez elle : elle était étonnante.

Lorsque son amie évoqua une lettre elle lui prit délicatement des mains, elle imagina que Novenka la connaissait par cœur, sûrement l’avait-elle lue et relue de centaines de fois et elle la comprenait. Elle reconnaissait bien là l’aristocrate, on pouvait presque entendre sa voix en lisant ses mots choisis avec soin, ce ton détaché presque professionnel mais tout autant mystérieux. Elle leva les yeux de la lettre un lueur interrogatrice passa dans ses yeux : « Évidemment, j'y suis allée. Je pensais qu'on allait simplement discuter... Que penses-tu que j'y ai trouvé ? – Mia rit à l’écoute du « simplement discuter », en effet avec le recul et en sachant comment avait tourné le rendez-vous cette phrase était tant innocente.
Un petit creux se forma au milieu de son front, Mia réfléchissait : « La ménagerie ? Un plumage cendré ? – Elle ouvrit de grands yeux. – Il a un aigle ? – Elle plaqua ses mains sur sa bouche, il ne fallait pas qu’elle crie, elle allait rameuter toute la confrérie. Elle jeta un regard furtif vers Elena qui n’avait pas levé un sourcil de son livre, elle haussa les épaules, peut-être n’avait-elle pas parlé si fort finalement. L’animal auquel elle avait pensé aurait très bien pu correspondre au statut de la famille Westminbrook, la puissance, la force. Elle pressa la main de son amie pressée d’en entendre davantage.

Mia sut tout de suite qu’elle avait répondu à côté de la plaque en voyant la réaction de son amie, elle s’étouffa presque avec un des gâteaux qu’elle avait tenté d’avaler. La future médicomage était prête à bondir pour la secourir et lui tendit sa biéraubeurre pour éviter qu’elle ne s’étrangle davantage. Elle le regarda épousseter un peu le lit le temps de reprendre son souffle avant qu'elle ne lui souffle : « Non tu n'y es pas. – L’abraxane fronça les sourcils qu’est-ce que cela pouvait bien être ? Non rien d’autre ne lui venait à l’esprit, elle lui dit à voix basse. – Je donne ma langue au chat, enfin à l’aigle enfin à LA chose ! Dis-moi ! – Elle pressa la main fraiche qu’elle avait posée sur sa cuisse l’incitant à en dire davantage. – En réalité, c'était un corbeau. Qui a d'ailleurs une très jolie histoire, il s'appelle Loki. » Mia écarquilla les yeux, un corbeau ? C’était un animal de compagnie étrange qui avait une réputation plutôt lugubre, cela était étonnant mais pas impossible, le jeune homme avait dû faire preuve d’une grande patience pour apprivoiser un oiseau comme celui-ci.

L’étudiante écouta le récit de sa meilleure amie avec attention, elle était attendrie par le geste qu’elle avait fait vers cet oiseau alors qu’elle en avait presque la phobie. Cette histoire était touchante et Mia réalisa ô combien Novenka devait tenir à Rowan pour prendre sa peur à bras le corps et s’approcher de Loki. Elle lui sourit émue : « Wah ma Nova tu as dû prendre sur toi d’une façon folle ! Tu es prête à tout pour lui hein ? – Elle lui adressa un clin d’œil complice, profondément heureuse pour elle. L’abraxane ouvrit les yeux un peu plus grands lorsqu’elle évoqua la question que lui avait posée le sinistros, elle prit la main de son amie dans la sienne. – Tu sais ma Nova, s’il t’a demandé ça c’est qu’il tient beaucoup à toi… Enfin qu’il a peur de te faire peur et donc… de te perdre… – Lorsqu’elle lui raconta comment elle avait réagi Mia plaqua de nouveaux ses mains sur sa bouche se retenant de crier puis souffla. – Mais noooon ! Mais olala ! Tu as bien fait, mais tu as dû tellement stresser de sa réaction ! J’aurai fait une syncope c’est sûr ! – Un doux sourire vint illuminer son visage à l’énonciation de la réaction de Rowan. – Ooooh mais c’est si romantique ! » Elle plaça ses deux mains devant son visage applaudissant silencieusement mais frénétiquement, enchantée.

Cela lui faisait un bien fou de voir sa meilleure amie aussi heureuse, aussi transie d’amour, elle méritait vraiment ce bonheur elle qui en donnait tant, c’était un juste retour des choses et puis pour une fois les deux abraxanes étaient en couple au même moment, c’était un peu une sorte d’accomplissement, d’apogée : « Il faut que tu le revois ma Nova ! Tu lui as écrit ? Il faut que tu lui dises que tu aimerais le revoir et tu peux même lui glisser qu’il te manque déjà. – Elle marqua une pause passant doucement son pouce près des lèvres de son amie pour y retirer quelques miettes. – Mais n’en dis pas plus sur tes sentiments, il ne faudrait pas l’effrayer. On n’sait jamais avec les hommes. – Elle fit une grimace, elle avait toujours peur de dévoiler ses sentiments de crainte de faire fuir la personne en face d’elle. Elle piochait de nouveau un gâteau dans la jolie boite métallique et Mia ne put résister à en prendre un à son tour. – Che vais defoir faire du chport demain – L’abraxane éclata de rire manqua de s’étouffer à son tour puis elle articula. – Alors surtout ma Nova, ne lui propose pas de faire du sport avec toi, ça pourrait porter à confusion ! – Elle la serra contre elle, la berçant presque et lui murmura. – Dans tous les cas ne t’inquiète pas si tu as l’impression de perdre la tête, de divaguer, d’être obsédée, de le voir partout, de voir son visage dès que tu fermes les yeux, c’est normal, c’est l’amour, c’est une force, c’est une énergie et il ne faut pas l’étouffer : jamais. – Elle appuya sur ce dernier mot et se détacha doucement d’elle rivant son regard dans le sien, serrant ses mains dans la sienne. – Ne t’en fais pas pour son statut d’aristocrate, son statut de sang-pur, les règles, les étiquettes, les codes ne sont rien par rapport à ce qu’on ressent là. » Elle pointa son cœur du bout du doigts lui souriant timidement.

Mia regarda avec effarement une larme rouler sur le beau visage de sa meilleure amie. Elle posa doucement sa main sur la joue de Novenka, écrasant cette larme salée avec son pouce avant de murmurer : « Eh ma Nova tu vas brouiller ton beau visage, arrête ça.  – Elle l’embrassa tendrement sur le front avant d’ajouter à voix basse. – Bisou sur le front, bisou de protection. – Elle lui fit un clin d’œil complice souhaitant voir le visage de la yougoslave s’illuminer d’un nouveau sourire, mais l’appréhension et l’angoisse semblait habiter seconde après seconde chaque millimètre carré de ce doux visage. – J'ai peur d'être, moi, la menace pour lui. – L’abraxane sourit pressant affectueusement la main de son amie. – Et tu veux le menacer comment ? Avec tes petits poings ? – Elle fit une moue rieuse avant que l’étudiante ajoute sur le même ton de la rigolade. – Puis qu'est-ce qui l'intéresse chez moi d'abord ? Je n'ai ni fortune ni beauté... Regarde-moi ! J'ai des chaussons roses avec de la moumoute dessus ! – Mia ne put s’empêcher d’éclater de rire en regardant les chaussons de son amie. – Alors ça oui ma chérie évite de les porter à un rencard et si tu prévois une nuit « torride » – Elle traça les guillemets dans l’air. – Ne les porte pas ! Je pense que c’est un tue l’amour. – Elle sembla réfléchir quelques instants. – Ou alors peut-être pas ! – Elle haussa les épaules. – Ce Rowan cache peut-être bien son jeu ? Il porte peut-être les mêmes et les caresse amoureusement chaque soir avant de s’endormir ? » La future médicomage n’en put plus elle se laissa tomber à la renverse sur le lit riant de bon cœur à l’imagination de cette scène.

« Un, Dos Tres, Un pasito palante Maria » Mia se rassit d’un bond sur le lit écarquillant les yeux, un sourire illuminant son visage, puis elle sauta sur ses deux pieds, debout toujours sur le lit de sa meilleure amie avant de presque hurler en sautillant : « C’est Rickyyyy ! » Elle attrapa les deux mains de Novenka pour l’attirer à elle, c’est alors qu’elle se rendit compte que la porte du dortoir venait de se fermer et qu’Elena n’était plus dans son lit. Elle haussa les épaules, après tout si elle ne voulait pas faire la fête elles n’allaient pas l’y forcer. La jolie blonde donna tout ce qu’elle pouvait, se déhancha plus que de raison, passant les doigts dans ses cheveux, attrapant sa meilleure amie par les hanches. C’était la danse salvatrice, la danse de la victoire, la danse du cœur, il fallait qu’elles donnent tout pour fêter ça, pour évacuer la pression, pour se remettre des émotions de la journée. Lorsque la musique changea à la radio Mia sauta du lit Cyndi Lauper remplit le dortoir de son fameux « Girls Just Want to Have Fun » elle attrapa une plume sur le bureau de Novenka et s’en servant comme d’un micro elle se mit à chanter réveillant surement les dortoirs voisins mais peu lui importait à cet instant elle ne voulait que le bonheur de sa meilleure amie.

Mia chantait de tout son cœur, de toute son âme et elle n’aurait pas été étonnée de voir les voisins de dortoirs débarquer surtout un soir de semaine mais elle n’avait jamais eu trop de problème et puis ils étaient tous étudiants ils savaient ce que c’était que s’amuser. Lorsque Novenka se prit la poutre du baldaquin en sautant l’abraxane regarda son amie fixement, reprenant tout sérieux et s’assura que tout allait bien. Elle la regarda intriguée se diriger vers sa commode où elle en sortit un tee-shirt beaucoup trop grand. La future médicomage écarquilla les yeux elle voyait venir le deal gros comme un dragon elle posa ses mains sur ses hanches faisant mine de ne pas comprendre : « Tu as froid que tu veux rajouter une couche de plus ? – Une lueur de malice passa dans ses yeux, il allait falloir qu’elle troc son jean et son tee-shirt contre… Des chaussons licorne bleu et arc-en-ciel ? La tête de de la jolie blonde allait de gauche à droite en signe de négation, hors de question de porter ça ! Mais elle n’eut pas le temps de formuler une seule remarque que déjà on la prenait par les sentiments. – Si tu mets les chaussons... Je te raconterai chacun de mes rendez-vous avec Rowan. Deal ? – Mia fronça les sourcils elle était cuite elle ne pouvait refuser une offre pareil,  elle aimait beaucoup trop les potins et d’autant plus si ceux-ci concernaient la love story de sa meilleure amie. Elle se mordit la lèvre avant de rétorquer. – Okay mais si Anton débarque… Je te prends en photo dans cette tenue et l’envoie à Rowan ! Et… Je récupère mes affaires pour retrouver mon dortoir ! » Elle lui tira la langue et ne put s’empêcher d’éclater de rire, elle imaginait la tête des deux jeunes hommes s’ils les surprenaient dans ces tenues et ce ne serait sûrement pas beau à voir.

Mia quitta son jean et son tee-shirt ne pouvant se retenir d’entonner la célèbre musique de Joe Cocker, You can leave your hat on, puis enfila celui prêté par Nova. Elle avait de la chance d’être si petite car cela lui faisait presque une robe et elle évitait donc d’avoir les fesses à moitié à l’air. La musique reprit de plus belle sur un air plus rock, l’étudiante sauta de partout bougeant sa tête en tous sens jusqu’à en avoir le tournis les mains de sa meilleure amie dans les siennes, elles se lançaient dans une danse endiablée sans aucune retenue, sans aucune limite, se sentant libres. Quand la musique prit fin Novenka expliqua à l’abraxane le mode de fonctionnement de son appareil photo moldu, Mia écouta attentivement les instructions et prit la pause à côté d'elle, faisant le signe de la victoire avec les doigts de sa main libre et attrapant les épaules de la jolie brune de l’autre.
C’était un jour à immortaliser, ce bonheur, cette ivresse qui les animaient devait être figé sur du papier en mémoire de ce début d’histoire, de ce nouveau départ, et d’une joie durable, elle l’espérait de tout cœur. Elle posa un baiser sur la joue de sa meilleure amie puis retournant chercher leur deux Biéraubeurre c’est Bonnie Tyler et son fameux I Need a Hero qui retentit, elle tendit sa bouteille à Novenka en pouvait s’empêcher de bouger sa tête en rythme et cria presque : « A toi ma Nova, à l’Amour, à la future Présidente d’Abraxan, à Nous ! – Le verre s’entrechoqua et elle but une grosse gorgée avant de sauter de nouveau de partout manquant d’asperger toute la pièce avec sa boisson. Elle se laissa tomber en arrière sur le lit de la jolie yougoslave avant de souffler en se relevant sur ses coudes. – Invite le à la soirée au Dark non ? J’ai envie de vous voir ensemble ! – Un sourire illumina le visage de Mia, puis elle ajouta en balayant la chambre des yeux. – Tu vas arriver à dormir avec toutes les news de cette journée ? » Elle riva son regard dans les yeux clairs de sa meilleure amie.

Mia prit une profonde inspiration, soulagée, sentant le bonheur s’emparer d’elle, Novenka méritait vraiment de trouver l’amour et d’être heureuse, de la voir ainsi si pétillante, si adorable cela remplissait l’abraxane d’une joie immense. Elle aurait voulu la serrer contre elle, pour emprisonner cet épanouissement sur elle, pour toujours. Lorsqu’elle apprit que sa meilleure amie avait déjà invité Rowan à la soirée de campagne au Dark Night, un sourire se dessina sur le visage de la future médicomage, elle avait hâte de les voir tous les deux et même si leur histoire devait rester secrète elle serait trop contente de savoir que sous les apparences dormait l’Amour, les sentiments. Un air frais s’engouffra dans la pièce quand elle ouvrit la fenêtre pour laisser Isia faire sa balade nocturne, elle se mordit la lèvre se rappelant comment elle avait dû secouer la pauvre chouette dans le couloir pour venir jusqu’ici, pauvre petit oiseau, elle lui amènerait des biscuits pour se faire pardonner.  

La jolie brune vint s’allonger près d’elle la tirant des légères pensées dans lesquelles elle s’était plongée, la musique continuait comme un bruit de fond, un soulagement sûrement pour les voisins. Le ton de la conversation se faisait plus sérieux, on ne pouvait leurrer son cerveau bien longtemps et les angoisses, les peurs revenaient souvent au galop. Le pire c’était le soir, Mia connaissait cela trop bien, lorsque dans son lit, dans le noir, dans le silence, les pensées s’infiltraient dans nos têtes, tournant, tournant, sans pouvoir les arrêter, nous serrant un peu plus l’estomac à chaque seconde. La jeune femme comprenait bien les craintes de la yougoslave, elle partageait son incompréhension vis-à-vis de ces histoires de sang, des « codes », mais selon elle il ne fallait pas laisser une chance passer, il fallait se battre. L’abraxane s’assit en face de sa meilleure amie, prit ses mains dans les siennes, doucement, puis les caressant du bout du pouce elle murmura : « Je te comprends tout à fait ma Nova, mais je crois aussi à un monde meilleur, un monde où Sorciers et Moldus vivront côte à côte sans guerre, où les sangs n’auront aucune importance, où nous serions tous égaux. Je suis d’accord que dans la situation actuelle ça parait utopiste, mais je pense que les choses changeront. Alors oui il vous faudra être méfiants, secrets pour le moment, mais un jour vous pourrez vivre tout ça en plein jour. » Elle aurait voulu lui promettre que cela se passerait mais elle n’en avait pas le pouvoir.

Mia pressa les mains de Novenka dans les siennes, se voulant rassurante. Une sourire malicieux éclaira le visage de son amie, qu’est-ce qu’elle était radieuse : « Bon, et toi, t'en es où ? Votre couple tient bien ? Vous allez bien ? – Elle sourit à sa meilleure amie puis doucement elle se mordit la lèvre sentant quelque chose s'écrouler légèrement enelle. Elle ne voulait pas gâcher ce moment c’était la journée de Novenka mais malheureusement tout n’était pas parfaitement rose avec Anton. Enfin si, entre elle et lui tout allait bien, il la rendait heureuse, la jeune femme n’aurait pas pu rêver mieux, cela lui avait tant trotter dans la tête qu’elle ne pouvait être qu’enchantée. Mais il y avait quelques zones d’ombres, des ombres féminines qui semblaient prendre un malin plaisir à accabler la future médicomage. Elle prit une profonde inspiration puis murmura penaude. – Anton est vraiment super avec moi, on est vraiment sur la même longueur d’onde, il est doux, gentil, attentionné. Tout ça c’est vraiment parfait mais… – Elle marqua une pause, Mia avait toujours eu honte de sa jalousie, de ses peurs de perdre ceux auxquels elle tenait le plus, mais c’était sa meilleure amie, elle pouvait tout lui dire. – Il y a quelques jours, le 16 avril plus précisément j’ai reçu une lettre, une lettre d’Alycia. – Sa voix se brisa. – Tu sais la Serpentard, celle qui a laissé Anton avec les Mangemorts. Elle dit qu’elle espère que je vais mal, que je souffre… Que je crois avoir retrouvé Anton mais qu’il me ment, qu’il me cache des choses, que je vais souffrir encore. – Elle jeta un regard teinté d’angoisse vers Novenka y cherchant du réconfort, une solution à cette énigme. La serpentard semblait tant en savoir et elle, elle n’avait jamais osé reparler de ce qu’il s’était passé la nuit du 15 au 16 mars, elle n’avait pas risqué de ressasser ce qu’il était arrivé à Anton avant qu’ils ne le retrouvent. Un petit creux s’était formé sur son front, elle ajouta. – J’en ai parlé avec Anton bien sûr, il m’a rassuré, mais je n’arrive pas à oublier. Et puis en plus... – Elle posa sa main sur le genou de sa meilleure amie. – Hier j’ai reçu une nouvelle lettre, qui n’est pas d’Alycia, ce n’est pas la même écriture, dessus il n’y avait que deux lignes. – Elle récita. – « Crois-moi, il y a beaucoup de filles capables de te faire de l’ombre. Tu n’es qu’une parmi d’autres, Anton est à moi. » – Elle plongea la tête dans ses mains. Puis relevant légèrement la tête elle riva son regard dans celui de la jeune femme. – Qu’est-ce que j’ai fait pour mériter ça ? – Elle se mordit la lèvre, elle venait de tout gâcher, la petite soirée festive venait de plonger au quatrième dessous. Il fallait qu’elle trouve une note plus légère pour remonter le niveau, elle ne pouvait pas laisser la situation en état et fourrer de nouveaux soucis dans la tête de sa meilleure amie. Elle lui sourit timidement. – Enfin bon, elles sont jalouses c’est ça ? C’est à cause de ma classe sans pareille. – Elle passa sa main dans ses cheveux d’un geste théâtral, pointant son tee-shir trop grand de ses indexes, espérant rendre un peu plus de légèreté à l’ambiance qu’elle avait elle-même alourdie.

A la réaction de sa meilleure amie Mia sut qu’elle avait bel et bien tout gâché. Novenka s’en voulait même d’avoir fait la fête… L’abraxane déglutit elle ne voulait pas du tout que la soirée se termine comme ça, sur un ton morose en laissant planer ses incertitudes et ses craintes. Elle sortit de nouveau les gâteaux, c’était presque un rituel chez la yougoslave les douceurs étaient un remède contre les maux. « Déjà, pour la petite, je le pense comme ça depuis le début : elle a l'air d'éprouver beaucoup de haine à ton encontre, parce que tu es jolie et que tu as eu sûrement ce qu'elle n'a pas pu avoir. – Mia se mordit la lèvre, elle avait appris quelques jours auparavant que la serpentard avait tenté de tuer Elena, sa demi-sœur, et leur amie. Elle parcourut la chambre des yeux, heureuse que la jeune femme ne soit pas présente et elle lui souffla. – Tu sais il y a quelques jours Elena m’a écrit, c’est une McWood, comme Alycia, elles sont sœurs, et Alycia a apparemment tenté de la tuer ! » Elle écarquilla les yeux, elle ne savait pas si Novenka était au courant de cette histoire mais cette jeune fille semblait vraiment dangereuse ou complètement perdue.

Les mots qui suivirent vinrent serrer le cœur de l’abraxane, et si la serpentard avec raison ? Mais comment pouvait-elle savoir ? Anton correspondait-il toujours avec elle ? Lui avait-il confié des choses qu’il ne lui disait pas ? Elle n’en savait rien, il ne l’avait pas mentionné. Les dents de la jolie blonde se plantèrent si fort dans sa lèvre inférieure que le gout du sang vint à ses papilles, elle relâcha subitement la pression. Elle secoua la tête voulant chasser ses pensées de sa tête. Elle prit une profonde inspiration avant de répondre, elle voulait parler sans que sa voix ne tremble. « Je ne lui ai pas parlé de la soirée. – Elle avait appuyé sur le « la » comme si donner plus de détails leur faisait du mal. – Je n’ai pas osé lui demander ce qu’il s’était passé. J’ai peur de faire rejaillir des souvenirs qu’il veut peut-être oublier... Tu crois que je devrais ? – L’inquiétude se lisait sur son visage comme dans un livre. Sa meilleure amie poussa la boite métallique contre sa cuisse et le contact du métal froid sur sa peau la parcourut d’un frisson. Mia n’avait pas faim, elle avait le ventre noué mais elle piocha distraitement dans la boite voulant faire plaisir à son amie, elle croqua doucement dedans. – Tu ne mérites pas ça. Et je veillerai à trouver qui te veut du mal... Anton t'aime. Et s'il faute... Je ferai ce que j'ai dit que je ferai depuis le début. Je le pendrai par les noisettes. – L’abraxane sourit timidement à son amie inclinant sa tête pour la loger entre ses doigts fins. Ses caresses l’apaisèrent un peu. – Tu ne risques rien, je suis là et en tant que future présidente, je trouverai qui te fait de mauvaise blague. – Elle posa doucement sa main sur le genou de Novenka et le pressa tendrement. – Merci ma Nova, merci d’être là. »

Elle la regarda se lever du lit traversant le dortoir de sa démarche assurée et élégante, elle était si belle même habillée d’un simple tee-shirt beaucoup trop grand. Mia rit à la remarque de la yougoslave, elle n’était pas d’accord elle pouvait porter n'importe quoi, elle était radieuse et n’importe quel homme sur cette terre aurait craqué d’amour en la voyant ainsi. La future médicomage tendit la tête essayant de voir ce que farfouillait sa meilleure amie dans un tiroir et elle en sortit une pochette en soie. Mia fronça les sourcils, intriguée quand sa meilleure amie lui déposa la petite poche entre les doigts en lui disant son contenu, elle écarquilla les yeux. Elle l’ouvrit délicatement et fit tomber les petites pierres dans le creux de sa main, elle sentit les larmes lui monter à l’œil. L’abraxane referma ses doigts serrant son poing contre son cœur, glissa son bras autour des épaules de Novenka, l’attirant contre elle. « Merci ma douce, tu es merveilleuse, c’est si… – Sa voix se brisa. – C’est si adorable. » Elle se mordit de nouveau la lèvre elle ne voulait pas pleurer, elle se blottit dans les bras de la yougoslave et ferma les yeux se laissant bercer par ses caresses.


A la radio Leonard Cohen chantait Hallelujah de sa voix rauque apaisante. Un petit sourire se dessina sur le visage de Mia, elle attrapa le poignet de sa meilleure et commença à chanter en murmurant puis les paroles sortirent plus fort, du fond du cœur comme une rédemption. Elle fit glisser les pierres de lune dans la pochette, elle ne devait pas en perdre, l’une d’elle s’échappa de ses doigts, elle l’attrapa et la regarda de plus près : « Tiens celle-ci veut rester avec toi, c’est le destin, alors tu la gardes ! – Elle lui fit un clin d’œil et entrouvrit le tiroir de la table de nuit de Novenka et la posa délicatement sur un mouchoir en tissu. – Heureusement que je t’ai ma Nova, je ne sais pas ce que je ferai sans toi. » Elle écrasa une larme d’émotion sur sa joue et posa un baiser sur celle de la yougoslave.