-{ Une drôle de rencontre dans un drôle d'endroit.

Il s’agissait d’un soir de semaine, un mercredi plus précisément. La pénombre avait envahi Poudlard, et le couvre-feu était largement dépassé. Cataleya allait en profiter pour aller se balader un peu. Cela faisait deux heures qu’elle se tournait et se retournait dans le fond de son lit, mais rien n’y faisait le marchand de sable l’avait forcément oublié. Généralement, la jeune sorcière s’endormait plutôt facilement, elle n’avait pas besoin de beaucoup de sommeil mais lorsqu’elle se jetait dans son lit ce n’était pas pour se prélasser. Cataleya était une hyperactive, elle aimait courir, bouger, être occuper. La flemmardise ce n’était pas trop son truc, et la procrastination encore moins. Et quand elle faisait de l’insomnie, elle ne restait jamais très souvent dans son dortoir. Elle n’était pas très patiente, et quand elle voyait que le sommeil ne venait pas, et bien elle profitait de son temps pour s’occuper de manière constructive. Elle pourrait rester dans son lit à attendre, mais les nerfs finiraient par la lâcher et jamais elle ne pourrait fermer l’œil. Elle serait trop énervée pour ça. Lorsqu’elle n’était pas dans de bonnes conditions, elle ne fermait pas l’œil et elle pouvait cogiter toute la nuit. Et lorsque son esprit avait décidé de la déranger, il le faisait. Mais pas cette fois…

De ce fait, elle allait encore contourner le règlement, depuis qu’elle était à Poudlard c’était devenu une habitude. Et se rendre dans la forêt interdite était aussi une habitude, une très mauvaise habitude, mais une habitude. C’était même devenu une routine, plusieurs nuits par mois, il lui arrivait de déserter le dortoir à la recherche de nouvelles plantes magiques ou de nouvelles créatures. Jusque-là, elle n’avait encore jamais rencontré de centaures, mais elle se disait qu’en persévérant elle finirait par en rencontrer. Elle espérait encore en trouver, dans tous les cas elle était sûre qu’un jour elle finirait par tomber au moins sur l’un d’entre eux. Après tout si elle ne s’était pas encore fait attraper, elle avait encore des choses de faire ami ami avec un centaure, même un bébé centaure ça lui suffirait.

Cataleya n’avait pas peur de s’aventurer dans la forêt, après tout elle avait déjà plusieurs excursions à son actif. Elle avait davantage la trouille de se faire attraper par McGonagall que de tomber sur une meute de loups-garous. Oui McGonagall pouvait faire peur quand elle le voulait. Si elle avait été un tant soit peu normal, elle aurait eu peur de se retrouver seule la nuit en terrain inconnu. Certes elle avait plusieurs fois visité la forêt, mais à chaque fois qu’elle s’y rendait, elle avait l’impression que les lieux ne se ressemblaient pas d’une visite à l’autre. Elle aurait pu s’y rendre de jour plutôt que de nuit, mais Cataleya n’avait jamais eu peur du noir. Elle trouvait d’ailleurs ça plutôt rassurant. Si un jour, elle se trouvait face à un vampire en pleine nuit, elle ne dirait sans doute plus ça.

Cela faisait quelques minutes que Cataleya avait dépassé la lisière de la forêt, elle était à présent à environ une centaine de mètres de celle-ci. Et c’est en apercevant un grand arbre, qu’elle décida de de l’escalader tel un singe. Elle balança sa baguette dans sa cape, et elle attrapa une branche, tout en se hissant agilement dessus. Elle grimpa sur l’imposant arbre, et montant rapidement entre les branches. Elle se hissa sur une nouvelle brancha, elle se déséquilibra un instant lorsqu’elle entendit un bruit derrière elle. Elle se rattrapa en se tenant au tronc, puis regarda un instant dans une direction, les yeux plissés et la respiration rapide. Elle ne voyait pourtant rien…

Après le léger déséquilibre que Cataleya encaissa, elle se stoppa afin de voir ce qui avait pu déranger sa concentration. Mais l'obscurité qui l'entourait sembler avoir pris le pouvoir. Elle ne distinguait rien à moins d'un mètre, et les quatre mètres qui la séparaient du sol ne l'aidait pas réfléchir. Se disant que même s'il s'agissait d'un loup, elle ne risquait rien, c'est vrai à moins qu'il se mette lui aussi à grimper à la plante lignifiée, elle n'avait pas de soucis à se faire. Et avec un peu de chance, elle pourrait l'observer en toute tranquillité du haut de son perchoir. Elle devait à présent être à environ sept mètres de hauteur, elle pouvait à présent accorder plus d'attention à ce qu'il se passait. La distance qui la séparait du sol ne la dérangeait pas plus que cela, elle avait l'habitude d'être à des centaines de mètres dans les airs grâce au quidditch. En termes d'escalade, Cataleya avait l'habitude de monter à des dizaines de mètres, au Brésil, les jacarandas pouvaient atteindre les quinze mètres.

En dehors de son périmètre de sécurité, Cataleya ne pouvait voir s'il y avait quelqu'un, pourtant elle était sûre d'avoir entendu du bruit. Alors à moins qu'une créature magique ne se promenait sans la moindre discrétion, il y avait forcément un bipède derrière tous les parasites indistincts que la jeune Galvão pouvait entendre. La jeune adolescente arrivait à dissocier des hululements contingents. Pourtant au fur et à mesure de son observation, elle entendait des petits bruits de pas. Qui étaient pourtant assez forts pour qu'elle ou d'autres créatures puissent concevoir qu'ils n'étaient plus seuls. Cataleya avait aussi la drôle d'impression d'avoir été repéré car un point lumineux se baladait dans la forêt. A ne plus en douter, elle sut qu'il s'agissait d'un humain. Quoi d'autre ? Un fantôme peut-être, si encore ils pouvaient déplacer des objets, ce qui n'était pas le cas pourtant…

Cataleya avait l'impudente prétention de penser qu'elle pouvait passer inaperçu dans la forêt et qu'il ne pouvait rien lui arriver de là où elle était. Mais sa première hypothèse s'envola lorsque les bruits de pas se dirigèrent dans sa direction. Elle prit alors une décision. Elle allait se montrer. Sans doute pas de la bonne façon, mais elle allait rigoler. Cataleya avait envie de s'amuser un petit peu et c'est maintenant que ça allait commencer.

Alors qu'elle se tenait au tronc et à la branche au-dessus de sa tête, le regard de Cataleya vrilla en direction du sol. Elle aperçut une brève silhouette, c'était le moment pour elle de faire acte de présence. De toute façon, elle n'allait pas pouvoir rester là-haut toute la nuit. Et il n'était qu'une question de temps avant que le quelqu'un ne finisse par la trouver. Elle allait à présent descendre du fameux arbre. Se relevant gracieusement, elle traversa à toute vitesse une large branche qui trônait non loin d'elle. Elle n'hésita pas et ne s'arrêta pas avant de sauter dans le vide, traversant les airs avant d'attraper une branche de l'arbre voisin. Elle resta immobile quelques secondes, et elle entama une descendre à travers les différentes branches. A moins de trois mètres du sol, elle se lança à nouveau dans le vide, et c'est là qu'elle se heurta au sol. Elle atterrit aisément sur ses pieds, et se redressa d'un coup. Elle recouvrit alors sa tête avec la capuche de sa cape, et elle s'élança en direction de l'individu.

Cataleya, projetée, avec sa cape, une ombre étirée et peu reconnaissable. On aurait presque pu la confondre avec Dracula. Et c'est là qu'elle se décida de jouer un mauvais tour à la personne après que celle-ci ait demandé qui était là. Chose qui n'était sans doute pas la plus intelligente à faire. Pourtant. Cataleya se planta alors devant la silhouette noire en levant les bras. Qui est là ? « Ton piiire cauchemar ! » Si elle avait eu une voix d'autre d'ombre, ça aurait peut-être été crédible, mais non Cataleya devait faire avec sa voix de petite fille de onze ans.

Alors qu'elle dégageait la capuche de son visage, la joueuse de quidditch se mit à rire nerveusement. Ahahah. A présent, soit elle était tombée sur un être sensible, qui risquait de faire une crise cardiaque ou de prendre ses jambes à son cou. Soit elle était tombée sur un impulsif qui allait lui jeter un sortilège bien cuisant. Ou alors, elle allait tomber sur quelqu'un qui avait des nerfs d'aciers.

« Salut ! »

Une superbe phrase d'introduction…

Cataleya n'avait pas réfléchi très longtemps avant de faire une blague à l'adolescente qui traînait aussi dans la forêt. Elle avait juste voulu la surprendre, mais elle s'était rendu compte un peu tardivement que cela aurait pu se passer autrement. Effectivement, la petite brune qui se trouvait devant elle avait seulement sursauté. La petite fille lui paraissait jeune, ce qui était une bonne chose vue la situation. Son peu d'expérience était positif pour Cataleya qui n'avait pas eu à faire au revers de la médaille. Elle pensait que si elle avait eu affaire à quelqu'un de plus âgé, elle aurait sans doute était stupéfixé dans les quelques secondes après sa machiavélique apparition.

Tout allait bien, pas de sort cuisant en vue. Dans un endroit, tel que la forêt interdite, ce n'était pas très intelligent de faire ce genre de blague stupide, mais la jeune Galvão n'avait pas du tout pensé aux conséquences de son acte. Soulagement, elle n'avait pas volé à travers les plantes ligneuses. Alors que sa compère se remit de sa peur, elle explosa de rire en cœur avec Cataleya. « Ahahah Ah merci pour ce divertissement ! C'était trop tentant ! »  La brésilienne aurait pu s'excuser, ce qui aurait été plus correct. C'était quelque chose qu'elle ne faisait jamais, elle n'était par contre jamais à court de remerciement. Ce qui dans son esprit sonnait comme un air de manipulation, car les gens acceptent plus facilement les remerciements que les excuses mais ça… « Ma faute ? Ma chance ou mes qualités font que je ne suis pas très discrète ! Dommage pour moi ! » Elle pourrait l'être si elle faisait un minimum attention à ce qu'elle faisait. Elle était très attentive à ce qui l'entourait. D'un point de vue comportemental, elle se laissait aller trop souvent au grès de ses envies.

La jeune fille se présenta sous le nom d'Azalaïs, première année à Poufsouffle. Si elle aimait se mettre dans une catégorie c'était son problème, du moment qu'elle ne cataloguait pas Cataleya. Il n'y aurait pas de problème. A elle peut-être de donner son nom. « En potion ainsi qu'en métamorphose. Remercions Hubert… Cataleya ! Enchantée ! » Cataleya était très attentive à ce qui l'entourait, sa mémoire photographique – Hubert – l'aidant dans de nombreux domaines aussi.

Se mettant à rire nerveusement, elle s'arrêta net lorsqu'Azalaïs lui fit remarquer qu'elle parlait trop fort. Oups. Effectivement. Mais Cataleya parlait aussi trop fort, alors elle était ex aequo pour ce point. Se remettant à rire, elle lança maladroitement. « Ahah. Ca fait des semaines que je m'octroie des balades nocturnes, et je n'ai jamais croisé d'êtres humains ! » Elle s'arrêta net par rapport à ses paroles. Elle regarda Azalaïs minutieusement. « Tu n'es tout de même pas à la solde de McGonagall ? Sinon je vais être en retenues pendant les six prochaines années… » Elle n'essayait même pas d'imaginer à quel point ça pouvait être comme torture, car elle savait qu'avec la vieille McGogo ce serait pire que de la torture.

Alors comme ça elle cherchait des botrucs, trop facile. Cataleya était déjà tombé nez à nez avec ces créatures faites de brindilles et de d’écorces. Du moment qu’on ne les approchait pas ils n’étaient pas violents. Ils l’étaient seulement quand on tentait de s’en prendre à leur arbre, ce qui n’était pas dans les attentions de Cataleya. « Ohh j’en ai déjà vu quelques-uns dans mes dernières escapades ! Oh tu sais ils ne sont pas méchants du moment qu’on ne les attaque pas eux ou leurs arbres ! » La page des botrucs, Cataleya la connaissait par cœur. Contrairement aux métamorphoses, la jeune Galvão était passionnée par les créatures magiques en général. Et bien, qu’elle n’avait pas à son programme le cours de soin aux créatures magiques, elle était déjà calée sur un certains nombres de sujets. « Ahhh de mon côté je suis à la recherche des sombrals ! J’ai entendu dire qu’il y avait un troupeau entiiier ici à Poudlard ! »

Visiblement Cataleya avait été trop vite en besogne. Apparemment elle n'avait pas compris ce que lui avait dit Azalaïs. Elle avait interprété trop vite les propos de sa camarade. Bon et bien,  si elle voulait s'attribuer toutes les fautes de ce qui venait de se passer, c'était tout à son honneur. Pour une fois, la jeune brésilienne s'en sortait indemne et son égo aussi. Et c'était aussi la première fois que quelqu'un décidé de prendre à sa place. Techniquement, si la Poufsouffle avait eu peur c'était de la faute de Cataleya, mais de son point de vue cela avait été de sa faute. C'était à ne plus rien y comprendre. Mais ce n'était pas la jeune Galvão qui allait la contredire. « Bon si tu veux t'attribuer la peur de ta vie ça me va ! Je n'aurais pas à me sentir coupable si tu es submergé de pesadelos la nuit prochaine ! » Elle venait de faire une mauvaise blague, et elle s'en sortait sans égratignures. Un bon point pour la première année, elle espérait que sa prochaine bêtise serait aussi couronnée de succès.

Oui Azalaïs était avec elle en potion et en métamorphoses. En métamorphoses ça elle en était sûr vu qu’elle passait la plupart de son temps à faire autre chose qu’à écouter McGonagall. Par contre, si elles étaient ensemble en botanique, Cataleya ne l’avait sans doute pas remarqué. Le cours était trop intéressant pour qu’elle puisse voir au-delà des un mètres qui l’entourait en classe. « Alors là jamais ! Je ne pourrais jamais « copiner » avec le corps professoral ! Aaaah mon côté diabolique me renierait forcément… » Azalaïs lui expliqua qu’elle avait déjà fait perdre des points à sa maison à cause d’un malentendu. « Promis, je ne te mettrai pas dans l’embarras ! Enfin je l’espère ! De mon côté, je ne te ferais pas de liste, elle serait trop longue… » Sans doute que oui…

Le cas des botrucs venait d’interrompre fatalement la partie sur les règles qu’elles étaient en train d’enfreindre. Cataleya comprenait où Azalaïs voulait en venir, elle avait la capacité de rentrer dans les détails, chose qui intéressait la brésilienne. La soif de connaissance, la Poufsouffle semblait l’avoir aussi. Un point commun qu’avaient les deux gamines. « Je vois ce que tu veux dire ! Il y a déjà des différences entre les espèces elles-mêmes ! Les résineux et les feuillus sont un peu des opposés ! C’est forcément le cas pour leurs botrucs ! Après je pense, qu’il faudra faire attention à leurs comportement aussi… » Entre les botrucs de la forêt de la grand-mère d’Azalaïs et ceux de la forêt interdite, on avait quand même une sacrée distance… « Ceux de la forêt interdite ne doivent pas être aussi familier à la présence humaine que ceux que tu connais ! » C’est alors qu’Azalaïs lui présenta un petit carnet de dessin. Ouaah si Cataleya savait un minimum dessiné, elle en tiendrait sans doute un, mais ce n’était pas le cas. Elle, elle était plus douée pour la photo… « Ouaaaah tes dessins sont plutôt bons ! J’en serais presque jalouse si je savais me servir d’un crayon ! J’ai quelques photos de botrucs de la forêt je pourrais te les présenter à l’occasion si ça te dit ! » Quelques… Elle devait au moins en avoir une bonne cinquantaine, ce qui lui faisait une petite collection. Mais elle gardait le sommet du podium aux sombrals. Elle avait hâte d’en croiser.

« Aaaah si tu avais croisé ceux de la forêt, j’aurais sans doute fait un homicide ! » Elle rigola alors légèrement devant ses absurdités. Et elle contempla la page dédiée aux sombrals. « Là je suis très envieuse ! En quoi sont-ils perturbants ? Ils sont différents je te l’accorde mais nous aussi nous sommes différentes ! Nous n’avons pas forcément la même nature de sang, et pourtant je ne trouve pas ça perturbant… Ils sont juste fascinants et ont leur propre style ! » Elle ne s’énervait pas, loin de là… Mais c’est vrai qu’elle ne comprenait pas en quoi ils pouvaient être perturbants. « Et bien sache que maintenant tu sais dessiner ! Huuum, je te répondrai quand j’en croiserais un ! Huum du moins quand on croisera un ensemble maintenant… »