De retour à tes côtés [PV Megan]

Que c'était douloureux. Sa blessure lui faisait toujours autant mal. Décidément, les loups-garous ne l'avaient pas loupé. Marcher était douloureux. Bouger était douloureux. Respirer était douloureux. Il n'était pas complètement rétabli, mais il avait souhaité partir de chez ses bienfaiteurs pour leur éviter le moindre tord supplémentaire. Il leur était déjà tellement reconnaissant de lui avoir sauvé la vie, ainsi que de l'avoir hébergé le temps qu'il puisse se remettre. Mais, même un mois après, il avait toujours mal. Cela dit, c'était superficiel pour lui par rapport au fait de les voir prendre un risque à le garder ainsi chez eux.

Il pouvait aussi remercier ce petit Boursouf qui avait attiré l'attention sur lui et qui, depuis, ne le lâchait plus d'une semelle. Il s'était décidé à l'adopter. Après tout, ces créatures étaient adorables, et il devait une fière chandelle à celui-ci. Ou plutôt celle-ci. Il s'agissait en effet d'un Boursouf femelle, qu'il avait décidé de nommer Perenelle, en référence à cette grande sorcière française qui avait épousé Nicolas Flamel. Et puis, c'était un joli nom pour cette adorable créature magique qui le suivait à la trace 24 heures sur 24. Il était même revenu à Haveirson avec cette boule de poil.

D'ailleurs, en parlant d'Haveirson, cela ne faisait que quelques minutes qu'il était rentré. Il n'était clairement pas en état d'aller en cours. De plus, il n'avait toujours pas la moindre idée de s'ils avaient enfin le droit à un professeur de Métamorphose ou non. Quoiqu'il en était, il avait d'autres choses à faire. Il allait devoir passer à l'infirmerie pour qu'une main plus experte que celle de ses bienfaiteurs jette un œil à ses blessures. Il allait également devoir écrire des lettres afin de prévenir qu'il était bel et bien vivant. Pas en super état, mais vivant.

Il commença par écrire une lettre à Megan lui demandant de venir le voir le soir même dans un lieu significatif pour eux, celui où ils avaient décidé de se fréquenter. Il savait qu'elle comprendrait le message. Il l'avait 'crypté' l'information au cas où quelqu'un tomberait malencontreusement sur cette lettre. Après tout, leur relation était toujours secrète aux yeux du monde, hormis Amaranthe. Et puis, "leur secret" pouvait signifier un grand nombre de choses. Les gens ne sauraient pas de quoi il parlait si jamais ils tombaient sur ce parchemin.

La lettre suivante fut pour sa famille. Il envoya finalement un Patronus à chacun des membres de l'Ordre pour les rassurer quant à sa condition. Il savait qu'il y avait des chances pour qu'il ait à faire de même avec ses amis, qui avaient possiblement été mis au courant de sa disparition - voire de sa mort, il n'avait absolument aucune idée de ce que les membres de l'Ordre du Phénix avaient raconté ou même pensé après cette mission. Mais il aurait tout le temps pour ça. Il avait grand besoin de soins professionnels sur ses blessures. Notamment d'un apport médicamenteux pour l'aider à guérir, à cicatriser, et à ne plus avoir mal. Il avait grandement besoin d'un suivi médical.

Après son passage à l'infirmerie et une inspection minutieuse de Quinlan, il retourna se reposer dans sa chambre. Il avait besoin de repos. Il le sentait. Et c'était ce que lui avait dit Quinlan. Il s'endormit ainsi quelques heures, ne se réveillant que pour aller manger. Il irait ensuite à la verrière profiter de la vue, du coucher de soleil et enfin des étoiles en attendant sa belle et tendre.

Il arriva donc vers 19 heures et 30 minutes à la verrière, où il s'installa confortablement dans les coussins et se mit à regarder le paysage. Il resta ainsi un certain temps, profitant du soleil qui vînt se coucher. Même s'il était seul durant tout ce temps, il ne s'ennuya pas. Il profitait de la vie, de la beauté du monde. Il savourait et croquait la vie à pleines dents. Cela n'avait pas de prix. Il attendit ainsi, tout excité de revoir Megan. Il allait enfin retrouver celle qui faisait battre son cœur. Il l'attendit ainsi patiemment, regardant les étoiles.

J’avais fini par me faire une raison. Severus et Remus avaient réussis à me raisonner et j’étais rentré à Haveirson, cessant ainsi de rechercher Dean. J’avais passé le week-end à camper en Irlande avec Siobhan pour me changer les idées, mais le retour à Haveirson me rappelait tout de même Dean. J’avais passé ma journée à la bibliothèque à résumé mes examens. Puis j'avais fini par retrouver Siobhan pour faire le point sur nos deux nouveaux compagnons, des Phenix. Ce n’est qu’une fois dans la chambre à 22hheures que j’avais vu la lettre qui trônait sur mon lit. Intriguée et après les vérifications d’usages, je l’ouvris pour y découvrir avec stupeur cette écriture. La sienne. C’était impossible. Je défaillis et me laissait tomber par terre sous le choc de ma lecture ne sachant pas comment réagir.

Une incroyable sensation de soulagement me traversa, et mes sentiments se bousculèrent entre eux. J’étais heureuse et furieuse à la fois. Impatiente et Hésitante. Distante et sensible en même temps. J’avais qu’une envie, le voir. Vérifier que je ne rêvais pas, juste pour ne pas me faire de faux-espoirs. J’étais heureuse à en avoir les larmes aux yeux, tout comme j’étais furieuse. Un mois. Un bon mois sans nouvelles. J’avais passé trois semaines à arpenter les bois aux risques de m’attirer des ennuis avec les loups-garous, pour tenter de le retrouver et là, il réapparaissait comme si ne rien était? Et les lettres, les patronus ou j’sais pas moi, une beuglante! C’était trop demandé?

Sans attendre, je laissais mes affaires là, par terre, et je quittais mon dortoir avec seulement ma baguette accrochée à ses sangles. D’un pas particulièrement déterminé, je me rendais au lieu du rendez-vous fixer en courant, sans même faire attention à ceux qui se trouvait sur mon chemin,. Je finis par arriver aux alentours de vingt-deux heures quinze, ou peut être vingt, peur-être cinquante, j’en savais trop rien, devant la porte de la verrière. Si la lettre était bien de Dean, alors il devait être derrière cette porte.

Je sentais mon coeur battre à vive allure, presque douloureusement alors que j’avais posé ma main sur la poignée. Après de longues et interminables secondes à me demander si j’allais trouver le courage d’ouvrir cette porte, la réponse me vint lorsque je tournais la poignée pour entrouvrir doucement la porte. Je me surpris même à retenir ma respiration pourtant saccadée par ma course à travers les couloirs et escaliers.

Couché sur les cousins face aux grandes baies vitrées, il était là, admirant les étoiles. Debout devant la porte, je restais là, sans bouger, ayant du mal à croire qu’il était bien là face à moi. J’avais envie de courir le prendre dans mes bras, mais mes jambes restaient immobiles. Je me contentais de le regarder, mes yeux embuaient de larmes de soulagement, de bonheur et aussi malgré moi, de colère.

Dean attendait sagement Megan dans la verrière du château gallois qui abritait l'Académie dans laquelle ils étudiaient. Il avait hâte de la revoir. Un mois passé loin d'elle, c'était beaucoup trop ! Et puis, elle devait se faire un sang d'encre. Du moins, il espérait qu'elle n'ait pas décidé de l'oublier comme cela, dès sa disparition. Il savait que dans le cas inverse, il se serait rongé les ongles jusqu'au sang de ne pas savoir si elle était toujours vivante, ou bien pire, si elle était décédée. Il n'imaginait pas un instant sa vie sans elle. Il avait besoin d'elle. Il ne voulait pas vivre sa vie sans elle. Elle en faisait partie intégrante maintenant, c'était clair et net.

Par Merlin que cette salle était confortable. Les coussins en faisaient vraiment un lieu de premier choix pour y passer la nuit, pour se détendre ou tout simplement pour se poser entre amis. En ce qui le concernait, il y venait souvent pour s'endormir en regardant les étoiles. Il adorait faire ça. Et même s'il n'avait peu eu de temps pour le faire au cours des dernières semaines, cela lui manquait vraiment. Et il fallait avouer que ce lieu avait une grande connotation pour lui maintenant. Pour lui, et pour sa relation avec Megan.

Il ne l'avait pas entendu rentrer dans la pièce. Il continuait de regarder les étoiles. Il ne savait pas si elle allait venir à son rendez-vous. Il espérait sincèrement qu'elle vienne. Il avait tellement envie de la revoir, de pouvoir la serrer dans ses bras, de la sentir tout contre lui, de se bercer dans son envoûtant regard azuré. Oui, il espérait qu'elle vienne. Les secondes défilèrent, deux ou trois minutes même. Il prit alors la décision de se retourner pour jeter un coup d'œil à la porte. Ce fut alors qu'il la vit. Elle était là, debout à l'entrée de la verrière. Il n'arrivait à décrypter son regard. Tout ce qu'il voyait, c'était qu'il était rempli de larmes.

Il s'appuya sur son bras pour se relever tant bien que mal. La douleur qui élançait ses côtes était forte. Mais il s'en fichait, il luttait contre elle, pour rejoindre doucement celle qui faisait battre son cœur. Il s'approchait d'elle avec le même pas lent qu'il avait depuis qu'il était sorti de son lit de convalescence, trois semaines auparavant. La douleur dans ses flans le dérangeait vraiment pour avancer. Mais il s'en fichait, il continuait. Il n'y avait qu'elle qui comptait. Sa santé se remettait doucement, et les remèdes qu'on lui avait fourni à l'infirmerie l'aiderait à aller mieux plus rapidement. Il ne restait que quelques pas jusqu'à elle. Il accéléra légèrement le pas ce qui, dans son état, revenait à marcher à une allure normale.

Dean ouvrit les bras pour y prendre Megan. Il la serra contre lui. Il se fichait complètement de la douleur que cela faisait surgir en lui. Les sentiments qu'il éprouvait pour elle étaient plus forts que n'importe quelle douleur physique. Il la serrait fort contre lui. Il finit par dégager lentement sa tête pour plonger son regard dans le sien. Bon sang comme cette sensation lui avait manqué. Il prit la parole :

- Tu m'as ... manqué. La vie est bien trop triste loin de toi.

Décrire ce que je ressentais lorsque je l’avais vu était impossible. C’était juste, indescriptible. Il y avait tant de sentiments qui se bousculaient et s’entrechoquaient en moi que j’en avais presque le souffle coupé et j’étais incapable de réfléchir et penser correctement. Tout ce que mon cerveau se permettait était juste une évidente constatation : Dean était vivant et là devant moi. Il se leva, avec une difficulté apparente et je n’amorçais aucun geste, ni pour l’aider, ni pour venir vers lui. J’étais figée, comme clouée sur place, incapable du moindre mouvement. Il était là, bien vivant.

Il s’approcha de moi, mais là encore, je ne bougeais pas. Sa douceur était apparente et je me rendais compte à quel point il était devenu important dans ma vie. Le manque que j’avais ressenti, ce mois écoulé était immense, bien plus que je ne l’aurai jamais cru possible. Il m’enveloppe de ses bras puissants et je me retrouvais coller à son torse, mes bras enveloppant son dos, dans une étreinte douce et passionnée. J’avais tellement peur de le lâcher, comme si cela risquait de le faire disparaître à nouveau. Son odeur m’avait manquée. Ses bras m’avaient manqué. Il m’avait manqué. J’avais l’impression de revivre, de respirer à nouveau. Etait-ce ça, que les gens qualifiaient d’amour ? Je n’en savais rien, mais c’était tellement puissant que ça en était presque douloureusement agréable.

Nous nous écartions légèrement l’un de l’autre alors qu’il plongeait son regard dans le mien. Merlin que ça m’avait manqué aussi, ce regard. Ses paroles résonnèrent dans mes oreilles, me ramenant brutalement à la réalité. Je lui avais manqué aussi. Certes. Mais où était-il passé pendant un mois ? Pourquoi n’avait-il pas donné de nouvelles ? Un patronus ? Un hibou ? UN MOT. Etait-ce trop demandé ? Je sentis la douleur revenir sous la forme d’une colère sourde. J’avais envie de lui faire mal autant que j’avais eu mal en le croyant mort. J’avais envie de le frapper pour n’avoir donné aucun signe de vie, et j’étais tellement en colère que je ne songeais même pas au fait qu’il n’avait pas pu en donner pour n’importe quelle raison. J’avais passé trois semaines aux alentours du village moldus et du campement des loups-garous à le rechercher. Trois semaines à risquer ma vie pour tenter de le retrouver, et alors que je commençais à accepter l’évidence, il réapparaissait comme ça ? Non, c’était trop simple.

Je le regardais les yeux aussi tristes que déçus, et surtout, une rancœur amère bien visible dans mon regard azurés, alors que je m’écartais définitivement de son étreinte et de ses bras réconfortants, reculant de deux ou trois pas.

« -Ou étais-tu ? » demandais-je doucement avec amertume et douleur.

J’aurai voulu lui crier dessus, lui demander pourquoi il ne revenait que maintenant, pourquoi il n’avait pas donné signe de vie depuis tout ce temps, mais rien de cela n’avait franchi mes lèvres. Seule cette question avait réussie à franchir le mur de silence que je n’arrivais pas à briser, mais je me doutais qu’il comprendrait que je lui en voulais. Le ton de ma voix était suffisamment éloquente, et mes gestes de recul également.

Le français gardait sa bien aimée dans les bras. Il avait trop peur qu'elle ne s'éloigne à nouveau de lui. Même si leur éloignement récent était davantage du au piètre état dans lequel il avait fini plutôt qu'à une quelconque volonté de l'un ou de l'autre. Il resta ainsi à la câliner aussi longtemps qu'il le pouvait. Il l'aimait et ne voulait pas perdre la moindre seconde avec elle maintenant qu'il en était revenu. Il pouvait d'ailleurs s'avérer heureux d'être encore en vie après ce qu'il avait vécu. Il était extrêmement chanceux d'avoir survécu à une telle chute, encore plus qu'à l'affrontement avec les lycanthropes. En effet, les mathématiques n'auraient pas donné une grande probabilité à sa survie, ou à celle de quiconque, face à une telle chute.

Et pourtant, aujourd'hui, il était en vie. Il n'était pas bel et bien portant, il était encore fragile, il ne pouvait se le cacher, mais, au moins, il était en vie. Et il était retour aux côtés de la charmante et ravissante Megan. D'ailleurs, il sentait dans sa voix et dans son comportement qu'elle lui en voulait d'avoir disparu de la sorte. Il se sentit une douleur d'ailleurs lorsqu'elle s'éloigna. Ce n'était pas physique. C'était moral. La sentir s'éloigner avec cette rancœur ne lui faisait vraiment pas du bien. Il n'avait pas imaginé cette situation un seul instant lorsqu'il était bloqué là-bas, en Écosse, à attendre d'aller mieux pour pouvoir revenir. Il se devait de lui raconter son histoire, elle avait le droit de savoir ce qu'il lui était arrivé au cours de la mission et durant le mois qui a suivi. Il chercha à capter son regard et commença à parler :

- J'étais bloqué en Écosse, dans un lit, attendant de pouvoir me remettre suffisamment de mes blessures pour transplaner.

Il marqua une pause. Il ne savait pas par où commencer, ni comment raconter ce qu'il lui était arrivé. Il prit une inspiration avant de repartir :

- Le dernier lycanthrope que j'ai affronté ... Je me suis retrouvé emporté avec lui dans le précipice. Je n'étais déjà pas en bon état avant la chute, mais celle-ci a fini de me mettre au plus mal. La violence du choc sur la surface de l'eau glacée d’Écosse. Ce fut comme recevoir un coup de couteau dans le thorax. C'était horrible. J'étais à bout. J'ai repris ma forme humaine sans même chercher à le faire. Ça s'est fait automatiquement, comme un réflexe de mon corps.

Il reprit à nouveau son souffle. Il n'avait vraiment fait attention à l'information qu'il venait de lui balancer. Elle le savait doué pour les métamorphoses, mais il n'avait jamais encore eu l'occasion de lui dire qu'il était Animagus. Il avait essayé la nuit précédent l'affrontement mais s'était retrouvé interrompu en plein élan. Et la suite des évènements n'avait pu faire se recroiser leurs routes. Toujours s'en se rendre compte de ce qu'il venait de balancer, il reprit :

- Je me suis donc laissé porter par le courant. Je n'avais pas la force de lutter de toute façon. Je me pensais mourir, là, comme ça. J'avais le torse ensanglanté, à moitié ouvert par une griffe de loup-garou, les cotes cassées. Et puis finalement, j'ai touché le rivage. j'avais la vision toute floue. Et après, le noir ...

Il marqua à nouveau une pause de quelques secondes, avant de reprendre :

- Je me suis réveillé trois jours plus tard sur le canapé d'une famille. J'ai découvert par la suite qu'ils étaient des sorciers cachés au milieu des moldus, histoire de se protéger de tous les maux du monde. Ils m'ont accueilli, nourri, soigné, bref ils ont pris soin de moi jusqu'à ce que j'aille mieux. Je ne pouvais donner signe de vie sous peine de les démasquer et de les mettre en grave danger. Déjà que ma présence chez eux aurait pu être un sacré problème ... Et je suis finalement parti de chez eux ce matin, même s'ils voulaient que je me repose encore, afin de revenir, me sentant la force de rejoindre le château gallois.

Il s'approcha à nouveau d'elle et la prit dans ses bras une nouvelle fois, plongeant son regard dans le sien.

- Je ne voulais pas rester aussi loin de toi, sans nouvelles, aussi longtemps. Mais je n'avais guère le choix. Si tu savais comme tu m'as manqué ...

Sur ces dernières paroles, il vînt déposer un léger baiser sur les lèvres de l'américaine.

Comment traduire en quelques mots les émotions qui se bousculaient en moi? C'était impossible. J'étais tellement heureuse de le revoir là, bien vivant alors que je m'étais résolue ce week-end à accepter sa mort. La distance que j'avais mis entre nous n'était pas anodine. En réalité, c'était ma carapace qui s'était peu à peu ébranlé à son contact pendant quelques mois qui réapparaissait distinctement. C'était une façon pour moi de me protéger de la souffrance lié à l'attachement. J'avais connu ça avec Tigurius et j'avais failli sombré totalement. Je ne voulais pas revivre ça. J'avais compris que mes sentiments pour Dean étaient devenus bien plus fort que je ne l'aurai jamais cru, lorsqu'il avait disparu. C'était quelque chose que je n'avais jamais ressenti auparavant. Enfin du moins pas comme ça, et merlin que c'était angoissant.

Et puis mes sentiments pour lui se heurtent violemment à mon secret. Plus le temps passe et plus je me dis que ce sera difficile de lui en parler. Trouver le bon moment c'est jamais simple, surtout s'il est déjà passé. Comment pourrais-je lui dire que j'ai des enfants qui m'attendent aux Etats-Unis? C'est franchement pas facile à mettre sur le tapis. Alors que j'écoute son récit, mes sourcils se froncent alors que je le dévisage sans comprendre. Comment ça reprendre forme humaine? Je ne comprends pas vraiment ce qu'il dit et je finis par lui demander, un peu perdue.

"-Comment ça reprendre forme humaine?"

Je garde encore mes distances entre lui et moi, pas sur de comprendre en quoi ne pas pouvoir envoyer un message était risquer. Un simple patronus aurait suffit après tout. Mais je peux comprendre son inquiétude à mettre en danger ses sauveurs, il me reprend dans ses bras et dépose un chaste baiser sur mes lèvres. Morgane que ça m'a manqué.

"-Tu m'as manqué aussi" soufflais-je dans un souffle.

Je me dresse sur la pointe des pieds pour lui planter un baiser beaucoup plus violent et passionné que le sien, laissant mes émotions prendre le dessus sur mes gestes. Je finis par me reculer légèrement et le dévisage.

"Tes blessures? Elles sont cicatrisées? Tu es passé à l'infirmerie voir Fitzsimmons? Il t'a ausculté?" m'enquis-je aussitôt inquiète.

Dean remarquait bien que Megan était tendue. Il le voyait. Il la sentait tiraillée également, mais il ne chercha pas à se préoccuper de cela pour l'instant. Ce qui comptait pour lui en l'instant présent, c'était de la retrouver, de passer du temps avec elle. Un mois loin d'elle était une durée interminable. Maintenant qu'il était près d'elle, il se sentait revivre. Il en oubliait presque ce mois de souffrance à rapiécer ses blessures physiques sans avoir de véritables supports moraux. Ceci étant dit sans méchanceté aucune envers ses sauveurs. Il leur devait tellement. Il ne savait si un jour seulement il pourrait être capable de rembourser la dette qu'il a envers eux. Ces personnes lui ont sauvé la vie en l'accueillant, le soignant, le nourrissant, et tout cela en prenant des risques inconsidérés pour leur propre sécurité. C'était vraiment incroyable comme geste.

Alors qu'il racontait son histoire, Megan tilta sur l'élément qu'il avait lâché un peu vite sur l'occasion. Il ne pouvait le cacher plus longtemps. De toute façon, il avait déjà cherché à lui dire par le passé, pourquoi reculer maintenant ? Le moment n'était sûrement pas opportun, mais puisque c'était mis sur le tapis, autant aller jusqu'au bout. Il prit une inspiration et commença :

- Pour affronter les loups-garous, j'ai utilisé une métamorphose un peu particulière. Je la travaillais depuis longtemps et je l'ai finalement réussie environ deux semaines avant de partir en mission. Si tu n'avais pas été à Poudlard pour ton stage, ça aurait même été à toi que j'aurais demandé de me surveiller après mon accident. Et c'est ce que j'ai essayé de te dire le premier soir sous la tente.

Il se mit alors à chuchoter :

- Je suis un Animagus, non déclaré au Ministère bien sûr étant donné le contexte.

Il la regarda dans les yeux, attendant une quelconque réaction par rapport à ce qu'il venait de lui annoncer. Ce secret était assez gros et il risquait quelques temps à Azkaban si le Ministère découvrait ses capacités non déclarées.

Mais peu importait. Il la prit dans ses bras et vînt déposer un chaste baiser sur ses lèvres, lui disant qu'elle lui avait manqué. Et encore, les mots étaient vraiment faibles. C'était comme quelque chose de viscéral, elle lui avait manqué comme si on lui avait retiré une part de lui-même. Et, vu la réaction de la jeune femme, que ce soit ses mots ou ses gestes, il lui avait manqué aussi fallait-il croire. Il répondit au baiser passionné que l'américaine venait d'amorcer. Ils laissaient tous deux les sensations frustrées et enfouies de ce mois passé, s'aimant comme ils se le devaient.

L'Abraxane finit par se reculer tout en le dévisageant. Elle lui demanda pour ses blessures. Il fallait avouer que ce n'était pas la grande forme mais, au moins, il était en vie. Après tout, c'était ça le plus important : être en vie et près d'elle. Il plongea son regard dans le sien, se délectant des sensations que cela procurait. Puis il répondit :

- C'est encore très douloureux. Mais je suis allé voir Quinlan à l'infirmerie quasiment dès mon arrivée, afin qu'il jette un œil plus expert à mes blessures. Il m'a donné des médicaments à prendre aussi, afin d'accélérer le processus de guérison. Et bien sûr, il ne m'a même pas posé de questions. Il savait comment je m'étais fait tout ça, et il savait qu'il était difficile d'en parler dans un lieu aussi public que l'infirmerie de l'académie. J'espère retrouver rapidement mes capacités physiques.

Il continuait de la regarder, ne lâchant son regard sous aucun prétexte. Par Merlin que c'était bon de la revoir. Il la serra à nouveau dans ses bras, se fichant de la douleur que cela créait sur ses côtes. Il voulait la sentir contre lui, il en avait besoin.

La disparition de Dean m’avait fait prendre conscience de l’évolution de mes sentiments pour lui. Ce que je ressentais pour lui dépassait de loin ce que j’avais pu ressentir pour mes ex et ça en était effrayant. Etait-ce ça qu’on pouvait qualifier d’amour ? J’étais un peu démunie face à ses émotions qui se bousculaient en moi et que je ne pensais pas pouvoir ressentir un jour. Mais si j’aimais de cette façon Dean, cela me rappelait cruellement que je n’avais pas été vraiment honnête avec lui.

Je lui avais caché mon plus grand secret, et maintenant que mes sentiments avaient evolués, je me devais de le lui en parler. Mais quand ? Et comment ? Il fallait attendre le bon moment, mais est-ce que ce dernier n’était pas déjà passé ? J’ignorais comment aborder le sujet, et je préférais l’éviter encore, rien qu’un tout petit peu, le temps de me préparer à ce qui s’en suivrait. Et puis Dean aussi m’avait caché quelque chose d’important. Il s’était entraîné pendant des mois à devenir animagus, sans même m’en parler. Il est déjà dans une organisation illégale, il a fallu qu’il fasse autre chose d’illégal. Je fronce doucement les sourcils, réalisant les conséquences de ce qu’il vient de me dire.

« - Dean, tu es conscient que si le ministère découvre ça… tu risques Azkaban ? »

Bon certes, il doit s’en douter puisque sinon il ne viendrait pas me dire qu’il n’est pas déclaré auprès du ministère, mais bon , c’est surtout pour m’assurer qu’il a bien réaliser ce qu’il risquait.
Il a donc été à l’infirmerie. C’est déjà ça, il se remettra plus vite avec les soins d’un guerisseur, c’est l’avantage. J’acquiesce doucement, signe que j’ai compris, et je sais que le guerisseur ne dira rien, on est tous dans le même bateau, c’est l’avantage.

Je garde malgré moi une certaine distance, ou plutôt une retenue. Le fait que je me rends compte des sentiments que j’éprouve pour lui et que j’ai mon secret qui pourrait mettre un terme à ça. J’ignore comment Dean réagira, mais vu le secret que c’est, je préfère profiter de chaque instant avec lui avant de voir tout ça se finir, parce que ce serait la logique des choses ? Quel jeune homme de 20 ans accepterait que sa copine soit maman de deux petits garçons et qu’elle lui ait caché ce secret depuis tout ce temps ? C’était pour moi, une réalité, et même si c’était douloureux, c’était comme ça.

Mais en même temps, je me dis que la séparation ne sera que plus difficile après alors peut-être que…

« -Dean… Je dois te dire quelque chose… » dis-je doucement en reculant.

Je m’écarte et je vais me placer devant la véranda ou je regarde les ombres de la forêt, éclairée par la lune.

« - Je vais partir alors… je crois qu’il vaut mieux qu’on en reste là. »

Ma gorge se noue brusquement, et je retiens un sanglot qui vint mourir dans ma gorge. C’est la seule solution que j’ai pour limiter la casse. Je me rends compte que c’est lâche d’en arriver là, comme ça, mais j’ai promis de préservé mes fils du monde magique, et ils sont ma priorité.
Je me retourne vers Dean et m’avance doucement vers lui.

« -je suis désolé » lui murmurais-je avant de me diriger cette fois vers la porte.

J’ouvre cette dernière et je sors sans me retourner, parce que si je me retourne vers lui j’aurai q’une envie, me réfugier dans ses bras. Pourquoi faut-il que tout soit si compliqué pour moi ? Et pourquoi faut-il que je lui impose ça ? Je regrette tellement…

Cette histoire d'Animagie restait dans les pensées de l'américaine. Elle semblait s'inquiéter pour le français. Elle lui demanda s'il était conscient de risquer Azkaban si jamais le Ministère découvrait son don non enregistré. Décidément, ce sujet ne finirait jamais de tomber sur la table. Pourquoi fallait-il que chaque personne d'Haveirson au courant de son don, ou de son travail pour le devenir, émette cette interrogation ? Bien sûr qu'il savait ce qu'il risquait. Et ça ne l'avait pas empêché de continuer et réussir. Le contexte était ce qu'il était, et ce n'était pas ça qui allait l'arrêter d'aller plus loin dans ses études en Métamorphose. Il n'avait pas confiance envers le Ministère actuel, car il ne savait pas s'il était manipulé ou non par les forces du Mal, les forces mêmes qu'ils combattaient tous au sein de l'Ordre. Il se montra tout simplement rassurant :

- Ne t'en fais pas, Megan. Je sais ce que je risque. Je n'ai juste pas confiance envers le Ministère pour l'instant. Un jour peut-être.

Le contact qu'ils partageaient n'était que douceur exquise. Une saveur délicieuse qu'il faisait bon retrouver après ce mois loin de l'autre, ce mois passé sans savoir ce qu'il était advenu de l'autre. Il ne voulait plus s'éloigner d'elle. Il avait besoin d'elle. Il s'en rendait compte maintenant bien plus qu'avant. Avoir été éloigné d'elle aussi longtemps lui démontrait bien qu'il avait besoin d'elle. Et pourtant, leur contact se rompit.

En effet, l'Abraxane imposa une certaine distance entre eux. Son condisciple n'avait pas la moindre idée de la manœuvre qu'elle était en train de faire. Quelques secondes avant, ils partageaient des baisers passionnés et, maintenant, il la sentait s'éloigner, bien plus encore qu'elle ne le faisait physiquement. Cette sensation affreuse ne présageait rien qui vaille. Pourquoi gardait-elle ses distances de la sorte ? Pourquoi, Merlin ? Pourquoi lui faire subir cela après avoir été passionnée quelques instants auparavant ? Jouait-elle avec lui ? Était-ce sa façon de la punir d'avoir été loin aussi longtemps et sans donner de nouvelles ? Toutes ces questions fusaient dans la tête du jeune homme. Autant de questions sans réponses. Il n'avait pas la moindre idée de ce qu'il se tramait dans la tête de celle qu'il aimait. Il ne se doutait à aucun instant de ses intentions.

Elle se mit finalement à parler. Elle parlait doucement, toujours en reculant. Elle s'éloignait de plus en plus, et il la sentait s'éloigner toujours plus. Cette sensation douloureuse se concrétisait davantage avec la distance que la jeune femme imposait entre eux. Qu'avait-elle de si important à lui dire et qui nécessitait qu'elle soit si loin de lui en cet instant de retrouvailles ? En ce jour plus que jamais, il avait besoin d'elle. Il ne voulait pas vivre sa vie sans elle. Et pourtant, la sentence tomba. Sa deuxième phrase sonna comme un violent coup sur son cœur. Pourquoi avait-elle dit ça ? Il voyait bien qu'elle souffrait autant de cette rupture que lui. Pourquoi le faisait-elle dans ce cas ? Quelle raison pouvait l'amener à agir de la sorte. Il ne comprenait pas, il ne comprenait rien. Il était perdu dans l'immensité de questions qui se posaient à lui. Le monde sans elle ne serait pas le même. Et il ne voulait pas de monde sans elle.

Elle se tourna une dernière fois vers lui pour lui annoncer qu'elle était désolée, avant de se retourner, d'ouvrir la porte et de s'en aller. Sans n'ajouter plus de mot. Le coup qu'il venait de subir faisait plus mal que n'importe quelle blessure de lycanthrope. Il se laissa tomber violemment sur les coussins qui jonchaient le sol. Son regard se perdait dans l'immensité étoilée au dessus de lui. Mais en l'instant, sa beauté ne ressortait pas, seulement le néant. Le vide intersidéral, rien d'autre que le vide de l'espace qui les entourait. La voûte étoilée venait de perdre sa saveur.

Ses pensées sortirent du vide qui tentait toujours de les happer lorsqu'il sentit une larme couler le long de sa joue. Ses yeux étaient imbibés, même si les vannes ne s'ouvraient guère. La tristesse l'emplissait. Non ! Il se redressa. Il était hors de question qu'il la laisse partir comme ça. Il savait qu'elle voulait quitter Haveirson. Cependant, il ne savait pas où avait-elle décidé de séjourner durant cette absence. Allait-elle véritablement partir et louper ses examens ? Il ne le savait guère. Mais ses prochaines semaines commençaient à se dessiner devant lui. Il allait réviser puis réussir ses examens, tout en se remettant de ses blessures, puis il irait mener l'enquête sur les raisons de cette décision. Il n'était pas prêt de laisser tomber. Surtout qu'il avait bien senti le mal qu'elle se faisait à elle-même en prenant cette lourde décision. Il y avait quelque chose derrière tout ça, et il comptait bien le découvrir. C'était plus fort que lui : il l'aimait.