Sang d'encre [Orion, Alycia et Saphire]

Allez ! Plus vite, Orion. Sinon, d’autres élèves auront déjà classe quand tu arriveras et tu auras la hoooonte suprême.

Mon moi intérieur me poussait à accélérer le pas dans les escaliers en colimaçon, je commençai à souffler, un point de côté tenaillant la partie droite de mon abdomen. Je venais de quitter la Grande Salle après le dîner pour me dépêcher d’entrer dans la salle d’Astronomie avant que les cours d’observation des étoiles ne commencent – à 22 heures ce jour-là, si je ne me trompais pas. La veille, lors de mon propre cours, à minuit, j’étais tellement ensommeillé que j’y avais laissé mon manuel, ce qui n’était pas la meilleure des choses à faire lorsqu’on ne souhaite pas le retrouver plein de graffitis indécents et avec d’importantes pages manquantes. Si j’avais les moyens d’acheter mille fois l’exemplaire, je ne tenais pas à jeter l’argent par les fenêtres ; aussi ai-je pris mon courage à deux mains et montai les escaliers ardus une deuxième fois cette semaine. Bah, ça remplacera mon jogging que je n’ai pas eu le temps de faire aujourd’hui, me dis-je pour optimiser. Et je continuai à grimper.

A quelques volées de marches de ma destination, trois elfes de maison déboulèrent vers moi dans la direction opposée, couinant comme des rongeurs, l’air visiblement affolé. Lorsqu’ils faillirent me renverser dans les escaliers, je les arrêtai d’un ton impérieux.

« Pourquoi courez-vous comme ça ? » leur demandai-je, suspicieux.

« Monsieur ne doit pas entrer dans la salle d’Astronomie. Il y a eu un accident, au nettoyage… »

Je ne réussis pas à leur en faire avouer plus ; ils étaient déjà repartis, cette fois en transplanant. Je soupirai. J’espérai que cet accident dont ils parlaient n’avait pas endommagé mon livre et que je pourrai redescendre avant que de plus hautes autorités ne viennent constater les dégâts.

J’ouvris la porte.

Soudain, je sentis un liquide légèrement gluant et surtout glacé s’abattre sur mon visage, me brouillant instantanément la vue. J’entrai dans la pièce à tâtons, mais glissai et tombai assis. Je poussai un râle, saisis ma baguette et lançai « Evanesco » en direction de ma tête. Le liquide s’effaça immédiatement, me permettant d’avoir une meilleure vue de la scène qui s’était déroulée ici quelques instants auparavant.

De l’encre noir corbeau, sortie de je-ne-sais-où, avait littéralement repeint toute la pièce, du sol au plafond, recouvrant tout ce qui n’était pas protégé. J’aperçus également une énorme coulée qui s’était accumulée au-dessus de la porte, ce qui expliquait le filet que j’avais reçu sur la tête. Avec les mêmes clapotements que lorsqu’on marche sur un sol inondé, j’avançai jusqu’à ma table d’hier, mes vêtements complètement tachés – mais il n’était pas question de les nettoyer avant d’être sorti de cet enfer – et trouvai mon livre dans le casier sous la table. Par chance, il n’avait reçu de l’encre que d’un côté de la tranche, et j’étais sûr de pouvoir nettoyer les dégâts correctement une fois sorti d’ici. Je tentai un nouveau « Evanesco » pour nettoyer la salle, mais rien ne se passa. Je fis la moue ; je ne comprenais pas ce qui avait pu se dérouler sous la responsabilité des Elfes de nettoyage. Si seulement ils avaient pu m’expliquer avant de prendre leurs jambes à leur cou !

Alerte. Alerte. Sors de là et oublie ce que tu as vu. Si on te trouve ici, on va penser que c'est de ta faute. SORS !

Alors que j’obéissais à Orion en son for intérieur, j’entendis des bruits de pas. Mon ventre se tordit à l’idée qu’ils viennent d’une plus haute instance de Poudlard, alertée par les Elfes.

Oh-oh…

Imbéciles. Tous des incapables... Des êtres immondes et répugnants, détestables et détestés.
Plus le temps avançait et plus je ressentais le besoin de m'isoler, de haïr le monde entier pour apaiser ma peine et mes doutes.
Que ne serai-je si je n'étais pas cette jeune fille pleine d'ambition dont le retour du Seigneur des Ténèbres avait fait chavirer mon cœur dément et qui appelle à la vengeance ?
Mais ce cœur aussi dur soit-il, s'est entiché d'amour et d'amitié... Ces sentiments si positifs que je devrais détester. Et pourtant, Merlin seul sait, combien cela me rend heureuse d'être aimée... Oh bien sûr, le fait d'être crainte est dix fois plus délectable et quand on me déteste c'est d'autant plus appréciable.
Marie, Aaron, Maddison... Julian, Aileen, Mara... Si j'avais un semblant d'amour propre, je m'éloignerais d'eux aussi vite que je peux le dire pour les protéger d'un nouveau mal... Celui d'être l'apprentie d'un mage noir. Fort de sa prestance et de son ambition.

Je déboule au bas des escaliers de la tour d'Astronomie. Je regarde rapidement les marches s'élever dans un silence à glacer le sang. Je mets le pied sur la première marche puis je décide de grimper. Normalement je devrais être dans ma chambre, seuls les élèves d'Astronomie ont cours le soir. Mais je me sens si mal et si perdue que j'ai besoin de flâner dans les couloirs de l'école. Un instant, de brefs instants où je peux avoir la chance de me retrouver avec moi-même, de décider si un jour je serai cette grande mage noire, au côté du Seigneur des Ténèbres tandis que sous mes pieds crouleraient les corps et le sang moldu répandu sur le sol comme une rivière pollué d'un produit immonde.
Je frissonne, un léger sourire dessiner sur le visage. Je regarde le monde se dessiner alors que les couleurs pastels et les couleurs chaleureuses disparaissaient pour laisser mon monde rempli de rouge rubis et d'un gris mélancolique.

Alors que je monte doucement les marches, une à une, je tourne la tête vers les fenêtres qui mène vers un extérieur dangereux et pourtant si ... plaisant. D'attaque sur attaque, alors que le monde sombre dans un chaos, mon coeur trouve doucement la paix. Seuls les sentiments affectifs m'empêchent d'être à cent pour cent rationnel, et me font douter de mes choix, certains. Bien que cela m'effraie et m'énerve, je ne me vois pas me séparer d'Aaron dont j'ai tant besoin, dont cet amour peut guérir certaines de mes blessures... Mais rien ni personne ne m'empêchera d'atteindre mes objectifs, aussi sombres et funestes soient-ils. Ils sont à moi, ils m'appartiennent... Ce ne sont pas vos affaires ce que je fais des miennes.
La pluie martèle la fenêtre aussi fort que la colère s'éveille en moi. Dans un dédain silencieux, je tourne la tête pour continuer à gravir les marches du château.
Une fois en haut, j'entends un bruit sourd, comme si quelqu'un s'affairait.
Derrière la porte ouverte de la salle d'Astronomie, une senteur et une sensation d'oppression se fait sentir.
Je passe un pied et une matière visqueuse me tombe dessus, poisseuse. La salle est dans un noir d'encre infernal, comme si le véritable chaos existait. Mécontente, j'attrape à tâtons ma baguete dans ma poche de jean et d'un geste assuré, j'incante un sort qui m'enlève du visage la poisseuse matière noire.
Mes vêtements sont sales et je suis aussi noire que la salle elle-même, mes cheveux sont horribles, je n'en doute pas... Celui qui a fait ça va entendre parler du p...
Je sursaute en voyant la tête d'un autre élève, je porte ma baguette à son visage prête à dégainer, prête à tuer.

Quand je me rends compte qu'il ne s'agit que d'un élève, d'un an mon ainé, je crois qu'il est ami avec Alda. Mais j'avoue ne pas le connaitre. J'abaisse ma baguette en soupirant, et d'une voix forte et impatience, je tonne :

« C'est quoi ce bazar ? C'est toi qui as fait ça ? »

Bizarrement, le sourire aux lèvres de celui condescendant, légèrement en coin, je passe mes deux mains dans mes cheveux.

« C'est ingénieux ! Comment as-tu fait ? Je veux dire, c'est un sort, une potion ? C'est excellent pour se dissimuler ou ralentir l'ennemi. »

Je le regarde, toute trace de colère disparue. Penser à autre chose, s'intéresser à quelque chose de futile. Je les tuerai plus tard, ces moldus.

Parmi les collégiens de Poudlard, figurait une jeune rousse, appartenant à la maison des jaune et noir. Quelqu’un d’inconnu, l’aurait sûrement trouvé charmante, le visage souriant et peut-être un peu trop fuyarde. Je le redis, quelqu’un d’inconnu. Dans les jours habituels, Saphire Demmener était certes, fuyarde, mais certainement pas souriante, et encore moins charmante. Non, sa tendance à elle, c’était plutôt le renfermement, l’amitié aux personnes qu’elle appréciait, et le silence à ceux dont elle ne connaissait rien. La raison de ce soudain revirement de situation, était due à un mot qu’elle avait reçu sur son lit. Ce dernier, l’invitait à un rendez-vous, le soir même à la tour d’astronomie. La lettre n’avait pas été signée, mais comme la rousse n’avait rien à faire en cette soirée, elle ne tarda pas avant de se décider.

Si Saphire avait opté pour une tenue simple et décontractée, l’adolescente n’avait pas négligé le fait de prendre sa baguette avec elle. Cela pouvait en surprendre chacun, mais, il était très rare que la jaune et noir se sépare de son bout de bois. Peut-être était-ce en raison de son enfance dans les rues, qui lui a offert une insécurité qu’elle essayait à présent de combler avec le plus de protections possibles… Elles pouvaient être humaines ou matérielles. Une des raisons pour laquelle la rousse aux origines inconnues tentait tant bien que mal de ne pas s’accrocher aux autres personnes. Oh, elle n’avait rien contre eux, elles les trouvaient sympathiques, même ! Ce qui lui faisait avoir de la réticence, c’était le fait que si elle s’attachait à trop de personnes, elle avait peur de décevoir, et surtout, d’être déçue. Mais bon, après tout, elle avait Léo, son père adoptif qu’elle chérissait plus que personne.

Montant les escaliers tournoyants, au fur et à mesure que les minutes passaient, mais le plus discrètement possible, l’escalier de la tour se fit bientôt apercevoir. Un regard, à droite, à gauche, personne. Bien. Même s'il se trouvait qu’il n’y avait personne, c’était toujours mieux que de se trouver en compagnie de Rusard, et d’une prochaine heure de colle. Saphire monta donc les marches de pierre, et qu’elle ne fut pas sa surprise, quand, au lieu d’un beau jeune homme, ou même, de rien du tout, se trouvait un immense brouillard d’encre, qui ne tarda pas à l’envelopper. Ses vêtements, entièrement recouverts du liquide scolaire. Avec bien du mal, elle réussit à atteindre sa baguette, et à formuler un Récurvite. Alors, deux visages lui apparurent, celui d’un garçon, que Saphire reconnaissait comme un Gryffondor si sa mémoire était bonne, et d’une fille, étrangère à la rousse.

-Euh… Excusez-moi de vous déranger si vous discutiez, mais… Vous avez une idée de ce qui se trame ici ? Êtes-vous les responsables ?

La baguette toujours en main, mais, contre sa paume qui se trouvait collée à sa cuisse, elle attendait une réponse de cette pseudo-mascarade.

La tension de mes muscles se relâcha d’un coup lorsqu’une autre élève entra dans la salle. J’étais à peu près certain ne l’avoir jamais vue avant ; l’identifier m’était encore plus compliqué qu’elle ne portait plus son uniforme, contrairement à moi. L’angoisse commença à remonter – allait-elle croire que j’étais l’auteur ? M’engueuler pour lui avoir indirectement giclé de l’encre au visage ? Si oui, il fallait au plus vite dissiper ce malentendu.

Je restai planté là, figé, attendant sa réaction qui ne tarda d’ailleurs pas à venir. Elle me demanda d’un ton presque hargneux si j’étais responsable de ce carnage.
Contre toute attente et avant que j’aie pu dire que ce soit, elle me félicita profusément et me demanda mon secret. Ah. Ah. Par Merlin, je n’aurais jamais cru que quelqu’un aurait pu avoir cette réaction – mis à part moi, en fait. Quoi qu’il en soit, il me fallait dire la vérité ; j’espérai que la fille ne reprendrait pas son ton insupportable une fois que je l’aurais déçue. Elle avait l’air vraiment intéressée par la réponse et me regardait assez intensément, ce qui me mit mal à l’aise. Je détournai le regard aussitôt après lui avoir répondu, l’étiquette demandant de regarder dans les yeux son égal lorsqu’on s’adresse à lui ou lorsqu’il nous parle.

« Ah… désolé de te décevoir, mais crois-moi que si je savais comment faire ça, je l’aurais déjà fait dans tout un couloir du château. Non, ce sont les Elfes venus nettoyer qui ont visiblement eu un accident ménager. Volontaire ou non, je ne sais pas… Ils ont transplané avant que j’aie pu leur demander quoi que ce soit. »

D’un coup, je trouvai l’inspection de mon livre de cours beaucoup plus importante que tout à l’heure – je fis mine de m’y intéresser de très près pour ne pas avoir à soutenir le regard très probablement méprisant de la fille.

Quelques instants – qui m’avaient l’air d’une éternité de mal à l’aise – plus tard, quelqu’un d’autre entra dans la pièce. Mon cœur manqua de nouveau un battement, mais il s’agissait d’une autre élève, également sans ses robes et que je ne pus donc pas identifier. Génial. Heureusement, elle avait l’air d’avoir un meilleur caractère que la précédente et interrompit poliment le vide.

Je levai les yeux au ciel ; je n’aimais pas me répéter. Je lui répondis néanmoins gentiment.

« Non, nous ne sommes pas responsables – nous ne serions sûrement pas restés ici, sinon. Les Elfes qui nettoyaient la salle ont eu un accident, peut-être l’ont-ils déclenché exprès. Je n’en sais rien. Ils ont transplané en hâte avant que je ne puisse les interroger. »

Je soupirai.

« L’ennui, c’est que nos empreintes de pas sont plus que nettement visibles sur le sol,  on peut voir la marque où était posé mon livre et nous avons encore quelques traces d’encre sur les vêtements. Pour quiconque voyant la scène, c’est clair que nous sommes coupables. J’ai essayé de lancer un bête sortilège de nettoyage, mais il n’a marché que sur les petites surfaces, comme mon visage. Avez-vous déjà entendu parler d’une situation similaire ? » m’enquis-je pour, en quelque sorte, demander indirectement aux deux filles de chercher avec moi l’origine de cet événement pour le moins désastreux.

J’avais déjà monopolisé la parole pendant longtemps, aussi n’osai-je pas en rajouter et me présenter – j’attendais qu’une des deux le fasse pour connaître leurs prénoms. Sinon, je me contenterais de me référer à elles par les petits « toi », mais cette alternative ne me plaisait pas du tout et j'étais d'ailleurs plutôt certain qu'elle ne conviendrait pas à la première fille.

Un nouvel éclat et une brève pensée. Je regarde attentivement le garçon Gryffondor devant moi qui semble penaud et gêné. Une lavette, encore, sérieusement ? Inspirai-je tellement la crainte que l'on ose pas me regarder dans les yeux ? Bien que la réponse me gène, je n'ai aucunement envie de martyriser un élève encore moins s'il s'avère que mon bon souvenir se voit correct.
Ce visage, cette voix... Il est l'un des héritiers. Ceux de cette prestigieuse famille, celle que tout le monde respecte malgré les nombreuses alliances qui plaisent à certaines et déplaisent à d'autres. Lucy en a parlé, Aldabella en a parlé... Orion.
Hm. Bien que sa maison soit celle que je déteste le plus et où se cachent certainement les personnalités que je hais plus que tout, je dois aussi faire preuve d'ouverture d'esprit, après tout Andrew et Cyril sont tous les deux dans cette maison... Et ils sont mes amis; L'alliance avec Alda qui est également une Gryffondor... Je ne dois pas perdre de vue mon objectif... Atteindre les hauts rangs, atteindre en supériorité les familles de Sang Pur, montré mon plus valu par rapport à ses familles qui n'existent que par leur réputation et non par leur ambition.

J'avoue que je l'ai regardé plus longtemps que je n'aurais du le faire. Après tout, cela pouvait gêner les moins au courant, souvent je me mets à fixer des gens quand je réfléchis, j'en vois certains morts, certains qui me seront utile ou des fois je les vois transparents.
Alors que j'allais rétorquer que je me fichais bien qu'il ait ou non fait ce grabuge, une autre personne entra et connut le même soucis avec l'encre. Déjà vu elle aussi, elle se dandine comme si le monde était rose. Avec ses cheveux rouge feu et les yeux clairs, c'est une poufsouffle. Comme depuis que je sors avec Aaron, je protège plus que je ne le devrais les ressortissants de la maison du blaireau. Lucy, Julian, Aaron, Grace, Sky... Mais à ne pas oublier que certaines me posent problèmes, comme Mysie ou Eleonora.
Je la fixe alors qu'elle pose la même question que moi, intéressant mais pas intéressante. Elle semble vide comme une coquille... Comme Lucy, peut être pourrais-je faire d'elle aussi une marionnette, une esclave, une espionne à ma solde. Je souris alors que l'héritier Rosier réitère son explication. Je me place à côté du gryffondor en souriant avec un sourire légèrement fou à la jeune poufsouffle.
Il finit par nous interroger, je lève un sourcil et je soupire.

« Essayons le « Finite Incantatem », voulez-vous ? »

D'un geste et d'un coup de baguette magique, je la lève et somme une nouvelle fois la formule magique. L'encre s'évapore mais des suintes et des tâches persistent. Ce sort ou cet accident mérite mieux qu'un Finite. Cette encre est comme indélébile. Les fenêtres et le plafond en sont toujours couvert, alors que le sol se nettoie grâce au sort mais pas suffisamment pour n'y laisser aucune trace.

« Je ne sais pas ce que peut être ce sort, mais vu que je suis douée en sortilège, il doit être puissant. Y a-t-il quelque chose de prévu dans le ciel ce soir ? Est-ce une pleine lune que les elfes ont décidé de cacher de peur que l'un de nous ne se transforment ? Groar. »

J'imite le loup-garou pour faire peur à la poufsouffle mais aussi pour détendre l'atmosphère. A quoi bon se prendre la tête, même si nous étions attrapés, que pourrions-nous dire, accuser les elfes de maison, les interroger et ils diront la vérité, elles sont immondes mais honnêtes, ces créatures.
Néanmoins, je réponds à l'héritier.

« Non, pour ma part je n'en ai pas entendu parler. Mais les elfes de maison diront la vérité si on les interroge, donc je ne me fais pas de soucis pour ça. Que faites-vous ici tous les deux ? » Je montre du doigt l'héritier. « Tu es un héritier de la famille Rosier n'est-ce pas ? Orgon ou quelque chose comme ça. » Puis je me tourne vers la poufsouffle. « Quant à toi, tu es de poufsouffle, c'est ça ? » Je me tourne vers Rosier, le sourire aux lèvres, enjôleur, le regard amusé. « Je suis Alycia Mcwood... Le monstre marionnettiste. »

Je hausse les sourcils dans un sourire machiavélique.
Plus le temps passe et plus la démence me bouffe, je finirai complètement givrer avant même de sortir de l'école.

Retenant avec attention les informations que le rouge et, or, venait de lui communiquer, la rousse avec un léger soupire, pensa pour elle-même, qu’en plus d’avoir raté un rendez-vous, qui comptait pour elle, la sixième année allait devoir se coltiner le ménage d’une tour. Génial. Tout simplement. Le grognement de sa cadette la fit sursauter, sûrement l’effet du bruit l’avait effrayé en raison de son court absentéisme. Lui accordant un léger sourire, la jaune et noire s’avança vers le bord d’une table, et lança un Récurvite. Aucun résultat. Enfin…Si, mais il s’agissait seulement de quelques taches d’encres retirées. Passant une main stressée dans sa chevelure de feu, la sixième année s’exclama :

-Je suis de votre avis mademoiselle… J’ai également des notes plus que correctes en cette matière, et j’obtiens des résultats similaires…

La rose n’avait pas pour habitude de tutoyer les personnes qu’elle ne connaissait pas. Elle jugeait que vouvoyer, était un acte de respect, ainsi que de politesse. L’adolescente, aux origines inconnues, avait dès qu’elle a sus parlé, à travers les rues, mendiée en vouvoyant. Adultes, enfants, même animaux, quand elle était dans l’âge le plus fin. Bien heureusement qu’elle est faite la rencontre de Léo, autrement, elle serait encore dans les rues, à errer parmi les ombres londoniennes.

-Pour ma part, j’ai déjà eu affaire à ce genre d’affaires, mais, ce n’était pas de l’encre, et un simple « Finite Incantatem », avait réussi à enlever toutes traces de l’aventure. Je ne peux donc vous aider sur ce sujet.

Les présentations de la brune firent lever un sourcil interrogateur, de la part de Saphire. Qu’entendait-elle, par « le monstre marionnettiste » ? Bien que son air fût amical, la Poufsouffle n’aurait sus répondre si elle devait juger la santé mentale de cette élève. Après tout, peut-être, n’était-ce qu’un surnom qu’elle se donnait, sans valeur… Juste pour faire son intéressante. Quand le doigt de cette dernière, se dirigea vers la rousse, qui avait toujours le sourcil levé, elle répondit d’un air assuré :

-En effet. Et vous, laissez moi deviner. Vous faites partie des Serpentards, n’est-ce pas ?

Si le garçon dégageait un air noble et chevaleresque, la plus jeune, elle, ressemblait typiquement, à la description des verts et agents : l’air qui se voulait supérieur, la tête haute, l’éducation de haute famille. Certainement, une sang-pur. Comme quatre-vingt-dix pourcents de la maison des serpents. Qu’elle s’en rappelle, quasiment aucun né-moldue, n’avait franchie les pas de la salle commune des ambitieux.

-Si je puis me permettre, mademoiselle, nous pourrions vous poser la même question, bien que je n’en ai point envie…

Enfin, le moment que j’attendais arriva. Les présentations. Oh, elles ne se sont pas vraiment faites de la manière dont je pensais – « salut, moi c’est x, vous êtes qui ? » – et auguraient un nettoyage vraiment, vraiment drôle pour moi.

Raison numéro 1. La première fille – Alycia, appelons-la par son prénom, maintenant que je le connaissais – m’avait appelé Orgon. ORGON ! Je réprimai avec grande difficulté un éclat de rire nerveux. C’est que ça aurait facilement pu être un nom de troll ! Orgon, le troll de Hastings. Oh, comme j’étais pressé de pouvoir raconter ça à Gabrielle ! Pour sûr, elle m’appellerait Orgon pendant une semaine. Hahaha !

Raison numéro 2. Alycia – c’est que c’est un festival à elle seule, cette fille ! – se présenta également à nous comme un monstre marionnettiste en nous faisant un petit sourire psycho trop bien répété, pour se donner des airs de Joker – dans la BD moldue qui avait du succès même auprès des garçons sorciers –, probablement. Là, c’en était trop. J’essayais, vraiment, je le jure, de garder mon sérieux mais la combinaison du tout me fit pouffer et laisser échapper un bruit très étouffé du rire que je ne pouvais plus contenir. Eh, on est à Poudlard, pas à Bedlam. C’est pas non plus un casting du prochain Mage Noir en devenir.

Eh ben ! Ça allait être beau, de nettoyer la pièce avec elle. Je me tournai vers la rousse, attendant qu’elle se présente elle aussi, mais elle ignorait visiblement les règles de base de la politesse – quand quelqu’un donne son nom, on donne le sien – et ne daigna même pas parler d’elle, ne serait-ce qu’un peu. Elle posa une question à Alycia concernant sa Maison et lui retourna sa demande sur nos affaires ici. Tiens, tiens… Elle n’avait pas l’air de vouloir en parler. Mon intérêt fut piqué. A quel genre d’événement pouvait-on participer sans souhaiter le partager ? Mais c’était plus sa façon, absolument pas naturelle, de s’adresser à elle qui faillit me faire m’étouffer. Euh, allo ? On est plus au Moyen-âge, on se tutoie entre élèves… Je haussai les sourcils, perturbé par ce comportement tout à fait inattendu.

Quand mon tour fut venu, je leur dis brièvement, sans quiproquo possible, qui j’étais et ce que je faisais là.
« Orion – pas Orgon – Rosier. Je suis venu pour récupérer mon livre d’Astronomie que j’ai oublié hier. »

J’ajoutai à l’attention de la rousse, sur un ton mielleux mais sans méchanceté : « Tu vois ? C’est pas si difficile. »

N’ayant cure de la probable altercation qui suivrait entre les filles, je partis aux toilettes pour y chercher une éponge et un seau d’eau. Aux grands maux, les grands remèdes. Je revins après quelques dizaines de secondes et testai ma méthode sur une fenêtre. L’encre partit ; serait-ce définitif ? Rien n’était moins sûr. Je remontai néanmoins mes manches et me mis au travail, non sans un regard lourd de sens pour les filles.

L'indicible politesse de la jeune fille de poufsouffle me fait hausser un sourcil. Elle n'a pas été élevée correctement pour nier mes questions comme une sagouin de troll des montagnes adultes qui ne savait même pas dire bonjour. Elle, c'est sûr, si je la croise, je lui ferai manger une gerboise. Je n'aime pas les filles qui ne prennent pas le temps de répondre par les même politesses, j'ai consciente d'être un spectacle, de faire plus ou moins peur ou rien à mon dépend, mais si une chose n'était pas à faire, c'était bien manqué de respect.
Passant mes cheveux derrière mon épaule d'un coup de main, je portais mon regard sur le Gryffondor, car oui, je connaissais Orion - et non Orgon, ça me fait penser à la marque de lessive que ma mère achetait... Soit. - par le biais de Gabrielle, si elle était une de mes plus proches amis, je n'avais pas eu l'occasion de rencontrer son frère jumeau dont elle parlait pourtant si souvent. Peut-être même trop.
Les Sang Pur étaient une vraie passion pour moi, comme beaucoup des élèves du château, ils s'imaginaient que je finirai aux bras d'un Sang noble, et pourtant la rumeur démentait avec l'autre qui m'affirmait en couple avec un né-moldu.
Même si je porte effectivement les moldus en horreur, j'ai la décence de penser que chaque sorcier est utile. Oui, Aaron est peut-être un peu plus... moldu que les autres par son statut de sang, mais il suffira de le laver, comme le mien, par l'honneur et la procréation entre sorciers. Tout simplement, si nous allons jusque là.
Déjà fallait-il qu'il accepte mes besoins et mes raisons d'aller plonger dans les torpeurs des Ténèbres.

Je ne prends donc pas la peine de répondre à la poufsouffle et je souris à Orion. « Je sais qui tu es, ta sœur est une de mes amies proches, je te taquinais seulement. » Posant mon regard hautain sur la poufsouffle, j'ajoute : « Comme le reste, une bien triste blague. »

Je roule des yeux en croisant mes bras et regarde le livre qu'il a entre les mains, il n'a pas l'air de mentir, c'est un bon début. Il n'a pas l'air trop idiot non plus pour un Gryffondor. Ne vous méprenez pas, je ne m'en prends pas à tous les Gryffondors, certains sont même de bons... amis : Cyril ou encore Andrew... mais j'avouerai que la majorité d'eux m'horripile. En fait, à part ces deux là et Prendergast, je les déteste tous.
Il sort alors de la pièce, nous laissant seules quelques dizaines de secondes où je l'observe, cette drôle de fille, j'en profite pour lui asséner : « Je ne suis pas du genre à me laisser attendrir par le vouvoiement, alors je te prierai de me tutoyer, Miss Sans-Nom. Si tu veux être polie, tu aurais du commencer par te présenter. Ce que tu fais ici m'importe peu, c'était surtout une question dirigée vers Orion. »

Sans plus de temps, il revient avec seau et une éponge. C'est une blague, je ne toucherai pas à ça. Je ne suis pas une moldue, je ne le serai d'ailleurs jamais. Je plisse le nez en le voyant faire, et je secoue la tête, désabusée. Soit, s'il veut nettoyer, on va le faire mais à la façon sorcière.
D'un coup de baguette magique, je formule l'incantation de lévitation, j'essore l'éponge d'un autre sortilège avant de la diriger vers les fenêtres en faisant des mouvements du poignet.

« Orion, tu connais Prendergast je crois, de ta maison. Elle m'a souvent parler de toi, vous avez un lien particulier tous les deux ? T'es pas obligé de répondre, ce n'est pas que ça m'intéresse, mais autant faire la conversation. »

M'amusant finalement à nettoyer la fenêtre grâce à mes coups de poignet précis, le sort implacable. Au moins, je m'exerce, c'est pas plus mal.

Le fait que je n’eus point dévoilé mon prénom semble irriter les deux personnages en face de moi. La fille hautaine, plus que l’autre garçon, qui malgré un léger air hypocrite, m’a tout de suite l’air plus agréable. Je n’irais pas jusqu’à dire que j’irais manger des gâteaux et boire le thé en sa compagnie, mais, il y avait pire. La brune en revanche, ne m’aspire guère confiance. Je n’arrive pas, à discerner quoi que ce soit en elle, qui puisse être un soupçon d’amabilité. À quoi bon ?

On ne changera pas ces personnes, et Merlin le sait, les gens comme cette Serpentarde ont leurs points de vue, j’ai les miens, que je compte bien garder loin de cette catégorie d’individus. La question que je me posais réellement, était plus, qu’est-ce que j’ai fait à cette pauvre fille, pour qu’elle m’agresse, comme si je l’avais déjà fait à mon tour ? C’était la première fois que je la rencontrais ! Tournant la tête vers Orion, qui visiblement, avait l’air taquin, je m’exclamai :

-Eh bien, je m’appelle Saphire. Saphire Demmener.

Alors que le Gryffondor, part je ne sais où, « Alycia », s’adresse à moi, sur un ton qui me fait halluciner, c’est le terme. D'un, elle ne me connaissait pas. De deux, d’où se permettait-elle de me donner des leçons de politesse et de m’appeler « Miss-Sans-Nom » ? De trois… C’est quoi son problème ? Je ne suis certainement pas du genre à m’énerver, et je n’en prendrais pas la peine pour elle, mais, je pense qu’il est d’ordre de lui remettre les pendules à l’heure.

-Il est étrange, qu’un simple geste de politesse, puisse t’irriter, mais, comme il te gêne, bien, je m’en abstiens. De plus, je ne vois comment tu peux me donner des conseils de politesse, étant donné, que tu as soigneusement évité ma question. Ne pas répondre aux gens n’est pas courtois, le savais-tu, Miss -Mal -Éduquée ?

Quelques instants plus tard, Orion revient avec un seau remplit d’eau, contenant également plusieurs éponges. Comprenant bien vite la suite des événements, je plongeai ma main dans le seau et sortis une des éponges. Commençant à astiquer du mieux que je pouvais les tables, et surtout, d’ignorer l’autre féminine, je n’écoutais que très peu la discussion que les deux autres entretenaient.

Lorsque je revins avec mon seau, je m’étais adouci, non pas que je fus particulièrement aigre – Alycia m’avait annoncé être une amie proche de Gabrielle. Si ma sœur avait choisi cette fille comme digne de son amitié, c’est qu’elle devait l’être, indubitablement. Néanmoins, je ne pouvais m’empêcher de douter de son choix, pour la première fois.

« Oh… » laissai-je échapper avant d’enchaîner. Pourquoi ne pas donner sa chance à Alycia ? Je l’avais traitée de festival, certes, mais elle ne m’avait rien fait, personnellement… et je savais qu’elle ne me ferait rien tant qu’il y aurait la rouquine pour servir de bouc émissaire. « Tu peux m’appeler Orgon, si tu le souhaites, j’avoue que j’aime bien ce surnom. Ça fait très troll des montagnes, c’est sexy, j’approuve. »

Je poussai un grognement sourd, en écho à son hurlement de loup de tout à l’heure, mais l’interrompis bien vite lorsque je remarquai qu’Alycia refusait de nettoyer à la main et préférait faire léviter l’éponge et la manier avec sa baguette. J’ai bien dû rester immobile pendant quelques secondes, pour vérifier que mes yeux ne me jouaient de tour. Qui est assez étrange pour se donner tant de mal, alors qu’il s’agissait simplement de se baisser, d’essorer et de bouger le bras ? Je me renfrognai quand je repensai à tous ces sorciers persuadés que la magie était la supériorité à tout. Il n’y en avait finalement peu, des comme moi, qui ne sont nullement dérangés par les bassesses moldues ; à vrai dire, je devais être un spectacle moi aussi, surtout parmi les Sang Pur. Je faisais même du shopping dans les magasins de ces sous-êtres, comme ils les appellent tellement à tort. Quoi qu’il en soit, ce genre de comportement de précieuse m’en montrait long sur la nature d’Alycia. Etait-elle particulièrement dérangée par la saleté, comme Gabrielle pourrait l’être, au point de refuser de toucher de l’eau avec un peu d’encre diluée ? Je n’en étais pas sûr ; elle n’avait pas eu l’air horrifié quand elle en avait été recouverte en entrant dans la pièce, alors que Gabrielle aurait hurlé et m’en parlerait encore, à l’heure qu’il est. Alors, Alycia était-elle partisane de la suprématie ? De quel statut du sang était-elle, en fait ? Je la regardai et laissai finalement cette question pour plus tard ; elle soulevait beaucoup trop d’interrogations avec lesquelles je ne souhaitais pas vivre. Est-ce que Gabrielle le savait, si son amie prônait le Sang Pur ? Et si oui… partageait-elle ces idées ? Je frissonnai. Nous n’avions jamais vraiment discuté de nos tendances et nos opinions, finalement, et si c’était très clair que le statut du sang m’importait peu, qu’en était-il de ma sœur ? Je me promis d’avoir cette discussion avec elle et retournai dans le moment présent pour répondre à Alycia.

« Oui, je connais bien Aldabella. En fait, nous nous connaissons depuis son entrée à Poudlard. Nous sommes amis depuis lors, amis très proches. »

Je me gardai bien de dire que notre relation était en passe d’évoluer – peut-être ! – et que je souhaitais vivement que nous soyons plus que des amis proches. Mais même Gabrielle n’était pas au courant, et je n’allais pas annoncer ça à une fille que je venais de rencontrer. Je souris à Alycia pour lui demander, la curiosité piquée : « Je peux savoir le genre de choses qu’elle te dit sur moi ? »

Saphire, de son côté, avait attrapé une éponge et astiquait les tables. Bon, au moins, elle ne faisait pas de cinéma pour nettoyer, mais je fronçai les sourcils à son air presque furieux. D’ailleurs, elle nous ignorait royalement, en fait. Je haussai les épaules mais m’inquiétai quand même pour elle. Que s’était-il passé, lors de ma courte absence ?

« Saphire, tout va bien ? Enfin, c’est sûr que je préférerais être ailleurs, faire autre chose, mais à part ça, ça va ? »

Pitié, j'ai beau adoré les poufsouffles, il était clair que celle-ci ne rentrerait pas dans mes préférés. Loin de là. Son arrogance et sa difficulté à converser avec les autres faisait d'elle un drôle de blaireau, mais ça lui va pourtant parfaitement comme terme. N'est-ce pas ?
Un sourire satisfait s'était dessiné sur mes lèvres alors qu'Orion revenait.
Nous étions affairés à nettoyer les vitres de la salle d'Astronomie, c'est véritablement un travail d'esclave. D'elfe, nous n'avions rien à faire ici, en réalité. A quoi bon nettoyer les carreaux alors que les elfes allaient surement revenir pour nettoyer la salle ? Agacée, je laisse tout de même ma main guider la baguette qui elle même guide l'éponge sur les fenêtres. Ça part plus ou moins, c'est toujours mieux que les tentatives ratés pour la nettoyer avec la magie.
J'observe l'éponge essuyer les traces d'encre péniblement alors que je commence à me lacer de cette besogne ennuyante.

Après ma question, Orion me répond après une courte réflexion ou longue. J'aurais sans doute dit longue au vu du fait que les minutes semblent tourner comme des heures.
Je le regarde curieuse, amusée. Alda ne le considère pas que comme un ami proche, cela allait sans dire. Mais je me garde bien de faire la réflexion au gryffondor. Bien que la curiosité était amusante, ce n'était pas intéressant de leur donner ce coup de pouce.
Je le regarde toujours, amusé. Ce qu'elle aurait pu dire... Que puis-je révéler d’intéressant ?
« Elle m'a dit qu'elle t'appréciait outre mesure. Après je me garde fervente détentrice des secrets d'Aldabella. »
Un sourire plus amusé encore, presque perfide.
Je me tournais vers la poufsouffle en même temps qu'Orion pour la regarder boudeuse. En réalité c'est amusant, elle a pourtant attaqué la première, je n'étais pas dans un mauvais esprit en entrant dans la classe.

Je la regarde un instant et lâche le mouvement du poignet pour laisser tomber l'éponge par terre.
En réalité, je n'ai pas de temps à perdre à bavarder avec des personnes insignifiantes, gryffondor maison ennemie et l'étrange présence d'une jeune poufsouffle décidément pas normal. Je ne suis pas dans l'optique de me faire de nouveau copain. Néanmoins, je savais qu'il ne fallait pas embêter le lion et je me gardais bien de faire une réflexion à la blaireaute.
Je me suis levée de la table, et je me suis avancée vers Orion. J'ai déposé délicatement mes lèvres sur sa joue, comme le baiser du serpent. Promesse d'une nouvelle rencontre. Alors que je passais finalement à côté de Saphire qui pourtant ne brillait pas plus que la pierre qui la symbolisait, je passe mes cheveux d'un revers de main derrière mon épaule. « T'as oublié une trace juste là. » Dis-je, sarcastique, non sans un sourire moqueur, en pointant une tache que je m'amuse à étaler du bout du doigt avant de lentement m'éloigner, fière et forte. Reine des serpents.

J'approche de la porte et marque un arrêt avant de me tourner vers mes camarades : « Je ne nettoierai pas plus que cela, estimez-vous heureux que je vous ai aidé. Les elfes nettoieront leur cochonneries, évitez de jouer au chevalier servent et à ... la souillon. Bonne soirée. »

Et je m’éclipse, dévalant les escaliers deux par deux pour retourner au plus vite dans ma salle commune, dans ma chambre et me changer... Prendre une douche, et dire à Gabrielle que son frère est étonnement gentleman. Un sourire amusé alors que la poufsouffle... Elle s'appelait comment déjà ?
Qu'importe.
J'aurais mieux fait de ne pas quitter mon dortoir pour marcher un peu. En bas des escaliers, des elfes et Rusard montaient surement pour constater les dégâts. Personne ne me remarqua et un nouveau sourire, plus malsain se dessina sur mes lèvres.

À ce moment-là, la Serpentarde n’était plus désagréable, elle était complètement odieuse. Son ton froid et austère exaspérait la Poufsouffle, qui ne rêvait que d’une chose, lancer son éponge sur le visage de la brune. Cette situation, bien que comique, ce qui fit lâcher un imperceptible ricanement à la sorcière, n’était que peu convenable pour le moment. Après tout, elle avait « l’honneur », de laver les vitres d’une tour, accompagné d’une fille charmante. Rien de bien méchant.

Elle se donnait en spectacle, et Saphire, n’ayant aucune idée de si elle faisait cela pour se montrer intéressante, ou même maligne, ne la trouvait pas le moins du monde ainsi.
Cette dernière, qui visiblement, n’avait pas l’air de vouloir arrêter de se montrer, vint embrasser Orion sur la joue. Un sourcil arqué, la sixième année observa la scène avec un certain étonnement. À moins que ce soit de la pitié pour cette pauvre gamine, qui cherchait misérablement l’approbation d’un sang pur. Puis, Alycia se dirigea vers elle, et d’un doigt au teint blafard, répartit à nouveau la crasse sur le meuble que Saphire s’effarait de nettoyer.
Lui renvoyant son sourire ironique, la rousse s’exclama :

-Oh oui, tiens, tu as raison ! Attends, je vais nettoyer cela !

Et aussi tôt, l’aînée essora son éponge sur la main de sa cadette, laissant sur celle-ci des marques noirâtres. Mais, avant que la plus âgée puisse entendre les sarcasmes humiliants de sa camarade, cette dernière, partit vers la porte de la tour, et, conclut par une phrase des plus macabres. Du moins, pour l’image de l’orpheline. Une fois la brune partit, la jaune et noire se tourna vers Orion, et, s’accoudant contre une poutre, déclara :

-Je crois que tu comprends un peu mieux le motif de mon ennui. Je ne sais pas pour toi, mais moi, cette fille a le don de m’énerver. Profondément.

Soudain, des bruits précipités de pas détonnèrent dans l’escalier de pierre. Accompagné de miaulements, de chat. Miss Teigne. Les iris de Saphire s’écarquillèrent tel des billes de billard. Rapidement, elle tourna sur elle-même, et là, elle la vit. Sa porte de sortie, une grande armoire de chêne, disposé dans un des coins de la pièce. Entrainant le plus vite possible, Orion et elle a l’intérieur, elle referma les portes, et chuchota :

-Maintenant, on attend jusqu’à ce que ce chat de malheur et son maître disparaissent.

Pour patienter, seul le noir le plus profond, et la respiration presque inexistante du Gryffondor lui tenaient compagnie.

Un baiser sur la joue et un départ en grande pompe. Pour surjouer, Alycia surjouait, avec un certain brio dans le glauque, d’ailleurs. Je regardai la porte pendant quelques instants, figé par tout ce qui venait de se passer, en seulement une dizaine de secondes. Je ne revenais toujours pas de son initiative et ce ne sont que les paroles de Saphire qui me ramenèrent à l’instant présent.

Pour toute réponse, je haussai les épaules, mal à l’aise. Je n’étais pas vraiment partisan du fait de casser du sucre sur les gens que je venais de rencontrer, même lorsqu’ils m’avaient fait une aussi mauvaise impression qu’Alycia – oh, en fait, ça n’était jamais arrivé, que ce soit aussi mauvais. J’ajoutai tout de même une phrase ambigüe qui ne pouvait être déchiffrée clairement, pour que Saphire ne puisse pas se servir de mes confidences contre moi – après tout, je ne la connaissais pas ! – :

« Oh, je ne sais pas trop. J’imagine qu’elle a besoin d’exister à travers ces mises en scène… »

Puis je baissai les yeux et nettoyai enfin la dernière goutte d’encre autour de moi. Avant que je ne puisse comprendre ce qui m’arrivait, Saphire m’avait déjà entraîné dans l’armoire de la salle – je manquai un battement de cœur. Allait-elle essayer de faire quoi que ce soit d’immoral ? Je passai d’un calme serein à une angoisse profonde.

Lorsqu’elle m’évoqua le chat de malheur, je sus immédiatement que Rusard était arrivé. La panique retomba. J’avais été complètement idiot ! Résultat, je transpirais pour rien, j’étais moite et la chaleur de notre espace restreint n’arrangeait rien. Je retins alors ma respiration pour me calmer et repensai alors à quelque chose que j’avais l’impression d’oublier…

Les seaux et les éponges !

Je jetai un regard d’horreur vers Saphire, mais elle ne pouvait le voir ; je chuchotai alors le plus bas possible :

« Saphire, nous avons laissé les s… »

« Tiens, c’est étrange, on dirait que quelqu’un est passé par là pour nettoyer… L’auteur du crime, tu ne crois pas, Miss Teigne ? » fit une voix grinçante que nous ne connaissions trop bien. Je déglutis.

« On va aller voir aux toilettes s’ils ne sont pas en train de se débarbouiller. Hin, hin… J’ai hâte de prendre ces vermines sur le fait ! »

Lorsque la porte claqua, je me précipitai hors de l’armoire, entraînant Saphire avec moi. Je vérifiai très prudemment que Rusard était bel et bien parti aux toilettes et ne nous attendait pas de l’autre côté de la porte, puis l’ouvris et donnai quelques instructions à ma nouvelle compagne d’infortune :

« Vérifie bien que tu n’aies plus d’encre sous les semelles, ce serait trop bête qu’il arrive à te suivre comme ça. J’ai été ravi d’avoir vécu une situation presque catastrophique avec toi, c’était une belle rencontre. Passe une bonne soirée et à la prochaine ! »

Sur ce, je serrai mon livre contre moi, lançai un récurvite sous mes chaussures, préférant aller au plus vite et ne pas me concentrer sur le reste de ma personne, et partis au petit trot retourner dans mon dortoir. Que d’émotions fortes et variées pour une si courte soirée !