There's a place where all the demons go, and nothing in the ground can ever grow.

7h23.
Lawrence l’avait réveillé ce matin, comme quelques autres avant cela, en chantant. En temps normal, cela aurait pu suffire à le rendre grognon pour le reste de la journée, l’élève plaçant le sommeil au rang de "Chose très importante". Mais pas aujourd’hui. Et pas venant de son colocataire, qui chantait diablement bien, heureusement. Il avait prit l’habitude de vivre avec lui et les deux s’entendaient comme larrons en foire, que ce soit les soirs de fête ou non. Ce n’était d’ailleurs pas le pire réveil qu’il avait eu à cause de Lawrence, celui où ils s’étaient retrouvés dans le même lit gagnant la palme d’or. Habillés, bien sûr. Ce dernier avait juste voulu lui faire une blague après une soirée forte en alcool, et à présent qu’il y repensait, il ne pouvait s’empêcher de sourire. Il n’aurait pas pu tomber sur meilleur coloc. Regardant l’heure et voyant qu’il allait de toute façon devoir se lever dans quelques minutes pour les cours, il décida de quitter son lit et de commencer à se préparer. Saluant son ami, il récupéra quelques affaires et prit directement la direction de la salle de bain pour prendre sa douche, n’évitant pas au passage une réflexion sur son joli fessier. Law tout craché. Une fois propre, barbe taillée et habillé, il sortit de la pièce pour réunir ses affaires de la journée. Livres, cahiers, argent et baguette. Tout était prêt et c’est sans plus attendre qu’il parti pour son cours de rédaction journalistique.

13h37.
Libéré de ses cours pour le reste de la journée, le jeune Président de Sinistros comptait bien en profiter. Il allait devoir travailler tout le week-end à l’Avalona et cet après-midi de vendredi allait être son seul moment de répit de la semaine, donc l’optimiser était nécessaire. Faisant un rapide détour par la volière, il envoya les quatre lettres qui n’attendaient que ça. Une pour Lucy, sa protégée Poufsouffle. Une pour Abigail, sa conseillère à Sinistros. Les deux dernières pour Isolde et Novenka, ses homologues au poste de Présidente à Abraxan et Phénix. Entre les missives pour ces deux là et les questions de ses camarades de Sinistros, il n’avait jamais eu de correspondance aussi active. La place de Président ne permettait pas de se la couler douce, contrairement à ce que certains pouvaient penser. Cela dit, c’était loin de ce que certains avaient pu lui dire. En particulier Aislinn. Contrairement à ce que ses lettres prédisaient, le Comte l’avait ignoré tout autant qu’avant, et ce malgré quelques incartades chez les Sinistros. Ce n’était que jalousie dont Amaranthe avait fait preuve et l’idée le fit sourire. La rivalité entre les deux avait toujours été très forte, cherchant sans cesse à dépasser l’autre, à faire mieux et être meilleur. Chris devait avouer qu’elle s’en sortait plutôt bien, mais jugeait tout de même être en tête. Tout comme elle devait penser la même chose la concernant. Une guerre sans fin. Chassant la jeune femme de ses pensées, il reprit son chemin. Par une si belle journée, il ne comptait pas rester enfermé dans le château. Son choix de destination ? Le chemin de traverse. Bien sûr, il aurait pu transplaner une fois sorti de la propriété et partir à l’autre bout du monde, mais il n’aurait pas supporté que cela ne dure qu’une après-midi. Et ça faisait bien longtemps qu’il n’avait pas mit les pieds dans cette rue commerçante. Mais avant, un déjeuner !

15h15.
Un bon repas, quelques pas et un transplanage plus tard, Chris se trouvait à destination, se baladant entre les passants et les commerces. S’arrêtant ici et là pour faire du lèche vitrine, il ne croisa personne de sa connaissance. Dommage, il aurait bien aimé passer du temps avec quelqu’un. Peut-être aurait-il du proposer à Hazel de l’accompagner ? Il ne l’avait pas vu depuis quelques jours et sa compagnie était agréable… Non. De toute façon, elle devait sûrement être en train de travailler avec le professeur Wenlock-Larkin. Récupérant le contrôle de son esprit avant de le laisser divaguer, il opta pour un petit tour dans l’allée des Embrumes. Non pas qu’il soit adepte de magie noire, mais parfois, on pouvait y trouver un ou deux objets pratiques et pas trop cher, ou de quoi s’inspirer pour créer quelque chose. Pratique pour un fan de métamorphose comme lui. Après un rapide tour des lieux, il fini bredouille. Aucune affaire aujourd’hui. La journée qu’il avait prévue bonne et optimisée commençait à devenir morose et ennuyante. Les heures passaient et rien ne venait l’égayer. Lâchant un profond soupire, il releva les yeux vers l’enseigne qui lui faisait face. "La ménagerie magique". Voilà qui pouvait être intéressant ! Lorsqu’il n’était encore qu’un petit garçon, il adorait se balader avec ses parents dans les animaleries moldues. Alors une magique, ça devait être quelque chose ! Poussant la porte et se faisant souhaiter la bienvenue par une sorcière à grosses lunettes, il commença son repérage, bien décidé à trouver quelque chose d’intéressant.

19h41.
Le Président des Sinistros était sur le chemin du retour, une cage recouverte d’un voile dans les bras. Il s’était laissé convaincre et avait acheté un animal. Petite crise de folie pour briser la monotonie ou décision murement réfléchie, Chris optait plus pour la première option. Cela dit, il souhaitait adopter un animal de compagnie depuis quelques temps déjà, donc ce n’était pas juste un caprice. Soulevant de nouveau le tissu pour admirer la créature magique, il put voir le Clabbert. Ressemblant à un singe pour le gabarit et la façon de se mouvoir autant qu’à une grenouille pour la peau lisse et verte, seul la pustule rouge au milieu de son front venait perturber le vert parsemé de tâches plus foncés. C’était un mâle, encore jeune d’après la vendeuse. Ses dents acérées dévoilées par son sourire permanent semblaient pourtant déjà capable de lui voler un doigt à tout moment d’inattention. La responsable du magasin lui avait conseillé de laisser le temps à la créature de s’habituer à son environnement, d’utiliser des sorts magiques sur sa peau pour la protéger des coupures et que très vite, il deviendrait un camarade très attachant et très attaché. Exactement ce que voulait Chris, un animal complice, et pour un prix qui ne l’avait pas ruiné.

Arrivé dans le hall d’Haveirson, il ne put résister à la tentation d’entrouvrir la cage pour caresser la créature. Monter jusqu’en haut du château, jusqu’à la salle commune était trop long et tel un enfant devant un nouveau jouait, il voulait en profiter tout de suite. Passant sa main dans l’entrebâillement, il caressa le crane de la bête, qui attrapa entre ses mains palmées un de ses doigts pour faire mine de le mordiller. Déjà si mignon, c’est la pensée qui traversa l’esprit de Chris. Juste avant que le Clabbert profite de ce moment de douceur pour sauter hors de la cage et s’enfuir de façon simiesque le plus loin possible. Quel filou ! Il ne pouvait pourtant pas tenir ça de Chris, les deux venaient de se rencontrer ! Se lançant à sa poursuite, il dévala les escaliers que le singe-grenouille avait empruntés, menant au sous-sol. Il devait se dépêcher de le rattraper avant de le perdre de vue et de le perdre tout court. Le sous-sol était un véritable dédale où se perdre était quelque chose d’aisé, entre le labyrinthe et les geôles.  Le voyant au bout du couloir, il cria « Hey, reviens là toi ! Je ne veux pas te faire de mal idiot ! ». Étrangement, lui crier dessus n’eut pas l’effet escompté, mais plutôt celui inverse. Il recommença à détaler plus vite qu’un lièvre. Le sinistros ne pouvait même pas l’appeler par son nom, vu qu’il n’avait pas eu le temps de lui en trouver un ! Bon sang, quel idée avait-il eut d’ouvrir la cage ! Tournant à l’angle du couloir où la créature avait disparu, il tomba nez à nez avec une porte entrouverte. Pas n’importe laquelle. Elle était le sujet de beaucoup de rumeurs. La porte d’entrée du labyrinthe maudit, ce dédale forçant tous ceux y pénétrant à affronter leurs cauchemars les plus enfouis. Jetant un regard circulaire pour être sûr que l’animal n’avait pas pu aller ailleurs, il du se rendre à l’évidence. S’il voulait le retrouver, il allait devoir se rendre dans ce lieu si peu recommandé et en baver. Et même une fois l’animal retrouvé, il allait devoir chercher la sortie. PAR-FAIT. Son ami Rowan lui en avait déjà parlé, et voilà les conseils qu’il avait gardé en mémoire : Prendre le temps d'analyser chaque élément et ne pas se laisser prendre au jeu. Sûrement plus facile à dire qu’à mettre en pratique. Mettant la main sur la poignée, il prit une grande bouffée d’air, comme s’il n’était pas sûr d’en trouver de l’autre côté et dans un ultime élan de courage (ou de folie), il franchit la porte. Qui disparu aussitôt qu’il fut à l’intérieur.

Du brouillard. Le son de la pluie tombant à verse, dans le lointain. Des ombres dansant sur les murs. Une atmosphère oppressante. « Youpi, exactement ce que j’avais prévu pour mon vendredi soir… » Murmura-t-il pour lui-même dans une vaine tentative pour dédramatiser sa situation. Il commença à avancer plus ou moins à l’aveugle, tournant aux intersections selon ce que lui indiquait son instinct, craignant de croiser quelqu’un. Ou quelque chose.

Pas un seul instant Chris n'avait remarqué la filature dont il était victime, trop occupé qu'il était à vouloir retrouver l'animal disparu. A dire vrai, même si ça avait été le cas et qu'il avait remarqué la présence de sa rivale qui le suivait, il l'aurait très certainement ignoré, la demoiselle n'étant clairement pas sa priorité dans l'immédiat. Ni jamais, d'ailleurs. C'est pour cette raison que, lorsqu'une voix retentit en criant son nom dans son dos au beau milieu du labyrinthe, il ne put s'empêcher de se retourner en sursautant, sa baguette en main, prêt à se défendre. Il avait été mit en garde contre les dangers présents ici bas et son angoisse était assez élevée, la peur de ne pas savoir à quoi s'attendre n'aidant pas. Bref, il était dans l'obscurité, normalement seul, piégé dans un endroit ne lui voulant pas que du bien. N'importe qui aurait sursauté, non ? En voyant celle dont provenait la voix, son cerveau marqua une pause. Qu'est-ce qu'elle faisait là elle, à l'engueuler alors qu'il n'avait absolument rien fait, pour une fois ? Puis pourquoi lui crier dessus d'abord ? Puis il comprit et ne put s'empêcher d'éclater de rire. La tension qui s'évacuait devant le ridicule de la situation, sans doute. Elle avait du le suivre et pensait à présent que tout ça n'était qu'un vaste piège. La pauvre, elle n'était pas consciente de l'endroit où elle avait mit les pieds. Si ce n'était pas sa rivale, il aurait presque eu de la peine. Calmant avec difficulté son rire, il fini par se souvenir que malgré qu'il soit à présent accompagné, les problèmes allaient tout juste commencer pour lui. Il remit sa baguette à sa taille, vu qu'à priori, elle ne fonctionnait de toute façon pas dans le labyrinthe.

- Aislinn, mais qu'est-ce que tu fous là ? Et que vas-tu me faire, si je ne réponds pas ? Tu me suis à mon insu pour ensuite te plaindre que tout est ma faute. Un vrai bébé.

Chris était content de pouvoir placer ce mot pour faire écho à ce que disait la lettre de la jeune fille. C'était elle qui était en train de faire un caprice et qui s'était amusée à le filer à travers les cachots, lui n'y était pour rien. Cela dit, à choisir, il aurait largement préféré se retrouver en meilleur compagnie. Ou même seul. Car déjà, l'ambiance oppressante du lieu reprenait ses droits et l'éclat de rire qu'il avait eut laissé de nouveau place à de l'appréhension et à de la méfiance. Il n'était définitivement pas à l'aise ici. Son Clabbert avait intérêt de se dépêcher de revenir pour qu'ils puissent partir. Si la porte voulait bien réapparaître. Adressant de nouveau la parole à Amaranthe, il reprit le ton agacé qu'il utilisait généralement pour lui parler.

- Je te félicite pour ton intelligence, Aislinn. Tu viens d’atterrir dans le Labyrinthe maudit d'Haveirson et crois-moi, son nom n'est pas juste là pour faire beau. Des kilomètres de dédale, une seule sortie, à son centre. Et accessoirement, ce lieu est magique et est censé nous confronter à nos pires cauchemars. J'espère que ma réponse te convient ?

Le Sinistros était loin d'être aussi assuré qu'il tentait de le montrer dans son attitude. En vrai, cette situation l'inquiétait vraiment et ce labyrinthe était dangereux.

La remarque qu'il avait fait à sa camarade d'infortune avait clairement atteint sa cible et eu l'effet escompté. Elle était énervée par son impertinence et Chris lui était amusé. Au fur et à mesure qu'elle s'approcha, le garçon pu la distinguer de mieux en mieux. Son visage et surtout ses yeux confirmaient ce qu'il avait deviné, elle fulminait. D'une voix qui se voulait sûrement intimidante elle lui rétorqua finalement quelque chose. Une menace. Elle ne semblait pas se rendre compte que dans ce labyrinthe, elle ne pourrait jamais faire plus peur que le lieu lui-même. Tant de bruits avaient circulés à son propos que même si seule la moitié était vraie, c'était inquiétant. Peut être que c'était le rire du Sinistros en la decouvrant ici qui lui faisait croire qu'on pouvait prendre cet endroit à la légère, mais c'était le type d'erreur qu'on ne fait qu'une fois.

- Je n'ai jamais dis que tu n'étais pas libre. Et si me suivre est ce que tu aimes faire de ton temps libre, pourquoi pas ! Je me suis toujours douté que derrière ta colère envers moi se cachait une envie particulière.

Chris ne prit même pas la peine de relever la dernière remarque disant qu'il regretterait de la provoquer, se disant qu’être ignorée sur ce point était la réponse qui aurait le plus tendance à l'énerver. C'est fou comme même dans un moment de difficulté comme celui ci, son esprit trouvait toujours le moyen de vouloir embêter Amaranthe. D'un certain côté, la présence de la jeune femme l'aidait à ne pas paniquer. De l'autre, ne pas paniquer et être sur ses gardes pourrait lui coûter très cher. Cette pensée le ramena à la réalité. Il devrait avec tous ses sens en éveil pour être prêt à réagir au moindre soucis. Ou alors, être prêt à ne pas réagir ? Quelle était la solution face à des mirages et sans magie ? Était-ce d'ailleurs bien des mirages ? Toutes ces questions sans réponse inquiétait Chris plus il y pensait. La remarque sur l'imprécision de ses indications agaça leur garçon, maintenant qu'il était repassé en mode sérieux.

- Au moins j'en sais quelque chose moi, contrairement à toi. Mais si tu es si douée je t'en pris, passe devant !

Et elle s’exécuta. Par orgueil ? Témérité ? Inconscience ? Chacune de ces options était viable. Elle réussit même à réaliser un sort pour produire de la lumière. Durant quelques secondes. Non, définitivement, ici, ils allait devoir faire sans baguette. Remontant jusqu'au niveau d'Aislinn pour lui montrer qu'il ne comptait pas se cacher derrière elle, il s'arrêta un instant en regardant ce qu'il pouvait voir à travers le brouillard. C'est à dire presque rien.

- De base je suis venu ici pour retrouver mon animal. Si tu vois une lumière rouge dans le coin, c'est sûrement lui, alors évite de l'attaquer si possible.

Sans attendre forcément de réponse, le Sinistros reprit sa route, les doigts effleurant le mur de pierre à sa gauche pour garder un contact physique pour combler l'absence de visuel. Sans regarder si elle le suivait ou non. Après tout si elle souhaitait tenter sa chance de son côté à elle, cela allait parfaitement au garçon !

La jeune femme passa devant lui en le snobant et cela eut au moins le mérite de le faire à moitié rire. Qu'elle pouvait être coincée et prétentieuse ! Elle ne comprenait donc pas le second degré ? C'en était presque triste. Elle prit la tête à force d'avancer et Chris la suivit. Enfin ce n'était pas vraiment qu'il suivait, mais dans un couloir droit n'ayant pas de bifurcation pour le moment... Il n'avait d'autre choix. Pour éviter de penser à ses peurs, il pensait aux personnes qui lui étaient chères. Lana. Lucy. Ash. Isolde. Novenka. Il faisait la liste encore et encore, inlassablement pour ne pas laisser son esprit penser à l'endroit où il se trouvait.

Une brume opaque s'installe rapidement dans le dédale, au point qu'il est bientôt impossible de voir à travers. Un sens de moins. L'odorat est tout aussi inefficace. Mettant ses mains devant lui pour sonder les alentours à la recherche d'un mur auquel se coller, il tente d'écouter. L'ouïe, son seul sens vraiment utile à présent. Mais le tic-tac incessant le perturbe, empêchant le jeune homme de se concentrer sur quoi que ce soit d'autre. La pression monte, la peur s'insinue en lui. Le noir complet, un grondement lointain. Mais que faisait-il là ! Un flash de lumière aveuglant surgit de nul part, brûlant la rétine de Chris. Mais il ne ferme pas les yeux pour autant. Ce qu'il a vu pendant ces quelques millièmes de secondes de clarté l'effraie encore plus maintenant qu'il ne peut plus le voir. Une créature rôdait tout prêt et ce n'était pas son Clabbert. De nouveaux éclairs éclatent et il peut localiser de nouveau la bête. Très proche d'Amaranthe. C'est horrible à avouer, mais il ressenti à ce moment là un soulagement de ne pas être la cible. Pour l'instant du moins. Un cri. Il se passe quelque chose. La tentation d'attraper sa baguette se fait de plus en plus sentir mais il se retient, sachant que cela n'apporterait rien de bon. Puis d'un seul coup, tout disparait pour revenir à la normale. Enfin autant que cela pouvait l'être dans ce maudit labyrinthe.

Si tout allait encore bien pour lui jusqu'ici, ce n'était clairement pas le cas d'Amaranthe. Elle gisait au sol, l'abdomen en sang. La scène le choqua. C'était donc ce genre de chose qu'ils risquaient dans ce satané lieu ? Qui avait été assez fou pour construire un tel endroit ? Le Comte ? L'appel à l'aide le sorti de sa torpeur. Il se secoua mentalement avant d'avancer vers elle, mettant de côté pour un moment la rivalité les opposant. Comme tout bon Poufsouffle, il ne pouvait pas ne pas aider quelqu'un en ayant vraiment besoin.

- Ne t'en fais pas, ça va aller.

Il s'était penché sur elle et avait relevé le t-shirt sur son ventre sans s'inquiéter de sa possible réaction. De ce qu'il pouvait voir, les blessures étaient peu profondes mais saignaient abondamment. Le ceinturon de Déméter, du moins sa réplique qu'il portait à la taille mais il écarta l'idée. Il préférait que cet objet acheté en cachette reste un secret et de toute façon, il lui fallait de la végétation pour puiser sa force et soigner son porteur. Hors, ce n'était pas dans ces sous-sol qu'il risquait d'en trouver...

Durant ce court temps de réflexion, l'état de la fille avait encore empiré. Trop vite pour que ce soit une simple blessure. Il devait y avoir du poison sur les griffes ou quoi que ce soit d'autre qui avait provoqué ces entailles. Par Merlin, que faire ! Il ne s'y connaissait pas lui ! Si seulement Elena était là pour le conseiller, elle saurait certainement faire, elle. Quoi que, sans magie, même elle risquait d'être perdue. Son esprit carburait à fond jusqu'à ce qu'enfin une idée lui vienne. Fouillant frénétiquement dans ses poches, il en tira un vieux briquet. Par pitié qu'il reste du gaz, pensa-t-il. L'approchant des blessures, il tenta de l'allumer. La pierre créa une étincelle mais rien ne prit. Deuxième essai, toujours sans résultat. Il avait ce briquet depuis une éternité, il aurait du penser à en changer ! Il ne fumait pas mais avait gardé l'habitude bien moldue de toujours en avoir un sur soit, au cas où. La troisième tentative fut plus fructueuse. Une flamme vacillante s'alluma et Chris la passa près des plaies sans pour autant brûler la fille. Juste un peu de chaleur suffirait, si la chance était de leur côté. L'idée lui était venue en repensant aux vives qui se cachaient sous le sable des côtés portugaises. Avec beaucoup de chance, le poison de la créature était thermolabile lui aussi et aurait la propriété d'être rendu inopérant par la chaleur. Si ce n'était pas le cas... il lui faudrait trouver la sortie pour ramener le cadavre de la jeune fille, au rythme où son état se dégradait.