Deux Jaunes pour un seul Vert.

Les examens se profilaient à l'horizon et Alexandre n'était pas confiant sur ses chances de réussite. Vraiment pas. Son arrivée tardive à Poudlard en début de 5ème année lui avait valu un certain retard quand au niveau des autres élèves. Même si son oncle lui avait enseigné à domicile, ce n'était pas la même qualité d'enseignement. Et puis la magie noire qu'il avait apprise en sa compagnie ne lui serait d'aucune utilité dans un examen ici où cette forme de sorcellerie était totalement prohibée. Mais le jeune poufsouffle souhaitait quitter Poudlard au plus vite pour devenir indépendant et échapper à son tuteur, alors il tentait au mieux de s’en donner les moyens. Voilà pourquoi  il avait décidé de passer sa journée, normalement libre, à réviser. Le garçon avait commencé ses révisions dans la salle commune de sa maison mais n’avait pas pu y rester bien longtemps. Il n’avait rien de particulier contre les élèves de sa maison à Poudlard, mais certains étaient trop gentils. Oui, l’excès de gentillesse est possible et la majorité des Poufsouffle semblait en être atteint.

Le garçon n’avait connu dans sa vie que la méchanceté et dans le meilleur des cas, l’ignorance. Il s’y était habitué, s’en était accommodé et même si ce n’était pas une situation agréable, s’en était au moins une qu’il connaissait. Mais la gentillesse, là, c’était nouveau. Et les choses nouvelles déstabilisent, déboussolent. Cette attention toute nouvelle qu’on lui portait était insoutenable pour lui, tout ce qu’il souhaitait, c’était resté dans son coin, tranquille, faire sa vie. Bien sûr, tous n’étaient pas comme décrit précédemment, d’autres savaient parfaitement garder leur distance. Mais en l’occurrence, aujourd’hui, dans la salle commune, il n’avait pas arrêté d’être abordé par des camarades voulant faire la conversation, sympathiser, en apprendre plus sur lui et les raisons qui le poussaient à être toujours seul. Une élève s’était même avancée jusqu’à lui parler des rumeurs qui circulaient sur lui et son père violent et les maltraitances qu’il avait subit. La Poufsouffle, candide, lui avait demandé s’il souhaitait en parler pour soulager le fardeau sur ses épaules. C’est là qu’Alexandre avait craqué et après s’être poliment excusé, était parti jusqu’à la bibliothèque poursuivre son apprentissage.

Une fois sur place, attablé dans le recoin le plus calme qu’il avait pu trouver et sans perdre plus de temps, il reprit la lecture de son livre d’histoire de la magie. Il prenait parfois quelques notes sur les points importants à retenir sur son cahier. Cette matière était celle qu’il maitrisait le moins bien, n’ayant découvert le monde magique en lui-même qu’à la rentrée précédente et n’ayant reçu qu’un enseignement superflu à ce propos jusqu’ici. Si encore les questions concernaient les lignées de sang-pur, là il était incollable, son oncle l’ayant forcé à tout apprendre sur yeux. Mais non, ça aurait été trop facile. Absorbé par sa prise de note et ses lectures, enchainant livres, matières et leçons, il ne vit pas le temps passer.

Les yeux d’Alexandre le piquaient et les mots qui défilaient sous eux ne prenaient aucun sens. Il avait passé bien trop de temps à s’acharner pour rentrer des informations dans son cerveau et maintenant celui-ci refusait tout en bloc, le temps de traiter celles de la journée. Il releva la tête pour constater qu’en dehors de la bougie qu’il avait allumée pour s’éclairer, tout était sombre. Quelle heure pouvait-il bien être ? Et pourquoi plus personne ne rodait entre les rangés de bouquins ? Cherchant sa baguette à tâtons, il la récupéra à sa taille pour lancer un Lumos et y voir un peu mieux. Il était seul dans cette partie de la bibliothèque, aucun doute là dessus. Le polonais se leva de sa chaise et se mit en direction de la porte d’entrée, comme s’il s’attendait à la trouver grande ouverte, prête à le laisser sortir. Mais plus il avançait dans les rayonnages, plus l’évidence s’imposait à lui. Il s’était laissé enfermer par manque d’attention. Commençant à s’inquiéter de devoir passer la nuit ici, il tenta de réfléchir. La porte était très certainement protégée contre la magie, il ne pourrait pas l’ouvrir. Il allait devoir attendre qu’on vienne lui ouvrir et improviser jusque là. Il décida de profiter d’avoir ce lieu rien que pour lui pour l’explorer de manière plus approfondie, et aussi pour calmer l’angoisse naissante. A l’angle d’une étagère, il cru voir une lueur mais celle-ci disparu presque aussi tôt. Ses yeux fatigués lui jouaient des tours ?

- Il y a quelqu’un ? Articula-t-il timidement.

Aucune réponse. Alexandre s’avança dans la direction où la lumière était apparue, inconscient de la personne dans l’ombre qui attendait de le voir arriver. Une main tenant sa baguette qui éclairait toujours son chemin et l’autre glissant le long des ouvrages entreposés pour mieux se repérer, il avança dans la pénombre environnante.