Au rythme des vagues.

Mes journées étaient longues. Certes, elles étaient bien plus agréables celles qui avaient défilées pendant plus de quinze longues années, alors que j’étais dans une cellule miteuse, froide et humide, mais elles demeuraient quand même longue pour moi qui n’avait aucune occupation à part la lecture. Quoique, même ma lecture était limitée. Je ne m’en tenais qu’à des livres philosophiques ou des romans. Je me tenais loin des ouvrages magiques. Je ne voulais pas être tenté par ma soif de connaissance, comme avant, cette même soif qui m’avait fait rejoindre les mangemorts et les opportunités que cela m’offrait. Je ne souhaitais pas que des soupçons ne se posent sur moi, je ne voulais pas qu’on me renvoi à Azkaban. Je n’y survivrai pas si j’étais amené à y retourner. D’ailleurs d’après les dernières informations données par les quotidiens sorciers, les détraqueurs avaient désertés Azkaban et rejoint les rangs du Lord Noir.

Nous étions début mai, et le soleil perçait les quelques nuages qui trônaient dans le ciel. J’étais souvent enfermé à la maison. Pas parce que j’y étais contraint, mais plutôt par soucis de tranquillité et de conservation. Je savais que mon retour au village n’avait pas plu. Le gamin qui était devenu un des leurs, un assassin. Un mangemort. J’avais le droit à des regards méprisables la plupart du temps de la part des vieillards, ceux qui n’attendaient plus rien de la vie et qui se moquaient bien de prendre des risques en m’insultant ou en me dévisageant comme ils le faisaient. Les jeunes, plus téméraires, me provoquaient, toujours sur un nuage d’insultes que j’ignorais de mon mieux. Les mères, elles... C’était le pire. Lorsque je passais à proximité d’elles ou de leurs enfants, elles les serraient contre elles en me jetant des regards mi-effrayés, mi-menaçants, en me faisant comprendre que si je m’en prenais à leurs rejetons, je tâterais de leurs baguettes. C’était usant et fatiguant, à force. Autant pour eux que moi, avais-je souvent voulu me convaincre. Alors pour le confort de tous, je restais à distance de la foule, des lieux de vie et des habitants.

Je ne sortais que rarement. Je profitais en général du soir, après vingt et une heure. L’heure ou tous les enfants étaient couchés, ou la majorité des couples étaient chez eux. Sauf qu'aujourd'hui, l’ennui et l’appel du soleil m’avaient poussés à franchir le seuil de ma demeure. Je m’étais dirigé vers la plage aussitôt, en contournant les habitations. Je savais qu’il n’y aurait pas grand monde là-bas. Nous étions en pleine semaine, en début d’après-midi et il ne faisait pas encore assez chaud pour se baigner intégralement. Quelques courageux peut-être, mais l’eau restait beaucoup trop fraîche pour beaucoup, j’en étais certain. Et puis, la plupart des gens travaillaient à cette heure-là. Non, c’était l’heure idéal pour une balade.

J’avais rêvetu une chemise en toile bordeaux, et un pantalon noir ou j’avais retroussé le bas de mon pantalon pour qu’il m’arrive à mi-mollet, afin de ne pas prendre le risque de me mouiller si je m’approcher de l’eau. Dans une main, mes chaussures enfin, si on pouvait appelé ça ainsi! - Des tongs - que mon frère m’avaient ramener quelques jours auparavant. J’avais trouvé ça particulièrement désagréable au début, et puis... Je m’y étais fait en quelques heures. Depuis j’appréciais beaucoup les porter, surtout lorsque je m’aventurer sur la plage. Dans mon autre main, un livre. Une pièce de Théâtre que mon frère m’avait conseilé, Othello. Je l’avais commencé, et j’avais compris les raisons pour lesquelles Aidan m’avait conseillé ce livre, du moins j’en avais déduis les raisons. Mais c’était en un sens touchant. J’avais lu une bonne partie, me restait encore l’autre moitié, et j’avais la ferme intention de le finir là, sur la plage. Celle-ci était d’ailleurs déserte pour le moment. Tant mieux. Pas de regard haineux, pas d’insulte... C’était tellement usant. N’avaient-ils donc jamais fait d’erreur eux? Enfin certes, pas aussi grosse que la mienne.

Je me laissais tomber sur le sable, face à l’étendue d’eau salée, et j’admirais un moment le paysage bruyant. Le bruit des vagues et les mouettes en pleine pêche donnaient au paysage, une symphonie irrégulière, mais reposante. D’un geste mesuré, j’ouvris mon livre et repris ma lecture là ou je l’avais laissé.

J’étais complètement fasciné par le livre que mon frère m’avait suggéré. Autant par Othello que par Iago, et je parvenais sans aucun mal à m’identifier aux personnages. En fait, j’avais fini par en déduire que j’avais autant de ressemblance avec Iago qu’avec Othello. J’étais un mixte des deux, après réfléxion. J’étais un Othego ou un Iathello - le choix est à votre guise - Quoique... Au final, j’étais trop poissard, raté et trop lâche pour être Othello. Non, j’étais Iago. Juste Iago. Et c’était déjà trop.

Mes yeux dévoraient les mots retranscrits sur le papier, et j’avais hâte d’en connaître la fin. Le vent venant de l’ouest balayés les mèches de mes cheveux ébènes un peu trop longs - selon ma tante - et le bruit des vagues caressait mes oreilles. Ce n’était pas le même bruit que j’avais à Azkaban. En général, c’était plutôt le bruit des vagues qui frappaient les rochers avec force, s’éclatant contre les murs de pierre de la prison dans un vacarme assourdissant. Je pensais alors à Azkaban, et mon regard se tinta d’un voile sombre. Je chassais aussitôt cette pensée de mon esprit, et me remit à lire. Quelques secondes seulement, puisque je fus interrompus par un petit toussotement poliment, ceux qu’on faisait en général pour signaler sa présence. Malgré moi je tressaillis légèrement et releva mon regard inquiet.

Je découvris alors Blair qui se tenait debout devant moi. Je me détendis alors. La jeune femme était une sympathique connaissance que j’avais préféré ramener dans la demeure familiale plutôt que de la laisser dans un état d’ivresse, seule et vulnérable. C’était trois mois auparavant, un peu moins en fait, le quatorze février pour être plus précis. Je ne l’avais pas vraiment revu, il fallait dire que je ne sortais que très peu de mon domicile. Je ne sais pas pourquoi, mais, j’avais le sentiment que quelque chose clochait. Soit elle avait fait son deuil, soit elle cachait bien sa tristesse. Je remarquais aussi un autre détail qui avait, selon mes souvenirs, changés. Ses cheveux avaient pris quelques centimètres ce qui lui allait tout aussi bien. Le ton qu’elle employa me surpris presque. Je n’avais pas le souvenir qu’elle était aussi formelle, en fait, c’était difficile à expliquer, mais peut-être que mes souvenirs étaient altérés, il fallait dire qu’elle n’était pas forcément dans son état normal lorsque je l’avais rencontré.

Malgré les changements que j’avais noté à propos d’Amaranthe, je n’en restais pas moins agréablement surpris qu’elle daigne à venir me saluer. Peut-être ignorait-elle encore mon passé de taulard, sinon pourquoi serait-elle venue me parler? Je me levais à la hâte pour l’accueillir avec politesse et répondit aussitôt “ Bonjour Blair, je suis ravi de vous revoir, et je vous en prie, appelez-moi Malkiél,” dis-je en étant plus vraiment habitué aux marques de politesses à mon encontre. “Très bien et vous? Vous avez l’air d’aller... Mieux depuis notre première rencontre.” dis-je avec un étirement des lèvres qui ressemblait à une ébauche de sourire. Mon regard se posa sur ce qu’elle avait dans les mains. Un carnet et ce qui ressemblait à un étui à violon. Intrigué autant qu’intéressé, j’en oubliais les bonnes manières en l’interrogeant, “Vous jouez du violon?” J’aimais la musique et avait pratiqué le piano lorsque j’étais plus jeune. Bien sur, je n’avais plus retouché à un piano depuis 16 ans et l’idée ne m’avait même pas effleuré l’esprit de m’y remettre.

Les premiers mots de la jeune femme eurent l’effet d’un coup de massue sur moi, et je reculais d’un pas, choqué par l’annonce. Elle m’avait menti sur son nom, sans aucun remord. Je ne savais pas quoi dire, ni comment réagir, du moins jusqu’à ce qu’elle m’annonce de façon implicite qu’elle connaissait mon passé. Je me sentis blêmir et ma gorge se nouait et je baissais les yeux de honte, en me passant ma main libre dans la nuque, gêné qu’elle sache. “Mais... Je ne vous ai pas menti” murmurai-je platement, trouvant la force en moi de lui faire cette remarque. Là était toute la différence entre elle et moi. Elle m’avait menti pour préservé son identité alors que dés l’instant ou je lui avais dis mon nom, il ne lui avait pas été difficile de faire le rapprochement entre mon nom et mon passé de taulard puisque ça avait fait la une de la gazette. J’étais un peu déçu, mais je ne pouvais pas la blâmer non plus, c’était son droit de mentir et elle ne me devais rien. Toutefois je cru bon d’ajouter. “Je pensais que vous étiez au courant... Ça à fait la une de la gazette à ma libération.” dis-je doucement. Quand bien même je n’avais ni inventé un autre nom pour garder l’anonymat, ni inventer quoique ce soit. Je ne lui avais juste, pas raconter ma vie.

Lorsque je l’avais vu la première fois, elle s’abandonnait à sa tristesse et semblait inconsolable. Aujourd’hui, elle semblait indifférente à son propre malheur. Pouvait-elle passé outre sa tristesse en seulement trois mois? Possible, mais de là à ne rien ressentir? Du moins à ce qu’elle laissait paraître, c’était vraiment très étrange. Quelque chose sonnait faux. “Oh, et bien, j’aimerai bien votre recette miracle!” dis-je avec une nouvelle ébauche de sourire, plus triste cette fois en songeant à la mort d’Ismérie. Même si je ne l’avais quasiment plus revu depuis mon enrôlement dans les mangemorts, sa mort m’avait marqué et j’étais sur qu’Amaranthe avait été plus proche de la personne qu’elle avait perdu, que je n’l’avais jamais été avec Ismérie. C’était définitivement étrange cette façon de penser.

Elle jouait du violon, comme je m’en étais douté. Je regardais la boite à instrument avec un fin sourire nostalgique. La question d’Ama me laissa songeur quelques instants. “Il y a longtemps... Je jouais du piano.” J’aimais les sons doux et harmonieux que procurait ses instruments, c’était relaxant et ça faisait longtemps que je n’avais plus entendu de musique, toutefois, je n’osais pas demander à Amaranthe de jouer, ne sachant pas si elle avait le temps, et encore moins l’envie, surtout maintenant que je savais qu’elle connaissait mon passé.

J’étais un peu déçu d’apprendre que Blair avait menti, ou plutôt devrai-je dire, Amaranthe. Mais je ne pouvais décemment pas lui en vouloir, elle ne me devait aucune explication, et elle était libre de faire ce qu’elle voulait après tout. Ce qui me surpris le plus, c’est qu’elle connaissait maintenant mon statut de mangemort libérer, mais qu’elle restait aussi douce et amicale avec moi. J’étais gêné, mais aussi intimidé par sa présence, bien qu’heureux qu’elle ne me juge pas par mes actes passés. C’était en fait, un soulagement. “ Je vous suis reconnaissant de m’accorder une chance malgré votre connaissance de mon emprisonnement” lui dis-je en inclinant la tête suffisamment pour lui témoigner mon respect. L’éducation que j’avais reçu n’était pourtant pas une éducation pro-sang-pur. J’étais moi-même sang-mêlé, et même si ma famille paternelle garder des branches de sang-purs, le fait d’être mêler à des né-moldus ou sang-mêlé ne les dérangeaient d’ailleurs pas outre-mesure tant que l’honneur de la famille n’en patîssait pas. J’avais déshonnorer la famille en finissant à Azkaban, et c’était d’ailleurs pour cette raison que mes grands-parents refusaient obstinément de me revoir malgré ma libération.

Je m’interrogeais sur ce qu’avait bien pu faire Amaranthe pour pouvoir ainsi oublier son malheur. Mais cela aurait été inconvenant de l’interroger, et je ne souhaitais pas abuser de sa gentilesse. La conversation déviait sur la musique, et là encore, je ne pu qu’être touché et gêné de l’intérêt qu’elle pouvait me porter, jugean ne pas mériter un tel intéressement. “ Oh! Je n’ai malheureusement plus jouer depuis... Depuis trop longtemps” murmurai-je un peu honteux. Tout me rapporter indéniablement à mes années à Azkaban. “Je n’osais guère vous demander de jouer une partition,” concédai-je en mettant ma main dans ma nuque, “ S’il vous plait, jouez un morceau que vous appréciez, j’en serai honoré.” dis-je doucement. Peu m’importer le compositeur, je ne ferai guère le difficile, n’ayant plus l’habitude d’entendre des symphonies de musique.

Mais notre conversation cessa lorsqu’Amaranthe parti rapidement en direction de l’eau. Je la suivi en retrait alors qu’elle attrapait une bouteille, à première vue. Intrigué, j’attendis son retour sur la berge lorsqu’une vague la fit tomber tête la première dans l’etendue salée. Elle n’avait rien, mais je m’approchais d’elle lui tendant la main pour l’aider à se redresser et sortir de l’eau. J’avais moi-même mis les pieds dans l’eau, et avec les vagues, l’eau m’arrivait à mi-mollet. Elle était pas trop désagréable, en fait, par rapport aux douches froides dont j’avais le droit une fois par semaine lorsque j’étais à Azkaban, je trouvais cette eau particulièrement agréable.

Amaranthe était trempée, et même si l’eau n’était pas désagréable, restait mouillée au moi de mai aux Pays de Galles n’était pas une bonne idée. Mais elle ne semblait pas vraiment s’en souciait, trop occupé à regarder la bouteille qu’elle était parti chercher, et qu’elle me tendait sous le nez. Je regardais Amaranthe sans comprendre puis la bouteille, avant de lui dire, “Euh, vous devriez vous sechez, vous risqueriez de tomber malade” dis-je en rougissant légèrement de gêne avant d’ajouter en regardant la bouteille, “Quant-à ce qui s’y trouve, je vous laisse le loisir de l’ouvrir, vous avez eu l’oeil pour la voir et vous y intéresser.” dis-je doucement en retournant vers le bord de l’eau.

Amaranthe était bien la première personne avec qui je discutais vraiment, sans me sentir juger. Je me demandais d’où pouvait venir l’ouverture d’esprit dont elle faisait preuve en ce moment et ce, malgré son jeune âge. De ce fait, sa compagnie me paraissait encore plus exquise et agréable que la compagnie de n’importe qui d’autre. Peut-être avait-elle raison. Je devais peut-être recommencer un peu à vivre en laissant mon passé derrière moi. Recommencer à jouer du piano pouvait être moyen de répartir sur de bonnes bases? Enfin si j’en étais encore capable, car mes cours de solfège me paraissait à des années lumières d’aujourd’hui. Je n’étais même pas sur de réussir à jouer une simple partition.

Malgré sa chute, elle n’avait pas lâché la précieuse bouteille qui avait attiré son regard quelques secondes plus tôt, Malgré la vague qui l’avait fait tombée, elle n’avait pas lâché sa prise. Lorsque j’avais tendu ma main pour l’aider à se relever, un doute m’assaillis une seconde. Je venais de lui tendre la main, en sachant qu’elle connaissait mon statut d’ex-prisonnier. J’aurai compris qu’elle sois rebuter par un simple contact avec moi, mais au lieu de ça, elle attrapa ma main pour se redresser et regagner la plage. J’étais un peu gêné, n’étant pas habitué au contact humain.

Une fois sur la plage, Amaranthe ouvrit la bouteille et en tira une feuille qu’elle lu à haute voix. Malgré moi, ces mots m’atteignirent et mon regard se voila d’un manteau de tistesse. “Demain” m’entendis-je répondre avec conviction, “enfin, si vous êtes d’accord”, ajoutai-je un peu honteux de m’être laisser aller ainsi, oubliant les politesses d’usages. Mais la vérité était là, je ne voulais pas que cet enfant se croit seul et je voulais le lui dire le plus tôt possible. Enfin peut-être m’inquiétais-je pour rien et que l’enfant avait déjà été adopté. Je l’espérais en tout cas, pour lui.

Alors que je m’apprêtais à rejoindre l’endroit ou j’avais laissé mon livre et mes chaussures et Amaranthe ses affaires, la jeune femme fit une proposition qui me laissa surpris. Une baignade? Je rougis légèrement de gêne alors que ma main droite vint se poser sur mon avant bras gauche, à l’endroit même ou se trouvait l’ignominie. Entre la marque des ténèbres sur mon avant bras gauche, et mon corps marqués par les épreuves subit à Azkaban, je ne pouvais décemment pas me dévêtir devant elle sans être gêné. Ma main toujours posé sur mon avant bras que je frottais doucement, et les rougeurs qui empourprèrent mon visage de honte ne laissait nul place au doute quand à la gêne qui m’habitait, “Je... Je suis désolé, mais ce n’est pas une bonne idée...” dis-je honteux. J’aurai voulu avoir la même volonté d’avancer qu’Amaranthe, mais j’avais ce foutu tatouage gravé sur ma peau, là pour me rappeler sans cesse à chaque secondes, mes erreurs, et j’avais bien trop honte pour l’afficher devant Amaranthe.

Nous étions d’accord. Demain, nous nous rendrons à l’orphelinat de Crimson dans le but de voir le jeune garçon prénommé Lucas. J’étais vraiment heureux qu’Amaranthe veuille de ma compagnie dans cette escapade. Après tout, elle inspirait bien plus la confiance que moi et nous aurions plus de chance de voir l’enfant s’il était toujours à l’orphelinat.

Alors que j’avais tenté de refuser poliment son invitation à la baignade, la jeune femme avait visiblement deviné une partie de ma gêne puisqu’elle attrapa mon avant-bras gauche, là ou se trouvait la marque. Je sursautais, ne m’y attendant pas et reculais aussitôt d’un pas, honteux et angoissé à l’idée de dévoiler l’ignominie. “ C’est gênant...” admis-je doucement en détournant le regard. “ Certes, je ne suis pas le seul, mais c’est ce qu’il représente qui fait la différence” soufflai-je piteusement. Après tout, lorsque j’avais été emprisonné à Azkaban, on ne pouvait pas dire que j’avais bénéficié d’un véritable procès. Il avait suffit qu’on relève ma manche pour dévoiler la tête de mort et ça avait suffit comme preuve pour m’envoyer en prison.

A son tour elle releva sa manche gauche et j’eus peur durant un instant qu’elle me montre à son tour la marque. Parce qu’il fallait se rendre à l’évidence, elle n’avait pas du tout le profil du mangemort, quoique si on se basait sur ça, lui non plus à la base et pourtant... L’envie de l’écoutait et de souffler sur sa peau de porcelaine me traversa, et doucement, j’approchais ma tête de son bras et j’obéis. Un souffle. Un petit souffle et le reste fit son effet. La plume bougea, comme porter par la brise et un colibri apparut à la place sous mon regard impressionné et un peu émerveillé il fallait le reconnaître. "C'est un magnifique tatouage" C’était un beau tatouage, un très beau tatouage qui n’avait rien à voir avec la marque des ténèbres graver sur mon bras.

Je relevais le regard du tatouage pour planter mes yeux sombres dans ceux d’Amaranthe. Elle insistait pour se baigner, et je n’eus pas le coeur à lui refuser après qu’elle eut mis des multiples protections autour d’eux. Si c’était audacieux, j’espèrais que ça n’attirerait pas les Aurors en postes dans le village. Elle s’était même déshabillée devant moi, sans aucune gêne apparente et je rougis en détournant le regard. Même si être en sous-vêtements pourraient s’apparenter à être en maillot de bain, j’étais quand même gêné.
Mais ce qui m’acheva presque, fut sa dernière phrase. Mon visage devait être cramoisie alors que j’étais plus que choqué par ses paroles. “Que... Comment?” bafouillai-je en gardant les yeux posés sur le côté, et je me souvient de la soirée ou je l’avais ramené chez moi, “ Pas du tout Amaranthe, vous vous méprenez... Je... Je ne vous ai jamais vu plus dévétue que vous ne l’étiez en arrivant ici sur la plage ou lorsque nous nous sommes rencontrer au Dark Night!” Dis-je précipitamment, “Je me serais jamais permis de vous faire cet affront” ajoutai-je toujours gêné de la savoir déshabillé devant moi.

J’osais poser mon regard dans le sien, tout en faisant le maximum pour ne pas le laisser dévier sur le reste du corps de la rouquine. J’étais déjà un ancien mangemort, je ne voulais pas non plus avoir la réputation de pervers, “ C’est Misty qui vous a changé ce soir-là” lui appris-je alors. Maintenant qu’elle avait toutes les informations, elle allait probablement vouloir se rhabiller et je me faisais violent pour ne pas que mon regard ne dérive sur les courbes de la rousse. Je devais bien admettre que je n’avais jamais vue une fille en petite tenue, et la curiosité était grande surtout qu’il fallait bien que je le reconnaisse, Amaranthe était tout à fait charmante et je m'en voulu de laisser une telle pensée me traverser l'esprit. Histoire de reprendre contenance et de m'assurer que cela était toujours son souhait, je lui demandais, " souhaitez-vous toujours vous baigner?" Si tel était le cas, alors j'accepterai, ne voulant pas rendre ses sorts inutiles, même si je ne serais guère à l'aise tant qu'elle aurait une vue sur la marque.

Je ne pouvais me résoudre à chasser cette honte de moi. Celui d’avoir était faible et influençable, celui d’avoir accepter l’inacceptable. Alors cette honte, je ne doutais pas qu’elle me poursuivrait toute ma vie, même si je n’avais moi-même rien fait de particulier, hormis des recherches et des expériences. Peut-être qu’avec le temps, cette honte s’estomperait un peu, mais j’étais certain que ce ne serait jamais totalement. “Vous avez sans doute raison” m’entendis-je dire pas vraiment convaincu par mes propres paroles. Peut-être qu’un jour, j’oserai m’en convaincre, pour le moment et avec les actions des mangemorts dans le pays, je n’oubliais pas que j’avais fait parti de ce groupe, même si je n’avais jamais vraiment adhéré aux principes les plus sordides sur le sang.

Malgré ma gêne, j’avais tout de même souffler sur le tatouage comme elle me l’avait conseillé. J’observais le Colibri qui était apparu à la place de la plume et je m’interrogeais. Comment avait-elle réussi à faire un tel tatouage? Je ne m’y connaissais pas vraiment - le marque m’avait fait passé l’envie de me faire graver autre chose sur le corps- mais cela devait être particulièrement rare comme magie. C’était impressionnant. “Comment... Je veux dire, il est vraiment particulier. Les tatouages ont autant évoluer que ça depuis... Enfin... Depuis...” je devins silencieux, n’osant pas aborder mon arrestation. Bien sur,elle se doutait forcément de quoi je voulais parler, mais le dire devant elle, c’était tellement gênant, et puis... Dans ma famille, c’était le sujet tellement tabou que l’aborder revenait à faire offense à tous les ancêtres Taylor!

Et puis, elle était là devant moi en sous-vêtements, et je tentais par tous les dragons de garder la tête froide et de regarder uniquement ça tête. Et Merlin en soi témoin que ce n’était pas si facile que ça avait l’air. Je savais que si j’osais laissé mon regard vagabonder, ma gêne serait alors incontrôlable et je ne voulais pas qu’elle me considère comme un pervers ou quelque chose de ce genre. J’avais déjà le statut de mangemort aux yeux de tous - sauf elle?- ce n’était pas pour en rajouter une couche avec un statut de pervers. Surtout qu’elle semblait particulièrement penser que j’avais profité de son instant d’ivresse de ce fameux soir de février pour la déshabiller. Vraiment, ce n’était pas le moment de se montrer inconvenant. Elle s’excusa, et j’inclinais légèrement ma tête en guise d’acceptation, et elle partit en direction de la mer, m’annonçant qu’elle m’attendrait dans l’eau.

Je regardais malgré moi Amaranthe s’éloignait, et admirait son dos, la fine courbe de ses hanches et mes yeux dérivèrent un peu plus bas alors que je me sentais rougir. Au même moment, une sensation de chaleur s’empara de mon corps et une sensation de désir que je n’avais jusqu’ici jamais éprouvé m’alerta. Mes yeux s’ecarquillèrent alors que je baissais la tête rapidement. Et merde! Heureusement que j’étais encore habillé pour camoufler la bosse. Je relevais vivement le regard alors qu’Amaranthe venait de plonger. D’un geste brusque, je me retournais face à la plage, honteux comme je ne l’avais encore jamais été - Et pourtant, y a du level -. Ainsi, si Amaranthe regardait dans ma direction, elle ne me verrait que de dos et l’honneur était sauf, du moins tant qu’elle ne s’apercevrait de rien.

Doucement, je me commençais à déboutonner ma chemise, n’ayant pas vraiment le choix puisqu’elle m’attendait dans l’eau. Je tentais de ne plus penser à rien, mais cela ne marchait pas. L’érection était toujours là. Comment retrouver mon calme rapidement? Il me restait encore deux boutons à défaire, et bien sur, je prenais tout mon temps. Qu’est-ce qui pouvait me faire couper l’envie de bander? Ma grand-mère? un détraqueur? C’est en imaginant les deux, face à moi que cela commença à faire son effet. La sensation de chaleur s’échappait comme par magie alors qu je reprenais doucement le contrôle de moi-même. Finalement, je laissais tomber ma chemise, dévoilant ma peau pâle que le soleil agressait sans vergogne et mes cicatrices que j’avais gardé en souvenirs d’Azkaban. Puis j’otais mon pantalon, me retrouvant en caleçon noir, contrastant totalement avec ma peau blanche. Je m’accroupis doucement pliant mes affaires, et une fois sur que je me contrôlais à nouveau, je me redressais avant de poser un regard troublé sur la marque.

Prenant mon courage a deux mains, je me retournais et avançais jusqu’à l’eau pour rejoindre la rouquine qui m’y attendait. Même s’il m’aurait resté une quelconque once d’érection, l’eau aurait achevé toutes les ardeurs. Le contact frais était parfait, et je m’avançais hésitant, n’ayant plus nagés depuis vraiment longtemps. Contrairement à Amaranthe, je n’osais pas piquer une tête dans l’eau, et je marchais jusqu’à avoir de l’eau jusqu’aux épaules, restant à la limite de l’endroit ou j’avais pieds.

Son tatouage était donc le fruit d'un pari perdu ?  Il fallait pas mal d'audace pour prendre le risque de faire graver sur sa peau quelque chose qu'elle pourrait par la suite regretter, surtout si elle avait été influencée par un pari.

Mes ardeurs avaient finies par se calmer, et je ne pouvais que culpabiliser en réalisant à quelles obscures pensées de tentations j'avais été la proie. * Que Merlin la préserve de ces émois incontrôlables qui m'anime* pensais-je une fois dans l'eau, alors qu'elle nageait vers moi.

J'avais un peu calculé le fait d'avancer aussi loin. J'étais si peu à l'aise dévetu de la sorte et j'avais cherché à cacher au maximum mon corps parsemé par endroits de cicatrices et par dessus tout, je voulais tenter de cacher la marque. Oh !  c'était idiot je le savais parfaitement. Ce n'est pas comme si elle n'était pas au courant de tout façon. Et puis mes cicatrices, même si elle n'était pas si nombreuses et visible que ça étaient pour moi, une autre source de gène. C'était moi qui me les étaient faites, seul. Lorsque j'étais enfermé à Azkaban, j'avais souvent eus des crises de folie, liés aux détraqueurs autour de moi. Ne supportant plus l'emprisonnement dans une cellule, ni cette sensation amère de détresse que les gardiens nous infligés par leur simple présence, j'avais tenté à plusieurs reprises de faire cesser ça, en vain d'ailleurs puisque j'étais toujours là, bien vivant.

Amaranthe me conseillait de profiter de ce moment de détente. Je regardai la plage déserte un moment, et rassurer de nous savoir seuls, je commençais doucement à me détendre, obéissant docilement à la jeune femme qui venait d'ailleurs de disparaître sous l'eau. Je ne compris que lorsque les mains d'Amaranthe s'accrochèrent à ma jambe et relevérent avec une force que je ne lui soupçonnais pas mon pieds que je compris ce qu'elle manigancait, malheureusement trop tard. Je basculais vers l'arrièrel'arrière, déséquilibré, dans un mouvement brusque et ma tête finie par être ensevelie sous l'eau avant de réapparaître à la surface. Mes cheveux étaient à présent mouillés et me collaient au visage et d'un mouvement de la main gauche, je les repoussais en arrière pour ne plus en avoir devant les yeux. Sur le moment, j'avais oublié ma marque, une grande première ! "Connaissez vous le dicton, ne pas monter l'hippogriffe avant de l'avoir dompter ?" osais-je dire en laissant un sourire apparaître sur mon visage jusqu'ici figé de honte et de gène. D'un mouvement brusque, j'otais mon pied de ses mains afin de me dégager de son emprise, et j'en profitais pour éclabousser la rouquine d'un geste rapide de la main.

Pour un oeil extérieur, n'importe qui aurait pu nous prendre pour des amis de longues dates s'amusant à des jeux d'enfants. Peut-être que tout à l'heure, je serai le premier surpris de mon laisser-aller que j'avais fait preuve pour la première fois depuis des années, mais pour le moment, l'heure n'était plus aux questionnements, ni aux tourments qui auraient de tout façon, bien vite fait de revenir me hantaient, plus tard...