Quelques mots après des années de silence [ Ablus Lewis ]

Nous étions samedi. Qui dit samedi dit week-end, et qui dit week-end dit pas de cours assuré. Les examens approchaient à grands pas et Kelsey ne s'accordait pas beaucoup de pauses. Ce rythme était fatiguant, même pour elle qui adorait acquérir des connaissances et travailler ses cours et sortilèges. Elle tenait toutefois le coup et ne perdait pas en motivation, contrairement à beaucoup d'élèves qu'elle observait. Cela dit, c'était compréhensif. Elle en voyait un bon nombre soupirer lorsqu'elle était à la bibliothèque, s'énerver en ne comprenant pas un aspect d'un cours, ou encore se laisser aller au désespoir. Passant la plupart de son temps à la bibliothèque et travaillant jusque tard le soir, Kelsey ressentait un léger épuisement, mais elle savait que ce n'était qu'une période et bientôt les vacances d'été seraient là. Poudlard allait lui manquer c'est sûr, mais rien ne l'empêcherait d'étudier chez elle. Puis elle aurait de quoi faire à l'écurie de M. Kent. Elle pensa à sa sœur qui allait achever sa première année à l'Université de Haveirson. Que de mystère autour de ce lieu selon ses dires. Aria et sa sœur se donnaient régulièrement des nouvelles, Aria taquinant Kelsey sur le fait qu'elle soit encore à Poudlard, tandis que celle-ci la raillait quant à ses notes. C'était un jeu entre les deux sœurs, elles s'entendaient à merveille et mine de rien, la compagnie d'Aria manquait à Kelsey. Elle comptait lui écrire une lettre demain.

La jeune sorcière était dans son dortoir, s'accordant enfin une pause après cette semaine difficile. Allongée sur son lit, elle lisait un livre policier d'un écrivain moldu connu. C'était une affaire bien sordide mais que de suspense ! Kelsey venait de le commencer et avait déjà du mal à le lâcher. Snow, son chat, dormait paisiblement contre elle. Il n'avait pas eu envie de sortir cette après-midi. Quant à Harold, sa chouette, il avait préféré profiter de l'extérieur, demandant à sortir une heure auparavant. Il devait voler par-ci par-là, chasser de petits mammifères et profiter du beau temps et de l'air naturel. Il avait bien raison ; le soleil était au rendez-vous malgré la présence de quelques nuages disséminés dans le ciel. Une brise légère et agréable virevoltait dans l'atmosphère, remuant d'une faible intensité le feuillage des arbres.

Kelsey tourna la tête vers la fenêtre, elle commençait à ressentir le besoin de sortir malgré l'engouement que lui procurait son livre. Elle le posa sur sa commode, ce qui eut pour effet de réveiller son chat. Il miaula, l'air de dire « que se passe-t-il ? » . Kelsey sourit en voyant sa petite bouille et passa délicatement sa main sur son doux pelage blanc-crème. Le félin commença à fermer ses yeux bleus et à ronronner.

« Je vais te laisser un moment Snow, je vais profiter du soleil, comme Harold » lui dit-elle d'une voix douce.

Le chat rouvrit les yeux et la fixa tout en miaulant, comme s'il avait compris. Il savait qui était Harold, à force d'entendre ce nom et de voir la chouette, il avait fait l'association entre les deux. Il n'y avait jamais eu de soucis entre eux d'ailleurs. Snow n'était pas agressif, peut-être juste jaloux quand sa maîtresse s'occupait d'autres animaux.

La Gryffondor se leva du lit sous le regard curieux de son animal, et chercha dans sa valise un crayon et son calepin à dessin. Elle avait envie de dessiner et espérait trouver un beau modèle. La nature regorgeait de magnifiques paysages ou créatures et il lui serait plus aisé de trouver un modèle intéressant dehors plutôt qu'à l'intérieur du château. Quoique certaines architectures, statues ou tableaux valaient le coup au sein de l'édifice et elle en avait déjà immortalisés un certain nombre sur son calepin. Étant en T-shirt, elle prit un petit gilet, ayant une idée de là où elle pourrait potentiellement trouver quelque chose. Elle regarderait d'abord près du lac puis à la lisière de la forêt si ces recherches près de l'eau s'avéraient vaines. À ces endroits, les arbres étaient nombreux et les endroits ombragés l'étaient tout autant. Soumise à la brise et privée de la chaleur du soleil, Kelsey anticipait la diminution de température. Son regard se porta sur son Sacré de Birmanie qui commençait déjà à cligner des yeux, prêt à s'assoupir. Elle s'approcha de lui et lui donna une dernière caresse avant de quitter la chambre commune.

Elle traversa en hâte la salle commune et ne ralentit pas l'allure dans les couloirs et escaliers qu'elle empruntait. Finalement, elle arriva dehors en quelques minutes. Les rayons du soleil l'éblouirent quelques secondes mais cette sensation de chaleur et de lumière lui était bénéfique après tout ce temps passé à l'intérieur du château. Respirer l'air frais lui redonna un peu d'énergie. Affichant un léger sourire, elle se dirigea vers les arbres qui amenaient tout droit vers le lac. Elle croisa Hagrid et le salua poliment. Elle appréciait beaucoup le garde-chasse et il n'était pas possible de trouver meilleur professeur que lui pour le cours de Soins Aux Créatures Magiques.

Lorsqu'elle entra dans les bois, la lumière du soleil disparut, ne parvenant pas à traverser les nombreux feuillages. Cette absence de chaleur donna l'impression que la brise augmentait d'intensité. Kelsey avait bien fait de mettre un gilet. Elle marchait lentement et silencieusement, observant les alentours avec attention, écoutant les bruits qui se propageaient.

Au bout de plusieurs minutes, une partie du lac s'offrit à sa vue, puisque deux cents voire trois cents mètres la séparaient encore du point d'eau. Se trouvant légèrement en hauteur, elle parvenait à le voir. Elle continua alors sa promenade jusqu'à être à une trentaine de mètres de son but. Elle se stoppa brusquement, un cerf se tenait là, près de l'eau. Parfait ! Elle avait de la chance ! Elle en avait déjà dessiné beaucoup mais elle était toujours autant émerveillée par ces animaux dépourvus de pouvoirs magiques. Le décor était magnifique et l'animal majestueux portait de beaux bois. Il tourna la tête dans sa direction pendant quelques instants, Kelsey retint alors son souffle, stressée. Finalement, il continua son repas, ne l'ayant pas détecté. Elle soupira doucement, soulagée. Prudente, elle tenta de se rapprocher de quelques mètres afin de rejoindre une branche d'arbre sur le sol. Elle y parvint et s'y s'installa discrètement. Ouvrant son calepin sur une feuille vierge, elle commença à dessiner le cerf, se préparant ensuite à reproduire les éléments naturels autour de lui.

Kelsey ne regrettait pas sa sortie, l'extérieur et son loisir artistique lui permettaient de faire redescendre la pression des examens. Cette pause était amplement méritée et elle n'était pas sûre de se replonger dans ses bouquins de magie aujourd'hui. Elle le ferait demain, après avoir écrit à sa sœur. Révisant d'arrache-pied et à une vitesse raisonnable, elle était largement dans les temps. Enfin c'est ainsi qu'elle le voyait, car en réalité elle était même très en avance. En même temps elle apprenait vite et à force d'accumuler les connaissances et de les réviser régulièrement, il était plus simple de s'en souvenir et de les ancrer profondément dans la mémoire. Il n'y avait pas de raison qu'elle échoue ses examens. Cela dit, une part de stress s'emparait toujours des élèves studieux, même les plus calmes, qu'ils connaissent parfaitement leur leçon ou non.

La Gryffondor était installée sur la branche depuis une quinzaine de minutes, alternant son regard entre le cervidé et sa feuille. Elle avait dessiné le corps de l'animal et s'attardait pour la tête et les détails, cherchant à reproduire avec exactitude la beauté qui s'en dégageait. Ce spécimen était particulièrement sublime et pour rien au monde elle ne souhaitait lâcher son crayon. Chaque trait était réalisé avec minutie. Elle appuyait plus fortement sur le crayon pour contraster le pelage de l'animal et pour rendre compte des ombres. Ce qui était étonnant, c'est que Kelsey n'avait jamais suivi de cours de dessin et pourtant elle se débrouillait très bien. Elle avait commencé jeune, ayant déjà un certain talent, et à force d'acquérir de l'expérience, elle avait progressé en précision et en rapidité. À plusieurs reprises des connaissances – moldus pour la plupart – lui avaient conseillé de faire une carrière de peintre ou de dessinateur. Elle avait beau adorer ce loisir, ce n'en était pas pour autant une réelle passion à l'instar des animaux. Il fallait qu'elle ressente l'envie de dessiner pour le faire, alors que pour s'occuper d'animaux ou pour les observer, elle n'était jamais réticente.

Elle venait de terminer la tête du cerf. Elle l'observa encore quelques instants, grisant quelques endroits, dessinant des derniers traits. Son dessin représentait tout à fait l'animal dans les moindres détails. Sa réussite lui arracha un sourire. Elle commença ensuite à dessiner l'environnement autour, tout en dirigeant son regard sur l'être vivant à chaque coup d’œil. Une fois son dessin achevé, elle comptait bien rester l'observer, des heures durant. Peut-être qu'une biche le rejoindrait, ou peut-être s'éloignerait-il quelque peu. Qu'importe tant qu'elle pouvait l'avoir dans son champ de vision. Mais elle ne se doutait pas que ce n'était pas tout à fait ce qui allait se passer...

Elle avait poursuivi son œuvre en la complétant par la végétation au sol qui servait de nourriture au cerf et par un premier arbre. Elle venait tout juste de commencer le second, se trouvant sur le côté gauche du cerf, jusqu'à ce qu'elle entende des bruits de pas. Une branche craqua et des buissons bruissèrent. Finalement, une voix masculine l'interpella.

« Bonjour, comment vas-tu ? »

Ouh, très mauvais. Le cerf leva brusquement la tête, agitant ses oreilles dans toutes les directions à la recherche d'un prédateur. Ses naseaux scrutaient l'air d'une manière suspicieuse. Il fit un pas, prêt à détaler. Crispée, Kelsey se mordilla les lèvres et retint son souffle.

« Joli dessin » poursuivit le jeune homme, caractéristique déduite du timbre de sa voix.

Repéré. Le cerf s'enfuit à toute vitesse à travers les arbres. Malgré son poids, sa course était habile et souple. Kelsey le regarda s'éloigner, tandis que des émotions négatives naissaient en elle. Elle était une élève plutôt calme, pourtant il lui arrivait de sortir de ses gonds. Et à cet instant précis, ce fut le cas. Comme si la nature sentait ce changement d'ambiance, la brise qui traversait les arbres vint intensifier sa cadence. Le pauvre garçon avait simplement voulu discuter un peu avec elle, et voilà qu'il allait avoir droit à des représailles.

Elle commença par pousser un soupir d'agacement et fronça les sourcils alors qu'elle était toujours assise sur la branche et que le jeune homme se trouvait juste derrière elle. Elle ne savait donc pas de qui il s'agissait, n'ayant pas cherché à reconnaître l'intrus au son de sa voix. Qu'importe, il l'avait dérangé mais surtout il avait fait fuir son modèle.

« Merci du compliment, dommage qu'avec ta venue je ne pourrai plus achever de manière convenable ce dessin » lui lança-t-elle sèchement sans lui jeter un regard.

Elle avait toujours été très franche et directe et quand quelque chose ne lui plaisait pas, elle le disait la plupart du temps. Parfois de façon désagréable et aujourd'hui c'était le cas. Elle se rendait compte que ce n'était pas très gentil, surtout que son camarade cherchait nullement à l'embêter, mais elle était terriblement contrariée.

Sentant que sa colère allait exploser, elle se leva d'un bond et se tourna enfin vers l'individu. Pendant une seconde elle se stoppa. Elle le connaissait, enfin de nom. C'était un jeune homme de grande taille et sans doute du même âge que Kelsey, plutôt mignon, avec des cheveux bruns et courts un peu ébouriffés. Tout comme la jeune sorcière, il avait de très beaux yeux bleus, légèrement plus foncés que les siens. Elle mit quelques instants à se rappeler de son identité. Albus... Non, Ablus... Ablus... Lewis ! Cela lui était revenu. Elle avait pourtant une bonne mémoire mais même le plus pointilleux des cerveaux pouvait être troublé, n'est-ce-pas ? C'était un élève de sa maison, en fait de la même année qu'elle même. Il était d'ailleurs dans son option de Soins Aux Créatures Magiques. Malgré cela, ils ne se connaissaient pas, n'ayant discuté qu'à deux ou trois reprises pour des travaux de groupe dont le binôme était imposé par le professeur. L'un des travaux datait de la seconde année – ce genre de souvenirs est plus difficilement accessible et pourtant elle s'en souvint – et concernait le cours de potions. Un autre, plus récent, l'année dernière en fait, avait consisté en un exposé en Histoire de la Magie. Kelsey n'avait pas eu à se plaindre du jeune homme. Il avait travaillé correctement et avait toujours été présent au rendez-vous qu'ils avaient décidé à la bibliothèque afin d'avancer leur travail. Une fois celui-ci effectué, chacun des deux retournaient vaquer à ses occupations, ne se disant pas un mot de plus.

Lors d'autres travaux de groupe, la jeune Gryffondor n'avait pas cherché à retravailler avec lui, avec personne d'ailleurs sauf ses rares ami(e)s proches. Ce n'était pas rare cela dit qu'un élève ne lui adressant jamais la parole souhaite travailler avec elle. Facile d'en déduire la raison. Dans les travaux de groupe, il y avait souvent celui qui travaillait et les autres qui se tournaient les pouces. Et Kelsey avait horreur de ça. Elle n'hésitait jamais à faire part du manque d'investissement de ses camarades aux professeurs si nécessaire. Elle n'allait pas contribuer bêtement à leur offrir une bonne note. Elle était gentille mais pas stupide. Compréhensive, elle ne confondait toutefois pas avec les personnes essayant réellement de s'investir mais n'y parvenant pas, elle les aidait alors et ne disait rien à l'enseignant quand bien même elle avait réalisé 80 % du travail. C'est la fainéantise quotidienne qui l'agaçait.

L'agacement, elle le ressentait maintenant et pour une raison bien différente. C'était même un sentiment plus fort. Elle grimaça, tentant de retenir des remarques désagréables.

« Que me veux-tu ? » lui demanda-t-elle froidement.

Cet état n'allait pas durer. Kelsey n'était pas une mauvaise personne, c'était même tout le contraire, elle détestait faire du mal aux gens malgré son caractère solitaire et son côté trop direct. Elle ne se montrait pas très respectueuse en cet instant, alors que le respect était l'une de ses valeurs principales. Elle allait regretter ses paroles, après tout il n'avait pas cherché à lui nuire et du peu qu'elle l'avait côtoyé, il n'avait pas l'air méchant.

Le cerf s'était enfui tout comme la bonne humeur de Kelsey. Cette frustration lui fit presque regretter sa sortie, au moins dans son dortoir personne ne l'aurait embêté. Ablus ne la connaissait pas hormis pour les quelques travaux qu'ils avaient réalisé ensemble, quel intérêt avait-il à vouloir lui adresser la parole maintenant ? Submergée par l'agacement, elle ferma son calepin avec énergie sans même jeter un regard à son nouveau dessin- inachevé - .

Ses yeux et son expression traduisaient sa colère. La compagnie du cervidé silencieux était largement préférable. Enfin elle avait pensé la même chose pour Alizée et pour la plupart de ses connaissances ; préférant la présence des livres plutôt que de la Poufsouffle au début. Puis avec le temps elle avait fini par apprécier ces rencontres. Elle était comme ça, et ce depuis son enfance. Impossible de savoir d'où lui venait ce besoin d'isolement. Ses parents n'étaient pas ainsi, sa sœur non plus et toutes deux avaient reçu la même éducation. On ne pouvait pas tout expliquer, il y avait souvent une part de hasard dans la vie.

Ablus semblait ne plus trop savoir où se mettre. Il n'avait rien fait de mal, il était juste venu au mauvais endroit au mauvais moment.

« Je voulais juste parler un peu, désolé si j'ai fait une erreur. Je ne suis pas vraiment moi-même parfois. Mais je ne voulais pas te nuire ni même t'embêter. Je n'aime pas faire du mal aux autres. » dit-il calmement et sincèrement.

Parler. Oui, tout simplement, comme beaucoup de personnes. Après tout les êtres humains étaient des êtres de parole. Il s'adressait juste à la mauvaise personne pour ça. Kelsey savait qu'elle avait réagi de manière exagérée, ayant démarré au quart de tour. Mais on ne dérange jamais un artiste dans son travail, vous ne le savez pas ? Blague à part, son visage se radoucit quelque peu, ne souhaitant pas peiner le jeune sorcier. Ils avaient un point commun en tout cas, celui de ne pas aimer faire du mal aux autres. Il n'avait pas fait exprès, elle le savait, malgré cela elle n'était pas parvenue à réprimer son exaspération. Déconcertée par sa propre attitude, elle se mordit les lèvres et poussa un soupir.

« Tu suis le cours de Soins Aux Créatures Magiques non ? Tu devrais donc savoir qu'un animal sauvage en général, magique ou non, est craintif et fuit à l'approche de l'homme » le taquina-t-elle doucement.

Elle essaya d'esquisser un sourire mais ce fut sans doute davantage une grimace qui se dessina sur son visage. Sa contrariété ne pouvait s'envoler aussi vite que l'animal avait pris la fuite. Les minutes ou heures qui passeraient en seraient le remède, peut-être que l'évolution de la situation aussi, si finalement cette compagnie ne s'avérait pas si ennuyeuse que ça. Mais elle ne comptait pas là-dessus. Elle avait envie de retourner au château mais il venait de s'excuser et lui avait fait part de son souhait de discuter un peu. Elle ne trouvait pas ça très poli de le laisser ainsi ; quoique dans d'autres situations elle avait déjà agi de la sorte. Pour des gens qui le méritaient en tout cas. Elle tourna la tête autour d'elle afin de repérer une éventuelle présence. Ne voyant personne, elle en déduisit qu'elle allait devoir lui faire un peu la causette, surtout qu'il semblait préoccupé. Elle s'était promise de toujours être là pour ceux qui en avaient besoin et qui étaient dignes de son écoute attentive.

« Comment se passe cette année pour toi ? » se décida-t-elle à demander subitement.

Après tout, ils avaient fait des travaux ensemble. De quoi pouvaient-ils discuter d'autre après tant d'années à « s'ignorer » ?

La jeune sorcière s'était un peu calmée ; la colère était redescendue, pour devenir une irritation profonde, elle-même se transformant en contrariété. Ces mots se rattachaient plus ou moins à la même émotion négative, mais tous n'exprimaient pas la même intensité. Elle fixait son interlocuteur d'un regard neutre, ses traits se faisant moins stricts et sévères qu'auparavant.

« Je sais ça, je suis pas très bien en ce moment c'est tout. Si je ne parlais jusqu'ici pas c'est pour ne pas souffrir de la perte de quelqu'un enfin c'est ce que je pensais. Mais on m'a dit que ce n'était pas la bonne solution pour ça. » lui avoua-t-il.

Elle ne s'était pas trompée, quelque chose le tourmentait. Un nouveau sentiment envahit Kelsey ; le remords. Il n'était pas très en forme et elle s'était montrée désagréable envers lui. Elle s'en voulait d'avoir réagi aussi mal pour le coup.

Il n'avait pas à justifier son manque de communication. Les travaux effectués ensemble suffisaient selon Kelsey, elle n'avait pas eu besoin d'en savoir plus à son sujet. Puis, il avait des amis, alors son discours de protection de soi n'était pas très logique ou tout au moins il ne l'appliquait qu'à certaines personnes. Je suis tellement adorable qu'il avait peur de s'attacher à moi, ironisa la demoiselle intérieurement.

Malgré cette dérision qui avait traversé son esprit, elle comprenait son point de vue. Il y avait des personnes qui avaient peur de s'attacher par peur de souffrir par la suite. Que ce soit en amitié, peur d'être trahi par exemple, en amour avec la crainte d'être quitté et d'être dévasté de chagrin, dans n'importe quel lien positif en fait, où pire encore pouvait frapper, la mort. Elle partageait même un peu cette opinion. Elle n'était jamais effrayée par quoi que ce soit, ne perdant jamais le contrôle, ne ressentant pas les fameuses palpitations de la peur ou le cœur qui s'accélère, quand il s'agissait d'elle. Aucun animal, aucun humain, aucune situation la concernant elle uniquement ne l'angoissait en tant que tel. Ses seules craintes étaient la perte d'un proche, plutôt au sens funeste, et la souffrance de gens innocents. Elle avait de la chance, elle n'avait jamais eu à subir le décès d'un proche mais pour ce qui est de la souffrance, il suffisait de suivre les actualités, en particulier ces derniers mois. Que d'atrocité et de haine. Cela lui était incompréhensible, pour elle qui aimait le respect, la liberté et la justice.

Elle allait supposer qu'il devait avoir vécu un drame pour avoir cette crainte là, mais finalement elle n'en fut pas aussi certaine, elle-même l'ayant sans pour autant avoir subit un événement particulier.

« Mon année se passe très bien et j'ai intérêt à avoir de bonnes notes si je veux réussir dans mon ambition de devenir Auror, comme mon père. Et j'ai la pression, je suis le dernier de ma famille à être ici et mes 4 frères ont bien réussi avant moi. Pour les triplés on demande comment ils ont fait pour avoir leurs examens. Du coup si je rate mes aspics l'année prochaine, je n'ose pas imaginer ce que les autres penseraient de moi, surtout ma famille. Bon je m'en fais pas pour les matières. J'ai Optimal ou Efforts Exceptionnel mais l'Acceptable c'est la note limite pour passer alors si je peux éviter ça aux aspics ça serait quand même mieux. Et toi comment ça se passe ? » ajouta-t-il.

Eh ben dis donc ! Quel moulin à paroles ! « Parler un peu » avait-il dit. Parler beaucoup, oui ! Kelsey ne s'attendait qu'à une phrase du type « mon année se passe bien / pas bien » , pas à ce qu'il lui raconte sa vie. Avec ces quelques informations elle en savait déjà beaucoup sur sa famille. La demoiselle aux cheveux blonds, quant à elle, ne dévoilait jamais rien de sa vie si c'était trop personnel quand elle ne connaissait pas un minimum la personne. Son père devait être un très bon sorcier ; en effet être un Auror signifiait faire partie de l'élite spéciale du ministère de la Magie. Leur rôle était de retrouver et d'emprisonner les mages noirs et sorciers assassins, autant dire des durs à cuire et des personnes dangereuses. La formation étant rigoureuse, intensive et sélective, il avait raison de s'accrocher et de persévérer s'il souhaitait réussir.

Avant de répondre à sa question, elle se permit de faire une parenthèse sur ce qu'il avait dit avant.

« Saches que si tu veux te confier, je suis là. On ne se connaît que peu mais je suis une tombe. Tu n'es pas obligée de me croire bien entendu, par ailleurs méfies-toi quand tu racontes ta vie. Assures toi qu'il s'agisse d'une personne de confiance, ou sinon elle risque de retourner certaines informations contre toi. »

Cela semblait extrême mais certains individus étaient tellement fourbes que c'était tout à fait plausible. Puis ce n'était qu'un conseil, il en faisait ce qu'il voulait. Ce n'est pas d'elle dont il s'agissait ni d'une personne de son entourage proche.

Elle en vint ensuite à sa longue tirade.

« Je te souhaite bon courage et j'espère pour toi que tu réaliseras ton rêve » , déclara Kelsey avec sincérité.

Puis elle analyse la suite de son discours. Quatre frères... Famille nombreuse ! Une sœur lui suffisait amplement. Oh bien sûr elle s'entendait à merveille avec elle malgré quelques différends mais au vu de sa personnalité, il lui aurait été difficile de supporter une fratrie aussi grande.

« Que des garçons, je plains tes parents. Les filles sont tellement plus sages ! » railla la jeune Gryffondor.

C'était un stéréotype - quoique la société encourageait les garçons à se défouler et les filles à s’assagir - , mais elle avait balancé ça par amusement, rien de bien méchant. Elle ignorait la tragédie qui avait touché la famille d'Ablus, sinon elle se serait retenue de balancer pareille phrase, bien entendu.

Elle comprenait son anxiété vis-à-vis des examens. Si tous ses frères avaient réussi et lui échouait, il se sentirait honteux et sa confiance en lui risquait d'en prendre un coup. Surtout que les portes pour devenir Auror lui seraient fermées ou extrêmement difficiles à atteindre.

« De mon côté, tout se passe très bien aussi. Je travaille beaucoup à la bibliothèque et je me cultive. Je suis assez optimiste mais forcément, je ressens du stress aussi. » lui répondit-elle.

Voilà, elle se contentait de répondre à sa question, ne dévoilant rien de sa vie personnelle. Elle avait déjà parlé plus que ce qu'elle avait prévu aujourd'hui. En tout cas elle ne ressentait plus d'amertume à présent. La détresse du jeune homme de sa maison y était pour quelque chose. C'était cela, l'empathie.

La jeune Gryffondor s'en voulait de sa réaction et elle ne se doutait pas un instant que le pire était à venir. Ablus sembla écouter son conseil.

« Merci. Je ferai attention la prochaine fois. » déclara-t-il.

Avait-il réellement besoin de quelqu'un pour lui dire de se méfier ? Était-il du genre un peu naïf à penser que le monde est beau et innocent ? Ou était-ce la période qu'il traversait qui le rendait si peu méfiant ? En même temps, Kelsey faisait partie de sa maison et il l'avait un peu côtoyé, peut-être cela lui suffisait-il pour qu'il lui fasse confiance. Il y avait des gens dont on se méfiait instinctivement, puisqu'ils dégageaient une aura incertaine, presque maléfique, tandis qu'au contraire, quelque chose de rassurant et de pur émanait d'autres individus. Certaines personnes étaient plus sensibles que d'autres sur cette espèce de sixième sens, si on pouvait l'appeler ainsi. C'était plus que de l'instinct mais il était difficile de trouver un terme approprié. Quoi qu'il en soit, Kelsey ne s'était encore jamais trompée sur la personnalité d'une personne et avait toujours su aux premiers instants en qui elle pouvait avoir confiance ou non.

Il y eut quelques secondes de silence et durant ce laps de temps, Kelsey vit un léger changement dans le regard du jeune homme. Les yeux étaient le miroir de l'âme et il était difficile de cacher ses véritables émotions à ce niveau là. Ce qu'elle crut y voir s'apparentait à de la tristesse. Cette peine fut comme un éclair, disparaissant quasiment immédiatement après être apparue. Il cherchait à la dissimuler. Toutefois, le changement avait été trop rapide pour que Kelsey soit sûre d'avoir discernée correctement l'état du sorcier. C'est au moment où il reprit la parole, manifestant son mépris envers la raillerie de sa camarade, que celle-ci allait avoir confirmation.

« Peut-être. mais j'ai pas envie de rire avec ça. J'ai perdu ma petite sœur. Elle est morte d'une maladie l'été d'avant mon entrée à Poudlard. C'était ma seule sœur, elle avait 4 ans de moins que moi. »

Gloups. Kelsey eut du mal à déglutir et sentit sa gorge se serrer. C'était plus que de l'embarras qui s'emparait d'elle, pire que de la honte. Elle s'en voulait terriblement. Si son état d'esprit actuel s'apparentait à un désert, sa confusion précédente ne représentait qu'un grain de sable. Bravo ma vieille, tu peux être fière de toi. Quelle gourde !, se maudit-elle. Au fur et à mesure, elle s'enterrait plus bas que terre. Finalement c'était sa compagnie qui devait être déplaisante pour Ablus, plus que l'inverse.

Il avait bien connu un drame, l'un des pires imaginables. Kelsey eut une pensée pour les parents du jeune homme. Perdre un enfant était l'épreuve la plus horrible dans une vie. C'était contre-nature ; les parents n'étaient pas censés survivre à leurs enfants. Cela dit, le chagrin de la fratrie devait être équivalent. Elle n'osa même pas imaginé la douleur atroce que cela avait dû représenté pour la famille Lewis. Elle ne voulait même pas songé à ce qu'elle elle ressentirait si elle perdait Aria. Sa peur de s'attacher aux autres était compréhensive. Toutefois, garder cela en lui n'était pas bon psychologiquement parlant, il n'avait peut-être même pas traversé toutes les étapes du deuil. Ne s'estimant plus du tout bien placée pour lui donner conseil, elle se contenta de s'excuser faiblement.

« Je... Je suis sincèrement désolée pour toi... Excuses-moi, je l'ignorais... » murmura-t-elle d'une voix peinée et hésitante.

Son visage s'assombrit et elle baissa la tête. Sans un mot de plus elle se tourna vers le lac qui se trouvait à une trentaine de mètres et fit quelques pas. Dans le silence, elle ne risquait plus de le blesser.

Kelsey se répéta qu'elle aurait mieux fait de poursuivre sa lecture, pour connaître le dénouement de cette affaire policière. Qui était l'assassin ? Ronald, le serviteur, ou Billy, le jardinier ? Encore pouvait-il s'agir d'une autre personne. Pour le savoir, la Gryffondor devait terminer le roman. Mais pour l'instant elle n'en ressentait plus trop l'envie, rongée par le remords. Elle n'était pas au courant et les drames familiaux de ce genre n'étaient pas si fréquents. Aussi ne s'était-elle pas gênée de lancer ce sarcasme, plus par amusement que dans un but malveillant. Les véritables piques acerbes qu'elle pouvait balancer dans la figure de quelqu'un ne s'adressaient qu'à des mauvaises personnes qui le méritaient. Comme son cousin.

Après ses excuses, la demoiselle s'était avancée de quelques pas en direction du lac. Elle ne se serait pas vexée si Ablus décidait de partir, au contraire elle l'aurait compris. Pourtant ce ne fut pas ce qu'il fit. Quelques secondes silencieuses s'étaient écoulées, il s'approcha alors de sa camarade.

« Pas grave, je te pardonne. Tu ne pouvais pas savoir. » la rassura-t-il.

La brise s'intensifia un court instant, la faisant frissonner. Son regard vide fixait l'étendue d'eau. Elle ne semblait plus décidée à parler. Elle aimait le silence habituellement, mais à cet instant elle se sentait plutôt tendue. Une minute ou deux défilèrent encore, avec pour unique distraction les bruits de la nature ; les feuilles qui bruissonnaient au gré du vent, des branches qui craquaient et quelques oiseaux qui chantaient. Kelsey prit une grande inspiration, comme si elle cherchait à respirer l'air pur de l'atmosphère. L'expiration qui s'ensuivit pouvait être perçue comme l'élimination de ses ondes négatives. Elle répéta ce geste à trois reprises. Elle se sentait un peu mieux. Tournant légèrement la tête vers le jeune homme silencieux jusque là, elle se risqua à reprendre la parole, s'étonnant elle-même.

« Dis toi qu'elle est toujours là, avec toi, dans ton cœur. Je suis sûre que de là où elle est, elle veille sur toi. Nul doute que dans ce monde là-haut, elle ne connaît pas les tragédies qui secouent le nôtre. »

Bien évidemment, il était plus judicieux de rester sérieux plutôt que de tenter une petite blague sympathique pour le réconforter. Le faire auparavant, pour calmer son irritation, avait été une bonne idée. Mais dans de telles circonstances, cela aurait été catastrophique. Cela aurait pu s'apparenter à une indifférence de sa part, ce qui était nullement le cas, et nul doute que là il l'aurait extrêmement mal pris. D'ailleurs, elle-même n'avait pas envie de rire, sans doute qu'Ablus encore moins.

Elle essaya alors de le réconforter. C'était de belles paroles, peut-être un peu naïves, mais c'était sa façon de voir les choses. Après tout, si les sorciers existaient, pourquoi un au-delà ne serait-il pas possible ? Elle se plaisait à croire que les gens qu'on aime ne nous quittaient jamais vraiment, veillant toujours sur nous quelque part et n'ayant pas à subir les tristes événements en ce monde ici-bas. On ne pouvait le montrer scientifiquement, tout comme on ne pouvait le réfuter. Chacun ses croyances, il fallait les respecter tant qu'elles ne portaient atteintes à personne.

La Gryffondor avait tenté de réconforter son camarade comme elle le pouvait, en lui disant que sa sœur devait veiller sur lui, quelque part. Il n'adhérait visiblement pas à ces croyances et le lui fit gentiment savoir.

« Peut-être. Mais pour ma part je ne suis pas très croyant. Pour les morts, ils sont dans nos cœurs et en photos dans l'album Familial. »

Kelsey le regarda encore quelques secondes, avant de porter son regard sur l'étendue d'eau, un léger sourire se dessinant sur ses lèvres. Elle respectait ses convictions et comprenait tout à fait son scepticisme. Sans preuve, on ne pouvait rien affirmer, ni réfuter d'ailleurs. De plus, était-il mieux d'espérer, de croire à cette autre vie, jusqu'au jour où une preuve indiquerait que c'était impossible ? La déception qui en résulterait serait tout bonnement énorme. Le même principe était applicable aux notes d'examens, bien que l'exemple soit complètement différent. La joie d'obtenir une bonne note à un examen qu'on pensait avoir raté pouvait être immense, l'échec d'un devoir alors qu'on était persuadé d'avoir réussi provoquait une douleur bien plus grande encore que l'immensité de ce bonheur de réussite, généralement. Alors pour cet au-delà, peut-être valait-il mieux ne pas y croire ou tout simplement, ne pas y penser. Faire son deuil normalement, tout en gardant en mémoire les bons souvenirs de la personne, les moments passés avec elle. Les photos étaient un bon moyen d'immortaliser ces instants, comme le soulignait Ablus. On pouvait perdre la mémoire ou perdre une personne, les photos, elles, restaient intactes si on en prenait soin, se chargeant de laisser une trace d'un vécu. Leur valeur sentimentale pouvait atteindre des sommets.

La demoiselle songea ensuite aux fantômes. En devenir un à sa mort pouvait avoir de bons et de mauvais côtés, bien que cela n'était pas une réelle décision. Seuls les sorciers ayant peur de la mort le devenaient, préférant la remplacer par une imitation de vie. La plupart des sorciers « mourraient », au sens strict du terme. N'y avait-il vraiment rien d'autre pour eux, après cela ? Et qu'en était-il des moldus ? Elle n'était pas prête d'avoir les réponses à ces questions. Quoi qu'il en soit, elle n'avait pas peur de sa propre mort, elle craignait uniquement celle de ses proches. Si devenir un fantôme avait été un réel choix d'ailleurs, elle aurait refusé de le devenir. Elle aurait ressenti une impression d'emprisonnement, n'ayant plus de but, et surtout demeurant au final, seule. Certes elle était plutôt solitaire de nature, mais cela ne voulait pas dire qu'elle ne s'attachait pas et que ne plus voir sa famille ne la dérangerait pas. Loin de là. Il y en avait, des êtres qui lui étaient chers. Et gare à celui ou celle qui oserait s'en prendre à eux.

Perdue dans ses pensées, Kelsey revint à la réalité lorsqu'elle entendit un hibou ululer. Levant la tête, elle aperçut l'oiseau, il s'agissait d'un Grand Duc. Ce dernier se posa sur le bras d'Ablus, ayant une lettre pour lui accrochée à la patte. Le jeune homme s'en empara et la plaça dans sa poche. La sorcière se tourna vers lui.

« C'est un très bel hibou. » dit-elle en admirant l'animal. « Comment s'appelle-t-il ? »

Elle sourit discrètement, avant d'ajouter calmement :

« Oh désolée, cela ne me regarde peut-être pas. Si tu souhaites lire la lettre, tu peux. Je ne veux pas t'en empêcher. »

Il avait dû la ranger par politesse, mais peut-être que la lire était plus intéressant que discuter avec sa camarade de maison. Aussi s'il le souhaitait, elle était prête à s'en aller.

« Mon hibou s'appelle Losto. Je l'ai depuis mon entrée à Poudlard. » répondit Ablus.

Losto, original. La Gryffondor regarda encore quelques secondes l'oiseau, avant que son camarade n'ajoute :

« Je veux bien oui, mais ce n'est pas toi qui me gêne, c'est juste que par les temps qui courent, on utilise les messages codés avec ma famille et ça prend un temps fou de décrypter. Je ne peux pas faire ça en 5 minutes ici, même si je le connais, c'est un avantage par les temps qui courent. Car on ne sait jamais ; nos hiboux peuvent être interceptés par n'importe qui. Au moins, les codes protègent notre courrier. Et comme ma famille est du genre à prendre des risques. On se verra sûrement une autre fois. Au revoir. »

Cette prudence était tout à fait compréhensible. Comme il le disait, un certain nombre de hiboux était intercepté quotidiennement et il était imprudent d'envoyer des informations confidentielles qui pouvaient être lues par n'importe qui. La famille de Kelsey ne prenait ce genre de précautions qu'en cas d'annonces secrètes. Pour les messages de nouvelles sans conséquence ou rien d'important, le message était rédigé sans code. Il était certain que tout ce qui concernerait Gareth, l'oncle de Kelsey, aurait été codé - après tout, c'était un individu dangereux et partisan de Voldemort - mais puisque la famille Clark préférait l'ignorer, jamais ils ne parlaient de lui. Tout au moins pas à leurs filles. Côtoyer son fils, Oliver, était déjà amplement suffisant pour Kelsey.

« D'accord, je comprends. Au revoir ! » répondit la demoiselle avec un sourire sympathique.

Kelsey le regarda s'éloigner, repensant à ce qu'il lui avait dit à propos de sa sœur. Elle ferma les yeux et soupira, triste pour son camarade. Elle le connaissait un peu mieux dorénavant et le trouvait sympathique, le demeurant malgré sa réaction au début de son arrivée. Finalement son regard se dirigea vers l'endroit où s'est tenu le cerf auparavant. Elle contempla encore les lieux quelques instants et se retourna en direction du château, son calepin à dessin dans les mains. Après tout, le monde est vaste et la nature regorge de créatures magnifiques, je trouverai bien d'autres modèles ou paysages à dessiner, songea-t-elle, un léger sourire illuminant son visage.

De bonne humeur malgré tout, elle s'éloigna à son tour dans le but de retourner à son dortoir pour câliner son chat qui devait être en train de pioncer et pour poursuivre sa lecture. Elle avait hâte de passer au chapitre suivant. Avant cela, elle verrait si Harold, son hibou, se trouvait dans les parages, souhaitant rentrer à l'intérieur du château ou non. Ah et peut-être qu'elle passerait en cuisine également, pour demander aux elfes s'ils seraient d'accord de lui préparer des churros pour cette semaine. En fait elle savait déjà que la réponse serait positive. Rêvassant de ces pâtisseries, elle accéléra l'allure jusqu'à rejoindre les portes du château.